Début An 3. Maël, Quartier Général. La haine furieuse et profonde qu'il avait ressentie s'était éloignée. Il nourrissait pourtant de l'aversion envers celui qui l'avait mutilé. Aucune cicatrice n'apparaissait. Elle avait toute était effacée par les fonctions régénératrices de son corps. Invisible. Elles parcouraient pourtant un chemin bien précis sur son esprit. Il était capable de se rappeler la douleur de chacune d'entre elles s'il le voulait vraiment.

Au lieu de cela, l'ombra préférait verrouiller son esprit et espérer une liberté. Les guerres duraient éternellement. Dimitri n'avait jamais vécu pour le dire mais des êtres présents sur le champ de bataille parlaient beaucoup.
Certains avaient vécu suffisamment longtemps pour partager. Des rires entre la douleur ponctuaient toujours les repas sommaires qu'il mangeait. Dimitri lui restait en retrait. Il craignait toujours de parler, comme si l'ombre écrasante de son maître paraissait toujours. Il était pourtant bel et bien mort. Il était tombé au combat. Son nom était connu, et des hommes l'avaient vu cracher son dernier souffle dans le sang. Dimitri n'avait rien vu mais il s'était refait la scène qu'on lui avait décrite. Il imagina pour cet être infâme les pires souffrances avant de mourir, le ventre ouvert, la face droite du visage arrachée. Les morts-vivants ne laissaient pas les gros morceaux. Mais ils avaient tellement de choix que certains continuaient à avancer dans la ligne.

Les images de ce qu'il avait vécu avant de revenir sur le quartier général à Maël. Cette ville était immonde. Toute en lumière est peinte de blanc. Tout à Shoumei n'était qu'une horreur pour les yeux et il eut bien du mal à rentrer au bercail pour se faire soigner correctement... et surement repartir au front.
Possible qu'il crève là-bas d'ailleurs. Ce serait une sorte de remise en liberté également. Il craignait la douleur et espérait que l'abîme l'aspirerait tout entier. Une mort rapide en somme. Il ne se demandait ce qu'une créature comme lui recevrait comme châtiment. Mais ses deux jambes et ses deux bras fonctionnaient toujours. Son visage n'était pas défiguré. Tout se reconstruisait avec le temps, son épiderme apprenait à guérir en quelques heures. Le repos et le repas étaient les principaux acteurs de cette évolution. Pourtant, il avait laissé trainer une blessure qu'il n'avait pas signalée. Une blessure sur son flanc qui partait en rainure verdâtre noirâtre. Elle suivait les veines invisibles sous sa peau devenue sale avec la poussière et le sang. La plaie s'était refermée à merveille, mais le lendemain la peau s'était creusée. Il n'avait jamais eu ce cas de figure et n'avait aucune connaissance magique pour comprendre le phénomène. Il avait l'impression que sa peau était grignotaient par l'intérieur. La blessure commençait à le démanger.

Depuis plusieurs heures, il tournait comme un lion en cage et tentait d'attraper un soigneur ou un chirurgien. Chaque fois qu'il s'apprêtait à mettre le doigt sur une personne, elle s'éclipsait pour d'autres obligations. Il aperçut une silhouette arriver sur le camp. Filiforme et dans un état de fatigue bien avancée, elle avançait pourtant parmi les blessés et avait tout l'air d'avoir le profil d'une soigneuse. Pourquoi irait-elle se planquer derrière les rideaux si ce n'était pour prodiguer des soins ?

Non sans douceur, il s'approcha d'elle et ne lui permit pas de réagir. Il attrapa son poignet et l'attira loin de l'homme qu'elle voulait examiner à la base. Viens avec moi. Souffle-t-il sans un sourire en observant le mouvement autour. La plupart des blessés cachés derrière les rideaux gris de poussière gémissaient et n'étaient qu'à peine conscients.
Il se moquait que ce ne fût pas des manières à avoir. Il ne laisserait pas passer sa chance cette fois et n'avait aucune envie de se faire empoisonner, intoxiquer ou grignoter de l'intérieur par quoi que ce soit. L'Ombra craignait aussi de montrer son épiderme. Elle dévoilait sa mascarade. Le fait qu'il ne soit pas humain et que sa race ne soit pas non plus reconnue par la plupart des vivants. Il ne disait pas un mot alors qu'il l'emmenait elle ne savait où en serrant suffisamment son poignet pour qu'elle ne s'échappe pas.

POSTE 1

Il avait cru être capable de l'emmener au moins jusqu'à la tente mais le petit poignet s'était tourné de toutes les manières possibles pour s'extirper de sa main. Il l'avait senti s'agiter et vociférer mais il l'avait complètement ignorer. La bouche de Dimitri restait close. Le public était là, à les observer avec des yeux rond alors que la blonde aux oreilles effilées restait fermement sur ses positions. Encore une qui jugeait qu'il n'avait pas besoin de soin. Ses yeux allaient de son visage d'où naissaient une végétation chargée d'épines à ses points serrés. Elle n'avait pas l'air satisfaite de la manière dont il la traitait. Mais comment pouvait-il en être autrement alors qu'il tournait en quête de médecins, soigneurs, chamans, n'importe qui ? Il n'était plus capable depuis des années de formuler des phrases longues. On lui avait suffisamment empêché de parler pour que les mots ne viennent pas naturellement et qu'ils viennent toquer à la porte de sa bouche par milliers. Les pensées étaient enragés et le rendaient totalement fou en même temps que la blessure qu'il venait inconsciemment gratter, les dents toujours serrés. L'elfe aux cheveux dorés n'avait pas l'air encline à le suivre il ne savait où. S'il avait voulu la kidnapper, il aurait choisi une autre méthode. Le soir déjà, car il était dans son élément... En pleine journée, c'était complètement stupide. Un collègue semblait même vouloir l'aider, et il eut envie de grogner en voyant cela. Au lieu de ça, il resta immobile, toujours en proie à un flot de pensées totalement décousues et contradictoire.

Il avait envi de lui dire une tonne de chose. De se taire et de le suivre sans parler inutilement déjà. De lui dire qu'il était blessé même s'il en avait pas l'air. De lui dire qu'il avait passé six longues heures à tourner comme un fauve en cage dans l'espoir qu'une place se libère. Les lits étaient toujours complets. Il était hors de questions qu'on le soigne à la vue de tous. Il craignait toujours de sentir le regard d'un scientifique un peu trop curieux ou d'un homme trop avide. Il n'allait quand même pas lui balancer qu'il était pudique, c'était totalement faux et c'était beaucoup moins simpliste que ça.

J'ai assez attendu. Je suis aussi un patient qui a besoin d'être soigné. Et aucun de tes fameux collègues ne me prennent au sérieux. Je crois que j'ai atteint ma limite.

Il entendrait presque les ronces sur la tête de l'elfe crépiter. Cet aspect de son pouvoir lui rappela le sien. Si les émotions fortes guidaient ce poids plume, elle pourrait très bien accepter de voir les formes noires et dorées bouger d'elle-même sur son corps ? Avec cette information en plus, elle était obligée de venir avec lui. Il était à deux doigts de l'attraper et de la porter sur son dos pour l'empêcher de partir. Mais elle était bien trop loin, elle esquiverait facilement. Pourquoi c'était si compliqué de se faire soigner ?

Un kidnapping en plein jour, c'est stupide. Tous les lits des malades sont pris par des blessés lourds. On me dit d'attendre. Ça fait six heures. L'enchaînement des phrases se poursuivait alors qu'il gardait le regard fixe. Ses yeux gris clairs ne la quittaient pas et il la suivrait partout où elle irait si elle refusait.

Sous prétexte que je marche, que je cours, je suis bien portant ? Viens et je te montrerais. Ou utilise tes sens. Des propos toujours enveloppé de mystère, il attendit qu'elle parle alors qu'il venait encore gratter le tissu sur son flanc.

POSTE 2

Le dialogue était une pente raide. Il avait trop parlé. Elle aurait fui le problème et serait partie comme les autres s'il avait essayé de discuter. L’arracher à la section médicale avait été sa meilleure idée. De cette façon, elle semblait au moins encline à comprendre pourquoi il l’avait trainé jusqu’à cet endroit. À découvert, son regard se promena autour d’eux, se fixant sur les prunelles trop insistantes. Les épines autour de la tête de cette soigneuse ne semblaient pas vouloir s’atténuer, elles restaient comme une couronne de piquants décorant ses humeurs. Dans d'autres circonstances, il aurait trouvé ça mignon.
Mais, il ne pourrait pas lui expliquer pourquoi lui exposer le fond de son problème pourrait le mettre dans une mauvaise situation. Les informations allaient vite sur un champ de bataille et les combattants qui les entourent auraient tôt fait de répéter à qui voudrait bien l’entendre qu’il avait été contaminé par un mal inconnu et que sa peau semblait avoir une raison propre fait d'or et d'ombre.

L’ancien esclave était aussi conscient que la majorité se moquait de ses origines. Des créatures aux formes multiples se baladaient déjà parmi les humains, les elfes, les nains, les orcs. Pourquoi ceux qui gagnaient par le nombre méritaient plus de considération que des vivants aux origines plus sombres ? N’était-ce pas par les actes qu’on devait juger les gens ? Le regard de Dimitri se durcit mais il la laissa poursuivre. Ses sourcils se soulevaient parfois, comme pour signifier que son ton de mère donneuse de leçon n’accrochait pas avec lui. Excusez moi gente dame. Nous n’avons, effectivement, pas reçu la même éducation, par chez moi on a l’habitude de trainer les gens dans la boue donc j’ai beaucoup à apprendre. Une phrase qui laisserait beaucoup de place à l’interprétation. Il avait adopté un ton pompeux. Vu la silhouette de la jeune femme et son attitude, il était capable de dire qu’elle était bien née. L’ironie marquait les traits de l’ombra qui resta figé, dans l’attente. À ce rythme, cheveux d'or allait se barrer sans lui rendre ce service. Enfin, peut-on considérer cette assistance pour échapper à la mort comme un service à rendre ?

Après de longues secondes, elle sembla bien vouloir percer son essence magique et inspecter son aura. La blessure palpitait, il sentait qu’elle se creusait toujours plus. Son regard s’approfondit et il remarqua que l’expression de la femme changea. Elle avait décelé des nuances déplaisantes. Des parts sombres de son être que peu de personnes avaient été en capacité de détecter. Il ne pouvait rien dissimuler de son aura, mais Dimitri pouvait inconsciemment effacer sa présence lorsqu’il passait à des endroits. Cela concernait aussi les champs de bataille qui lui donnaient le tourni. Sa respiration devint plus grave, plus profonde. Il faisait peut-être une erreur de se laisser tripoter l’âme comme ça. Elle avait presque l’air dégouté la pauvre. Il eut envie d’articuler un, c’est bon ? C’est fini ? Lorsqu’elle parla enfin, ses fines lèvres s’ouvraient sur un accord. Il pencha la tête. Il ne toucherait plus à madame, promis.

La tente sur laquelle il avait jeté son dévolu était un débarras qui n’avait rien à voir avec un lieu de soins. Des caisses étaient éparpillées, jetées, et certaines avaient été ouvertes de manière sommaire. Ici se trouvait une partie des provisions en nourriture. Vu l’heure, ils ne risquaient pas d’être dérangés.
L’ombra n’attendit pas que la femme le lui demande et retira la chemise qui dissimulait la blessure et les marques de son corps. Il sentit une boule se former dans sa gorge mais réfréna son envie de répartir en marmonnant que c’était une mauvaise idée. Cette fille d’à peine sa taille était peut-être une de ses seules chances. L’inspiration fut longue alors que des lignes dorées particulièrement énervées venaient onduler sur ses muscles pour venir mourir quelque part dans les lignes de son dos. La forme noire au niveau de son coeur se figea, la tâche semblait ridiculement petite comparée à la colère qu’il avait ressentie tout à l’heure. Sa peau pâle laissait transparaître la forme abrupte sur son flanc qui avait creusé douloureusement sa peau.

L’arme qui m’a atteint était une simple hache. L'échange allait être long. Il n'avait aucune envie de lui dire pourquoi il avait besoin d'être au calme et caché. Il avait besoin de cette sécurité. Je n’ai aucun talent magique et je suis tout à fait incapable de dire si elle était infectée par quelque chose. Inutile de lui raconter toute sa vie. Vu l'air dégoutait qu'elle avait, son espèce devait faire remonter en elle le grondement du chaos, ou de la bile. Les milliers d’odeurs de chairs, de boues et d’os sur ce champ de bataille ne me permettent pas d’identifier quoique ce soit… Le monde l'étouffait. Tout ce qu'il avait retenu du champ de bataille avait été l'amoncèlement de corps qu'il fallait enjamber et ne pas regarder. Il avait vidé son esprit, et avait avancé par la force de ses jambes. Il avait eu la chance de ne pas mourir face aux titans et leurs armés. Tout ce que je peux te dire, c’est que c’est arrivé à Benedictus. Cela allait beaucoup l'aider. J’ai été rapatrié avec une blessure sévère qui s’est résorbée par la suite grâce aux soins de tes petits copains et à ma régénération cellulaire. Il sentait sa bouche devenir pâteuse d'avoir trop parler. Il n'avait pas parlé si longtemps avant... Combien de temps déjà ? Son maître ne lui avait jamais trop laissé d'occasions de s'exprimer. Alors, parfois, il devait passer de longues secondes à réfléchir à ce qu'il allait dire. Il prenait des pauses. J’ai essayé d’ouvrir la blessure parce que je croyais pouvoir extraire quelque chose mais… À part m’être trifouiller le flanc, ça n’a rien changé. Du poison ? De la magie ? Aucune idée.

Avait-il vraiment besoin d'en dire davantage ? Ce type d'information allait ne peut être aucunement aidé cette fille. D'ailleurs, il était possible qu'elle soit nouvelle dans le domaine et que ce mal soit tout à fait inconnu. Alors qu'il attendait qu'elle observe la blessure qu'il venait encore de gratter, des sillons rouges apparaissaient sur sa peau d'albâtre. Rougeurs qui disparurent aussitôt, avaler par sa peau. Dimitri ne l'avait pas quitté des yeux une seule seconde, son observation de sa chevelure or s'intensifiait. Si peu te mets en colère. La prochaine étape c’est une transformation en arbre ? Tu en as encore dans les cheveux, des épines je veux dire. Il s'était passé dix bonnes minutes entre le moment où la colère avait animé les trait de l'elfe. Elle allait se demander pourquoi il parlait de ça maintenant.

POSTE 3

La démangeaison remontait le long de sa côte. Les doigts continuaient de gratter machinalement avant qu’une frappe vienne les éloigner de cet endroit. L’être fixa l’elfe avec des yeux ronds. Elle inspectait la plaie qui s’était déjà refermée. La forme verdâtre reprenait sa place et sa forme. Elle ne bougeait pas. Restait figée sur sa peau creusée. L’ombra voulut articuler quelque chose mais se ravisa. Les paroles étaient inutiles. Qu’elle fasse son travail et qu’ils se séparent. La forme mouvante noire resta immobile et cachée dans son dos. Elle était désormais invisible aux yeux de la blonde qui eut la décence de ne pas poser de questions.

Aucune pointe de colère n’apparut sur le visage de l’esclave. La surprise quant à ce geste en apparence futile et anodin s’évapora peu à peu. Il prenait simplement conscience que ce mouvement n’était pas dans le but de le brutaliser. Dans une autre situation, il aurait peut-être dit quelque chose, proférer une menace par exemple. Mais le bout de sa langue resta immobile contre le haut de son palais. Vint ensuite les réprimandes.

Les petites infections ne me font pas de mal, même si je m’étais amusé avec une épée rouillée. Précisa-t-il sur un ton détaché. Inutile de partir dans de longues explications. Les mots restaient enfermés dans son esprit en sécurité. Les pensées s’agitaient toutefois en songeant aux nombreuses fois où il avait réouvert des blessures qui ne se soignaient correctement. Être passé à tabac ou avoir était un cobaye avaient servi. Sa cicatrisation était plus ou moins rapide. Il était habitué à bien plus grave qu’une petite ouverture de peau. Les cicatrices ne le recouvraient pas. Il n’avait jamais été marqué par la magie non plus… Si on oubliait la marque de l’esclavage qui brillait sur l’avant de sa cuisse. Mais ça, la femme ne le verrait pas. Il en avait suffisamment montré. Tu aimes bien sermonner les inconnus sans les connaître. Son ton était épineux de reproches. Entre deux explications il pouvait bien se le permettre.

Un petit jeu distrayant faisait son chemin alors qu’elle commençait à nettoyer la plaie comme pour préparer le terrain. Il avait bien envie de lui dire qu’elle pouvait déjà passée à l’extraction de cette chose en train de le grignoter. Mais une fois encore, sa langue resta immobile. Parole inutile. Il prit le temps de l’observer faire, esquissa un bref sourire lorsqu’elle le menaça frontalement. Se prendre un arbre ? Intéressant. Elle avait même pris le temps de lui souligner par un sourire que c’était de l’humour. Il était presque déçu qu’elle ne tente pas de l’assommer avec un arbre. Quand une femme se transformait en force de la nature, cela avait le goût de la surprise. Dans le sillon de son maître, il n’avait vu que des femmes de caractère avec une force de mouche alors… Je suis déçu. J’aurais bien aimé voir ça à l’œuvre. Un peu d’agilité, et il aurait esquivé. Sauf si la femme était bien plus puissante qu’elle n’y paraissait. Les elfes étaient particulières doués pour dissimuler leur faculté.

Il bougea et s’installa là où elle l’avait mené sans discuter. Le demi sourire toujours accroché à ses lèvres s’effaça lorsqu’elle expliqua que l’air sur le champ de bataille avait pu être contaminé. L’idée que son sang se soit mélangé à celui d’un autre lui fit froncer le nez. Il n’en était pas arrivé à cette conclusion. Ils suffisaient de peu pour que la magie corrompue et la pourriture mêlée se transforment en cocktail chimique. L’elfe à l’identité inconnue sembla utile de lui préciser qu’il allait avoir mal. Son regard se fixa dans le sien.  Je m’y attend, merci, fait juste ce que tu as à faire. Froid, il ne cherchait pas à ce qu’on lui explique tout le détail de son œuvre. Tant qu’elle lui enlevait la blessure que personne se semblait considérer. Il sentait que cette chose était en train d’absorber son énergie vitale et qu’il pourrait s’éteindre de manière grotesque.

Dimitri prit la corde entre ses dents, car il devait résister et encaisser. La douleur de l’alcool le ferait vriller avec modération. Sa mâchoire se contracta, mais il ne bougea pas.

L'elfe était douce mais trop précautionneuse à son goût. Il n’avait aucune idée du temps que cela pouvait prendre et sa patience était déjà mise à rude épreuve. Elle tenait même à faire la conversation en s’intéressant tout à coup à ses marques. Il n'avait pas envi de lui en parler vu le premier regard qu'elle lui avait lancé.

Les dents étaient comme des lames sur la corde qu’il eut bien du mal à libérer pour lui répondre : Tu veux vraiment savoir ? Tu me regardais comme un monstre tout à l'heure. Et... tu vois là je suis occupé à accepter pleinement cette douleur que tu m'offres... Donc... Juste ferme-là boucle d’or. Retour au source. Il ne se posait pas la question de comment elle allait prendre cette phrase en pleine figure. Mais parler en même temps que les soins ne lui plaisaient pas. Il encaissait trop mal cette douleur fulgurante qui lui consumait déjà la peau.

Alors que de la lumière violette dansait entre les doigts fins et agiles de la soigneuse, il eut impression que des aiguilles incandescentes étaient en train de percer vers l’extérieur de sa peau pour sortir. Son corps se mit à trembler violemment. La douleur se répandait dans son corps et écrasait sa respiration. Il sentait une boule de chaleur et une chose semblait griffer l’intérieur de son estomac et de ses poumons. Une plainte s’échappa de sa bouche, il déglutit difficilement. Ses yeux se fermaient comme si cela allait l'aider à mieux accepter.

Il n’avait pas ressenti une telle torture depuis… au moins cinquante années. Il avait l’impression de se revoir sur cette table, attacher à la merci de cet enfoiré impatient de découper sa chair. Insoutenable. Il sentait son corps trembler et suer. Avec ces doigts elle semblait réveiller plus d’une douleur. Il ne voyait rien, tout était noir. Ses globes oculaires allaient peut être exploser à force de fermer les yeux si forts. Ressentir était pire que tout. Il voyait flou quand il entrouvrait les yeux et la corde qu’il avait remis entre ces dents n’atténuaient rien du tout. Il percevait une chose informe sortir à peine de la plaie mais c'était comme si des lames retenaient sa sortie et tiré sa peau. L'impression de se faire dépecer sur place était écrasante.

Depuis de longues minutes, les aiguilles restaient profondément ancrées. C’était comme tenter de percer du métal en train de fondre sur sa peau. Insupportable. Il ne cherchait pas à cacher ce qu’il ressentait, il le laissait s’exprimer au point que sa main venait arrêter brutalement l’action de cette fille. Il lui écrasa le poignée gémissant et tremblant de rage. Il ne brisa aucun os mais la marque qu’il allait lui laisser serait un souvenir de quelque jour. Cette fois, elle aurait bien du mal à le faire lâcher. Les ongles de l’ombra formaient des demis cercles sur la peau tendre de l’elfe. Son regard noir de colère, de peur et de douleur alors qu’il ordonnait d’une voix dure et menaçante : Arrête... ARRÊTE ça... Tout de suite ! Il serait incapable de tenir. La douleur foudroyante le faisait pâlir. S’il était possible pour son visage de de venir plus blanc encore, sa peau deviendrait translucide.

POSTE 4

Les éclats de douleur irradiaient dans sa plaie. Il entendait, mais le son de cette voix restait éloignée et étouffée. L’inconnue semblait loin. Son regard pesait sur lui comme un poids plume. Les mots étaient sans consistances. Concentré sur ce supplice, il ne voyait rien que sa douleur, infinie et incessante. Ce charme atroce continuait de grandir et il haïssait se retrouver dans une telle situation. Faible et fragile. Sa résistance à la douleur était risible surtout quand elles avaient des consonances magiques et qu’elles étaient présentes pour durer. Les muscles de ses doigts restaient tétanisés autour du fin poignée, imprimant des marques douloureuses sur celle qui était en capacité de la sauver. Il ne pouvait dire qu’il était inconscient. Il ressentait sa présence comme un danger, les alarmes de son corps réagissaient pour lui. Dimitri ne considéra pas l’ombre qui courait sur l’épiderme de l’elfe pour venir desserrer les doigts crispés de l’individu. La douleur lancinante le laissait sans voix alors que les spasmes continuaient d’envoyer des coups de jus dans tout son corps. Il avait en horreur cette magie pourrissante. Elle envahissait son corps et le rendait malade de fureur.

Peu à peu, le mal inconnu lui laissa un temps de répit. Il sentit la souffrance s’éloigner, laissant sa peau épuisée et endormie mais toujours creusée et verdâtre. Signe que rien n’avait disparu. Retour à la case départ. Essoufflé, son corps fatigué lui donnait l’impression de ne plus avoir d'énergie. Son regard devint plus net alors qu’il constatait que l’elfe avait pris ses distances.
Ses mains frottaient ses poignets et elle dévoilait ces marques qu’il venait de lui faire. Ce traitement le rendait tout à fait haïssable. Il n’était pas particulièrement regardant sur les émotions qu’autrui pouvaient lui porter… Mais cette femme ne lui avait rien fait et la blesser était un acte tout à fait involontaire. Dans le regard de l'elfe blonde brillait une aversion féroce qu’il accueillit sans broncher. Les excuses étaient inutiles. Elle n’atteindrait personne. La situation s’envenimait, mais le regard décidé, elle restait présente. Elle aurait eu milles raisons de partir et de le laisser dépérir. Pour cela, il s’en voulut sans parvenir à l’exprimer. L’émotion resta enfui alors que son esprit lui rappelait avec vivacité cette scène, réveillant par ailleurs la douleur qu’il avait ressenti. Elle dormait, mais il craignait de la revivre et de lui donner à nouveau de l’importance. Dimitri leva les yeux embrumés vers l’elfe. Son visage était drapé de rage, il sentait qu’elle avait envie d’exploser mais quelque chose la retenait. Sa conscience professionnelle, sans doute. Elle restait plutôt calme en vue de la situation. Une qualité exceptionnelle en temps de guerre. L’ombre ressentit du remord mais ne formula rien dans ce sens. Il l’observa d’une manière neutre, partagée entre l’idée de continuer ou d’arrêter tout ici. Dans la première situation, il revivrait cette torture mais il en ressortirait peut être en vie. Dans la deuxième situation, il terminerait ses jours noyés dans une infection. Il pourrait même contaminer d’autres combattants.

Il ne boirait pas une seule goutte de l’alcool situé dans ses caisses. Il avait senti le regard de la soigneuse vers celles-ci. L'odeur présente piquait ses narines. Il connaissait les effets du liquide sur son organisme et sur sa santé mentale. Contrairement à la majorité qui devenait violent ou joyeux, lui devenait dépressif et ressassait le passé dans les larmes et la mièvrerie. Non merci. Cette fille en avait déjà assez vu.

Sa réflexion s’éternisait, il pesait le pour et le contre. Par moment, les lignes dorées se figeaient, comme lorsqu’il vidait son esprit de toute pensée et qu’il devenait vide. Son regard fuyait désormais cette fille. Balayait l’espace dans lequel ils étaient. Devenu étonnamment silencieux, il mit un temps avant de reprendre pied et de sortir de ce voile. L’elfe marmonnait des mots. Il aurait pu lui envoyer un sourire mauvais, mais ses forces s’étaient amenuisées. Au lieu de ça, comme pour signifier qu’il avait parfaitement entendu, il lui dit simplement : Tu as raison. Des mots déchargés de toute animosité, alors qu’il se replongeait dans ses réflexions. Il ne faisait pas volontairement durer le suspense, il craignait la douleur comme la peste. Même si en cet instant précis, un mélange des deux vivaient sur son flanc depuis plusieurs jours. Il grandissait et anéantissait tout son espoir de survie. Ses jambes ne bougeaient plus, éveillant son regard sur sa situation. Des lianes sombres immobilisaient le bas de son corps, l’obligeant à rester figer dans cette position. Il n'avait même pas senti cette végétation l'enserrer. Il ne savait pas quand elle avait agi. Son état nauséeux rendait ses réflexes médiocres.

L’être fait d’ombres entrouvrit ses lèvres, ses yeux brillèrent une seconde d’un éclat.

Je ne pensais pas demander ça un jour à une femme mais tu peux m’immobiliser totalement ? Clouer à quelque chose n’allait pas être une partie de plaisir. Si certains couples s’adonnaient à ce genre de pratique, lui détestait qu’on le dépossède de ses moyens. Les mauvais traitements qui alourdissaient son passé en étaient la cause. Il avait manqué d'encastrer une fille de joie une fois qui avait voulu l'attacher pour prendre du bon temps... Il avait détesté ça.

Alors qu'il formulait ce choix, il restait incertain. Mais la fièvre et la sueur rendaient son corps particulièrement faible et détestable. Il n’était pas à ça prêt. Il eut un rictus, avant de préciser : De cette façon, je ne te blesserais plus. Son corps trembla légèrement, les courbes dorées se dessinaient des formes tremblantes sur son corps. Il n’avait pas remarqué, mais la tâche noire avait pratiquement recouvert son bras gauche et remontait le long de son visage. Elle n’était plus dissimulée, elle était bien présente et venait ouvrir une pensée sur la crainte qu’il ressentait vis-à-vis de la situation. Peu impatient tout à coup de ressentir cette douleur foudroyante, il regrettait les mots qu’il avait formulé plutôt. Il n’accueillerait pas bien la douleur qu’elle allait lui offrir.

POSTE 5

Nauséeux, ce qu’il avait pris pour de la végétation se trouvait être des cordes sous forme d’ombres. Ils enserraient son corps, l’attachaient solidement au sol. Dimitri n’avait pas jugé utile de tester leurs résistances. Son intention n’était pas de s’en défaire. La situation restait détestable et désavantageuse pour lui, elle aurait tout le loisir d’extraire cette chose dans le sang et la douleur.
Toutefois, il s’y plierait quelques minutes pour la bonne cause. Vivre quelques années de plus en était une.
Le faible intérêt qu’il avait ressenti était minime comparé à la douleur qu’il appréhendait. La souffrance tournoyait dans sa tête comme un lion dans sa cage.
L’elfe n’avait pas repris les soins et les brûlures venaient s’immiscer dans son corps. Son regard vitreux trouva celui de son interlocutrice.

L'inconnue jouait avec les ombres et elle le regardait comme un monstre. L’hôpital se foutait de la charité. Dans ce monde, il y avait bien plus abject créature que lui. Dans d’autres circonstances, il l’aurait peut être interrogé à ce sujet. Il trouvait que certains éléments ne collaient pas. Il était possible qu’elle ait des à priori fondés autour de sa race… À priori qu’elle calquait sur lui. À l’évidence, il n’était pas tout blanc. Il s’était sali les mains sous les ordres d’un maître. Mais elle n’en saurait rien. Chaque mots prononcés sur ce passé accablant pourraient le desservir. Il ne voudrait pas laisser passer sa chance de devenir citoyen sous prétexte  J’en sais suffisamment désormais. Madame s’amuse avec les ombres. Quel contraste. Se permit-il d’ajouter avant de préparer son esprit à hurler à nouveau. Tu n'as qu'à me poser une seule question, à laquelle je répondrais le plus honnêtement possible. Pour le reste, nous ne nous reverrons peut être jamais. Donc inutile de faire connaissance... Répondit-il évasivement. Après cet instant, il n'ouvrit plus la bouche. Ni pour gémir, ni pour pester contre cette douleur. L'elfe se rapprocha de nouveau, oeuvrant sur sa plaie avec une technique qui lui sembla beaucoup plus insupportable. Dimitri arrêta son regard sur l'action de la soigneuse. Des filaments miniatures suivaient les indications de ses doigts. Les tiraillements ne s'intensifiaient pas, la brûlure restait extrême et le faisait tressauter. Néanmoins, elle restait localisée. Il avait bien envi de lui demander pourquoi elle n'était pas passée par là d'abord. Mais ses lèvres pincées et tremblantes devaient restées closes.

L'inconnue gardait le silence. Ce choix était judicieux. Il ne verrait rien arriver, n'entendrait pas le détail qui amplifiait sans doute la douleur. L'imagination était puissante. Entre la toux, les grognements douloureux et les plaintes étouffés, il ne s'entendait plus penser. Puis, cette sadique tira d'un coup sec et il crut que son coeur avait été arraché en même temps. Son corps eut un soubresaut, ses yeux d'acier virèrent au rouge. À force, de petits vaisseaux avaient explosé dans ses yeux. Un détail anodin. Sa respiration mit un temps long à se calmer, tout comme les tremblements. La magie était une vraie plaie. Il regardait cette dernière évacuer les dernières saletés de son sang. Il devenait plus clair, reprenant une couleur sensiblement normal. Dimitri attacha son regard sur l'elfe qui s'était éloignée. Question de sécurité. Il esquissa un demi sourire, mais n'eut pas la force de lui dire qu'elle l'avait suffisamment attacher. La régénération cellulaire oeuvrait déjà, il sentait les picotements des tissus qui se reformaient et des veines qui se reconnectaient. Elle avait dû arracher un sacré morceau. Sa curiosité de voir la chose visqueuse en détail était totalement absente, il avait envie d'en finir en dégageant rapidement d'ici. Il n'allait tout de même pas passer des heures à la remercier. D'ailleurs, il devait formuler quelque chose dans ce sens. Après l'avoir attiré ici, traité comme une chose et écrasé le poignet, c'était la moindre des choses. Les mots lui brûlaient un peu la langue. Les rares fois où il avait dû dire merci, cela avait été sous la contrainte en se mettant à genoux.

La blessure saignerait encore une ou deux heures. Les filaments n'avaient pas arraché la chair en profondeur. L'individu remit le vêtement, dissimulant la plaie qui imbiba le coton. Le visage inexpressif, il soupira : Merci. Sa respiration était profonde. La prochaine fois, il faudra songer à commencer par cette technique. Elle était bien meilleure. Avec de l'expérience, elle pourrait décortiquer n'importe quoi. Les ombres ne s'habillaient d'aucune grâce. Pourtant, il avait été témoin d'un soin bien particulier.
L'ombra n'avait pu s'empêcher de lever son regard acier sur elle et lui faire ce petit commentaire. Il enchaîna avant qu'elle n'ait pu articuler quelque chose : Cette question ? Je suis pressé. J'ai besoin d'aller dormir. Il était à deux doigts de s'écrouler. Ses muscles n'allaient plus lui répondre. Il pourrait s'étaler ici s'il s'attardait trop, au milieu de l'alcool et de la nourriture.
L'inconnue pourrait revenir sur sa première question. Celle qu'il avait délibérément ignoré pour se concentrer sur cet amas de douleur qu'il avait accueilli... Mais il était tout à fait possible qu'elle veuille en finir aussi. Le camp était immense, ils n'auraient peut être plus le loisir de se croiser et cette guerre n'était pas terminée. Il pourrait lui demander son nom, mais se ravisa. Inutile s'il mourrait sur le champ de bataille.

POSTE 6

La blessure ne dormait pas. Elle lui envoyait des décharges à chaque mouvement. Pour autant, l'être jugea cette souffrance supportable après l'éventail de supplices que l'elfe lui avait fait subir. La chose qu'elle avait retiré s'était retrouvée jetée dans un flacon stérile qu'elle portait sur elle. Décidément, ces membres du personnel médicales semblaient toujours avoir tout sur eux. Même en temps de guerre, il semblait essentiel de prélever tout et n'importe quoi dans l'espoir de pouvoir envoyer ceci à des scientifiques aguerris.
Le soin avait laissé sa peau engourdie, son souffle court, et son coeur battant, mais son esprit était apaisé. Il se sentait plus serein en apparence. Le mal dévorant était devenu un mauvais souvenir. De cette façon, il pourrait profiter d'une nuit sans rêve et sans cauchemar. Envelopper dans un cocon sécurisant le temps de retrouver pleinement des forces pour la prochaine bataille. L'ombra oubliera bien assez tôt cette rencontre. Il connaissait les faiblesses de sa mémoire et cherchait toujours à effacer les moments qu'il jugeait désagréable. Non qu'il trouvait que l'elfe l'ait été particulièrement d'un point de vue psychologique. Mais physiquement, elle avait manqué de délicatesse. Il ne pouvait s'empêcher de penser à la deuxième partie du soin qu'il avait trouvé supportable.

La question ne sembla pas intéresser plus que cela l'elfe. Il accepta ce fait, regretta même d'avoir remis le sujet sur le tapis. Si elle ne voulait rien savoir, il ne pouvait en vouloir à personne après la manière dont il l'avait attiré ici.
Il avait à deux reprises renvoyées ses remarques et ses questions, l'intérêt n'avait été que passager visiblement. Il lui avait écrasé le poignet et manqué de respect, cela avait dû l'orienter dans ce sens. Le guerrier s'apprêta à sortir lorsqu'elle finit après réflexion par lui poser une question. Il se figea, les lèvres pincées, réfléchissant à la manière dont il pourrait lui répondre sans dévoiler la totalité de son histoire. Il avait dit qu'il serait franc, mais il fallait toujours choisir les mots avec soin sans trop en dire. Il pouvait donner l'illusion d'avoir répondu entièrement à la question alors qu'en réalité il aurait beaucoup de choses à dire. Elle n'avait pas à savoir qu'il était esclave et que les chaînes cliquetaient durement derrière lui. Il n'avait pas non plus à lui expliquer qu'il avait été découpé pendant des années sur un plan de travail et que les scientifiques véreux lui filaient la gerbe. Il pourrait transformer la vérité en une chose plus acceptable et utilisable. De toute manière, le manque d'intérêt était une aubaine, elle ne poserait pas trop de questions, et elle finirait pas oublier.

La majorité ferait confiance à un humain. Je préfère qu'ils continuent à le croire, c'est plus facile pour moi. Sans oublier que le regard des autres sur elles me dérangent. Leurs regards sont malsains. L'or rend les curieux fous. Les pires feraient n'importe quoi pour obtenir quelque chose qui les rapproche de la richesse. Pourtant, ils se trompent, et quand ils s'en rendent compte, c'est contre moi qu'ils se retournent. Avoua t-il avec une légère grimace. Dimitri ne chercha pas à expliquer qui désignait "elles". L'elfe comprendrait très bien, elle avait démontrée à plusieurs reprises qu'elle n'était pas idiote. Tu ne t'es pas rendu compte tout de suite que je n'étais pas humain après tout. Être un humain, c'est aussi passé inaperçu dans la masse. C'est une sécurité qui m'arrange bien.
Quelques questions furent poser avant que des voix empressés viennent percer la conversation. Un silence s'installa, un regard s'échangea. Le temps était écoulé, il en avait dit suffisamment et un malade l'appelait ailleurs. L'urgence tombait bien, ils se sépareraient sur cette rencontre archaïque et reprendraient le cours de leur vie respective. Il était possible aussi qu'il n'y ait pas de chemin, que ce dernier s'arrête dans les jours à venir. Les morts s'entassaient sur le champ de bataille, et La Mort ne prévenait jamais lorsqu'elle se tenait derrière vous. Alors, Dimitri hocha simplement la tête, alors que le nom d'Ellana s'imposait à son esprit.

POSTE 7