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An 3 - 5 octobre
Au détour de l'une des nombreuses rues marchandes sillonnant à travers Ikusa se trouve un atelier. Comme beaucoup de ses concurrents, il offre divers services, allant de la confection de meubles sculptés au cadres de tableaux ciselés, en passant par les babioles de table et même des décorations murales, que ce soient des lampes à huile, des mosaïques ou encore des constructions pittoresques construites sur mesure. Et enfin, fierté de cet atelier particulier, de fabuleuses armes à accrocher au dessus de la cheminée. Épées et haches, aussi bien à une qu'à deux mains, des armes d'hast, des hallebardes, même des arcs soigneusement gravés, et ce qui est l'objet des ouvriers en ce jour, des lances, et pas pour n'importe quel client !
En effet, la commande avait été imaginée par le tenancier pour s'attirer les bonnes faveurs du nouveau ministre des finances fraîchement appointé, nul autre que Tagar Reys, et tous les ouvriers se sont attelés à la tâche pour créer les décorations les plus fabuleuses en son honneur.
Aux fourneaux, deux comparses travaillent sans relâche pour détailler ce qui formera la tête de ces deux lances. Depuis trois jours ils chauffent et façonnent du verre-dragon, lui donnant lentement les courbes et les angles pour donner vie au dragon reikois, symbole de l'Empire, qui viendra se nicher à la jonction de la hampe et de la pointe pour donner aux lances leur aspect auréolé. Et une fois la structure terminée, ils devront encore la sertir de rubis et de pierre d'amant pour simuler les yeux et le souffle de la bête. A l'autre bout de la forge, un troisième artisan trempe l'acier de ce que seront les fers de lance. Enfin, attablé à l'établi de menuiserie, un individu peu commun est en train de poncer et graver le bois qui donnera les hampes.
Ce quatrième membre n'est pas un membre permanent de l'atelier, c'est en réalité un nain qui vagabonde à travers le Reike, proposant ses services quand il n'est pas en train de chasser quelque bête monstrueuse, et le destin a voulu qu'il croise sur sa route des compagnons de sa patrie au Mont Kazan, qui l'ont rapidement enjoint à rejoindre Ikusa s'il voulait vraiment démontrer ses capacités de menuisier. Ses intérêts ayant été piqués, il a fini ici, et depuis quelques semaines maintenant il travaille en tant qu'adjoint, participant activement à tout ce qui relève du travail du bois.
Le menuisier en chef déboule dans la pièce avec des échantillons d'essences de bois et quelques outils de précision, avant d'apostropher le nain en pleine concentration.
Sieur Kérémir, voilà les échantillons que vous avez demandé, est-ce que vous êtes prêt à me montrer cette fameuse technique de ciselage que vous utilisez au Mont Kazan maintenant ?
Voyons voir... Ca fera l'affaire. Regardez bien, cette technique demande des compétences magiques précises.
Sur ces mots, Kérémir retire ses gants de travail et étale les différents échantillons devant lui avant d'initier la plus inattendue des manœuvres. Au bout de l'index de sa main droite apparaît un minuscule éclat rougeoyant dont émane de la chaleur. Il se met alors à graver des esquisses de runes naines sur les différentes essences en déplaçant minutieusement sa pointe brûlante. Devant lui, le maître menuisier admire, lui qui possède les outils les plus sophistiqués pour travailler le bois, il est ébahi par la précision chirurgicale du nain qui n'a besoin que d'une main et de sa concentration.
C'est impressionnant, mais je n'arrive pas à saisir le fond de cette technique, est-ce là une forme de magie ?
C'est ça. Chez nous, on apprend à manier le feu sous toutes ses formes, et cette pratique vient de là. Ca demande beaucoup d'expérience, pour que ça marche, il faut une flamme très chaude, et suffisamment minuscule pour imiter un couteau. Le but c'est de brûler le bois qui donne le dessin sans abîmer le support, ce qui n'est possible qu'avec un contrôle parfait du feu. Et regardez bien les détails. Même comme ça, chaque bois réagit différemment. Le chêne craque facilement, il faut faire très gaffe et rester en surface. Alors que cet ébène, il est beaucoup plus résistant, ce qui permet de tailler plus en profondeur et de plus de manières. Dès que j'aurai fini de préparer les hampes, je vais faire pareil dessus. La commande parlait d'une double spirale qui sera recouverte de poussière d'or pas vrai ? Les spirales, je vais les faire comme ça.
Le nain se détourne ensuite pour se remettre au travail et laisser le menuisier retourner à ses propres occupations. Le soleil commence à décliner et la commande doit être terminée pour demain, autant dire que même si Kérémir arrive à finir son ciselage, il devra être présent pour superviser l'application de la résine et des traits dorés qui agrémenteront le résultat final, avant de fixer les hampes avec les têtes en coopération avec le forgeron une fois que les dragons miniatures seront eux aussi finalisés. Quelle idée de commencer une commande aussi tard aussi, le vieux Carmen ne pouvait vraiment pas avoir cette idée de cadeau pour le ministre plus vite ? Qu'importe, la commande sera terminée à temps même s'ils doivent pour ça se priver de sommeil.
Et c'est ce qui finit par arriver, comme attendu, Kérémir parvient à finir sa part du travail avant la tombée de la nuit, mais les heures tardives se suivent avant que les artisans n'en finissent avec le verre-dragon, et ils perdent encore du temps à faire refroidir les différents éléments avant de pouvoir les assembler. Finalement, ce n'est qu'au petit matin que les lances son finalement assemblées avant d'être drapées dans de somptueux tissus destinés à les présenter au ministre. Ce dernier devrait arriver dans la journée, et Carmen tient absolument à présenter la fine équipe pour vanter la qualité de son atelier. Ah ils sont beaux les ouvriers, fatigués et toujours habillés en tenue adaptée pour la forge et la menuiserie.
Ils se dépêchent alors de se changer pour quelque chose de plus présentable après avoir nettoyé les plans de travail, tout doit être irréprochable pour l'arrivée de Tagar.
Au détour de l'une des nombreuses rues marchandes sillonnant à travers Ikusa se trouve un atelier. Comme beaucoup de ses concurrents, il offre divers services, allant de la confection de meubles sculptés au cadres de tableaux ciselés, en passant par les babioles de table et même des décorations murales, que ce soient des lampes à huile, des mosaïques ou encore des constructions pittoresques construites sur mesure. Et enfin, fierté de cet atelier particulier, de fabuleuses armes à accrocher au dessus de la cheminée. Épées et haches, aussi bien à une qu'à deux mains, des armes d'hast, des hallebardes, même des arcs soigneusement gravés, et ce qui est l'objet des ouvriers en ce jour, des lances, et pas pour n'importe quel client !
En effet, la commande avait été imaginée par le tenancier pour s'attirer les bonnes faveurs du nouveau ministre des finances fraîchement appointé, nul autre que Tagar Reys, et tous les ouvriers se sont attelés à la tâche pour créer les décorations les plus fabuleuses en son honneur.
Aux fourneaux, deux comparses travaillent sans relâche pour détailler ce qui formera la tête de ces deux lances. Depuis trois jours ils chauffent et façonnent du verre-dragon, lui donnant lentement les courbes et les angles pour donner vie au dragon reikois, symbole de l'Empire, qui viendra se nicher à la jonction de la hampe et de la pointe pour donner aux lances leur aspect auréolé. Et une fois la structure terminée, ils devront encore la sertir de rubis et de pierre d'amant pour simuler les yeux et le souffle de la bête. A l'autre bout de la forge, un troisième artisan trempe l'acier de ce que seront les fers de lance. Enfin, attablé à l'établi de menuiserie, un individu peu commun est en train de poncer et graver le bois qui donnera les hampes.
Ce quatrième membre n'est pas un membre permanent de l'atelier, c'est en réalité un nain qui vagabonde à travers le Reike, proposant ses services quand il n'est pas en train de chasser quelque bête monstrueuse, et le destin a voulu qu'il croise sur sa route des compagnons de sa patrie au Mont Kazan, qui l'ont rapidement enjoint à rejoindre Ikusa s'il voulait vraiment démontrer ses capacités de menuisier. Ses intérêts ayant été piqués, il a fini ici, et depuis quelques semaines maintenant il travaille en tant qu'adjoint, participant activement à tout ce qui relève du travail du bois.
Le menuisier en chef déboule dans la pièce avec des échantillons d'essences de bois et quelques outils de précision, avant d'apostropher le nain en pleine concentration.
Sieur Kérémir, voilà les échantillons que vous avez demandé, est-ce que vous êtes prêt à me montrer cette fameuse technique de ciselage que vous utilisez au Mont Kazan maintenant ?
Voyons voir... Ca fera l'affaire. Regardez bien, cette technique demande des compétences magiques précises.
Sur ces mots, Kérémir retire ses gants de travail et étale les différents échantillons devant lui avant d'initier la plus inattendue des manœuvres. Au bout de l'index de sa main droite apparaît un minuscule éclat rougeoyant dont émane de la chaleur. Il se met alors à graver des esquisses de runes naines sur les différentes essences en déplaçant minutieusement sa pointe brûlante. Devant lui, le maître menuisier admire, lui qui possède les outils les plus sophistiqués pour travailler le bois, il est ébahi par la précision chirurgicale du nain qui n'a besoin que d'une main et de sa concentration.
C'est impressionnant, mais je n'arrive pas à saisir le fond de cette technique, est-ce là une forme de magie ?
C'est ça. Chez nous, on apprend à manier le feu sous toutes ses formes, et cette pratique vient de là. Ca demande beaucoup d'expérience, pour que ça marche, il faut une flamme très chaude, et suffisamment minuscule pour imiter un couteau. Le but c'est de brûler le bois qui donne le dessin sans abîmer le support, ce qui n'est possible qu'avec un contrôle parfait du feu. Et regardez bien les détails. Même comme ça, chaque bois réagit différemment. Le chêne craque facilement, il faut faire très gaffe et rester en surface. Alors que cet ébène, il est beaucoup plus résistant, ce qui permet de tailler plus en profondeur et de plus de manières. Dès que j'aurai fini de préparer les hampes, je vais faire pareil dessus. La commande parlait d'une double spirale qui sera recouverte de poussière d'or pas vrai ? Les spirales, je vais les faire comme ça.
Le nain se détourne ensuite pour se remettre au travail et laisser le menuisier retourner à ses propres occupations. Le soleil commence à décliner et la commande doit être terminée pour demain, autant dire que même si Kérémir arrive à finir son ciselage, il devra être présent pour superviser l'application de la résine et des traits dorés qui agrémenteront le résultat final, avant de fixer les hampes avec les têtes en coopération avec le forgeron une fois que les dragons miniatures seront eux aussi finalisés. Quelle idée de commencer une commande aussi tard aussi, le vieux Carmen ne pouvait vraiment pas avoir cette idée de cadeau pour le ministre plus vite ? Qu'importe, la commande sera terminée à temps même s'ils doivent pour ça se priver de sommeil.
Et c'est ce qui finit par arriver, comme attendu, Kérémir parvient à finir sa part du travail avant la tombée de la nuit, mais les heures tardives se suivent avant que les artisans n'en finissent avec le verre-dragon, et ils perdent encore du temps à faire refroidir les différents éléments avant de pouvoir les assembler. Finalement, ce n'est qu'au petit matin que les lances son finalement assemblées avant d'être drapées dans de somptueux tissus destinés à les présenter au ministre. Ce dernier devrait arriver dans la journée, et Carmen tient absolument à présenter la fine équipe pour vanter la qualité de son atelier. Ah ils sont beaux les ouvriers, fatigués et toujours habillés en tenue adaptée pour la forge et la menuiserie.
Ils se dépêchent alors de se changer pour quelque chose de plus présentable après avoir nettoyé les plans de travail, tout doit être irréprochable pour l'arrivée de Tagar.
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Ce vieux Carmen ne se fait pas prier, à la seconde où la suite de Tagar Reys approche de l'entrée, il court l'accueillir à grands coups de courbettes et ce sourire dont lui seul a le secret. Kérémir a beau l'avoir déjà vu faire, il ne peut s'empêcher de se demander comment c'est possible, en dehors d'une taverne il n'a jamais vu un nain se dérider à ce point. Après, il faut dire qu'à Kazan ils sont tous soit sur les nerfs à cause de la menace permanente de la montagne, soit tellement absorbés dans leur travail qu'ils ne laissent rien transparaître d'autre que de la concentration et la sueur qui dégouline de leur front alors qu'il martèlent les minerais et minéraux extraits des profondeurs. Même les tenanciers des diverses forges ne se fendent jamais d'un tel sourire après avoir conclu un accord juteux avec un concurrent ou un marchand venu de l'extérieur.
Et pourtant Carmen se tient là, prêt à se plier en quatre pour accueillir le ministre, c'en est presque irréel pour le menuisier d'un naturel renfrogné.
Les deux semblent bien s'entendre, que ce soit pour maintenir les apparences ou l'expression d'une camaraderie sincère, ils conversent amicalement et Tagar finit par entrer dans l'atelier fraîchement nettoyé avec ce qui semble être un officier, laissant le reste de sa troupe sous le soleil brûlant de l'après-midi. Le Sajenti, avant même d'avoir posé le pied à l'intérieur de l'établissement, se met à balader son œil inquisiteur dans tous les coins et recoins de l'atelier, manifestement prêt à dégainer au moindre signe suspect.
Ca n'arrête toutefois pas Tagar et Carmen qui papotent joyeusement alors que le vieux nain présente les différents ouvriers responsables des lances qu'ils présentent aujourd'hui. D'abord Marik et Sytal, les deux artisans ayant travaillé d'arrache-pied sur les répliques en verre-dragon du symbole Reikois, non sans vanter leur maîtrise de ce métal rare et précieux. Il passe ensuite à Hal, le maître forgeron qui a façonné les pointes en acier, expliquant que son contrôle du marteau est ce qui a donné cet aspect étincelant au métal. Enfin il s'attarde sur Moras, le charpentier et menuisier en chef, ainsi que Kérémir, un employé temporaire venu du sud pour offrir son expertise du bois, avant de clamer qu'aucun autre duo dans tout Ikusa n'aurait su proposer un travail plus raffiné pour les hampes aux spirales dorées.
Evidemment, après avoir vendu la qualité de sa boutique, Carmen s'éclipse quelques instants chercher de quoi fêter l'occasion pendant que Tagar serre la main des cinq artisans. Il ressort rapidement de l'arrière-boutique avec une bouteille d'eau-de-vie qu'il propose d'ouvrir pour trinquer. Tout le monde accepte à l'exception du Sajenti qui reste en retrait, la mine toujours austère alors qu'il surveille de loin la fête improvisée. Le délicieux alcool est versé, les coupes sont levées et tout le monde boit à la gloire de l'Empire.
Puis s'ensuit quelque chose que Kérémir n'a jamais vu, tour à tour le ministre offre sa main droite sur laquelle est dessiné un tatouage représentant le dragon reikois, et chacun de ses interlocuteurs répond en présentant le sien. Une tradition d'Ikusa ? Le nain ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il ne réagit pas au quart de tour, l'ambiance est joyeuse, l'alcool monte et adoucit les humeurs, et c'est avec un ton tout à fait à naturel qu'il s'excuse quand le ministre s'approche de lui.
Ah ah, pardonnez moi messire, de là d'où je viens on ne connaît pas ça, chez nous on préfère les écussons !
Le nain ne se rend pas compte tout de suite de ce qui vient de se passer, si le ministre semble tout au plus interpellé, ses compagnons le dévisagent désormais avec toutes sortes d'expressions allant de la surprise à l'horreur, mais le plus étrange, c'est le Sajenti qui bondit en avant, dégainant son arme au passage avant de la pointer sur Kérémir en vociférant.
Plus un geste, hors-la-loi ! Tu es en état d'arrestation, suis-nous sans faire d'histoires. Tu t'expliqueras devant le Dunark.
Kérémir ne réagit pas immédiatement, la situation est tellement soudaine que son esprit fonctionnant au ralenti met un peu de temps à comprendre. Mais les pièces du puzzle se mettent en place et il pige qu'un officier essaye vraiment de l'arrêter pour une raison obscure. Comme s'il allait faire le fier devant un nain qui n'a rien demandé, et puis quoi encore ? Les autres spectateurs ne réagissent pas, semblant tous tétanisés face à ce qui est en train de se passer, à l'exception du ministre qui a l'air... amusé ?
Oy oy, c'est quoi cette histoire, c'est quand même pas un crime de ne pas connaître les traditions du coin ? Le soleil vous a un peu trop grillé la tête ou quoi ?
Silence si tu tiens à la vie ! rétorque le Sajenti en rapprochant encore son arme.
Ce qui suit est très rapide, le sang de Kérémir se met à bouillir tandis que le feu de la forge commence à crépiter, avant de sortir à toute vitesse en petites gerbes pour s'interposer devant l'officier. Le nain n'est pas armé, pas même protégé par son armure habituelle vu qu'il est en habits de ville adaptés pour une réception, s'il veut s'extirper de cette situation il doit d'abord se replier et récupérer ses affaires, tant pis pour le ministre pour qui il vient de gâcher une fin de journée qu'il estime déjà fort chargée. Dans le chaos qu'il vient de soulever il court à l'étage où il attrape son sac. Pas le temps pour la cotte de mailles, au moins son bouclier est encore attaché aux sangles et la hache est rangée dans un râtelier en compagnie de diverses armes entreposées là. Une fois son sac sur son dos, il saute par la fenêtre ouverte donnant sur la ruelle à côté de la rue principale.
Mais que faire, maintenant, se rendre ? L'officier avait l'air prêt à l'embrocher, autant dire que quoi qu'il ait fait, c'était une infraction grave, même si elle n'était liée qu'à un simple dessin. Et pourtant il était certain de n'avoir jamais entendu parler d'une telle coutume. Même pendant les quelques mois qu'il avait passé à Tol-Varek après fui dans les souterrains, il n'avait rien entendu concernant quelque chose comme ça. En même temps, ils étaient en période de guerre et les seuls sujets de discussion concernaient l'apocalypse ayant lieu à Shoumeï. Fuir Ikusa ? Impossible, si les gardes se font alerter toutes les sorties seront gardées, il est pris au piège, au sein même de la capitale. Essayer de raisonner ? C'est peut-être la solution, mais elle n'est clairement pas envisageable avec pareil forcené, et en plus il a déjà quelque peu ruiné ses chances en portant atteinte à un ministre. Autant qu'il dire qu'il est dans une sacrée mélasse et qu'il ne sait pas encore comment il va s'en sortir.
Et pourtant Carmen se tient là, prêt à se plier en quatre pour accueillir le ministre, c'en est presque irréel pour le menuisier d'un naturel renfrogné.
Les deux semblent bien s'entendre, que ce soit pour maintenir les apparences ou l'expression d'une camaraderie sincère, ils conversent amicalement et Tagar finit par entrer dans l'atelier fraîchement nettoyé avec ce qui semble être un officier, laissant le reste de sa troupe sous le soleil brûlant de l'après-midi. Le Sajenti, avant même d'avoir posé le pied à l'intérieur de l'établissement, se met à balader son œil inquisiteur dans tous les coins et recoins de l'atelier, manifestement prêt à dégainer au moindre signe suspect.
Ca n'arrête toutefois pas Tagar et Carmen qui papotent joyeusement alors que le vieux nain présente les différents ouvriers responsables des lances qu'ils présentent aujourd'hui. D'abord Marik et Sytal, les deux artisans ayant travaillé d'arrache-pied sur les répliques en verre-dragon du symbole Reikois, non sans vanter leur maîtrise de ce métal rare et précieux. Il passe ensuite à Hal, le maître forgeron qui a façonné les pointes en acier, expliquant que son contrôle du marteau est ce qui a donné cet aspect étincelant au métal. Enfin il s'attarde sur Moras, le charpentier et menuisier en chef, ainsi que Kérémir, un employé temporaire venu du sud pour offrir son expertise du bois, avant de clamer qu'aucun autre duo dans tout Ikusa n'aurait su proposer un travail plus raffiné pour les hampes aux spirales dorées.
Evidemment, après avoir vendu la qualité de sa boutique, Carmen s'éclipse quelques instants chercher de quoi fêter l'occasion pendant que Tagar serre la main des cinq artisans. Il ressort rapidement de l'arrière-boutique avec une bouteille d'eau-de-vie qu'il propose d'ouvrir pour trinquer. Tout le monde accepte à l'exception du Sajenti qui reste en retrait, la mine toujours austère alors qu'il surveille de loin la fête improvisée. Le délicieux alcool est versé, les coupes sont levées et tout le monde boit à la gloire de l'Empire.
Puis s'ensuit quelque chose que Kérémir n'a jamais vu, tour à tour le ministre offre sa main droite sur laquelle est dessiné un tatouage représentant le dragon reikois, et chacun de ses interlocuteurs répond en présentant le sien. Une tradition d'Ikusa ? Le nain ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il ne réagit pas au quart de tour, l'ambiance est joyeuse, l'alcool monte et adoucit les humeurs, et c'est avec un ton tout à fait à naturel qu'il s'excuse quand le ministre s'approche de lui.
Ah ah, pardonnez moi messire, de là d'où je viens on ne connaît pas ça, chez nous on préfère les écussons !
Le nain ne se rend pas compte tout de suite de ce qui vient de se passer, si le ministre semble tout au plus interpellé, ses compagnons le dévisagent désormais avec toutes sortes d'expressions allant de la surprise à l'horreur, mais le plus étrange, c'est le Sajenti qui bondit en avant, dégainant son arme au passage avant de la pointer sur Kérémir en vociférant.
Plus un geste, hors-la-loi ! Tu es en état d'arrestation, suis-nous sans faire d'histoires. Tu t'expliqueras devant le Dunark.
Kérémir ne réagit pas immédiatement, la situation est tellement soudaine que son esprit fonctionnant au ralenti met un peu de temps à comprendre. Mais les pièces du puzzle se mettent en place et il pige qu'un officier essaye vraiment de l'arrêter pour une raison obscure. Comme s'il allait faire le fier devant un nain qui n'a rien demandé, et puis quoi encore ? Les autres spectateurs ne réagissent pas, semblant tous tétanisés face à ce qui est en train de se passer, à l'exception du ministre qui a l'air... amusé ?
Oy oy, c'est quoi cette histoire, c'est quand même pas un crime de ne pas connaître les traditions du coin ? Le soleil vous a un peu trop grillé la tête ou quoi ?
Silence si tu tiens à la vie ! rétorque le Sajenti en rapprochant encore son arme.
Ce qui suit est très rapide, le sang de Kérémir se met à bouillir tandis que le feu de la forge commence à crépiter, avant de sortir à toute vitesse en petites gerbes pour s'interposer devant l'officier. Le nain n'est pas armé, pas même protégé par son armure habituelle vu qu'il est en habits de ville adaptés pour une réception, s'il veut s'extirper de cette situation il doit d'abord se replier et récupérer ses affaires, tant pis pour le ministre pour qui il vient de gâcher une fin de journée qu'il estime déjà fort chargée. Dans le chaos qu'il vient de soulever il court à l'étage où il attrape son sac. Pas le temps pour la cotte de mailles, au moins son bouclier est encore attaché aux sangles et la hache est rangée dans un râtelier en compagnie de diverses armes entreposées là. Une fois son sac sur son dos, il saute par la fenêtre ouverte donnant sur la ruelle à côté de la rue principale.
Mais que faire, maintenant, se rendre ? L'officier avait l'air prêt à l'embrocher, autant dire que quoi qu'il ait fait, c'était une infraction grave, même si elle n'était liée qu'à un simple dessin. Et pourtant il était certain de n'avoir jamais entendu parler d'une telle coutume. Même pendant les quelques mois qu'il avait passé à Tol-Varek après fui dans les souterrains, il n'avait rien entendu concernant quelque chose comme ça. En même temps, ils étaient en période de guerre et les seuls sujets de discussion concernaient l'apocalypse ayant lieu à Shoumeï. Fuir Ikusa ? Impossible, si les gardes se font alerter toutes les sorties seront gardées, il est pris au piège, au sein même de la capitale. Essayer de raisonner ? C'est peut-être la solution, mais elle n'est clairement pas envisageable avec pareil forcené, et en plus il a déjà quelque peu ruiné ses chances en portant atteinte à un ministre. Autant qu'il dire qu'il est dans une sacrée mélasse et qu'il ne sait pas encore comment il va s'en sortir.
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Vous comptez aller quelque part, maitre Kérémir ?
Catastrophe, quelqu'un est déjà sur ses trousses, et il semble que ce soit nul autre que le ministre lui-même au vu de la voix. Mais le ton est toujours serein, soit cet homme est totalement maitre de la situation et Kérémir est déjà fichu, soit il est suicidaire et sa garde rapprochée est incompétente en plus d'être complètement paranoïaque, ce qui ne fait pas beaucoup de sens se dit le nain. Il considère pendant un court instant d'essayer de prendre la fuite, mais c'est un chasseur, pas un voleur, et il est coincé dans une jungle de briques dont il ignore les recoins, en plus d'être talonné par l'un des membres les plus éminents des lieux. Il finit par se retourner lentement pour faire face à cet interlocuteur singulier qui s'est présenté à lui les mains dans les poches, la hache toujours en main mais baissée, s'il veut s'en sortir ce n'est pas par les armes qu'il y parviendra.
Il dévisage Tagar quelques instants avant de prendre la parole.
J'en sais fichtre rien, 'sieur Reys. Ca doit même pas faire une lune complète que je suis à Ikusa. Tout ce que je sais c'est qu'on m'a jamais rien demandé et que je suis venu bosser pour Carmen après que des compagnons m'aient recommandé.
Alors qu'il parle, une partie de la garde arrive au coin de la ruelle, pas encore au niveau de Tagar, mais suffisamment proche pour que Kérémir puisse jauger la troupe à laquelle il a à faire et surtout, noter que ce chien enragé d'officier n'est pas là. Il est probablement en train de surveiller la grande rue ou de fouiller la forge, la cotte de mailles va probablement être saisie si c'est le cas Tant pis, au moins l'absence de ce forcené va faciliter légèrement les choses, le reste de la garde semble plus réservé, donc si Kérémir arrive à négocier avec Tagar, il pourrait s'en sortir sans devoir risquer sa vie pour un bain de sang aussi difficile qu'inutile.
Je suis juste un nain de Kazan qui voyage dans le Reike pour chasser les monstres qui sont apparus avec la guerre à l'ouest. Et si je suis pas dehors, c'est que je suis en train de bosser comme menuisier, c'était mon métier avant que la guerre nous envoie tous sous-terre. Demandez à Carmen, tous les nains savent que c'est chez nous qu'on avait les meilleurs artisans et il m'a vu trimer de ses propres yeux, il sait que je peux pas mentir là dessus.
Le nain est très nerveux, c'est la première fois qu'il se voit obliger de s'aplatir devant des hommes. C'est déjà assez dur comme ça pour un nain étant donné leur caractère plus que fier, mais encore plus pour Kérémir qui passe plus de temps à renifler de la terre que parler à cette race qu'il considère en plus au moins en partie responsable de la misère actuelle de son peuple. Mais il n'a pas trop le choix, il doit ravaler sa rengaine s'il ne veut pas finir emprisonné, ou pire, exécuté, alors il continue à parler, priant qu'il saura désamorcer cette situation avec son discours hasardeux.
Je jure que j'ai aucune idée pour le tatouage, j'imagine que c'est important, mais en soixante ans j'en ai jamais entendu parler et j'ai rien vu depuis que j'ai pris la route. Je suis pas venu causer de soucis, je voulais juste me reposer après des semaines à être perdu dans ce foutu désert et traquer des abominations.
La garde se rapproche désormais et Kérémir est à court de temps, si Tagar est d'humeur à le croire ou au moins l'écouter, peut-être que le nain a encore une chance, dans le cas contraire, il devra faire face ou essayer de se sauver.
Catastrophe, quelqu'un est déjà sur ses trousses, et il semble que ce soit nul autre que le ministre lui-même au vu de la voix. Mais le ton est toujours serein, soit cet homme est totalement maitre de la situation et Kérémir est déjà fichu, soit il est suicidaire et sa garde rapprochée est incompétente en plus d'être complètement paranoïaque, ce qui ne fait pas beaucoup de sens se dit le nain. Il considère pendant un court instant d'essayer de prendre la fuite, mais c'est un chasseur, pas un voleur, et il est coincé dans une jungle de briques dont il ignore les recoins, en plus d'être talonné par l'un des membres les plus éminents des lieux. Il finit par se retourner lentement pour faire face à cet interlocuteur singulier qui s'est présenté à lui les mains dans les poches, la hache toujours en main mais baissée, s'il veut s'en sortir ce n'est pas par les armes qu'il y parviendra.
Il dévisage Tagar quelques instants avant de prendre la parole.
J'en sais fichtre rien, 'sieur Reys. Ca doit même pas faire une lune complète que je suis à Ikusa. Tout ce que je sais c'est qu'on m'a jamais rien demandé et que je suis venu bosser pour Carmen après que des compagnons m'aient recommandé.
Alors qu'il parle, une partie de la garde arrive au coin de la ruelle, pas encore au niveau de Tagar, mais suffisamment proche pour que Kérémir puisse jauger la troupe à laquelle il a à faire et surtout, noter que ce chien enragé d'officier n'est pas là. Il est probablement en train de surveiller la grande rue ou de fouiller la forge, la cotte de mailles va probablement être saisie si c'est le cas Tant pis, au moins l'absence de ce forcené va faciliter légèrement les choses, le reste de la garde semble plus réservé, donc si Kérémir arrive à négocier avec Tagar, il pourrait s'en sortir sans devoir risquer sa vie pour un bain de sang aussi difficile qu'inutile.
Je suis juste un nain de Kazan qui voyage dans le Reike pour chasser les monstres qui sont apparus avec la guerre à l'ouest. Et si je suis pas dehors, c'est que je suis en train de bosser comme menuisier, c'était mon métier avant que la guerre nous envoie tous sous-terre. Demandez à Carmen, tous les nains savent que c'est chez nous qu'on avait les meilleurs artisans et il m'a vu trimer de ses propres yeux, il sait que je peux pas mentir là dessus.
Le nain est très nerveux, c'est la première fois qu'il se voit obliger de s'aplatir devant des hommes. C'est déjà assez dur comme ça pour un nain étant donné leur caractère plus que fier, mais encore plus pour Kérémir qui passe plus de temps à renifler de la terre que parler à cette race qu'il considère en plus au moins en partie responsable de la misère actuelle de son peuple. Mais il n'a pas trop le choix, il doit ravaler sa rengaine s'il ne veut pas finir emprisonné, ou pire, exécuté, alors il continue à parler, priant qu'il saura désamorcer cette situation avec son discours hasardeux.
Je jure que j'ai aucune idée pour le tatouage, j'imagine que c'est important, mais en soixante ans j'en ai jamais entendu parler et j'ai rien vu depuis que j'ai pris la route. Je suis pas venu causer de soucis, je voulais juste me reposer après des semaines à être perdu dans ce foutu désert et traquer des abominations.
La garde se rapproche désormais et Kérémir est à court de temps, si Tagar est d'humeur à le croire ou au moins l'écouter, peut-être que le nain a encore une chance, dans le cas contraire, il devra faire face ou essayer de se sauver.
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La vérité, c'est que Kérémir n'a jamais vu ne serait-ce que l'ombre d'un membre du gouvernement pendant la première moitié de sa vie. Il a toujours vécu plus ou mois en autarcie avec les autres communautés semi-nomades de nains sur les versants occidentaux de Kazan, un endroit si reculé et inhospitalier que pratiquement aucun voyageur ne passait jamais par là. Même les Shoumeïens qui étaient pourtant les voisins les plus proches de la région ne s'aventuraient pas dans le coin, craignant la montagne et ses impulsions ardentes et préférant employer la passe située au sud de la chaine volcanique. Les seules interactions que Kérémir a connu avant la guerre Titanique étaient ses cousins des souterrains avec qui il a toujours entretenu des relations amicales, quoiqu'un peu distantes en raison de leurs styles de vies et centres d'intérêts radicalement différents. Et même après avoir quitté sa demeure saccagée il n'a que très peu fréquenté les villes Reikoises, passant le plus clair de son temps à dériver de cambrousse en village et de hameau à désert. Et avec la guerre en cours, les gens avaient mieux à faire que de prêter attention à un nain solitaire vivant dans son coin.
Kérémir commenterait bien le comportement explosif du Sajenti, mais il n'est pas en mesure de se plaindre, la révélation lui tombe dessus comme un coup de massue. Apparemment il a toujours été un hors-la-loi aux yeux du Reike alors que sa patrie entretient de bonnes relations avec l'Empire. Peut-être que Kazan était simplement une région trop éloignée pour que le Reike y porte beaucoup d'intérêt, l'endroit a toujours représenté une barrière naturelle efficace contre les potentiels envahisseurs et ses habitants ont toujours été de farouches défenseurs de leurs propres terres. Peut-être que les officiers n'ont jamais cru bon d'explorer les montagnes hostiles au-delà des villes souterraines et le peuple de Kérémir est simplement passé entre les mailles du filet. Peut-être que la guerre a affaibli le contrôle de l’État sur les petites gens, trop occupé à amasser des ressources pour repousser les Titans. Peut-être que c'est un mélange de toutes ces hypothèses, seule une étude de cas pourra donner une réponse à cette énigme.
Hmm...A vrai dire je crois pas avoir jamais vu de membre du gouvernement, peut-être qu'ils sont passés dans nos villes souterraines, mais j'ai jamais vu un seul officier mettre les pieds dans nos forêts. Puis il y a eu la guerre et à part pour fournir des armes on a plus eu de nouvelles avant que je parte sur les routes. Et là ça fait depuis... un an je crois que je parcours le Reike et c'est la première fois que je mets les pieds à la capitale, même la guerre s'est finie avant que j'arrive !
Le ministre continue à expliquer ce qui va suivre, pour que Kérémir soit officialisé comme citoyen du Reike, il doit suivre des procédures administratives et se faire tatouer. Il ne tient pas particulièrement à la citoyenneté, mais il est assez neutre sur le sujet et il s'est toujours vu comme un membre du Reike, bien qu'éloigné et peu impliqué au-delà de son travail. La bonne nouvelle, c'est que si tout se passe bien ça ne devrait prendre qu'une heure, et Tagar semble suffisamment magnanime pour passer l'éponge sur ce qui vient de se passer, raison de plus pour se montrer coopératif et digne de la bonne volonté du ministre.
Toutefois, Kérémir ne peut s'empêcher de se gratter la barbe tandis qu'il fouille son sac après accroché sa hache à la ceinture.
J'ai bien des papiers de Kazan, mais ils sont pas en super état et je sais pas si c'est les mêmes qu'ici. Après, j'imagine que vous avez déjà eu des gars de chez nous ? Franchement, j'en sais rien, mais c'est ce que j'ai.
Avant qu'il n'ait fini de chercher, Tagar prend congé en lui laissant un homme et en lui enjoignant de rejoindre le Palais pendant qu'il s'occupe d'expliquer la situation au vieux Carmen. Son nouvel accompagnateur est un garde stoïque au regard distant. Il se contente de hocher de la tête face aux instructions de son maitre avant de se poster à côté du nain et de le regarder faire. Ce dernier finit par sortir une petite cassette qu'il s'empresse d'ouvrir pour révéler une ardoise noire aux bords légèrement élimés, sur laquelle sont gravées les différentes informations relatives à son identité, avec tout en bas deux sceaux de fer forgé, le premier représentant le Mont Kazan, et le deuxième représentant l'écusson de Tol-Varek où il a brièvement établie sa demeure après avoir rejoint les cavernes. Kérémir la montre à son accompagnateur qui se contente de hausser les épaules et de lui indiquer la direction du Palais, il a des ordres précis et il n'est de toute façon pas au fait des nombreuses démarches qui composent l'administration reikoise.
Kérémir commenterait bien le comportement explosif du Sajenti, mais il n'est pas en mesure de se plaindre, la révélation lui tombe dessus comme un coup de massue. Apparemment il a toujours été un hors-la-loi aux yeux du Reike alors que sa patrie entretient de bonnes relations avec l'Empire. Peut-être que Kazan était simplement une région trop éloignée pour que le Reike y porte beaucoup d'intérêt, l'endroit a toujours représenté une barrière naturelle efficace contre les potentiels envahisseurs et ses habitants ont toujours été de farouches défenseurs de leurs propres terres. Peut-être que les officiers n'ont jamais cru bon d'explorer les montagnes hostiles au-delà des villes souterraines et le peuple de Kérémir est simplement passé entre les mailles du filet. Peut-être que la guerre a affaibli le contrôle de l’État sur les petites gens, trop occupé à amasser des ressources pour repousser les Titans. Peut-être que c'est un mélange de toutes ces hypothèses, seule une étude de cas pourra donner une réponse à cette énigme.
Hmm...A vrai dire je crois pas avoir jamais vu de membre du gouvernement, peut-être qu'ils sont passés dans nos villes souterraines, mais j'ai jamais vu un seul officier mettre les pieds dans nos forêts. Puis il y a eu la guerre et à part pour fournir des armes on a plus eu de nouvelles avant que je parte sur les routes. Et là ça fait depuis... un an je crois que je parcours le Reike et c'est la première fois que je mets les pieds à la capitale, même la guerre s'est finie avant que j'arrive !
Le ministre continue à expliquer ce qui va suivre, pour que Kérémir soit officialisé comme citoyen du Reike, il doit suivre des procédures administratives et se faire tatouer. Il ne tient pas particulièrement à la citoyenneté, mais il est assez neutre sur le sujet et il s'est toujours vu comme un membre du Reike, bien qu'éloigné et peu impliqué au-delà de son travail. La bonne nouvelle, c'est que si tout se passe bien ça ne devrait prendre qu'une heure, et Tagar semble suffisamment magnanime pour passer l'éponge sur ce qui vient de se passer, raison de plus pour se montrer coopératif et digne de la bonne volonté du ministre.
Toutefois, Kérémir ne peut s'empêcher de se gratter la barbe tandis qu'il fouille son sac après accroché sa hache à la ceinture.
J'ai bien des papiers de Kazan, mais ils sont pas en super état et je sais pas si c'est les mêmes qu'ici. Après, j'imagine que vous avez déjà eu des gars de chez nous ? Franchement, j'en sais rien, mais c'est ce que j'ai.
Avant qu'il n'ait fini de chercher, Tagar prend congé en lui laissant un homme et en lui enjoignant de rejoindre le Palais pendant qu'il s'occupe d'expliquer la situation au vieux Carmen. Son nouvel accompagnateur est un garde stoïque au regard distant. Il se contente de hocher de la tête face aux instructions de son maitre avant de se poster à côté du nain et de le regarder faire. Ce dernier finit par sortir une petite cassette qu'il s'empresse d'ouvrir pour révéler une ardoise noire aux bords légèrement élimés, sur laquelle sont gravées les différentes informations relatives à son identité, avec tout en bas deux sceaux de fer forgé, le premier représentant le Mont Kazan, et le deuxième représentant l'écusson de Tol-Varek où il a brièvement établie sa demeure après avoir rejoint les cavernes. Kérémir la montre à son accompagnateur qui se contente de hausser les épaules et de lui indiquer la direction du Palais, il a des ordres précis et il n'est de toute façon pas au fait des nombreuses démarches qui composent l'administration reikoise.
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Une sacrée migraine, voilà ce qui est en train d'accabler les tempes de Kérémir alors qu'il marche vers les hautes tours du Palais. Entre le soleil de fin d'après-midi, l'anxiété, la poussée d'adrénaline, la cascade d'insultes qu'il a du réprimer face à Robert, et maintenant le regard inquisiteur de son nouvel accompagnateur, autant dire que la journée a été éprouvante, et il doit maintenant subir l'une des choses qui l'insupportent le plus, l'administration. Lui qui a toujours vécu en petite communauté rurale, cette avalanche de démarches est invariablement synonyme de perte de temps colossale et exaspérante, surtout que ça lui a à chaque fois été imposé. Les nouveaux papiers à Tol-Varek, les contrats validés pour les différentes compagnies qu'il a pu intégrer lors de ses voyages, et maintenant ça, il en viendrait presque à regretter le marteau assommant du désert. Son accompagnateur ne lui est pas d'un grand secours non plus, se contentant de lui pointer du doigt les rues à emprunter et de le tenir en respect pour éviter toute tentative brusque. Dans les faits, si Kérémir voulait s'enfuir, même en étant désarmé il n'aurait pas de mal à fausser compagnie à un garde, le problème étant évidemment que ça ne lui serait d'aucune utilité sinon esquiver un entretien administratif et signer son arrêt de mort.
Ils finissent par arriver en vue du Palais et pénètrent bientôt son enceinte. Toutefois, ils ne passent pas la grande porte du hall principal, au lieu de ça ils tournent à gauche et se dirigent vers les nombreux bâtiments annexes entourant la pièce maîtresse du Palais, là où se trouvent les bureaux des fonctionnaires et les salles de réunion. Ils entrent finalement dans une bâtisse et arrivent devant un groupe de secrétaires occupé à griffonner sur des rouleaux de parchemin, sans doute des textes administratifs ou des répertoires divers à consigner. L'un d'entre eux relève la tête à l'approche du soldat et s'enquiert des raisons de sa présence tout en lorgnant le nain à son flanc. L'accompagnateur explique rapidement qu'ils sont attendus par Tagar pour régulariser l'identité de Kérémir et le secrétaire hausse un sourcil.
- Vous êtes sûrs ? Je n'ai rien entendu à ce sujet.
- T'as vraiment du sable dans la tête, Sarok, il y a le petit Sam qui est passé il n'y a même pas un quart d'heure, ça se voit que t'es bon qu'à gratter. Deux secondes je m'occupe de ça.
Le deuxième individu passe sa main gauche sous son bureau et tâtonne quelques instants avant de sortir un papier cacheté du sceau du Tagar qu'il tend au soldat ainsi qu'une plume. C'est un document relatif aux procédures qui vont être mises en place et Kérémir doit le signer pour confirmer le bon déroulement de ces dernières. Le nain ne lit même pas les grandes lignes, il se contente d'apposer un gribouillis de pattes de mouches et de rendre le document au secrétaire, qui l'enroule avant de le classer dans l'étagère relative aux démarches du jour. Il fait ensuite signe à l'accompagnateur d'emmener le nain vers le bureau de Tagar, le tatoueur vient d'être appelé et devrait arriver sous peu. L'établissement de la nouvelle pièce d'identité de Kérémir aura lieu là-bas.
Ils enchaînent de nouveau les couloirs et les escaliers jusqu'à arriver devant les quartiers de Tagar où son administration personnelle s'occupe de les accueillir et de prévenir le ministre avant d'indiquer la direction de son bureau. Sur leurs talons, un homme avec un coffret vient d'apparaître à l'entrée des quartiers tandis que Kérémir et son accompagnateur ouvrent la porte donnant sur le bureau du ministre. Tagar est assis dans son fauteuil et attendait visiblement leur arrivée. Au-dessus de lui, les portraits du couple impérial toisent les nouveaux arrivants. Le soldat se retire et Kérémir se retrouve alors seul face au ministre et au regard inquisiteur des deux portraits. Si l'Impératrice ne suscite pas en lui une quelconque émotion, il est soudainement mal à l'aise face à cette représentation de Tensai. Tous les nains savent que ce n'est pas quelqu'un qu'il faut énerver, c'est un Drakyn qui a su gagner le respect des membres les plus bornés du peuple de Kérémir et ce dernier prend alors enfin conscience de quel gouverneur il est en train de décevoir et qu'il est peut-être dans le Palais en ce moment-même. Face à lui, Tagar présente une montagne de paperasse tandis qu'il lui enjoint de sortir ses propres documents. En même temps, derrière le nain, la porte s'ouvre à nouveau et l'homme au coffret, qui se révèle être le tatoueur, fait son entrée.
- Bien, pouvons-nous commencer ? Les circonstances sont plus qu'inhabituelles et j'ai encore du travail à finir. Si l'on ne m'avait pas montré le sceau personnel de messire Reys je n'aurais pas fait le déplacement. J'imagine que ce nain est l'individu en question ?
Tagar lui fait vite savoir qu'il va encore devoir prendre son mal en patience quelques minutes le temps qu'ils complètent les détails et que ce sera ensuite à lui. C'est avec un soupir retenu que Kérémir confirme ses informations, signe les documents avec le même gribouillis qui lui sert de signature et récupère finalement des papiers en ordre. A peine ont-ils fini que le tatoueur saute de son siège et déballe son coffret avant de prendre la parole.
- En vertu de votre citoyenneté reikoise, vous devez être marqué du symbole du Reike pour faire valoir vos droits et devoirs. Le premier de ces droits consiste à choisir l'emplacement du-dit symbole que je m'empresserai de vous faire.
Kérémir ne s'était même pas posé la question de savoir où il le mettrait ce satané tatouage, mais le plus simple serait le mieux. En définitive il choisit le dos de sa main droite, pour qu'il puisse présenter rapidement le symbole même dans son attirail complet sans pour autant finir défiguré.
Ils finissent par arriver en vue du Palais et pénètrent bientôt son enceinte. Toutefois, ils ne passent pas la grande porte du hall principal, au lieu de ça ils tournent à gauche et se dirigent vers les nombreux bâtiments annexes entourant la pièce maîtresse du Palais, là où se trouvent les bureaux des fonctionnaires et les salles de réunion. Ils entrent finalement dans une bâtisse et arrivent devant un groupe de secrétaires occupé à griffonner sur des rouleaux de parchemin, sans doute des textes administratifs ou des répertoires divers à consigner. L'un d'entre eux relève la tête à l'approche du soldat et s'enquiert des raisons de sa présence tout en lorgnant le nain à son flanc. L'accompagnateur explique rapidement qu'ils sont attendus par Tagar pour régulariser l'identité de Kérémir et le secrétaire hausse un sourcil.
- Vous êtes sûrs ? Je n'ai rien entendu à ce sujet.
- T'as vraiment du sable dans la tête, Sarok, il y a le petit Sam qui est passé il n'y a même pas un quart d'heure, ça se voit que t'es bon qu'à gratter. Deux secondes je m'occupe de ça.
Le deuxième individu passe sa main gauche sous son bureau et tâtonne quelques instants avant de sortir un papier cacheté du sceau du Tagar qu'il tend au soldat ainsi qu'une plume. C'est un document relatif aux procédures qui vont être mises en place et Kérémir doit le signer pour confirmer le bon déroulement de ces dernières. Le nain ne lit même pas les grandes lignes, il se contente d'apposer un gribouillis de pattes de mouches et de rendre le document au secrétaire, qui l'enroule avant de le classer dans l'étagère relative aux démarches du jour. Il fait ensuite signe à l'accompagnateur d'emmener le nain vers le bureau de Tagar, le tatoueur vient d'être appelé et devrait arriver sous peu. L'établissement de la nouvelle pièce d'identité de Kérémir aura lieu là-bas.
Ils enchaînent de nouveau les couloirs et les escaliers jusqu'à arriver devant les quartiers de Tagar où son administration personnelle s'occupe de les accueillir et de prévenir le ministre avant d'indiquer la direction de son bureau. Sur leurs talons, un homme avec un coffret vient d'apparaître à l'entrée des quartiers tandis que Kérémir et son accompagnateur ouvrent la porte donnant sur le bureau du ministre. Tagar est assis dans son fauteuil et attendait visiblement leur arrivée. Au-dessus de lui, les portraits du couple impérial toisent les nouveaux arrivants. Le soldat se retire et Kérémir se retrouve alors seul face au ministre et au regard inquisiteur des deux portraits. Si l'Impératrice ne suscite pas en lui une quelconque émotion, il est soudainement mal à l'aise face à cette représentation de Tensai. Tous les nains savent que ce n'est pas quelqu'un qu'il faut énerver, c'est un Drakyn qui a su gagner le respect des membres les plus bornés du peuple de Kérémir et ce dernier prend alors enfin conscience de quel gouverneur il est en train de décevoir et qu'il est peut-être dans le Palais en ce moment-même. Face à lui, Tagar présente une montagne de paperasse tandis qu'il lui enjoint de sortir ses propres documents. En même temps, derrière le nain, la porte s'ouvre à nouveau et l'homme au coffret, qui se révèle être le tatoueur, fait son entrée.
- Bien, pouvons-nous commencer ? Les circonstances sont plus qu'inhabituelles et j'ai encore du travail à finir. Si l'on ne m'avait pas montré le sceau personnel de messire Reys je n'aurais pas fait le déplacement. J'imagine que ce nain est l'individu en question ?
Tagar lui fait vite savoir qu'il va encore devoir prendre son mal en patience quelques minutes le temps qu'ils complètent les détails et que ce sera ensuite à lui. C'est avec un soupir retenu que Kérémir confirme ses informations, signe les documents avec le même gribouillis qui lui sert de signature et récupère finalement des papiers en ordre. A peine ont-ils fini que le tatoueur saute de son siège et déballe son coffret avant de prendre la parole.
- En vertu de votre citoyenneté reikoise, vous devez être marqué du symbole du Reike pour faire valoir vos droits et devoirs. Le premier de ces droits consiste à choisir l'emplacement du-dit symbole que je m'empresserai de vous faire.
Kérémir ne s'était même pas posé la question de savoir où il le mettrait ce satané tatouage, mais le plus simple serait le mieux. En définitive il choisit le dos de sa main droite, pour qu'il puisse présenter rapidement le symbole même dans son attirail complet sans pour autant finir défiguré.
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Bien évidemment, Kérémir sait ce qu'est un tatouage, même si ce n'était pas monnaie courante chez lui, certains illuminés aimaient dessiner des motifs de volutes sur leurs corps en signe de dévouement à la montagne, mais peu importe la technique utilisée, que ce soit un tatouage classique ou des façons plus... exotiques de se graver la peau, ça impliquait toujours systématiquement de travailler l'épiderme avec une forme de contact physique. Quelle n'a alors pas été la surprise du nain quand il a vu l'orc tatoueur sortir des sceaux et autres outils ésotériques pour conjurer magiquement la marque du Reike sur sa main. Certes il lui a pris la main à plusieurs reprises pour calibrer le sort, mais il n'a aucunement entaillé physiquement son cuir, et quand il en a terminé, une marque éthérée est apparue le long des carpes de sa main droite, avant de se dissiper.
- Quelques précisions, ce tatouage n'apparaît que lorsque il est détecté par un senseur magique ou quand vous décidez sciemment de le montrer à autrui. Autrement, il est quasi invisible à l’œil nu. Sa durée n'est pas non plus illimitée, cette magie a été conçue pour durer environ trois ans, délai après lequel il faudra le faire réappliquer par un membre agréé. Des questions ?
Kérémir ne peut s'empêcher de soupirer en son fort intérieur, trois ans ça laisse de la marge, mais rien que l'idée de repasser par ce calvaire le fatigue déjà, et il se doute qu'il devra en plus joindre ses compagnons encore en vie pour également les informer de cette démarche. Par contre, si les officiers veulent les trouver, qu'ils se débrouillent eux-mêmes, après tout, c'est leur faute si l'administration du Reike n'est pas appliquée équitablement dans tous les recoins du territoire. Et nul doute que certains d'entre eux seront tout aussi récalcitrants que Kérémir lui-même.
Hrmph, tous les trois ans ?
- C'est le minimum qu'on a pu négocier, entre nos effectifs et l'incertitude du futur, on n'a pas pu faire mieux, mais si vous voulez vous plaindre, faites les avec les hautes sphères, j'ai déjà bien assez à faire comme ça ! Messire Reys, si vous permettez...
L'orc commence à ranger ses outils, mais il n'a pas le temps de faire un pas vers la porte que Tagar le hèle pour lui remonter les bretelles sur son comportement. Le tatoueur jusqu'alors si hautain et sûr de lui se ratatine prestement devant le ministre avant de se fendre d'une petite phrase d'excuses et de s'éclipser, une goutte de sueur perlant pratiquement sur son front.
Une fois parti, Tagar reporte son attention vers Kérémir et le félicite avant de lui rappeler une dernière fois le caractère éphémère du tatouage et de l'inviter à poser des questions s'il en a encore.
J'en aurais bien une, sieur Reys. Comme vous le savez, je suis pas le seul à vivre comme ça, j'ai quelques compagnons qui parcourent aussi les terres. Est-ce qu'ils risquent quelque chose si l'Empire leur tombe dessus ? Je peux vous renseigner les noms si vous voulez, sur mon honneur que ce ne sont pas de mauvais gars et je voudrais pas qu'ils finissent au trou sur un malentendu.
Kérémir prend une pause, avant d'ajouter.
Et si vous avez du temps, faudrait qu'on finisse ce toast, le vieux Carmen avait sorti une excellente bouteille, ce serait quand même dommage que la journée se finisse mal. Et si vous avez pas le temps, je peux transmettre un message, je dois de toute façon y retourner, j'ai des explications à lui donner à mon chef.
- Quelques précisions, ce tatouage n'apparaît que lorsque il est détecté par un senseur magique ou quand vous décidez sciemment de le montrer à autrui. Autrement, il est quasi invisible à l’œil nu. Sa durée n'est pas non plus illimitée, cette magie a été conçue pour durer environ trois ans, délai après lequel il faudra le faire réappliquer par un membre agréé. Des questions ?
Kérémir ne peut s'empêcher de soupirer en son fort intérieur, trois ans ça laisse de la marge, mais rien que l'idée de repasser par ce calvaire le fatigue déjà, et il se doute qu'il devra en plus joindre ses compagnons encore en vie pour également les informer de cette démarche. Par contre, si les officiers veulent les trouver, qu'ils se débrouillent eux-mêmes, après tout, c'est leur faute si l'administration du Reike n'est pas appliquée équitablement dans tous les recoins du territoire. Et nul doute que certains d'entre eux seront tout aussi récalcitrants que Kérémir lui-même.
Hrmph, tous les trois ans ?
- C'est le minimum qu'on a pu négocier, entre nos effectifs et l'incertitude du futur, on n'a pas pu faire mieux, mais si vous voulez vous plaindre, faites les avec les hautes sphères, j'ai déjà bien assez à faire comme ça ! Messire Reys, si vous permettez...
L'orc commence à ranger ses outils, mais il n'a pas le temps de faire un pas vers la porte que Tagar le hèle pour lui remonter les bretelles sur son comportement. Le tatoueur jusqu'alors si hautain et sûr de lui se ratatine prestement devant le ministre avant de se fendre d'une petite phrase d'excuses et de s'éclipser, une goutte de sueur perlant pratiquement sur son front.
Une fois parti, Tagar reporte son attention vers Kérémir et le félicite avant de lui rappeler une dernière fois le caractère éphémère du tatouage et de l'inviter à poser des questions s'il en a encore.
J'en aurais bien une, sieur Reys. Comme vous le savez, je suis pas le seul à vivre comme ça, j'ai quelques compagnons qui parcourent aussi les terres. Est-ce qu'ils risquent quelque chose si l'Empire leur tombe dessus ? Je peux vous renseigner les noms si vous voulez, sur mon honneur que ce ne sont pas de mauvais gars et je voudrais pas qu'ils finissent au trou sur un malentendu.
Kérémir prend une pause, avant d'ajouter.
Et si vous avez du temps, faudrait qu'on finisse ce toast, le vieux Carmen avait sorti une excellente bouteille, ce serait quand même dommage que la journée se finisse mal. Et si vous avez pas le temps, je peux transmettre un message, je dois de toute façon y retourner, j'ai des explications à lui donner à mon chef.
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L'explication proposée par le ministre est plus que plausible, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'elle est particulièrement agréable à entendre. Autant l'idée qu'ils puissent être confondus avec des bandits est recevable, après tout, que ce soit Kérémir ou ses compères en vadrouille, aucun d'entre eux ne peut se vanter d'avoir un physique ou une attitude attrayante pour le paysan moyen, mais des espions républicains, des agents des Titans ? Certes Tagar ne les a jamais rencontrés, mais même en s'imbibant l'esprit de l'herbe la plus forte que l'on puisse trouver dans les terres du Reike, ce serait tout simplement impossible de les soupçonner de tels motifs, s'il y a bien une chose sur laquelle ils se ressemblent tous, c'est leur caractère direct et leur haine farouche des géants divins.
Les contacter ne serait pas non plus chose aisée, s'il leur est déjà arrivé de se recroiser et de voyager un temps ensemble, en général ils écument les quatre coins de l'Empire chacun de son côté. Néanmoins, ça vaut peut-être la peine d'essayer, au moins laisser un message dans les guildes majeures, les voir écoper d'une amende à cause d'une bavure qui n'est même pas de leur fait risquerait d'en rendre plus d'un enclin à refuser les injonctions des autorités et vraiment devenir hors-la-loi, et c'est sans parler des possibilités d'incarcération temporaire.
Hmm... Les retrouver je saurais pas faire, les dernières nouvelles que j'ai eu datent d'il y a plus d'un mois et on passe le plus clair de notre temps en zone sauvage. Le mieux que je puisse faire c'est laisser un avis de recherche pour les guildes d'aventuriers et espérer qu'ils tombent dessus.
Tagar n'insiste pas plus et préfère rebondir sur les festivités interrompues évoquées par Kérémir pour lui proposer de repasser au palais pour un concours de forge. Et maintenant que Tagar en parle, il se souvient que Carmen avait effectivement mentionné un concours de ce genre à un moment mais il n'avait pas spécialement insisté dessus, la commande devait passer avant tout et il avait de toute façon déjà désigné son meilleur élément pour participer. Et de toute manière, même si Kérémir avait voulu participer à son propre, sa maîtrise de l'enclume était loin d'égaler son talent avec le bois, il était plus menuiser que forgeron après tout.
Je vais devoir décliner sieur Reys. Je dis pas, je pense pas qu'il y ait un artisan à la capitale qui ferait un meilleur pieu que moi, mais ça ferait pas long feu à côté d'une lame, et ce serait encore moins impressionnant pour un jury. Je suis plus adroit avec une hache qu'un marteau si vous voyez ce que je veux dire. Le jour où il y a un défi de charpente par contre, là on pourra discuter. Évidemment, si le patron me laisse venir après aujourd'hui, je serai présent, mais ce sera dans les tribunes. J'apprécie la reconnaissance de mon travail par contre, c'est un honneur de le voir décorer votre bureau.
Kérémir peut sentir que Tagar est un peu déçu, mais il garde son sourire de toujours et le raccompagne jusqu'à la porte de son bureau. Le nouveau citoyen salue poliment le ministre et disparaît dans l'encadrure de la porte. Il repasse rapidement les quartiers et finit par atterrir dans les couloirs. Il recroise d'ailleurs le soldat qui l'avait accompagné à l'aller et est maintenant stationné en tant que garde, le gaillard le regarde passer mais ne pipe pas mot, de toute évidence, il ne sera plus nécessaire. Au bout de quelques minutes, Kérémir atteint enfin la réception et quitte enfin les bureaux administratifs du palais. Naturellement, il est contrôlé aux portes mais il est désormais en règle et on le laisse passer sans faire d'histoires. Le soleil commence à décliner quand il aperçoit enfin l'enseigne de l'établissement où il a passé ces derniers jours. La situation semble s'être calmée, il ne reste que deux gardes à l'entrée, avec un sac à leurs pieds qui contient vraisemblablement les effets de Kérémir qui ont été saisis après son échappatoire flamboyante. L'un des deux le hèle et lui dit d'approcher. Il a manifestement été mis au courant du retour du nain, mais il doit s'assurer que tout est en règle avant de le laisser récupérer ses affaires. Le nain s'exécute et montre ses nouveaux papiers ainsi que son tatouage fraîchement conjuré, et les deux gardes, satisfaits, partent pour faire leur rapport après avoir informé les gens à l'intérieur qu'ils n'étaient plus requis.
Aussitôt partis, Carmen bondit depuis la porte malgré son âge avancé pour vociférer.
- Bougre de con, il n'y a vraiment qu'un nain pour réussir ce genre de farce. Si j'avais eu une pièce d'or chaque fois que l'un des nôtres avait fait une connerie dans le Reike, je serais déjà riche et retraité !
Aie, arrêtez de me casser les oreilles, patron, la journée a déjà été assez pénible comme ça. Rassurez moi, j'ai pas trop foutu le bordel dans la forge tout à l'heure ?
- Peuh, t'as de la chance qu'on avait tout rangé au matin. Les traits durs du vieux nain se détendent un peu. Allez, entre et raconte moi tout ça, et interdiction de te défiler, t'as foutu une sacrée trouille aux jeunes, ha !
Oui, oui... se résigne Kérémir. D'ailleurs, Tagar avait l'air de vouloir que je sois là demain, ça risque de poser problème ou pas ?
- Tant que t'as pas fini dans les geôles, c'est que t'as pas trop merdé, et ce serait dommage de rater ça, surtout que tu l'as un peu entraîné le petit Torak. J'ai beaucoup d'espoirs en lui pour gagner cette médaille ce mois-ci.
Les contacter ne serait pas non plus chose aisée, s'il leur est déjà arrivé de se recroiser et de voyager un temps ensemble, en général ils écument les quatre coins de l'Empire chacun de son côté. Néanmoins, ça vaut peut-être la peine d'essayer, au moins laisser un message dans les guildes majeures, les voir écoper d'une amende à cause d'une bavure qui n'est même pas de leur fait risquerait d'en rendre plus d'un enclin à refuser les injonctions des autorités et vraiment devenir hors-la-loi, et c'est sans parler des possibilités d'incarcération temporaire.
Hmm... Les retrouver je saurais pas faire, les dernières nouvelles que j'ai eu datent d'il y a plus d'un mois et on passe le plus clair de notre temps en zone sauvage. Le mieux que je puisse faire c'est laisser un avis de recherche pour les guildes d'aventuriers et espérer qu'ils tombent dessus.
Tagar n'insiste pas plus et préfère rebondir sur les festivités interrompues évoquées par Kérémir pour lui proposer de repasser au palais pour un concours de forge. Et maintenant que Tagar en parle, il se souvient que Carmen avait effectivement mentionné un concours de ce genre à un moment mais il n'avait pas spécialement insisté dessus, la commande devait passer avant tout et il avait de toute façon déjà désigné son meilleur élément pour participer. Et de toute manière, même si Kérémir avait voulu participer à son propre, sa maîtrise de l'enclume était loin d'égaler son talent avec le bois, il était plus menuiser que forgeron après tout.
Je vais devoir décliner sieur Reys. Je dis pas, je pense pas qu'il y ait un artisan à la capitale qui ferait un meilleur pieu que moi, mais ça ferait pas long feu à côté d'une lame, et ce serait encore moins impressionnant pour un jury. Je suis plus adroit avec une hache qu'un marteau si vous voyez ce que je veux dire. Le jour où il y a un défi de charpente par contre, là on pourra discuter. Évidemment, si le patron me laisse venir après aujourd'hui, je serai présent, mais ce sera dans les tribunes. J'apprécie la reconnaissance de mon travail par contre, c'est un honneur de le voir décorer votre bureau.
Kérémir peut sentir que Tagar est un peu déçu, mais il garde son sourire de toujours et le raccompagne jusqu'à la porte de son bureau. Le nouveau citoyen salue poliment le ministre et disparaît dans l'encadrure de la porte. Il repasse rapidement les quartiers et finit par atterrir dans les couloirs. Il recroise d'ailleurs le soldat qui l'avait accompagné à l'aller et est maintenant stationné en tant que garde, le gaillard le regarde passer mais ne pipe pas mot, de toute évidence, il ne sera plus nécessaire. Au bout de quelques minutes, Kérémir atteint enfin la réception et quitte enfin les bureaux administratifs du palais. Naturellement, il est contrôlé aux portes mais il est désormais en règle et on le laisse passer sans faire d'histoires. Le soleil commence à décliner quand il aperçoit enfin l'enseigne de l'établissement où il a passé ces derniers jours. La situation semble s'être calmée, il ne reste que deux gardes à l'entrée, avec un sac à leurs pieds qui contient vraisemblablement les effets de Kérémir qui ont été saisis après son échappatoire flamboyante. L'un des deux le hèle et lui dit d'approcher. Il a manifestement été mis au courant du retour du nain, mais il doit s'assurer que tout est en règle avant de le laisser récupérer ses affaires. Le nain s'exécute et montre ses nouveaux papiers ainsi que son tatouage fraîchement conjuré, et les deux gardes, satisfaits, partent pour faire leur rapport après avoir informé les gens à l'intérieur qu'ils n'étaient plus requis.
Aussitôt partis, Carmen bondit depuis la porte malgré son âge avancé pour vociférer.
- Bougre de con, il n'y a vraiment qu'un nain pour réussir ce genre de farce. Si j'avais eu une pièce d'or chaque fois que l'un des nôtres avait fait une connerie dans le Reike, je serais déjà riche et retraité !
Aie, arrêtez de me casser les oreilles, patron, la journée a déjà été assez pénible comme ça. Rassurez moi, j'ai pas trop foutu le bordel dans la forge tout à l'heure ?
- Peuh, t'as de la chance qu'on avait tout rangé au matin. Les traits durs du vieux nain se détendent un peu. Allez, entre et raconte moi tout ça, et interdiction de te défiler, t'as foutu une sacrée trouille aux jeunes, ha !
Oui, oui... se résigne Kérémir. D'ailleurs, Tagar avait l'air de vouloir que je sois là demain, ça risque de poser problème ou pas ?
- Tant que t'as pas fini dans les geôles, c'est que t'as pas trop merdé, et ce serait dommage de rater ça, surtout que tu l'as un peu entraîné le petit Torak. J'ai beaucoup d'espoirs en lui pour gagner cette médaille ce mois-ci.
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Quelle ne fut pas la migraine dont Kérémir a écopé cette soirée là. C'était l'une des pires journées qu'il avait jamais vécue, seules les nuits de carnage sur les flancs de Kazan lors de la guerre arrivaient à surpasser cette horreur. Il se promit de prendre congé de la ville au plus vite après une telle expérience, mais il devrait pour ça s'acquitter d'une dernière dette, Tagar avait quémandé sa présence au concours et Carmen avait donné son accord. C'est la tête vidée qu'il posa sa cabosse sur l'oreiller, et son esprit sombra immédiatement dans la brume du sommeil. C'est un Kérémir fraichement reposé qui refait son apparition dans la forge le lendemain matin, tout ça pour être accueilli par un Torak croulant sous le stress à côté de l'un des hauts fourneaux. Il n'y a personne d'autre dans la salle, un peu de bruit se fait entendre dans la pièce d'à côté, mais manifestement, personne ne compte travailler aujourd'hui, et à raison, c'est jour de fête. Kérémir s'approche du petit gars, il le connaît bien ce sentiment d'appréhension avant de se mettre à la tâche.
Alors Torak, on a peur de décevoir ? C'est pas en restant ici que ça va s'arranger.
- M'sieur Kérémir ? Je... Je ne sais pas si je suis à la hauteur.
Y a pas de bile à avoir mon gars, il y en a douze par an de ces concours, cette médaille elle vaut rien. Fiche toi-en de faire plaisir à Carmen, t'es pas là pour lui, t'es là pour toi. Allez, ramasse cette salopette, et pas un mot à Carmen, compris ?
- Vous croyez que ça va aller, vraiment ?
Mais oui, seulement si t'arrêtes de chouiner, parole de nain, allez on y va !
L'insistance du nain finit par payer et le jeune garçon reprend des couleurs. Quelques minutes plus tard il prennent la route du Palais et c'est un Torak au regard défiant qui part s'installer avec les autres participants tandis que Kérémir va s'asseoir dans les tribunes de bois installées pour l'occasion. Peu après que tout le monde soit installé, le ministre des finances apparait sur le devant de la scène pour annoncer le jury et lancer les festivités. Six participants sont présents dans la salle, chacun installé prêt d'un set de forge sur mesure imaginé par les meilleurs ouvriers de la capitale, et quand le signal est donné, ils empoignent tous leurs outils et commencent à travailler.
Les trois membres du jury commentent avec attention l'avancement de chaque création, en partie à cause de leur propre intérêt, et en partie pour maintenir la foule éveillée, car c'est un travail de plusieurs heures qui se profile et seuls les pratiquants du métier peuvent raisonnablement s'intéresser naturellement à toutes les étapes. Les choix de création sont variés, l'un opte pour un pavois orné, deux autres pour une épée droite, deux autres encore une hache à double fer, et finalement, Torak a opté pour une arme d'hast. Un choix judicieux aux yeux du nain car le taillage de la hampe risque de l'occuper pendant que le métal sera en train de chauffer, de quoi l'empêcher de voir ses nerfs griller pendant les périodes creuses.
La compétition est rude cependant, et c'est finalement une épée à la lame en acier printemps et une garde de cuivre ciselé qui finit par remporter la première place sous les louanges des jurés Épée et Lance. Mais c'est un Torak fier qui retourne auprès de son maître, et même les plus bougonnes des réprimandes n'arrivent plus à le faire flancher. "C'est bien", se dit Kérémir. Il a le talent et la persévérance, il n'a plus qu'à travailler son mental et il deviendra un grand parmi les grands, un jour prochain.
Le soir même, Kérémir récupère ses dernières affaires et termine son contrat avec Carmen. Le dégout de la ville et l'appel de l'aventure sont venus souffler à sa porte, et si la passion de Kérémir voudrait le faire rester, son devoir est autre. Il salue une dernière fois ses compagnons et reprend la route, citoyenneté en main. Face à lui, seulement le désert et la fraîcheur de ses nuits.
Alors Torak, on a peur de décevoir ? C'est pas en restant ici que ça va s'arranger.
- M'sieur Kérémir ? Je... Je ne sais pas si je suis à la hauteur.
Y a pas de bile à avoir mon gars, il y en a douze par an de ces concours, cette médaille elle vaut rien. Fiche toi-en de faire plaisir à Carmen, t'es pas là pour lui, t'es là pour toi. Allez, ramasse cette salopette, et pas un mot à Carmen, compris ?
- Vous croyez que ça va aller, vraiment ?
Mais oui, seulement si t'arrêtes de chouiner, parole de nain, allez on y va !
L'insistance du nain finit par payer et le jeune garçon reprend des couleurs. Quelques minutes plus tard il prennent la route du Palais et c'est un Torak au regard défiant qui part s'installer avec les autres participants tandis que Kérémir va s'asseoir dans les tribunes de bois installées pour l'occasion. Peu après que tout le monde soit installé, le ministre des finances apparait sur le devant de la scène pour annoncer le jury et lancer les festivités. Six participants sont présents dans la salle, chacun installé prêt d'un set de forge sur mesure imaginé par les meilleurs ouvriers de la capitale, et quand le signal est donné, ils empoignent tous leurs outils et commencent à travailler.
Les trois membres du jury commentent avec attention l'avancement de chaque création, en partie à cause de leur propre intérêt, et en partie pour maintenir la foule éveillée, car c'est un travail de plusieurs heures qui se profile et seuls les pratiquants du métier peuvent raisonnablement s'intéresser naturellement à toutes les étapes. Les choix de création sont variés, l'un opte pour un pavois orné, deux autres pour une épée droite, deux autres encore une hache à double fer, et finalement, Torak a opté pour une arme d'hast. Un choix judicieux aux yeux du nain car le taillage de la hampe risque de l'occuper pendant que le métal sera en train de chauffer, de quoi l'empêcher de voir ses nerfs griller pendant les périodes creuses.
La compétition est rude cependant, et c'est finalement une épée à la lame en acier printemps et une garde de cuivre ciselé qui finit par remporter la première place sous les louanges des jurés Épée et Lance. Mais c'est un Torak fier qui retourne auprès de son maître, et même les plus bougonnes des réprimandes n'arrivent plus à le faire flancher. "C'est bien", se dit Kérémir. Il a le talent et la persévérance, il n'a plus qu'à travailler son mental et il deviendra un grand parmi les grands, un jour prochain.
Le soir même, Kérémir récupère ses dernières affaires et termine son contrat avec Carmen. Le dégout de la ville et l'appel de l'aventure sont venus souffler à sa porte, et si la passion de Kérémir voudrait le faire rester, son devoir est autre. Il salue une dernière fois ses compagnons et reprend la route, citoyenneté en main. Face à lui, seulement le désert et la fraîcheur de ses nuits.
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