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Un petit esclave aux origines nobles ?
Dans les immensités brûlantes et sableuses du désert en pleine journée, un arbre mort solitaire s’élevait, comme les restes d’une tentative de résistance de la vie dans un monde hostile. Pourtant elle était bien là, à travers un troupeau d’oryx profitant de l’ombre qu’il offrait. L’un d’eux était un hybride contraint de jongler avec deux mondes. Même s’il avait d’avantage penché pour l’un d’eux. Une mule et un humain l’accompagnait dans ses voyages. L’équidé avait été débarrassé de son chargement et restait allongé, les oreilles baissées comme les oryx qui l’entouraient. L’humain, lui, dormait en boule, blotti contre l’hybride.
Zab avait aussi été contraint de choisir entre deux mondes. Mais il semblait déjà avoir fait son choix de manière bien plus directe que Damiq. Ayant connu des maltraitances en tant qu’esclave, les animaux avaient été les premiers à ne pas le voir comme un esclave et à l’accepter comme un des leurs avec le temps. L’hybride était un pont entre les deux mondes. Mais celui des humains l’effrayait terriblement. Heureusement, qu’en règle générale, ils passaient peu de temps dans les villages et préféraient arpenter le désert en compagnie des troupeaux. Zab avait su trouver malgré tout un certain bonheur dans ces plaisirs simples, cette vie tranquille sans stress, où les animaux ne l’enfermaient pas dans des obligations strictes. Même si les oryx avaient des codes, ils n’étaient aussi complexes que ceux des humains.
La plupart des troupeaux acceptaient sa présence. C’était la condition s’ils voulaient bénéficier des soins et de la protection de celui qui savait se servir des outils des bipèdes. Mais Zab était quelqu’un de facile à vivre pour les femelles et leurs petits vu qu’il avait bien intégré les règles de vie en groupe. Au point qu’une mère oryx avait fait remarquer à Damiq que son humain se comportait mieux que son petit un peu trop effronté. Ainsi que certains jeunes mâles un peu trop rebelles. Du coup, chez certains oryx Reikois, quand l’un se comportait mal, on lui disait qu’un humain était mieux élevé que lui.
Malgré tout, Damiq savait qu’il avait besoin des humains, il avait une part de lui qui était humaine. Pourtant, il préférait encore rester à petite dose avec ces derniers. Surtout depuis le jour où l’un d’eux s’en était pris à Zab. Et l’herboriste avait été chassé parce qu’il avait osé voir rouge et répliquer de manière agressive vis-à-vis de ce comportement qu’il jugeait indigne. Il regardait Zab encore assoupi. C’était un bon assistant, mais également quelqu’un à qui il était attaché. Même s’il avait dit à l’humain qu’il pouvait partir quand il le souhaitait et qu’il était libre, celui-ci avait voulu rester avec lui. Damiq avait apporté à Zab un certain équilibre qui l’avait aidé à peu à peu se reconstruire. Mais l’oryx ne savait pas grand-chose de lui à part le fait qu’il ait eu un premier maître mauvais. Cependant d’où il venait, ce qu’il s’était vraiment passé avec ce maître au point de le dégoûter de sa propre espèce.
Mais il avait toujours dit à Zab qu’il pourrait lui en parler que quand il se sentirait prêt et qu’il ne le forcerait pas. L’humain devait d’abord se reconstruire.
La journée passa et quand les températures commencèrent à décliner, l’heure du départ avait sonné. Aidé de Zab, Damiq avait sellé la mule et ils avaient repris le chemin. Il allait rejoindre un autre village pour faire de la vente en fin de journée, prendre un repas en auberge avant de reprendre la route. Ils n’allaient normalement rester que quelques heures. Rien d’inhabituel en somme.
L’oryx se sépara du troupeau peu avant de reprendre les routes plus conventionnelles pour les derniers kilomètres avant le village. Comme d’habitude, les routes étaient assez désertes, ils croisèrent juste quelques voyageurs à pied. Rien de particulier. Enfin, ils entrèrent dans le village. L’attitude de Zab avait changé. Il était bien plus renfermé, restant derrière Damiq, cherchant à se cacher de chaque personne qu’il croisait. L’hybride ébouriffa les cheveux de l’humain. Enfin, son camarade semblait plus nerveux que d’habitude. L’oryx prit un air alerte. Pourtant rien ne semblait spécialement étrange dans ce bled. Il remarqua quelques Aazhos attachés. Sans doutes une caravane faisant étape. Mais les animaux étaient trop peu nombreux pour être une caravane digne de ce nom. Puis il n'avait vu aucun stand de vente. Pour les troupeaux, il ne saurait dire. Mais en général, les caravaniers avaient tendances à séparer leurs bêtes de celles des villages pour éviter d'en perdre. Damiq attacha sa mule et s’offrit une place à la taverne. Ils prirent leur repas avant que l’oryx ne se décide à installer son stand. En quittant l’établissement, suivi de l’humain gardant une posture terrée, comme s’il voulait se faire petit. Pourtant, c’était un chétif qui ne portait qu’un pagne et un foulard de bédouin avec une coupe de cheveux jugée discutable aux goûts de certains. Et il accompagnait un hybride. Damiq remarqua un type arborant une tenue de bourgeois venant de village plus important, ou de la ville. Les gens de ce bled étaient pour la plupart des éleveurs de chèvres et cultivateurs de dattes. Il était trop bien habillé pour un bouseux local. Cela avait quelque chose de louche. Enfin, peut-être qu’il était juste en voyage et qu’il avait eu un pépin et demandait aux gars de coin une personne capable de soigner et la seule présente était un herboriste. Mais l’herboriste préférait s’en méfier. Il installa son stand l’air de rien. Il ne voulait pas avoir l’air louche. Juste qu’il ouvrirait boutique moins longtemps.
Avec Zab, ils déchargèrent la mule et disposèrent des nattes au sol et installèrent les caisses aux nombreux tiroirs contenant les diverses plantes servant pour les remèdes. Il sorti également diverses fioles contenant des produits, ainsi que des petits sachets en tissus pour emballer les herbes au moment de les vendre. Puis il se mit en tailleur avec Zab un peu derrière-lui, plus en retrait, mais collé à l’hybride, montrant une certaine confiance en ce dernier et que sa méfiance venait d’avantage des bipèdes autour de lui.
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Un petit esclave aux origines nobles ?
Damiq n’était pas officiellement un citoyen du Reike, mais arpentant régulièrement les villages de l’Empire et pour se faire de l’argent et commercer avec les habitants, il devait payer les impôts. Même si parfois, il lui arrivait d’être un peu en retard, il se débrouillait toujours pour que ça soit fait. Au moins pour avoir la paix. Car les autorités ne rigolaient pas avec ça. Cependant, en tant qu’illettré, Damiq n’avait pas de documents comptables. Du coup, il donnait ses tarifs de tête. Il avait quelques bases pour compter et cela lui suffisait en général. Comme la majorité des Reikois, il ne savait pas lire et faires mathématiques complexes, mais il arrivait à vivre décemment.
Le type bien habillé se dirigea vers l’oryx. Les oreilles de Damiq se dressèrent dans sa direction. Zab n’avait pas bougé, bien que nerveux. Malgré tout, l’herboriste garda son calme et sa politesse pour ne pas éveiller quoique ce soit. Car même si Zab n’était plus esclave et avait un salaire, certains étaient du genre à chercher la petite bête. Puis si ça se trouve, c’était juste encore un gogo qui cherchait un aphrodisiaque pour sa prochaine soirée un peu mouvementée ou quelque chose pour calmer ses migraines.
Le type se mit en tailleur comme les bédouins, rien de surprenant, il avait prit une couverture depuis l’un des Aazhos pour s’asseoir dessus sans salir ses vêtements. Le bourgeois semblait très concerné par sa tenue. En tant que nomade plutôt modeste, l’oryx avait plutôt tendance à privilégier des vêtements bon-marché et faciles à remplacer. Cela n’empêchait pas des corvées-linge lavé à l’eau en cas de pluie ou dans les oasis, ou au sable. Mais en général, Damiq faisait ça le matin et laissait le linge sécher l’après-midi pendant les heures les plus chaudes. Tant-pis si le soleil finissait par avaler les couleurs. Son pagne encore bien rouge montrait qu’il était assez récent. Le client allait rester pour un moment pensait Damiq. Celui-ci finit par faire les présentations.
Donc il s’appelait Tagar Reys. L’oryx ne connaissait pas une personne de ce nom. Par politesse, parce qu’il n’était pas un rustre, malgré sa méfiance, il répondit.
- Enchanté, moi c’est Damiq et lui c’est Zab.
Puis le nouveau venu dévoila la raison de sa présence. Zab avait beau ne pas parler, il comprenait bien ce qu’on disait et il avait bien capté qu’on s’intéressait à lui bien qu’on l’ait qualifié d’enfant. Il se cacha un peu plus derrière Damiq qui n’eut aucune remarque ou geste sur son comportement. Zab avait peur des humains et détestait attirer leur attention.
L’étranger développa enfin la raison de sa venue. Il parlait d’une cousine dont la caravane avait été attaquée. Elle avait succombé, mais son fils de un an avait disparu. Son géniteur avait décidé de rechercher l’enfant. Des gens qui recherchaient leurs proches disparus après des attaques d’esclavagistes et autres pillards, cela n’avait malheureusement rien d’exceptionnel. Et d’après les recherches de cet homme Zab serait son fils. Damiq voulait en douter, mais il n’avait pas grand-chose pour contredire ça. Il ne connaissait pas très bien le début de l’histoire de l’humain. Mais il aurait voulu que Zab puisse en parler que quand il serait prêt et qu’il en aurait envie.
- Pour être honnête, je ne connais pas bien le début de son histoire. Je sais juste que c’est un ancien esclave qui a eu un mauvais maître…
Damiq senti des mains se crisper autour de sa queue. On s’intéressait un peu trop à Zab et ça ne plaisait pas du tout à l’humain. Et même le fait que son père soit potentiellement en vie ne semblait pas lui faire beaucoup d’effets. L’oryx jeta un œil à l’humain terrifié avant de revenir à Tagar.
- Si c’est le cas, il a très peur des humains et je pense qu’il aura besoin de temps…
CENDRES
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Même quand Tagar précisa qu’il ne comptait pas emmener Zab, ce dernier restait toujours aussi tendu. Et ça n’allait pas s’arranger. Cependant, le discours de Tagar sur le mari de sa défunte cousine à la recherche de son fils avait un peu plus terni l’image de l’esclavage aux yeux de l’oryx qui avait été lui-même un esclave. C’était des familles qui se retrouvées privées de proches et qui devaient vivre dans le mince espoir qu’ils étaient encore en vie et se mettaient à les chercher. Ils ne trouvaient pas la paix parce qu’ils ne savaient pas si leur proche était encore en vivant ou mort. Damiq ne pouvait pas s’empêcher d’avoir de la peine pour cette personne à la recherche de son enfant.
L’homme qui lui faisait face sorti une tablette d’argile et un stylet pour prendre des notes. L’oryx ne savait pas lire et écrire. Mais si ça pouvait éclaircir un peu les choses sur Zab. Cependant, ça le mettait mal à l’aise à son sujet. L’humain ne voulait pas se confronter tout de suite à son passé et Damiq respectait cela, mais là on ne lui laissait pas le choix. Il se sentait mal pour Zab.
L’hybride savait que si le mensonge pouvait-être utile, il restait un art compliqué à maîtriser et un piège dont il était difficile de s’extraire. Donc Damiq avait décidé de jouer cartes sur tables, surtout quand le type en face avait l’air d’être du genre à ne pas gober le premier bobard venu.
L’interrogatoire commença, d’abord l’ancien propriétaire, Damiq ne connaissait pas son nom. Juste qu’il avait été un tyran avec son esclave. Il se souvenait que le marchand avait dit que ce type s’était débarrassé de Zab qu’il voyait comme un bon à rien ne répondant pas correctement au fouet. Pourtant, Damiq avait vu qu’il était assez docile, même un peu trop. Comme quoi, les sévices qu’il avait subi l’avaient bien dressé. Cela avait fait remonté à Damiq des souvenirs qu’il avait refoulé pendant des années, et bercé par son maître qui se montrait respectueux envers sa personne. Ceux de son dressage en tant qu’esclave avec les coups de fouets, les cris et autres violences pour le forcer à obéir. Sans parler qu’avec Zab il avait réalisé que les maîtres étaient une véritable loterie à laquelle l’esclave ne pouvait échapper.
- A vrai dire, je connais pas le nom de son premier maître. Tout ce que je sais, c’est qu’i a été un tyran. Zab me parle quasiment pas de son passé. Je lui ai toujours dit qu’il devrait le faire seulement quand il se sentirait prêt. Et le marchand m’avait juste dit que son maître avait eu des ennuis avec la justice et sentant la mouise lui arriver dessus, il s’était débarrassé d’un maximum d’esclaves avant de se mettre au vert hors de l’empire.
Damiq ne cachait pas son malaise de devoir aller contre la volonté de son camarade. Il sentait toujours les mains de l’humain crispées autour de sa queue. Comme une volonté de rester accroché à quelque chose de rassurant. Pour le lieu, l’oryx savait et la date également. Il put le dire sans soucis à Tagar.
- Cependant, le marchand à qui j’ai acheté Zab, il a été arrêté il y a quelques temps. Je l’ai appris de villageois quand je suis arrivé proche de l’endroit où ça s’était passé. Peut-être que vous pourriez l’interroger s’il n’a pas été exécuté. Il s’appelait Nergal. Toutes manières, j’ai pu vraiment de raisons de défendre cette personne. Ça fait longtemps que je veux plus traiter avec les esclavagistes.
Si Tagar voulait des informations, il en aurait au moins sur le marchand et s’il retrouvait celui-ci ou un de ses hommes, peut-être qu’il pourrait en dire plus que ce que l’oryx lui avait déjà mentionné. Notamment le nom du premier maître de Zab. Enfin la question suivante allait donner réellement du fil à retordre à l’herboriste.
- Hein ?!
La réaction de Damiq était sincère. Il était surpris et confus. Son ancien maître ne l’avait jamais déclaré en tant qu’esclave libéré, il s’était juste contenté de lui filer sa boutique à sa mort et quand il avait senti sa fin arriver, il n’avait pas fait renouveler le tatouage de son esclave. Et il n’avait jamais dit à Damiq qu’il existait des formalités pour déclarer des esclaves libérés. L’hybride avait fait comme son premier maître, il s’était contenté d’attendre que la marque de Zab disparaisse, mais il s’était rendu compte qu’elle n’était pas normale, qu’on lui avait fait un tatouage permanent qui n’était pas magique mais imitait, au moins dans la forme, les tatouages magiques. L’hybride se gratta l’arrière du crâne.
- A vrai dire… Ce commerce est celui de mon ancien maître, car j’ai été esclave… Peu avant sa mort, il a arrêté de me faire refaire mon tatouage. Puis quand il est parti, j’ai juste repris son commerce comme ça. Il m’a jamais parlé de formalités particulières… J’ai juste attendu que la marque de Zab disparaisse comme mon maître a fait avec moi. Mais il y a un truc pas normal avec Zab…
Damiq se tourna vers l’humain. Ce dernier se mit à pousser des petits grognements similaires à ceux d’un jeune oryx en alerte.
- Je suis désolé de t’imposer ça. Mais tu vas peut-être retrouver ton père… C’est une bonne chose !
Zab ne semblait pas plus enthousiaste de la nouvelle et en plus de garder les mains crispées autour de la queue de Damiq, il se colla à lui pour d’avantage comprendre que cela l’effrayait plus qu’autre chose. L’humain était routinier et le changement l’effrayait. Et si cela était vrai, tout allait changer pour lui. Même Damiq ne se sentait pas totalement prêt à se séparer de son camarade qui était quasiment un membre de la famille. Puis qui disait que Zab risquait de souffrir de se trouver d'un coup chez des humains en permanence qu'il craignait et dont le comportement risquait d'attirer les moqueries et autre rejet alors que les animaux ne le jugeaient guère dessus et l'avaient accepté comme un des leurs. L’hybride retira le foulard de Zab pour montrer à Tagar, qui devait déjà constater son dos mutilé par de nombreux coups de fouets très anciens, un tatouage qui imitait celui des esclaves, mais n’était pas imprégné de magie. Il l’avait été au début, mais quand les années s’étaient écoulées, celui-ci ne s’était pas effacé. Et Damiq avait réalisé que ce n’était qu’un simple tatouage permanent à l’encre qui imitait visuellement ceux magiques apposés sur les esclaves.
- Il a ce tatouage, c’est un simple tatouage à l’encre, mais il imite les marques magiques qu’on met sur les esclaves. J’ignore si ça vient de son premier maître ou du marchand qui me l’avait vendu. En tout cas, il est marqué à vie, mais je suis sûr qu’il n’a rien commis de grave, du moins, volontairement, d’autant plus qu’il est assez timide et ne ferait pas de mal à une mouche.
Pour montrer qu’il n’avait plus envie de cautionner l’esclavage malgré le fait qu’il en ait acheté un par le passé, Damiq était prêt à se mettre en règle administrativement s’il le fallait.
- Peut-être que j’ai participé à ce système dégueulasse par le passé, parce que mon maître m’avait dit que ça avait toujours été comme ça, mais je ne le cautionne plus, et s’il faut et que vous me l’indiquez comment faire, je peux me charger de faire en sorte que la libération de Zab soit enfin officialisée, même si officieusement, il est déjà libre de faire ses propres choix. Et si vous pouvez voir également pour si c’est le cas pour moi ?
Ce type semblait s’y connaître en paperasse. Autant que ça serve à tout le monde. Une chose que ça disait, c’était que des esclaves avaient encore réussi à passer à travers les mailles du filet, même sans maître et en étant autonomes.
CENDRES
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Aux lacunes administratives de l’ancien esclave, son interlocuteur lui répondit en lui montrant la paume de sa main. Il portait un tatouage en forme de dragon. Damiq avait déjà vu de nombreuses personnes arborer ce symbole. Il différait d’un tatouage d’esclave. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’y voir un lien. Mais il n’avait pas vraiment loisir de s’y opposer. Il n’était pas suicidaire. Voilà que le type lui fit la promotion de tous les bénéfices de la citoyenneté du Reike. Notamment un soutien financier de la part de l’empire et l’université gratuite. Ces points n’étaient pas inintéressants.
En revanche, si l’impôt était une chose à laquelle Damiq s’attendait, en revanche, le service militaire l’enchantait moins. Il n’était pas un grand adepte de la guerre et ne se mêlait pas vraiment des conflits entre bipèdes préférant mener une vie paisible d’oryx et d’herboriste itinérant. Mais le flicage n’était pas seulement l’apanage de certains mâles un peu trop territoriaux. Non, l’Empereur était un peu comme ces mâles mais sur un plus vaste territoire, au point d’avoir besoin d’intermédiaires pour ça.
Mais c’était surtout pour Zab que Damiq avait peur concernant le service militaire. De voir ce chétif peureux au milieu d’une bande de brute qui voyaient la moindre faiblesse comme un problème et une honte, ça risquait d’être compliqué pour le jeune homme. Surtout d’être entouré d’humains et autres bipèdes qu’il craignait. Déjà que ce fonctionnaire, car Damiq avait au moins deviné que ce type en était un vu son obsession pour la paperasse, effrayait l’ancien esclave toujours terré derrière l’hybride, n’ayant toujours pas lâché la queue de l’oryx.
- Bien, on le fera. Par contre, j’ai des doutes sur le service militaire concernant Zab. Il a très peur de ses semblables en plus d’être routinier et de se retrouver pendant un certain temps sans ses petites habitudes… Déjà qu’il est très sensible au moindre changement.
Tagar devait bien voir que Zab avait très peur de lui. Depuis le début de la conversation, le fait de savoir qu’on s’intéressait un peu trop à lui l’avait rendu extrêmement nerveux. En règle générale, la plupart des clients ne remarquaient pas vraiment l’humain. Son caractère timide et le fait qu’il soit avec un oryx qui attire d’avantage l’attention lui permettait de supporter les fois où ils passaient dans des villages. Mais quand on se focalisait spécifiquement sur lui, la panique arrivait. Son premier maître avait été un véritable tyran et ça se sentait au vu du comportement du chétif humain. Mais Damiq soupçonnait qu’il était un peu différent des autres. Et que son maître n’en était pas la seule cause. Notamment de part son comportement très routinier et sa grande aversion au changement, ainsi que des difficultés à communiquer et à se comporter auprès des autres humains. La société Reikoise était assez hostile à ceux qui sortaient un peu trop des clous même quand ce n’était pas de leur faute. En plus de chercher à écraser ou cacher la moindre vulnérabilité, alors que la nature elle-même était un équilibre fragile et subtil. Et qu’on était tous faibles et que la force venait du groupe.
Chez les oryx, c’était différent, leurs codes étaient bien plus simples à comprendre pour Zab et il ne se sentait pas rejeté à cause de ses différences et de sa vulnérabilité. Damiq avait bien vu qu’il était accepté sans soucis.
CENDRES
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Bon, le fait qu’il propose des classes de soigneurs et qu’on demande à ce que les deux anciens esclaves soient ensembles rassurait déjà un peu Damiq sur ce point. Vu comme ça, si ça pouvait améliorer ses compétences dans ce domaine, pourquoi pas. Zab, lui n’était toujours pas convaincu. Damiq se disait tout de même que ça serait toujours mieux qu’ils se retrouvent avec des oryx d’ornement pour combler leur besoin de contact avec des antilopes. Les animaux capturés pour servir d’ornement étaient en général assez dépressifs. Damiq se souvenait de sa mère qui était dépressive car elle était seule, les femelles ne supportant pas bien la solitude contrairement aux mâles. Elle tenait donc beaucoup à son fils. Cela avait dû être un déchirement pour elle. Perdre l’enfant qui comblait sa solitude et à qui elle s’était attaché.
Puis l’homme qui leur faisait face parla du fait que Zab avait besoin de prendre un peu de gras et de muscles. Damiq était d’accord. Il faisait ce qu’il pouvait pour qu’il ait un bon régime alimentaire, il gardait des carences. Pour les connaissances, il avait déjà les oryx, mais visiblement ça ne comptait pas vraiment si l’hybride suivait le raisonnement de Tagar. Se faire des nouvelles connaissances chez les bipèdes, ça allait-être une sacrée épreuve pour lui. Et si ça c’était déjà compliqué, alors trouver l’amour, ce n’était même pas envisageable.
- Déjà, on va commencer le service et s’il se fait pas bouffer par les autres, ça sera déjà une bonne chose… Enfin, ça sera toujours mieux que de se retrouver avec des oryx capturés pour orner des jardins de nobles qui sont complètement dépressifs. Je sais de quoi je parle…
Damiq se disait que plus vite ils en auraient fini, plus vite ils retourneraient à leur vie tranquille avec à errer de villages en villages en suivant les troupeaux d’oryx. Zab était heureux de vivre avec les antilopes, pourquoi le priver de ça. Enfin, Damiq avait un peu l’impression qu’ils avaient dérivé un peu du sujet initial.
- Sinon, vous aviez d’autres questions concernant sa possible filiation avec votre cousine ?
Zab n’avait pas bougé d’un poil, il attendait visiblement que ça se termine. Damiq s’adressa à lui. Il était bien plus à l'aise avec les oryx. Il pouvait-être assez joueur, notamment avec les jeunes oryx. Comme eux, il avait tendance à courir dans tous les sens comme un dératé avec parfois de belles gamelles à la clé.
- On va rester ensembles et une fois que ça sera terminé, on reprendra notre vie d’avant. Juste qu’on aura de l’aide pour l’argent. Tu mangeras mieux.
Pourtant, Damiq n’était pas totalement convaincu. Si sa filiation était avérée, alors tout changerait. Et peut-être que Zab serait contraint de rejoindre une nouvelle famille qu’il ne connaissait pas. Ayant été l’enfant d’un animal d’ornement, ce qu’il avait vu des protocoles nobiliaires étaient des choses complexes. On jouait beaucoup sur le paraître, le comportement, la tenue. Zab n’avait rien de tout ça. Il n’était pas prêt pour cette vie.
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Apparemment, l’homme avait eu sa dose d’informations dont il avait besoin. Et apparemment, il allait continuer ses recherches avec les informations obtenues. Damiq se demandait s’il ne voulait pas rencontrer Zab. Enfin, il n’avait pas envie de forcer ce dernier. Après tout, c’était un homme-libre qui pouvait aussi prendre ses propres décisions.
Pour ce qui est de la vie dans l’armée qui n’enchantait pas vraiment Damiq, son interlocuteur avait bien-sûr son mot à dire. Il y avait ainsi des forces médicales qui rassemblaient divers guérisseurs. Et encore de la paperasse. L’hybride étant illettré, tout ce cirque administratif le dépassait d’assez loin. Enfin, si ça pouvait lui permettre de s’améliorer. Et sans doutes qu’ils cherchaient à lutter contre les charlatans. Damiq avait déjà quelques fois été confronté à ces individus. Un type s’était même vanté d’avoir un élixir qui guérissait absolument tout. L’hybride se souvenait bien de ce jour. Il avait été dans un village qui avait la chance d’avoir son médecin local, une diplômée de l’université de Drakstang. Si heureusement, la plupart des habitants étaient suffisamment intelligents pour ne pas croire ce gogo, il y avait bien des naïfs. Et résultat, des gens étaient malades et le médecin local n’avait pas suffit pour enrayer totalement l’afflux de gens souffrants. Cela avait tout de même permit à Damiq de prouver qu’il n’était pas un charlatan malgré le fait qu’il soit un itinérant. Par la suite, il avait appris que l’escroc avait eu de gros soucis avec les autorités. Même si ça l’ennuyait, se mettre aux normes pourrait au moins éviter d’attirer des ennuis à Zab.
- Va juste falloir que je prévienne quelques personnes de mon absence sachant qu’elles n’ont pas d’autres médecins à part moi…
Il parlait bien des oryx, les animaux avaient bien compris l’intérêt d’avoir quelqu’un capable de soigner. Un avantage de la communication animale permettant de faire comprendre les choses facilement, là où un vétérinaire n’ayant pas cette compétence était bien plus embêté. En revanche, Damiq ne savait soigner qu’une seule espèce animale en dehors des humanoïdes, à part pour des petits bobos. Il lui était arrivé de s’occuper d’animaux de compagnie ou du bétail pour des blessures.
Puis Tagar s’adressa à Zab, toujours caché derrière l’hybride qui sentait des fourmis dans sa queue à cause des mains crispées autour. Alors qu’il entendait la possibilité que Zab puisse rester avec lui, il sentit qu’on lâchait sa queue. L’oryx n’était pas mécontent car ça commençait à lui faire un peu mal. Damiq en profita pour rebondir sur le discours de Tagar et s’adressa à son tour à son camarade.
- Je pense que tu devrais rencontrer cette personne. Il a droit de savoir si tu es bien son fils. Après je ne force rien, puis rien n’empêche qu’on continue comme avant après tout ça. Laisses leur juste une chance. Ne t’en fais pas, je serais à tes côtés.
Maintenant, la balle étant dans le camp de Zab. Après hésitation, il se mit timidement à côté de Damiq, tout en restant collé à ce dernier et lança un regard timide à Tagar. Puis il hocha la tête, comme pour faire comprendre qu’il acceptait.
- Tu es sûr ?
Zab le regarda et hocha de nouveau la tête. Si une famille pouvait enfin savoir ce qu'était devenu son enfant. En parlant de famille, Damiq commençait à prendre un air un peu amer. Il se mit à repenser à sa mère. Elle avait été séparé de son enfant qui avait été jeté dehors parce qu'il était hybride.
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Un petit esclave aux origines nobles ?
Damiq et Zab reçurent les informations de la part de Tagar pour les prochains jours. Ainsi, ils devraient aller à Ikusa pour se faire tatouer et commencer leur service militaire. Puis ils se quittèrent et peu après, l’hybride prit le départ pour prévenir les troupeaux avant d’aller vers Ikusa. Le fait d’aller dans cet endroit puant et bruyant ne l’enchantait pas vraiment. Et il allait devoir y rester quelques temps. Mais une fois en règle, il retournerait à sa vie d’avant.
Ils profitèrent des quelques semaines avec les troupeaux pour avoir encore un peu de liberté avant de prendre la route pour Ikusa. Entre temps, ils avaient été rejoints par un nouveau venu. Un ancien esclave fugitif nommé Yanzu. Un hybride gazelle de Thomson qui était très attaché à Zab. Les deux étaient inséparables. Alors qu’ils approchaient d’Ikusa, Zab semblait tendu de voir son potentiel géniteur. Et Damiq pensait de plus en plus à sa mère. Il ne l’avait pas vu depuis des années et sentait coupable de ne pas l’avoir cherché. Mais à l’époque, il n’avait aucune piste et surtout, personne prêt à l’aider à la retrouver. Car les oryx qui étaient possédés par des nobles comme des animaux d’ornements, n’était pas ce qu’il y avait de plus commun, mais pas non plus une grande rareté. Après tout, quand on avait de l’argent et du terrain, on pouvait s’offrir des animaux exotiques.
Sprotch !
- Il y a des choses qui changent pas…
Décidément cette ville était maudite. Et bien sûr, cet endroit était bruyant, puant, anxiogène. Comment on pouvait apprécier un endroit pareil ?! Yanzu était plaqué contre la mule, terrifié. Zab ne faisait pas non plus le fier.
- Bienvenue à Ikusa…
Damiq devait se rendre chez un tatoueur impérial afin d’avoir sa marque de citoyenneté reikoise. Zab et Yanzu y auraient aussi le droit. Mais avant, il passa dans sa boutique d’herboriste habituelle les rares fois où ils allaient dans la capitale. Ainsi, le nouveau eut le droit à sa longue attente chez l’hybride-paresseux. Tandis que Damiq luttait pour ne pas s’endormir, Zab et Yanzu avaient déjà cédé à la tentation. Même pour la demande pour trouver un tatoueur, ils furent contraints d’attendre le temps que le paresseux ne crache le morceau à son rythme.
Ils quittèrent enfin la boutique après plus d’une heure.
- Dès fois, je me demande comment il fait pour encore avoir sa boutique ouverte ?
Damiq suivit les conseils de l’herboriste pour trouver le tatoueur officiel. Il priait pour qu’il soit encore ouvert. Il pressait comme il pouvait sa mule pour qu’ils y parviennent le plus rapidement malgré les embouteillages. Mais parce qu’ils étaient arrivés trop tard, ils prirent une chambre dans une auberge pour y passer la nuit. Et ce n’était pas une mauvaise chose tant Ikusa était un lieu stressant pour le trio.
Le lendemain matin, ils allèrent aux aurores chez le tatoueur. Chacun reçut son tatouage. Damiq le fit sur son épaule, Zab à la nuque à l’emplacement de son faux tatouage d’esclave et Yanzu, qui fut un peu plus réticent, également à l’épaule. L’hybride pensa que c’était fait, ils allaient passer à la suite.
Grâce à Tagar, ils avaient pu rester ensemble au sein des Forces Medicales Reikoises pour leur formation. La mule eut le droit à un séjour aux écuries, tandis que les trio était amené dans leur dortoir pour déposer leurs affaires. Ces bouseux du désert semblaient attirer les regards, dont un certain nombre trahissaient un certain mépris.
- Ne faites pas attention à ces crétins…
Zab et Yanzu restaient collé, terrifiés et tentaient de se faire petits, luttant contre leur instinct de fuite. Même s’ils allaient intégrer pour cette formation des soigneurs, Damiq se méfiait de la mentalité des bipèdes, surtout des Reikois faisant une fixette sur la guerre. Une fois ce service terminé, Damiq et sa tribu pourraient enfin retrouver leur petite vie tranquille dans le désert et à travers les petits villages.
Les jours passèrent. Damiq devait reconnaître que l’apprentissage de nouvelles techniques n’était pas négligeable. En revanche, lui et ses camarades étaient très souvent fatigués, car on les forçait à travailler la journée alors que jusqu’à maintenant, ils avaient un rythme crépusculaire propre aux oryx pour échapper aux pires températures. Mais les bipèdes préféraient travailler sous les fortes chaleurs. Damiq ne comprendrait jamais cette logique. Surtout que les itinérants étaient souvent les rares moyens d’avoir des soins dans des villages assez isolés. Les deux jeunes gagnaient un peu en assurance, même si cela restait un bien grand mot tant ils étaient timides et préféraient rester collés à Damiq. Yanzu était de loin celui qui avait le plus de difficultés en raison de son manque cruel d’éducation.
Un beau jour, ils furent convoqués au palais. Damiq et les deux jeunes quittèrent momentanément leur formation. Cette convocation venait de Tagar Reys, sans doutes qu’ils allaient enfin voir le père de Zab. Ce dernier avait un peu le trac.
- Détends toi ! On est là avec Yanzu.
L’hybride avait gardé sa tenue habituelle, il pouvait-être assez têtu et il avait ses poils qui suffisaient à réguler sa température corporelle. Néanmoins, l’hybride s’était lavé et c’était le cas pour ses deux camarades, bien qu’ils aient gardé la même tenue. Même si il leur arrivait de porter une tunique, c’était uniquement quand les températures tombaient trop bas. Sinon, ils avaient l’habitude du pagne et Damiq préférait ne pas trop les perturber. Déjà que ce séjour prolongé à Ikusa constituait un changement majeur.
L’herboriste et les siens attendaient qu’on les amène à Tagar. Et pour Zab, ça serait sans doutes l’heure de vérité.
CENDRES
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