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L’arrivée de la Droiture Républicaine.
- ♫-Ambiance Sonore-♫:
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Le vent poussait les feuilles des arbres qui, dansant devant ma silhouette, coursaient avec moi lors de mon avancée. Depuis mon arrivée à Justice et l’installation de mon nouveau bureau, j’avais bel et bien l’impression d’avoir le vent dans les voiles. Ma démarche, assurée et rapide, était accompagnée du souffle d’un vent agréable qui rendait ma promenade aisée, la direction vers laquelle il volait étant la même que la mienne. C’était comme s’il élevait non seulement mon corps, mais qu’il transportait également le message de mon arrivée sur la fameuse capitale des Lois de ce pays. Si Liberty était la métropole où se discutaient, se mélangeaient et se disputaient les diverses idéologies du peuple Républicain, c’était ici, à Justice, que tout se coulait dans le béton et se gravait dans la pierre solide de la Démocratie avec un grand « D ». Levant mes yeux vers le plus grand bâtiment administratif qui s’érigeait au centre de cet agglomérat de population humaine et de leurs constructions citadines, j’observai au loin la fenêtre de mon nouveau lieu de travail qui donnait directement sur le superbe Lac Rebirth. De là-haut, je pourrai observer ces fourmis républicaines qui, s’activant à leurs taches quotidiennes, faisaient rouler les engrenages de la société à laquelle nous contribuions tous et toutes.
-Hsarus
« Certains…plus que les autres apparemment… » Laissai-je échapper alors que cette vision merveilleuse de mon avenir se voyait être ternie par la triste réalité qui rattrapait mon flaire un peu trop fin.
Portant le revers de ma main à mes narines alors que je passai trop près d’un misérable Shoumeien qui dormait à même le sol, je déviai le regard de la vermine rampante qui assiégeait nos rues depuis quelques temps déjà afin de me concentrer sur mon objectif principal, à savoir mon arrivée dans ce qui allait devenir mon fief, mon lieu de prédilection, le nid de tous mes projets. J’empruntai donc un passage non loin de là qui m’éloigna de cette triste rencontre infortunée (quoiqu’heureusement très brève) et qui me rapprochera des portes de l’établissement que je convoitais. Poussant les barreaux de fer dont était constitué le portail centrée sur cette immense clôture de fer qui délimitait le territoire administratif de la cité, je fis mon entrée dans le périmètre sans attendre. Les surveillants chargées de l’accueil me rendirent un salut de la tête (une légère inclinaison en guise de respect), me reconnaissant probablement de ma visite, la veille. Leur rendant la pareil, je continuai mon chemin en attrapant, tour à tour, mes gants au niveau des poignets, les renfonçant sur mes mains machinalement, sans réellement le réaliser, preuve de l’anticipation que je ressentais face à cette journée. Enfin, une à une, je gravis les escaliers du paliers de marbre qui menait à cette immense porte en bois travaillé que je poussai de mes deux mains et qui me donna accès au grand hall. Là, je pris le temps de savourer le moment, de poser mes yeux sur l’architecture droite et magnifique de ce monument à la législature républicaine.
Laissant les portes se refermer derrière moi, voyant le grand rayon solaire qui se dissipait peu à peu au sol, je me retournai brièvement pour m’assurer qu’elle ne se referme sur personne, par mesure de politesse, puis j’entamai le pas de nouveau. Cette fois-ci, mon pas se fit plus lent, plus tranquille, laissant à mes yeux le plaisir de déchiffrer les écrits et citations gravées sur les colonnes qui rejoignaient sol et plafond de toute leur grandeur. Non loin, il y avait l’admission, mais je n’avais pas à y aller, m’a présence étant déjà enregistrée depuis la veille, me laissant le loisir de simplement passer l’arche qui menait au prochain corridor que j’empruntai, en direction des escaliers et donc de mes bureaux. Cependant, c’est au niveau de la mezzanine que s’arrêta mon trajet, mon corps se penchant subtilement par-dessus la rambarde qui donnait accès au hall, plus bas. Je me reposai donc à cet endroit, profitant de quelques minutes de liberté avant de m’enchaîner à mon travail. Un à un, je les regardai défiler. Membres du sénats, conseillers, juges, adjoints administratifs…toutes ces fourmis qui entraient de le cœur du nid et qui assuraient le bon fonctionnement d’une telle nation. Une nation de droits, de lois…mais qui se voyait menacée par l’intégration de beaucoup trop d’éléments perturbateur à une telle cause depuis les récents événements.
Et c’était là, la raison de ma présence et de ma sélection au sein du Sénat. Et c’était là-dessus que mon travail porterait durant les prochaines années. La crasse et le sable qui s’accumulaient dans les rouages de notre machine politique et sociale rendait la pérennité de notre nation fragile. La dissidence s’était installée dans le peuple et ces fourmis ne travaillaient plus de concerts en un but commun. Elles s’éparpillaient, se disputaient, se perdaient, se travestissaient sous une image bienveillante d’une liberté gratuite…et beaucoup trop fragile. Peut-être avaient-ils tous oublié que la liberté ne tenait qu’à la cohésion d’un peuple fort et solide? Partageant les même valeurs et les même buts?
-Hsarus
« Une république forte, portée par la force de son peuple. Autant faut-il rappeler à son réel peuple le poids qu’il doit soutenir.» murmurai-je en prenant appuie sur le garde-corps, plantant mes coudes sur sa surface et croisant les avant-bras, me laissant m’absorber dans ce jeu d’observation en hauteur.
”...cié à la Famille Ironsoul, ils seront difficiles d’accès. Enfin, vous pourriez toujours essayer de les faire plier mais je doute que vous y parveniez, le gaillard est un vieux de la vieille et il les soutient depuis aussi longtemps que je le connais.”
Les bottes rythment la conversation tandis qu’elles frappent le sol de marbre noir, tentant de rester au même niveau que les chaussures de cuir qu’elles accompagnent. Lorsque les deux paires de pieds s’arrêtent un instant devant un bureau en érable, le jeune employé municipal assis de l’autre côté relève la tête et observe les deux visages absorbés l’un l’autre dans une conversation qui leur paraît d’un grand intérêt. Le gamin reconnaît le chef de commerce du comptoir de Justice de la Societas, un homme aux cheveux bruns âgé dans la quarantaine, sa tête encadrées par des rouflaquettes qui tirent sur le châtain en descendant vers sa barbe plus claire. Mince, comment il s’appellait déjà? Ah zut, le jeune ne travaillait pas depuis assez longtemps à la Mairie pour s’en rappeler, enfin tant qu’il connaissait la fonction qu’il exerçait c’était toujours ça l’important pour qu’il ne gaffe pas, il se contenterait bien de l’appeler “Monsieur” en s’adressant à lui. L’autre par contre, c’est un vieil homme dans ses soixantes ans passés, sans doute plus proche des soixante-dix. Ses cheveux sont soigneusement plaqués vers l’arrière et sa barbe finement taillée supportait une moustache qui éclipsait tout juste sa lèvre supérieure, ses yeux bleus-aciers étaient pesant à soutenir, quand il le regardait, le réceptionniste avait l’impression de porter un poids sur ses épaules. Le grand manteau en feutre noir et orné de doré n’était pas boutonné, il était encore possible de voir en dessous une veste rouge surmontée d’un col blanc, symbole d’un passé de Juge, de même qu’une broche en forme de masque sur son poitrail informait également d’une carrière d’ancien Limier. Lorsque celui ci interromps le flot de son échange avec le Chef de Commerce pour dire bonjour à l’employé, le jeune homme se lève immédiatement par respect.
”Bonjour Sénateur Fraternitas!”
Zelevas pose son coude contre le comptoir du bureau devant lequel il a fait halte, regardant Pugibot Klandres, le chargé de commerce de la SSG à Justice, il était à la base simplement passé pour récupérer un rapport de comptes du dernier trimestre, mais en entamant les discussions avec son subalterne, le Directeur de la Comptabilité s’est rendu compte que le gaillard connaissait du monde intéressant chez les banquiers de Justice, des contacts qu’il pourrait utiliser pour faire tourner le vent des élections primaires chez les Réformateurs.
”Mon garçon, archivez moi ceci et envoyez le moi dès que possible livré chez moi.”
Il tends une enveloppe au bureaucrate et se retourne une nouvelle fois vers M.Klandres, continuant de discuter tout en déambulant dans la salle tout les deux. Lorsqu’enfin ils se séparent, le Sénateur s’arrête, lui sert la main convenablement et le laisse s’éclipser vers la sortie du bâtiment administratif. Zelevas remet correctement les plis de son manteau en tirant légèrement sur chaques manches de ses mains gantées et époussette brièvement ses épaulières. Joignant les mains dans le dos en adoptant un air pensif, il laisse son regard courir sur les colonnes de pierre qui montent pour soutenir le plafond voûté du grand hall principal. À quelques mois maintenant des primaires, les rumeurs sur les élections allaient de bon train et les sondages dans les rues commençaient à reprendre leur ballet octannuel pour tenter vainement de prédire qui emporterait quoi, et lui, son nom était actuellement dans les bouches des partisans des Réformateurs pour représenter le Parti aux élections présidentielles qui montraient le bout de leur nez. Il n’avait pas encore officialisé sa candidature aux primaires, mais il savait que dès qu’il le ferait, il entrerait dans les lices officielles de cette course aux votes fratricide entre gens d’un même courant. S’il était bien positionné pour le moment, il possédait tout de même deux adversaires de taille qui, il le savait déjà, comptaient se présenter également. Le champion choisit par les Ironsoul pour les représenter, dont l’identité n’était pour l’instant pas encore certaine et constituait un secret jalousement gardé, et Siegfried Fallensword, le chef de la Grande Famille du même nom et donc, du PFS. S’il ne se faisait pas trop de bile concernant ce dernier, car après tout les Fallensword étaient écartés de la présidentielle depuis fort longtemps maintenant et leur pertinence s’effritait sérieusement depuis quelques temps, il était plus méfiant envers le premier. L’opportu-
Est-ce que… Est-ce que c’est Isenhart là bas? En tout cas il lui ressemble fortement… non? Mais si! Zelevas regarde le jeune sénateur qui est accoudé contre la rambarde de pierre de la mezzanine. C’est un des petits nouveaux, ceux qui sont arrivés après le vent de désistement qui a prit d’assaut le Sénat il y a quelques mois. d’Élusie ne se souvient plus s’il s’agit du dernier arrivé, il le confond tout le temps avec Goldheart en raison de leurs âges similaires, dans quel parti était-celui là déjà? Isenhart, Isenhart Isenhart Isenhart… Non il avait beau tourner et retourner le nom dans sa bouche il ne parvenait plus à s’en rappeler, sans doute peut-être parce qu’il faisait partie des non-alignés, et que comme la Sénatrice Aiwenor il n’avait pas de soutien politique particulier derrière lui. Le petiot n’avait pas encore eu l’occasion de faire de coup d’éclat à l’assemblée, Zelevas ne connaissait donc pas vraiment ses convictions en dehors de ce que ses renseignements lui avaient rapporté, un type carré, un brun trop jeune et narcissique, c’est un nationaliste avéré qui déborde un peu sur les plates-bandes des Wessex à ses heures perdues. Hormis ces informations dénuées de contexte il était peut-être temps pour le Sénateur suroccupé de profiter de l’occasion pour aller faire connaissance avec son collègue et lui souhaiter un accueil en bonne et due forme dans la Chambre Bleue.
Il fait donc demi-tour, gravit les escaliers qui montent vers le niveau du pallier de l’étage et s’approche doucement du jeune homme, ses mains toujours dans le dos. Comme pour toute rencontre, il tient très à coeur la première impression qu’il fait aux gens, même si d’ordinaire il est déjà connu de la plupart des politiciens pour son mandat de Garde des Sceaux sous Falconi Genova il y a plus d’une quinzaine d’années, il sait que les plus jeunes, et notamment par exemple Isenhart, pouvaient bien ne le connaître d’abord que comme Directeur de la Societas, ou comme Sénateur. Avançant lentement d’un pas baladeur, il soigne sa physionomie et arbore un sourire léger au visage, faisant remonter les bords de sa moustache et de sa barbe en prenant un air avenant, sa voix se fait amusée, trahissant sa volonté d’entamer une discussion sur un ton jovial et léger pour commencer:
”Justice! Le bastion des Réformateurs et des Humanistes! Je viens ici bien souvent ici mais je crois bien que c’est la première fois que j’y vois un sénateur conservateur, tout comme je crois bien que c’est la première fois que je vous rencontre en dehors du Sénat, Sénateur Isenhart.”
Une fois qu’il avait réduit sa distance avec le jeune homme à quelques pas seulement, il délie ses mains dans son dos et avance la droite vers son confrère, son bras pends à côté de son corps, son coude plié à quatre-vingt-dix degrés et son avant-bras présentant une main ouverte et gantée de velour blanc. Le fait qu’il prépare sa poignée de main en arrivant et la fermeté avec laquelle il empoigne celle de son interlocuteur lui démontre sa considération à son égard, mais le reste de sa posture plus décontractée signifie qu’il ne cherche pas à s’engager dans des formalités plus sérieuses, pendant que leurs poings entrelacés font des haut-bas, le vieux Sénateur enchaîne:
”Je suis navré de ne pas avoir su trouver l’occasion de vous rencontrer avant, mes responsabilités sont les persécuteurs de mon emploi du temps et mes journées s’arrachent habituellement mes vingt-quatre heures, permettez moi aujourd’hui de réparer cela Isenhart.”
Une fois les présentations faites, le vétéran imite son plus jeune confrère et s’accoude lui aussi sur le garde-corps tout en faisant face à lui, il n’était pas pressé par le temps, alors il comptait bien en profiter en sa compagnie.
”Quel vent vous a aujourd’hui mené jusqu’à Justice? Vous avez de la famille en ville?” Le mot famille pouvait être ambigu, et c’était justement l’effet escompté par le vieil homme.
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