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Invité
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Dépravé, stupide, inadapté, déplacé.
Il y a beaucoup de mot pour décrire l’idée d’une rencontre aussi professionnelle qu’informelle dans une maison de bain. Néanmoins, les termes précédents n’ont pas vraiment leur place au « lagon noir », l’un des établissements les plus chics de Courage. Contrairement à d’autres lieux où traînent autant de maladies que de prostituées, le lagon noir a misé sur le paranormal pour réussir. Niché dans les beaux quartiers de la cité portuaire, non loin de la mer, c’est le genre d’endroit qui brouille volontairement les limites.
Si le sous-sol et le rez-de-chaussée sont consacrés à l’eau, il y a de nombreuses chambres où dormir, et plusieurs salles de jeux pour ceux qui veulent parier leur argent. En marge des quelques prostituées inhérentes à toute maison de bain qui se respecte (pardon, courtisanes, elles couchent avec des gens riches), on retrouve des mercenaires, des nobles, de tout le sexe et surtout de toutes les ethnies.
C’est le point important à retenir : il y a de tout, à l’origine, le lagon noir était un repère de vampires. Un endroit où se réunir en paix en profitant de l’eau chaude et des cartes, de nuit bien évidemment. Mais avec le temps et les années, la plupart des ethnies exotiques ont été invitées à venir, afin d’amadouer les banquiers gobelins pour gratter de meilleurs taux d’intérêt, caresser dans le sens des vagues les élémentaires et bien d’autres races.
Sauf les valkyries, depuis que la taulière, une jeune vampire de cinq cent ans a croqué une valkyrie, elles ne traînent plus par ici. C’est toujours avec cette même voix flatteuse qu’elle salue un Vindicare qui s’approche du comptoir.
« Bonsoir l’humain. » Contrairement au meuble républicain, elle dévoile ses canines dans un sourire sincère, quoiqu’un brin provocateur. Sans le quitter de ses yeux rouges, elle reprend plein d’entrain, « qu’est-ce que je te sers ?
-La même chose que d’habitude, et un bac d’eau chaude. Dans une pièce à l’écart, j’ai rendez-vous avec une… vieille connaissance. » Non.
Vindicare a rencontré Rowena au moment de l’enterrement de la mémé. Ils se connaissent un petit peu, mais ce n’est pas une vieille connaissance comme Arditi la vampire pluri millénaire. Un instant plus tard, alors qu’il dépose les pièces sur la table, la tenancière dépose sur le gros comptoir en ébène une infusion trouble. Ni écarlate, ni transparente, elle baigne dans un entre-deux un peu décevant, même le maître espion n’y croit pas trop et renifle sa boisson avec méfiance.
C’est assez pour faire râler sa cadette, « je sais, l’infusion est diluée outre mesure. Difficile de trouver du sang correct. La piraterie.
-La piraterie. »
Pour toute réponse, elle s’accoude au comptoir avant de lui tendre une clef. « Chambre 29. » Elle a une hésitation, « c’est pour le boulot ?
-On va dire ça oui.
-Donc je veillerai à ce que personne ne vous dérange durant votre entrevu. Le temps est précieux. »
Les vampires ont souvent été capricieux sur les horaires : forcément, quand on tourne sur 8h de nuit durant l’été, on râle quand on perd quelques précieuses minutes. En témoignent les nombreux sabliers qui ornent les étagères de Sidra la tenancière. Cette dernière jette un coup d’œil à la sacoche de cuir de Vindicare, un peu sceptique : les claymores, les épées, les arcs, les arbalètes, ça passe. Elle a l’habitude que des types mal fringués mais riches se ramènent avec leur arsenal pour passer une nuit au chaud, d’abord dans un bain, puis dans un pieu, toujours en bonne compagnie.
Par contre, le sac de tueur en série, c’est nouveau, même pour un maître espion. Néanmoins, elle balaie ses doutes d’un vague geste de main.
« Profite de ta soirée.
-Toi aussi Sidra, passe une bonne nuit. »
Un instant plus tard, quand les servantes ont terminé de préparer la chambre, c’est l’heure de monter à l’étage.
D’ordinaire, c’est relativement facile de discerner l’usage d’une piaule : entre la chambre d’auberge et la chambre d’une maison de passe, il y a des détails qui ne trompent pas. Mais au lagon noir, elles ont le sens qu’on leur prête : parquet ciré, lit de haute qualité avec des draps de soie et des matelas en plume d’oie, une table pour manger, une cheminée. Un peu plus loin, c’est un cache-vu qui abrite un bac vide. Le bain attendra, un autre jour, on ne mélange pas boulot et détente.
Définitivement, même seul, c’est le genre d’endroit où on veut rester.
Néanmoins, espion un jour, espion toujours, Vindic retire sa cape et la jette négligemment sur le lit. Il y a plus important à parer, il toque contre les murs : plein, plein, plein. Comme d’habitude, rembourrage en torchis entre les chambres pour éviter les bruits incommodants. Pareil pour le plancher : renforcé. Derrière les tentures il y a du bois et sous les tapis aussi. Au cas-où, il ouvre la fenêtre et regarde dehors : premier étage du bâtiment, comme toutes les vieilles constructions de Courage et son quartier historique, plus on monte, plus la construction s’élargit. Avec un peu de cran, il est simple de sauter de la fenêtre jusqu’à un toit voisin, un petit bond de chat et ensuite, plus qu’à courir sur les toits jusqu’à trouver un moyen de redescendre. Au pire on pète un plafond et on s’excuse du dérangement, en espérant ne pas troubler le sommeil d’une caserne de gardes.
Maintenant : l’instant pénible, le feu !
Merci Sidra d’avoir éteint le foyer et les chandeliers, mais son hôte n’est pas nyctalope aux dernières nouvelles. Alors, pour faire bonne figure, il attrape le briquet à amadou posée sur la table et se force à allumer les bougies.
Ça par contre, c’est le truc détestable : aucun vampire n’aime le feu, ni même le soleil. Alors, devoir rallumer le foyer et les chandeliers pour éclairer la pièce, c’est bien un truc à grincer des canines. Plutôt croquer dans un cochon malade !
Enfin bon, c’est le boulot qui veut ça et il faut honorer les invités de passage.
Au bout d’un moment, on toque à la porte.
« Entre Rowena, » le temps que son invitée le rejoigne à l’intérieur et les salutations peuvent commencer. « Comment vas-tu depuis le temps ? J’ai cru comprendre dans ta lettre que… » Il voit sa gueule.
Putain…
Il a vu son lot de mutilées, mais là, c’est quand même autre chose… On dirait une sorte de collision entre une lépreuse et une pétrifiée au niveau du visage, avec des cicatrices couleur charbon. Vindicare a un hochement de tête sur le côté, surpris, avant de reprendre.
« Je vois que la guerre n’a pas été clémente avec toi. Installe toi, si tu veux boire un verre, n’hésite pas à te servir, la bouteille est pour toi. » Il a un bref silence avant de trouver les mots, « c’est pour ces balafres que tu voulais me voir ? »
Il y a beaucoup de mot pour décrire l’idée d’une rencontre aussi professionnelle qu’informelle dans une maison de bain. Néanmoins, les termes précédents n’ont pas vraiment leur place au « lagon noir », l’un des établissements les plus chics de Courage. Contrairement à d’autres lieux où traînent autant de maladies que de prostituées, le lagon noir a misé sur le paranormal pour réussir. Niché dans les beaux quartiers de la cité portuaire, non loin de la mer, c’est le genre d’endroit qui brouille volontairement les limites.
Si le sous-sol et le rez-de-chaussée sont consacrés à l’eau, il y a de nombreuses chambres où dormir, et plusieurs salles de jeux pour ceux qui veulent parier leur argent. En marge des quelques prostituées inhérentes à toute maison de bain qui se respecte (pardon, courtisanes, elles couchent avec des gens riches), on retrouve des mercenaires, des nobles, de tout le sexe et surtout de toutes les ethnies.
C’est le point important à retenir : il y a de tout, à l’origine, le lagon noir était un repère de vampires. Un endroit où se réunir en paix en profitant de l’eau chaude et des cartes, de nuit bien évidemment. Mais avec le temps et les années, la plupart des ethnies exotiques ont été invitées à venir, afin d’amadouer les banquiers gobelins pour gratter de meilleurs taux d’intérêt, caresser dans le sens des vagues les élémentaires et bien d’autres races.
Sauf les valkyries, depuis que la taulière, une jeune vampire de cinq cent ans a croqué une valkyrie, elles ne traînent plus par ici. C’est toujours avec cette même voix flatteuse qu’elle salue un Vindicare qui s’approche du comptoir.
« Bonsoir l’humain. » Contrairement au meuble républicain, elle dévoile ses canines dans un sourire sincère, quoiqu’un brin provocateur. Sans le quitter de ses yeux rouges, elle reprend plein d’entrain, « qu’est-ce que je te sers ?
-La même chose que d’habitude, et un bac d’eau chaude. Dans une pièce à l’écart, j’ai rendez-vous avec une… vieille connaissance. » Non.
Vindicare a rencontré Rowena au moment de l’enterrement de la mémé. Ils se connaissent un petit peu, mais ce n’est pas une vieille connaissance comme Arditi la vampire pluri millénaire. Un instant plus tard, alors qu’il dépose les pièces sur la table, la tenancière dépose sur le gros comptoir en ébène une infusion trouble. Ni écarlate, ni transparente, elle baigne dans un entre-deux un peu décevant, même le maître espion n’y croit pas trop et renifle sa boisson avec méfiance.
C’est assez pour faire râler sa cadette, « je sais, l’infusion est diluée outre mesure. Difficile de trouver du sang correct. La piraterie.
-La piraterie. »
Pour toute réponse, elle s’accoude au comptoir avant de lui tendre une clef. « Chambre 29. » Elle a une hésitation, « c’est pour le boulot ?
-On va dire ça oui.
-Donc je veillerai à ce que personne ne vous dérange durant votre entrevu. Le temps est précieux. »
Les vampires ont souvent été capricieux sur les horaires : forcément, quand on tourne sur 8h de nuit durant l’été, on râle quand on perd quelques précieuses minutes. En témoignent les nombreux sabliers qui ornent les étagères de Sidra la tenancière. Cette dernière jette un coup d’œil à la sacoche de cuir de Vindicare, un peu sceptique : les claymores, les épées, les arcs, les arbalètes, ça passe. Elle a l’habitude que des types mal fringués mais riches se ramènent avec leur arsenal pour passer une nuit au chaud, d’abord dans un bain, puis dans un pieu, toujours en bonne compagnie.
Par contre, le sac de tueur en série, c’est nouveau, même pour un maître espion. Néanmoins, elle balaie ses doutes d’un vague geste de main.
« Profite de ta soirée.
-Toi aussi Sidra, passe une bonne nuit. »
Un instant plus tard, quand les servantes ont terminé de préparer la chambre, c’est l’heure de monter à l’étage.
D’ordinaire, c’est relativement facile de discerner l’usage d’une piaule : entre la chambre d’auberge et la chambre d’une maison de passe, il y a des détails qui ne trompent pas. Mais au lagon noir, elles ont le sens qu’on leur prête : parquet ciré, lit de haute qualité avec des draps de soie et des matelas en plume d’oie, une table pour manger, une cheminée. Un peu plus loin, c’est un cache-vu qui abrite un bac vide. Le bain attendra, un autre jour, on ne mélange pas boulot et détente.
Définitivement, même seul, c’est le genre d’endroit où on veut rester.
Néanmoins, espion un jour, espion toujours, Vindic retire sa cape et la jette négligemment sur le lit. Il y a plus important à parer, il toque contre les murs : plein, plein, plein. Comme d’habitude, rembourrage en torchis entre les chambres pour éviter les bruits incommodants. Pareil pour le plancher : renforcé. Derrière les tentures il y a du bois et sous les tapis aussi. Au cas-où, il ouvre la fenêtre et regarde dehors : premier étage du bâtiment, comme toutes les vieilles constructions de Courage et son quartier historique, plus on monte, plus la construction s’élargit. Avec un peu de cran, il est simple de sauter de la fenêtre jusqu’à un toit voisin, un petit bond de chat et ensuite, plus qu’à courir sur les toits jusqu’à trouver un moyen de redescendre. Au pire on pète un plafond et on s’excuse du dérangement, en espérant ne pas troubler le sommeil d’une caserne de gardes.
Maintenant : l’instant pénible, le feu !
Merci Sidra d’avoir éteint le foyer et les chandeliers, mais son hôte n’est pas nyctalope aux dernières nouvelles. Alors, pour faire bonne figure, il attrape le briquet à amadou posée sur la table et se force à allumer les bougies.
Ça par contre, c’est le truc détestable : aucun vampire n’aime le feu, ni même le soleil. Alors, devoir rallumer le foyer et les chandeliers pour éclairer la pièce, c’est bien un truc à grincer des canines. Plutôt croquer dans un cochon malade !
Enfin bon, c’est le boulot qui veut ça et il faut honorer les invités de passage.
Au bout d’un moment, on toque à la porte.
« Entre Rowena, » le temps que son invitée le rejoigne à l’intérieur et les salutations peuvent commencer. « Comment vas-tu depuis le temps ? J’ai cru comprendre dans ta lettre que… » Il voit sa gueule.
Putain…
Il a vu son lot de mutilées, mais là, c’est quand même autre chose… On dirait une sorte de collision entre une lépreuse et une pétrifiée au niveau du visage, avec des cicatrices couleur charbon. Vindicare a un hochement de tête sur le côté, surpris, avant de reprendre.
« Je vois que la guerre n’a pas été clémente avec toi. Installe toi, si tu veux boire un verre, n’hésite pas à te servir, la bouteille est pour toi. » Il a un bref silence avant de trouver les mots, « c’est pour ces balafres que tu voulais me voir ? »
Invité
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Fin Juillet de l'an 3
Lagon Noir
Lagon Noir
Les affaires de Rowena avaient été soigneusement préparées par les gens du manoir et Azulon avait déposer le tout chez de vieilles connaissances habitants à Courage. Les auberges, c'était bon pour les nomades et les aventuriers... C'était d'ailleurs en grande partie pour ça que la sirène que beaucoup prenaient pour une élémentaire de métal les aimait tant.
Lorsqu'elle avait appris que le fameux Lagon Noir dont parlait Monsieur Gracque dans sa lettre était un établissement de bain, elle avait sourit. C'était très attentionné de sa part d'inviter une sirène dans un lieu ou elle pouvait être elle-même. L'idée d'autres motivations moins avouables ne l'effleura pas plus que la pudeur sensée être conservée par les grandes dames Républicaines. La seule question qu'elle s'était posée, c'était la tenue qu'elle devait porter et surtout... devait-elle y aller masquer ou non ?
Au final, la raison la plus pragmatique l'avait emportée. Elle allait voir cet homme pour obtenir son aide sur ce problème précisément alors ça ne servait à rien de jouer les mijaurées, surtout face à quelqu'un qui avait forcément vu pire. En plusieurs milliers d'années, il avait forcément vu pire... Et puis il fallait qu'elle s'y fasse. Les fissures ténébreuses ne disparaitraient pas de son visage de si tôt.
Elle s'était présenter à ses hôtes avec son voile de deuil, évitant de les confronté aux marques de son mal... Mais dans sa chambre, avec Azulon comme seul témoin, elle avait passé un moment à se regarder dans le miroir avant de partir. Une bonne année de convalescence... et elle ne se reconnaissait toujours pas. D'un bras, elle enlaça sa propre taille et soupira. Ses cheveux courts flottaient au dessus de ses épaules, simplement coiffés. Deux fines boucles d'oreille en acier, finement ciselé pour représenter l'emblème des Ironsoul, pendaient de chaque côté de son visage au teint d'ivoire dépourvu de couleur. Son corps habitué à la guerre avait bien moins de rondeurs qu'autre fois. A ses propres yeux, elle avait perdue beaucoup mêmes si à ceux de la plupart des autres, elle restait d'une grande beauté... a l'exception de son visage, ce qui était tout de même assez gênant.
Plus légère que d'ordinaire lors de ses rencontres officielles, elle était ressortie en portant une robe de soie noire laissant ses épaules dégagées et serrée par un corset de velours auquel était attaché une sacoche de cuir noir. Une cape tout aussi légère pour limiter la fraicheur nocturne et elle avait pris la direction du Lagon Noir, laissant un Azulon préoccupé sur le pas de la porte du manoir de leurs hôtes.
A l'entré de l'établissement, une belle fem... Vampire. Vues les canines, c'était une vampire. Les rares vampires qu'avaient vu Rowena étaient entre quatre murs. Sauf l'homme qu'elle venait voir bien sûr... Et une autre qui... Mais le temps n'était pas aux souvenirs. La tenancière lui indiqua vers quelle chambre se diriger, après avoir scrutée l’accoutrement de sa visiteuse... notamment le pendentif en forme de cigogne en vol qui ornait son décolleté de façon particulièrement avantageuse. Une rencontre de travail... Le "on va dire ça " de son client prenait tout son sens... S'il n'y avait pas eu ces cicatrices noires... M'enfin chacun ses goûts.
La pénombre ambiante est reposante. Le silence également. Tout suppure le luxe. Pas les manières ostentatoires. Non. Le VRAI luxe. Celui qu'on trouve dans les détails. Dans le parfum des bougies uniquement constituées de cire d'abeille et non de suif. Dans la qualité du tapis épais sous ses pieds. Dans le grain du verni dont était couvert chaque porte. Cette fois, l'idée qu'il est tout de même un peu étrange de lui donner rendez-vous dans un lieu pareil effleure l'esprit de la jeune femme, mais elle ne s'en inquiète pas plus que ça. Elle doute que l'homme qu'elle a croisé près de dix ans plus tôt aux funérailles de sa mère en veuille à sa vertu.
Par réflexes, la jeune femme avait noté chaque embranchement et lancé ses sens magiques à la découverte des lieux pour effacer de son chemin pièges et illusions. Puis, une fois à la porte indiquée, elle frappa trois petits coups, s'efforçant de ravaler ses perceptions parce que cela troublait parfois les gens.
Une voix l'invita à entrer, ce qu'elle fit, refermant le battant derrière elle avant de se tourner pleinement vers son hôte.
Un instant, à côté des couloirs aux lumières tamisées, les lumières qui brillent dans la chambre l'agresse et elle plisse les yeux. Mais durant cet instant, son hôte peut clairement voir ses yeux entièrement noir, gobé par la pupille dilatée qui avale le moindre trait de lumière pour y voir en pleine nuit comme en plein jour. Puis il n'en reste qu'un, d’œil noir, la pupille bleu saphir se distinguant à peine sur la scellera d'encre.
- Ne fait pas cette tête, tu as forcément vu pire en plusieurs milliers d'années d’existence. "
Elle sourit jaune, la partie de sa bouche atteinte bougeant et étirant les cicatrices. Sa main se porta vers ses cicatrices pour cacher un peu le massacre par réflexe. Un geste totalement vain mais qu'elle n'avait pas encore réussit à perdre.
- C'est même pas aussi laid que la Malédiction des Montagnes.
Le Mal qui rongeait les Ironsoul. En dehors de la famille, on en parlait pas. Gail en serait morte comme une grande majorité des membres de leur lignée si elle n'avait pas été assassinée avant. Les élémentaires de la famille étaient particulièrement puissants dans leur contrôle du métal... mais cela se payait. La magie finissait par le changer peu à peu en métal jusqu'à ce qu'il ne reste d'eux qu'une statue qu'ils ne puissent plus faire bouger. Les sculptures sur les gisants dans la crypte familiale sous le domaine n'étaient pas des sculptures... et bien peu avaient un air paisible.
... Mais en terme de marques impressionnantes, on pouvait quand même se poser aisément la question.
- Merci, je veux bien boire quelque chose. " le remercia-t-elle en tirant l'une des chaise de la table, retirant sa cape pour se mettre à l'aise. " Je ne sais pas si la guerre a épargner grand monde. Et non... Enfin si tu pense pouvoir faire quelque chose pour les cicatrices, je ne dirais pas non, mais il y a bien plus préoccupant et comme je te l'ai dit dans ma lettre, j'ai l'espoir qu'avec ton érudition, tu pourras m'aider à trouver une solution. Tu as déjà entendu parlé de la Pourriture de Xo'Rath ?
Elle plissa de nouveau les yeux en détournant la tête de la table sur laquelle l'homme avait galamment installé plusieurs chandelles de façon à ce que son invitée ne se sente pas oppressée. De sa sacoche, elle avait sorti un petit paquet enroulé dans du velours rouge.
- Pardon, mais ça te dérange si on éteint quelques bougies ? La journée à été longue et les lumières vives me fatiguent davantage les yeux... Enfin l'oeil.
Invité
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« J’ai vu pire, oui. » Répond Vindicar en s’efforçant de ne pas regarder les cicatrices de l’ancienne Ironsouls.
Bien sûr, il y a toujours plus immonde : le type qui s’était fait arraché la mâchoire d’un coup de hache, le môme dont la mère était alcoolique. Néanmoins, c’est surtout la différence qui fait tâche : il a connu Rowena à une époque où elle était belle, sans balafre. C’est plutôt la destruction de ce qu’elle était, qui lui arrache une grimace.
« Dans tous les cas… » Il allait dire qu’elle a pris cher, mais elle a déjà l’entendre plus d’une fois. Alors, au lieu d’enfoncer un clou déjà bien martelé, il va sur un autre terrain. « Ça n’enlève rien à ton charisme. » L’avantage d’avoir une voix portante, ou une bonne élocution.
On peut avoir une tête à faire sauter les bouches d’égout et avoir l’aura d’un Dieu. L’inverse est possible : on peut-être beau et avoir du charme jusqu’au moment où on prend la parole. Rowena, malgré la lèpre magique qui lui dévaste le visage, ressemble encore à quelque chose, on est loin de ceux qui ont la lèpre, la vraie, qui finissent littéralement sans visage, ou bien pour les plus habiles de leurs mains, caché derrière un masque de fer.
Néanmoins, l’heure n’est pas aux lamentations et il sert une coupe à Rowena.
N’empêche, elle était belle à une époque.
« C’est la guerre. » Résume Vindicar. Il est à peu près sûr que dans les campagnes les plus reculées, il y a des paysans qui ont juste constaté une augmentation des taxes, sans savoir qu’il y avait un conflit de fin du monde en arrière-plan. Les campagnes ont toujours été plus lentes à se mettre à la page, ce ne serait pas surprenant que la guerre soit arrivée en retard pour certains. « La pourriture de Xo’Rath, la preuve qu’on peut-être un Dieu et avoir des passe-temps de gueux. »
Ensuite ?
Ensuite elle lui demande si on peut éteindre les bougies et Vindicar crie à l’intérieur de lui-même. Il a bravé une nouvelle fois sa plus grande peur pour au final apprendre que ça ne servait à rien ? Elle lui demande l’air de rien si elle peut souffler quelques bougies, alors que lui a sué pour illuminer la pièce et ne pas passer pour un monstre de la nuit !
Il laisse transpirer toute son désarroi dans un vague geste de main, l’air de rien.
« Fait à ton bon plaisir Rowena. »
Une fois la lumière revenue à un niveau plus acceptable, le maître espion se contente de détailler ce qu’il sait : beaucoup. Toutefois, parce que ce qui brille n’éclaire pas forcément, il essaie de rester le plus concis possible, à commencer par ses yeux qui se mettent à briller.
« Tu m’excuseras pour le numéro de chat, c’est toujours comme ça quand je suis dans la pénombre. » Il regarde les flammes qui crépitent dans le foyer. « Je connais plusieurs médecins et sorciers qui ont travaillé sur la pourriture, mais aussi d’autres maladies magiques en général. Il y a un nombre effroyable de magiciens qui cherchent à imiter le vampirisme, souvent, leurs recherches les poussent à se documenter sur d’autres afflictions. Cela afin de mieux comprendre le fonctionnement des maladies. Si tu le souhaites, je peux te fournir une liste de gens qui auront des réponses à tes questions. De mon côté, je peux établir un premier diagnostic et essayer de t’aider, mais mes pouvoirs sont limités. » Il hésite un instant, puis reprend sans inflexion dans sa voix : elle doit avoir l’habitude, cela fait partie d’elle maintenant. « Tu ressens encore quelque chose à hauteur de la face touchée ? Ou alors, tu as perdu toute sensibilité ? »
Bien sûr, il y a toujours plus immonde : le type qui s’était fait arraché la mâchoire d’un coup de hache, le môme dont la mère était alcoolique. Néanmoins, c’est surtout la différence qui fait tâche : il a connu Rowena à une époque où elle était belle, sans balafre. C’est plutôt la destruction de ce qu’elle était, qui lui arrache une grimace.
« Dans tous les cas… » Il allait dire qu’elle a pris cher, mais elle a déjà l’entendre plus d’une fois. Alors, au lieu d’enfoncer un clou déjà bien martelé, il va sur un autre terrain. « Ça n’enlève rien à ton charisme. » L’avantage d’avoir une voix portante, ou une bonne élocution.
On peut avoir une tête à faire sauter les bouches d’égout et avoir l’aura d’un Dieu. L’inverse est possible : on peut-être beau et avoir du charme jusqu’au moment où on prend la parole. Rowena, malgré la lèpre magique qui lui dévaste le visage, ressemble encore à quelque chose, on est loin de ceux qui ont la lèpre, la vraie, qui finissent littéralement sans visage, ou bien pour les plus habiles de leurs mains, caché derrière un masque de fer.
Néanmoins, l’heure n’est pas aux lamentations et il sert une coupe à Rowena.
N’empêche, elle était belle à une époque.
« C’est la guerre. » Résume Vindicar. Il est à peu près sûr que dans les campagnes les plus reculées, il y a des paysans qui ont juste constaté une augmentation des taxes, sans savoir qu’il y avait un conflit de fin du monde en arrière-plan. Les campagnes ont toujours été plus lentes à se mettre à la page, ce ne serait pas surprenant que la guerre soit arrivée en retard pour certains. « La pourriture de Xo’Rath, la preuve qu’on peut-être un Dieu et avoir des passe-temps de gueux. »
Ensuite ?
Ensuite elle lui demande si on peut éteindre les bougies et Vindicar crie à l’intérieur de lui-même. Il a bravé une nouvelle fois sa plus grande peur pour au final apprendre que ça ne servait à rien ? Elle lui demande l’air de rien si elle peut souffler quelques bougies, alors que lui a sué pour illuminer la pièce et ne pas passer pour un monstre de la nuit !
Il laisse transpirer toute son désarroi dans un vague geste de main, l’air de rien.
« Fait à ton bon plaisir Rowena. »
Une fois la lumière revenue à un niveau plus acceptable, le maître espion se contente de détailler ce qu’il sait : beaucoup. Toutefois, parce que ce qui brille n’éclaire pas forcément, il essaie de rester le plus concis possible, à commencer par ses yeux qui se mettent à briller.
« Tu m’excuseras pour le numéro de chat, c’est toujours comme ça quand je suis dans la pénombre. » Il regarde les flammes qui crépitent dans le foyer. « Je connais plusieurs médecins et sorciers qui ont travaillé sur la pourriture, mais aussi d’autres maladies magiques en général. Il y a un nombre effroyable de magiciens qui cherchent à imiter le vampirisme, souvent, leurs recherches les poussent à se documenter sur d’autres afflictions. Cela afin de mieux comprendre le fonctionnement des maladies. Si tu le souhaites, je peux te fournir une liste de gens qui auront des réponses à tes questions. De mon côté, je peux établir un premier diagnostic et essayer de t’aider, mais mes pouvoirs sont limités. » Il hésite un instant, puis reprend sans inflexion dans sa voix : elle doit avoir l’habitude, cela fait partie d’elle maintenant. « Tu ressens encore quelque chose à hauteur de la face touchée ? Ou alors, tu as perdu toute sensibilité ? »
Invité
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Il a l'air de souffrir mille mort à l'idée d'éteindre quelques bougies... Pas banal pour un vampire. Mais elle avait trop envie d'éteindre pour insister plus d'une fois et souffla les bougies de la table. Son œil normal vira de nouveau au noir, la pupille si dilatée qu'on ne percevait qu'un faible anneau bleuté autour d'une abysse curieusement grande.
- Non, j'aime bien. ça me rappelle une très bonne amie. Tu m'excuse pour le côté démoniaque, c'est toujours comme ça dans la pénombre. " plaisanta-t-elle en retour, pointant à son tour ses yeux inhumains.
Par rapport à leur première et unique rencontre, elle était bien moins polie, bien moins protocolaire. L'humour n'était pas vraiment dans le ton au moment des funérailles de sa mère et de toute façon, elle avait son rang à tenir. Même le fait que Vindicar la tutoie avait été compliqué à l'époque. Mais aujourd'hui, elle semblait comme un poisson dans l'eau. Pas franchement épanouie, mais cyniquement bien plus détendue et avec plus d’aplomb que dix ans plus tôt.
Elle l'écouta expliqué comment il en était venu à connaitre cette maladie rare... Et lui proposer de suite son aide. Un léger sourire éclaira son visage, prouvant, si besoin en était encore, que le côté touché était tout à fait mobile malgré son irrégularité.
- C'est très gentil de ta part. Une liste d'experts m'aidera surement beaucoup et si tu veux bien jeter un œil par toi-même, ce serait parfait. Je ne cracherai sur aucune aide, tu peux me croire... " Elle posa pensivement la main sur le paquet enroulé de velours rouge. " A vrai dire, un premier diagnostique a déjà été posé... Douze fois. Par douze maîtres différents de Magic sur un an de recherche et de soin. Plus quelques médecins de guerre Reikois. " ajouta-t-elle d'un air désinvolte en s'emparant de la bouteille laissée là. Il lui avait proposé un verre après tout. " Ils sont tous unanime : syndrome magique inédit et incurable. J'ai pris de plein fouet une déflagration de magie sauvage résultant de la rencontre d'un sort lancé par un titan, un bouclier psychique et la destruction d'une puissante arme enchantée. Ils ont stabiliser ce qu'ils ont pu. Je te parlais de la pourriture parce que mes symptômes s'en rapprochent par certains aspects... Mais je ne pourrie pas. " crue-t-elle bon d'ajouter, vu comment il faisait son possible pour ne pas la regarder en face.
On se console comme on peut...
Elle porta le verre à ses lèvres sans en proposer un à son hôte. Rare étaient les vampires qui pouvaient ingérer autre chose que du sang... Et ceux qui le pouvaient n'appréciaient pas vraiment ça. Un détail que ses études au Razkaal lui avait permis de vérifier bien des fois. Puis si la bouteille n'était finalement pas du vin rouge, ce n'était pas elle que ça gênerait outre mesure.
- D'après les médecins, comme pour la pourriture, la magie détruit peu à peu mon âme. Les gens m'oublient et un jour prochains, si je ne trouve rien... il ne restera rien de moi. " Son ton s'était considérablement assombri. Ce n'était pas de la mort qu'ils parlaient mais bien de la disparition totale absolue et définitive de son essence la plus intime. Ce serait littéralement comme si elle n'avait jamais existé et personne ne s'en soucierait. " Mais la dégradation de mon état est beaucoup plus lente et mon corps se transforme lentement en... autre chose. " Elle désigna la moitié détruite de son visage gracile. " Ce ne sont pas des cicatrices, mais bien des fissures que tu vois. Ma peau devient sèche, glaciale et elle craque comme de la porcelaine... ou du verre... Et ne me demande pas ce qu'il y a dessous. Mon ancien mentor de magie curative à Magic a trouvé comment scellé cet effet mais pas avant que j'ai perdu mon œil et que mon teint de pêche. Un égrégore de mage a limité la propagation à mon visage. Pour l'instant ça ne s'étend plus. Mon sang est aussi sain que celui d'un simple nécromancien. Toutes mes fonctions vitales sont normales. Et pour répondre à ta question, je peux bouger à peu près normalement et je sais qu'on me touche, mais je n'ai plus aucune sensation sur toute la zone... Ni chaud, ni froid, ni agréable, ni douloureuse. Ah oui, et quand je m'endors, mon corps semble mourir. Plus de pouls. Plus de respiration. Impossible de me réveiller sans me rouer de coups. " Elle porta une fois de plus sa coupe à ses lèvres pour en enfiler deux longues gorgées avant de regarder Vindicar depuis l'ombre de ses longs cils immaculés.
Grand et large d'épaule à contre jour du feu, la chevelure brune du vampire prenait des teintes de sang et de lumière. Si son visage avait été moins neutre et fatigué, il aurait pu être charmant, mais là il avait surtout quelque chose de massif... Un peu comme une vieille armoire en bois. Bah tient... Ils faisaient la pair tous les deux. Deux joyeux lurons autour d'une conversation à leur mesure.
- Alors ? Pas mal la guerre, hein ? "
- Non, j'aime bien. ça me rappelle une très bonne amie. Tu m'excuse pour le côté démoniaque, c'est toujours comme ça dans la pénombre. " plaisanta-t-elle en retour, pointant à son tour ses yeux inhumains.
Par rapport à leur première et unique rencontre, elle était bien moins polie, bien moins protocolaire. L'humour n'était pas vraiment dans le ton au moment des funérailles de sa mère et de toute façon, elle avait son rang à tenir. Même le fait que Vindicar la tutoie avait été compliqué à l'époque. Mais aujourd'hui, elle semblait comme un poisson dans l'eau. Pas franchement épanouie, mais cyniquement bien plus détendue et avec plus d’aplomb que dix ans plus tôt.
Elle l'écouta expliqué comment il en était venu à connaitre cette maladie rare... Et lui proposer de suite son aide. Un léger sourire éclaira son visage, prouvant, si besoin en était encore, que le côté touché était tout à fait mobile malgré son irrégularité.
- C'est très gentil de ta part. Une liste d'experts m'aidera surement beaucoup et si tu veux bien jeter un œil par toi-même, ce serait parfait. Je ne cracherai sur aucune aide, tu peux me croire... " Elle posa pensivement la main sur le paquet enroulé de velours rouge. " A vrai dire, un premier diagnostique a déjà été posé... Douze fois. Par douze maîtres différents de Magic sur un an de recherche et de soin. Plus quelques médecins de guerre Reikois. " ajouta-t-elle d'un air désinvolte en s'emparant de la bouteille laissée là. Il lui avait proposé un verre après tout. " Ils sont tous unanime : syndrome magique inédit et incurable. J'ai pris de plein fouet une déflagration de magie sauvage résultant de la rencontre d'un sort lancé par un titan, un bouclier psychique et la destruction d'une puissante arme enchantée. Ils ont stabiliser ce qu'ils ont pu. Je te parlais de la pourriture parce que mes symptômes s'en rapprochent par certains aspects... Mais je ne pourrie pas. " crue-t-elle bon d'ajouter, vu comment il faisait son possible pour ne pas la regarder en face.
On se console comme on peut...
Elle porta le verre à ses lèvres sans en proposer un à son hôte. Rare étaient les vampires qui pouvaient ingérer autre chose que du sang... Et ceux qui le pouvaient n'appréciaient pas vraiment ça. Un détail que ses études au Razkaal lui avait permis de vérifier bien des fois. Puis si la bouteille n'était finalement pas du vin rouge, ce n'était pas elle que ça gênerait outre mesure.
- D'après les médecins, comme pour la pourriture, la magie détruit peu à peu mon âme. Les gens m'oublient et un jour prochains, si je ne trouve rien... il ne restera rien de moi. " Son ton s'était considérablement assombri. Ce n'était pas de la mort qu'ils parlaient mais bien de la disparition totale absolue et définitive de son essence la plus intime. Ce serait littéralement comme si elle n'avait jamais existé et personne ne s'en soucierait. " Mais la dégradation de mon état est beaucoup plus lente et mon corps se transforme lentement en... autre chose. " Elle désigna la moitié détruite de son visage gracile. " Ce ne sont pas des cicatrices, mais bien des fissures que tu vois. Ma peau devient sèche, glaciale et elle craque comme de la porcelaine... ou du verre... Et ne me demande pas ce qu'il y a dessous. Mon ancien mentor de magie curative à Magic a trouvé comment scellé cet effet mais pas avant que j'ai perdu mon œil et que mon teint de pêche. Un égrégore de mage a limité la propagation à mon visage. Pour l'instant ça ne s'étend plus. Mon sang est aussi sain que celui d'un simple nécromancien. Toutes mes fonctions vitales sont normales. Et pour répondre à ta question, je peux bouger à peu près normalement et je sais qu'on me touche, mais je n'ai plus aucune sensation sur toute la zone... Ni chaud, ni froid, ni agréable, ni douloureuse. Ah oui, et quand je m'endors, mon corps semble mourir. Plus de pouls. Plus de respiration. Impossible de me réveiller sans me rouer de coups. " Elle porta une fois de plus sa coupe à ses lèvres pour en enfiler deux longues gorgées avant de regarder Vindicar depuis l'ombre de ses longs cils immaculés.
Grand et large d'épaule à contre jour du feu, la chevelure brune du vampire prenait des teintes de sang et de lumière. Si son visage avait été moins neutre et fatigué, il aurait pu être charmant, mais là il avait surtout quelque chose de massif... Un peu comme une vieille armoire en bois. Bah tient... Ils faisaient la pair tous les deux. Deux joyeux lurons autour d'une conversation à leur mesure.
- Alors ? Pas mal la guerre, hein ? "
Invité
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Vindicar écoute attentivement les paroles de Rowena et lorsqu’elle accepte qu’il jette un œil à sa blessure, il se force à regarder la frange ravagée. C’est moche, mais encore une fois, il y a toujours pire, de toute manière, c’est une maladie magique, le spectaculaire fait entièrement partie des symptômes.
La lèpre, on dirait la lèpre : le corps rongé par le mal, le visage qui se défigure lentement, l’aspect infamant, l’absence de contamination.
Il a un haussement de sourcil en entendant les premières paroles de sa camarade sur les médecins. Magic est une université et de son expérience, ce n’est pas nécessairement la plus « faculté » de toutes. C’est un organe à part, mais ancré dans le paysage politique de la République depuis un certain temps. S’ils sont doués, ils ne sont pas réputés pour leur ouverture d’esprit. Le Reike suit le même problème dans la mesure où ils suivent un enseignement standardisé qui est gage de compétence, mais pas toujours d’intelligence. Si tout le monde en est venu à la même conclusion, cette dernière continue de déplaire et c’est bien pour ça que Rowena est venue le voir : pour entendre un autre son de cloche.
De toute manière, à quand remonte le dernier débat à l’université ?
Encore que démolir les autres ne suffit pas et il faut proposer mieux à la place.
« Si je puis être honnête : tu es allé voir des gens qui ont reçu un enseignement standardisé. Que les douze larrons de Magic aient le même diagnostic est plutôt une preuve de la compétence de l’université à inculquer un programme, plutôt qu’un quelconque gage de fiabilité. Pour avoir eu le diplôme, je peux t’assurer qu’il y a de bonnes raisons pour laquelle valider une année est plus gratifiant qu’obtenir le papier. » Où l’avait-il mis d’ailleurs ? C’est peut-être ça le document qu’il avait oublié chez les Ironsouls en partant, il y a des siècles de cela, à moins qu’il n’ait gratté l’encre du parchemin pour écrire plus intéressant dessus ? « Quant au Reike, c’est à peu près le même commentaire que je pourrais faire : encore une fois, c’est un compliment à la standardisation imposée par l’Empire, plutôt qu’un testament de leur compétence. Non pas que je méprise les hommes du Reike, bien au contraire, simplement, toutes les épées se ressemblent si elles sont produites par le même forgeron. »
C’est bien pour ça que les vampires sont « vides » d’influence : chacun approche à sa manière les conflits. Contrairement aux étudiants de Magic et aux médecins du Reike, ils n’ont pas d’école spéciale pour devenir vampires. Chacun apprend de son maître, s’il veut bien se manifester et prendre sous son aile le nouveau venu. En général, ce sont les vieux vampires qui ont ce besoin impérieux d’avoir une progéniture, où ceux en quête d’une compagnie moins éphémère que les humains.
Vindicar écoute attentivement les paroles de Rowena sur son état clinique : il n’y a pas de doute à avoir, elle a passé un mauvais moment. Quant à savoir si c’est irréversible et incurable comme le disent les robes de la République et les scalpels de l’Empire, c’est moins sûr. Si elle avait été voir douze vampires pour se faire soigner, il y aurait eu douze avis différents puis six disputes, puis six controverses.
En un sens, c’est la beauté du vampirisme : on refuse de mourir parce qu’on a un égo, donc on le justifie en insultant ses rivaux par livres interposés. Vin’ aimerait bien dire qu’il est au-dessus de ça, mais il est probable qu’un jour, il s’engueule avec un maître-espion sur la meilleure manière de surveiller le peuple, mais aussi la cour.
Il a un sourire devant le sarcasme de la magicienne.
« J’aime bien ton nouveau maquillage. Il souligne bien les reliefs de ton visage. »
La vérité ? C’est qu’il recommence à la trouver belle : son charme domine les cicatrices. On trouve toujours l’autre beau au début. Ensuite, il redevient laid quand il fait des caprices inutiles : la couleur des rideaux, le culte des titans, les taxes de la République. Il y a toujours sujet à s’enlaidir.
Comme en parlant d’un éventuel traitement.
« Les experts que je vais te recommander, » dit-il en attrapant de quoi écrire, « ne sont pas nécessairement des gens qui ont été à Magic ou à Drakstrang. Certains sont des autodidactes, d’autres des sorciers qui étaient là avant que ces écoles n’existent. Voire même, ils sont antérieurs aux pays que nous connaissons. » Les vampires et les morts-vivants parviennent toujours à leurs fins. Tout en continuant d’écrire les noms, il poursuit sur le sujet brûlant : la malédiction. « Si tu ressens encore des choses et que le mal a été limité, c’est qu’il y a déjà de l’espoir. De nombreuses maladies étaient incurables jusqu’au jour où un mage leur trouve un contraire. »
Bien sûr, la fin du chemin est la même, qu’on soit roi ou mendiant, on finit par mourir. Toutefois, dans un monde où les titans ont été vaincus, deux fois, il semble improbable qu’une malédiction lancée par l’un d’eux le soit. Si le tisseur a été défait, sa tapisserie subira le même sort.
« Je peux essayer de faire quelque chose pour ton visage, je ne pense pas que ça dure dans le temps, mais ce sera déjà un bon début. Tu me permets ? » Entre ses mains apparaît une orbe transparente, qui renvoie des reflets de lumière, comme une bulle de savon.
Si ce n’est que le savon a la garantie d’éliminer la crasse. Reste à savoir si celle de Vindicare peut effacer celle d’un dieu.
La lèpre, on dirait la lèpre : le corps rongé par le mal, le visage qui se défigure lentement, l’aspect infamant, l’absence de contamination.
Il a un haussement de sourcil en entendant les premières paroles de sa camarade sur les médecins. Magic est une université et de son expérience, ce n’est pas nécessairement la plus « faculté » de toutes. C’est un organe à part, mais ancré dans le paysage politique de la République depuis un certain temps. S’ils sont doués, ils ne sont pas réputés pour leur ouverture d’esprit. Le Reike suit le même problème dans la mesure où ils suivent un enseignement standardisé qui est gage de compétence, mais pas toujours d’intelligence. Si tout le monde en est venu à la même conclusion, cette dernière continue de déplaire et c’est bien pour ça que Rowena est venue le voir : pour entendre un autre son de cloche.
De toute manière, à quand remonte le dernier débat à l’université ?
Encore que démolir les autres ne suffit pas et il faut proposer mieux à la place.
« Si je puis être honnête : tu es allé voir des gens qui ont reçu un enseignement standardisé. Que les douze larrons de Magic aient le même diagnostic est plutôt une preuve de la compétence de l’université à inculquer un programme, plutôt qu’un quelconque gage de fiabilité. Pour avoir eu le diplôme, je peux t’assurer qu’il y a de bonnes raisons pour laquelle valider une année est plus gratifiant qu’obtenir le papier. » Où l’avait-il mis d’ailleurs ? C’est peut-être ça le document qu’il avait oublié chez les Ironsouls en partant, il y a des siècles de cela, à moins qu’il n’ait gratté l’encre du parchemin pour écrire plus intéressant dessus ? « Quant au Reike, c’est à peu près le même commentaire que je pourrais faire : encore une fois, c’est un compliment à la standardisation imposée par l’Empire, plutôt qu’un testament de leur compétence. Non pas que je méprise les hommes du Reike, bien au contraire, simplement, toutes les épées se ressemblent si elles sont produites par le même forgeron. »
C’est bien pour ça que les vampires sont « vides » d’influence : chacun approche à sa manière les conflits. Contrairement aux étudiants de Magic et aux médecins du Reike, ils n’ont pas d’école spéciale pour devenir vampires. Chacun apprend de son maître, s’il veut bien se manifester et prendre sous son aile le nouveau venu. En général, ce sont les vieux vampires qui ont ce besoin impérieux d’avoir une progéniture, où ceux en quête d’une compagnie moins éphémère que les humains.
Vindicar écoute attentivement les paroles de Rowena sur son état clinique : il n’y a pas de doute à avoir, elle a passé un mauvais moment. Quant à savoir si c’est irréversible et incurable comme le disent les robes de la République et les scalpels de l’Empire, c’est moins sûr. Si elle avait été voir douze vampires pour se faire soigner, il y aurait eu douze avis différents puis six disputes, puis six controverses.
En un sens, c’est la beauté du vampirisme : on refuse de mourir parce qu’on a un égo, donc on le justifie en insultant ses rivaux par livres interposés. Vin’ aimerait bien dire qu’il est au-dessus de ça, mais il est probable qu’un jour, il s’engueule avec un maître-espion sur la meilleure manière de surveiller le peuple, mais aussi la cour.
Il a un sourire devant le sarcasme de la magicienne.
« J’aime bien ton nouveau maquillage. Il souligne bien les reliefs de ton visage. »
La vérité ? C’est qu’il recommence à la trouver belle : son charme domine les cicatrices. On trouve toujours l’autre beau au début. Ensuite, il redevient laid quand il fait des caprices inutiles : la couleur des rideaux, le culte des titans, les taxes de la République. Il y a toujours sujet à s’enlaidir.
Comme en parlant d’un éventuel traitement.
« Les experts que je vais te recommander, » dit-il en attrapant de quoi écrire, « ne sont pas nécessairement des gens qui ont été à Magic ou à Drakstrang. Certains sont des autodidactes, d’autres des sorciers qui étaient là avant que ces écoles n’existent. Voire même, ils sont antérieurs aux pays que nous connaissons. » Les vampires et les morts-vivants parviennent toujours à leurs fins. Tout en continuant d’écrire les noms, il poursuit sur le sujet brûlant : la malédiction. « Si tu ressens encore des choses et que le mal a été limité, c’est qu’il y a déjà de l’espoir. De nombreuses maladies étaient incurables jusqu’au jour où un mage leur trouve un contraire. »
Bien sûr, la fin du chemin est la même, qu’on soit roi ou mendiant, on finit par mourir. Toutefois, dans un monde où les titans ont été vaincus, deux fois, il semble improbable qu’une malédiction lancée par l’un d’eux le soit. Si le tisseur a été défait, sa tapisserie subira le même sort.
« Je peux essayer de faire quelque chose pour ton visage, je ne pense pas que ça dure dans le temps, mais ce sera déjà un bon début. Tu me permets ? » Entre ses mains apparaît une orbe transparente, qui renvoie des reflets de lumière, comme une bulle de savon.
Si ce n’est que le savon a la garantie d’éliminer la crasse. Reste à savoir si celle de Vindicare peut effacer celle d’un dieu.
Invité
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- Je ne savais pas que tu avait suivi le cursus d'honneur. J'ai suivi la branche médicale il y a une vingtaine d'années pour essayé d'aider Gail.
L'idée lui déplaisait un peu de mettre tous les mages les plus expérimentés et documentés de l'académie dans le même sac et de jeter le tout dans la rivière la plus proche... Mais d'un autre côté c'était exactement pour ça qu'elle était venue et son argumentaire était particulièrement convainquant. Elle appréciait suffisamment l'art pour attester de l'horreur que deviendrait une norme unique. Les artistes magiques qui sortaient de l'Académie n'étaient que très rarement dans ses chouchous de la saison même si leur maîtrise était incontestable.
Au moins n'a-t-il pas l'air trop dégouter en la regardant de plus près. Seulement très... très placide surtout. Il semblait y avoir tout un monde qui fourmillait de penser derrière ses iris de givre, mais bien trop loin pour qu'il en ressorte plus qu'un vague mouvement régulier et réglé. Elle le laisse inspecter, écouter et écrire, observant ses gestes avec attention. Une certaine surprise la traverse quand elle parvient à lui arracher un sourire d'un trait sarcastique après l'avalanche d'horreur qu'elle vient de poser sur la table. Mouvement qu'elle ne cache pas, à quoi bon ?
- Je suis preneuse de toutes les adresses. Le moindre progrès serait un bon point de départ. Je pourrais au moins avoir quelques données à croisées avec les expérimentations des pléiades. " Elle reçoit le parchemin et parcourt rapidement les noms et incline la tête sur le côté, faisant luire ses boucles d'oreille argentées dans la lumière de l'âtre. " ... Dit moi juste à quel point je dois être respectueuse et prudente pou garder la tête sur les épaules et ressortir entière de ces entretien... Et si je peux donner ton nom. Je comprendrais que tu ne veuille pas être impliqué.
C'était un informateur après tout. Qu'on le nomme espion, surveillant, administrateur de la mairie ou canard à trois pattes, cela impactait peu la nature de son travail et la discrétion qu'il devait sans doute maintenir pour l'exercer.
- L'espoir fait vivre... " elle cilla face au regard du non-mort, faillit chercher à se justifier et fini par un simple mouvement de main. " Tu m'as compris. "
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi désinvolte avec quelqu'un qui ne soit pas un inconnu... Ou Dactyle. Elle avait l'impression de pouvoir parler facilement, sans prendre de gant ni chercher à se faire plus lumineuse qu'elle ne l'était. Sans avoir à se mêler d'étiquette ou de bienséance non plus. Rien que sa tête et sa réflexion quand elle avait ouvert avaient posés un ton que beaucoup aurait pu prendre de travers mais qu'elle se prenait à apprécier.
Elle baissa les yeux sur l'orbe qui venait de de condenser entre ses doigts. Un frisson lui remonta la long du bras, hérissant sa peau d façon visible et faisant tressauter son épaule. Elle se redressa sur son siège, bougeant un peu pour chasser l'impression soudaine de la magie toute proche sur sa peau. La sensation de cette magie n'était pas désagréable ou agressive mais la vague que cela avait créé avait surprise la magicienne aux perceptions sensibles. Un coup d’œil un peu plus poussé et elle distinguait les flux blancs et bleutés d'une magie curative.
Elle reposa le paquet de velours sur ses genoux, jouant avec le rebord comme on se triture les doigts pour laisser s'évaporer une certaine tension. Les interventions magiques provoquaient toujours une certaine appréhension chez elle... Après tout, qui pouvait dire la façon dont son mal réagirait et si l'intervention d'une autre magie ne pourrait pas déstabiliser son scellement ? Mais retrouver un visage normal pour quelques jours était tentant... Plus encore, l'idée de peut-être pouvoir à nouveau dormir. Pas cet ersatz qui lui permettait de vaguement récupérer. Vraiment dormir, pourquoi pas même rêver... Pour une nuit ou deux...
Elle fini son verre d'un trait.
- Vas-y. " elle hocha la tête et s'avança tout au bord de sa chaise, le bras posé sur la table à côté de son verre vide. Elle capta son regard un instant. " Si ça marche... " Et bah quoi ? Bonne question... Ce serait inespéré et elle ne trouva rien à ajouter à part un sourire amusé mais pas franchement optimiste. " J'en profiterai sans doute pour faire quelque chose de stupide.
Lorsque la magie se répandit sur et sous sa peau, elle en eut à peine conscience... Puis ce fut une furieuse envie de se gratter, ce qui en soit était une grande avancée. Et enfin, l'effet s'atténua jusqu'à disparaitre. Lorsque le vampire estima qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait faire, l'aura glaciale qui se terrait dans la chair de la jeune femme, particulièrement abyssale et ancienne, il ne restait rien de ses fêlures. Sa peau lisse et sèche avait la fraicheur d'une balade par un matin d'hiver gelé. Seul son œil était encore d'un noir de jais sur lequel se discernait à peine sa pupille bleu saphir. Tendue, elle inspirait par le nez en de longs traits qu'elle essayait de garder sous contrôle.
L'idée lui déplaisait un peu de mettre tous les mages les plus expérimentés et documentés de l'académie dans le même sac et de jeter le tout dans la rivière la plus proche... Mais d'un autre côté c'était exactement pour ça qu'elle était venue et son argumentaire était particulièrement convainquant. Elle appréciait suffisamment l'art pour attester de l'horreur que deviendrait une norme unique. Les artistes magiques qui sortaient de l'Académie n'étaient que très rarement dans ses chouchous de la saison même si leur maîtrise était incontestable.
Au moins n'a-t-il pas l'air trop dégouter en la regardant de plus près. Seulement très... très placide surtout. Il semblait y avoir tout un monde qui fourmillait de penser derrière ses iris de givre, mais bien trop loin pour qu'il en ressorte plus qu'un vague mouvement régulier et réglé. Elle le laisse inspecter, écouter et écrire, observant ses gestes avec attention. Une certaine surprise la traverse quand elle parvient à lui arracher un sourire d'un trait sarcastique après l'avalanche d'horreur qu'elle vient de poser sur la table. Mouvement qu'elle ne cache pas, à quoi bon ?
- Je suis preneuse de toutes les adresses. Le moindre progrès serait un bon point de départ. Je pourrais au moins avoir quelques données à croisées avec les expérimentations des pléiades. " Elle reçoit le parchemin et parcourt rapidement les noms et incline la tête sur le côté, faisant luire ses boucles d'oreille argentées dans la lumière de l'âtre. " ... Dit moi juste à quel point je dois être respectueuse et prudente pou garder la tête sur les épaules et ressortir entière de ces entretien... Et si je peux donner ton nom. Je comprendrais que tu ne veuille pas être impliqué.
C'était un informateur après tout. Qu'on le nomme espion, surveillant, administrateur de la mairie ou canard à trois pattes, cela impactait peu la nature de son travail et la discrétion qu'il devait sans doute maintenir pour l'exercer.
- L'espoir fait vivre... " elle cilla face au regard du non-mort, faillit chercher à se justifier et fini par un simple mouvement de main. " Tu m'as compris. "
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été aussi désinvolte avec quelqu'un qui ne soit pas un inconnu... Ou Dactyle. Elle avait l'impression de pouvoir parler facilement, sans prendre de gant ni chercher à se faire plus lumineuse qu'elle ne l'était. Sans avoir à se mêler d'étiquette ou de bienséance non plus. Rien que sa tête et sa réflexion quand elle avait ouvert avaient posés un ton que beaucoup aurait pu prendre de travers mais qu'elle se prenait à apprécier.
Elle baissa les yeux sur l'orbe qui venait de de condenser entre ses doigts. Un frisson lui remonta la long du bras, hérissant sa peau d façon visible et faisant tressauter son épaule. Elle se redressa sur son siège, bougeant un peu pour chasser l'impression soudaine de la magie toute proche sur sa peau. La sensation de cette magie n'était pas désagréable ou agressive mais la vague que cela avait créé avait surprise la magicienne aux perceptions sensibles. Un coup d’œil un peu plus poussé et elle distinguait les flux blancs et bleutés d'une magie curative.
Elle reposa le paquet de velours sur ses genoux, jouant avec le rebord comme on se triture les doigts pour laisser s'évaporer une certaine tension. Les interventions magiques provoquaient toujours une certaine appréhension chez elle... Après tout, qui pouvait dire la façon dont son mal réagirait et si l'intervention d'une autre magie ne pourrait pas déstabiliser son scellement ? Mais retrouver un visage normal pour quelques jours était tentant... Plus encore, l'idée de peut-être pouvoir à nouveau dormir. Pas cet ersatz qui lui permettait de vaguement récupérer. Vraiment dormir, pourquoi pas même rêver... Pour une nuit ou deux...
Elle fini son verre d'un trait.
- Vas-y. " elle hocha la tête et s'avança tout au bord de sa chaise, le bras posé sur la table à côté de son verre vide. Elle capta son regard un instant. " Si ça marche... " Et bah quoi ? Bonne question... Ce serait inespéré et elle ne trouva rien à ajouter à part un sourire amusé mais pas franchement optimiste. " J'en profiterai sans doute pour faire quelque chose de stupide.
Lorsque la magie se répandit sur et sous sa peau, elle en eut à peine conscience... Puis ce fut une furieuse envie de se gratter, ce qui en soit était une grande avancée. Et enfin, l'effet s'atténua jusqu'à disparaitre. Lorsque le vampire estima qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait faire, l'aura glaciale qui se terrait dans la chair de la jeune femme, particulièrement abyssale et ancienne, il ne restait rien de ses fêlures. Sa peau lisse et sèche avait la fraicheur d'une balade par un matin d'hiver gelé. Seul son œil était encore d'un noir de jais sur lequel se discernait à peine sa pupille bleu saphir. Tendue, elle inspirait par le nez en de longs traits qu'elle essayait de garder sous contrôle.
Invité
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« Sois polie, n’insulte personne, apporte une bouteille de vin, mentionne que tu viens sur ma recommandation et normalement, tout se passera bien. Je suis maître espion, mon rôle est de gérer l’information, pas nécessairement de la collecter. Néanmoins, si tu restes au sein de la République, je peux t’introduire en personne à certaines personnes sur la liste. »
Ça paraît stupide, mais c’est un impératif logique du pouvoir : on attend d’un grand général d’être un bon logisticien, un bon orateur et un bon stratège. Qu’il sache manier l’épée est accessoire. Dans le même ordre d’esprit, Vindicare doit s’occuper de toutes les nouvelles qu’il perçoit via des informateurs, des espions et bien d’autres. C’est une source qui en regroupe bien d’autres, tant que c’est son nom qui est sur le billot, ça ne dérange pas. De toute manière, un enquêteur zélé réussira toujours à remonter une piste, ce qui compte, c’est de savoir brouiller les pistes et de faire le ménage derrière-soi pour lui rendre la vie dure.
L’espoir fait-vivre oui, l’ironie de sa camarade lui passe au-dessus de la tête.
Trop concentré sur ses pouvoirs et le rituel pour esquisser un trait d’humour, le maître-espion rassemble toutes les bases qu’il a pu acquérir et les assemble en un tout cohérent. Avoir une approche lucide et surtout, réparer le visage de Rowena, c’est l’essentiel. Il verra plus tard pour le reste.
Quelques instants plus tard, alors que la peau de la magicienne retrouve ses couleurs et que les fêlures ont quasiment disparus, ne laissent la place qu’à de très fins liserais blancs difficiles à voir, même pour un œil averti.
Vindicare a un bref spasme au coin des lèvres, satisfait qu’après toutes ces années, il ait encore de bons restes. Presque fier de son résultat, il prend un peu de recul pour mieux admirer les effets du sortilège.
Loin, très loin de la perfection, mais pour un vampire qui n’a eu guère usage de ses pouvoirs durant les cinq dernier millénaires ? Plutôt pas mal.
« Inutile de te tendre comme une corde de luth. » Déclare le maître espion d’un air satisfait, « j’ai terminé, ton visage est revenu plusieurs années en arrière, avant la malédiction. Il reste quelques cicatrices et ton œil est encore noir, mais tu as un sursis de quelques heures, voire quelques jours avant que la maladie ne reprenne ses droits. »
Il y avait quelque chose… d’étrange, presque choquant à voir la Rowena d’origine, comme il l’avait vu il y a des années à l’enterrement de la matriarche. C’est toujours un choc, de voir à quel point le temps et les évènements peuvent changer les individus.
Vindicare lui tend un miroir.
« Alors ? Comment te trouves-tu ? »
Il attend un petit peu, le temps qu’elle lui donne sa réponse et puisse constater le changement qui s’est opéré, avant de reprendre.
Ça paraît stupide, mais pour Vindicare elle est dans sa cité. Ce serait déplacé que de la faire venir jusqu’ici pour une simple liste de noms et un maquillage qui se sera complètement estompé d’ici une petite semaine. Il est dans les coutumes de la République de faire bon accueil et il ne compte pas déroger à la règle, même s’il ne peut pas sortir de jour pour des raisons évidentes.
« Tu restes en ville quelques temps ? Je me verrais mal te faire venir simplement pour un peu de vélin froissé. Si les dernières semaines ont été aussi éprouvantes que tu le décris, alors tu mérites une pinte. »
Ça paraît stupide, mais c’est un impératif logique du pouvoir : on attend d’un grand général d’être un bon logisticien, un bon orateur et un bon stratège. Qu’il sache manier l’épée est accessoire. Dans le même ordre d’esprit, Vindicare doit s’occuper de toutes les nouvelles qu’il perçoit via des informateurs, des espions et bien d’autres. C’est une source qui en regroupe bien d’autres, tant que c’est son nom qui est sur le billot, ça ne dérange pas. De toute manière, un enquêteur zélé réussira toujours à remonter une piste, ce qui compte, c’est de savoir brouiller les pistes et de faire le ménage derrière-soi pour lui rendre la vie dure.
L’espoir fait-vivre oui, l’ironie de sa camarade lui passe au-dessus de la tête.
Trop concentré sur ses pouvoirs et le rituel pour esquisser un trait d’humour, le maître-espion rassemble toutes les bases qu’il a pu acquérir et les assemble en un tout cohérent. Avoir une approche lucide et surtout, réparer le visage de Rowena, c’est l’essentiel. Il verra plus tard pour le reste.
Quelques instants plus tard, alors que la peau de la magicienne retrouve ses couleurs et que les fêlures ont quasiment disparus, ne laissent la place qu’à de très fins liserais blancs difficiles à voir, même pour un œil averti.
Vindicare a un bref spasme au coin des lèvres, satisfait qu’après toutes ces années, il ait encore de bons restes. Presque fier de son résultat, il prend un peu de recul pour mieux admirer les effets du sortilège.
Loin, très loin de la perfection, mais pour un vampire qui n’a eu guère usage de ses pouvoirs durant les cinq dernier millénaires ? Plutôt pas mal.
« Inutile de te tendre comme une corde de luth. » Déclare le maître espion d’un air satisfait, « j’ai terminé, ton visage est revenu plusieurs années en arrière, avant la malédiction. Il reste quelques cicatrices et ton œil est encore noir, mais tu as un sursis de quelques heures, voire quelques jours avant que la maladie ne reprenne ses droits. »
Il y avait quelque chose… d’étrange, presque choquant à voir la Rowena d’origine, comme il l’avait vu il y a des années à l’enterrement de la matriarche. C’est toujours un choc, de voir à quel point le temps et les évènements peuvent changer les individus.
Vindicare lui tend un miroir.
« Alors ? Comment te trouves-tu ? »
Il attend un petit peu, le temps qu’elle lui donne sa réponse et puisse constater le changement qui s’est opéré, avant de reprendre.
Ça paraît stupide, mais pour Vindicare elle est dans sa cité. Ce serait déplacé que de la faire venir jusqu’ici pour une simple liste de noms et un maquillage qui se sera complètement estompé d’ici une petite semaine. Il est dans les coutumes de la République de faire bon accueil et il ne compte pas déroger à la règle, même s’il ne peut pas sortir de jour pour des raisons évidentes.
« Tu restes en ville quelques temps ? Je me verrais mal te faire venir simplement pour un peu de vélin froissé. Si les dernières semaines ont été aussi éprouvantes que tu le décris, alors tu mérites une pinte. »
Invité
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- A force, j'ai du mal avec les interventions magique. ça n'est absolument pas contre toi. " expliqua-t-elle en soupirant, soulagée que ce soit fini.
Le cœur battant, elle prend le miroir et... sourit. Avec une pointe de nostalgie mais un sourire sincère malgré tout. C'était son visage... L’œil noir lui évitait d'avoir l'impression de se confronté à la face d'une étrangère, mais la symétrie de ses traits et de ses expression était de retour. Un éclat de rire cristallin s'effilocha dans l'air. Elle ne pensait pas que retrouver simplement figure humaine serait aussi plaisant. Elle aurait pu sortir dans n'importe quel endroit sans que quiconque n'y trouve à redire et si certains auraient été intrigués par son œil noir, c'était finalement un détail.
- C'est... Moi. " Elle lança un regard à son sauveur du jour avant de revenir à son propre reflet. " ça doit te sembler futile mais merci beaucoup.ça compte.
Bien sûr, son physique n'était pas ce qu'elle essayait de récupérer avant tout. Son âme était au centre de ses préoccupations et sa joie de vivre toujours nettement entamée par les deuils successifs qui l'avaient assaillie ces dernières années. Elle en avait eu plus que son compte depuis vingt-ans, mais là, la cadence s'accélérait rapidement. Mais au moins, retrouver cette image avait quelque chose de rassurant. Une fenêtre que le vampire avait ouverte pour lui donner un peu d'air. Aussi puérile que cela puisse paraitre, elle se trouvait belle à nouveau et l'esthète qu'elle était s'en trouvait soulagée.
Elle porta la main à la moitié nouvellement lisse de son visage, hésitant un instant avant que ses doigts ne se posent sur la peau fraiche... Et elle frémi. Elle sentait quelque chose. C'était diffus et lointain mais elle n'avait pas senti la pression que dans ses doigts. Enfin... si ? Hmmm...
- Touche ma joue. " demande-t-elle soudain avant de se rendre compte du côté cavalier et inattendu. " S'il te plait. C'est pour voir si je sens vraiment quelque chose.
Puis elle posa le miroir, un peu revigorée.
-Tu restes en ville quelques temps ?
- Oui. Je n'avais pas prévu de date de départ, alors s'il y a des gens à voir dans les environs je vais rester. Si ta proposition de faire les présentations tient toujours, ce serait avec plaisir. J'en profiterai peut-être pour passer voir s'il y a des griffons à la vente. Pourquoi ?
C'est avec un sourire assez rayonnant qu'elle répond. Une fois de plus sa voix fluide glisse comme de l'eau avec cette harmonie à la limite de l'inhumanité.
- Tu sais que ce vélin froissé vaut plus pour moi que la meilleur auberge de la ville ? Mais c'est gentil. ça me ferait plutôt plaisir en fait. Je risque seulement d'être un peu rouillée. " ricane-t-elle avec un haussement d'épaule.
Cela faisait... longtemps qu'elle n'était pas sortie dans une auberge ou un bar. Ce lieu était le plus proche qu'elle ait fréquenté avec l'Eden, une fois ou deux. Mais tous les nobles de Justices s'accordaient pour dire que l'Eden n'existait pas alors allez savoir si ça comptait.
- Mais avant il y a une petite chose... C'est pour toi.
Avant de finir par repartir avec, elle posa à nouveau le paquet de velours rouge sur la table et le poussa vers son hôte sans l'ouvrir. Tout le tissus, il y avait un livre. Une robe de cuir vert embossé d'or qui n'avait que quelques années, refaite par deux fois en même temps que la reliure. Des feuillets jaunis et craquant vieux de plusieurs siècles. Une odeur de vieille encre qui embaumait dès que l'imprudent soulevait la couverture. La jeune femme laissa le vampire prendre connaissance de l'objet et du titre sur la première page à l'intérieur : " Les contes de du corbeau blanc. " Sur cette même première page, d'une plume penchée et élégante, un petit petit mot avait été ajouté : " De Rowena à Vindicar. Merci pour ton aide précieuse. " suivit de la date du jour.
- Si ma mémoire est bonne on s'était croisé dans la bibliothèque le soir des funérailles. J'ai récemment remis la main sur certains beaux livres de Gail. Celui-ci est un recueil de contes traditionnels de Justice, qui remontent à l'époque du clan du Corbeau. Je ne sais pas si ça te plaira mais je ne voulais pas venir les mains vide. Que tu aies accepté de me rencontré a vraiment été in soulagement... Même si j'avoue m'être posé quelque questions quand j'ai vu l'endroit. Au début je pensais que tu voulais simplement me mettre à l'aise. Inviter une sirène dans une maison de bain, c'est plutôt sympa.
Elle avait embrayé, avec légèreté, sans appesantir sur ses remerciement pour ne pas le mettre mal à l'aise. S'il le souhaitait, il avait une porte toute trouvée pour expédier le présent. Un réflexe d'éducation de la part de l'Ironsoul... Mais elle n'aurait su dire si c'était une ruse de diplomate, de la simple étiquette ou juste une façon d'être prévenante.
En tout cas, le cadeau, lui, n'était pas entièrement désintéressé. Elle avait l'espoir futile qu'avec un cadeau ou figurait son nom, même caché entre les pages d'un ouvrage dont il se fichait sans doute, il l'oublierait moins vite. Une sorte de talisman qui à défaut d'avoir un quelconque impacte avéré, ne pouvait pas faire de mal.
Le cœur battant, elle prend le miroir et... sourit. Avec une pointe de nostalgie mais un sourire sincère malgré tout. C'était son visage... L’œil noir lui évitait d'avoir l'impression de se confronté à la face d'une étrangère, mais la symétrie de ses traits et de ses expression était de retour. Un éclat de rire cristallin s'effilocha dans l'air. Elle ne pensait pas que retrouver simplement figure humaine serait aussi plaisant. Elle aurait pu sortir dans n'importe quel endroit sans que quiconque n'y trouve à redire et si certains auraient été intrigués par son œil noir, c'était finalement un détail.
- C'est... Moi. " Elle lança un regard à son sauveur du jour avant de revenir à son propre reflet. " ça doit te sembler futile mais merci beaucoup.ça compte.
Bien sûr, son physique n'était pas ce qu'elle essayait de récupérer avant tout. Son âme était au centre de ses préoccupations et sa joie de vivre toujours nettement entamée par les deuils successifs qui l'avaient assaillie ces dernières années. Elle en avait eu plus que son compte depuis vingt-ans, mais là, la cadence s'accélérait rapidement. Mais au moins, retrouver cette image avait quelque chose de rassurant. Une fenêtre que le vampire avait ouverte pour lui donner un peu d'air. Aussi puérile que cela puisse paraitre, elle se trouvait belle à nouveau et l'esthète qu'elle était s'en trouvait soulagée.
Elle porta la main à la moitié nouvellement lisse de son visage, hésitant un instant avant que ses doigts ne se posent sur la peau fraiche... Et elle frémi. Elle sentait quelque chose. C'était diffus et lointain mais elle n'avait pas senti la pression que dans ses doigts. Enfin... si ? Hmmm...
- Touche ma joue. " demande-t-elle soudain avant de se rendre compte du côté cavalier et inattendu. " S'il te plait. C'est pour voir si je sens vraiment quelque chose.
Puis elle posa le miroir, un peu revigorée.
-Tu restes en ville quelques temps ?
- Oui. Je n'avais pas prévu de date de départ, alors s'il y a des gens à voir dans les environs je vais rester. Si ta proposition de faire les présentations tient toujours, ce serait avec plaisir. J'en profiterai peut-être pour passer voir s'il y a des griffons à la vente. Pourquoi ?
C'est avec un sourire assez rayonnant qu'elle répond. Une fois de plus sa voix fluide glisse comme de l'eau avec cette harmonie à la limite de l'inhumanité.
- Tu sais que ce vélin froissé vaut plus pour moi que la meilleur auberge de la ville ? Mais c'est gentil. ça me ferait plutôt plaisir en fait. Je risque seulement d'être un peu rouillée. " ricane-t-elle avec un haussement d'épaule.
Cela faisait... longtemps qu'elle n'était pas sortie dans une auberge ou un bar. Ce lieu était le plus proche qu'elle ait fréquenté avec l'Eden, une fois ou deux. Mais tous les nobles de Justices s'accordaient pour dire que l'Eden n'existait pas alors allez savoir si ça comptait.
- Mais avant il y a une petite chose... C'est pour toi.
Avant de finir par repartir avec, elle posa à nouveau le paquet de velours rouge sur la table et le poussa vers son hôte sans l'ouvrir. Tout le tissus, il y avait un livre. Une robe de cuir vert embossé d'or qui n'avait que quelques années, refaite par deux fois en même temps que la reliure. Des feuillets jaunis et craquant vieux de plusieurs siècles. Une odeur de vieille encre qui embaumait dès que l'imprudent soulevait la couverture. La jeune femme laissa le vampire prendre connaissance de l'objet et du titre sur la première page à l'intérieur : " Les contes de du corbeau blanc. " Sur cette même première page, d'une plume penchée et élégante, un petit petit mot avait été ajouté : " De Rowena à Vindicar. Merci pour ton aide précieuse. " suivit de la date du jour.
- Si ma mémoire est bonne on s'était croisé dans la bibliothèque le soir des funérailles. J'ai récemment remis la main sur certains beaux livres de Gail. Celui-ci est un recueil de contes traditionnels de Justice, qui remontent à l'époque du clan du Corbeau. Je ne sais pas si ça te plaira mais je ne voulais pas venir les mains vide. Que tu aies accepté de me rencontré a vraiment été in soulagement... Même si j'avoue m'être posé quelque questions quand j'ai vu l'endroit. Au début je pensais que tu voulais simplement me mettre à l'aise. Inviter une sirène dans une maison de bain, c'est plutôt sympa.
Elle avait embrayé, avec légèreté, sans appesantir sur ses remerciement pour ne pas le mettre mal à l'aise. S'il le souhaitait, il avait une porte toute trouvée pour expédier le présent. Un réflexe d'éducation de la part de l'Ironsoul... Mais elle n'aurait su dire si c'était une ruse de diplomate, de la simple étiquette ou juste une façon d'être prévenante.
En tout cas, le cadeau, lui, n'était pas entièrement désintéressé. Elle avait l'espoir futile qu'avec un cadeau ou figurait son nom, même caché entre les pages d'un ouvrage dont il se fichait sans doute, il l'oublierait moins vite. Une sorte de talisman qui à défaut d'avoir un quelconque impacte avéré, ne pouvait pas faire de mal.
Invité
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Vindicare a un petit sourire en entendant les remerciements de Rowena, ce n’est pas grand-chose. Juste un petit tour de magie qu’il a développé au fil des années.
Jusqu’au fameux « touche ma joue », il se permet d’hausser les sourcils, un brin surpris par la requête de la magicienne : il ne la pensait pas du genre à se laisser caresser le visage dès le premier soir, mais il faut croire que les mœurs ont eu le temps d’évoluer en 5000 ans (de son temps, on se tenait la main à la fin du premier rendez-vous, la joue venait plus tard). Il croise les bras, l’air un peu ironique, avant que l’autre ne se justifie bien vite.
Si c’est pour voir si elle sent quelque chose…
Il s’exécute et caresse délicatement sa joue du revers de la main.
Une fois que la blonde s’est rendue compte de sa sensibilité nouvelle, ne serait-ce que pour quelques heures, il est l’heure de régler les détails plus ordinaires de la rencontre. Néanmoins, la routine a du bon : depuis la guerre, il y a une recrudescence des troubles et tout le monde s’obstine à accomplir ses objectifs, parfois en oubliant de vivre à côté.
C’est pour ça qu’ils étaient dans la meilleure auberge de la cité, peut-être que le parchemin était le centre de leur rencontre, mais la forme compte autant que le fond. La preuve : elle aussi a ramené un petit cadeau alors qu’elle n’était pas obligée.
« Oh, merci beaucoup. » Il déballe soigneusement le paquet de velours.
Belle couverture, avec de l’or et du cuir, les cahiers noués ensembles pour former un seul gros livre, feuillet replié quatre fois pour obtenir une taille convenable. Loin d’être un livre strictement éducatif comme le pouvait être un miroir au prince, il y a aussi une valeur pécuniaire indéniable à ce manuscrit : les copistes travaillent lentement et souvent, c’est une industrie de petites mains qui produisent les livres. Vindicare ignore si c’est l’œuvre d’une seule personne, où un de ces fameux ouvrages commandé à des maisons de copistes, mais dans tous les cas, c’est un livre qui a sa place dans une bibliothèque autant qu’une salle du trésor. Rowena ne s’est pas moquée de lui.
Surtout lorsqu’il ouvre la couverture, il y a cette odeur de vieux qui pique la gorge, avec une dédicace qui fait plaisir.
« Merci beaucoup Rowena, c’est un cadeau qui me touche beaucoup. » Gail était une patronne difficile par moment, mais c’était aussi une amatrice de livres.
Ça semble stupide dit comme ça, mais quand on sait le nombre de missives, rouleaux et grimoires dont on gratte l’encre pour réutiliser le parchemin… Probablement que les livres étaient une manière de perpétuer un savoir condamné à s’éteindre.
Certains diraient que c’est un cadeau assez piteux, qu’elle a embarqué le premier bouquin qu’elle a trouvé dans les étagères de Grail. En pratique, avec la guerre, les autodafés et l’effondrement de la tradition hagiographique (pourquoi écrire des livres sur des dieux qui ont été vaincus), c’est toujours un beau cadeau. Dans les vieux contes de Justice on retrouve toujours des éléments intéressants de l’époque, des détails qui ne font sens que pour les vieux de la vieille.
Vindicare feuillette quelque peu l’ouvrage : juste à voir les pliures faites dans le cuir, on voit tout de suite que le bouquin est daté. C’est bien, il est d’époque. Il n’y a pas un scribe qui a reformulé une phrase parce qu’il ne la comprenait pas.
Le maître espion range le cadeau dans sa besace.
« C’est parfait. Pour répondre à te remarque de tout à l’heure : il faut faire bon accueil. »
Ils descendent se poser en bas, dans la salle principale : Sidra la tenancière ne fait pas le service en haut. C’est la règle d’or pour laisser son intimité aux clients.
« Vous revoilà avec la bouteille. » Déclare la patronne en venant avec un plateau sous le bras, « qu’est-ce que je vous sers ?
-Deux pintes de bière.
-Alourdie ? » Demande la vampire à son compatriote.
S’il n’y a pas une goutte de sang, c’est très probable qu’il finisse par tout vomir quelques heures plus tard. Alors, pour éviter d’avoir un client qui rende ses tripes devant son établissement, autant s’assurer que le houblon passe bien.
« Alourdie, du bœuf s’il te plaît.
-C’est noté. »
Une fois la commande prise, elle s’éclipse en arrière-salle.
Pour Vindicare, cela allait faire un certain temps qu’il n’avait pas pris une bière au sens premier du terme. Certes, il payait la boisson à ses informateurs, à chaque rendez-vous il offre le premier verre, mais plus dans un souci de conserver de bonnes relations que par amitié véritable. C’est rare de boire pour le loisir.
« Je peux t’accompagner pour ceux qui habitent en ville, oui. Je ferai les présentations. Le plus apte à t’aider serait sans doute Briarée. C’est un vampire qui vit dans les égouts de la ville, il passe le plus clair de son temps à travailler sur les malédictions, il en saura plus que nous. »
Jusqu’au fameux « touche ma joue », il se permet d’hausser les sourcils, un brin surpris par la requête de la magicienne : il ne la pensait pas du genre à se laisser caresser le visage dès le premier soir, mais il faut croire que les mœurs ont eu le temps d’évoluer en 5000 ans (de son temps, on se tenait la main à la fin du premier rendez-vous, la joue venait plus tard). Il croise les bras, l’air un peu ironique, avant que l’autre ne se justifie bien vite.
Si c’est pour voir si elle sent quelque chose…
Il s’exécute et caresse délicatement sa joue du revers de la main.
Une fois que la blonde s’est rendue compte de sa sensibilité nouvelle, ne serait-ce que pour quelques heures, il est l’heure de régler les détails plus ordinaires de la rencontre. Néanmoins, la routine a du bon : depuis la guerre, il y a une recrudescence des troubles et tout le monde s’obstine à accomplir ses objectifs, parfois en oubliant de vivre à côté.
C’est pour ça qu’ils étaient dans la meilleure auberge de la cité, peut-être que le parchemin était le centre de leur rencontre, mais la forme compte autant que le fond. La preuve : elle aussi a ramené un petit cadeau alors qu’elle n’était pas obligée.
« Oh, merci beaucoup. » Il déballe soigneusement le paquet de velours.
Belle couverture, avec de l’or et du cuir, les cahiers noués ensembles pour former un seul gros livre, feuillet replié quatre fois pour obtenir une taille convenable. Loin d’être un livre strictement éducatif comme le pouvait être un miroir au prince, il y a aussi une valeur pécuniaire indéniable à ce manuscrit : les copistes travaillent lentement et souvent, c’est une industrie de petites mains qui produisent les livres. Vindicare ignore si c’est l’œuvre d’une seule personne, où un de ces fameux ouvrages commandé à des maisons de copistes, mais dans tous les cas, c’est un livre qui a sa place dans une bibliothèque autant qu’une salle du trésor. Rowena ne s’est pas moquée de lui.
Surtout lorsqu’il ouvre la couverture, il y a cette odeur de vieux qui pique la gorge, avec une dédicace qui fait plaisir.
« Merci beaucoup Rowena, c’est un cadeau qui me touche beaucoup. » Gail était une patronne difficile par moment, mais c’était aussi une amatrice de livres.
Ça semble stupide dit comme ça, mais quand on sait le nombre de missives, rouleaux et grimoires dont on gratte l’encre pour réutiliser le parchemin… Probablement que les livres étaient une manière de perpétuer un savoir condamné à s’éteindre.
Certains diraient que c’est un cadeau assez piteux, qu’elle a embarqué le premier bouquin qu’elle a trouvé dans les étagères de Grail. En pratique, avec la guerre, les autodafés et l’effondrement de la tradition hagiographique (pourquoi écrire des livres sur des dieux qui ont été vaincus), c’est toujours un beau cadeau. Dans les vieux contes de Justice on retrouve toujours des éléments intéressants de l’époque, des détails qui ne font sens que pour les vieux de la vieille.
Vindicare feuillette quelque peu l’ouvrage : juste à voir les pliures faites dans le cuir, on voit tout de suite que le bouquin est daté. C’est bien, il est d’époque. Il n’y a pas un scribe qui a reformulé une phrase parce qu’il ne la comprenait pas.
Le maître espion range le cadeau dans sa besace.
« C’est parfait. Pour répondre à te remarque de tout à l’heure : il faut faire bon accueil. »
Ils descendent se poser en bas, dans la salle principale : Sidra la tenancière ne fait pas le service en haut. C’est la règle d’or pour laisser son intimité aux clients.
« Vous revoilà avec la bouteille. » Déclare la patronne en venant avec un plateau sous le bras, « qu’est-ce que je vous sers ?
-Deux pintes de bière.
-Alourdie ? » Demande la vampire à son compatriote.
S’il n’y a pas une goutte de sang, c’est très probable qu’il finisse par tout vomir quelques heures plus tard. Alors, pour éviter d’avoir un client qui rende ses tripes devant son établissement, autant s’assurer que le houblon passe bien.
« Alourdie, du bœuf s’il te plaît.
-C’est noté. »
Une fois la commande prise, elle s’éclipse en arrière-salle.
Pour Vindicare, cela allait faire un certain temps qu’il n’avait pas pris une bière au sens premier du terme. Certes, il payait la boisson à ses informateurs, à chaque rendez-vous il offre le premier verre, mais plus dans un souci de conserver de bonnes relations que par amitié véritable. C’est rare de boire pour le loisir.
« Je peux t’accompagner pour ceux qui habitent en ville, oui. Je ferai les présentations. Le plus apte à t’aider serait sans doute Briarée. C’est un vampire qui vit dans les égouts de la ville, il passe le plus clair de son temps à travailler sur les malédictions, il en saura plus que nous. »
Invité
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Le fait de retrouver des sensations, mêmes lointaine, avait accroché le moral de la sirène bien plus haut qu'il ne l'avait été depuis des mois. En soit ce n'était pas du ciel bleu mais c'était déjà ça. Le fait que Vindicar ait eu l'air d'apprécier son présent lui avait également fait plaisir. Elle s'était demandé ce qu'un vampire plurimillénaire pouvait apprécié et parmi les livres de la bibliothèque celui-ci lui avait paru à la fois authentique et intéressant. L'un dans l'autre, c'était un excellent début de soirée... Et elle n'aurait jamais accepté si ça n'avait pas été pour de très bonnes raisons pratiques alors elle en était d'autant plus improbable.
En s'asseyant à table sous les lumières tamisées, elle perçu la réaction à peine perceptible de Sidra en apercevant son visage, avant qu'elle ne se concentre sur son hôte. A la mention de l'alourdissement, elle fronça les sourcils. Oh ! Intéressant.
- Vous pouvez m'en mettre aussi un godets en plus de ma pinte ? ... Quoi ? J'aimerai goûter. " sourit-elle, l'air particulièrement avenant, à l'expression interloquée de la patronne. Puis après tout, du moment que la consommation était payée... " Je ne savais pas que tu pouvais boire de l'alcool... Ni même que ça avait le moindre effet sur les vampires. Je suis désolée. Je t'en aurai proposé en remplissant mon verre à l'étage. "
Puis ils en reviennent à la liste... Qu'elle a laissée en haut avec son sac, quelle idiote. L'organisation de ce rendez-vous propersonnel n'était pas des plus typiques mais après tout elle lui faisait confiance pour connaitre les personnes dont il avait noté le nom.
Malgré l'heure tardive de cette nuit d'été, l'endroit était tout à fait vivant. Les tables, espacées, permettaient aux convives de parler calmement sans hausser le ton et sans que le niveau sonore de la pièce ne monte se trop. Les couleurs s'harmonisaient gentiment et les quelques odeurs qui flottaient promettaient plutôt de très bons produits. Tout en écoutant son vis à vis, la jeune femme n'arrêtait pas de caresser pensivement sa joue du revers des doigts.
- Briarée... Ok. Je me tiendrai à ta disposition. De toute façon je suis en permissions donc mes obligations ne sont pas à un horaire fixe. " et encore " Tu disais tout à l'heure que tu avais été diplomé de Magic... Je suis curieuse, c'est récent ou...
En s'asseyant à table sous les lumières tamisées, elle perçu la réaction à peine perceptible de Sidra en apercevant son visage, avant qu'elle ne se concentre sur son hôte. A la mention de l'alourdissement, elle fronça les sourcils. Oh ! Intéressant.
- Vous pouvez m'en mettre aussi un godets en plus de ma pinte ? ... Quoi ? J'aimerai goûter. " sourit-elle, l'air particulièrement avenant, à l'expression interloquée de la patronne. Puis après tout, du moment que la consommation était payée... " Je ne savais pas que tu pouvais boire de l'alcool... Ni même que ça avait le moindre effet sur les vampires. Je suis désolée. Je t'en aurai proposé en remplissant mon verre à l'étage. "
Puis ils en reviennent à la liste... Qu'elle a laissée en haut avec son sac, quelle idiote. L'organisation de ce rendez-vous propersonnel n'était pas des plus typiques mais après tout elle lui faisait confiance pour connaitre les personnes dont il avait noté le nom.
Malgré l'heure tardive de cette nuit d'été, l'endroit était tout à fait vivant. Les tables, espacées, permettaient aux convives de parler calmement sans hausser le ton et sans que le niveau sonore de la pièce ne monte se trop. Les couleurs s'harmonisaient gentiment et les quelques odeurs qui flottaient promettaient plutôt de très bons produits. Tout en écoutant son vis à vis, la jeune femme n'arrêtait pas de caresser pensivement sa joue du revers des doigts.
- Briarée... Ok. Je me tiendrai à ta disposition. De toute façon je suis en permissions donc mes obligations ne sont pas à un horaire fixe. " et encore " Tu disais tout à l'heure que tu avais été diplomé de Magic... Je suis curieuse, c'est récent ou...
Invité
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Du sang dans la bière pour madame ? Vindicare a un haussement d’épaule, il y a bien des tributs nomades dans le grand Nord qui boivent le sang de leurs montures durant les heures les plus froides. Alors pourquoi pas une sirène. Sidra a une moue surprise, puis la seconde d’après a déjà gommé cet étonnement au profit d’une indifférence professionnel. Elle a un hochement de tête avant de repartir.
« Tu as bien fait de ne pas m’en proposer. » Répond le maître-espion. « Plus le temps passe, plus je perds en fonctions biologiques. Au tout début, je pouvais manger comme un homme normal. Mais aujourd’hui, je suis bien incapable d’avaler le moindre morceau de viande sans tomber malade, j’ai besoin de sang dans ma nourriture sinon mon estomac rejettera tout. » Fût une époque où il pouvait boire sans craindre des nausées terribles, mais aujourd’hui, tout doit avoir du sang.
S’il n’y a pas un goût ferreux sur le bout de la langue, alors ça ne passera pas. Il est probable que d’ici un millénaire ou deux, il n’ait même plus besoin de respirer.
« Ça a un bref effet, principalement parce que je bois peu. » Néanmoins, pour avoir déjà mordu des gens alcoolisés, il sait qu’il peut hériter de l’ivrognerie de ses victimes. Depuis, il ne croque jamais des fêtards, trop de risque de finir imbibé ou même d’avoir une maladie sanguine à cause d’eux. « Disons que les vampires diffèrent entre eux, mais en général, plus tu vieillis, plus tu commences à perdre en humanité. » Aussi bien mentalement que physiquement.
Mais contrairement au corps qui s’éteint de lui-même, la psyché tient plus de la prophétie auto réalisatrice à ses yeux. On voit ses amis mourir, on perd les plaisirs quotidiens, on finit par juger les mortels sur des gestes sans aucune signification.
Il y a peut-être de ça, dans la pourriture du dieu immonde : les gens sont persuadés qu’ils finiront par oublier la victime, alors ils ne font aucun effort pour s’en souvenir. Mais ça, il le garde pour lui, Rowena n’a pas forcément besoin, ni envie, d’entendre ce jour de discours rébarbatif à une heure si tardive.
De toute manière, elle a lancé la conversation sur un sujet plus lointain encore : son diplôme de l’université de Magic.
« Non, ce n’est pas récent, c’est antique même. Je t’avoue que j’ai perdu le diplôme pour être tout à fait honnête, c’était il y a cinq mille ans environ, quand j’étais un humain. Je venais d’une famille d’administrateur public et parce que j’étais doué dans la manipulation des ombres, j’ai rejoint l’université pour un cursus de magie généraliste. Théorie fondamentale de la magie qu’on appelle ça aujourd’hui. Je me souviens, c’était au tout début et les réputations se faisaient encore. J’avais choisi un cursus généraliste pour explorer les ombres, mais aussi être doué en médecine, un petit peu. » Les souvenirs lui remontent, il a une brève expression hilare sur le visage, ce n’est pas le genre d’anecdote qu’on raconte à une dame. Non ? Peut-être que si au final. « Régulièrement, les étudiants des différents cursus se réunissaient pour des fêtes, l’occasion de voir qui est doué pour quoi. Les théoriciens fondamentales, à l’époque, sont connus les compétences qu’ils développent à cause des études, plutôt que les compétences qui leurs sont inculquées. On assimile des informations en masse et on sait les analyser, puis les traiter pour en faire un tout cohérent, qui a réponse à un problème. En général on est un gage de fiabilité. Sauf en soirée… » Parce qu’en soirée, il faut lâcher la pression. Or, les théoriciens en subissent assez pour devenir des diamants. « Mon cursus était très sulfureux à l’époque, on a une réputation d’alcooliques. On avait des ristournes dans toutes les auberges locales et on brassait notre propre bière. Notre saint-patron était un maître brasseur. Je me souviens, pour célébrer la fin de l’année et sa réussite, nous nous étions réunis dans un parc de Liberty, non loin de l’université. On a utilisé nos pouvoirs pour déraciner un chêne centenaire et le mettre devant notre dortoir. La garde nous a poursuivis et je n’ai jamais couru aussi vite de toute ma vie. Tu l’as peut-être vu durant tes années à l’université, il a une grosse balafre dans l’écorce parce qu’un de mes camarade l’a balancé contre une rambarde en pierre durant notre fuite. On était les alcooliques et on en était fier par rapport aux fondus de l'assistanat magique qui avaient mauvaise réputation, mais cette fois-ci de manière plus sombre que la nôtre. »
Sidra la tenancière revient avec les boissons. Les bières sont troubles et servies avec une paille filtrante, elles ont du goût mais elles sont faites comme au tout début : avec encore quelques grains au fond de la chope. C’est de la qualité, mais ça change de ce qu’on peut trouver ailleurs. Vindicare en prend une gorgée, il a une petite grimace, ça tape fort.
« Et toi ? Magic ? »
« Tu as bien fait de ne pas m’en proposer. » Répond le maître-espion. « Plus le temps passe, plus je perds en fonctions biologiques. Au tout début, je pouvais manger comme un homme normal. Mais aujourd’hui, je suis bien incapable d’avaler le moindre morceau de viande sans tomber malade, j’ai besoin de sang dans ma nourriture sinon mon estomac rejettera tout. » Fût une époque où il pouvait boire sans craindre des nausées terribles, mais aujourd’hui, tout doit avoir du sang.
S’il n’y a pas un goût ferreux sur le bout de la langue, alors ça ne passera pas. Il est probable que d’ici un millénaire ou deux, il n’ait même plus besoin de respirer.
« Ça a un bref effet, principalement parce que je bois peu. » Néanmoins, pour avoir déjà mordu des gens alcoolisés, il sait qu’il peut hériter de l’ivrognerie de ses victimes. Depuis, il ne croque jamais des fêtards, trop de risque de finir imbibé ou même d’avoir une maladie sanguine à cause d’eux. « Disons que les vampires diffèrent entre eux, mais en général, plus tu vieillis, plus tu commences à perdre en humanité. » Aussi bien mentalement que physiquement.
Mais contrairement au corps qui s’éteint de lui-même, la psyché tient plus de la prophétie auto réalisatrice à ses yeux. On voit ses amis mourir, on perd les plaisirs quotidiens, on finit par juger les mortels sur des gestes sans aucune signification.
Il y a peut-être de ça, dans la pourriture du dieu immonde : les gens sont persuadés qu’ils finiront par oublier la victime, alors ils ne font aucun effort pour s’en souvenir. Mais ça, il le garde pour lui, Rowena n’a pas forcément besoin, ni envie, d’entendre ce jour de discours rébarbatif à une heure si tardive.
De toute manière, elle a lancé la conversation sur un sujet plus lointain encore : son diplôme de l’université de Magic.
« Non, ce n’est pas récent, c’est antique même. Je t’avoue que j’ai perdu le diplôme pour être tout à fait honnête, c’était il y a cinq mille ans environ, quand j’étais un humain. Je venais d’une famille d’administrateur public et parce que j’étais doué dans la manipulation des ombres, j’ai rejoint l’université pour un cursus de magie généraliste. Théorie fondamentale de la magie qu’on appelle ça aujourd’hui. Je me souviens, c’était au tout début et les réputations se faisaient encore. J’avais choisi un cursus généraliste pour explorer les ombres, mais aussi être doué en médecine, un petit peu. » Les souvenirs lui remontent, il a une brève expression hilare sur le visage, ce n’est pas le genre d’anecdote qu’on raconte à une dame. Non ? Peut-être que si au final. « Régulièrement, les étudiants des différents cursus se réunissaient pour des fêtes, l’occasion de voir qui est doué pour quoi. Les théoriciens fondamentales, à l’époque, sont connus les compétences qu’ils développent à cause des études, plutôt que les compétences qui leurs sont inculquées. On assimile des informations en masse et on sait les analyser, puis les traiter pour en faire un tout cohérent, qui a réponse à un problème. En général on est un gage de fiabilité. Sauf en soirée… » Parce qu’en soirée, il faut lâcher la pression. Or, les théoriciens en subissent assez pour devenir des diamants. « Mon cursus était très sulfureux à l’époque, on a une réputation d’alcooliques. On avait des ristournes dans toutes les auberges locales et on brassait notre propre bière. Notre saint-patron était un maître brasseur. Je me souviens, pour célébrer la fin de l’année et sa réussite, nous nous étions réunis dans un parc de Liberty, non loin de l’université. On a utilisé nos pouvoirs pour déraciner un chêne centenaire et le mettre devant notre dortoir. La garde nous a poursuivis et je n’ai jamais couru aussi vite de toute ma vie. Tu l’as peut-être vu durant tes années à l’université, il a une grosse balafre dans l’écorce parce qu’un de mes camarade l’a balancé contre une rambarde en pierre durant notre fuite. On était les alcooliques et on en était fier par rapport aux fondus de l'assistanat magique qui avaient mauvaise réputation, mais cette fois-ci de manière plus sombre que la nôtre. »
Sidra la tenancière revient avec les boissons. Les bières sont troubles et servies avec une paille filtrante, elles ont du goût mais elles sont faites comme au tout début : avec encore quelques grains au fond de la chope. C’est de la qualité, mais ça change de ce qu’on peut trouver ailleurs. Vindicare en prend une gorgée, il a une petite grimace, ça tape fort.
« Et toi ? Magic ? »
Invité
Invité
Cinq mille ans... Plus de deux fois la durée de vie de Gail. Soit vingt fois celle d'Elzéar... Ou cent fois la sienne.
Le chiffre avait de quoi laisser pensif mais Rowena y était passablement habituée. Une fois de plus, sa vision du monde se confirmait. Il y avait des êtres dont le destin était de se souvenir et perpétuer. D'autres d'agir et de chambouler. Elle se retrouvait une fois de plus à l'état de simple bulle : être éphémère provoquant un peu d'admiration ou d'amusement par les irisations à sa surface. Elle n'avait nulle rancœur et nulle appréhension de ces choses. Sa jeune sœur adolescente avait vécu cinq fois plus longtemps qu'elle et son compagnon, au visage plus jeune que le sien, avait déjà des côtés aigris par l'âge alors qu'il était dans sa prime jeunesse. Ça remettait invariablement les choses en perspectives.
Elle aimait la compagnie des êtres myriadénaires. Elle avait construit sa vision du monde, du bien du mal et de la République avec l'une d'entre eux. Ils avaient sur le monde un regard très différents de la majeure partie des humanoïdes de sa connaissance. Les tracas mineurs n'avaient pas la même importance. Les allants du cœur non plus. Puis il y avait une sagesse profonde, basée sur l'expérience, qui était capable de tout balayer comme une lame de fond sans même que les autres s'en aperçoive. En discutant avec eux, on voyait sous la surface des choses. Le bien et le mal étaient bien plus relatifs et qu'ils y accordent ou non de l'importance, les conséquences pensées sur des siècles et des siècles rendaient leurs choix et leurs actions magnifiques en un sens.
Certains en perdaient quelque chose d'indéfinissable. L'humanité, murmuraient-on quand on aimait céder à la facilité. Mais Vindicar était là, cinq mille ans plus tard, à raconter à une jeune sirène ses anecdotes d'étudiants comme un simple humains qui les avait vécus dix ans plus tôt. Elle riait de bon cœur, d'ailleurs. Imaginer ce grand gaillard sur les banc de Magic en théorie fondamentale qui se saoulait, riait et balancer des arbres sur les gardes avait quelque chose de particulièrement amusant et surréaliste.
- Mais non ! c'est vous qui avez planté le chêne du dortoir aux chouettes ! Tu sais que les émeraudes s'échinent à le garder en vie ? Je crois qu'il en a développé des spécificités magiques à force. Il y a un gardien qui tourne tous les mois. C'est le plus vieil arbre de Liberty il me semble et les gars de l'Assistanat y affichent tous les ans les cotes des étudiants. Je sais pas si vous aviez ça à votre époque. Un tableau avec des prix stupides pour la promo sortante. Le plus sportif. Le plus dragueur. Le plus jeune. Le plus vieux. Le plus bizarre. Le meilleur camarade. Ce genre de choses.
Remerciant la gérante, d'un signe de tête, elle huma la chopine avant s'aspirer par la paille. Déjà, une bière trouble, c'était pas partout qu'on en trouvait. Un truc qui devait être courant il y a cinq mille ans sans doute, mais qui ne l'était plus du tout. Peut-être la brassaient-ils eux même ? En tout cas le malte sentait bon... Le goût était atypique et elle était sans conteste plus forte qu'une bière de brasseur habituelle mais elle la suspectait encore loin des vins et des liqueurs avec lesquels elle trinquait habituellement. L'ivrognerie n'était pas étrangère à l'ancienne fêtarde... Qui ne pensa pas qu'avec son année de convalescence, elle avait sûrement perdu en résistance. Elle ouvrit des yeux étonné et en repris une gorgée pour s'y faire... Mais c'était pas mauvais ! Alors il n'y avait plus qu'à goûter la version alourdie.
- Le verdict... " sourit-elle avant d'en aspirer une lampée.
C'était... eux... cuivré... et amer... Et... Bizarre. Le sel ajoutait un aspect improbable, mais pas inintéressant.
- J'aime bien. C'est pas commun et très fort en goût mais assez original. J'en boirai pas des litres mais à petite dose c'est très sympa.
Mieux valait ne pas en parler ici, mais cela lui rappelait son enfance. Les zéphyrs brûlant. Le sable blanc tâché de rouge. Les chants magnifiques qui formaient des mirages mortels pour honorer la lune aux dernières lueurs du crépuscule. De bons souvenirs en somme.
- Oui. Cursus médical. Premiers arrivés, derniers partis... Que ce soit pour ramasser les gars en coma éthylique ou parce qu'on a fait les pires mélanges avec des plantes et des substances biologiques en plus de l'alcool. " ajouta-t-elle avec un air innocent avant de plaisanter. " C'était il y a beaucoup moins longtemps que toi cela dit... Les fêtes et les sorties qu'on organisaient avaient une sacré réputation. Forcément, quand on a charge d'âme, les professeurs laissent encore moins passer les erreurs. Avec les gars des pratiques interdites, on étaient les plus surveillés et les plus sévèrement punis en cas d'écart. Si j'avais su que j'irai au Razkaal, j'aurai peut-être un peu plus scruter les copains des Pratiques interdites d'ailleurs. J'ai du tout apprendre sur le tare en arrivant à la Forteresse Noire, mais je regrette pas mon étoile d'émeraude. " Elle secoua la tête, un détail lui revenant. " On avait des sorties régulières à la réserve faunique pour apprendre le prélèvement de certains ingrédients qui nous seraient utiles pour de l'alchimie curative ou des soins naturels... Le truc c'est que j'en avait pas grand chose à faire à l'époque. Ce qui m'intéressait vraiment, c'était les soins de l'esprit et des désordres magiques internes. Les bobos ça a jamais été mon truc. ... Et j'étais plutôt la fille très studieuse qui fait jamais de vague. Je m'occupait de Gail en dehors des cours et son état empirait vraiment à cet époque donc je ne sortais presque jamais. Mais ce coup-ci, un type m'avais mise au défi s'approcher un traque-mana qu'on avait repéré un peu plus loin. Ce qu'il avait pas vu, c'était le Rindo qui roupillait juste devant sous son camouflage végétal et qui a moyennement apprécié que je lui monte à moitié dessus pour observer le traque-mana. J'ai eu le droit à un tour de rodéo gratuit et l'animal à foncé dans notre groupe comme dans un jeu de quille avant que je réussisse à le contrôler mentalement. C'était la première fois que je réussissait à faire ça. Tout le groupe est rentré à dos de Rindo et on est passé à pas grand chose de se faire renvoyer quand j'ai perdu le contrôle beaucoup trop près de la route principale qui menait à Liberty... Je crois que la soirée qu'on organiser les autres pour fêter l'évènement s'est suivi de la plus grosse gueule de bois de ma vie.
Tout en racontant, elle avait continué à siroté son verre et riait de bon cœur de ses facéties de l'époque. Elle avait fait un sort au godet de bière alourdie et chipotait sa pinte à l'aide de sa paille... C'était traitre ces engins là parce que mine de rien, elle buvait bien plus vite comme ça.
- Mais ça me fais penser... J'étais au service de Gail et j'ai continué à prendre soin d'elle quand j'ai fini mes sept ans. Mais toi. Comment tu es passé de diplômé à l'étoile d'or et terreur des parcs de Liberty à majordome ?
Le chiffre avait de quoi laisser pensif mais Rowena y était passablement habituée. Une fois de plus, sa vision du monde se confirmait. Il y avait des êtres dont le destin était de se souvenir et perpétuer. D'autres d'agir et de chambouler. Elle se retrouvait une fois de plus à l'état de simple bulle : être éphémère provoquant un peu d'admiration ou d'amusement par les irisations à sa surface. Elle n'avait nulle rancœur et nulle appréhension de ces choses. Sa jeune sœur adolescente avait vécu cinq fois plus longtemps qu'elle et son compagnon, au visage plus jeune que le sien, avait déjà des côtés aigris par l'âge alors qu'il était dans sa prime jeunesse. Ça remettait invariablement les choses en perspectives.
Elle aimait la compagnie des êtres myriadénaires. Elle avait construit sa vision du monde, du bien du mal et de la République avec l'une d'entre eux. Ils avaient sur le monde un regard très différents de la majeure partie des humanoïdes de sa connaissance. Les tracas mineurs n'avaient pas la même importance. Les allants du cœur non plus. Puis il y avait une sagesse profonde, basée sur l'expérience, qui était capable de tout balayer comme une lame de fond sans même que les autres s'en aperçoive. En discutant avec eux, on voyait sous la surface des choses. Le bien et le mal étaient bien plus relatifs et qu'ils y accordent ou non de l'importance, les conséquences pensées sur des siècles et des siècles rendaient leurs choix et leurs actions magnifiques en un sens.
Certains en perdaient quelque chose d'indéfinissable. L'humanité, murmuraient-on quand on aimait céder à la facilité. Mais Vindicar était là, cinq mille ans plus tard, à raconter à une jeune sirène ses anecdotes d'étudiants comme un simple humains qui les avait vécus dix ans plus tôt. Elle riait de bon cœur, d'ailleurs. Imaginer ce grand gaillard sur les banc de Magic en théorie fondamentale qui se saoulait, riait et balancer des arbres sur les gardes avait quelque chose de particulièrement amusant et surréaliste.
- Mais non ! c'est vous qui avez planté le chêne du dortoir aux chouettes ! Tu sais que les émeraudes s'échinent à le garder en vie ? Je crois qu'il en a développé des spécificités magiques à force. Il y a un gardien qui tourne tous les mois. C'est le plus vieil arbre de Liberty il me semble et les gars de l'Assistanat y affichent tous les ans les cotes des étudiants. Je sais pas si vous aviez ça à votre époque. Un tableau avec des prix stupides pour la promo sortante. Le plus sportif. Le plus dragueur. Le plus jeune. Le plus vieux. Le plus bizarre. Le meilleur camarade. Ce genre de choses.
Remerciant la gérante, d'un signe de tête, elle huma la chopine avant s'aspirer par la paille. Déjà, une bière trouble, c'était pas partout qu'on en trouvait. Un truc qui devait être courant il y a cinq mille ans sans doute, mais qui ne l'était plus du tout. Peut-être la brassaient-ils eux même ? En tout cas le malte sentait bon... Le goût était atypique et elle était sans conteste plus forte qu'une bière de brasseur habituelle mais elle la suspectait encore loin des vins et des liqueurs avec lesquels elle trinquait habituellement. L'ivrognerie n'était pas étrangère à l'ancienne fêtarde... Qui ne pensa pas qu'avec son année de convalescence, elle avait sûrement perdu en résistance. Elle ouvrit des yeux étonné et en repris une gorgée pour s'y faire... Mais c'était pas mauvais ! Alors il n'y avait plus qu'à goûter la version alourdie.
- Le verdict... " sourit-elle avant d'en aspirer une lampée.
C'était... eux... cuivré... et amer... Et... Bizarre. Le sel ajoutait un aspect improbable, mais pas inintéressant.
- J'aime bien. C'est pas commun et très fort en goût mais assez original. J'en boirai pas des litres mais à petite dose c'est très sympa.
Mieux valait ne pas en parler ici, mais cela lui rappelait son enfance. Les zéphyrs brûlant. Le sable blanc tâché de rouge. Les chants magnifiques qui formaient des mirages mortels pour honorer la lune aux dernières lueurs du crépuscule. De bons souvenirs en somme.
- Oui. Cursus médical. Premiers arrivés, derniers partis... Que ce soit pour ramasser les gars en coma éthylique ou parce qu'on a fait les pires mélanges avec des plantes et des substances biologiques en plus de l'alcool. " ajouta-t-elle avec un air innocent avant de plaisanter. " C'était il y a beaucoup moins longtemps que toi cela dit... Les fêtes et les sorties qu'on organisaient avaient une sacré réputation. Forcément, quand on a charge d'âme, les professeurs laissent encore moins passer les erreurs. Avec les gars des pratiques interdites, on étaient les plus surveillés et les plus sévèrement punis en cas d'écart. Si j'avais su que j'irai au Razkaal, j'aurai peut-être un peu plus scruter les copains des Pratiques interdites d'ailleurs. J'ai du tout apprendre sur le tare en arrivant à la Forteresse Noire, mais je regrette pas mon étoile d'émeraude. " Elle secoua la tête, un détail lui revenant. " On avait des sorties régulières à la réserve faunique pour apprendre le prélèvement de certains ingrédients qui nous seraient utiles pour de l'alchimie curative ou des soins naturels... Le truc c'est que j'en avait pas grand chose à faire à l'époque. Ce qui m'intéressait vraiment, c'était les soins de l'esprit et des désordres magiques internes. Les bobos ça a jamais été mon truc. ... Et j'étais plutôt la fille très studieuse qui fait jamais de vague. Je m'occupait de Gail en dehors des cours et son état empirait vraiment à cet époque donc je ne sortais presque jamais. Mais ce coup-ci, un type m'avais mise au défi s'approcher un traque-mana qu'on avait repéré un peu plus loin. Ce qu'il avait pas vu, c'était le Rindo qui roupillait juste devant sous son camouflage végétal et qui a moyennement apprécié que je lui monte à moitié dessus pour observer le traque-mana. J'ai eu le droit à un tour de rodéo gratuit et l'animal à foncé dans notre groupe comme dans un jeu de quille avant que je réussisse à le contrôler mentalement. C'était la première fois que je réussissait à faire ça. Tout le groupe est rentré à dos de Rindo et on est passé à pas grand chose de se faire renvoyer quand j'ai perdu le contrôle beaucoup trop près de la route principale qui menait à Liberty... Je crois que la soirée qu'on organiser les autres pour fêter l'évènement s'est suivi de la plus grosse gueule de bois de ma vie.
Tout en racontant, elle avait continué à siroté son verre et riait de bon cœur de ses facéties de l'époque. Elle avait fait un sort au godet de bière alourdie et chipotait sa pinte à l'aide de sa paille... C'était traitre ces engins là parce que mine de rien, elle buvait bien plus vite comme ça.
- Mais ça me fais penser... J'étais au service de Gail et j'ai continué à prendre soin d'elle quand j'ai fini mes sept ans. Mais toi. Comment tu es passé de diplômé à l'étoile d'or et terreur des parcs de Liberty à majordome ?
Invité
Invité
Vindicar a un petit sourire, c’est plaisant de ressasser les vieux souvenirs de la fac : s’amuser des traditions, savoir qu’aujourd’hui, l’arbre qu’on a volé il y a cinq millénaires est devenu le doyen de la capitale. Il y a quelque chose de sympathique à voir que les traditions ne se perdent pas. Il ignorait que l’arbre était devenu un support d’affichage pour les records locaux, ni même qu’il avait un gardien attitré : il faut croire que si la vie associative s’est tassée par rapport à son époque, elle reste toujours aussi active. En un sens, il regrette que les étudiants ne soient plus des calamités ambulantes, de l’autre, c’est encore une fois un gage du professionnalisme qu’a inculqué l’université à ses élèves.
Quant à la boisson, Vindicar sirote sa bière alourdie avec un petit sourire aux coins des lèvres : cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de boire, la boisson lui avait manqué quelque part. Ce qu’il y a dans la chope et autour : la convivialité par exemple. Non pas que les soirées entre vampires soient désagréable, mais entre immortels, on finit par avoir des rencontres codifiées à l’extrême.
« C’est rare que les gens aiment mes boissons : souvent il n’y a que les vampires qui réussissent à les avaler. »
En même temps, difficile de blâmer les gens pour leurs goûts : boire du sang frais, c’est toujours perturbant les premières fois, même quand on est un vampire. Vindicare avait mis… Une semaine avant de pouvoir boire du sang au gobelet, sans le couper avec de l’eau. Combien de temps pour mordre quelqu’un ? Un mois ? Il se souvient surtout de la technicité du geste. Il y a bien une raison pour laquelle de nombreux vampires décident de droguer leurs victimes avant de boire leur sang, même s’il y a un risque de finir dans un état second à son tour.
Néanmoins, ce qui intéresse Vindicare, c’est le récit de Rowena qui lui parle de ses études médicales, son caractère, une anecdote de jeunesse sur les traque-manas et la soirée mémorable qui en a suivi. Sans compter les geôles de Razkaal, cette prison où on entasse les irrécupérables. Tout cela laisse songeur le maître espion, en particulier quand est fait la mention de Gail. Difficile d’y croire, mais elle s’est éteinte. Rowena a été une chic fille de s’en occuper jusqu’au bout, il ne sait pas s’il aurait eu la même bonté d’âme. Peut-être, pour avoir servi tant de temps la même famille, il faut bien s’attacher à la dynastie d’une manière ou d’une autre, mais ça, il ne le saura jamais. Ce sera un doute parmi tant d’autres sur l’amour qu’il pouvait porter à la matriarche de la famille.
Mais c’est une autre question qui le tire de ses réflexions, la sirène qui lui demande comment on passe de magicien à majordome plurimillénaire.
Là encore, c’est une réponse assez simple.
« L’envie de mener une petite vie tranquille tout simplement. » Mais c’est peut-être trop vague, alors, au lieu de s’étendre sur un récit de vie qui ne fait sens que pour un amoureux de la tranquillité, il prend un exemple. « Plus tu montes dans les échelons, plus tu as le pouvoir de dire non. Avoir un diplôme de l’université était la garantie de trouver du travail et j’aspirais à une vie paisible. Simplement formulé, ce morceau de parchemin me mettait dans une position avantageuse, libre comme l’air, j’ai choisi de servir les ironsouls pour la stabilité du métier et les conditions de vie. Ensuite… Je suis devenu un vampire, je n’avais plus aucune raison de vouloir la stabilité pour fonder une famille, alors, je suis resté au service des ironsouls en tant que mage, majordome, confident, la liste est longue. Et toi ? »
Elle aussi, devait avoir une petite histoire avec eux.
Quant à la boisson, Vindicar sirote sa bière alourdie avec un petit sourire aux coins des lèvres : cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de boire, la boisson lui avait manqué quelque part. Ce qu’il y a dans la chope et autour : la convivialité par exemple. Non pas que les soirées entre vampires soient désagréable, mais entre immortels, on finit par avoir des rencontres codifiées à l’extrême.
« C’est rare que les gens aiment mes boissons : souvent il n’y a que les vampires qui réussissent à les avaler. »
En même temps, difficile de blâmer les gens pour leurs goûts : boire du sang frais, c’est toujours perturbant les premières fois, même quand on est un vampire. Vindicare avait mis… Une semaine avant de pouvoir boire du sang au gobelet, sans le couper avec de l’eau. Combien de temps pour mordre quelqu’un ? Un mois ? Il se souvient surtout de la technicité du geste. Il y a bien une raison pour laquelle de nombreux vampires décident de droguer leurs victimes avant de boire leur sang, même s’il y a un risque de finir dans un état second à son tour.
Néanmoins, ce qui intéresse Vindicare, c’est le récit de Rowena qui lui parle de ses études médicales, son caractère, une anecdote de jeunesse sur les traque-manas et la soirée mémorable qui en a suivi. Sans compter les geôles de Razkaal, cette prison où on entasse les irrécupérables. Tout cela laisse songeur le maître espion, en particulier quand est fait la mention de Gail. Difficile d’y croire, mais elle s’est éteinte. Rowena a été une chic fille de s’en occuper jusqu’au bout, il ne sait pas s’il aurait eu la même bonté d’âme. Peut-être, pour avoir servi tant de temps la même famille, il faut bien s’attacher à la dynastie d’une manière ou d’une autre, mais ça, il ne le saura jamais. Ce sera un doute parmi tant d’autres sur l’amour qu’il pouvait porter à la matriarche de la famille.
Mais c’est une autre question qui le tire de ses réflexions, la sirène qui lui demande comment on passe de magicien à majordome plurimillénaire.
Là encore, c’est une réponse assez simple.
« L’envie de mener une petite vie tranquille tout simplement. » Mais c’est peut-être trop vague, alors, au lieu de s’étendre sur un récit de vie qui ne fait sens que pour un amoureux de la tranquillité, il prend un exemple. « Plus tu montes dans les échelons, plus tu as le pouvoir de dire non. Avoir un diplôme de l’université était la garantie de trouver du travail et j’aspirais à une vie paisible. Simplement formulé, ce morceau de parchemin me mettait dans une position avantageuse, libre comme l’air, j’ai choisi de servir les ironsouls pour la stabilité du métier et les conditions de vie. Ensuite… Je suis devenu un vampire, je n’avais plus aucune raison de vouloir la stabilité pour fonder une famille, alors, je suis resté au service des ironsouls en tant que mage, majordome, confident, la liste est longue. Et toi ? »
Elle aussi, devait avoir une petite histoire avec eux.
Invité
Invité
Une homme qui rêvait d'une vie tranquille... Et bah celui qui l'avait changé en vampire avait un drôle de sens de l'humour parce que l'immortalité rendait rarement la vie tranquille de ce qu'elle avait vu en voir.
Elle s'attendait à une grande aventure rocambolesque mais... non. Juste le fait que les Ironsouls attendaient l'excellence de tous ceux qui travaillaient pour eux. En contre partie, ils payaient bien, traitaient leurs employés avec respect et protégeaient leur gens quoi qu'il arrive. Au moins, il était bon de voir que cette façon de pensé était ancré dans leurs os depuis la création de la République. Il y avait sûrement une autre Gwenhevere a l'origine de toute ça, qui en son temps avait constaté que le bien et le mal étaient tout relatif mais que l'Ordre Social, lui, reposait sur des contrats tacites que tout être désirant durer des milliers d'années gagnait à respecter.
Elle aurait également du s'attendre à ce qu'il lui retourne la questions... Et si elle y avait pensé avant, peut-être ne l'aurait-elle pas posée. Pour faire bonne mesure, elle fit un geste à la tenancière pour qu'on lui remette un godet de bière alourdie, avant de porter la main au pendentif qu'i orne son décolleté. La petite grue en vol scintille. Elle la tient de Gail dont c'était l'oiseau préféré.
- Moi ? ... Moi... " Elle inclina la tête. " J'avoue, l’histoire est un peu plus rocambolesque. Si ça ne te gêne pas, concernant le tout début, je me contenterait de dire que je me suis retrouvé au service de Gail parce que le chant des sirènes lui permettait de juguler la douleur. J'étais... " Elle étouffa un rire de dérision. " J'étais vraiment pas éduquée. J'avais dix-huit ou dix-neuf ans je ne sais plus. Je ne savais pas lire, ni calculer. Je ne connaissait rien du monde, de la politesse ou de l'art. Un vrai chat de gouttière prêt à mordre et à griffer. ... " Son sourire se fit un peu plus nostalgique. " Mais j'étais curieuse et Gail avait le cuir solide. Elle m'a tout appris. Quand son état s'est aggravé, elle a accepté de payer mes études à Magic. J'espérais apprendre comment l'aider à vivre au mieux ses dernières décennies. Je pensais passer ma vie à son service. Fondé une famille n'était pas dans mes plans et même si elle était âgée, le médecin de la famille lui donnait encore un ou deux siècles donc de toute façon, elle se serait éteinte dans mes vieux jours. Puis elle a été assassinée et on a découvert dans son testament qu'elle me reconnaissait comme sa fille de plein droit et qu'elle était en train de faire les démarches nécessaires à mon adoptions avec le notaire depuis quelques mois déjà. Tu imagines ma surprise quand on m'a dit qu'à partir de maintenant j'étais un membre à part entière de la famille... " rit-elle. "Gwenhevere a accepter mon adoption à condition que je fasse mes preuves. Tu sais comment ça se passe... "
Chaque membre de la famille devant prouver son utilité et sa loyauté pendant sa jeunesse. A l'adolescence, ils travaillaient au moins une décennie dans les mines avec les ouvriers de la plus basse extraction pour être conscient de leur chance et s'endurcir psychologiquement. Puis ils faisaient leur service militaire et enfin ils apprenaient avec un mentor dans la famille, à connaitre tous les alliages, à négocier, à marchander et à utiliser leurs pouvoirs de la meilleur façon possible. Parfois l'ordre changeait.
- Ils ont un peu aménager le concept pour moi et ils m'ont demander d'entrer au Razkaal. " et elle avait réussit l'épreuve en allant la chercher avec les dents. " Voilà comment je suis devenue une Ironsoul et un Limier... Et vu ce qui se passe, fonder une famille n'est toujours pas à l'ordre du jour.
Avant que son moral ne puisse baisser, la paille de la jeune femme émit un petit bruit de succion et elle fronça un sourcil... Elle avait une sacré descente à cause de ces machins là, il fallait vraiment qu'elle fasse gaffe.
- Mais du coup, ta vie d'aujourd'hui est aussi tranquille que ce que tu aurais souhaité ?
Elle s'attendait à une grande aventure rocambolesque mais... non. Juste le fait que les Ironsouls attendaient l'excellence de tous ceux qui travaillaient pour eux. En contre partie, ils payaient bien, traitaient leurs employés avec respect et protégeaient leur gens quoi qu'il arrive. Au moins, il était bon de voir que cette façon de pensé était ancré dans leurs os depuis la création de la République. Il y avait sûrement une autre Gwenhevere a l'origine de toute ça, qui en son temps avait constaté que le bien et le mal étaient tout relatif mais que l'Ordre Social, lui, reposait sur des contrats tacites que tout être désirant durer des milliers d'années gagnait à respecter.
Elle aurait également du s'attendre à ce qu'il lui retourne la questions... Et si elle y avait pensé avant, peut-être ne l'aurait-elle pas posée. Pour faire bonne mesure, elle fit un geste à la tenancière pour qu'on lui remette un godet de bière alourdie, avant de porter la main au pendentif qu'i orne son décolleté. La petite grue en vol scintille. Elle la tient de Gail dont c'était l'oiseau préféré.
- Moi ? ... Moi... " Elle inclina la tête. " J'avoue, l’histoire est un peu plus rocambolesque. Si ça ne te gêne pas, concernant le tout début, je me contenterait de dire que je me suis retrouvé au service de Gail parce que le chant des sirènes lui permettait de juguler la douleur. J'étais... " Elle étouffa un rire de dérision. " J'étais vraiment pas éduquée. J'avais dix-huit ou dix-neuf ans je ne sais plus. Je ne savais pas lire, ni calculer. Je ne connaissait rien du monde, de la politesse ou de l'art. Un vrai chat de gouttière prêt à mordre et à griffer. ... " Son sourire se fit un peu plus nostalgique. " Mais j'étais curieuse et Gail avait le cuir solide. Elle m'a tout appris. Quand son état s'est aggravé, elle a accepté de payer mes études à Magic. J'espérais apprendre comment l'aider à vivre au mieux ses dernières décennies. Je pensais passer ma vie à son service. Fondé une famille n'était pas dans mes plans et même si elle était âgée, le médecin de la famille lui donnait encore un ou deux siècles donc de toute façon, elle se serait éteinte dans mes vieux jours. Puis elle a été assassinée et on a découvert dans son testament qu'elle me reconnaissait comme sa fille de plein droit et qu'elle était en train de faire les démarches nécessaires à mon adoptions avec le notaire depuis quelques mois déjà. Tu imagines ma surprise quand on m'a dit qu'à partir de maintenant j'étais un membre à part entière de la famille... " rit-elle. "Gwenhevere a accepter mon adoption à condition que je fasse mes preuves. Tu sais comment ça se passe... "
Chaque membre de la famille devant prouver son utilité et sa loyauté pendant sa jeunesse. A l'adolescence, ils travaillaient au moins une décennie dans les mines avec les ouvriers de la plus basse extraction pour être conscient de leur chance et s'endurcir psychologiquement. Puis ils faisaient leur service militaire et enfin ils apprenaient avec un mentor dans la famille, à connaitre tous les alliages, à négocier, à marchander et à utiliser leurs pouvoirs de la meilleur façon possible. Parfois l'ordre changeait.
- Ils ont un peu aménager le concept pour moi et ils m'ont demander d'entrer au Razkaal. " et elle avait réussit l'épreuve en allant la chercher avec les dents. " Voilà comment je suis devenue une Ironsoul et un Limier... Et vu ce qui se passe, fonder une famille n'est toujours pas à l'ordre du jour.
Avant que son moral ne puisse baisser, la paille de la jeune femme émit un petit bruit de succion et elle fronça un sourcil... Elle avait une sacré descente à cause de ces machins là, il fallait vraiment qu'elle fasse gaffe.
- Mais du coup, ta vie d'aujourd'hui est aussi tranquille que ce que tu aurais souhaité ?
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Vindicar écoute attentivement les paroles de Rowena, sans l’interrompre, ni siroter sa bière alourdie. Il a un brin de tendresse envers l’ancienne disciple de Gwen, elle avait bon cœur et en un sens, ça ne l’étonne pas qu’elle ait adopté Rowena : elle a donné tous les gages de dévouement envers la fameuse dynastie. Le contraire aurait été injuste et lorsqu’elle omet quelques détails sur son passé, nul doute que c’est pour une bonne raison. Le vampire ne dit rien à ce sujet, son travail est de mettre les secrets les plus noirs en lumière, mais parfois, certaines mémoires ne sont bonnes qu’à être enterrées sans jamais y revenir. On ne peut pas défaire le passé, alors pourquoi y revenir ?
Les Ironsouls, s’ils ont toujours été exigeants, se sont aussi donné les moyens d’avoir cette attitude : il a toujours été profitable de les servir et on ne compte plus les esprits brillants qui sont passés par leur maison, d’une façon ou d’une autre. Il n’empêche que servir au Razkaal représente un certain exploit : il faut une grande force d’esprit pour y travailler sans perdre une partie de son humanité.
« Quelle histoire, je comprends mieux pourquoi fonder une famille n’est pas à l’ordre du jour : difficile lorsque les évènements s’acharnent. »
Quant à la question qu’elle lui pose… Difficile d’y répondre sans trop s’étaler, le problème du vampirisme et de l’immortalité en général, tient au maniérisme qu’on développe pour compenser une vie qui perd en petits plaisirs du quotidien. En partant de cet axiome, difficile de mener une vie tranquille quand on perd la plupart des gages qui constituent cette tranquillité tant recherchée. Néanmoins, pour un vampire vétéran de plusieurs conflits, il s’en tire plutôt bien. Plus important encore : il en a conscience.
« Oui, être maître-espion est plus calme qu’on ne le croit, mon travail consiste à traiter de l’information en masse, un peu comme une secrétaire. Simplement, au lieu de gérer les rendez-vous d’un noble, je m’assure de la sécurité de la cité. » Ce n’est pas aussi simple, mais c’est un bon résumé. En parallèle, sa vie de vampire est monotone : lire, s’exercer, s’entraîner, travailler. Il rencontre de nouvelles personnes, mortelles comme immortelles, il touche un salaire tout à fait acceptable. En un sens, oui, il a une vie tranquille. De l’autre, la tranquillité est le pire pour un vampire : si les mortels peuvent se contenter d’une vie simple, pour ceux qui ont perdu la notion de quotidien et tous les rituels qui vont avec, c’est un moyen certain de devenir un monstre. Lorsque la routine se résume à sentir le vent sur son visage et à se nourrir une fois par nuit, les obligations perdent leur sens. C’est cette idée qui le pousse à développer un petit peu : « j’aide les gens principalement, je reste sociable, » contrairement à d’autres vampires qui se sont exilés petit à petit en campagne, loin de tout. « Le vampirisme reste une maladie chronique malgré tout : la tranquillité ne veut plus dire grand-chose quand le besoin de se nourrir, de dormir et voir le soleil s’estompent. C’est le chemin vers la perte d’humanité. Alors je reste en ville pour ne pas devenir un vampire comme on peut en voir dans les mythes et légendes. » Terré dans un château, avec des serviteurs et une vie morne à terroriser les villageois au pied de sa demeure. « Je jouis d’une tranquillité toute relative, oui. »
Il sirote sa bière, merci Sidra d’être une brasseuse d’exception et de créer des boissons que les vampires du troisième âge arrivent à encaisser. Vindicar est d’ailleurs surpris que Rowena demande un deuxième verre d’alourdie.
« Le problème du vampirisme, outre son aspect invalidant, est qu’une vie paisible devient difficile : le monde de la nuit est différent de celui du jour, ne serait-ce que par les gens qu’on rencontre. Je suis d’ailleurs surpris que tu reprennes une deuxième dose d’alourdie. Tu penches du côté nocturne de l’existence ? Si tu as faim je peux commander un plateau de charcuterie. »
Les Ironsouls, s’ils ont toujours été exigeants, se sont aussi donné les moyens d’avoir cette attitude : il a toujours été profitable de les servir et on ne compte plus les esprits brillants qui sont passés par leur maison, d’une façon ou d’une autre. Il n’empêche que servir au Razkaal représente un certain exploit : il faut une grande force d’esprit pour y travailler sans perdre une partie de son humanité.
« Quelle histoire, je comprends mieux pourquoi fonder une famille n’est pas à l’ordre du jour : difficile lorsque les évènements s’acharnent. »
Quant à la question qu’elle lui pose… Difficile d’y répondre sans trop s’étaler, le problème du vampirisme et de l’immortalité en général, tient au maniérisme qu’on développe pour compenser une vie qui perd en petits plaisirs du quotidien. En partant de cet axiome, difficile de mener une vie tranquille quand on perd la plupart des gages qui constituent cette tranquillité tant recherchée. Néanmoins, pour un vampire vétéran de plusieurs conflits, il s’en tire plutôt bien. Plus important encore : il en a conscience.
« Oui, être maître-espion est plus calme qu’on ne le croit, mon travail consiste à traiter de l’information en masse, un peu comme une secrétaire. Simplement, au lieu de gérer les rendez-vous d’un noble, je m’assure de la sécurité de la cité. » Ce n’est pas aussi simple, mais c’est un bon résumé. En parallèle, sa vie de vampire est monotone : lire, s’exercer, s’entraîner, travailler. Il rencontre de nouvelles personnes, mortelles comme immortelles, il touche un salaire tout à fait acceptable. En un sens, oui, il a une vie tranquille. De l’autre, la tranquillité est le pire pour un vampire : si les mortels peuvent se contenter d’une vie simple, pour ceux qui ont perdu la notion de quotidien et tous les rituels qui vont avec, c’est un moyen certain de devenir un monstre. Lorsque la routine se résume à sentir le vent sur son visage et à se nourrir une fois par nuit, les obligations perdent leur sens. C’est cette idée qui le pousse à développer un petit peu : « j’aide les gens principalement, je reste sociable, » contrairement à d’autres vampires qui se sont exilés petit à petit en campagne, loin de tout. « Le vampirisme reste une maladie chronique malgré tout : la tranquillité ne veut plus dire grand-chose quand le besoin de se nourrir, de dormir et voir le soleil s’estompent. C’est le chemin vers la perte d’humanité. Alors je reste en ville pour ne pas devenir un vampire comme on peut en voir dans les mythes et légendes. » Terré dans un château, avec des serviteurs et une vie morne à terroriser les villageois au pied de sa demeure. « Je jouis d’une tranquillité toute relative, oui. »
Il sirote sa bière, merci Sidra d’être une brasseuse d’exception et de créer des boissons que les vampires du troisième âge arrivent à encaisser. Vindicar est d’ailleurs surpris que Rowena demande un deuxième verre d’alourdie.
« Le problème du vampirisme, outre son aspect invalidant, est qu’une vie paisible devient difficile : le monde de la nuit est différent de celui du jour, ne serait-ce que par les gens qu’on rencontre. Je suis d’ailleurs surpris que tu reprennes une deuxième dose d’alourdie. Tu penches du côté nocturne de l’existence ? Si tu as faim je peux commander un plateau de charcuterie. »
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