Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 314
crédits : 992
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Difficile, même pour le Razkaal d'être sur tous les fronts.
Même pour des limiers solides comme Nahash, Valefor, Vermine, Grisaille et même la relève comme Arkalys, impossible de mobiliser toutes nos ressources sur toutes les menaces que la République rencontrent. Rien qu'à Courage, c'est une armada de menaces qui nous entourent ; que ça soit sanitaire, occultiste, sociale, étrangers et même... Des pirates.
Le dossier est là, étalé devant moi sur la table du Razkaal, envahi de feuillets épars, de rapports et de notes griffonnées. Après la manifestation des Bougeoirs, j’ai commencé à recueillir tout ce qui pouvait m’en dire un peu plus sur ces pirates. De premiers noms de têtes brûlées, des lieux notés à la hâte. Tout est encore flou, mais chaque ligne laisse deviner un coin d’ombre où creuser. On m’a soufflé des rumeurs d’accords louches, de mouvements suspects en périphérie de Courage, des pavillons inconnus aperçus dans les eaux pirates. À force de compulser ces pages, une forme commence à émerger, presque visible. Chaque nom, chaque date a une odeur de poudre et de chaos. Pas compliqué de retrouver la Ginette dans mes rapport mais aussi la Renégate.
Je rassemble les papiers dans le vieux dossier en cuir. Juste avant de quitter le bureau, je récupère ma claymore – la lame toute fraîchement reforgée à Kyouji. Je la tiens un moment, apprécie le poids retrouvé, cette tension de l’acier poli, prêt à fendre l’air. L’équilibre est parfait, chaque coup de forge a rajouté du caractère à l’arme. Satisfait, je la glisse dans son fourreau et pousse la porte.
Je me mets en route vers le Ponton. La suite s’annonce sombre, mais il est temps d’aller à leur rencontre.
***
Le ponton grince sous mes pas, le bois usé par des années de sel et de marées, avec cette odeur de mer et de fer humide qui s'accroche aux gonds. En face, L'Écumeur de Nuages est amarré, ce petit chébec acéré qui fend les eaux comme une dague sous le commandement de Yelcan. Pas bien gros, mais il n'a pas besoin de l'être ; assez rapide pour échapper aux bêtes marines, assez nerveux pour chasser les pirates qui pensent pouvoir frapper en toute impunité. Ce genre de bateau se faufile et mord. Et si quelqu'un connaît bien son équipage, c'est elle.
Je repère Yelcan sur le pont. Sa silhouette grâcieuse et féline se découpe sous la lumière basse du matin. Elle a l'allure stricte et le menton relevé, comme toujours. Mais qui n'entache rien à sa beauté. D’ici, je vois qu’elle m’a repéré aussi, son regard tranchant sous la visière de son tricorne. Elle est venue jusque dans ce foutu port, à ma demande, pour cette expédition, mais surtout pour me ramener un petit bout de moi-même. Mon fils. Le gosse que je ne connais que depuis un an et qui, pourtant, m’a laissé bien plus mal à l’aise qu’un coup de poing dans le ventre.
Je me dirige vers l’endroit où elle se tient, calme comme une tempête qui mijote à l’horizon. Et c’est là que je le vois enfin, juste derrière elle. Mon fils. Un môme plus droit qu’une haie d’épines, les yeux fixés sur l’eau, sans un sourire, à l’image de son père. De là où je me tiens, je me demande bien ce qu’il voit en moi. Ce qu’il sait de moi. Pas assez pour comprendre pourquoi j’ai échoué si lamentablement comme père, sans doute. Mais il est là, et pour cette fois, ça devrait suffire.
Le ponton s’efface quand il lève la tête vers moi. Pas un mot. La familiarité n’est pas vraiment de mise entre nous deux. Pourtant, il y a cet instant où je vois ce qu’il pourrait devenir. C’est fugace, mais c’est là, et ça me tord de l’intérieur. Ayna et mon fils sont là, leurs regards posés sur moi, et pour la première fois, ils me voient dans ma tenue de Limier. Une armure noire, solide, dont les contours me donnent une silhouette presque irréelle sous la lueur du jour. Le masque de vouivre, gravé de traits aigus, cache mon visage derrière une froideur intimidante. Mes yeux, bleu draconique, percent à travers les fentes métalliques, deux éclats luisants qui pourraient suffire à faire reculer n’importe quel malandrin. Mais face à eux, ça me laisse un goût amer, une distance presque insupportable.
J’attrape le bord du masque pour le soulever rapidement, les jointures de mon gant grinçant contre le métal. Mon regard, sans l’armure, retrouve un peu de douceur, comme un pont franchi d’un seul coup. Je le dépose à mes côtés, et me force à me décrisper, cherchant à retrouver dans leurs regards cette familiarité qui en dit long sans un mot. Le Limier n’a plus sa place ici. Devant eux, je ne veux être rien d’autre qu’un père, qu’un frère.
« Ayna, Elnael. Je suis heureux de vous retrouver. Et mieux que ça, partir en expédition avec vous. »
Je pose un genou au sol, me mettant au niveau d'Eli.
« Je ne suis pas un grand Drakyn de mer, j'espère que tu pourrais m'aider. Que j'essaie de lui sourire, au mieux.
- Euh, ouais. D'accord... »
L'approche est pathétique, mais je suis sincèrement heureux de le retrouver. Je pose une main chaleureuse sur son épaule, et me redresse de toute ma masse pour surplomber la sœur de Luciole.
« Nous partons dès que tu le décides, tu dois avoir les prochaines coordonnées que je t'ai laissé dans notre courrier. Merci, d'avoir accepté. »
Une série de points au nord-ouest, marqués à la plume sur un vieux parchemin aux coins froissés, presque effacés par l’humidité des marées passées. C’était là-bas que je devais me rendre pour retrouver des flibustiers qui auraient vu le passage de certains Pirates frapper notre nation. Là-bas, où les vagues battaient la coque avec une rage froide et indomptée. Peut-être que j'en saurais plus sur Bigorneau, Saumatre et leur foutu Homard géant. Pour le moment, la seule piste que j'ai c'est un groupe de pirates qui sévit dans ces parages, dont la réputation et de porter les pavillons ennemis près du leur, comme pour avertir toute la mer et à tout ceux qui oserait les défier.
Esclavages, marchandises humaines, contrebande, drogue, la routine. On a du boulot.
Ayna regarde le papier sans un mot, puis lève les yeux vers moi, son regard emprunt de cette compréhension silencieuse qu’on n’avait plus besoin de formuler entre nous. Déjà. Comme si ça avait toujours été le cas. Je me tiens là, sur la passerelle, le pied suspendu dans le vide, un instant. Le vent qui soulève la mer, qui s'engouffre dans les voiles. Mais ce n'est pas la mer qui me fait hésiter. C'est Elnael, debout là-bas, à côté d'Ayna. Mon fils. Il doit partir avec nous.
Je le regarde, sa petite silhouette presque trop fragile pour cet endroit. La mer n'a pas de pitié. Pas plus que ce monde qui l'attend, et je n'ai aucune idée de comment l'accompagner dans cette aventure, comment le protéger d'un endroit qui engloutit tout ce qu'il touche.
Ayna me suit du regard, mais je sais ce qu'elle pense. Je sais qu'elle fera tout pour le protéger, qu'elle ne le laissera pas se perdre. Mais la vérité, c'est que je n'arrive pas à m'en détacher. C'est plus que de l'inquiétude. C'est cette angoisse sourde, cette peur qui serre la gorge. Elle est forte, Ayna, mais mon fils est un enfant, à peine adolescent, et je n’ai pas l’impression que ça suffise.
Je me tourne vers elle, mon pied encore suspendu, la voix qui se bloque dans ma gorge. Puis je parle, vite, comme si ça pourrait changer quoi que ce soit.
« Ayna, tu es sûre qu'il est prêt pour un voyage pareil ? »
Je veux lui dire que ce n’est pas suffisant, que ce n’est pas le genre de vie qu’un enfant doit connaître. Mais les mots s'éteignent dans ma gorge. Parce qu’elle a raison sur une chose : il doit savoir. Il doit comprendre, même si ça me fait mal de l’admettre.
Je secoue la tête, le regard fuyant, mais je laisse échapper un dernier mot, un murmure, comme une promesse inachevée.
« Fais attention à lui. Ne laisse pas ce monde le changer... Ne le laisse pas devenir quelque chose qu’il n’est pas. »
Comme son père. Je détourne les yeux, et je me remets en route, monté à bord. Le vent est plus fort. Et moi, je le sens. Pourtant, au fond, il n’y a que cette inquiétude qui me ronge. Parce qu'il est mon fils, et je ne suis pas prêt.
Pas prêt du tout.
Même pour des limiers solides comme Nahash, Valefor, Vermine, Grisaille et même la relève comme Arkalys, impossible de mobiliser toutes nos ressources sur toutes les menaces que la République rencontrent. Rien qu'à Courage, c'est une armada de menaces qui nous entourent ; que ça soit sanitaire, occultiste, sociale, étrangers et même... Des pirates.
Le dossier est là, étalé devant moi sur la table du Razkaal, envahi de feuillets épars, de rapports et de notes griffonnées. Après la manifestation des Bougeoirs, j’ai commencé à recueillir tout ce qui pouvait m’en dire un peu plus sur ces pirates. De premiers noms de têtes brûlées, des lieux notés à la hâte. Tout est encore flou, mais chaque ligne laisse deviner un coin d’ombre où creuser. On m’a soufflé des rumeurs d’accords louches, de mouvements suspects en périphérie de Courage, des pavillons inconnus aperçus dans les eaux pirates. À force de compulser ces pages, une forme commence à émerger, presque visible. Chaque nom, chaque date a une odeur de poudre et de chaos. Pas compliqué de retrouver la Ginette dans mes rapport mais aussi la Renégate.
Je rassemble les papiers dans le vieux dossier en cuir. Juste avant de quitter le bureau, je récupère ma claymore – la lame toute fraîchement reforgée à Kyouji. Je la tiens un moment, apprécie le poids retrouvé, cette tension de l’acier poli, prêt à fendre l’air. L’équilibre est parfait, chaque coup de forge a rajouté du caractère à l’arme. Satisfait, je la glisse dans son fourreau et pousse la porte.
Je me mets en route vers le Ponton. La suite s’annonce sombre, mais il est temps d’aller à leur rencontre.
***
Le ponton grince sous mes pas, le bois usé par des années de sel et de marées, avec cette odeur de mer et de fer humide qui s'accroche aux gonds. En face, L'Écumeur de Nuages est amarré, ce petit chébec acéré qui fend les eaux comme une dague sous le commandement de Yelcan. Pas bien gros, mais il n'a pas besoin de l'être ; assez rapide pour échapper aux bêtes marines, assez nerveux pour chasser les pirates qui pensent pouvoir frapper en toute impunité. Ce genre de bateau se faufile et mord. Et si quelqu'un connaît bien son équipage, c'est elle.
Je repère Yelcan sur le pont. Sa silhouette grâcieuse et féline se découpe sous la lumière basse du matin. Elle a l'allure stricte et le menton relevé, comme toujours. Mais qui n'entache rien à sa beauté. D’ici, je vois qu’elle m’a repéré aussi, son regard tranchant sous la visière de son tricorne. Elle est venue jusque dans ce foutu port, à ma demande, pour cette expédition, mais surtout pour me ramener un petit bout de moi-même. Mon fils. Le gosse que je ne connais que depuis un an et qui, pourtant, m’a laissé bien plus mal à l’aise qu’un coup de poing dans le ventre.
Je me dirige vers l’endroit où elle se tient, calme comme une tempête qui mijote à l’horizon. Et c’est là que je le vois enfin, juste derrière elle. Mon fils. Un môme plus droit qu’une haie d’épines, les yeux fixés sur l’eau, sans un sourire, à l’image de son père. De là où je me tiens, je me demande bien ce qu’il voit en moi. Ce qu’il sait de moi. Pas assez pour comprendre pourquoi j’ai échoué si lamentablement comme père, sans doute. Mais il est là, et pour cette fois, ça devrait suffire.
Le ponton s’efface quand il lève la tête vers moi. Pas un mot. La familiarité n’est pas vraiment de mise entre nous deux. Pourtant, il y a cet instant où je vois ce qu’il pourrait devenir. C’est fugace, mais c’est là, et ça me tord de l’intérieur. Ayna et mon fils sont là, leurs regards posés sur moi, et pour la première fois, ils me voient dans ma tenue de Limier. Une armure noire, solide, dont les contours me donnent une silhouette presque irréelle sous la lueur du jour. Le masque de vouivre, gravé de traits aigus, cache mon visage derrière une froideur intimidante. Mes yeux, bleu draconique, percent à travers les fentes métalliques, deux éclats luisants qui pourraient suffire à faire reculer n’importe quel malandrin. Mais face à eux, ça me laisse un goût amer, une distance presque insupportable.
J’attrape le bord du masque pour le soulever rapidement, les jointures de mon gant grinçant contre le métal. Mon regard, sans l’armure, retrouve un peu de douceur, comme un pont franchi d’un seul coup. Je le dépose à mes côtés, et me force à me décrisper, cherchant à retrouver dans leurs regards cette familiarité qui en dit long sans un mot. Le Limier n’a plus sa place ici. Devant eux, je ne veux être rien d’autre qu’un père, qu’un frère.
« Ayna, Elnael. Je suis heureux de vous retrouver. Et mieux que ça, partir en expédition avec vous. »
Je pose un genou au sol, me mettant au niveau d'Eli.
« Je ne suis pas un grand Drakyn de mer, j'espère que tu pourrais m'aider. Que j'essaie de lui sourire, au mieux.
- Euh, ouais. D'accord... »
L'approche est pathétique, mais je suis sincèrement heureux de le retrouver. Je pose une main chaleureuse sur son épaule, et me redresse de toute ma masse pour surplomber la sœur de Luciole.
« Nous partons dès que tu le décides, tu dois avoir les prochaines coordonnées que je t'ai laissé dans notre courrier. Merci, d'avoir accepté. »
Une série de points au nord-ouest, marqués à la plume sur un vieux parchemin aux coins froissés, presque effacés par l’humidité des marées passées. C’était là-bas que je devais me rendre pour retrouver des flibustiers qui auraient vu le passage de certains Pirates frapper notre nation. Là-bas, où les vagues battaient la coque avec une rage froide et indomptée. Peut-être que j'en saurais plus sur Bigorneau, Saumatre et leur foutu Homard géant. Pour le moment, la seule piste que j'ai c'est un groupe de pirates qui sévit dans ces parages, dont la réputation et de porter les pavillons ennemis près du leur, comme pour avertir toute la mer et à tout ceux qui oserait les défier.
Esclavages, marchandises humaines, contrebande, drogue, la routine. On a du boulot.
Ayna regarde le papier sans un mot, puis lève les yeux vers moi, son regard emprunt de cette compréhension silencieuse qu’on n’avait plus besoin de formuler entre nous. Déjà. Comme si ça avait toujours été le cas. Je me tiens là, sur la passerelle, le pied suspendu dans le vide, un instant. Le vent qui soulève la mer, qui s'engouffre dans les voiles. Mais ce n'est pas la mer qui me fait hésiter. C'est Elnael, debout là-bas, à côté d'Ayna. Mon fils. Il doit partir avec nous.
Je le regarde, sa petite silhouette presque trop fragile pour cet endroit. La mer n'a pas de pitié. Pas plus que ce monde qui l'attend, et je n'ai aucune idée de comment l'accompagner dans cette aventure, comment le protéger d'un endroit qui engloutit tout ce qu'il touche.
Ayna me suit du regard, mais je sais ce qu'elle pense. Je sais qu'elle fera tout pour le protéger, qu'elle ne le laissera pas se perdre. Mais la vérité, c'est que je n'arrive pas à m'en détacher. C'est plus que de l'inquiétude. C'est cette angoisse sourde, cette peur qui serre la gorge. Elle est forte, Ayna, mais mon fils est un enfant, à peine adolescent, et je n’ai pas l’impression que ça suffise.
Je me tourne vers elle, mon pied encore suspendu, la voix qui se bloque dans ma gorge. Puis je parle, vite, comme si ça pourrait changer quoi que ce soit.
« Ayna, tu es sûre qu'il est prêt pour un voyage pareil ? »
Je veux lui dire que ce n’est pas suffisant, que ce n’est pas le genre de vie qu’un enfant doit connaître. Mais les mots s'éteignent dans ma gorge. Parce qu’elle a raison sur une chose : il doit savoir. Il doit comprendre, même si ça me fait mal de l’admettre.
Je secoue la tête, le regard fuyant, mais je laisse échapper un dernier mot, un murmure, comme une promesse inachevée.
« Fais attention à lui. Ne laisse pas ce monde le changer... Ne le laisse pas devenir quelque chose qu’il n’est pas. »
Comme son père. Je détourne les yeux, et je me remets en route, monté à bord. Le vent est plus fort. Et moi, je le sens. Pourtant, au fond, il n’y a que cette inquiétude qui me ronge. Parce qu'il est mon fils, et je ne suis pas prêt.
Pas prêt du tout.
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