5 avril de l’an 4

D’habitude, je ne fais pas ce genre de chose, je ne suis pas un facteur, mais un espion de plusieurs milliers d’années, mais Tagar m’a promis une part du meilleur gâteau au chocolat de tout le Sekai et j’ai craqué.

Avant de connaître le ministre des Finances, j’ai goûté bien des plats au cours de ma très longue existence, certains excellents, d’autre très mauvais, mais c’est la première fois que je suis accroc à ce point. Même ma pipe avec mon mélange de champignons et de tabac me parait fade comparé à cette douceur.

C’est pourquoi, je suis là, en République, terre où j’exerce mon métier pour donner une lettre à une certaine personne. J’arrive donc à l’adresse indiquée et je frappe à la porte. Dès que celle-ci sera ouverte, j’indiquerai :

Bonjour, je souhaite m’entretenir avec Halewyn Sampiero.

La demeure d'Halewyn à Justice est dans un quartier propre, à la limite du quartier commercial. Maison de coin de rue à trois étages blanchie aux murs de pierre solides aux volets d'un pourpre profond se démarque entouré d'un jardin de plantes magnifiquements entretenues et odorantes, ceinte d'une haute clôture blanche, la demeure en elle-même laissant voir une quantité phénoménale de fenêtre. Les angles ronds et les pentes de toit sont aussi excentrique que magnifique

De si bon matin, quoique le matin est toujours relatif pour la maisonnée, la Tailleuse ayant toujours ses impératifs professionnels étant de bon matin. D'ailleurs c'est elle qui répond, cheveux soignés,,forts embijoutée sur sa peau de caramel foncé, les yeux sombres fixant avec plus ou moins d'aménité le visiteur tandis que, derrière elle, ciseaux aiguilles et fils divers s'activent dans une surnaturelle harmonie, les étoffes précieuses d'un peu partout sur le Sekai illuminant le blanc du mur.

D'ailleurs, des plates bandes foisonnantes, gracieuseté de Jasmine, s'élèeve un bourdonnement grave brisant le sience, un bourdon gras s'élevant difficilement, tout en vibrant d'effort.

L'humaine regarde le visiteur, les cheveux en batailles et l'oeil innocent, évalue d'un coup d,oeil sa morphologie sous les vêtements avant de détourner le regard comme si elle était décue.

Entrez. En haut à gauche c'est son bureau. Excusez-moi, j'ai du boulot.  

Juste en haut de l'escalier intérieur, a gauche, est le bureau de votre succube favorite. Parce que sous ses dehors insouciants, il y a un minimum de boulot à abattre tout de même, séparé de la demeure de la belle succube par une belle porte ajourée, iel n'en reste pas moins d'un gout exquis. La pièce, étonnamment grande, portait sur deux pans de murs intégraux  une collection de livres divers d'une qualité incontestable et manifestement plus ou moins anciens. Il y avait bien divers rayonnages qui étaient vides, mais c'est parce que les livres qu'ils étaient sensés recevoir étaient chez le copiste.  A l'opposé,il y avait un mur de pierre qui protégeait le foyer éteint. II y avait un coin lecture et discussions devant ce dernier des meubles aussi colorés que disparates, mais d'excellente facture et indubitablement moelleux y invitaient à la détente Créant contre toute attente une athmosphère éclectique et confortable. Et du coté des livres, devant la fenêtre, il y avait le bureau de Hale... Etrangement grossier et de pin blanc, manifestement fort ancien. ŀe bois tendre portait diverses traces d'activités diverses dont la plus importante pour iel était le cercle d'un rouge passé d'une coupe de vin qui y avait été déposé jadis... Le tout donnait une impression bohème et fort colorée, intime... Presque inappropriée pour un bureau de travail

Bureau de travail qui acceuillait en cet instant Halewyn et Jasmine, en pleine ''discussion'' sur les affaires de la maison. Et loin d'être perturbé par l'âme qui monte les marches, iel succube pris tout son temps, arrêtant le visiteur d'un

Un instant...

Un instant qui s'éternisa légèrement sous les râles de plaisirs de l'elfe audibles à travers du battant,  une fois le silence revenu, et la jeune femme partie par le balcon qui donnait sur la maison principale, il fut autorisé à entrer, pour trouver Halewyn assis au bureau, en simple chemise blanche délacée sur son torse, le long cou de cygne arborant les traces de quelques menues dents faibles.

Et pourtant, malgré son air affable, l'éclat noir des prunelles était inquisiteur et acéré.

-Bonjour? E♪ quoi puis je te servir aujourd'hui, confrère?

C’est une femme à la peau ambrée et habillée comme une riche couturière qui m’ouvre la porte. Elle m’indique simplement le lieu où se trouve la maîtresse de maison, avant de s’éclipser. Le lieu est meublé et décoré avec beaucoup de goût, je dois le reconnaître. De toute évidence, celle qui habite ici est une véritable esthète qui aime les bonnes choses.

J’arrive ainsi, en ayant pris mon temps pour admirer les lieux, devant une porte, entendant des bruits qui ne laissent guère de doute sur ce qu’il se passe à l’intérieur. Cela ne me fait ni chaud, ni froid, en cinq mille ans d’existence, j’ai connu tout ce que le sexe pouvait fournir et le moins que je puisse dire, c’est que j’en suis blasé. J’attends donc que l’on me donne l’autorisation d’entrer et je découvre une jolie rousse, correspondant à la description que m’en a fait Tagar, en tenue assez libre, qui me pose quelques questions. Je décide d’aller droit au but et je lui indique :

Je suis Fabius, j’ai une missive pour vous, de la part de Tagar Reys.

Je sors la missive et je lui tends, lui demandant au passage :

Puis-je savoir pourquoi vous m’appelez confrère ?

La personne qui fait face à Fabius est-elle réellenent une femme? Et la chevelure qui brille dans la lumière est t'elle rousse ou du carmin des coquelicots? Avec une grace infinie, Halewyn se lève.ŀa chemise délacée jusquau nombril laisse voir plus que ce que le visiteur aurait voulu soulignant une absence de poitrine claireent féminine. Pourquoi iel succube se ferait femme? iel est chez iel et iel s'habille comme iel veut pendant qu'iel regarde le messager confus.

Manifestement, il ne sait pas qui iel est. C'est ennuyant. L'oeil noir s'adoucit tandis que le maitre des lieux prend son éventail sagement posé sur sa table en pin.

Pardonnez ma grossièreté. Je me rend compte que vous devez êtes fourbus du voyage, messager, ce n'est pas la porte à côté. Je vous en prie, vous êtes mon invité.

Tıens,une auberge serait appropriée. Pense Halewyn. Parce que si le nombre de visiteurs continue d'augmenter, iel risque d'avoir bientôt des problème de logistiques. Une auberge à trois étages ... Une grande auberge avec une aile indépendante pour la Tailleuse et pour ses pairs. D'un geste de poignet vif, Halewyn chasse cette pensée. Pour le moment sa demeure convient. Iel devra simplement faire faire un bilan comptable et garder l'oeil ouvert pour les opportunités d'affaires, se doutant bien que de jouer à a dinette avec les mortels n'est pas de tout repos.

D'un geste gracieux, l'éventail fait un arc de cerce, désignant un des deux fauteuils ceignant le foyer qui s'allume tout seul, les flammes joyeuses léchant le bois.

Puis-je vous offrit de quoi vous sustenter pendant que je prend connaissance de la missive du Coeur du Reike? Vous devez être affamé non? J'ai du gâteau au chocolat.


Ou un monastère... Mais iel s'égare, nouveau mouvement de poignet pour s'aérer et chasser de quelques coups d'éventails nets cette pensée parasite. Elegamment, Halewyn lèva sa main, paume vers le haut et jour des doigts, cherchant manifestement un fil invisible. Bientôt, sur la table basse, apparait un plateau avec une théière, deux tasses, un assortiement de biscuits divers ainsi que deux parts de gâteau au chocolat..

Comment va ce bon Tagar? Il ne s'est pas trop mis dans les ennuis j'espère!Demande iel succube en prenant place après que FÆbius se soit assis, le servant iel-même Comment prenez-vous votre thé?

J’avoue que je suis dubitatif, Tagar m’a bien signalé que celle à qui je devais remettre cette lettre était une femme et là, j’ai un potentiellement un homme devant moi. À moins qu’il ne puisse changer d’apparence. Le problème avec le Cœur, c’est qu’il est assez avare en termes d’information. La plupart, il m’en donne le minimum pour que j’accomplisse ma mission. C’est probablement, car il me considère intelligent et que si je suis capturé, je ne pourrais pas dire grand-chose.

Elle me demande si le voyage a été long et je lui dis en souriant :

Pas du tout, j’habite dans cette ville.

Enfin, un de mes nombreux appartements est ici, j’en ai pas mal un peu partout dans le Sekaï. Rien de luxueux afin de ne pas attirer l’attention et acheté sous diverses identités, totalement intraçable. Mon hôte ou hôtesse, toujours difficile à dire, me propose de prendre place ainsi qu’un gâteau au chocolat, ce qui éveille immédiatement mon intérêt. Mais comme je n’ai plus faim, après celui du ministre des Finances, je lui indique simplement en m’asseyant :

C’est bien aimable de votre part, mais j’en ai déjà mangé récemment, mais je prendrai volontiers une tasse de thé.

Elle me demande ensuite comment va Tagar et je lui dis en souriant :

Il est toujours égal à lui-même, du moins je le pense, cela fait quelque temps que je ne l’ai pas vu.

C’est la vérité, nous communiquons le plus souvent par pigeon voyageur, pour plus de confidentialité.

Tout sourires, Halewyn opine, faisant briller les discrètes pierres précieuses à son cou. C'est étrange semblerait que l'individu devant iel ne sache pas qui iel est. Habituellement, entre déons on est sensés se reconnaitre non? Peut-être est ce un de ces domestiqués qui vivent en mortels depuis trop longtemps pour se rappeler qui ils sont et quels sont leur utilité pour le sekai.

Votre thé, vous prenez lait, sucre?

Et pendant qu'Halewyn prépare les boissons, se contentant pour sa part d'un thé nature, iel devise aimablement, empathie grande ouverte. .

Mmmm... une personne recevant des ordres d'un Reikois mais qui habite en Réṗublique? Soyez plus prudent, une personne moins ouverte d'esprit que moi pourrait vous accuser d'espionnage. Mais par chance j'ai des bons liens au Reike. Ce qui m'étonne c'est que cela fait longtemps que vous ne l'avez pas vu, mais vous véhiculez sa parole sur demande ce qui implique une forte autorité ou un sens de la loyauté ce qui, dans un sens comme dans l'autre est tout à votre honneur....

Continue t'iel en lui tendant la tasse de porcelaine délicatement colorée que ne pourrait renier la plus exigeante des dames.

Ce cher Reys a toujours eu le don de bien s'entourer pour pallier ses lacunes. Dites, peut-être connaissez vous Jasmine?

Parce que oui, avoir accès aux ressources de la famille Reys, tel que stipulé dans le pacte, inclus l'individu devant iel. Un de ses pairs. ŀa question est: Ce démon sert t'il les Reys volontairement ou est il soumis par un pacte?

Mon hôtesse me demande ce que je prends dans mon thé et je lui réponds en souriant :

Du sucre, s’il vous plaît.

Elle émet ensuite différentes hypothèses et je dois avouer qu’elle n’est pas loin de la vérité. Toutefois, je ne vais pas griller ma couverture d’espion, même si c’est une proche du ministre et je lui indique :

Je ne suis pas aux ordres de quiconque. Je suis un simple ouvrier dans le bâtiment et j’exerce mon métier dans cette charmante ville. De temps en temps, je rends des services et il s’avère que je suis redevable à Tagar. J’ai donc accepté de transmettre cette lettre, qui a d’ailleurs mis un certain temps à arriver.

Il est vrai qu’elle n’est pas passée par les canaux habituels, il s’agit sans aucun doute d’une missive privée. Le thé est vraiment pas mal du tout et j’en fais compliments à la maîtresse des lieux :

Votre boisson est très bonne, d’où vient le mélange ?

Il est rare que je ne connaisse pas un mets, alors autant posé la question. À mon tour, je suis questionné et je lui réponds :

Il est vrai qu’il a bien des lacunes. Pour Jasmine, j’avoue l’avoir croisé à quelques reprises aux côtés du seigneur Reys, mais c’était il y a quelques mois de cela. Pourquoi cette question ?

A la mention qu'il ne recoit pas ses ordres de quiconque, Halewyn ne réagit pas même si iel a un gros doute sur le sujet. Ce qui est normal c'est qu'il y ait des agents du Reike en Republique. L'inverse doit aussi être assurément correct.

Loin de moi l'idée de m'immiscer dans la politique. Le Pouvoir avec un grand P, je laisse cela aux Puissants. Merci beaucoup, Jasmine a parfois le mal du pays même si elle ne m'en fait pas part, la mention de votre no la fera assurément sourire. Elle est une jeune femme tres facile et agréable à vivre. Je ne remercierai jamais assez Dame Martha d'avoir réussis à la rejoindre.... Pour le mélange, c'est un thé que j'ai acheté à Melorn, rare,il est fait avec des feuilles de thé blanches mises à sécher parmis les fleurs de cerisier. Si vous désirez, je vous en donnerai un échantillon. Sinon les amis de Tagar sont mes amis. Ma porte vous sera ainsi toujours ouverte.

Dit iel avec sincérité en prenant une gorgée, les yeux semi clos et brillants de satisfaction, avant de reposer sa tasse pour prendre une part de gâteau.

Mais j'aimerais énormément apprendre à te connaitre. Tu permet le te? Ca fais moins pompeux...Tu es le second individu que je rencontre et qui est autant, sinon plus prudent que moi... Je vais te demande une simple question. Sais tu QUI je suis?

Parce qu'entre démons, on est sensés se reconnaitre non?

D’après les paroles de mon hôtesse, je comprends que Jasmine, une des servantes du seigneur Reys vit ici. J’apprends également d’où vient le mélange et je sais maintenant pourquoi ce mélange était inconnu pour moi, cela fait au moins deux milles ans que je n’ai pas mis les pieds à Melorn, n’étant pas elfe, le métier d’espion est considérablement plus compliqué.
Je vois que Hale cherche à se rapprocher, je semble l’intriguer et quand elle me pose une question, je réfléchis quelques secondes avant de répondre, continuant à boire lentement mon thé :

Tu es Dame Gyovanetti, que Tagar appelle amicalement Hale. Au début, je pensais que tu étais une humaine, car le Cœur ne m’a rien précisé, il est plutôt secret concernant ses amis. Maintenant je pencherai pour un démon et j’imagine que tu as également reconnu mon apparence. Est-ce que Tagar est au courant ?

Le sourire de la Shoumeienne se fait ravissant.

Halewyn Giovinetta... ŀe corrige t'iel . Et la question se pose aussi dans l'autre sens. Sais t'il qui tu es? Je ne crois pas que ca ne fasse une différence ceci dit. Tagar n'est pas spéciste. Qu'il entretienne des liens avec deux démons par contre est très étonnant.

Prenant une bouchée du gateau mousse aux framboises, iel marque une pause, laissant l'amertume du chocolat et l'acidité des framboises stimuler ses papilles.

Parle-moi de toi... Je suis curieux. Nous sommes si rares cest jour de fête quand nous nous croisons. Fabius est le nom qui t'a été donnépar les mortels ou tu l'a choisi?

Mon interlocutrice ne répond pas directement à ma question, mais je comprends qu’elle lui a dit, quand elle m’indique que Tagar n’est pas spéciste. Cela me fait d’ailleurs sourire et je lui dis :

Je pense que tu n’imagines pas le nombre de gens qu’il connaît. Il semble si inoffensif et complètement hors de la réalité. Pourtant, je l’ai vu donner des ordres qui auraient fait douter n’importe qui.

Elle me pose ensuite une question sur ma personne :

Fabius n’est qu’un des nombreux noms d’emprunt que j’ai utilisé au fur et à mesure des millénaires. J’ai toujours eu des prénoms commençant par F, je suppose que j’aime bien cette lettre. Mais assez parlé de moi, quel est ton âge et que veux-tu de Tagar ?

Je connais bien les démons et certains sont prêts à mettre en place des plans sur plusieurs années, je veux donc savoir si c’est le cas ici.

Halewyn a un léger rire agréable.

Inoffensif? Lui? Je ne crois pas non... Hors de la réalité? Pas totalement. Il a un sens de la déduction fascinante et qui lui est propre, certes, mais il en a conscience. L'innocence tout comme l'inteligence peut revêtir de multiples formes et ne peut se mesurer au niveau d'éducation de la personne. Pour les ordres évidemment mais ca fait parti de son charme.

Et Le démon devant iel de lui donner la première lettre de son prénom d'origine. Fidélité? Fılouterie? Mmmm... iel devra se faire une liste.

Moi? j'ai arrêté de compter après ma cinquième décennie. Entendons nous que je trouve le temps très arbitraire comme unité de mesure... Et pour ce que je veux, rassure toi, je ne lui ai rien exigé qui n'a été librement accordé... Question que je te retourne d'ailleurs... La question que je te pose est qu'est ce qu'il attend de ta personne?

Finalement, la démone qui me fait face, doit bien connaître Tagar. Elle semble apprécier ses multiples facettes et je me demande même si elle n’est pas amoureuse du personnage. Les démons ont toujours tendance à éviter de s’attacher à des mortels, mais il existe toujours des cas particuliers, je suis bien placé pour le savoir.

Elle m’informe ensuite qu’elle n’est pas très âgée, cinq décennies ce n’est pas grand-chose, j’ai, à titre personnel, vécu cent fois plus longtemps. Elle doit être encore en train d’expérimenter. J’ai encore du mal à comprendre ses buts, mais elle semble vouloir essentiellement s’amuser et Tagar devrait être capable de la gérer. Je me détends donc un peu et finis ma tasse de thé tranquillement. Je repose donc le contenant sur la table et réponds à sa question :

Il veut ce que souhaitent tous les dirigeants, des informations. Avant, il allait les chercher lui-même en République, mais il ne peut plus s’y déplacer. Je me demande souvent pourquoi j’ai accepté de lui venir en aide, mais je suppose que cela concerne surtout le fait qu’il semble aimer la République autant que moi.

Je me penche ensuite vers elle, la regardant droit dans les yeux et je lui demande :

Mais tu éludes ma question, quel plan est-ce que tu as envers Tagar ?

Mıne de rien, fabius s'est vendu. Il est un espion Républicain à la solde des Reikois, ou des Reikois tout cours. Il a textuellement avoué qu'il vendait des informations. Remarque qu'Halewyn ne pense pas que les êtres de sa race se disent nationalistes. Quand on est immortel, on n'en n'a que faire des frontières. D'un air gourmand, iel enfourne une délicate bouchée et prend le tempsde la mastiquer avant de répondre. Et les enjeux politiques le laissent de glace. Le levier potentiel de cette révélation est cependant très bien engrangé dans le cervau acéré abrité sous le joli minois.

Je n'ai aucun plan pour Tagar Reys. Je suis seulement désireuse de l'accompagner dans sa vie éphémère, trouver cette femme qu'il attend tant pour qu'elle lui ponde ses enfants tant attendus. Devenir vieux et gâteux. Et ce, tant qu'il y aura du chocolat pour moi sous son toit et que ma curiosité sera éveillée...

Blague t'iel avant de s'adoucir.

Je te sens inquiet... Te ferais je peur? Pourquoi? Pourquoi me prête tu de si sombres desseins Fabius? Habituellement on suspicionne chez les autres ce que l'on est soi-même. Devrais je supposer que l'espérance de vie du Coeur du Reike risque d'être écourtée en ta présence?

Comme je le soupçonnais, Hale s’intéresse à Tagar parce qu’il est intéressant et surprenant. C’est un peu puéril comme attitude, mais je suppose que mon grand âge m’a rendu trop blasé. Elle essaye ensuite de deviner mes pensées, mais je lui réponds d’un air désabusé :

Les gens de notre race ne sont pas des tendres. Nous avons toujours tendance à considéré les éphémères comme des simplets, méritant d’être nos jouets. Mais il s’avère que parfois, nous nous trompons et que sorte du lot, certains êtres.

Comme elle ne me le propose pas, je me ressers moi-même de cet excellent thé, et je continu :

Lorsque tu auras vécu tant de chose que moi, tu comprendras à quel point ces individus sont rares et tu voudras connaître leur potentiel. Après tout, peut-être que Tagar deviendra un jour un immortel également.