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  • Sam 25 Fév - 0:42
    Neera, Nineveh et bien d’autres anciens de magic : Finala, Meurthe et tant d’autres, dans un salon privé de la capitale elfe. Ambiance posée entre savants, professeurs, médecins, on fume, on boit, un peu d’hypocrisie dans la ville la plus pure : il faut préserver l’aura légendaire des elfes. De fait, quand on se met minable, on le fait en discrétion, à portes fermées. Autour d’une table avec des alcools forts, du tabac, de l’opium pour les plus courageux et des cartes. Dans un hôtel particulier de la cité elfe, on discute du bon vieux temps, d’un ton peut-être un brin trop vif, qui témoigne de l’état avancé de la soirée et de ses participants.

    « J’dis pas… » Reprend Finala, magicienne experte du feu divin. L’elfe à la peau cendre termine son verre de vin et a un hoquet, ivre. « Legolas, il a un peu ramolli sur la fin de sa vie. N’empêche, durant les années terribles, face aux titans, il en a tiré des flèches. Le nombre de gens qui ont pu prétendre au titre de hérisson après son passage... » Elle tape du plat de la main sur la table. « Et c’est pour ça que je ne laisserais pas des salisseurs de mémoire, dire du mal de son nom. » Mais personne ne réagit vraiment.

    Les autres ont trop bu, ils l’écoutent avec une certaine indifférence. Le vin tape vraiment fort ce soir, demain, la gueule de bois va être spectaculaire. Nineveh anticipe déjà les convives s’aligner devant son cabinet pour recevoir un remède contre les matinées difficiles. En inspectant le fond d’une cruche de vin, vide depuis un long moment, elle a un soupir de déception : dommage, un dernier verre aurait été le bienvenu.
    Avec un léger désarroi, elle s’adresse à Neera.

    « Tu sais qui a fini le Falernum ? Rah… On dirait mon oncle. Tu sais, j’en avais déjà parlé : grand homme, les cheveux gris, courts, les yeux vert pomme, la barbe. Il boit peu, mais quand il se décide, il siphonne un fut de Falernum sans trembler, quand bien même c’est un vin aussi fort que de l’eau de vie. »

    Elle écoute sa réponse.
    L’elfe s’apprête à faire une remarque et au dernier moment…
    Un cri.

    Un hurlement de pure terreur dans la nuit, qui vient interrompre d’un seul coup les festivités. Un grand silence recouvre la petite assemblée. Dans les rues de la cité, il y a quelqu’un qui passe un mauvais moment, un cauchemar qui a tourné au réel. Ni homme, ni femme, c’est un son guttural qui vient de l’extérieur, l’agglomérat de dizaines d’années de souffrances réunies en une seule expression, la tourmente de toutes les âmes recollées ensemble. L’enfer.

    Nineveh est la première à ouvrir la porte qui donne sur l’extérieur et en sortant dans les rues de Melorn, le plus improbable : un arbre de taille humaine, en train de courir dans les rues de la cité.

    « Reviens ici le bonzaï ! »

    Son oncle, sur les traces de la créature végétale, un arrosoir en main et une torche dans l’autre. Sur ses traces, son assistant personnel, un hybride félin au pelage roux qui salue vaguement Nineveh d’un signe de main avant de reprendre sa poursuite effrénée. Le scientifique fou et son fidèle lieutenant descendent plus loin dans la cité, sur les traces de l’arbre fugitif.

    « Désolé ! » Crie le chat une hache sous le bras, « on va rattraper ça. Rien de grave. » Tout est normal… le chat s’interrompt, « au fait Nineveh, ton oncle voudrait t’inviter à manger à l’occasion. Prendre des nouvelles, ça fait longtemps, tu me diras demain ! Je dois y aller ! » Sans attendre la réaction de la nièce, il continue sa route.

    Nineveh prend un instant pour comprendre ce qui vient de se produire : le petit arbuste qui court pour sa vie, son oncle Zayanderud qui le talonne sans merci, suivi de près par son assistant le chat.
    Le problème de la fiction par rapport à la réalité, c’est que la fiction a besoin d’être cohérente. Si l’elfe rapporte ce qu’elle vient de voir, tout le monde l’accusera de raconter des sornettes. Qui pourrait croire qu’un sujet d’expérience s’est échappé du laboratoire du vieux Zay’ ? Pour ensuite errer dans les rues en panique sous le regard médusé de quelques témoins, tandis que son assistant le finit à la hache ?
    Nineveh échange un regard avec Neera : il faut en savoir plus. La réputation de son oncle en dépend et surtout, si on l’interroge sur cette nuit plus que lunaire, il faut qu’elle sache de quoi il retourne.

    « Je mets des chaussures et on y va. »

    Pister le trio infernal n’est pas bien dur : l’arbre (vraiment ? Son oncle a vraiment donné vie à un arbre ?) saigne une sorte de mixture jaune fluorescente, probablement un mélange de sang et de sève. L’oncle a répandu de l’herbicide partout derrière lui à force de courir avec un arrosoir plein à ras bords. L’assistant est un orchestre à lui seul, tant il a de matériel sur le dos pour éponger toutes ces bêtises. Sans compter les cris de chacun qui rythment la poursuite jusqu’à un cul de sac.
    Les filles n’ont qu’à remonter le tapage constant, ponctué de « reviens l’arbuste, tu vas m’attirer des problèmes » du tonton et les « attendez patron, je suis chargé comme une mule, attendez ! » du chat.
    C’est dans une impasse de la cité qu’elles retrouvent le scientifique et le rouquin, l’un en train d’arroser d’herbicide le corps sans vie de l’arbre, l’autre en train de préparer un tapis pour ramener la dépouille sans attirer l’attention. Parmi les deux, c’est l’hybride qui remarque en premier les magiciennes.
    Contrairement au savant fou qui continue avec son désherbant, le chat tente le bluff : oreilles baissées, air triste, gros yeux dilatés pour susciter la tendresse, il joint les mains sans rien dire, dans une supplique muette qui jure avec son flegme d’il y a quelques instants.

    « Désolé les filles, c’est un accident peu glamour. Je balaie ça, ne vous inquiétez pas. Lorsque le soleil sera levé, il n’y aura plus aucune trace de cette bavure. »

    Surtout qu’ils sont devant la maison d’un juge. Nineveh ne sait quoi dire, bouche-bée devant l’attitude décontractée de son oncle qui nettoie tranquillement le carnage qu’il a causé.
    L’initiative revient à Neera, sinon, c’est le juge qui risque de hurler en voyant le champ de bataille devant sa porte.

    Noble de La République
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    Neera Storm
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    qui suis-je ?:
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  • Mar 28 Fév - 10:30
    Ce qui est savoureux, avec les connaissances de longue date, c’est qu’on délaisse généralement tout faux-semblant et tout aspect hypocrite au bout d’un temps. Lorsque le temps n’a pas d’emprise sur vous, on a tout le temps de découvrir les autres, de faire davantage connaissance, et puis, peut-être, de passer des moments plus sympathiques ensemble, si affinité il y a. Les soirées bien arrosées aident généralement à se créer des souvenirs mémorables, et elles sont toujours les bienvenues quand on ne se voit plus depuis un certain temps. Bon, bien sûr, il faut fêter ces retrouvailles avec un peu de jugeotte – faire ça à côté du Conseil des Erudits, par exemple, ce n’est vraiment pas une bonne idée – mais à Melorn, il est facile de s’isoler tout en préservant les apparences. C’est pourquoi quelques anciennes de Magic n’ont aucun scrupule à parler de tout et de rien, dans ces salons privés où personne n’est censée les déranger. Contrairement à d’autres, Neera n’a pas abusé sur l’alcool, mais elle ne peut s’empêcher de sourire en voyant que certaines de ses compagnes sont déjà loin. La Tornade prévoit déjà que Nineveh devra sortir quelques ordonnances, ou au moins leur prescrire des médicaments contre la gueule de bois. Le spectacle ne sera pas triste, demain, mais la soirée n’est pas encore terminée, et la la femme aux cheveux d’argent se tourne vers la médecin quand celle-ci lui demande qui a vidé le Falernum.

    - Tu n’as pas vu que Mélinda s’en prenait une grande chopée tout à l’heure ? Tu me parles de ton oncle, mais je demande qui enterrerait l’autre, s’ils faisaient un concours sur qui tient mieux l’alcool. Elle a une descente phénoménale, cette fille.

    L’air de Neera est espiègle, pourtant, son sourire se fige quand elle entend un cri dans la rue. C’est clairement un bruit qui vient de l’extérieur, qui ne serait pas si grave, s’il ne traduisait pas tant de souffrances en un seul son. Sa douleur est si perceptible que l’atmosphère festive du salon semble se briser d’un seul coup. Meurthe, Finala, et d’autres se regardent, mais il est manifestement clair qu’elles sont trop bourrées ou trop à l’ouest pour aller voir ce qu’il se passe. Alors c’est Nineveh qui se lève en première. Neera ne réfléchit pas et décide de la suivre. Elle ne doute pas des capacités de l’elfe et sa capacité d’adaptation, mais il vaut mieux aller voir ensemble ce qu’il se passe, si jamais il y a des âmes mal intentionnées dans le coin.

    Quand son amie ouvre la porte, c’est cependant plus fort que la demi-titan : elle voit un arbre. Et là, oui, elle se dit quand même qu’elle a dû abuser sur l’alcool. Ca semble tellement… improbable ? Loufoque ? Stupide ? qu’elle doit vraisemblablement halluciner. C’est ça, ça doit être l’opium que d’autres ont voulu essayer durant leur soirée. Il suffit que la fumée soit montée aux oreilles des autres participantes et le tour est joué. Pourtant, quand l’oncle de Nineveh apparaît, le doute n’est plus permis : il se passe véritablement quelque chose de bizarre dans les environs. Alors si l’enseignante de Magic est quelque peu médusée – comment ça, le scientifique somme son bonzaï de revenir ici ? –, elle finit par revenir sur terre quand la doctoresse et elle échangent un regard. Oh, l’assistant de son oncle leur a bien dit que ce n’était pas « grave » mais le cri de souffrance de… l’arbre, lui, était bien réel. Et puis, qui trouverait normal qu’un arbre se balade dans la cité de Melorn ?!

    Non, il faut investiguer, et la sang-mêlée opine donc du chef quand sa compagne lui dit qu’elles doivent aller voir ça de plus près. Les autres ne sont pas en état pour les suivre, et quand bien même Neera et Nineveh expliquaient ce qu’elles avaient vu à l’instant, elles perdraient un temps précieux à les convaincre que non, elles n’ont pas mis des substances hallucinogènes dans leurs boissons. De toute façon, Meurthe, Finala et d’autres anciens commencent à somnoler dans les fauteuils confortables du salon, preuve s’il en est qu’elles ne seront guère utiles aux deux magiciennes.

    Et voilà donc les deux protagonistes à se promener en pleine nuit dans Melorn. Pas qu’elles craignent grand-chose, elles sont débrouillardes, et elles ne vont pas non plus aller dans des quartiers coupe-gorge. Puis, l’un des plus grands dangers pour la ville est peut-être Neera elle-même alors il n’y a pas intérêt à ce qu’on leur cherche des noises.

    L’air froid et piquant de la nuit a l’avantage de les aider à garder un esprit relativement vif. Puis, la mixture jaunâtre qui a coulé sur le sol les aident à retrouver la trace des fugitifs. Même le plus abruti des pisteurs pourrait remonter la trace de l’arbre, du scientifique fou et de l’hybride chat. Puis, il y a les cris aussi. Des cris qui seraient bien ridicules et très drôles s’il s’agissait juste d’une fiction ou d’un mauvais rêve. Malheureusement, les deux femmes sont bien réveillées, et quand elles arrivent finalement à une impasse, Neera ne peut s’empêcher de se mettre un bref instant la main sur ses yeux dans un geste de pure désillusion.

    C’est. Juste. Une blague.

    Parce que l’arbre est mort, maintenant. Oui, oui, bien mort, à en croire la forme inanimée sur la rue. L’oncle de Nineveh arrose le bonzai d’un herbicide et le chat, lui, prépare apparemment un tapis pour ramener discrètement la dépouille dans… leur laboratoire elle suppose. Mais tout cela n’est pas du goût de Neera, et l’hybride doit bien le comprendre, puisqu’il prend un ton doux, un air triste et désolé, en joignant les mains sans rien dire. L’assistant ne réussit néanmoins qu'à s’attirer qu’un ricanement de la maîtresse de la foudre. Il croit s’en tirer comme ça ? Sérieusement ?

    - Un accident ? Une bavure ? J’espère que vous plaisantez, mon brave.

    Le ton de la demi-titan est assez acide, avouons-le, mais Nineveh ne semble pas capable de réagir. Elle n’en veut pas à sa compagne, cela dit. Cela doit tellement être… absurde de voir son oncle arroser un arbre d’herbicide, en ayant créé un carnage dans la ville. Alors la Tornade se permet de continuer et elle reprend la parole.

    - Que fait cet… cet arbre ici ? Il parlait ? C’était un être vivant ? Il était blessé et nous avons entendu son cri. Il avait mal. Très mal. Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Et pourquoi l’arroser de… de… d’herbicide alors qu’ils étaient en vie il y a quelques instants ?!

    L’urgence, pour le docteur fou, c’est probablement de s’évanouir dans la nature et de parler ensuite. Mais Neera n’est pas de cette humeur, et elle lance un regard à son amie. La diviniste a davantage parlé à l’hybride-chat qu’au médecin réputé de Melorn. Ce dernier doit plutôt être interrogé par sa nièce que par une enseignante étrangère, qui donne ses cours à Liberty.

    - Qu’est-ce que vous faites comme expérience ? Ne me dites pas que vous vous en prenez à des races qui n’ont rien demandé ?
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  • Mar 28 Fév - 16:06
    Le médecin tourne vaguement la tête une fois, deux fois, trois fois pour écouter le dialogue. Puis jugeant qu’il sera plus simple de faire face aux filles, il enjambe le corps de l’arbre avec son arrosoir et continue de le tremper d’herbicide tout en donnant attention à Neera et Nineveh. Contrairement à son assistant qui a tenté d’amadouer les demoiselles, le docteur se contente d’un long hochement de tête : c’est pas tous les jours qu’il y a ce genre d’accident à Melorn c’est vrai, ça fait mauvais genre dans les rues de la cité. C’est bien pour ça qu’il compte régler ça de manière diplomate.
    De toute façon, il est en présence de sa nièce et d’une enseignante de Magic, que va-t-il faire ? Leur tirer dessus ? Ricaner et faire semblant de rien en emportant son bonzaï sur son épaule comme si rien ne s’était produit ? Non, ce serait trop simple et trop con, on ne le laisserait pas faire.
    N’empêche, elles en font un scandale pour cette histoire de… de bonzaï en panique qui court tout nu en saignant dans les rues de la cité la plus paisible du monde. On a le droit à une bavure de temps en temps non ?
    L’oncle a un regard vers son fidèle assistant, puis vers les filles.
    Ouais, demande à un homme et il te trouvera une solution, demande à une femme et elle te trouvera un problème.
    Il a un petit sourire en coin, un peu embarrassé par cette situation, qu’il brosse derrière une mine gênée et d’une voix calme, qui se veut détendue malgré l’atmosphère sordide qu’il a instauré par sa gaffe, prend la parole.

    « Du calme mesdames, ce n’est pas une plaisanterie, j’ai mal dosé la mana dans mon dernier sortilège. C’est le genre d’erreur qui arrive même aux meilleurs…
    -Je le savais, j’aurais dû ouvrir une crêperie à Liberty. »
    L’interrompt le chat, en stress devant l’échec de son bluff, avant d’être rabroué par le docteur.
    « Relax Scylla, quand t’auras mon âge, tu comprendras que ces bavures se gèrent tranquillement. »

    Bon… Reste plus qu’à tout expliquer.

    De son côté, Nineveh reprend petit à petit ses esprits, elle cesse d’être submergée par les souvenirs avec son oncle Zayanderud et ses mille expériences interdites. Que ça soit les cadavres de pestiférés disséqués, les os analysés sous tous les angles, les produits chimiques dans d’étranges vasques qui attendent d’être mélangés pour former des boissons infernales. Tout cela semble culminer pour former un tout cohérent dans son esprit, une sorte de réaction à vif, qui aboutit à la création d’un arbre vivant. Elle n’arrive pas à expliquer le pourquoi du comment, mais elle a la sensation de découvrir le résultat de ses années d’apprentissages ici même. Aux pieds de son oncle, sous la forme d’un arbuste qui a été massacré à la hache et l’herbicide.

    « Que se passe-t-il mon oncle ? » Demande l’elfe, sans vraiment comprendre. Bien sûr, elle a plus ou moins compris la situation et ses enjeux, mais cela lui semble irréel, lunaire, elle n’arrive pas à en avoir actuellement conscience. « C’est un arbre ?
    -Oui ma nièce, c’est un arbre, un chêne pour être plus précis. »
    Le vieux Zayanderud se tourne ensuite vers Neera pour répondre à toutes ses questions. « Pour éclaircir votre lanterne madame : cet arbre était dans ma véranda au sommet de ma tour de sorcier. Il ne parle pas, j’ai mis dans son corps un cristal qui lui permet de parler, mais il n’a jamais appris à s’en servir, du coup il s’en servait pour crier. C’est normal qu’il ait mal : il a sauté à travers une de mes fenêtres et a fait une chute libre depuis le quatrième étage de ma maison. Du coup, logiquement, oui, il était en souffrance, mais je n’y étais pour rien. J’apprendrai à mon prochain sujet d’expérience à ne pas passer au travers des carreaux. J’ai simplement utilisé quelques sortilèges pour donner une fausse conscience à un arbre, et j’y ai rajouté un peu de sang et de mana pour lui donner certaines capacités motrices. Quant à l’herbicide… » Il hausse les épaules, comme s’il allait devoir souligner l’évidence. « C’est un végétal, donc je l’arrose d’herbicide parce que sinon il va pourrir et je n’ai pas envie que la cité empeste le bois crevé, pardi. »

    Nineveh en perd ses mots, elle secoue la tête, trop choquée pour en parler. Bouche bée, elle pointe un doigt accusateur vers le cadavre, puis vers son oncle qui a une toux polie en se voyant désigner de la sorte.

    « Quand même, Nineveh, je sais que ma frangine me pointait du doigt quand on était mômes, c’est pas une raison pour que tu fasses comme ta mère. C’est désagréable. » La médecin range son index accusateur, le docteur criminel a un soupir de soulagement et se fend d’un hochement de tête reconnaissant. « Pour reprendre là où j’en étais, je fais des expériences sur la régénération du vivant, ceci afin de mieux comprendre les mécaniques corporelles. Qu’on puisse faire repousser des bras et des jambes, repousser indéfiniment la mort, ce genre de choses. Enfin, repousser sa fin inéluctable, c’est surtout une angoisse humaine et d’enfants de zoophiles…
    -Eh ! »
    S’exclame le chat, indigné par les paroles de son chef. « Du respect envers ma maman !
    -Bref, »
    reprend Zayanderud en ignorant royalement son subordonné. « Non, sur mon temps libre, je ne persécute pas des hybrides et je n’ouvre pas des humains en quatre comme on épluche des bananes. Je fais des expériences sur le vivant. Pour être très honnête, je ne m’attendais pas à ce que le chêne soit aussi vivace.
    -Vous lui avez donné du sang d’Oni boss.
    -Oui j’ai bien noté, je ne m’attendais pas à un tel résultat. »
    L’oncle a un coup d’œil vers Neera et anticipant une remarque acerbe (à raison ?), poursuit très vite, « l’oni en question était très consentante, elle a été grassement rémunérée pour un demi litre de sa vitalité. »

    La lumière revient enfin chez Nineveh qui récupère toutes ses facultés, il faut admettre que lorsqu’on a passé des années et des années auprès de son oncle et qu’on a une vie qui se compte en siècle, avoir une anamnèse prend parfois quelques minutes. Le chat termine de nettoyer les dernières traces de sang avec une serpillère, puis enroule le corps dans un tapis, tandis que l’oncle secoue son arrosoir, désormais vide.

    « De fait mesdames, je n’ai techniquement rien fait d’illégal, enfin, si, j’ai provoqué un tapage nocturne et je m’en excuse platement. Je vais donc prendre congé avec mon assistant afin de nettoyer les traces dans les rues, puis dans un second temps, reboucher ma fenêtre avant que ma femme ne voit rouge.
    -Je crois que c’est déjà trop tard pour le dernier évènement chef.
    -C’est pas grave, je mérite. »
    Dit-il, l’air pince-sans-rire. « Mesdames, » continue Zayanderud à l’attention de Neera et Nineveh. « Si vous souhaitez continuer cette conversation, pourrions-nous le faire dans mon salon ? Il commence à faire froid et ça fait désordre de parler en pleine rue de ce… » Il a un coup d’œil vers le macchabé sur l’épaule du chat.

    Il ne va pas oser quand même ?

    « Ce truc. » Par les dieux… « Relax Nineveh, si tu veux te faire un sang d’encre, inquiète toi plutôt du juge qui peut se réveiller à tout moment.
    -C’est de la folie ! Tu expérimentes avec des choses contre nature en plein cœur de Melorn. Imagine les risques si un ambassadeur ou un professeur de magic tombait sur tes… »
    Elle a un coup d’œil vers Neera, « bon, trop tard pour le professeur de magic, mais imagine si ces histoires remontent jusqu’à nos alliés. Ou même aux érudits.
    -Eh bien je veillerai à me racheter comme il le faut si mes actions sont jugées criminelles. On reste dans le froid où on peut en discuter au chaud ?
    -On y va où je peux reposer le bonzaï que j’ai sur le dos ? »
    Demande le chat.
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    Neera Storm
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  • Dim 5 Mar - 20:48
    Si le médecin est véritablement un fou – ce fait est tout du moins acté dans l’esprit de Neera -, il veut toutefois privilégier le dialogue face aux deux filles. Dans un sens, c’est bien. Mais ça le serait mieux encore s’il arrêtait d’inonder l’arbre mort d’un foutu herbicide. Ce spectacle reste quand même déroutant, sinon totalement absurde, et la demi-titan escompte bien avoir quelques explications de la part du docteur elfique. Mais est-il seulement possible d’avoir des explications viables quand on est passablement dérangé ? Une chose est sûre, la Tornade ne compte pas devenir comme le vieil homme. Être passionné par ses recherches, c’est une chose ; croire que tout est permis au nom de la science ou de la magie, c’en est une autre. Il s’agit donc bien d’une limite que la professeure ne compte jamais franchir, mais pour l'heure, l'important est de savoir davantage ce qu'il se passe ici.  
     
    Comme elle, Nineveh semble totalement sous le choc et ne semble pas savoir quoi dire à son oncle. Oncle qui, d’ailleurs, vient définitivement à leur rencontre. Peut-être a-t-il compris qu’il fallait les convaincre rapidement que cette situation n’était « pas grave » (hum hum) et que tout rentrerait dans l’ordre. Oui, sauf que voilà : il est face à deux femmes têtues, qui sont autant abasourdies que désarçonnée par ce spectacle aussi glauque qu’invraisemblable. En plus, Nineveh fait même partie de la famille Basileïa, il ne peut donc pas jouer l’innocent et étouffer ça comme il le ferait avec un pur inconnu rencontré dans la rue. L’hybride-chat et son acolyte doivent cependant agir vite puisque l’étrange quatuor est devant la maison d’un puissant juge de Melorn. Ce dernier serait absolument ravi de voir un tel carnage devant chez lui, la sang-mêlée en est sûre… Donc ils ont intérêt à déguerpir rapidement de là. S’ils arrivent seulement à convaincre Neera et son amie elfe de les laisser faire.      
     
    La femme aux cheveux d'argent reste d’abord de marbre quand l’homme leur adresse un sourire embarrassé, et quand il déclare qu’il a juste mal « dosé » le mana dans son dernier sortilège, l’enseignante le regarde comme s’il était un abruti. La première chose qu’on apprend, aux mages, c’est de bien doser son énergie magique, sinon cela peut créer littéralement des catastrophes. Tout le monde est au courant de ça, non ? Cela devrait l’être d’autant plus chez les elfes, qui ont une vie suffisamment longue pour se rendre compte de la dangerosité de la magie. Et puis… Et puis… Qui voudrait apprendre à un arbre de parler, bon sang ?

    - Juste une question. Depuis quand vous avez des idées aussi… Neera cherche un instant ses mots et pince les lèvres alors qu’une série de qualificatifs passent dans son esprit. Aussi bizarroïdes, inutiles, et loufoques ?

    Et encore, elle est gentille. Nul doute que le Conseil des Erudits n’apprécierait pas qu’un de ses scientifiques mette la pagaille à Melorn et joue si dangereusement avec les êtres vivants. Tout du moins, on appréciait davantage que ça se fasse à huit clos et que ces expériences ne se baladent pas en toute impunité dans les rues. Neera est persuadée que, si un des sages elfes apprenait qu’une professeure de Magic a mis les yeux sur une telle… abomination, il avalerait littéralement son café de travers.

    On n’entachait pas la réputation de la fière cité elfique, après tout.

    En tous les cas, donner la parole, ainsi qu’une fausse conscience à un arbre était particulièrement inquiétant comme idée et quand l’oncle de Nineveh lui dévoile tout ce qu’il a fait, Neera écarquille légèrement les yeux.

    -  Du sang et du… Par la Dame, je vais l’étrangler.

    D’ailleurs, même s’il a prélevé du plasma sanguin sur une Oni consentante, son expérience reste inacceptable. A croiser autant d’éléments, à repousser les limites naturelles des êtres vivants, à mélanger du végétal avec du sang d’une autre race, on joue avec le feu et c’est tout simplement contre-nature, c’est évident.

    Enfin, ça l’est pour tout le monde, sauf pour l’hybride-chat et le savant fou.

    Un doute traverse d’ailleurs subitement l’esprit de Neera et elle plisse les yeux en direction du médecin.

    - Votre expérience. C’est la quantième qui dégénère ainsi ? Non, combien vous en avez faites tout court ? Ne me dites que vous avez produit de telles horreurs depuis… des siècles ?

    Et surtout à l’insu de Nineveh car il est évident que son amie n’est point au courant de tout cela.

    D’ailleurs, celle-ci prend la parole et dit les choses telles qu’elles sont, heureusement. Car oui, c’est de la folie, oui, c’est contre-nature, oui, cela ne va pas plaire aux érudits, aux ambassadeurs ou la professeure qu’elle représente. Un ricanement s’échappe d’ailleurs de ses lèvres quand le savant déclare qu’il fera amende honorable si tout ça venait à être découvert. Aussi, la professeure ignore royalement leur proposition de se bouger de là et elle embraie sur le sujet qui fâche :

    - Vous croyez que le Conseil ou les ambassadeurs vous demanderaient « juste » de faire amende honorable ? Il y aurait enquête, toutes vos expériences seraient dès lors découvertes. Et si cela choque vos compatriotes, voire des personnalités étrangères, vous pourriez avoir interdiction de professer et de continuer vos… « expérience ». Peut-être même prendrait-on une sanction encore plus sévère, pour donner l'exemple. Je sais qu’on est plus tolérant à Melorn qu’à Magic en ce qui concerne la magie noire mais… Même ici, il y a des limites, quand il s’agit de garder la face. Vous n’avez jamais songé à Nineveh et au fait que votre opprobre pourrait toucher toute votre famille ?

    Ses paroles sont peut-êtres dures, ou pas assez, ça dépend du point de vue. Mais les deux hommes ont envie de bouger. Pour peu, cela ne la dérangerait pas que le juge endormi se réveille mais… la Tornade n’est pas une garce égoïste. Elle doit aussi penser à sa camarade, alors Neera se tourne vers elle et lui déclare :

    - Je te laisse décider ce qu’on fait. Je t’avoue que ça ne me déplairait pas que ton oncle subisse les conséquences de ses actes. Mais d’autre part… Cela te toucherait aussi, et il serait peut-être plus avisé qu’on creuse le problème, même si… j’ai peur de ce qu’on va découvrir. Surtout qu’il a peut-être d’autres « expériences » en cours en ce moment-même. Mais c’est ton oncle. La décision te revient.
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  • Mar 7 Mar - 1:33
    L’oncle semble… Légèrement agacé par les remarques de Neera sur le côté loufoque, bizarre et inutiles. Il n’aime pas trop qu’on juge son travail. Ou plutôt, s’il accepte qu’on juge c’est le manque de subtilité de la professeur de Magic, il a une moue un brin perplexe en voyant une telle sévérité dans les propos de l’élémentaliste. Néanmoins, il ne se démonte pas et si son égo est piqué au vif, il ne le montre guère. En fait, dans cet agacement, on distingue plutôt cette lassitude agressive d’avoir à justifier son travail auprès de ses pairs, un sentiment un brin humiliant quand on a atteint une telle expertise en médecine. Enfin, ça fait partie de la vie et ses petites contrariétés.

    « Ce n’est pas une idée loufoque. C’est un travail préliminaire dans le cadre d’études sur le vivant et la création de vie. C’est bien d’être nécromancien et de lever 50 zombies d’un seul coup, mais s’il faut les maintenir en vie en suant à grosses gouttes toute la journée, ça perd de son intérêt. Je testais quelques hypothèses avec cet arbre. »

    Ensuite, il a un haussement de sourcil en écoutant le reste des paroles de Neera, sur ses questions quant à ses travaux des siècles derniers.
    Il allait répondre, mais le chat les interrompt.

    « Si on reste ici, moi je repose l’arbuste hein. » Boude le matou en amenant délicatement au sol la dépouille enroulée dans un tabac, il fait craquer bruyamment ses vertèbres en s’étirant. « Il est lourd.
    -Bref. »
    Reprend l’oncle sans se démotiver. « C’est la première expérience qui dérape. J’ai toujours été très consciencieux quant à mon travail, c’est le premier accident en plus de cinq siècles de carrière. » Par contre, il n’apprécie guère qu’on mêle sa famille à tout cela, il perd son indifférence pour une moue un brin maussade, définitivement, ce n’est pas sa tasse de thé. « Eh, il y a un temps pour s’énerver et il y a un temps pour les remarques constructives. A votre avis, si je suis avec le chat et l’herbicide, c’est bien pour tout remballer et éviter de faire des vagues et éclabousser ma famille. »

    Finalement, tous les regards se tournent vers Nineveh qui a le dernier mot sur cette histoire. Ou du moins, l’illusion de l’avoir : si ce scandale remonte jusqu’à sa famille, nul doute qu’elle sera impliquée dans le jugement, au moins en tant que témoins. Au pire ? En tant que complice peut-être ? Elle a été un long moment son apprentie et elle a complété son apprentissage par des recherches parfois scabreuses.

    « Scylla, embarque le corps. Mon oncle, on vous suit. Pas de bêtise.
    -Je suis un savant fou, pas un criminel. »
    Corrige Zayanderud avec une pointe d’ironie lugubre.

    Les quatre plus un s’en vont dans les ruelles de Melorn. La garde de la cité est déjà en alerte, un voisin a dû prévenir un poste de vigiles. Dans tous les cas, ils esquivent une patrouille qui se dirige vers les lieux de l’incident. Ambiance tendue dans les allées perpendiculaires aux grands axes, malgré le calme tout relatif de la cité, tous dans l’assemblée peuvent sentir Nineveh bouillir. Le chat s’abstient de toute remarque et l’oncle, de justification.
    Le retour à la maison, s’il se fait dans un silence tout relatif, ne présage rien de bon.
    En rentrant dans la demeure de l’oncle, un grand hôtel particulier qui ne se distingue en rien, il n’y a pas de surprise particulière. Des plantes vertes dans des pots en céramique, parquet ciré qui a vu de meilleurs jours, du mobilier standard, rien qui ne se distingue particulièrement du reste de la cité.
    Enfin, si. Il y a cette ambiance magique, qui prouve que l’hôtel particulier est le lieu de résidence d’un mage, sa forteresse de solitude même. Les cristaux en suspension dans l’air qui illuminent les pièces d’une teinte jaune un peu chiche, l’absence de tisonnier pour la cheminée, les détails fourmillent sur la nature magique du propriétaire des lieux.
    D’un claquement de doigt, il rallume le feu et pose une casserole sur le feu. Envie d’une boisson chaude au milieu de la nuit ? Probablement, certaines habitudes ne changent pas au cours des siècles.
    L’oncle s’installe à table et invite le reste de la troupe à faire de même. Le chat se presse de balancer le corps à la cave avant de revenir un instant plus tard, plus intéressé par une pause que par une sépulture décente pour le sujet d’expérimentation.
    Après un long moment, Nineveh est première à donner une voix au silence.

    « Après toutes ces années, tu t’es mis au boulot comme si de rien n’était. » C’était prévisible ! Elle le savait ! Qu’il allait devenir un psychopathe en puissance ! Il suffisait de voir cette absence d’émotion lorsqu’il manipulait les corps, lors des dissections, des analyses, comment il ouvrait avec une froideur glacée. C’était déjà un bonhomme de neige : malgré les sourires, l’amitié, son air bonhomme, il avait déjà cette absence de chaleur en lui. Simplement, il était doué pour la dissimuler.

    Et pourtant, aujourd’hui encore, il a cet air de cinquantenaire décontracté, affable, sympathique. L’elfe ne sait plus où elle en est, si c’est un psychopathe, un fou furieux ou un docteur qui a dépassé les bornes. Les trois en même temps ? Possible, elle ne sait dire, a-t-elle seulement l’envie d’émettre un jugement sur son mentor ?
    En fait, est-ce que tout cela en vaut le prix ?
    Malgré tout ce qu’elle peut dire. Elle aussi, ressent ce froid polaire, digne des montagnes que l’on voit depuis Melorn. Elle n’aurait pas été son élève, si elle aussi, elle n’avait pas cette quête malsaine, même si elle a employé des moyens différents pour découvrir la nature exacte du vivant.

    « Quel est le but de tout ça? »

    Zayanderud la jauge. Ses yeux gris se tournent ensuite vers Neera. Après un instant, il répond.

    « La science, la recherche, les limites de la médecine. Gommer les balafres sur ton visage, donner la possibilité à Scylla de fonder une famille, en réalité, la découverte est ce qui me motive tout simplement. Je n’ai pas besoin d’une raison morale pour faire ces expériences. C’est la première de son genre. Il n’y a rien d’autre dans le manoir, vous pouvez le fouiller de fond en comble, je peux même vous montrer les pièces secrètes si vous le souhaitez. Mais vous ne trouverez rien.
    -Pourquoi nous dire cela ?
    -Vous auriez pu me dénoncer à la garde, je fais preuve de gratitude à ma manière.
    -Ca ne pardonne en rien tes crimes.
    -Mon crime est d’avoir expérimenté avec la magie noire. Rien de nouveau à Melorn, j’ai gaffé en laissant ma création s’échapper. Encore une fois, rien de nouveau sous le soleil.
    -Tu as violé toutes les lois de nature pour la science ? Pour repousser des limites arbitraires ?
    -Oui. »
    Il a un regard vers la fenêtre, la nuit noire dehors.

    Au bout d’un moment, il laisse tomber cette façade détachée et pince-sans-rire pour laisser place à sa frustration et à sa fatigue. Il se frotte le visage de deux mains lasses, tandis que le chat prépare les boissons et fait le service.
    Même dans les situations embarrassantes il y a une routine et à la manière dont l’assistant propose les boissons en silence, sous les regards houleux de l’assemblée, le chat a une grande expérience en la matière. Il suffit de voir comment il retombe dans ses instincts de fidèle bras droit pour comprendre que ce n’est ni la première fois, ni la dernière qu’il est confronté à une telle situation.
    Pour faire bonne figure, il prend la même boisson que Neera si elle en prend une, et prend la première gorgée en signe de bonne foi.

    « La face a été gardée. » Résume simplement l’oncle. « Je ne vais pas tâcher de vous convaincre de la neutralité fondée de mes actions. Si vous souhaitez visiter le manoir, vous en êtes libres. Je vous demanderai simplement d’être discrètes si vous allez au deuxième étage, il y a ma femme qui dort, ou qui boude.
    -Elle boude chef.
    -Mérité. »
    Glisse Nineveh l’air de rien, ce qui suscite un sourire chez le chat qu’il réprime très vite. « Tu montres patte blanche l’air de rien, alors que tu viens de prouver que tu es un danger pour la société, ne serait-ce que par ton absence de garde-fou dans tes expériences.
    -Excusez-moi d’exister, »
    se défend Zayanderud d’un air très calme. « La prochaine fois, je veillerais à faire comme tout le monde et à faire mes expériences dans ma cave. » Au bout d’un moment, sentant l’inexpérience de Nineveh d’un côté et l’outrage manifeste de Neera, il pose la question fatidique. « C’est votre première fois avec ce genre de tabou ? »

    Ce n’est pas un trait d’humour déplacé, ou une tentative de désamorcer le conflit. Il y a une réelle curiosité, une volonté de savoir, de comprendre. Si elles étaient familières avec ce genre de trame interdite à suivre, de fil infernal à remonter pour le vivant jusqu’à sa source.
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  • Dim 12 Mar - 18:07
    Il y a une chose qui est sûre et certaine : Neera n’est absolument pas convaincue par les expériences du docteur Basileïah. D’ailleurs, qu’il lui parle des nécromanciens ne change pas son point de vue : quand un mage noir agit, il utilise son pouvoir sur les morts ou les cadavres en décomposition, ça n’a strictement rien à voir (selon la magicienne) avec l’étude du vivant et de la création de la vie. C’est le mana qui agit pour créer des marionnettes au nécromant, mais pour le reste, on ne peut pas dire que les créations sont indépendantes et très efficaces. A l’inverse, dans leur cas, le savant fou veut maintenir la vie et comprendre son processus, quitte à même guérir des maladies incurables. Un but noble en soi, mais quand ça dévie sur de telles expériences… Bon. Il y a de quoi se poser des questions, quand même. Que ce soit le premier cas qui dérape en cinq siècles n’est pas forcément une circonstance atténuante, quoique Neera espère bien qu’il n’ait pas foutu le chaos en ville durant sa longue vie.

    Nineveh a en tout cas le dernier mot, et il est décidé qu’ils suivront son oncle. Son amie ne dit rien pendant leur voyage au travers de la cité. Il est évident, pour qui sait voir, que la médecin est à bout. D’ailleurs, ni l’hybride-chat ni son patron ne surenchérissent ou font le moindre commentaire. Cela vaut mieux, car même la Tornade pourrait le prendre mal. Celle-ci préfère donc que les choses se passent et quand elle pénètre dans la maison du docteur Basileah, Neera reconnaît aussitôt que son propriétaire est bien un mage. Il y a ce petit matériel qui manque à droite à gauche – l’absence d’allume-feu, par exemple. D’ailleurs un seul claquement de doigt permet au savant de générer des flammes suffisantes pour réchauffer une casserole. Etant simplement invitée, la Républicaine ne dit rien, elle observe, simplement, et tente tant bien que mal de mieux jauger cet elfe très particulier. Lorsque leur hôte les invite à se mettre à table, elle s’exécute avec un reste de méfiance et la diviniste s’assied à côté de sa camarade. C’est cette dernière qui rompt finalement le silence, et, de ce que la sang-mêlée comprend, son oncle semble agir avec un flegmatisme profond et une parfaite nonchalance. C’est inquiétant, ça, non ?  Quelles sont seulement les limites que ce chercheur se donne ? S’en met-il seulement ?

    Nineveh, en tout cas, souhaite approfondir le sujet et demande à son mentor quel est le but qu’il poursuit. Sa réponse est la fois précise et très vaste. Fouiller la science, poursuivre la recherche, dépasser les limites de la médecine. Il y a des objectifs qui sont bons, peut-être – pourquoi ne pas retirer les balafres de sa nièce, après tout ? – mais la manière dont il opère ces expériences, ses idées pour avancer, aussi… Non, non, et non. Neera doit bien avouer que visiter son laboratoire lui était bien passé par l’esprit, pour que les deux femmes découvrent éventuellement jusqu’à quel point il a l’esprit dérangé, mais à l’en croire, il n’y a rien d’autres dans son manoir.

    - Vous faites des expériences une par une ? Jamais des expérimentations simultanées ? Comment vous procédez ?

    Les questions de Neera ne sont absolument pas poussées par sa curiosité, cette fois-ci. En temps normal, son ton serait doux, malicieux, intrigué ; alors qu’ici, son regard est totalement sérieux. Elle n’est pas détendue le moins du monde, mais la professeure de Magic cherche quand même à comprendre le modus operandi de cet elfe vieux de quelques siècles.

    - Quelqu’un à Melorn est au courant de vos expériences ? Vous avez déjà fait venir quelqu’un ici pour montrer le résultat de vos… recherches ?

    Il est évident que l’enseignante ponctue ses questions par des légers silences pour laisser son interlocuteur répondre. Son visage montre clairement son incompréhension, ses doutes, presque son dégoût, même. Après, heureusement pour lui, les deux femmes sont tombées sur un arbre, pas sur une elfe morte et ressuscitée à cause du bon vouloir du savant. Dans ce cas-là, la Tornade aurait été immensément plus sévère et terrible, mais tout dans son attitude tendue montre qu’elle n’est déjà pas à l’aise et qu’elle considère l’oncle de Nineveh comme un pur cinglé.

    L’expression fatiguée du docteur ne génère d’ailleurs pas en elle une grande pitié. Même, la façon dont son bras-droit prend les devants et distribue les boissons lui fait penser que ce n’est pas la première fois que les deux hommes se retrouvent dans une telle situation. Alors la diviniste reprend :

    - Vous avez déjà eu des gens qui ont vu vos recherches non ? Sinon, vous ne seriez pas si… Neera cherche ses mots puis hausse les épaules. Vous semblez avoir l’habitude de ce genre de choses, fait-elle à l’attention de l’hybride-chat. A cause de son épouse ? Qu’est-ce qu’elle pense de tout ça ?

    Quand ce dernier lui tend une tasse chaude, Neera la saisit par politesse, mais la magicienne est trop préoccupée pour songer à y pencher ses lèvres. Elle veut des réponses avant tout et que la face a été gardée ou non n’y change rien. La demi-titan est davantage désolée pour son amie qui semble littéralement tomber des nues. Comme cette dernière le signale, son oncle est un danger pour la société, tant il ne se met aucune limite dans ses expériences. Quand, d’ailleurs, le docteur pose une question à leur intention, la sang-mêlée pince involontairement des lèvres. Était-ce la première fois avec ce genre de tabou ?

    - Je ne suis pas du tout une adepte des pratiques interdites, répond-elle sans se cacher. A Melorn, on parlerait plutôt de magie noire, mais son interlocuteur est suffisamment intelligent pour la comprendre. Il a bien dû aller à Magic par le passé. Je ne juge pas ceux qui ont une grande facilité dans cette voie. D’ailleurs, j’ai un grand respect envers le Dérangeant, la Pléiade de ce cursus. Ce n’est juste pas mon domaine de prédilection. Je ne joue pas avec les êtres vivants, ni même les cadavres. Donc oui, c’est très probablement la première fois que je suis devant ce genre de tabou.

    Ce qui ne voulait pas dire, bien sûr, qu’elle hurlerait à l’infamie si un nécromant dressait des zombies devant elle. Chacun ses facultés, chacun ses pouvoirs, mais ne lui mettez pas un scalpel dans les mains pour disséquer un cadavre, ce n’est absolument pas la passion ni le talent de Neera.
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  • Mar 14 Mar - 13:55
    « Des expériences individuelles, une par une, les unes après les autres, en particulier quand elles sont de cette délicatesse. Il serait fou dangereux de multiplier ce genre d’expériences. En particulier, elles sont censées être très importantes pour faire avancer les recherches. Ce serait du gaspillage de ressources et de vies humains ou… Moins humains dirons-nous. » Il n’a pas envie de se reprendre une engueulade par Neera. « Je procède très simplement : j’ai une théorie ou une hypothèse, j’essaie de la confirmer par les moyens les plus civilisés d’abord. Ensuite, seulement en situation extrême, je prends la responsabilité d’expériences plus dangereuses et taboues. »

    Ce qui fait… Sens ? Enfin, Nineveh a du mal à rationnaliser tout ce qu’elle vient d’entendre. Mais cela ressemble au mode opératoire de son oncle, du temps où elle était son assistante. Ils en venaient rarement à ces extrémités, mais ils ont déjà déterré des corps pour réaliser des autopsies non autorisées. C’est assez perturbant de participer à ce genre d’acte en y étant mentalement préparé, alors être surprise au beau milieu de la nuit par un arbre qui court dans les rues de la cité, talonné par deux médecins du dimanche.

    « Disons que je présente le résultat et les gens sont satisfaits. Oui, j’ai déjà fait venir des gens pour les expériences les plus… calmes. C’est la première fois que je fais ce genre de chose, donc je ne peux pas dire qu’une autorité ait approuvée ou supervisée cette tentative sur une plante. » Il s’interrompt en voyant le visage de sa nièce.

    On dirait une berserker qui est en train de taper une crise d’anévrisme, le tout dans un corps de jeune femme. Si elle ne prononce aucun mot, il est facile d’imaginer le torrent de haine qui tourbillonne dans son esprit, transpire dans son regard frustré.

    « Ce n’est pas la première fois que je dois justifier de mes travaux et de leur bien fondé. L’époque aussi, ce qui passait hier ne passe plus forcément aujourd’hui. » Quant à l’hybride chat, quand on lui demande son opinion.
    « Elle est fondamentalement contre. » Répond Scylla, « c’est une garde de la cité après tout. »

    Cette fois-ci, loin du détachement habituel, ou de l’embarras comique dont il fait preuve, c’est d’une petite voix qu’il annonce cette dernière nouvelle. Honteux de la mascarade à laquelle il participe, il détourne le regard, il ne peut pas soutenir sa propre hypocrisie : c’est l’élève d’un maître qui gâche son mariage pour la science, pour lui ? Non, il n’empêche, il n’aime pas être complice de ce genre de chose.

    « Si c’est la première fois, c’est normal d’être effrayé ainsi. J’ai crié d’effroi, la première fois que j’ai surpris mon maître en train de préparer un rituel. » Et le voilà tout naturellement en train de trucider un arbuste comme si ses traumas passés n’avaient emporté aucune leçon avec eux.
    « Ces expériences sont contre-natures, tu risques gros. Même si Melorn accepterait de te couvrir, il faudrait pouvoir justifier de tout cela face à la République si les rumeurs parviennent aux oreilles du pouvoir.
    -Ce n’est pas la première fois qu’il y a une gaffe, pas forcément la mienne. Nous avons toujours trouvé des solutions, ne soyez pas anxieuses mesdames. » Toussote poliment le vieux. « Il y a des solutions pour tout et n’importe quoi. Il ne faut pas voir ce genre d’expérience interdite comme un mal en soi : c’est parfois le moyen le plus rapide de comprendre le nœud d’un problème. L’on ne souhaite pas toujours expérimenter sur des malades pour comprendre certaines maladies ou malédictions, alors… A défaut de fabriquer des épidémies et des maudits, on trouve des alternatives plus ou moins viables à de véritables patients. » Le chat arrondit les yeux, « ne me regarde pas comme ça. Tu sais très bien ce que je veux dire, je ne suis pas un boucher, je ne vais pas kidnapper des gens pour confirmer une théorie. » Il se tourne vers Neera, « j’ai répondu à toutes vos questions ? Ou alors d’autres vous sont venues suite à mes explications ? »
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  • Sam 18 Mar - 23:06
    Même si l’oncle de Nineveh lui déclare qu’il serait fou de multiplier les expériences de ce genre, Neera ne regrette pas le moins du monde de lui avoir posé cette question. Quand on est sûr du bien-fondé de ses recherches, l’esprit humain est capable de trouver n’importe quelle excuse pour justifier ses actes. Alors le docteur elfique pourrait très bien avoir voulu multiplier ses sujets d’expérimentation pour aller plus vite, même si les elfes ont bien du temps devant eux. Ca reste une bonne chose que le savant fou n’ait pas franchi cette limite, c’est peut-être même une des rares bonnes nouvelles de la soirée. Quant à son modus operandi, on y découvre quand même une certaine « logique ». Ca ne veut pas dire que la Tornade approuve ses faits et gestes, loin de là, mais au moins, cet homme cinglé ne fonctionne de manière complètement désordonnée. Ca permet au moins de limiter la casse, quoiqu’il n’ait pas bien du tout géré le cas de ce soir.

    Qu’aucune autorité n’ait approuvé ses sujets d’expérimentation ne l’étonne guère : même le Conseil des Erudits serait probablement divisé à ce sujet. Certains l’approuveraient, d’autres se soucieraient de l’avis des pays voisins, d’autres encore craindraient que tout cela devienne hors de contrôle. Le vieil elfe a bien dû se douter que ses recherches susciteraient des avis controversés, aussi, il a sans doute préféré la solution la plus simple : se taire. Il a tellement bien caché ses intentions que même sa propre nièce tombe des nues. Oh, il y a bien son épouse qui est au courant mais… Si elle ouvre la bouche, l’opprobre risque de retomber sur elle, sur sa réputation, sur son travail. C’est peu enviable pour une citoyenne de Melorn car elle n’a probablement pas d’autres endroits où aller.

    Dans tous les cas, Neera continue de se taire. Elle écoute son amie intervenir – et celle-ci a bien raison de souligner qu’il faudrait justifier de telles expériences à la République, voire même du Reike puisque la cité elfique a des liens avec ces deux nations. Vraiment, le docteur joue au funambule : est-ce qu’il se rend compte que, si il tombe, c’est toute sa famille qui risque de chuter avec lui ?

    - Si on dit que certaines expériences sont « interdites », c’est qu’il y a une raison en soi, finit par relever l’enseignante. Votre cité est beaucoup plus ouverte à la magie noire et à d’autres expérimentations que ne l’est Magic, mais même votre Académie se plie à quelques règles. Peut-être que certaines de vos « gaffes » ont été excusées jusqu’ici, mais la patience de vos collègues, voire même des Erudits, finira par arriver à son terme. Cela que vous ayez percé les mystères que vous vouliez découvrir ou non.

    Neera secoue la tête, un peu par dépit devant cette situation alambiquée peut-être.

    - Et si vous alliez voir votre épouse, Docteur Basileïa ? Je pense qu’elle aimerait avoir droit à quelques excuses. Quant à vous, fait la professeure à l’attention de l’hybride-chat, peut-être faudrait-il aller nettoyer les débris de la fenêtre… et vérifier qu’il n’y a pas des morceaux de verre dans la rue également.

    La vérité, c’est que la jeune femme veut se retrouver seule à seule avec Nineveh. Elle attend néanmoins qu’ils protestent ou qu’ils s’exécutent avant de profiter (ou non) d’un silence bien mérité. C’est que la disparition des deux complices lui fait momentanément du bien et c’est au bout d’une longue minute que la Tornade se tourne vers l’elfe-médecin.

    - Que penses-tu de tout ça ? Tu ne semblais vraiment pas au courant, et j’avoue que je n’aimerais pas être à ta place.

    En toute honnêteté, Neera préfère largement que propre mère soit une diviniste fanatique qu’une folle doctoresse qui s’amuse repousser les limites de la vie.

    - Pour te donner mon avis, on ne peut pas continuer à le laisser faire. Mais nous écoutera-t-il seulement ? T’écoutera-t-il si tu lui dis d’arrêter ? Moi, je ne suis qu’une professeure de Magic, je n’ai aucun poids à ses yeux. Mais ses expériences vont déjà trop loin. S’il recommence… car il va recommencer… Qui sait où cela va le mener et quelles personnes il pourrait mettre en danger ?

    En l’état, prévenir les Erudits serait une solution, mais cela ferait assurément scandale. A moins que Nineveh ne convainque quelqu’un de prendre des mesures en secret, c’est possible aussi.

    - As-tu des connaissances qui pourraient t’aider à le raisonner ? Ou des personnes à qui tu pourrais référer ce problème sans que cela ne t’atteigne de trop ? Il n’y a pas que les Erudits qui ont de l’influence dans cette ville.

    Neera réfléchit une seconde puis elle déclare :

    - D'autre part, il me semble déjà bien trop convaincu du bien-fondé de ses recherches. Comment trouver un moyen de l'arrêter ? Tu considères qu'il faut l'arrêter, n'est-ce pas ?
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  • Dim 19 Mar - 12:03
    Les mains de Nineveh tremblent. Normalement, elle devrait réagir aux paroles de son oncle, aux aberrations qu’elle entend. Elle ne réagit pas tandis que Neera prend la direction des évènements pour un temps. Le chat et le scientifique s’éclipsent, le premier pour aller nettoyer les morceaux de verre dans la rue, l’autre pour discuter avec sa femme.
    Oh que oui, la discussion avec madame ne dure qu’un temps. Il monte les escaliers et ensuite, le ton qui monte d’un seul côté. La tante qui parle d’une voix dure, malgré les étages, les portes sont ouvertes et on entend ses remontrances, des paroles qui vont droit au cœur : elle a épousé un « maniaque », « une déception pour la famille », « un fou dangereux » qu’il faut enfermer. Il n’y a pas de cri, simplement la voix emprunte de déception et d’amertume d’une femme qui a épousé le mauvais homme. Toutes les conséquences en cascade qui vont défiler, les unes après les autres, d’un choix comme de l’autre. L’ambiance aussi anxieuse que rageuse dans le dialogue à sens unique, ou madame ne compte pas se laisse faire. Oui, c’est trop !

    En marge de la querelle en haut, en bas, Nineveh se contente d’enfouir son visage dans ses mains avec un long soupir. Une piteuse manière de dissimuler son désarroi alors que la colère retombe au profit de la tristesse et de la crainte. Comment va-t-elle expliquer cela au reste de la famille ? Comment les érudits vont-ils réagir ? Comment se défendre si les accusations venaient à couler sur le reste de la famille ?

    « Putain. » C’est tout ce qu’arrive à prononcer l’elfe qui pâlit à vue d’œil, d’une toute petite voix qui trahit sa fébrilité apparente. Il n’y a bien que ses yeux écarlates qui ont encore de la couleur. « Hein ? »

    Elle n’a pas écouté.
    Bien sûr, elle a entendu physiquement les paroles de Neera, mais il lui est difficile de réagir sur le coup. Elle se rend compte progressivement de la catastrophe à venir et le choc est difficile à encaisser. Elle a besoin de temps pour remettre les évènements en ordre, rationnaliser ce qui vient de se produire.

    « Oui, il doit… » Déglutition, « oui, il doit être arrêté. C’est obligatoire. C’est le but. Donne-moi un instant, j’ai besoin de… De me réveiller. C’est un mauvais rêve. » Elle prend un instant, toujours en peine, « j’avoue que je rentrerais bien chez moi. Trop d’émotions pour aujourd’hui. » Mais elle ne bouge pas.

    Elle prend une longue inspiration, puis une longue expiration. Il faut qu’elle se ressaisisse, sinon elle ne s’en sortira pas.

    « Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un qui puisse raisonner mon oncle. Il a toujours été ainsi et surtout… » Elle ne complète pas sa phrase. Le vacarme dans l’escalier répond à sa place.
    « J’ai écouté pour la dernière fois tes justifications fumeuses Zayanderud. C’est ma maison, je me suis battu et j’ai saigné pour Melorn durant la guerre pendant que tu étais en train de soigner les blessés à l’arrière. Par les dieux, j’ai survécu à un épieu dans l’estomac, ce n’est pas pour supporter et subir tes créatures odieuses, tes expériences infectes et ton tempérament lunaire.
    -Mais…
    -Non, je n’ai pas à écouter tes justifications. Si ce n’était pas Nineveh et Neera qui t’avait découvert, ça aurait été d’autres gens, moins compréhensifs. Tu peux remercier l’apparition providentielle de ta nièce, sans laquelle il y aurait eu sans doute plus de grabuge ! Hors de ma maison, va donc dormir chez ton assistant, puisque tu sembles plus intéresser par son apprentissage que par notre couple ou le nom de ta famille. Il ne sera pas dit que j’ai hébergé un criminel contre la nature. »


    L’oncle apparaît descendant les escaliers, suivi de près par sa femme qui a sorti la claymore. La grande épée de guerre encore dans son fourreau, elle raccompagne son mari jusqu’à la sortie sans lui laisser le temps de s’expliquer, couvrant ses paroles d’un hostile « il fallait y penser avant de donner vie à un arbre ». De même avec le chat, déjà dehors, qui se retrouve expulsé lui aussi de la baraque. Le tout sous le regard médusé de Nineveh (et peut-être Neera ?) qui n’en croit pas un mot.
    Une fois les deux psychos jetés dehors, la maîtresse de maison a une pause. Elle pose sur la table sa claymore et, blasée, rejoint les filles à table.
    Comme tout elfe de Melorn qui se respecte, Celia, la tante de Nineveh, récupère son allure très élégante, sophistiquée, elle recale une mèche de cheveux sur le côté. Elle s’efforce de récupérer ce vernis de civilisation dont se parent les elfes avant d’échouer en se rendant compte que sur son visage, c’est toujours cette colère acide, aigre, qui bouillit en elle.

    « Quelle merde ! » Grogne madame en reniflant le verre de son mari. « En plus, il se permet toujours de boire son thé infect aux champignons. » Elle reporte son attention vers les filles. « Ne me regardez pas ainsi, j’ai pris ma décision.
    -Mais il a dépassé toutes les limites... »
    Proteste Nineveh.
    « Peut-être, mais c’est mon mari, et j’ai décidé de ne plus être complice de ses expériences. Il ira les faire dans une autre cave, en dehors de Melorn où que sais-je, ce n’est pas mon problème.
    -S’il recommence…
    -Ce sera en dehors des murs de la ville, là où il ne pourra pas salir la réputation de la cité. J’en aviserai les autorités à l’aube.
    -Donc, tu vas le dénoncer ? Ce n’est pas trop dur ?
    -Trop dur ? »
    Répète sa tante, « comment puis-je être trop dur avec un mauvais mari, qui a fait passer sa carrière au détriment de notre mariage, au détriment de ses patients et au détriment de sa famille ? L’exil paraît la peine la plus miséricordieuse qu’on puisse lui accorder et je ne le reprendrai pas chez moi.
    -C’est ton mari justement.
    -Plus vraiment, il y a de cela des siècles que j’ai accepté de devenir sa femme et il a bien changé entre temps. Il a vieilli comme du lait : mal. »
    Elle se tourne vers Neera. « Tu as une objection peut-être ? A ce que le monstre soit balancé hors de Melorn, là où il pourra retrouver ses congénères ? »
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    Neera Storm
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  • Sam 25 Mar - 22:49
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que Neera se trouve dans une drôle de situation. C’était déjà le cas avec l’arbre parlant, direz-vous. Oui, sauf qu’ici, elle est indirectement témoin d’une crise familiale haute en couleur. D’un côté, il y a Nineveh qui a mis les mains sur son visage tant elle est désemparée. A défaut d’hurler sa frustration, elle se mure dans le silence. De l’autre côté, les deux demoiselles entendent tous les commentaires de l’épouse du docteur Basileïa. Et les épithètes ne manquent pas. Pour être honnête, la professeure de Magic ne peut que rejoindre l’avis de la malheureuse : oui, il s’agit bien d’un fou dangereux, d’un maniaque, d’un sociopathe qui sait pourtant maintenir ce jeu de faux-semblant en société. Oui, il s’agit bien de quelqu’un qui va faire du mal à leur famille, parce que tout se sait à Melorn, et on ne peut s’empêcher de commenter et critiquer ceux qui ne sont plus en odeur de sainteté. D’autre part, ni Neera, ni Nineveh, ni la brave garde ne peuvent fermer les yeux. Cette dernière l’a trop fait, sa nièce pourrait être accusée de complicité si elle cache cela sous le tapis et Neera… Neera ne peut pardonner une telle folie. Il serait toutefois préférable que ce soit son amie qui prenne les choses en main. La maîtresse de la foudre aurait bien l’autorité pour faire bouger les choses : le Conseil des Erudits ne peut ignorer une requête de l’une des plus puissantes mages républicaines, après tout. S’il y avait même vraiment besoin, la belle aux cheveux d’argent pourrait même s’adresser à Eliëndir. Mais il est aussi connu que les elfes préfèrent régler les choses entre eux, alors la sang-mêlée préfère laisser l’initiative à sa camarade. La médecin, d’ailleurs, semble perdue et paraît même ne pas l’avoir écoutée. La demi-titan ne lui en veut guère, comment ne pas être abasourdi face à une telle découverte ? Ce qui les distingue, dans le cas présent, c’est que Neera n’appartient pas à sa famille et qu’elle est donc plus détachée vis-à-vis des événements. Mais Nineveh doit littéralement patauger dans le déni et le désarroi.

    L’enseignante a suffisamment de doigté pour ne rien dire quand la médecin jure un bon coup, et qu’elle a même du mal à imaginer son oncle arrêté. L’élémentaliste peut aussi comprendre quand sa compagne de beuverie espère être en plein mauvais rêve, mais malheureusement, la magicienne ne peut lui confirmer qu’elle vit un cauchemar. Alors elle se tait et laisse la soigneuse s’exprimer. Elle n’est guère surprise quand Nineveh lui déclare que personne ne pourra raisonner son oncle : effectivement, il semble trop atteint par la démence pour être reconduit sur le droit chemin. Neera continue d’écouter l’elfe, quand le vacarme dans l’escalier prend le dessus sur leur conversation. Apparemment, c’en est assez. L’épouse du savant fou le met dehors. Cela n’empêche pas la professeure de Magic quand de faire les gros yeux quand elle voit la garde sortir sa claymore. C’est qu’elle utilise les grands moyens pour se faire entendre. D’ailleurs, Zayanderud n’a pas le choix et est bien obligé de tout laisser en plan. Un grand silence s’installe alors dans la pièce alors que la tante de Nineveh dépose son arme sur la table et s’assied avec les deux filles. Neera n’a toujours pas touché le thé préparé par le docteur fou, et elle est bien contente de ne pas l’avoir goûté lorsque Célia leur fait ses commentaires. Le regard des deux amies doit cependant être éloquent et lourds de sous-entendus puisque leur interlocutrice reprend la parole et se justifie. Ce n’est pas comme si la demi-titan ne rejoignait pas son point de vue,mais il faut quand même avoir sacrément du courage pour jeter son mari dehors.

    - Je n’ai pas d’objection, répond Neera lorsque la garde de la cité s’adresse à elle. Zayanderud doit être arrêté, c’est un fait indéniable. La magicienne lance un regard d’excuse à Nineveh, comme pour lui dire à demi-mots qu’elle ne veut pas la blesser en lui déclarant cela, puis continue.  Mais il va y avoir enquête. On voudra vérifier vos dires, même si, en tant que garde de la cité, vous avez une certaine autorité en ville. Est-ce que vous êtes prêtes à cela ? Toutes les deux ?

    Un silence vient ponctuer ses dires pour laisser l’occasion à ses interlocutrices de répondre.

    - Il faudra aussi des preuves pour attester ses expériences… Oh bien sûr, il y a l’arbre. Mais puisqu’il est mort, est-ce qu’on peut seulement prouver qu’il parlait ? Sans des éléments probants, votre mari pourrait toujours s’en sortir. Connaissez-vous un endroit où il… Neera déglutit légèrement à cette pensée. … classait toutes ses réussites et ses échecs ? Tient-il un journal ? A-t-il un coin où il enterre ses « monstruosités » comme l’arbre ?

    A la place de Célia, elle éviterait comme la peste de savoir tout cela, mais c’est son épouse : elle aura donc peut-être pas mal d’infos à leur donner. Quant à l’exil du savant fou… Il est presque certain que l’elfe voudra continuer ses expérimentations, mais est-ce que ce sera seulement facile ?

    - En dehors de Melorn, il sera sans ressources. Il a le temps puisqu’il est un elfe, mais il lui faudra des mois, voire des années pour retrouver un espace viable où recommencer ses… affaires. A moins qu’il n’aille voir quelques amis pour plaider sa cause. Est-ce que c’est possible que quelques elfes l’hébergent et soutiennent ses projets en attendant ?

    Quoi qu’il en soit, Neera n’a rien à voir avec toute cette histoire au départ, et elle finit par reprendre la parole.

    - Pour être honnête, je ne vous envie pas. Mais votre alerte aux autorités suffira peut-être pour dédouaner toute votre famille… N’est-ce pas ?   Son temps est un peu inquiet, d’ailleurs, et elle regarde alternativement Célia comme Nineveh. Si je peux vous être utile, en tous les cas, n’hésitez pas à me le signaler. Vous avez déjà une idée à qui vous adresser demain matin ?
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  • Jeu 30 Mar - 11:48
    « Je n’ai pas d’objection non plus. » Confirme mollement Nineveh en sirotant sa boisson, pensive. Les paroles de sa tante la réconfortent un petit peu, comme celle de Neera, elles sont pleines de bon sens. Enfin, maintenant, reste à savoir comment expliquer tout cela aux autorités de la cité et manœuvrer pour l’envoyer en exil. Nul doute que ce sera à la fois simple, mais aussi délicat. « Je serai prête pour l’enquête : les questions, les explications, les détails sur ses expériences. J’ai les boyaux bien accrochés, sinon je n’aurais pas été son apprentie pour des années et des années.
    -Je n’en attendais pas moins de toi Nineveh. »
    Déclare Célia d’un ton carnassier. « Oui, j’ai déjà une idée de la personne à laquelle il faut s’adresser. J’irai voir le capitaine de la garde et un érudit : ils ont déjà eu vent des expériences de mon mari par le passé. Il n’est pas aussi discret qu’il ne souhaite le faire croire. Il y a une bonne raison pour laquelle il a écumé les routes un long moment avant de revenir à Melorn. »

    La garde et gendarme a un long soupir, son regard dans le vide se durcit à mesure qu’elle se souvient de tout ce qui a pu se produire, toutes les gaffes et tous les crimes de son mari, parfois les deux en même temps.

    « Ton nom sera mentionnée pour des raisons évidentes de transparence Neera, si tu veux témoigner, tu seras la bienvenue. Sinon, tu pourras te retrancher derrière ton statut d’enseignante de Magic pour éviter les questions gênantes et l’incident diplomatique. J’allais faire d’autres remarques, mais je crois que tout est dit : suivez-moi, je vais vous montrer son bureau au sous-sol. Ce sera plus éloquent que tout le reste. »

    Et les voilà parties pour descendre dans l’abysse, si le manoir est tenu avec une rigueur exceptionnelle, les étages souterrains sont différents.
    Une fois qu’elles ont franchi les grands classiques : le cellier et le saloir, les couloirs ne s’arrêtent pas là. Très vite, les murs se retrouvent couverts de runes, des bulbes lumineux diffusent une atmosphère bleutée qui ne dit rien qui vaille et le bureau de Zayanderud n’est pas loin. Son (ancienne ?) épouse donne un coup de poing dans le cadenas qui saute dans un tintement métallique et les voilà à l’intérieur.

    Quand on dit « magie » on pense à un vieux sorcier dans sa tour, avec une salle d’incantation et des étagères remplies de livre. Avec l’oncle de Nineveh, on n’est pas si loin de la réalité, si ce n’est peut-être pour la gueule de l’ensemble qui suinte les arcanes interdites à des kilomètres.
    Les couvertures des livres sont dans des cuirs pour le moins effrayant : si la plupart sont dans des textures et des matériaux qu’on reconnaît aisément, il y a une petite collection d’origine non identifiée.

    « Oni, humain, élémentaire, » récite Nineveh d’un ton presque fiévreux, sachant parfaitement comment son oncle a pu les relier. « Démon, hybride, gobelin, elfe ?
    -Elfe ? Putain de psychopathe. »
    S’agace Célia.

    La médecin n’osera jamais dire ni à sa tante, ni à Neera qu’elle reprendra un jour la tradition, quand elle sera une légende digne de figurer dans le panthéon de Magic. Quand les corps n’auront plus aucun secret pour elle.
    Le reste du bureau, quant à lui, tient du musée : avec les squelettes à usage théorique, les carnets de notes qui s’empilent et des croquis de toutes les expériences réalisées. Trop fins pour être les dessins du docteur fou, c’est probablement la patte de son disciple, le chat. Bon dessinateur, mais sans conscience ni remords.

    « Servez-vous. » Annonce la tante. « Je vais récupérer tout ce qui est preuve d’un crime ou d’un délit. Ce qui tient du mauvais goût, je vous le laisse. » Elle a un coup d’œil vers les manuscrits aux couvertures humaines. « Une fois l’enquête officielle terminée, tout ce qui ne sera pas embarqué par les autorités, je le détruirai. Alors faites le plein de grimoires. »

    Une seconde passe.
    Nineveh pose la main sur le livre des elfes.
    Ce sera utile pour la suite et ses petits projets.

    « Quoi ? Je suis médecin. » Se justifie de manière impérieuse la balafrée.
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    Neera Storm
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  • Mar 4 Avr - 21:25
    Au moins, les choses sont claires : aucune des trois femmes ne compte prendre la défense du savant-fou. Nineveh se dit même prête pour l’enquête. Neera n’en est pas tout à fait sûre, car quand un membre de notre famille commet des expériences contre-nature, on n’est jamais totalement préparé à en affronter les conséquences, mais plus tôt on avertira la cité, mieux ce sera. Enfin, il est vrai que, comme elle a été son apprentie pendant des années, elle est la mieux placée pour faire un rapport complet, qui mette à mal son oncle et ne l’oblige à l’exil pour un temps indéterminé. Quant aux autorités, Célia semble déjà savoir à qui s’adresser, et la demi-titan n’en est pas mécontente. Elle préfère que ce ne soit pas elle qui raconte « qu’un arbre-parlant s’est baladé en ville si, si ; puis on lui a couru après, derrière un savant fou qui avait de l’herbicide (sans oublier l’hybride-chat attention !) et quand on est arrivé, ben, c’était sacrément dommage, mais il était mort ». L’élémentaliste imagine bien la tête de celui qui va prendre en premier leur déclaration. Heureusement, la tante de Nineveh sera là pour les soutenir, il faudra bien ça pour faire avancer les choses.

    - Aucun problème pour la question de la transparence, marmonne la professeure. J’étais là et je l’assumerai. Peut-être même que ma présence, en tant que professeure de Magic, motivera le Conseil et les autorités à agir rapidement, pour ne pas que je me plaigne à ma propre Académie. Autant utiliser toutes les cartes à notre disposition. Evidemment, je ne compte pas créer d’incident diplomatique. J’aime venir à Melorn et je n’ai guère envie d’être mal vue par vos pairs, fait-elle dans un sourire qui aimerait détendre un peu l’ambiance.

    Sourire qui disparaît quand même quand la maîtresse des lieux propose aux deux femmes de descendre dans le bureau du docteur fou. Tout paraît normal de prime d’abord, c’est une maison normale à Melorn, mais ici, comme partout d’ailleurs, les apparences sont bien trompeuses. Passé le cellier, le couloir devient bien plus obscur, et si Neera ne craint guère le noir – elle crée même une flamme de lumière qui permet à Célia de mieux faire sauter le cadenas –, elle se demande ce qu’ils vont trouver dans ce fameux laboratoire. Le trio a rapidement ses réponses, et elles raviraient un érudit en pratique interdite. La demi-titan se demande même pourquoi elle n’a pas invité Eloïse à l’accompagner jusqu’à la cité elfique, elle aurait peut-être trouvé son bonheur ou des objets dignes d’intérêt au moins. Mais Neera ? On ne peut pas dire que la magie occulte soit sa passion. Tout le monde qui la connaît un temps soit peu sait ça. Alors Célia peut bien l’autoriser à se servir, ça ne l’aide pas beaucoup à faire le ménage dans tout ce fourbi et ce machin. Quant aux livres… Par les Divins, ce n’est pas le genre de lectures qu’elle raffole non plus. Pourquoi c’est elle qui est ici, à subir tout ça avec Nineveh et Célia ?

    Si la professeure laisse échapper un soupir rempli de désarroi, et même un léger dégoût face aux activités du médecin déchu, elle pose quand même une question aux femmes qui l’accompagnent.

    - En dehors des preuves et des choses inacceptables, est-ce qu’il ne serait pas bon de laisser tout ce que vous ne voulez pas à l’Académie, pour qu’elle supprime ce qui est à jeter, et qu’elle garde tout ce qui est… disons… acceptable, selon les normes elfiques ?

    La magie noire à Melorn était beaucoup plus acceptée et répandue qu’à Magic et les elfes jugent donc cette dernière sous d’autres critères que le reste du Sekai.

    - Cela dit, si vous voulez tout brûler, ça me convient parfaitement aussi. C’est à vous de décider.

    Quand Nineveh pose sa main sur le livre lié aux elfes, un ange passe, et la concernée doit bien se rendre compte que ses deux autres compères la regardent avec un peu trop d’insistance. Ce qui pousse d’ailleurs cette dernière à se défendre et Neera lance une œillade à la couverture.

    - Et tu penses vraiment que ce qui est écrit dedans va t’aider dans ta profession ?

    Parfois, elle n’a pas de filtres, Neera, y compris quand elle se trouve en compagnie de ses amis. Un marmonnement s’échappe d’ailleurs de ses lèvres alors qu’elle continue.

    - Personnellement, tout cela ne m’encourage pas à commencer mon cursus en médecine magique…

    La professeure se tourne vers une collection de livre, qui traite cette fois de maladies incurables auprès de diverses créatures du Sekai. Il semblerait que le savant-fou se soit un temps intéressé à l’île intemporelle, peut-être parce qu'il était plus facile de convaincre des victimes qui étaient d'ores et déjà condamnée. Son écriture n’est pas très propre – rien d’étonnant puisque c’est un médecin, au fond – mais ses observations ont l’air cohérentes, malgré sa folie évidente. Un soupir s’échappe (encore) des lèvres de Neera alors qu’elle referme le bouquin et le prend avec elle. Peut-être que ce truc pourra intéresser Eliëndir, au moins. Essayons de trouver quelque chose de positif à cette soirée.

    Neera se laisse aller à parcourir ce bureau qui est un véritable bazar, puis elle se tourne vers Célia.

    - Si vous voulez que je crâme certaines choses après le passage des autorités, n’hésitez pas. Une boule de feu dans la cheminée, et les flammes auront vite fait de changer tout cela en cendres. Je pourrais même le faire tout de suite, mais si on s’y prend trop tôt, on pourrait nous accuser de falsifier des preuves. Je préfère éviter. Pour le reste… Je pense que vous avez intérêt à rafraichir l’endroit. A moins que tu ne veuilles hériter de son bureau, Nineveh ? Après tout, tu es aussi médecin dans la famille. Bien sûr, il faut que cela te convienne aussi, Célia.
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  • Ven 7 Avr - 11:32
    « Si, tout ce qui est jugé contre nature sera brûlé ou archivé dans les bibliothèques les plus sombres de Melorn. » Annonce Célia, « après l’enquête et une lecture minutieuse de tous ces documents afin de s’assurer de leur contenu. Ce seront aux hautes autorités de la cité de décider de la destruction ou de la conservation de ces documents. Il en va de même pour un éventuel usage pédagogique ou militaire. Ce n’est pas à moi, ni à Nineveh de prendre cette décision. De fait, je ne peux pas vraiment te répondre Neera, ce sera en fonction de l’humeur de mes chefs et des érudits de Melorn. » Pour le reste, les affaires personnelles, les babioles sentimentales et familiales, la garde a un haussement d’épaules. « Ce sera à Nineveh et moi de faire le tri dans ce qui ne concerne pas l’enquête. Ce qu’on balancera au feu, ce qu’on gardera, ce qu’on utilisera. J’apprécie ta proposition Neera, mais je ne pense pas qu’il y aura usage d’une boule de feu pour griller tout cela. »

    Quant à Nineveh qui a un livre contre nature entre les mains, en peau d’elfe de surcroit, comme pour souligner l’ironie macabre du bouquin, la médecin se défend de toute accusation acide.

    « Eh bien, oui. Connaissant mon oncle, il a noté beaucoup de choses que d’autres manuels de médecins n’oseraient pas mettre et… En marge d’applications médicales, avoir un point de vu alternatif peut aider pour le développement des sciences du corps et de l’esprit. Enfin, tout ça est très théorique, il faut encore lire ce qu’il y a dedans avant de pouvoir se décider. Si ça se trouve, c’est un torchon ignoble qui ne sert à rien. »

    De toute façon, la médecine magique a toujours eu son lot d’horreurs. C’est un cursus gratifiant, mais il faut avoir l’estomac bien accroché pour le mener à son terme, en particulier quand on voit ce qui s’y trouve.

    « La médecin magique est un cursus de Magic qui est… acceptable. Mais pas forcément le plus qualitatif, tant il répond à des exigences mentales plus que techniques par moment. Enfin, tu es prof à la fac, je ne vais pas t’apprendre ton métier. Pour ce qui est du bureau, je n’ai guère l’envie de le récupérer. Passer ma vie dans un sous-sol ne m’enthousiasme guère. J’ai déjà un cabinet en ville. »

    Célia observe le reste de la salle, a un long soupir.

    « De toute façon, cet endroit va être inspecté de fond en comble par les limiers des érudits, ma maison aussi. Alors, si vous n’avez rien à prendre dans l’immédiat, je vous suggère d’aller vous reposer. Avec le début de cette affaire, nul doute que la garde va vous interroger en long, en large et surtout en travers. » Elle s’apprête congédier les filles, quand elle a une dernière parole. « Le jugement ne sera pas de tout repos. »

    Et en effet, quelques jours plus tard, après un interrogatoire cordial mais un brin tendu, le fameux jugement.

    Il est rare que les affaires se terminent au tribunal de Melorn. Souvent, c’est un « luxe » réservé aux étrangers. Mais de là à voir un mage de la cité sur le banc des accusé, c’est assez rare, en particulier quelqu’un comme Zayanderud, qui jouit d’une certaine aura si on excepte toutes les frasques qu’il a pu commettre et il y en a beaucoup.
    Il fallait bien qu’un jour, tout cela se paie, non ? Et hélas pour le savant fou, il va payer comptant, d’une seule traite. Peut-être pas pour tout, mais en voyant la liste longue comme le bras de témoins et d’experts appelés à la barre, nul doute que la dernière affaire a provoqué un sacré tapage dans la cité.
    Ce n’est pas… Si, il y a un érudit dans le tas.

    « Nineveh ? » L’elfe revient au lieu présent. Sa tante lui glisse un petit coup de coude pour la faire sortir de ses pensées.

    A la cour de justice de Melorn, un immense bâtiment surtout connu pour son architecture, avec un grand hall bleu dominé par une coupole de verre. L’ensemble a un air de solarium et pourtant, toute la lumière qui inonde les lieux ne saurait chasser les airs sombres sur les visages. Dans une ambiance sérieuse, méfiante, presque aux abois, chacun discute de l’affaire, des messes basses qui n’augurent rien de bon pour la suite.

    « Beaucoup de gens. » Constate Nineveh qui pour l’occasion, a mis une tunique noire brodée de rouge. Un ensemble relativement élégant, un brin fantaisiste, mais qui reste tout à fait sobre et adapté à une occasion si particulière. De toute manière, ses balafres alourdissent naturellement son esthétique, difficile de paraître joyeux quand on a le visage brûlé à moitié. « Beaucoup de grosses têtes.
    -Aller, petit exercice de physionomie, qui reconnais-tu ? »
    Demande Célia, qui a revêtue sa tenue de garde, minus l’armure. « Que Neera puisse se retrouver un peu dans toute cette foule d’oreilles pointues. Attention à ne pas te crever un œil.
    -Je vois… »
    La médecin plisse des yeux avant de désigner du menton une petite elfe elle aussi de la garde, en train de discuter avec d’autres militaires. « Nimra, maître archère de la cité, première flèche de la garde. Elle s’occupe des patrouilles nocturnes je crois.
    -Ma collègue, elle a bon caractère malgré ce que ses gros yeux contrariés peuvent dire. »


    Nimra a en effet la réputation d’être une bonne pâte, prompt à donner des secondes chances et à pardonner les bavures. C’est son aura d’hyper-compétence qui donne une impression de sévérité. La blonde rajuste une mèche et en voyant les trois l’observer, elle leur adresse un sourire et un signe de main.

    « Qui d’autre d’intéressant pour le procès ? » Reprend Célia à l’attention de Nineveh.
    « Un professeur de magie curative, Amren de Masilia.
    -Tu dois le connaître Neera, »
    enchaîne Célia « à une époque, il avait été pressenti pour occuper une chaire à l’université Magic. Il a envoyé paître la faculté dans une lettre incendiaire et abrasive. Je crois que s’il n’avait pas été aussi violent et incisif, il serait déjà érudit.
    -J’ai lu ses travaux, c’est une tête. Il a expérimenté sur lui-même. »
    Poursuit Nineveh. « Maintenant que je me souviens, il n’avait pas dit que les soins élémentaires étaient… L’apanage des incompétents et des néophytes ?
    -Si. Il n’a jamais eu de bonnes relations avec les élémentalistes. Encore une fois, il a un sale caractère qui le rend insupportable. Il doit avoir un problème au cerveau. Seule raison qui explique pourquoi il a renoncé à son visage. »
    La nièce hausse les épaules en entendant les remarques de sa tante, avant de se retourner vers Neera.
    « Tu le connais du coup ? Il était régulièrement à Magic à une époque, pour ses recherches. »

    C’est loin d’être impossible que les deux aient déjà eu une prise de bec à la bibliothèque, ou plus surprenant encore. Amren étant ce qu’il est : un magicien d’exception, avec un caractère de cochon qui lui a souvent valu une solitude de bourreau plutôt qu’une popularité d’archimage. Contrairement à Zayanderud qui est un psychopathe, Amren est probablement à l’autre opposé du spectre : hypersensible, prompt à sur réagir, déteste faire du mal aux autres. Enfin, quand il n’est pas en train de péter les plombs car on lui a coupé la parole.
    Quand il s’aperçoit que les filles le zieutent, il les observe à son tour, ses lourds cernes creusent encore l’abysse qui lui sert de regard. Il ne réagit pas, il ne dit rien, puis au bout d’un moment, il retourne à sa conversation.

    « Les rumeurs disent de lui qu’il a le sang chaud. » Murmure Nineveh.
    « Totalement. » Confirme Célia. « Il a livré plus d’une centaine de duels pour des raisons plus ou moins valables. Et il en a gagné une vingtaine. » La garde a un coup d’œil vers Neera, qui se transforme en un sourire taquin, « la légende veut qu’il se soit battu en duel pour une prof de Magic. C’est toi dont il s’agit, hein ? »

    Nineveh a un gloussement.

    Mais très vite, l’ambiance s’alourdit quand les gardes du tribunal invitent tout le monde à rentrer dans la salle. Les spectateurs s’installent sur les bancs prévus à cet effet au fond de la salle. Neera, Célia et Nineveh s’installent sur le côté, sur les chaises réservées aux témoins tandis, d’ici elles ont une vue imprenable sur le reste de la salle.
    Quant aux accusés…
    Zayanderud arrive en premier, escorté par deux gardes et les mains vaguement nouées dans le dos. L’un de ses geôliers tient négligemment la corde qui entrave son captif. Ayant manifestement présenté une bonne conduite durant sa détention, les liens sont là pour rappeler sa condition sans l’avilir. Loin d’être saucissonné, il pourrait facilement se défaire des cordes qui le restreignent, mais il choisit de ne pas le faire.
    Quant à Scylla l’hybride chat…

    « NINEVEH, VA VOIR CHEZ ZELDA SI J’Y SUIS ! » Quatre matons s’efforcent de le maîtriser alors qu’il a déjà une camisole de force pour le restreindre. « TOI AUSSI LA VACHE LAITIERE. » Hurle une nouvelle fois le chat avant qu’on ne lui mette une cagoule sur la tête et qu’un mage ne le réduise physiquement au silence en l’empêchant d’émettre le moindre soin.

    Si le savant fou est libéré de ses liens et s’installe au banc des accusés, on laisse le chat ficelé comme un morceau de viande pour des raisons évidentes de sécurité.

    « Bien bien bien, » débute le juge qui s’installe dans son fauteuil. « Nous sommes ici pour juger Zayanderud de Basileïa et Scylla Mientrasque son assistant, dans le cadre d’une série d’expériences contre natures, sur dénonciation de son épouse et de sa nièce. On nous rapporte aussi que Neera Storm, enseignante à l’université Magic a aussi apportée son témoignage dans toute cette affaire. Selon les lois et les accords entre la République et la cité elfe de Melorn, il est difficile de vous impliquer pleinement dans l’affaire. De fait, vous serez témoins à charge si cela ne vous incommode guère, plutôt que partie civile comme peuvent Célia et Nineveh. Avez-vous une objection madame Storm ? » Demande le juge.

    Ensuite ?
    Ensuite les discours d’ouverture, les témoignages, avec les interrogations croisées de l’accusation et de la défense, les débats, puis la décision rendue par un jury populaire.
    Noble de La République
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    Neera Storm
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  • Lun 10 Avr - 19:45
    C’était toujours… étrange de devoir se présenter au tribunal. Quand bien même Neera n’avait rien fait, et quand bien même elle n’était pas seule, ce n’était pas vraiment le lieu qu’elle avait imaginé visiter lors de son voyage dans la cité elfique. Oh, l’architecture du bâtiment était splendide – on trouvait toujours un grand raffinement dans les moindres détails, chez les elfes. Mais comment dire. Si l’édifice était lumineux, l’atmosphère, elle, était considérablement agitée. C’est qu’on ne jugeait pas un docteur renommé tous les jours, alors bientôt, la salle d’audience fut comble : des familles ayant eu dent contre Zayanderud s’étaient évidemment invitées, mais il y avait aussi bon nombre d’experts qui devaient secourir la défense ou appuyer la série d’accusations à l’encontre du savant-fou. Ensuite, ça avait été un jeu d’influence : à qui avait suffisamment de pouvoirs dans la cité, à qui avait su demander l’aide d’un Erudit pour assister à ce spectacle aussi. Car les gens venaient plus pour voir ce qui allait en découler que par réelle empathie pour la famille Basileïa, soyons honnêtes.

    D’un air un peu ennuyé, la demi-titan attendait avec impatience que la séance commence. Au moins avait-elle pu trouver une place à côté de son amie et de sa tante. La magicienne était là avant tout parce qu’elle avait témoigné ce soir-là, quand les officiers et les gardes avaient reçu leur déposition, et puis, aussi, parce que le jugement avait vite été organisé. Eut-il lieu quelques mois plus tard que la professeure serait déjà retournée à Magic et n’aurait pu assister à la séance, mais Célia n’avait pas menti quand elle avait affirmé avoir quelques connexions en ville. Les choses s’étaient vite mises en place, la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre, et les voilà donc toutes les trois sur un banc, entourées pour la plupart par des oreilles pointues.

    D’ailleurs, il est de bon ton que Nineveh et Célia lui expliquent qui sont les protagonistes intéressants pour ce procès. La belle aux cheveux d’argent connaît évidemment des figures importantes de Melorn, surtout dans le milieu académique, mais ce n’est pas pour autant qu’elle sait mettre un nom sur tous les visages qui passent à côté du trio. Un peu plus attentive, Neera écoute la médecin faire le tour de ceux qu’elle reconnaît, et la diviniste hoche la tête à l’intention de ses deux compagnes. « Je ne connaissais pas Nimra, votre maître-archère, mais Amren de Masilia est un guérisseur de talent, quoiqu’on en dise. La Pléiade de l’époque a mal accepté sa lettre abrasive et son refus de venir donner quelques cours dans le cursus de médecine magique, alors même qu’il faisait ses recherches dans notre Université pour une de ses études, ». Un sourire effleure les lèvres de la sang-mêlée.   « Pour être honnête, je ne l’ai pas beaucoup croisé à ce moment-là. Il faut dire que mon cursus ne l’intéressait pas – grand bien lui fasse d’ailleurs. Je suis juste intervenue quand il a voulue prouver à un de mes élèves que la magie élémentaire était pour les… » L’intéressée cherche un instant ses mots. « … chochottes. J’avoue que je me suis fait une joie de lui prouver le contraire. Etonnamment, depuis, il ne m’adresse plus la parole. Donc non, il n’y a pas eu de duel, juste une petite… mise au point. »

    Un gloussement sort des lèvres de Neera alors que le dénommé Ansem se retourne vers d’autres compères. Mais bientôt, l’ambiance devient plus sérieuse lorsque le juge entre avec les accusés. Chacun s’assied à sa place, et si Neera ignore royalement les propos enragés de Scylla, elle dévisage avec plus d’attention le vieil elfe qui va rendre son verdict dans quelques heures. Quand il s’adresse directement à l’enseignante, elle hoche la tête, et parle distinctement.

    - Je ne vois aucun inconvénient à être un témoin à charge, Votre Honneur.
    - Bien. Vous donnerez donc votre témoignage quand ce sera l’occasion. Pour l’heure, présentons les chefs d’accusations.

    Le juge joint ses deux mains ensemble alors qu’il reprend.

    - Zayanderud de Basileïa. Vous êtes accusés d’avoir réalisé des expériences contre-nature à Melorn, d’avoir caché vos recherches aux autorités compétentes, mais encore d’avoir potentiellement mis en danger les citoyens de notre cité en ayant perdu la main sur votre… arbre-parlant. Monsieur Mientrasque est accusé d’être le complice de vos méfaits et d’avoir effacé ceux-ci plutôt deux fois qu’une. Le but de ce jugement est de rendre un verdict sur vos expérimentations pour savoir si, oui ou non, elles seront autorisées, et si ce n’est pas le cas, quelle punition vous sera octroyée faute d’avoir brisé les règles en vigueur à Melorn.

    Un silence alors que le docteur-fou hoche la tête de manière civilisée. Il garde bien son calme et, pour peu, on ne dirait pas que c’est un pur psychopathe qui se croit permis de faire tout et n’importe quoi.

    - J’invite d’abord le procureur Cirleau à s’exprimer.

    Un elfe de haute stature, à l’allure digne et aux habits aussi simples que soignés s’élève, et, sans même accorder un œil à ses notes, prend la parole d’une voix réfléchie et posée.

    - Je vous remercie, votre Honneur.  Avec l’aide grâcieuse de la garde Célia de Basileïa, son épouse, et de sa nièce, le docteur Nineveh, nous avons pu mettre la main sur son laboratoire et toutes les possessions de l’accusé. Etant donné la rapidité du jugement, tos les éléments n’ont pas pu être étudiés, mais les quelques preuves que nous avons trouvées s’avèrent accablantes pour les deux prévenus.

    S’approchant du savant-fou, puis du juge lui-même et des trois autres femmes, on remarque qu’il distribue des parchemins enchantés qui reproduisent, pour quelques heures seulement, une feuille ou l’autre d’un document donné.

    - Le premier point qu’il nous faut souligner, c’est que ces expérimentations recueillies dans le journal que je vous ai déposé dépassent de loin ce qui est communément accepté par notre cité. Malgré tout, l’accusé était pleinement conscient qu’il bravait des interdits et – évidemment – son assistant le savait aussi. Je me dois d’insister sur le fait que cela aggrave considérablement son cas. Le deuxième point, c’est que, chaque expérience a été réalisée sans aucune sécurité au préalable. Par sécurité j’entends que seule une porte empêchait ses expériences d’être connues au vu et au su de tous à Melorn. Evidemment, il y a là un risque pour nos civils – qui ne nous dit pas que d’autres expériences ont fuité de chez lui sans que nous en ayons eu conscience ? -. De plus, il va de soi que ce manque de prédispositions aurait largement pu nuire à nos relations diplomatiques avec les autres nations ou les autres cités-états. Ne parlons même pas de Magic, et le regard du procureur dévie un instant vers Neera, en sous-entendant que si ça n’avait pas été elle, ils auraient pu avoir de plus graves problèmes. En troisième point, il me faut vous présenter une série de plaintes que nous avons collectées à propos du docteur Basileïa, et qui, je le crains, font toutes sens maintenant que nous avons découvert une de ses plus… grandes abominations. Cela accentue le caractère dégénéré de l’individu. Enfin, en quatrième point, j’insisterai pour dire que la plus grande menace de cet homme réside dans son caractère. Comme vous le voyez, en apparence, il est parfaitement civilisé, alors qu’il n’existe en définitive que pour « sa » science. Des psychologues pourront vous le confirmer. Nous avons donc un homme qui méprise les règles données par notre ville et qui fait des expériences contrenature. Ce même homme méprise la sécurité concernant ses expériences et met ainsi en danger ses concitoyens. Il met en péril également nos relations diplomatiques et se cache derrière une civilité éphémère, peut-être – mais ce n’est là qu’une supposition votre Honneur – pour mieux attirer la sympathie et des cobayes.    

    Un silence s’installe dans la salle alors que l’homme se rasseoit. Le juge n’a pas apprécié ce qui était de l’ordre du subjectif, mais il prend en compte tout ce qui a été dit. Le greffier ne perd pas non plus un mot de ce qui a été dit.

    - Hum. Passons aux témoignages pour vérifier l’importance de ses méfaits. Ensuite, nous demanderons à la Défense de s’exprimer pour l’intéresser. Madame Célia, voulez-vous commencer ?
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  • Mar 11 Avr - 11:13
    « J’aurais cru autre chose pour Amren, mais c’est pour le mieux j’imagine. Enfin, c’est Amren. »

    Mais ensuite… L’ambiance lourde du tribunal et de la salle d’audience, avec le juge qui prend la parole et annonce la couleur en balançant les chefs d’accusation. Nineveh a une grimace : si elle se fie à l’introduction, le reste va être sanglant pour son oncle et même Amren risque d’avoir du mal à le recoller quand le procès sera terminé.
    Surtout lorsque l’elfe porte le regard sur les différentes familles de Melorn qui sont venus en découdre avec son oncle, son mentor.

    Néanmoins, c’est peut-être le procureur Cirleau qui semble le plus déterminer à faire mordre la poussière, puis l’exil, à Zayanderud. Compte tenu des papiers qu’il distribue, Nineveh aimerait dire qu’elle est surprise de toutes les découvertes, mais… Il y a des expériences auquel elle a participé indirectement, lors de ses années d’apprentissage auprès de lui. Des conclusions qu’elle a rédigé, qui ont été réutilisés pour faire le mal. Elle ferme les yeux et prend un instant pour réunir ses esprits.
    Cirleau commence à parler, d’abord le caractère extrême et hors la loi de ses expériences. Ensuite, l’absence évidente de sécurité qui aurait pu faire exploser en vol les relations entre Melorn et les autres factions du continent. Point gravissime qui suscite un murmure de désapprobation dans le public (mais pas le premier). Le troisième point est moins grave en l’état, même s’il peint une toile de fond apocalyptique, surtout lorsque le procureur brandit une épaisse liasse de papier à bout de bras : un recueil de toutes les plaintes à l’encontre de Zayanderud. On notera que Cirleau a un grognement sous l’effort tant il y a de dépositions contre le savant-fou et qu’il faudrait bien un garde de la cité pour les soulever sans effort. Enfin, le procureur attaque directement l’individu en le traitant de psychopathe.
    Nineveh détourne le regard, un peu mal à l’aise.

    Difficile d’entendre de tels mots sur son oncle, même s’ils sont probablement vrais. Elle a le souvenir d’un homme bienveillant, qui en marge des expérimentations sordides, des coups de scie à os sur les morts et des incantations maudites, était humain avec elle. Les longues discussions sur les amours de jeunesse, les conseils sur comment gérer la mort d’un patient, les anecdotes sur son mariage avec Célia. Aujourd’hui, il est difficile de concilier le réel du tribunal avec ses souvenirs.
    Après tout, si elle est une médecin d’exception, c’est grâce à lui. C’est Zayanderud qui a disséqué des cadavres sous ses yeux néophytes pour lui montrer les différentes réactions d’un corps en temps réel. C’est encore lui quand il a fallu apprendre comment gérer une malédiction. Au final, une grande partie de ses méthodes pratiques sont dérivées des enseignements de son oncle. Magic a donné les fondations, Zayanderud a fait le reste.

    « Je vais commencer votre honneur. » Confirme Célia, avant qu’on ne l’appelle à la barre pour témoigner.

    Le procureur Cirleau s’approche, manifestement il a préparé son offensive puisqu’il navigue dans ses papiers avec aisance et commence les premières questions.
    « Madame, pouvez-vous décliner votre identité complète pour le tribunal s’il vous plaît.
    -Célia de Basileïa, de mon nom de jeune fille : Célia Héraïon, fille du défunt Archiloque Héraïon, capitaine dans la garde. Je suis l’épouse de l’accusé, Zayanderud de Basileïa.
    -Pouvez-vous nous raconter la nuit de l’incident, votre version des faits ? »


    Célia a une longue inspiration, elle jauge la salle un instant, puis la garde prend la parole avec une certaine méfiance. Le juge, le procureur, Melorn, elle connaît les viscères du Léviathan qu’elle sert. Elle sait jusqu’où tout cela peut aller.

    « La nuit du drame, a été précédée par une soirée très calme. Mon mari…
    -L’accusé.
    -Mon mari. »
    Corrige Célia en assassinant le procureur du regard comme s’il était un pourceau à l’abattoir. « Zayanderud était en train de lire, rien à voir avec ses expériences. Un texte religieux je crois, une hagiographie sur les fondateurs de Melorn. Je décide d’aller me coucher parce qu’il se fait tard et que ma journée commence tôt. Je suis réveillée par un cri et du verre qui se brise, j’enfile une robe de chambre et en descendant dans le vestibule, mon mari, son assistant et son sujet d’expérience sont déjà partis. Lasse, je remonte pour m’habiller…
    -Lasse ? Simplement de la lassitude ? »
    Demande Cirleau.
    « Lorsque ce genre d’affaire arrive, par volonté de faire tenir mon mariage, j’ai… » Elle a une hésitation. « Je fermais les yeux. J’avais pris l’habitude de rester dans ma chambre, de l’envoyer dormir sur le canapé quand il terminait ses œuvres. Ne pas faire de vague, honorer mon mariage, être une bonne épouse, tout ce qu’on peut attendre d’une elfe de Melorn.
    -Une raison particulière pour ce silence ? »
    Interroge le procureur. Le regard de Célia porte vers le vide, loin de la salle d’audience.
    « La volonté de maintenir la paix, l’espoir fou qu’un jour il revienne à la raison, de conserver un semblant de normalité dans ma vie. Lorsque j’ai découvert ce soir-là qu’il avait dépassé toutes les bornes, à son retour, j’ai pris la décision de le chasser de ma maison. Par vengeance envers mon mariage qu’il a foutu en l’air bien avant tout cela, par respect envers Nineveh qui ne méritait pas d’être mêlée à tout ça.
    -Quels étaient la nature de ces crimes ?
    -La plupart du temps ? Des expériences sur des morts, sur des plantes, parfois sur un animal. Il n’a jamais ramené d’êtres humains chez nous, si c’est ce que vous demandez. Vous n’avez qu’à lui demander, vous l’avez sous la main. »
    et Zayanderud de répondre à sa femme, comme s’il s’agissait d’une scène de couple tout à fait banale.
    « Ma chérie, je sais que tu me détestes à juste titre pour mes travaux. Mais je te demanderais d’être un brin plus précise, au motif que tes accusations sont encore très vagues et que j’ai une liste longue comme le bras d’expérimentation qui répondent à ces paramètres.
    -Je retiens surtout que tu oubliais notre mariage pour te consacrer à tes études et tes expériences, aussi légales ou dégénérées soient-elles… »
    Coup de marteau du juge pour intimer le silence. « Et… » Marteau, encore.
    « Vous êtes tous sans exception, priés de respecter l’ordre de parole. » Tonne le juge. « Maintenant, si le procureur n’a plus de question à poser à Célia, je pense qu’elle peut aller se rasseoir ? » Cirleau confirme d’un signe de tête. « Vous pouvez vous rasseoir. J’appelle à la barre Nineveh de Basileïa. Ce sera ensuite au tour de madame Neera Storm. Je vous laisse continuer les questions monsieur le procureur. »
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