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  • Mar 14 Fév - 4:55
    Volcan en sommeil peut-il rêver ?
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    Silence...

    Grincement à peine audible, mains tremblotante. En proie aux doutes, à la colère, à l'amertume. Sillonnant les ruelles sombres et dangereuses de la belle Kaizoku, tu regardais l'occupant se pavaner fièrement sur une terre qui n'était pas la sienne. D'abord les hommes puis les républicains. Si tu avais su accepter, de force, l'un d'entre eux, il t'était désormais difficile de baisser la tête. Et pourtant...

    Tu ruminais, tentant de contrôler cette main qui ne tenait qu'à plonger dans le poitrail d'un malheureux pour en consumer les organes, pour en dévorer son cœur. Ils s'imposaient à toi, aux véritables habitants de l'île, pourquoi tu ne ferais pas la même chose ? Car tu le savais que trop bien... Ce traumatisme d'un moment passager de ton existence, réduite à l'état d'animal primaire que l'on utilisait uniquement pour ses compétences adéquates. Pendant cette époque, tu n'avais pas été assez forte, pas magiquement parlant, mais bien mentalement. Meurtrie, tu avais été indisposée à briser tes chaînes.

    Et si aujourd'hui, tu n'étais plus sous le joug de quiconque, tu n'en restais pas moins instable, faible face à l'inévitable trônant dans ton crâne. Ta vie était façonnée par les pensées intrusives qui n'arrêtaient pas de te tourmenter. Des démons, des murmures, que tu ne pouvais pas ignorer.  

    Les yeux révulsés, fixant deux soldats portant le blason de cette maudite République, tu venais à t'appuyer contre un mur. Pas maintenant, pas tout de suite. Tu pouvais ressentir les pulsations de ton cœur, les frissons de ton corps. Ces chiens étaient là à ta portée. Les brûler à vif, les faire disparaître de la surface était si simple. Pourtant cela ne changerait rien. Ce n'était que deux pions dans un échiquier que tu ne comprenais absolument pas. Et puis... Il y avait trop de témoin, trop de chose à même de mal tourner.

    Pour ne plus être esclave il te fallait acquérir l'intelligence qu'il te manquait.

    Mais cette sensation, cette envie. C'était une véritable drogue, une addiction qui définissait l'intégralité de ce que tu étais. Alors que tu essayais de retenir la bête, tu pouvais sentir ta main droite s'enfoncer dans le mur de pierre, le dissoudre totalement par la chaleur qu'elle dégageait tandis que tes pieds à nue venaient à meurtrir le sol de terre, le déformant, le faisant fumer afin d'y laisser des traces indélébiles.

    Le souffle court, tu vins finalement à faire volte-face, à réprimander l’éruption pourtant inévitable. Tu ne faisais que la retarder pour un moment plus propice alors que tu venais à te chercher un recoin dans ses ruelles. Un endroit calme, à l'abri des oreilles, à l'abri des regards, un cul de sac que même les vermines les plus sauvages n'empruntaient plus. Finalement, tu t'appuyais contre un recoin, posant ton front sur la pierre froide, alors que ton corps perlait de sueur, des larmes de laves qui se déversaient tout autour de toi, menaçant d'embraser les lieux à tout instant.

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  • Mer 15 Fév - 4:47

    La fumée noire qui s'élevait depuis le corps embrasé de l' élémentaire aurait dû, naturellement, se perdre dans le vent, achevant sa lente ascension dans l'obscurité avant de s'éparpiller au gré des bourrasques. Il en fut autrement car, juste au dessus de la demoiselle en proie à cette colère primale qu'elle tenait de la terre elle-même, une forme aux contours indéfinissables semblait se tenir. Le gaz sombre émanant de l'être incandescent, plutôt que de se volatiliser, semblait épouser dans son escalade la silhouette de cette entité invisible qui, vraisemblablement, se trouvait juste au dessus de la demoiselle au cœur de lave.

    En de belles et obscures arabesques, des sillons d'encre se dessinèrent dans le vide, définissant lentement mais sûrement la forme véritable de la bête immatérielle qui semblait flotter dans les airs, parfaitement immobile et seule témoin de la rage enflammée de cette extraordinaire rêveuse qui bouillonnait sous ses yeux pleins de fascination. Un crépitement de magie ancienne vint se mêler à celui de la lave perçant la roche et la terre et, dans une pluie étincelante et duveteuse, quelques plumes constellées d'étoiles firent leur apparition depuis le néant, chutant avec douceur sur les épaules brûlantes de la rêveuse et jonchant le sol tout autour d'elle.

    "Pourquoi pleures-tu ? Il est rare de voir un mortel animé d'un tel courroux."

    Les deux voix du Marchand de Sable s'élevèrent dans un doux murmure et, malgré l'amabilité du propos, son timbre surnaturel n'en demeurait pas moins glacial. Les craquements électriques, infimes mais néanmoins audibles, redoublèrent d'intensité alors que la bête légendaire se révélait peu à peu, s'extirpant tel un papillon naissant de son cocon éthéré dénué d'ombre et de reflet. Le corps immense de l'impensable animal se manifesta entièrement depuis l'obscurité, offrant à sa seule spectatrice le spectacle de cette impossible posture dans laquelle il avait verrouillé sa formidable enveloppe.

    Tête en bas, il caressait de ses pattes griffues le mur à demi-mâché par le sang de la terre tandis que ses pattes arrières ainsi que sa queue terminée en éventail de plumes flottait dans le vide, le maintenant dans une curieuse position qui laissait croire que, sans ses appuis, il aurait eut tôt fait de tomber vers le ciel. Contournant sa rencontre, le monstre imaginaire descendit de son perchoir en rampant comme une araignée, adoptant dans cette course silencieuse une forme plus adaptée à la vue d'un éventuel public indésirable. Rétrécissant et remaniant chair et plume afin d'adopter la silhouette minuscule d'un chat au poil long, il bondit à terre et vint se poster à quelques pas seulement de l'étrangère, ne laissant désormais transparaître de sa nature démoniaque qu'une paire d'yeux parsemés de lueurs étoilées.

    "Une colère si vibrante ne peut être contenue, n'est-ce pas ?"

    Lui qui l'avait observé si longuement, bondissant d'une toiture de fortune à un arbre mort sans être vu, savait pour l'avoir scrutée des heures durant que ce qui animait sa rage n'avait rien d'habituel. Son empathie surnaturelle le poussa même, sans le vouloir, à toucher bien plus près du but qu'il n'aurait pu le soupçonner :

    "J'ai jadis incarné en songes tornades enflammées et cratères brûlants. C'est ce que tu m'évoques, rêveuse."
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  • Ven 17 Fév - 0:31
    Volcan en sommeil peut-il rêver ?
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    Agitée...

    Paniquée ? En alerte... Une voix onirique, un murmure inaudible... Alors que tu étais au bord du craquage émotionnel, au bord de l'explosion, tu tournais ta tête violemment, cherchant la source de cette interruption. Prise sur le vif, sur le fait, tu pouvais avoir des gros problèmes si un quelconque témoin s'attardait trop sur toi. Tu n'avais rien fait de mal. Pas encore. Pas tout de suite.

    Finalement, une chimère d'ombre, de ténèbre, venait à s'offrir à toi, à se peindre devant tes yeux enflammés. Cela n'avait cependant pas le don de te calmer, alors que tu prêtais à cette vision cauchemardesque, la raison de tout tes tourments. Représentait-il la personnification de tes tourments, de ses voix qui saccageaient constamment ton esprit ? Si oui, alors tu devais l'anéantir, l'annihiler. Le purge de l’existence, de ton existence ! Et s'il se perdait en une forme à peine descriptible, des fumerolles commençaient à s'échapper de chacun des pores de ta peau, comme un mécanisme de défense, une alerte avant l'attaque finale.

    - Qui es-tu ? Que me veux tu !

    Tu manquais de hurler encore plus fort, prenant le risque d'interpeller les quelques passants au bout de la rue. Hurler ? On était même davantage sur des vociférations, des rugissements d'une bête que l'on ne pouvait calmer, affamée. Ta main gauche tenait même ton bras droit qui se perdait en tremblement toujours plus féroce, ta main n'ayant déjà plus rien d'une main humaine. Seulement un amas de lave qui s'alimentant elle même, meurtrissant le sol au passage par quelques déferlements sporadiques.

    - Ces émotions, ces voix... Je ne peux pas les ignorer.

    Malgré ce que pouvait dire les quelques cultes qui priaient les volcans comme des divinités, les volcans ne décidaient pas de quand ils allaient exploser. Ils se contentaient de le faire, sans aucun état d'âme, sans aucune culpabilité, sans aucune considération des ravages que cela pouvait bien faire. Voilà ce qu'était ta nature profonde, comment on pouvait te résumer malgré que tu étais dotée d'intelligence. Ce qui te prêtais un quelconque libre arbitre était des idiots ! Tu n'avais pas décidé cette existence ! Tu n'avais pas décidé que ces Républicains décident d'à nouveau te prendre tout ce que tu avais !

    Tu n'avais rien décidé de tout ça ! Encore moins qu'un songe s'exprime à toi pour te tourmenter encore plus que tu ne l'étais déjà !

    - Aaaaarg.

    Cette chose... Tu n'avais même pas le temps de t'attarder sur son apparence cryptique, de t’apeurer de celle-ci. Posant tes deux genoux sur le sol, tu n'arrivais plus à contenir cette rage, cette excès. Tu te sentais te perdre à nouveau. Des lianes spirituelles commençaient peu à peu à entraver ta conscience, à te limiter dans le contrôle que tu avais de ton corps.

    De l'extérieur, cela pouvait se retranscrire par une métamorphose progressive, délaissant tes traits d’humanoïde pour une représentation fidèle de la personnification d'un volcan en éveil. Les fumerolles aussi noir que l'être qui te faisait face commençaient à s'épaissir à s'infiltrer dans chacun des recoins de la rue. Tes yeux eux n'étaient plus que deux soleils bouillonnant alors que tu peinais même à parler.

    - Arrêtez ça ! Taisez-vous !

    Une dernière tentative de révolte, de contrecarrer ce qui te paraissait pourtant inévitable. Tu étais si seule... Seule face à ce fléau... Si seulement l'on t'avait tendu une main, si seulement tu pouvais partager ce poids avec quelqu'un, quelque chose...

    Mais il n'y avait rien de tout ça. Les monstres n'avaient pas le droit à leurs contes de fée. Et ce monde allait payer pour ça.

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  • Ven 17 Fév - 2:56

    De prime abord, l'entité camouflée sous ces traits félins semblait tout à fait inexpressive, scrutant de ses petits iris en fentes la pauvre créature que les flammes gagnaient, dévorant sur son passage tout artifice maladroit dont cette dernière usait pour se fondre parmi les hommes. En vérité, l'empathie surnaturelle qu'était celle de l'engeance démoniaque la contraignait à ressentir cette colère sourde, cette soif de violence si puissante qu'elle en devenait galvanisante. La haine communicative de cette délicieuse rencontre rendait le Gardien des Songes tout aussi instable que celle à laquelle il faisait face. Après tout, n'avait-il pas été conçu comme reflet des âmes tourmentés de ces rêveurs dont il partageait toutes les fantaisies ? La queue du chat battait furieusement l'air, trahissant malgré son ton paisible l'excitation qu'il contenait difficilement en lui. Effroyable, il laissa parler les vices inhérents à sa nature démoniaque :

    "Crois-tu que je vais t'arrêter ? Veux-tu que je me jette au cœur des flammes pour mettre un terme à un si formidable flot d'émotions ?"

    La gueule du minuscule animal ne se mouvait pas lorsqu'il s'exprimait. Les mots s'invitaient d'eux-mêmes dans l'esprit de leur cible, profitant de cette faiblesse passagère pour lui asséner ces coups qu'elle n'était pas capable d'encaisser. Le chat pivota, orientant son faciès moqueur vers le bout de la ruelle et jetant un regard plein d'envie vers les quelques silhouettes que l'on discernait, au loin, par delà les ombres. Se recentrant sur l'objet de ses plaisirs, le Rêve devenu Cauchemar glissa en un murmure :

    "Je n'ai pas ce pouvoir, tu sais ? Je ne peux pas te stopper."

    Un rire sardonique éclata dans les pensées de celle qui n'était plus désormais qu'un brasier hurlant. Avec intensité, les pupilles du félin se dilatèrent pour devenir d'énormes sphères rougeoyantes, évocatrices de lunes sanglantes issues d'un imaginaire volé. Aux yeux de sa seule spectatrice, le chat n'était plus désormais que la bête démoniaque et mauvaise que craignaient tant de fervents croyants. Un nouveau chuchotement s'immisça tel du venin, glaçant ce sang ardent qu'était celui de l'Elementaire.

    Volcan en sommeil peut-il rêver ? | Pv Rêve 9751d1e85e22de01f42d24df2a8ee9e3

    "Et toi non plus. Laisse-toi aller, somptueux cataclysme. Exauce ton rêve."

    Il était le Gardien des Songes. Faire des plus grandes fantaisies une réalité était sa fonction et il comptait bien accomplir cette mission. Dans un élan de sadisme tout à fait hors du commun, le monstre imaginaire tourna une fois encore sa tête en direction des rues grouillantes, captant le regard de l'un de ces hommes portant le fameux blason de la République. Par ce fabuleux pouvoir dont il aimait tant abuser, le démon sembla communiquer à l'étranger incrédule quelques mots et le concerné, après s'être brièvement interrompu dans sa marche, porta une main à son fourreau tout en s'aventurant dans l'obscurité, s'approchant sans le savoir de la catastrophe en devenir.

    Un rire fantomatique résonna dans les ombres et le chat, aussitôt, bondit avec élégance jusqu'aux tréfonds de la ruelle.
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  • Ven 17 Fév - 3:42
    Volcan en sommeil peut-il rêver ?
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    Main tendue...

    Geste bafouée... Ce n'était pas un songe salvateur qui te faisait face, mais la représentation de tes vices, de tes échecs. Comme une chambre d'écho, ce reflet sombre ne faisait qu'amplifier indéfiniment le trop plein d'émotion qui te submergeait déjà. Tu n'obtiendrais rien de lui qu'un fléau encore plus grand, un désespoir encore plus pesant.

    Pour autant, dire que c'était ta culpabilité qui te retenait aurait été mentir. Tu prenais du plaisir à te venger de tes tortionnaires, du plaisir à assouvir ce pourquoi tu avais été crée, le chaos et la destruction. Ce n'était que ta raison qui retenait ton bras, la logique qui t'ordonnait d'être discrète avant de te condamner toi même à une traque sans relâche. La paix... Une chose chimérique qui ne t'était pas permit. Cette chose, cette ombre féline, ne faisait que te le rappeler sous une autre forme, alors que tu pouvais observer du coin de l’œil, la raison de ta colère s’immiscer dans cette ruelle à l'abri des regards.

    Naïveté ? Manque de chance ? Qu'importe son épitaphe, tu saurais sans doute celle qui le guiderait vers l'outre-monde. Bras armé d'une justice arbitraire, l'homme s'avançait vers sa fin alors que ta propre faim t'ordonnait de faire de lui, le catalyseur de ta rage. Sa mort serait ta rédemption, ta porte de sortie alors que c'était avec un sourire de lave totalement déformé que tu t'approchais à ton tour de lui. Évidemment sa réaction ne se fit pas attendre. Pourquoi diable s'était-il aventurer seul ici devait-il se dire ? Face à une femme qui lui paraissait être une faucheuse enflammée.

    - N'approchez pas ! Ne me forcez pas à faire usage de la force !

    La force ? Pouvait-il seulement prétendre en avoir alors qu'il dégainait timidement son arme vers toi. Sa lame d'acier te rappelait le fouet, les coups de bâtons, la torture... L'homme faible se servait d'outil pour compenser sa faiblesse et soumettre les autres. Toi tu n'avais besoin d'aucun outil. Toi, tu n'étais pas faible. Penchant ta tête sur le côté, alors que l'homme s'époumonait par la fumée que tu dégageais, tu venais à saisir sa lame, l'empoignant même alors que l'acier qui la constituait commençait à perdre en substance.

    Il ne fallut que quelques secondes avant que l'outil ne devienne qu'une bouillit informe, avant goût de ce qui allait se passer avec lui. Et avant que l'homme ne puisse crier, ne puisse alerter quiconque, tu venais à te jeter sur lui, posant ta main sur son visage, déversant toute ta rage dans ce corps de chair et d'organe, semblable à un ballon de baudruche face à toi.

    Hurler, il ne pouvait plus, alors que tu l'incinérer de l'intérieur, avant finalement d'en liquéfier son corps tout entier. Sa peau et ses vêtements s’embrasaient pendant quelques secondes avant de se perdre dans le reste de bouillie. Tout disparaissait face à ta colère alors que tu te surprenais à rire pendant le massacre. Il était si bon de pouvoir être soi même, de pouvoir s'exprimer sans retenu. Si bon de ne plus lutter. Tu t'offrais en spectacle à tes démons mais tu n'en avais que faire alors que l'homme perdait à son tour toute substance, dans un silence effroyable.

    A la fin, il ne resterait plus que des songes, plus qu'un étrange souvenir d'un soldat malchanceux s'étant retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Lui qui était la représentation même de l’oppresseur avait été réduit à néant par l’oppressé. Voilà ce que tu étais véritablement. Une colère qu'on ne pouvait pas arrêter...

    Et qui ne s'arrêterait pas encore...

    Tournant la tête vers le reflet de ton sadisme, l'homme dont il ne restait plus qu'une odeur de cochon grillé ne t'avait pas suffit. La peur lui avait ôté toute résistance, et sa mort bien que violente et horrifiante, avait été trop rapide. Le sol quant à lui commençait à son tour à rejoindre le reste de la bouillie informe, à mesure que tu restais là, que tu te mouvais. Un terrain de magma qui se propageait de mètre en mètre, coupant sans doute tout déplacement dans cette ruelle étroite. Mais pas pour toi... Pour toi, il n'y avait pas terrain plus agréable que celui-là.

    - Démon !!

    Tu t'égosillais. Maintenant que tu arrivais à voir plus clair dans ton esprit, que tu ne cherchais plus à retenir tes pulsions, tu avais surpris ce corps étranger. Cette créature vicieuse n'était pas le fruit de ton imaginaire. Tu le sentais... Tu le savais désormais ! Lui aussi avait tenté de se jouer de toi ! De s'amuser de toi ! Conclusion hâtive mais qui ne demandait qu'un instinct exacerbé par les émotions.

    Pointant alors la paume de ta main vers sa direction, tu y faisais accumuler un cœur brûlant, un cœur de lave semblable lui aussi à un soleil incandescent. Un noyau intense qui n'offrait aucun compromis pour sa cible. Tenant en joug la chose, tu vociférais, prompt à tout relâcher une nouvelle fois si la réponse ne te satisfait pas.

    - Qui es-tu !

    Cette chose avait été témoin de ton crime de haine. Tu ne pouvais pas le laisser partir, tu ne pouvais pas prendre le risque. D'autant qu'il faisait un bonhomme de paille parfait pour pouvoir te défouler encore un peu. Juste un peu avant de pouvoir te reposer à nouveau, de pouvoir souffler et espérer frôler du bout du doigt une tranquillité bien mérité.


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  • Ven 17 Fév - 4:21
    Le spectacle atroce auquel s'était si volontairement exposé le démon fantasmé n'avait rien à envier aux plus sordides représentations que les mortels se faisaient d'une divine punition. Le malheureux militaire, fierté d'une République aussi glorieuse que richissime, n'était plus désormais qu'un amas bouillonnant de chair fondue et d'os calcinés, se mouvant au gré des gaz nauséabonds qui en agitaient encore fébrilement la structure. Face à cet ignoble ragoût d'homme, Rêve ne put réprimer un frisson de plaisir éhonté qui vint parcourir son échine de félin en une délicieuse caresse. Mais cette joie morbide, tout comme son apparence velue, n'était au final qu'un emprunt. Cette rage embrasée n'était pas la sienne et ce massacre, quoi qu'en pense l'Elementaire rendue folle de haine, n'avait pas été perpétré de sa main. Menaçante, elle fit étalage à nouveau de son terrible pouvoir qu'au delà des moqueries, le monstre né de l'immatériel savait respecter.

    "Qui suis-je, rêveuse ? N'est-ce pas évident ?"

    Les deux voix que tout opposaient se manifestèrent dans les ténèbres et deux billes de lumières tout aussi incandescentes que les yeux de la créature ardente se profilèrent dans le noir. S'avançant à pas feutrés, une silhouette féminine apparut, révélant à la lueur d'une lune sanglante ses traits nouveaux, volés et reproduits dans une caricature à la fois grotesque et sinistre, ce afin de jouer un peu plus avec l'esprit déjà torturé de la pauvre entité que la colère dévorait. Rêve, dans ses incompréhensibles machinations, s'était cette fois-ci présenté sous l'apparence de celle qui lui faisait face, lui offrant un affreux reflet d'elle-même trônant si près d'un océan de lave en fusion. Présenté dans son plus simple appareil, le corps du clone affreux semblait constitué de braises crépitantes, carbonisé jusqu'à la nuque et luisant par endroits. Le visage,  quant à lui impeccablement reproduit, souriait et inspirait une étrange tranquillité. De ses lèvres subtilisées, le monstre ajouta à cet affront une énième injure en ouvrant ses bras meurtris dans un geste théâtral :

    "Je ne suis que ton reflet. Un fragment. J'ai été créé, par toi et tant d'autres rêveurs, pour permettre aux plus folles fantaisies de voir le jour. N'es-tu pas satisfaite ?"

    Faisant fi de la menace léthale qui planait sur lui, Cauchemar effectua un bond aérien en direction de l'amas de viande écarlate et, tout comme les plumes qui recouvraient son véritable corps, il retomba avec une lenteur tout bonnement surnaturelle, accordant au résultat du massacre encore luisant un regard plein d'appétit, avant de joindre ses mains noircies dans son dos, sans perdre pour autant cette joueuse risette qu'il arborait sans crainte :

    "Je ne donne pas naissance aux rêves. J'invite simplement les rêveurs à les réaliser. Et toi... tu viens d'accepter mon offre."

    Le brouhaha ambient des rues pleines de vie était toujours aussi fort autour des deux êtres extraordinaires mais pourtant, dans cet enfer trop réel créé de l'imaginaire, un silence mortuaire régnait.
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  • Ven 17 Fév - 5:00
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    Intriguée...

    Non... Ce n'était pas ça qui retenait ta main. Ni la confusion, encore moins la peur... Tu observais simple les actes d'un condamné, qui ne faisait que s'amuser de tes émotions, qui ne valait pas mieux que tes anciens tortionnaires, alors que cette chose s'amusait même à prendre ton apparence. Si ton esprit n'était pas déjà saturé par les émotions, tu aurais sans doute été réceptive à son petit spectacle... Mais plus maintenant, pas ici. Il se présentait comme étant ton reflet, un fragment de toi mais ce n'était pas le cas malgré la ressemblance flagrante...

    Où était cette chose lorsque tu avais commit tout tes autres crimes ? Si elle avait bien participé à ce brasier de colère, ce n'était pas le cas pour le reste de tes actes. Tu n'étais pas vierge lorsqu'il s'agissait d'épancher ta colère. Tu avais déjà détruit, tué, réduit à néant bien des choses. Et à aucun moment, cette chimère n'avait été présente pour se rire de toi.

    Tu connaissais bien trop la saveur de tes propres démons pour pouvoir les différencier. D'une certaine manière, tes doutes étaient le véritable reflet de ce que tu étais. C'était ta rage qui t'ordonnait de repousser cette chose, de ne pas la laisser entrer dans ta tête. Celle-ci avait déjà un occupant, et ce n'était clairement pas cette copie de toi !

    - Tu te trompes... Je n'ai rien à voir avec toi !

    Sur le départ d'un nouveau brasier, tu te révoltais à nouveau. Rejetais ses mots comme s'ils représentaient un virus tentant de te contaminer. Ta folie, ta démence était sa seule barrière de protection contre le reste du monde. Si cette chose t'avait qualifié à raison à travers ta colère, c'était une erreur que d'écarter le reste de ce que tu étais.

    Un cocktail explosif de vices, d’orgueil, d'envie, de jalousie, de colère.

    - Disparais ! Laisse moi !

    Un ordre synonyme de sentence alors que de ta paume se déversait un véritable flot de lave vers l'effigie à ton image. S'il était véritablement ton écho, alors tu reprendrais les droits sur ton existence ! Si ce n'était pas le cas, alors tu servirais de lui comme souffre-douleur ! Il n'y avait aucune raison que seul le monde puisse profiter de toi ! On ne stoppait pas un volcan en éruption avec un beau discours et des images envoûtantes !

    D'ailleurs, tu ne t'arrêtais pas qu'à un flot désincarné de lave, tu l'accompagnais avec des projectiles de magma alors que petit à petit tu t'incarnais en tant qu'élémentaire de lave. Une apparence que même cette chose n'aurait su copier entièrement. La température de ton corps frôlant désormais les mille degrés, celle-ci ne faisait qu'augmenter.

    Si tu avais été extrêmement sommaire quant à l'exécution du soldat, ce n'était plus le cas; Tu faisais l'apologie de tes capacités. Tu t'épuisais inutilement à meurtrir un songe, un murmure, voulant t'assurer qu'il ne réapparaîtrait plus jamais. Aujourd'hui tu reprenais les droits sur ta vie ! Tu te prêtais à y croire, nourrissant tes pouvoirs aussi avec de l'espoir. Un sentiment bien plus destructeur que n'importe quoi, pour une rejetée du monde.

    Cette fois-ci, tu ne te perdais pas en long silence, ni même en une quelconque observation. Ton instinct de survie reprenait ses droits, et t'ordonnait de fuir avant d'alerter l’entièreté du village. Tournant le regard, tu venais à plonger tes mains dans le mur qui constituait pourtant un cul de sac. Celui-ci ne mit cependant pas longtemps à céder face à ta puissance alors qu'en une petite minute, tu arrivais à le faire fondre par endroit afin de t'y créer un chemin. Les jambes à ton cou, tu tentais de calmer ta métamorphose élémentaire alors que tu longeais d'autres ruelles, fuyant le démon qui avait sans doute fini calciné.  Ou pas ?

    Tu refusais de te faire arrêter, de mourir ici... Pas après tout ce que tu avais vécu.

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  • Sam 18 Fév - 4:47
    La détonation fut si puissante que le sol en trembla. Badauds et gardes se tournèrent vers le spectacle infernal qui résulta de la terrible manifestation magique car les flammes monstrueuses s'étendaient déjà jusqu'au sommet des demeures touchées. Des citoyens accoururent, beuglant des directives tout en s'empressant de trouver de l'eau afin d'interrompre la croissance de ce brasier dont la source était totalement inconnue. La dépouille frémissante du garde isolé avait disparue, s'assimilant à la lave en fusion pour disparaître à jamais dans la gueule béante de ce monstre ardent qu'avait laissé derrière elle cette Elémentaire folle de rage.

    Dans ce chaos sans nom, une vocifération stridente vint s'élever au dessus du concert de lamentations et les quelques malheureux présents sur les lieux eurent tous pour réflexe de s'abaisser, couvrant le haut de leurs crânes pour se protéger du colossal volatile qui venait de pousser ce cri horrifiant. En relevant les yeux, la frayeur passée, les témoins du rugissement n'aperçurent pas la moindre trace de la bête obscure et s'attelèrent donc à stopper l'incendie, seule urgence dans cet incompréhensible moment de panique. Loin du tumulte, à une centaine de mètres de là, la ténébreuse silhouette du démon imaginaire vint s'écraser avec force et fracas sur un toit déjà bien éprouvé par les intempéries, détruisant lors de l'atterrissage bardeaux et planches.

    Traversant d'abord une poutre dans un craquement sonore puis scindant une table en deux sous son poids, la créature onirique s'aplatit de toute sa longueur, blessée mais vivante néanmoins. Par miracle, elle était parvenue à échapper à des dommages léthaux et son instinct de survie l'avait aussitôt ramenée à la raison, la poussant à abandonner son élan de malveillance pour se recentrer sur l'essentiel. Rêve réalisait, puisqu'il était désormais relativement éloignée de sa cible du soir, qu'il s'était sans doute montré trop entreprenant en se postant aussi proche de cette fougueuse engeance volcanique. A force de se montrer si provocateur, il y avait finalement laissé des plumes.

    Difficilement, la bête mythique se redressa sur ses pattes chancelantes, s'offrant le luxe d'une courte inspection personnelle afin d'établir la gravité des dégâts subis par son enveloppe et fut dépité lorsqu'il découvrit qu'en effet, l'objet de son obsession était parvenu à l'amocher sévèrement. Partiellement calcinée, la peau déjà noire par nature de son flanc était maintenant dépourvue de plumages et ses ailes, encore fumantes et chaudes au toucher, n'avaient pas été épargnées par la violente explosion qui avait manqué de si peu de le frapper de plein fouet. Fuir un tel assaut à une distance si réduite ne tenait pas de la maitrise ni même de la chance, mais bel et bien du miracle.

    D'un bond surnaturel, la créature tenant tout autant du volatile que du félin retourna se percher jusqu'à l'orifice qu'elle avait par inadvertance creusée dans le toit, escaladant sans mal le sommet pour ensuite venir jeter un regard impassible sur les flammes croissantes qui avaient déjà englouti deux cabanes toutes entières. Indifférent face au spectacle ravageur des éléments rendus sauvages par la colère de l'Elémentaire, Rêve se remit en chasse, ayant la ferme intention de retrouver celle qui s'était rendu responsable d'un tel affront. Le Marchand de Sable n'avait pas pour habitude d'être contredit, encore moins attaqué; mais ce n'était ni par frustration ni par rage qu'il décida de traquer la magicienne féroce.

    C'était sa faim qui l'y poussait. Cette curiosité maladive qui le poussait parfois au pire. Les ailes meurtries se déployèrent dans un froissement caractéristique, s'ouvrant comme d'immenses voilures avant de battre l'air dans de grands sifflements. Le Voyageur se propulsa dans les airs, disparaissant dans l'obscurité des cieux nuageux  pour mettre la main sur cette fascinante créature dont il voulait maintenant tout apprendre. Des origines de sa profonde rage meurtrière jusqu'à aujourd'hui, Rêve n'avait d'yeux que pour elle. Ses iris étincelants se posèrent partout, scrutant le village à la recherche d'indices et ce fut sans mal qu'il capta les premières traces du passage de l'étrangère embrasée, car il découvrit ça et là les marques de ses apparitions. Des empreintes noircies, de la cendre, du tissu enflammé. Tout menait jusqu'à elle mais Rêve, si loin du désir de vengeance, estima qu'il se devait de brouiller les pistes.

    Cette rêveuse était pour lui et personne d'autre, en cette fabuleuse soirée. Pour se l'approprier, il piqua droit vers le sol et laissa ses ailes maquiller les éléments qui retraçaient son parcours, effaçant par de grandes bourrasques tout ce qui menait jusqu'à elle et faisant taire les flammèches naissantes qui parsemaient sa route. A ras du sol, le monstre immense fit à nouveau usage de ses dons pour se rendre invisible, ne laissant derrière lui que de perplexes témoins car seuls les courants d'air qu'il soulevait ne trahissaient sa présence. Sa course volante le transporta jusqu'aux abords du village. Remontant la piste, il retourna à terre et galopa derrière elle, l'apercevant sans mal derrière les épais feuillages. Elle fuyait mais le monstre, aussi immense qu'agile, se faufilait dans les ombres avec adresse et vivacité, lui permettant de gagner du terrain sur elle.

    En véritable fauve ailé, la bête aux griffes acérées bondit contre un tronc d'arbre, continuant la poursuite depuis les hauteurs pour obtenir l'avantage sur sa cible.  S'il n'avait aucune intention de s'en prendre à elle, Rêve devinait sans mal qu'elle ne ferait preuve d'aucune hésitation en l'apercevant et que cette fois-ci, elle risquait bien de réussir à l'occire. A peine visible depuis les arbres, le gardien des songes usa de son pouvoir pour lui envoyer l'un de ces chuchotements mentaux dont il avait le secret :

    "Tu peux tenter de me repousser, rêveuse, mais cela ne te mènera à rien. Sache que j'étais à tes côtés lors de ta création et que je le serai encore lorsque tu rendras ton dernier souffle."

    Au dessus d'elle, la bête serpentait furtivement d'un arbre à l'autre mais craignait toutefois que, dans un élan colérique, son obsession n'en vienne à détruire la forêt entière. A bien y songer, c'était cependant une perspective intéressante...
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  • Dim 19 Fév - 2:36
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    Souffle lourd...

    Lancinant... Plein de sens... Appuyée contre un arbre menaçant de prendre feu au même titre que le reste, tu paraissais redescendre, reprendre le contrôle de ta chair, de tes membres bouillants. Tu t'étais déchaînée, avait vidé un peu de ce que tu avais sur le cœur. Chez toi, il était impossible de dissocier magie et émotion. Tu ne faisais qu'un avec tout ça, ne mettant aucune frontière avec ton pouvoir. Te contrôlait-il plus que tu ne le contrôlais ? Certainement...

    Mais maintenant que tu avais répondu à son appel, que tu t'étais soumise à sa demande, non sans prendre un plaisir certains, celui-ci n'avait plus de raison de rugir. Peu à peu, tu perdais ce brasier dans ton regard, ne s'éteignant jamais vraiment mais prenant des proportions bien moindre. Quelques minutes, cela avait suffit pour que ta respiration puisse retrouver une certaine cohérence aux yeux d'un mortel lambda. La fumée noir avait fini par se dissiper, ne trouvant plus d'origine dans ta colère et tu semblais être une personne totalement différente.

    Encore meurtrie, encore alerte, certes, mais s'étant accomplit dans l'acte interdit...

    Tu aurais cependant dû savoir qu'il était trop tôt pour se relâcher... La bête, la créature de songe n'en avait sûrement pas fini avec toi. Son absence de réponse, de mot jusque-là t'avait confirmé que ta tentative de le faire taire avait fait effet. Mais cela n'était pas suffisant... Un frisson, un sursaut de magie, tu l'avais senti s'approcher alors que ses premières paroles résonnaient dans ta tête.

    Cependant, sans rage au cœur, tu paraissais être plus réfléchit, plus étanche à ses mots. Si bien que tu pouvais facilement deviner que s'il l'avait vraiment voulu, il t'aurait encore fait face... Ce n'était pas le cas. Il se tapissait sans doute dans un recoin voilé de ta vision, de tes sens. Avait-il apprit de son erreur ? Ou se servait-il de ton erreur de ne pas l'avoir achevé lorsque tu l'aurais pu ? Qu'importe...

    - Il n'y a jamais eu personne à mes côtés.

    Ta voix avait changé, elle n'était plus tremblotante... S'il cherchait à lire en toi, il trouverait sans doute une personne totalement différente. Tu étais composée de deux faces opposés d'une même pièce... Pour autant, difficile de définir laquelle des deux faces étaient véritablement la plus dangereuse. Qu'étais-tu vraiment ? Un simple élément de la nature ayant surgit de la terre du jour au lendemain ? Peut-être. Peut-être pas. Tu n'avais cherché.

    Pour autant, qu'importe ce que la chose prétendait, qu'importe ce qu'elle essayait d'introduire dans ton esprit, tu rejetterais en bloc chacune de ses tentatives. Car tu étais un être d'émotion plus que de chair, et ta tête était gouvernée par démon plus puissant et bien plus ancien.

    - Tu as peur ? Pourquoi te caches-tu ?

    Premier signe que tu avais basculé dans un tout autre tempérament. Pour la première fois depuis votre rencontre, tu avais décidé de retourner le sujet de discussion, tu avais décidé de participer à la discussion plus que de la subir. Retirant ton mur de l'arbre, ayant reprit un semblant de posture et de composition, tu tournais ton regard à la recherche de l'auteur de tes tourments de la journée. Ton regard, bien plus vide qu'avant, n'était pourtant pas moins menaçant. Un volcan qui venait d'exploser avait peu de chance de se déclencher à nouveau... Mais ce n'était pas impossible. Idiot celui qui se penserait rassurer face à toi.

    - Toi aussi tu es seul ?

    Tu refusais ses mots, mais ils avaient pourtant bien eu un impact sur toi. Tu n'étais pas du genre à véritablement t'interroger sur la nature des choses, encore moins sur les autres. Par deux fois, il t'avait fait marcher vers un terrain que tu n'arpentais pourtant jamais. S'il avait été vraiment à tes côtés depuis tout ce temps, alors tu aurais sans doute pu changer, être une personne différente de ce que tu étais aujourd'hui.

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  • Dim 19 Fév - 4:02
    Un rire féminin, à la fois cristallin et provocateur, résonna depuis les hauteurs et se perdit dans l'immensité de ces bois inhabités en un bruyant écho. Pas un oiseau, ni même un rongeur, ne vint briser suite à l'étrange manifestation le silence sépulcral de ce lieu qui, l'espace d'un instant, sembla presque situé hors du temps et de l'espace. Le Cauchemar était blessé, amoindri par l'assaut si effroyable de la créature à laquelle il avait choisi de se frotter, outrepassant les conseils salvateurs de son parent aimant et désireux de le voir subsister dans ce monde qu'il comprenait à peine. Le mythe de son aspect éthéré avait été brisé et, avec lui, son opposant semblait avoir trouvé en elle le courage de lui faire face en s'extrayant des griffes de cet effroi qui s'était insinué en elle.

    Avait-elle toutefois chassé un parasite venu des ténèbres l'empoisonner, la frappant lâchement durant l'un de ses instants de faiblesse ? N'avait-elle pas au contraire fait taire par colère l'inextricable horreur qui se nichait au fond d'elle-même ? Le monstre en elle était bien plus puissant que le fragile fragment de songe qui se tenait au dessus d'elle, la raillant sans comprendre tout en craignant son pouvoir. Entre la chouette chimérique et la belle Elémentaire, le prédateur n'était sans doute pas celui qui se nichait dans les ombres, à l'abri de flammes gorgées de haine et de violence.  Rêve n'avait pas peur ou tout du moins, pas au sens qu'employaient les mortels. Cependant, être détruit ainsi sans avoir eu l'occasion d'explorer ce nouvel univers l'aurait tellement déçu.

    Malgré le danger évident que représentait la rêveuse adepte du carnage, le Voyageur descendit en une spirale nappée d'étincelles, atterrissant avec cette légèreté surnaturelle que lui connaissait désormais son interlocutrice et posant sur elle ses prunelles luminescentes. Impérieux et fier, il se dressa mais dévoila en écartant ses bras immenses les blessures encore douloureuses dont sa violente rencontre avait choisi de maculer son corps. Elle n'était pas la première mortelle à le frapper de la sorte mais il reconnaissait sans mal qu'elle était bien la seule à l'avoir ainsi menacé de le rendre à l'immatériel. Ce fut donc sans artifice ni abjecte moquerie qu'il s'exprima cette fois-ci, se montrant sous la forme que lui avait dessiné son parent :

    "Je suis né de la peur, rêveuse. De la tienne et de celle de tant d'autres avant toi. En revanche, je respecte ton implacable pouvoir. Je te l'ai déjà dit : je ne peux te stopper."

    Son discours, bien que prononcé avec une infinie assurance, contrastait avec les faits. Se tenant loin de son vis-à-vis, Rêve offrait sur lui-même une ligne de tir parfaite mais se gardait bien désormais d'approcher celle qui maitrisait une si redoutable magie. Son corps meurtri témoignait d'ailleurs de sa mortalité, chose qu'avait sans doute relevé celle qui lui faisait face et qui, curieusement, semblait bien plus apaisée et maîtresse de la situation, maintenant qu'elle avait laissé l'inévitable éruption avoir lieu. Sans conviction, il gloussa avant de reprendre :

    "Je ne t'ai pas menti. Je suis bel et bien un fragment de toi. J'ai parcouru durant des millénaires fantasmes et rêveries, m'imprégnant au fil du temps de l'essence des êtres dont j'ai exploré les songes. Les mortels m'ont nommé Rêve, Cauchemar, Gardien ou encore Prince Exilé. Cette enveloppe que tu as abimée est neuve et mes souvenirs du passé, confus. L'essence de mon âme, en revanche, est aussi ancienne que ton monde. Comment puis-je être seul, moi qui ai été nourri du sein d'un univers tout entier ?"

    Il y avait en lui un éclat de doute, un soupçon de vérité jaillissant des propos de la dompteuse des éléments. Était-ce par arrogance ou par tristesse qu'il cachait ses véritables sentiments ? Malgré son grand âge, l'être millénaire n'était au final rien de plus qu'un enfant perdu.
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  • Mar 21 Fév - 4:34
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    Différent...

    Tout comme toi, la créature semblait avoir opté pour une autre facette de ce qu'il était. Penchant ta tête légèrement sur le côté, tu dévisageais cette chimère d'ombre et de torpeur... Tu étais bien incapable d'en saisir la consistance, que ce soit de son apparence ou de ses mots. A l'inverse de lui, tu étais une existence terriblement primitive, qui compensait son manque de finesse et d'esprit par une puissance que peu seraient capable de faire taire par la force.

    Pourtant tu ne disais rien, te contentant d'observer la créature moins moqueuse dans ses mots, moins avide dans sa volonté de te faire trembler, de te faire craquer. Avait-elle saisi les enjeux ? Avait-elle changé son fusil d'épaule ? Difficile à dire... De base, tu n'arrivais de toute manière pas à la cerner. Silencieuse, tu l'écoutais, tentant de saisir un sens dans ses paroles dans son semblant de logique. Une créature née de la peur, d'un ensemble d'esprit, un puzzle constitué des fragments des êtres s'étant retrouvés sur son passage. Intéressant...

    - Je ne comprend rien à ce que tu racontes.

    Ton visage était passé par un ensemble d'émotion en l'espace de quelques heures, mais désormais il exprimait surtout l'incompréhension, la confusion et une petite part de dégoût. Les sourcils froncés par la consternation, maintenant que tu ne voyais plus le monde sous le prisme de la colère, tu pouvais redevenir maîtresse de tes choix.  

    Cependant, il y avait une chose que peu de gens connaissaient, dont peu de gens pouvaient témoigner... En réalité, il n'y avait absolument personne sur ces terres qui t'avaient vu alors que tu approchais ton moment de grâce. Ce moment, après avoir explosé, où tes pensées redevenaient sereine, où tu pouvais récolter l'exaltation de ta libération soudaine. Cet état, qui avait vaincu tellement de tes ennemis, de ceux qui pensaient être encore capable de te faire du mal.

    Ce moment futile où les deux facettes de ton âme se mettaient à composer en harmonie. Un instant fragile de par sa nature éphémère, mais pourtant bien existant. Une sorte de troisième état, où tu étais à même d'utiliser ton plein potentiel, mental comme magique. Levant alors la main vers lui, celle-ci s'embrasait à nouveau, la température se mettant à grimper en flèche si bien que le petit cours d'eau qui s'écoulait non loin de vous commencer à se perdre en bulle et en vapeur. Il t'avait vu enragé mais il ne t'avait pas encore vu à ton zénith.

    - Rêve... Cauchemar... Gardien... Prince ? Malgré tes noms, tu sembles être blessé. Cela veut dire que tu peux mourir, comme tout le monde.


    Cette chose, elle qui avait déjà souffert de ta présence au même titre que toi d'elle, pouvait se douter que ce que tu allais relâcher allait être encore bien pire. Tu menaçais de déployer toute l'étendue de ton pouvoir d'un simplement mouvement de la main, et cette fois-ci, tu étais totalement en accord avec toi même. Plus de plaisir, plus de doute, plus de remord....Juste une conviction inébranlable.

    - Je t'ai demandé de partir et pourtant tu es là. Choisis bien tes prochains mots. Tu n'auras pas de seconde chance.

    Voici le visage caché du volcan de Kaizoku. Rayonnant tel le soleil à son paroxysme. Capable d'affronter les pires horreurs les yeux dans les yeux. Un visage qui ne se dévoilait qu'après avoir ébranlé les précédents masques. Une véritable bouffée d'air frais pour un esprit morcelé.

    - Pourquoi devrais-je t'épargner... ?

    Une simple question, qui attendait une réponse qui le serait tout autant. Essayer un quelconque jeu de l'esprit avec toi ne marcherait pas. Pas en cet instant, où tu paraissais être imperturbable.

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  • Jeu 23 Fév - 3:11
    "La lumière née de tes flammes n'a jamais su tuer l'obscurité. Ta colère écarte les ténèbres, un temps seulement, mais les voix reviennent toujours. N'est-ce pas ?"

    Défiant, le Prince aux ailes meurtries soutenait le regard de la fougueuse Elémentaire qui lui faisait face. S'autorisant même à jeter un instant un regard autour de lui, il admira silencieusement le paysage merveilleux que lui offrait le paysage atypique de l'île, profitant des braises luminescentes dégagées par la puissante magie de la rêveuse embrasée afin d'observer la beauté du tableau dressé autour d'eux. Il était étrange de constater avec quel apaisement il traitait sa situation, se sachant pourtant menacé comme jamais il ne l'avait été depuis son entrée sur le plan matériel. Malgré ses craintes légitimes concernant le pouvoir destructeur de l'aberration qui lui faisait face, Rêve n'était après tout qu'un humble reflet des rêveurs qui l'avaient construit.

    Hors, son opposante avait changé du tout au tout depuis le point de départ de leur fortuite rencontre, il était donc tout à fait normal que le miroir s'y soit adapté. Lassivement, le monstre onirique baissa la tête et releva la dextre qui couvrait la plaie ornant son flanc. Ses blessures, comme tout ce qui le composait, n'avaient rien de normal. De sa peau calcinée et de sa chair exposée naissaient par endroits des arabesques colorées qui serpentaient, formant et reformant d'abstraits motifs dans les sillons ensanglantés qui striaient sa peau multicolore. Serein malgré la douleur intolérable qui lui tordait le corps, le Prince Exilé continua de se montrer sous son plus beau jour et vint donc replacer ses ailes gigantesques devant lui, usant d'elles en véritables éventails de plumes afin de venir masquer la blessure immonde qui jurait avec la beauté uniforme de sa mystérieuse enveloppe. Son regard d'encre vint se replonger dans celui de son interlocutrice, à laquelle il offrit sans plus attendre une réponse :

    "Vas-tu me faire croire que tu n'as éprouvé aucune satisfaction en mettant fin à la vie de cet homme ? N'est-ce pas la destruction, sous sa forme la plus pure et absolue, qui te fait frissonner ?"

    Un nuage gris, porté par le vent, engloutissait la lune et assombrissait peu à peu ce petit bout de forêt, cet oasis de calme et de sérénité. Au loin, la lumière orangée et dansante d'un incendie hurlant leur parvenait encore, tout à fait derrière les épais branchages qui constituaient ce mur entre la civilisation et eux. Rêve frémit, savourant du fait de sa douleur le bonheur d'être en vie. Derrière le rideau de plumes, une main griffue vint caresser timidement la peau brûlée, insinuant en la créature une nouvelle vague de souffrance lancinante. Comment fuir face à une telle merveille ? Comment ne pas vouloir explorer les secrets qui peuplaient l'esprit de ce fauve hystérique, ce volcan encagé caché sous les traits d'une femme ? Il ne pouvait que braver la peur et les interdits, c'était dans sa nature.

    "Tu as raison, le gardien des Songes saigne, meurt et se décompose pour nourrir les vers. Il en va de même pour chaque créature érigée en idole par les Hommes. Je suis conscient de ma fragilité et pourtant, je me tiens devant toi, à ta merci. Tu as une revanche à mener rêveuse, mais pas contre moi. Veux-tu détruire celui qui te tend la main ?"
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  • Mer 8 Mar - 9:09
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    Interloquée...

    Tu fixais la créature que tu tenais en joug. Comme à son habitude, il se perdait en dialecte cryptique dont tu ne pouvais saisir qu'une petite partie du sens... Savait-il lui même ce qu'il racontait ? Peut-être ? Peut-être pas. S'il était vraiment un fragment de toi, alors il devait être tout aussi confus. Ou pas... Qu'importe. Il ne te fallait qu'un simple mouvement de la main, une légère friction du doigt pour mettre à terme cette discussion. Il l'avait avoué lui même, il ne saurait échapper à nouveau à une nouvelle offensive se voulant fatale.

    Pour autant avais-tu intérêt à le tuer ? Il n'y avait plus la rage pour te contrôler, ni l'apathie pour t'entraver. Il n'y avait que toi alors que tu l'écoutais se perdre en murmure. Avais-tu pris du plaisir à éradiquer l'existence du soldat de la République ? Évidemment. Il représentait tout ce que tu craignais, tout ce que tu haïssais. Reprochais-tu la manière dont tu l'avais mis à mort ? Peut-être. Non pas à cause de la brutalité dont tu avais fait preuve, mais à cause de ton manque de conscience. Comment profiter d'un acte dont tu n'étais au final qu'une spectatrice distante.

    Penchant ta tête sur le côté, tu venais finalement à baisser la main, rangeant cette épée de Damoclès que tu faisais trôner au dessus de la tête du démon. Il devait sans doute jubiler de cette emprise qu'il pouvait avoir sur autrui, mais à quel prix. Ici, en ce jour, il avait fait mourir par imprudence, par orgueil.

    - Tu as raison. Tu n'es pas si différent des autres. Tu ne vaux pas la peine d'être craint.

    Peut-être enfin avais-tu saisi ses paroles lorsqu'il prétendait n'être qu'un produit de son environnement. Un amas de songe porté par des rêveurs comme toi. En ce sens, il était sans doute bien plus mortel que tu ne le saurais jamais, toi qui partageait des multiples songes dans un si petit crâne. Pour autant, avais-tu besoin d'aide ? Non. Pas de lui en tout cas. Cet instant de clairvoyance t'était suffisant. S'il était capable de persister dans le temps, alors tu serais certainement au sommet du monde. Si depuis le départ, tu avais été en possibilité de contrôler ce que tu étais, alors rien pas même les titans n'auraient su t'arrêter.

    Mais ce n'était pas possible, pas encore... Tu sentais la fatigue engourdir tes membres et l'apathie reprendre peu à peu ta place. Tu n'avais pas beaucoup de temps avant que tu ne sois à nouveau un agneaux dont il était facile de tirer les ficelles. Avant que le cycle ne se répète à nouveau de manière infinie...

    - Ne m'approche plus jamais. Que tu essayes de me comprendre ou de m'aider, la prochaine fois, je ne serais pas aussi clémente.

    Qui était le démon entre vous deux ? Lui, sans l'ombre d'un doute. Mais tu étais peut-être plus effrayante avec ce simple échange. Tes yeux portaient une détermination encore plus fougueuse que la rage qui guidait pourtant tes pas au quotidien. Tu refusais tout entrave, tout mots charmeurs à même de te guider sur des rails que redoutais. Il fallait apprendre à être la maîtresse de son propre destin. Mais tu n'étais pas encore prête.

    Manquant de faiblir soudainement, tu pouvais sentir tes jambes trembler légèrement alors que le volcan allait reprendre un état d'accalmie. Profitant des quelques forces qu'il te restait et de ce semblant de raison, tu venais à faire émerger un énorme mur de lave, progressant très lentement vers la créature. Tu faisais preuve, par cette maîtrise inhabituelle de ta magie, de détermination quant au fait de ne pas vouloir être suivie. Ton mur n'avait pas pour but de le tuer, simplement de mettre une distance qu'il ne saurait combler alors que tu en profitais pour t'échapper derrière ce voile brûlant.

    Cette fois-ci, tu ne laisserais aucune trace, et tu irais te faufiler dans les entrailles de cette île que tu connaissais si bien. Après tout, tu avais déjà tué tellement de fois, et jamais l'on ne t'avait mit la main dessus. Tu savais comment disparaître.

    Et en cet instant tu avais disparu.

    Quelle étrange rencontre. Une rencontre qui ne te laisserait pas indifférente pour les jours qui suivraient. Sans doute que ses mots nébuleux continueraient à résonner dans cet esprit clos à toute remise en question. Peut-être avait-il été une étape nécessaire au développement de ton monde intérieur. Peut-être pas. Seul l'avenir pouvait bien te le dire.

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  • Ven 10 Mar - 8:49
    Le sombre coeur de la bête onirique se resserra brièvement lorsque la rêveuse impétueuse et sauvage lui annonça sans sourciller qu'elle ne le craignait pas. Dans les yeux embrasés de l'Elementaire, il ne percevait que cette froide et cruelle vérité. Ne pas avoir peur de lui, cela revenait également à ne pas croire en lui. Pour le Gardien des Songes, être ainsi renié par l'un des êtres à l'origine de sa conception semblait étrangement difficile à admettre. Ses iris d'encre, immenses et luisants dans l'obscurité, se figèrent un instant dans un expression de surprise et cette main qu'il avait doucement tendue vint se replier dans un froissement de plumes. Cependant, la nature de l'éternel oniromancien le poussait à détourner cet état de faits, créant une nouvelle réalité modelée selon ses envies.

    "Ton choix est fait, rêveuse."

    Le son de ses voix fut dévoré par un crépitement ardent et Rêve, dans un réflexe salvateur, se retira machinalement d'un bond aérien pour ne pas subir encore davantage les retombées de la puissance hors du commun de l'étrangère. Erigée après une ultime menace proférée par l'Elementaire, une véritable muraille de flammes et de roche en fusion s'approchait lentement, privant l'être chimérique de la vue de son interlocutrice. Il admira un instant cette effarante manifestation de la magie ancienne qui habitait la mystérieuse demoiselle puis, après un long soupir extasié, Rêve se propulsa dans les airs en décrivant une spirale, traçant sur son passage des sillons étoilés avant de s'élever au delà des arbres, du brasier et surtout de l'île toute entière. Il plana, cherchant du regard la mystérieuse entité mais celle-ci s'était déjà évaporée, disparaissant dans les affres de la forêt en laissant derrière elle les prémices d'un incendie ravageur.  Rêve s'écarta de la lueur éclatante de cet enfer brûlant, frôlant la cimes des arbres temporairement épargnés par ce carnage à la recherche de celle qui était devenue sa lubie du soir.

    Malgré ses recherches, il ne trouva rien de plus que quelques animaux qui fuyaient le mur grondant alors il décida, une fois encore, de faire appel aux dons que lui avaient conférés sa nature si unique en son genre. De ce contact privilégié qu'il avait pu établir avec l'engeance volcanique était né un lien inébranlable, malgré le rejet et la souffrance qu'ils s'étaient mutuellement infligés. S'il ne valait pas la peine d'être craint, pourquoi avait-elle choisi de le fuir avec tant d'ardeur ?  Pourquoi s'éclipser ainsi, plutôt que de le combattre ? Elle n'avait pas peur de lui mais elle craignait, sans l'ombre de doute, ce qu'il pouvait faire d'elle s'il parvenait à nouveau à s'insinuer dans son esprit. Il n'était pas qu'un mauvais rêve, il était le Cauchemar lui-même. Les mortels l'avaient ainsi nommé. Télépathiquement, il s'invita dans son esprit afin de lui glisser un ultime message, aussi clair et froid que l'eau de cet océan qui cernait l'île :

    "Tu m'as laissé entrer, il est trop tard désormais pour reculer. Je serai avec toi... pour toujours."

    Les voix projetées à l'intérieur de l'Elémentaire se turent dans un écho faiblissant et la bête cauchemardesque, satisfaite et repue, disparut dans le ciel nocturne en se fondant parmi les astres. Il était son Gardien après tout, alors comment l'abandonner alors qu'ils venaient tout juste de franchir ensemble la première porte menant à son rêve le plus fou ?
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