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  • Mer 1 Fév - 22:39
    Merci à Khalez pour m'avoir donné la réplique concernant les stratégies et actions des chasseurs ! Very Happy

    Les huit mercenaires



    Automne de l'an 03
    Après la rencontre avec Rêve




    Dans la caravane, blottie contre Aryan, je ne parviens pas à dormir. Ou plutôt je n'en ai pas envie. J'écoute sa respiration paisible, les yeux clos. Je profite de la lumière de la lune qui entre par la trappe dans le toit.

    Et je pense.

    Voilà déjà plusieurs jours que nous avons quitté Rêve. Nous sommes retourné vers la route et demain, nous arriverons à la grande ville d'après mon Grand Duc. L'idée de m'approcher à nouveau d'un grand nombre d'humains pourrait être très très inquiétante et... bon oui, je suis un peu inquiète. Mais ce sont surtout les paroles et les actions de Rêve qui me font penser. Depuis notre rencontre, quand je marche près d'Aryan, quand je viens me blottir sur lui pour profiter de la chaleur de sa peau, je ne peux m'empêcher de repenser à la façon dont Rêve bougeait. Son sourire. L'impression que cela donnait quand il s'approchait tout près d'Aryan.

    Je sais qu'Aryan m'a dit qu'il trouvait qu'on ne se ressemblait pas... Mais c'est quand même mon corps et mon visage. Ce sont mes manières et mes expressions qu'il a emprunté. Ces manières, ces expressions et ce visage m'ont semblé séduisantes, attirantes, incongrues et définitivement pas vraiment moi. Plus j'y pense, moins je me reconnais... Mais c'est ce que je suis maintenant, je ne peux le nier. Alors en attendant qu'un jour peut-être je retrouve ce que j'étais, la question que je me pose beaucoup, c'est est-ce que je veux être séduisante et intrigante comme ça ?

    Trois concepts qui ne sont pas faciles à appréhendés pour moi. Vouloir. Séduire. Intriguer.

    Alors que la nuit est bien avancée, je me glisse silencieusement hors du lit, comme je le fais de temps à autre pour aller sur le toit avec Serpent. Je pose un baser sur la joue d'Aryan et enroule Serpent autour de moi, mais une fois dehors, d'un coup d'aile, je m'éloigne. J'ai besoin d'être seule, pour pouvoir ressentir seulement moi... Et parce que la forêt me semble plus rassurante.

    Celle ci est très différente de la mienne, mais elle reste la forêt. Les bruissements multiples et les odeurs sont d’avantages mêlés à ceux des hommes qui passent sur la grand route non loin. Les animaux ne se ressemblent que de loin, mais la douceur qui émane des arbres et de la terre sous mes pieds nus est la même.

    Je me pose dans un arbre particulièrement haut et respire un moment, le vent froid faisant onduler mes longs cheveux roses dans la pénombre. L'éclat de l'astre en forme de croissant attire mon oeil un peu plus loin. Un point d'eau. Un petit lac ou le large lit d'une rivière dans une trouée. Je m'envole à nouveau pour m'y poser, les pieds dans l'eau jusqu'à côté de la berge. La surface est couverte de tant de couleurs vives qu'il en est plus beaux que tous les bijoux que j'ai vu au cou de tous les humains de ma mémoire. Les fleurs alentours alourdissent mon odorat. Je souris et expires doucement.

    Que je change ou non, le monde, lui, est toujours là avec ses cadeaux. Je reste un moment là, à marcher sur la berge en fredonnant des mots qui me font du bien. De vieilles balades. Des comptines. Les ailes étendues pour me détendre, la queue ondulant souplement au rythme des chansons et les bras écartés pour mieux profiter des changements de courants dans l'air.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Mer 1 Fév - 22:40
    Les huit mercenaires



    Serpent se redresse soudain. Inquiet. Je me tourne, les oreilles brusquement plaquées contre mon crâne. Cet air si agréable vient de changer. Parmi les fleurs trop odorantes, je perçoit enfin les relents de l'humanité. Bien trop tard... D'un côté le large lit de la rivière dont l'eau m'arrive au plus aux genoux. De l'autre les arbres. Le nez levé, je hume la brise, ma queue fouettant l'air en larges mouvement de balanciers.

    Je me tourne au dernier moment, trois ombres sortant des bois pour se précipiter vers moi. Un filet lesté. Leurs armes brillent dans la nuit. La plus pure terreur me serre le cœur et mon corps s'éloigne de lui-même en courant, avançant au milieu de l'eau.

    Des humains !! Des humains sont derrière moi !! Et Aryan est loin !!

    De l'autre côté de la rivière, d'autres silhouettes apparaissent. Trois ! Plus grandes, plus fortes, plus hautes encore que celles qui sont derrière moi. Pas de lames cette fois, amis des arcs dont la corde est déjà tendue. Je sent l'huile sur les crins sous tension. L'excitation de la chasse. Mon cœur qui bat dans mes tempes, obscurcissant de panique toute pensée cohérente. Serpent siffle agressivement à mon oreille.

    Les lances me poussent en avant. Les arcs me poussent en arrière. Je plonge. Mon corps se décompose en une matière mole pour reprendre forme en un long dauphin du même rose tendre que celui de ma peau d'humanoïde... Mais l'eau est trop peu profonde. Mon ventre rappe sur les cailloux et je n'arrive pas à avancer, alors je change à nouveau pour prendre mon apparence humaine... Et m'apercevoir de quelque chose d'horrible.

    - Serpent !

    Il n'est plus sur moi. A quatre patte dans l'eau, les cheveux dégoulinant d'eau à moitié sur le visage, je regarde de droite et de gauche dans les vaguelettes que j'ai moi-même produites, tout en sentant les humains s'approcher.

    Je ne me rend pas compte des larmes qui me viennent aux yeux. Là ! L'éclat de ses écailles pales, presque blanches, emporté par le courant. Je bondis, souplement transformée en biche alors qu'une lance passe près de moi. Ils se sont déplacés pendant que je ne regardais pas ! Je pile, aux abois. Je tente de passer à droite, à gauche, mais toujours une lance arrive trop proche, me glaçant les sangs.

    Je dois partir !!! Abandonner Serpent me déchire les entrailles mais mon corps est plus fort que mon cœur. Mon instinct de survie me transforme une nouvelle fois. Suspendu au-dessus de l'eau dans les resplendissantes couleurs de la nuit, un oiseau de paradis dont le plumage prend une couleur resplendissante couleur d'aube tout en dégradé de roses. Ma longue queue en panache frémit. Dans un concert de plume un mouvement d'aile me fait décoller vers le ciel.

    Et je la vois...

    Cette flèche qui se rapproche si vite de moi.

    L'éclat de la lune sur son étrange tête de verre pointu, contenant quelque chose de coloré.

    Si j'avais été plus agile, comme Aryan, j'aurais pu vriller pour l'éviter, mais ce n'est pas le cas. Elle percute mon aile, la traverse en une vague de douleur. Le verre perce mais se brise. Un liquide poisseux me recouvre, collant mes ailes et m’alourdissant d'un côté. L'air ne me supporte plus. Je me débat en vain.

    je tombe.

    C'est une humanoïde à la peau rosée qui touche le sol dans une gerbe d'eau et un grincement aiguë de douleur. La petite elfette cornue aux ailes de chauve-souris est de retour. La sensualité mystérieuse que j'avais perçu lorsque Rêve avait pris ma forme s'invite soudain dans ma tête, ajoutant ma propre inquiétude à l'horreur que m'inspire ces humains. Mon aile droite saigne, percée et tâchée d'une poix à l'odeur si forte qu'elle couvre tout le reste.

    Je tousse et me relève malgré tout, dans une posture plus animale qu'humaine. La blancheur de mes crocs de féral luit dans l'obscurité. J'ai le sentiment que les griffes de mes mains et de mes pieds sont de pitoyables armes par rapport aux leurs. Je ne saurait pas faire de toute façon. Tout mon corps me crie de fuir. Par tous les moyens. De toutes les façons. Ma queue fouette l'air.

    Je change de direction et court du plus vite que je peux, espérant passer entre les lances pour gagner le couvert des arbres.

    CENDRES
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Jeu 2 Fév - 21:44
    Les huit mercenaires


    J'ai connu la peur, la haine, le désespoir. J'ai connu cette certitude que je ne m'en relèverai pas. J'ai connu la mort sous bien des formes.

    Je ne connaissais pas encore celle-ci.

    Mouvante, l'humaine devient louve pour passer entre les lance au-dessus de ma tête. Mais la mort elle-même apparait devant moi. Grand. Le visage doux et le regard abyssal. Un homme-dragon dont les cheveux semblent absorber la lumière. Un poids indicible tombe sur mes épaules. Il n'y a rien derrière ces yeux là. Rien que le néant. Le vide. L'absence totale de la moindre émotion à mon encontre, si ce n'est l'excitation de me voir à genoux.

    Tétanisée, mes jambes cèdent. Mon corps se modifie et revoilà l'humanoïde. Je ne tremble plus. Je ne cours plus. Je ne bouge plus. Sans force, sans pensée, les yeux exorbités de terreur je ne peux que le voir avancer. Trois têtes de lance se retrouvent autour de moi, brillant de mille feu dans la lumière de la lune. Je sens la magie qui m’enserre le cœur mais cela ne change rien. Je voudrais fermer les yeux, mais je n'y parvient pas. Tétanisée, la queue enroulée autour des jambes, je regarde impuissante la mort me regarder de toute sa hauteur.

    - Le collet. " ordonne-t-il simplement.

    Une ombre passe soudain devant mon visage et je suis brusquement tirée en arrière par un lien autour de mon cou. Je glapis un borborygme étranglé avant de tousser, à moitié étendue dans l'eau, mon aile goutant sur le sable grossier de la berge.  Une main sur ma gorge douloureuse, je comprend enfin qu'elle est entourée d'une épaisse corde accroché au bout d'une perche et je ne peux pas voir qui la tient. Un coup tombe et je m'étale proprement dans l'eau cette fois. Je ne tente même pas de me redresser. La douleur est une chose, la certitude que ces humains vont me mettre en pièce en est une autre.

    On me plaque sur le ventre, la tête sous l'eau. Quatre mains me tiennent alors je serre les dents et retient mon souffle. SI j'avais été comme eux, j'aurais surement perdu connaissance à cause du manque d'air. Chaque main sur moi me fait frémir. La mâchoire serrée, les paupières fermées et plissés à m'en faire mal. Ils attrapent mes jambes, mes ailes, les étendent puis les rabattent contre mon dos en les tordant avant qu'une ceinture de fer les plaquent contre mon dos et m’empêchent de les ouvrir ou de les rétracter. Le contact est douloureux sur la membrane souple et sensible. Mes mains griffues sont elles aussi entravées derrière moi. Mes pieds sont alourdis d'une chaine. Ma queue nouée contre ma jambe au milieu des rires graveleux déformés par l'eau qui m'entoure.

    Enfin ils me redressent, la joue rappée au sang sur les cailloux pointus.

    Les rires et les voix tourbillonnent autour de moi, terrifiantes et hystériques. Une tornade de joie sauvage, d'excitation, d'envie, d'espoir. On me traine sur la berge et le sable rappe ma blessure, m'arrachant un nouveau gémissement. Une tension dans ma gorge m'empêche de plus en plus de respirer et ce n'est pas le collet.

    ça va recommencer... Aryan...

    - Haha ! si avec ma part en plus j'ai pas de quoi acheter cette putain de baraque !
    - Tu parles, deux mois sans décoller de la chambre de Salmy.
    - Un trou c'est un trou, trouve t'en un moins cher. Celui de Tim par exemple.


    Un nouveau concert de rire gras, des surenchère que je ne comprend pas. Des regards. Et mes yeux qui débordent. Mes épaules qui tremblent. Les sanglots qui montent.

    Aryan...

    La culpabilité...

    Je tourne la tête, les yeux embués. Au milieu des sauvages, l'un d'eux se prend une bourrade dans le dos et se masse douloureusement l'épaule. Ses poignets sont douloureux. Ses yeux essaient de ne pas me voir.

    - Avant de compter les pièces d'or, il va falloir la ramener entière.

    La Mort envahit de nouveau mon champ de vision. Son visage moqueur tout près du mien, il me scrute. Je tente de reculer mais ne m'étrangle sur le collet.

    - Une espèce inconnue aussi mignonne, ce colporteur avait raison. Je connais plus d'un pourri qui sera prêt à faire monter les enchères... Et plus encore si tu as d'autres pouvoirs. "
    Il sourit... Et c'est pire encore. " Je ne te demande pas si tu en as, nous aurons tout le temps de le découvrir dans les jours à venir.

    Je ne veux pas brûler une nouvelle fois... Aryan... Aide-moi...

    CENDRES
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