La nouvelle année a été célébrée et l'hiver s'est abattue violemment sur les hauteurs de Célestia. Si l'ascension est difficile peu importe la période de l'année, la dangerosité de l'épreuve atteint son apogée lorsque les marches sont complètement recouvertes de givres et que les températures atteignent des valeurs négatives plus qu'inquiétantes. Et pourtant, la sainte Célestia est le point de rendez-vous pour les âmes errantes de l'ancienne Shoumei. Un refuge pour ces gens qui ont tout perdus lors de la précédente guerre et qui viennent remettre leurs destins dans les mains des Divins.

Le Nouvel Ordre s'est installé sur ses hauteurs, protégeant et guidant le peuple vers la rédemption et dans la quête d'un avenir radieux pour Shoumei. Ses dernières semaines, Dante a passé un moment à sillonner ce qu'il reste de sainte Shoumei. A la recherche de véritables croyants qui pourraient embrasser la cause, la seule qui vaille la peine de se battre pour elle. Guidant les âmes égarées vers la majestueuse Célestia, vendant l'utopie d'un monde meilleur sans pour autant avoir la moindre idée de comment il va s'y prendre. Il reste tellement à faire mais lorsqu'on a tout perdu, c'est l'espoir qui maintient le bateau à flot. Ce matin, le vent provoque un fracas lorsqu'il s'abat sur les parois rocheuses de la montagne. Il fait un peu plus froid qu'hier et demain sera certainement pire mais qu'importe. L'heure est à la prière et la montagne est étonnamment silencieuse comme si elle faisait elle-même son deuil.

Certains réfugiés bravent le souffle glaciale de la montagne pour monter un petit bûcher avec les moyens du bord. Dante est présente, le colosse serait reconnaissable entre mille de part sa taille et sa carrure mais aussi par sa peau cendreuse caractéristique. Un simple manteau de fourrure sur le dos qui manque de s'envoler à chaque fois que le vent se lève. Il prête main forte aux autres hommes, attachant les rondins de bois entre eux avec une corde assez solide pour maintenir le tout alors que la neige lui arrive juste en dessous des genoux. Le vent souffle mais la tempête de la nuit dernière semble se calmer petit à petit. Le bûcher funéraire est prêt. Le reste des réfugiés présents se mettent à prier à l'unisson sur le passage du Chevalier du Nouvel Ordre qui transporte une femme emmitouflée dans un large tissu blanc qui lui cache le corps et le visage. Il est suivi de près par la famille de la défunte, dont on peut facilement entendre résonner les sanglots de la mère inconsolable. Il installe avec soin le corps au centre du bucher qu'ils viennent tout juste de terminer. Il s'éloigne pour laisser la famille communier une dernière fois avec la défunte. Une petite foule se rassemble dans un silence absolu. Tout est prêt et tous attendent les premiers mots du Cardinal du Nouvel Ordre afin de rendre hommage et de guider l'âme vers les Divins.

Dante n'a pas encore eu l'occasion de rencontrer cette personne énigmatique, il n'en sait pas grand-chose si ce n'est quelques rumeurs qui courent. On lui a dit qu'elle était douée avec une lame, il ne lui en fallait pas beaucoup plus pour susciter son intérêt.

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