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Tous les contes de fées commençaient par une célèbre phrase ; un fameux royaume si merveilleux et si lointain que sa singularité ne faisait que nous le rendre plus fabuleux. Car, après tout, à quoi bon s’attarder sur une fable qui se passerait en bas de chez nous ? Dans ce royaume lointain, le conte parlait toujours d’une princesse à la beauté si incroyable, capable d’arrêter le cœur de quiconque pose son regard sur elle pour la première fois. La nôtre possédait un teint bistré, des boucles d’ébène noués à l’aide d’un fin ruban de soie cornaline ainsi qu’une robe proprette à manches gigot. Toujours guillerette, cette princesse s’avérait être un véritable concentré de joie qui aurait pris vie. Lorsqu’elle venait visiter l’académie des mages, il n’était pas anodin de voir cette princesse un grand sourire aux lèvres, aussi rayonnante qu’un soleil, une tartelette à la main. Son allégresse était telle qu’elle était capable de creuser les fossettes du plus maussade des vampires, et transformer un après-midi pluvieux en moment estival. La princesse était la bienvenue parmi les magiciens, sa très chère sœur ayant séjourné parmi ses murs pour devenir la fée marraine de son histoire. Ainsi, la princesse accompagnait souvent sa protectrice lorsqu’elle revenait visiter son ancien lieu d’études afin de s’imprégner de son savoir. Mais, comme dans tous les contes de fées, l’histoire ne pouvait continuer sans l’intervention fatale d’un terrible vilain…
- Oh euh… Peut-être que si on applique un peu de colle en pâte entre ces deux bouts… Diantre, celui-ci ressemble à du charbon. C’est du chêne noir n’est-ce pas ? Le cristal peut se remplacer facilement hein ? Oh, je suis si désolée monsieur… euh… monsieur ?
Klarion était debout face à Myrthelle de Noirvitrail qui, accroupie face à lui, au beau milieu du cloître de l’Université Magic, tenait entre ses mains la victime de sa maladresse. Détruit en une dizaine de morceaux, certains complètement calcinés, le bâton du Psychomancien avait heurté la conjuration enflammée d’un pyromancien de quatrième année lorsque la demoiselle avait bousculé le jeune homme. Le feu avait rongé le bois, fait exploser la gemme cristalline qui trônait à son sommet, si bien que Brando n’avait eu d’autre choix que de le lâcher et le regarder, impuissant, se désagréger sur le sol d’herbe tondue du cloître. Dardant Myrthelle de ses perçantes pupilles, Klarion affichait une mine déconfite par la colère et l’agacement. Ce catalyseur lui avait été remis par un ancien professeur, durant ses années d’étude à l’école des arcanes, pour récompenser ses brillants résultats lors d’un examen, comme cet enseignant avait l’habitude de le faire lors des partiels de fin d’année avec ses classes. Le bel éphèbe collectionnait ses catalyseurs et les mariait avec ses tenues en guise d’accessoires ponctuant de majesté ses vêtements aussi noirs que la nuit et la suie. Bâtons, cannes, baguettes, l’arcaniste psychique en possédait moult, mais chacun avait une histoire et des souvenirs qu’il gardait avec lui, comme pour le motiver à tisser ses sortilèges. En voir un partir ainsi en fumée, c’était comme perdre un concentré d’émotions, arracher le bout d’une âme qui n’appartenait finalement à personne.
- Monsieur ? Je… Oh ! Ce morceau-là s'est effrité, quelle histoire…! Reprit la pauvre Myrthelle d’une voix éplorée, mais qui conservait toutefois un emprunt jovial. Vous savez, ma sœur est très douée, peut-être qu’elle pourrait réparer votre bâton !
Cette dernière assertion fit tiquer Klarion qui fit glisser son regard des restes de son bâton jusqu’au visage de la jeune femme. Cette dernière semblait avoir des paillettes plein les yeux lorsqu’elle venait d’évoquer sa sœur, comme persuadé que qui que ce soit était capable de restaurer un objet en pareil état. Même l’intervention d’une fleur de lune et de ses pouvoirs miraculeux n’aurait pas été suffisante pour réparer un massacre de cet acabit. La déclaration de Myrthelle, aussi naïve et éhontée fusse-t-elle, ne fit qu’irriter Klarion davantage. Les rares curieux à être restés pour admirer l’issue de l’altercation se gardaient bien d’intervenir pour aider la pauvre fille. Le pyromancien qui avait brûlé le bâton s’était éclipsé en se faisant le plus petit possible. Ne restaient qu’un couple d’elfes qui regardaient, au loin, depuis sous une arcade, ainsi Ermelin Focalor, un gobelin passablement irritable, qui avait fait ses études avec Klarion, et qui ne perdait pas une miette du spectacle depuis un banc de pierre.
- Votre sœur, siffla alors Klarion d’une voix glaciale. Votre ruban, votre robe patineuse, ces boucles et votre air ingénu, vous ne trompez personne, vous êtes une Noirvitrail, je me trompe ?
- Oh, vous connaissez ma sœur ? Répondit Myrthelle, un éclair de surprise s’allumant dans son regard, elle semblait un tantinet rassurée.
- Même une mule aveugle et sourde n’aurait pu passer à côté, comment voudriez-vous qu’on passe à côté d’Athénaïs de Noirvitrail ? Pistonnée, sans aucun talent particulier, si ce n’est la confection… Tout le monde sait qui elle est entre ces murs, et beaucoup la détestent encore.
Le brin de réconfort qui s’était insinué dans les prunelles de Myrthelle s’évanouit aussitôt alors qu’elle battait des cils. Néanmoins, elle ne se démonta pas :
- Je suis certaine qu’elle saurait vous le réparer !
- Ah oui, vraiment… ?
C’en était trop pour Klarion, l’affront était trop grand. Le Psychomancien se baissa et passa une main froide dans les cheveux de Myrthelle avant d’en saisir un entre son index et son pouce, arrachant un léger cri à la demoiselle. Il se redressa, la toisant de toute sa hauteur tandis qu’elle passa sa propre main à l’endroit où il lui avait saisi sa racine. Dans les doigts de Klarion, le cheveux de Myrthelle commença à luire et des filaments de lumière verte s’animèrent autour de lui, comme des flammes enchantées prêtes à dévorer tout ce qui passerait à sa portée. La même lueur brillait dans les yeux de Klarion alors qu’il pointait un doigt vengeur vers Myrthelle. L’énergie verte consuma le cheveux et les filaments lumineux partirent droit vers l’infortunée, toujours à genoux sur la pelouse. Touchant son visage en premier, la peau de Myrthelle commença à se marbrer en tâches de couleurs claires. Ses cheveux perdirent leur volume pour se transformer en une longue cascade d’un éclatant blond platine, parsemé de mèches rose et pastel. Sa robe, si fluide et aérienne, se gonfla pour devenir une meringue surchargée de rubans, dentelles et motifs de mièvre et de guimauve. La seule chose qui demeurait de l’ancienne Myrthelle n’était que son ruban, à l’exact endroit où elle l’avait noué. Klarion se baissa à nouveau pour lui attraper le bras et la hisser debout sur ses pieds, la toisant avec un rictus sur ses lèvres.
- Si votre sœur est si talentueuse, je vous laisse me mener jusqu’à elle. Cette dernière a trois jours pour me confectionner un catalyseur, aussi magnifique et précieux que celui dont vous avez causé la destruction. Si elle parvient à réaliser cela avant le coucher du soleil du troisième jour, alors la malédiction que je viens de vous jeter sera brisée. Sinon, vous resterez ainsi pour toujours. Maintenant, menez moi jusqu’à elle, je tiens à superviser tout cela.
Klarion accepta de patienter tandis que Myrthelle, choquée, reprenait son souffle. Ermelin Focalor, le gobelin, toujours présent, se métamorphosa en corbeau avant de voler se poser sur l’épaule du sorcier. Claquant son bec, il lui lança d’un ton sarcastique :
- Même pour toi, Klarion, c’est bien maléfique. Peut-être qu’on devrait t’appeler comme ça, finalement…
- Oh euh… Peut-être que si on applique un peu de colle en pâte entre ces deux bouts… Diantre, celui-ci ressemble à du charbon. C’est du chêne noir n’est-ce pas ? Le cristal peut se remplacer facilement hein ? Oh, je suis si désolée monsieur… euh… monsieur ?
Klarion était debout face à Myrthelle de Noirvitrail qui, accroupie face à lui, au beau milieu du cloître de l’Université Magic, tenait entre ses mains la victime de sa maladresse. Détruit en une dizaine de morceaux, certains complètement calcinés, le bâton du Psychomancien avait heurté la conjuration enflammée d’un pyromancien de quatrième année lorsque la demoiselle avait bousculé le jeune homme. Le feu avait rongé le bois, fait exploser la gemme cristalline qui trônait à son sommet, si bien que Brando n’avait eu d’autre choix que de le lâcher et le regarder, impuissant, se désagréger sur le sol d’herbe tondue du cloître. Dardant Myrthelle de ses perçantes pupilles, Klarion affichait une mine déconfite par la colère et l’agacement. Ce catalyseur lui avait été remis par un ancien professeur, durant ses années d’étude à l’école des arcanes, pour récompenser ses brillants résultats lors d’un examen, comme cet enseignant avait l’habitude de le faire lors des partiels de fin d’année avec ses classes. Le bel éphèbe collectionnait ses catalyseurs et les mariait avec ses tenues en guise d’accessoires ponctuant de majesté ses vêtements aussi noirs que la nuit et la suie. Bâtons, cannes, baguettes, l’arcaniste psychique en possédait moult, mais chacun avait une histoire et des souvenirs qu’il gardait avec lui, comme pour le motiver à tisser ses sortilèges. En voir un partir ainsi en fumée, c’était comme perdre un concentré d’émotions, arracher le bout d’une âme qui n’appartenait finalement à personne.
- Monsieur ? Je… Oh ! Ce morceau-là s'est effrité, quelle histoire…! Reprit la pauvre Myrthelle d’une voix éplorée, mais qui conservait toutefois un emprunt jovial. Vous savez, ma sœur est très douée, peut-être qu’elle pourrait réparer votre bâton !
Cette dernière assertion fit tiquer Klarion qui fit glisser son regard des restes de son bâton jusqu’au visage de la jeune femme. Cette dernière semblait avoir des paillettes plein les yeux lorsqu’elle venait d’évoquer sa sœur, comme persuadé que qui que ce soit était capable de restaurer un objet en pareil état. Même l’intervention d’une fleur de lune et de ses pouvoirs miraculeux n’aurait pas été suffisante pour réparer un massacre de cet acabit. La déclaration de Myrthelle, aussi naïve et éhontée fusse-t-elle, ne fit qu’irriter Klarion davantage. Les rares curieux à être restés pour admirer l’issue de l’altercation se gardaient bien d’intervenir pour aider la pauvre fille. Le pyromancien qui avait brûlé le bâton s’était éclipsé en se faisant le plus petit possible. Ne restaient qu’un couple d’elfes qui regardaient, au loin, depuis sous une arcade, ainsi Ermelin Focalor, un gobelin passablement irritable, qui avait fait ses études avec Klarion, et qui ne perdait pas une miette du spectacle depuis un banc de pierre.
- Votre sœur, siffla alors Klarion d’une voix glaciale. Votre ruban, votre robe patineuse, ces boucles et votre air ingénu, vous ne trompez personne, vous êtes une Noirvitrail, je me trompe ?
- Oh, vous connaissez ma sœur ? Répondit Myrthelle, un éclair de surprise s’allumant dans son regard, elle semblait un tantinet rassurée.
- Même une mule aveugle et sourde n’aurait pu passer à côté, comment voudriez-vous qu’on passe à côté d’Athénaïs de Noirvitrail ? Pistonnée, sans aucun talent particulier, si ce n’est la confection… Tout le monde sait qui elle est entre ces murs, et beaucoup la détestent encore.
Le brin de réconfort qui s’était insinué dans les prunelles de Myrthelle s’évanouit aussitôt alors qu’elle battait des cils. Néanmoins, elle ne se démonta pas :
- Je suis certaine qu’elle saurait vous le réparer !
- Ah oui, vraiment… ?
C’en était trop pour Klarion, l’affront était trop grand. Le Psychomancien se baissa et passa une main froide dans les cheveux de Myrthelle avant d’en saisir un entre son index et son pouce, arrachant un léger cri à la demoiselle. Il se redressa, la toisant de toute sa hauteur tandis qu’elle passa sa propre main à l’endroit où il lui avait saisi sa racine. Dans les doigts de Klarion, le cheveux de Myrthelle commença à luire et des filaments de lumière verte s’animèrent autour de lui, comme des flammes enchantées prêtes à dévorer tout ce qui passerait à sa portée. La même lueur brillait dans les yeux de Klarion alors qu’il pointait un doigt vengeur vers Myrthelle. L’énergie verte consuma le cheveux et les filaments lumineux partirent droit vers l’infortunée, toujours à genoux sur la pelouse. Touchant son visage en premier, la peau de Myrthelle commença à se marbrer en tâches de couleurs claires. Ses cheveux perdirent leur volume pour se transformer en une longue cascade d’un éclatant blond platine, parsemé de mèches rose et pastel. Sa robe, si fluide et aérienne, se gonfla pour devenir une meringue surchargée de rubans, dentelles et motifs de mièvre et de guimauve. La seule chose qui demeurait de l’ancienne Myrthelle n’était que son ruban, à l’exact endroit où elle l’avait noué. Klarion se baissa à nouveau pour lui attraper le bras et la hisser debout sur ses pieds, la toisant avec un rictus sur ses lèvres.
- Si votre sœur est si talentueuse, je vous laisse me mener jusqu’à elle. Cette dernière a trois jours pour me confectionner un catalyseur, aussi magnifique et précieux que celui dont vous avez causé la destruction. Si elle parvient à réaliser cela avant le coucher du soleil du troisième jour, alors la malédiction que je viens de vous jeter sera brisée. Sinon, vous resterez ainsi pour toujours. Maintenant, menez moi jusqu’à elle, je tiens à superviser tout cela.
Klarion accepta de patienter tandis que Myrthelle, choquée, reprenait son souffle. Ermelin Focalor, le gobelin, toujours présent, se métamorphosa en corbeau avant de voler se poser sur l’épaule du sorcier. Claquant son bec, il lui lança d’un ton sarcastique :
- Même pour toi, Klarion, c’est bien maléfique. Peut-être qu’on devrait t’appeler comme ça, finalement…
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Il était une fois, une jeune femme dont les ancêtres étaient nés dans les dunes de sable noir. Exilés depuis des générations pour un crime qu’ils n’avaient pas commis, ses aïeux s’étaient retrouvés sur une terre étrangère et avaient décidé d’en faire leur maison. Désespérant de retrouver un jour la terre d’obsidienne qui les avait vu naître, ils firent de Justice leur foyer et jurèrent fidélité à la République. Ils espérèrent, assez benoitement, qu’après plusieurs générations, les citoyens de la République les accepteraient comme des citoyens à part entière.
Mais il fallait se rendre à l’évidence. Après bien des générations à tenter de s’intégrer, les Noirvitrail étaient constamment ramenés plus bas que terre par les Républicains bien nés. Athénaïs de Noirvitrail, malgré sa parfaite intégration dans le carcan républicain, ne faisait pas exception à la règle. Avec sa peau à la couleur acajou et ses longues boucles brunes, la jeune métis ressemblait traits pour traits à ces masses laborieuses de Reikois venus s’installer sur les côtes du lac de la Renaissance. Ses manières, pourtant, étaient loin de celles des rustres gratte-poussières d’Ikusa ou de Taisen, ou des chameliers porteurs d’eau qui sillonnaient les sables. Athénaïs était une fille de la République, éduquée et instruite dans l’idée qu’elle devait son statut de citoyenne à ses ancêtres ayant sué sang et eau pour rendre sa vie agréable et aisée.
Malheureusement, la cadette des Noirvitrail était loin d’avoir la vie rêvée que ses ainés avaient planifié pour elle. Ses parents avaient souhaité qu’à l’instar de ses frères et sœurs, elle dispose de la meilleure éducation possible. Tout avait été mis en œuvre pour que la jeune héritière – de pas grand-chose, disons-le franchement – suive un cursus exemplaire à l’Université Matérialiste Universelle – l’UMU, que l’on nommait plus généralement l’Université de Liberty. Disposant d’un talent magique avéré et des contacts de son père, Athénaïs avait intégré le cursus de magie élémentaire de l’UMU … pour son plus grand malheur.
Il fut rapidement évident que la jeune fille ne disposait pas du talent nécessaire pour manipuler la magie élémentaire. Le feu, la glace, ou même la lumière se refusaient à lui obéir, au grand damn de ses professeurs. Pire encore, la présence de ses clones suscitait la méfiance : les magies aussi atypiques étaient particulièrement mal vues. Considérée à la fois comme un échec, une parvenue et potentiellement une menace, la jeune fille s’était rapidement retrouvée au ban de la société des élémentalistes et transférée au département de production des objets magiques. Etonnamment, Athénaïs se révéla être une façonneuse exceptionnelle, mais dans un système valorisant principalement la magie élémentaire, elle ne fut jamais considérée comme une magicienne digne de ce nom. Il n’était donc pas étonnant que malgré ses accomplissements et son talent, elle continua à être méprisée par ses pairs. D’une nature amène et conciliante, elle se contenta de faire profil bas, jusqu’à être intégrée dans les rangs de la Grande Armée Républicaine et de terminer comme adjointe de la générale Greywind. Et à ce titre … elle était au grade de lieutenante … bien qu’elle ne disposa pas elle-même de sa propre légion pour l’instant.
La jeune femme faisait peu état de ses accomplissements militaires au sein de l’UMU. Lorsqu’elle n’était pas en train de servir la Grande Armée Républicaine, elle disposait de son propre atelier de façonnage d’objets magiques au sein des murs de l’université. Peu d’étudiants ou de professeurs se risquaient à l’embêter, tant elle jouissait d’un statut ambigu au sein de l’établissement. A la fois brillante et ostracisée … finalement, les choses ne changeaient jamais au sein de la République. Fort heureusement pour elle, les autres étudiants ne s’en prenaient jamais directement à sa personne où à celle de ses sœurs.
Jusqu’à aujourd’hui …
Athénaïs de Noirvitrail était plutôt bien lunée aujourd’hui. Depuis sa rencontre avec Mirelda Goldheart, la demoiselle avait pu faire le point sur sa propre situation et commencé à réfléchir sur ses prochaines actions. Il était clair que la présidente n’hésiterait pas à lui mettre des bâtons dans les roues si l’envie lui en prenait, mais il était prudent d’imaginer quel serait son prochain mouvement … et d’inventer des contre-mesures adéquates. Il y avait tant à faire en ce moment et même si elles étaient sept, les sœurs Noirvitrail auraient bien aimé un peu d’aide supplémentaire pour abattre la totalité du travail qu’elles avaient. Entre les divers travaux de façonnage, les sœurs Noirvitrail devaient travailler à l’obtention de leur deuxième morceau d’étoile en stratégie militaire, terminer leur projet de ballon volant, et étudier plus précisément ces étranges amulettes trouvées à Port Wessex. Il y avait tant à faire, et si peu de temps pour tout réaliser.
Affairée à la réparation d’une armure de mailles enchantée, la jeune femme portait une chemise de soie blanche et un pantalon beige, serré à la taille par une ceinture de cuir à boucle de laiton. Elle portait des ballerines de cuir sombre et avait noué dans ses cheveux son habituel ruban de couleur bleu afin que sa chevelure bouclée n’entrave pas sa vision. Armée de ses outils de façonneuse, elle s’affairait à ausculter avec précision les lignes de l’enchantement qui avait subi les outrages de la récente guerre. Les commandes de ce type s’étaient accumulées depuis ces derniers mois. Non seulement, il était nécessaire de réparer les artefacts abimés durant la guerre, mais il y avait ce parfum dans l’air, cette sensation que les combats allaient reprendre … ce qui rendait d’autant plus pressant le besoin de tenir un équipement prêt et lustré.
Les lignes de l’enchantement grésillaient sous l’action de la magie de la façonneuse, les microscopiques runes se réarrangeant pour retrouver leur solidité originelle. Athénaïs appréciait grandement la manière dont les équations mathémagiques qui maintenaient les enchantements répondaient à ses impulsions, comme un chef d’orchestre pilotait ses musiciens pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes … ou comme un lieutenant de l’armée tentait de maintenir la cohésion au sein de ses troupes.
La native de Justice saisit son sertisseur afin de déloger une rune abimée dans l’enchantement tissé avec soin par ses prédécesseurs. C’est à ce moment-là qu’elle sentit des picotements au bout de ses doigts gantés … et la sensation de panique qui émanait de Myrthelle. Instinctivement, elle retira ses gants d’artisan et vit avec stupeur que le bout de ses doigts prenait une couleur blanc crème, qui aurait été des plus agréables au regard, si cela n’avait été son propre corps !!!
Par les astres …
Mais il fallait se rendre à l’évidence. Après bien des générations à tenter de s’intégrer, les Noirvitrail étaient constamment ramenés plus bas que terre par les Républicains bien nés. Athénaïs de Noirvitrail, malgré sa parfaite intégration dans le carcan républicain, ne faisait pas exception à la règle. Avec sa peau à la couleur acajou et ses longues boucles brunes, la jeune métis ressemblait traits pour traits à ces masses laborieuses de Reikois venus s’installer sur les côtes du lac de la Renaissance. Ses manières, pourtant, étaient loin de celles des rustres gratte-poussières d’Ikusa ou de Taisen, ou des chameliers porteurs d’eau qui sillonnaient les sables. Athénaïs était une fille de la République, éduquée et instruite dans l’idée qu’elle devait son statut de citoyenne à ses ancêtres ayant sué sang et eau pour rendre sa vie agréable et aisée.
Malheureusement, la cadette des Noirvitrail était loin d’avoir la vie rêvée que ses ainés avaient planifié pour elle. Ses parents avaient souhaité qu’à l’instar de ses frères et sœurs, elle dispose de la meilleure éducation possible. Tout avait été mis en œuvre pour que la jeune héritière – de pas grand-chose, disons-le franchement – suive un cursus exemplaire à l’Université Matérialiste Universelle – l’UMU, que l’on nommait plus généralement l’Université de Liberty. Disposant d’un talent magique avéré et des contacts de son père, Athénaïs avait intégré le cursus de magie élémentaire de l’UMU … pour son plus grand malheur.
Il fut rapidement évident que la jeune fille ne disposait pas du talent nécessaire pour manipuler la magie élémentaire. Le feu, la glace, ou même la lumière se refusaient à lui obéir, au grand damn de ses professeurs. Pire encore, la présence de ses clones suscitait la méfiance : les magies aussi atypiques étaient particulièrement mal vues. Considérée à la fois comme un échec, une parvenue et potentiellement une menace, la jeune fille s’était rapidement retrouvée au ban de la société des élémentalistes et transférée au département de production des objets magiques. Etonnamment, Athénaïs se révéla être une façonneuse exceptionnelle, mais dans un système valorisant principalement la magie élémentaire, elle ne fut jamais considérée comme une magicienne digne de ce nom. Il n’était donc pas étonnant que malgré ses accomplissements et son talent, elle continua à être méprisée par ses pairs. D’une nature amène et conciliante, elle se contenta de faire profil bas, jusqu’à être intégrée dans les rangs de la Grande Armée Républicaine et de terminer comme adjointe de la générale Greywind. Et à ce titre … elle était au grade de lieutenante … bien qu’elle ne disposa pas elle-même de sa propre légion pour l’instant.
La jeune femme faisait peu état de ses accomplissements militaires au sein de l’UMU. Lorsqu’elle n’était pas en train de servir la Grande Armée Républicaine, elle disposait de son propre atelier de façonnage d’objets magiques au sein des murs de l’université. Peu d’étudiants ou de professeurs se risquaient à l’embêter, tant elle jouissait d’un statut ambigu au sein de l’établissement. A la fois brillante et ostracisée … finalement, les choses ne changeaient jamais au sein de la République. Fort heureusement pour elle, les autres étudiants ne s’en prenaient jamais directement à sa personne où à celle de ses sœurs.
Jusqu’à aujourd’hui …
Athénaïs de Noirvitrail était plutôt bien lunée aujourd’hui. Depuis sa rencontre avec Mirelda Goldheart, la demoiselle avait pu faire le point sur sa propre situation et commencé à réfléchir sur ses prochaines actions. Il était clair que la présidente n’hésiterait pas à lui mettre des bâtons dans les roues si l’envie lui en prenait, mais il était prudent d’imaginer quel serait son prochain mouvement … et d’inventer des contre-mesures adéquates. Il y avait tant à faire en ce moment et même si elles étaient sept, les sœurs Noirvitrail auraient bien aimé un peu d’aide supplémentaire pour abattre la totalité du travail qu’elles avaient. Entre les divers travaux de façonnage, les sœurs Noirvitrail devaient travailler à l’obtention de leur deuxième morceau d’étoile en stratégie militaire, terminer leur projet de ballon volant, et étudier plus précisément ces étranges amulettes trouvées à Port Wessex. Il y avait tant à faire, et si peu de temps pour tout réaliser.
Affairée à la réparation d’une armure de mailles enchantée, la jeune femme portait une chemise de soie blanche et un pantalon beige, serré à la taille par une ceinture de cuir à boucle de laiton. Elle portait des ballerines de cuir sombre et avait noué dans ses cheveux son habituel ruban de couleur bleu afin que sa chevelure bouclée n’entrave pas sa vision. Armée de ses outils de façonneuse, elle s’affairait à ausculter avec précision les lignes de l’enchantement qui avait subi les outrages de la récente guerre. Les commandes de ce type s’étaient accumulées depuis ces derniers mois. Non seulement, il était nécessaire de réparer les artefacts abimés durant la guerre, mais il y avait ce parfum dans l’air, cette sensation que les combats allaient reprendre … ce qui rendait d’autant plus pressant le besoin de tenir un équipement prêt et lustré.
Les lignes de l’enchantement grésillaient sous l’action de la magie de la façonneuse, les microscopiques runes se réarrangeant pour retrouver leur solidité originelle. Athénaïs appréciait grandement la manière dont les équations mathémagiques qui maintenaient les enchantements répondaient à ses impulsions, comme un chef d’orchestre pilotait ses musiciens pour obtenir le meilleur d’eux-mêmes … ou comme un lieutenant de l’armée tentait de maintenir la cohésion au sein de ses troupes.
La native de Justice saisit son sertisseur afin de déloger une rune abimée dans l’enchantement tissé avec soin par ses prédécesseurs. C’est à ce moment-là qu’elle sentit des picotements au bout de ses doigts gantés … et la sensation de panique qui émanait de Myrthelle. Instinctivement, elle retira ses gants d’artisan et vit avec stupeur que le bout de ses doigts prenait une couleur blanc crème, qui aurait été des plus agréables au regard, si cela n’avait été son propre corps !!!
Par les astres …
---oOo-------oOo--------oOo---
« Athénaïs ! Maintenant ! »
La porte de l’atelier s’ouvrit en grand et Myrthelle se décala instantanément sur le côté, laissant le mage maléfique à la merci de sa sœur. Sans que celui-ci n’ai eu le temps de réagir, ses vêtements furent tirés vers le plafond, l’emportant avec eux sous l’action de la télékinésie. Le choc du corps sur le plafond de la salle fit trembler les objets placés sur les étagères. Soudain, une série de six lances parfaitement aiguisées surgirent du néant et se mirent à flotter sous l’homme, effectuant des cercles meurtriers vers son ventre, et sa cage thoracique et ses jambes.
La façonneuse apparut aux côtés de sa sœur, le visage marqué par une colère noire. Athénaïs était furieuse, et à juste titre. Jusqu’ici, personne n’avait osé s’en prendre directement à elle, et encore moins à l’une de ses sœurs. Si elle acceptait parfaitement que l’on dise du mal d’elle dans son dos, l’ensemble du corps étudiant avait jusqu’à présent respecté une distance de sécurité, car il savait pertinemment que la jeune femme disposait de la protection de l’armée et qu’elle était parfaitement capable de se défendre.
Mais là, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase ! Une malédiction, rien que ça ?! D’un geste, elle toucha les mains de Myrthelle et absorba sa clone, afin qu’elle puisse se remettre de ses émotions. Celle-ci disparut immédiatement dans un léger flash de lumière, laissant la demoiselle seule avec le mage qui venait de commettre le plus bel impair de toute sa carrière !
Le problème avec les malédictions était leur puissance, qui, si elle n’était pas correctement manipulée, pouvait causer de gros dommages. Exercer une malédiction sur un clone magique ne donnait jamais rien de bon, car l’énergie maudite se déplaçait instantanément vers le magicien contrôlant les clones. Nulle échappatoire pour la victime, clone ou pas. Les malédictions trouvaient TOUJOURS leur chemin, pour peu que vous possédiez un morceau de la personne. Et il n’y avait pas de différence sensible entre Myrthelle et Athénaïs, les deux femmes possédant une génétique identique.
La jeune femme était rouge de colère … et il y avait de quoi ! Pendant les dernières minutes depuis l’appel à l’aide de Myrthelle, Athénaïs avait pu découvrir avec horreur que la malédiction s’était étendue à son propre corps. La demoiselle, malgré toutes ses connaissances, n’avait rien pu faire. Son épiderme sombre avait pris la couleur du lait ! Ses longs cheveux bruns et bouclés étaient devenus aussi blonds que les blés et aussi doux que de la soie. Si l’on y regardait rien, de belles et discrètes mèches pastel et rose venaient agrémenter sa coiffure retenue par son ruban bleu. Ce dernier avait lui-aussi subi la malédiction et s’était richement étoffé et décoré d’un gros . Ses beaux yeux avaient pris une couleur d’un bleu cristallin qui rajoutait une lumière apaisante à la blancheur de son épiderme éclatant.
Mais le plus troublant n’était pas tant la couleur de sa peau ou l’éclat de sa chevelure, mais bel et bien son accoutrement. Athénaïs était furieuse ! Ses vêtements, agréables à porter et facilitant ses mouvements, s’étaient transformés en une longue robe de dentelles et de voiles rose clair et blanc tombant jusqu’à ses pieds. Enveloppée dans une robe aux épaules bouffantes et aux multiples détails, la demoiselle avait la taille serrée par une belle écharpe de soie dorée venant complémenter une rose de tissu accrochée à la dentelle couvrant son buste. Fini le pantalon ! Finie la chemise ! Athénaïs était couverte de la tête aux pieds d’une tenue que n’auraient renié aucune princesse et aucune aristocrate de la République ! Mais pire que tout, la jeune femme portait aux pieds des escarpins d’un blanc brillant agrémentés d’un nœud doré.
A la fois extrêmement gênée, mais aussi mal l’aise dans cet accoutrement, la jeune femme maudissait intérieurement le magicien qui avait osé lui faire ça. D’autant que les conditions de levée de la malédiction étaient pour le moins impossibles à compléter ! Furieuse et bien décidée à donner une leçon à cet énergumène, elle le maintint par la force de sa pensée au plafond, ses lances prêtes à le découper s’il esquissait le moindre geste !
« Vous ! Je peux savoir ce qui vous a pris !? Vous vous prenez pour qui exactement ?! Non seulement vous vous en prenez à ma sœur, mais en plus, vous osez me maudire !? De la tranquillité ! Je demandais juste de la tranquillité ! Mais non, c’est beaucoup trop demander pour les gens de votre sorte ! »
Ses lèvres irisées de maquillage tremblaient. Ses yeux étaient brillants de larmes. Le résultat d’un stress accumulé depuis des semaines, qui venait tout juste d’éclater. Hors d’elle, elle utilisa son pouvoir pour fracasser plusieurs fois le corps du mage qui l’avait offensé sur le plafond.
« Trois jours c’est ça ?! Avez-vous la moindre idée de ce que cela représente en terme de travail, de créer un objet de la sorte ?! Il me faudrait au moins une semaine pour en faire un, espèce de bouffon pathétique ! »
Athénaïs projeta Klarion dans un fauteuil qui se trouvait dans le coin de la pièce. Les lances suivirent l’infortuné et le tinrent en joue. Rapidement, la furibonde s’avança vers lui et posa son talon droit sur sa cuisse gauche, penchant son corps engoncé dans la multitude de dentelles et de tissu vers lui, l’air menaçant. Elle secoua ses longs cheveux dorés, laissant dans son sillage une odeur de jasmin et de rose.
« Qu’est-ce qui m’empêche de vous dénoncer, là, tout de suite, Klarion Brando ?! Allez-y, impressionnez moi par votre bagou ! »
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Toujours assis sur le fauteuil dans lequel il avait été plongé, Klarion avait laissé Athénaïs de Noirvitrail le malmener alors qu’elle laissait éclater sa colère. Il s’attendait à ce que la « sœur originale » ne soit que peu enchantée à l’idée de se retrouver maudite de la sorte, mais la situation l’amusait. Il fronça les sourcils quand elle posa sa bottine sur sa cuisse, continuant de l’écouter alors qu’elle lui crachait sa rage au visage. Ermelin, le mage gobelin toujours métamorphosé en corbeau, n’avait pas quitté le Psychomancien mais s’était posé sur une poutre du plafond pour ne pas perdre une miette du spectacle et éviter de finir victime collatérale de la confrontation. Sur le siège, Klarion pencha légèrement sa tête de côté pour faire tomber une mèche qui lui passait devant un œil, affichant un rictus de défi en guise de réponse à son interlocutrice. Il regrettait simplement que cette dernière n’ait fait disparaître Myrthelle, la faisant se volatiliser en un éclair lumineux pour la réabsorber. La nouvelle blonde, quand elle s’énervait de la sorte, avait l’air d’une midinette de la grande ville qui découvrait les tribulations de la campagne. Elle avait tout perdu de l’enchanteresse qu’elle était auparavant. Mais, curieusement, le bel éphèbe estimait que cette apparence lui seyait bien mieux que sa précédente, compte tenu de la situation d’Athénaïs au sein de l’académie, et de toutes les circonstances qui l’entouraient.
- Qu’est-ce qui vous empêche de me dénoncer ? Répondit Klarion d’un ton étrangement calme. Vous, Athénaïs de Noirvitrail, tout simplement.
Klarion se rabattit vers le fond du fauteuil tandis qu’Athénaïs n’avait toujours pas retiré son pied de là où elle l’avait posé. L’arcaniste psychique la dardait de ses yeux perçants et aussi glacés que la lune.
- Vous savez, j’ai vraiment fait de colossaux efforts durant toute notre scolarité au sein de l’université afin de ne pas marcher sur le même sentier que vous. Votre entrée à l’académie a fait moult émules, je n’ai nullement besoin de vous rappeler comment vous avez fait jaillir les étincelles de l’inimitié parmi nos camarades.
Depuis son perchoir, Ermelin émit un croassement moqueur avant que Klarion ne reprenne, toujours aussi serein :
- J’ai sincèrement voulu vous laisser… tranquille, comme vous l’avez vociféré haut et fort. Cependant il me semble, mademoiselle de Noirvitrail, que vous ne réalisez pas comment la haine qu’on peut éprouver à votre égard a pu évoluer, et à quel point.
Le jeune homme s’éclaircit quelque peu la gorge, conscient que ce qu’il allait dire ne plairait sans doute pas à la forgeuse d’artefacts. Mais il n’en avait cure ; au point où il en était, il ne comptait plus s’adonner à de futiles ronds de jambes.
- Vous évoluez entre ces murs comme une châtelaine au sein même de sa propre demeure. Vous avez négligé les autres parce qu’une poignée d’élèves estimaient que vous n’avez pas proprement gagné votre place. Mais, finalement, vous en êtes-vous forgé une ? Vous passez votre temps à réclamer de la tranquillité, vous laissez vos sœurs aller et venir à leur guise dans les halls et corridors, le tout au mépris des dégâts qu’elles peuvent causer à autrui.
Le Psychomancien soupira, un soupir à la fois déçu et triste.
- Prenez notre souci du jour. Votre sœur est celle qui a causé la destruction de mon bâton, un catalyseur qui m’était très cher et précieux. Là où votre… Myrthelle a eu la décence d’esprit de se montrer un tant soit peu préoccupée, vous semblez estimer qu’elle n’a commis aucun impair. Je l’ai maudit, et vous par extension, dans le simple but de m’assurer une garantie de réparation, et non par cruauté gratuite.
Klarion profitait de sa soliloque jusque-là ininterrompue pour tenter de refroidir les ardeurs et l’emprise d’Athénaïs. Conjurant ses pouvoirs de magie psychique, le mage noir étendait ce qu’on avait eu coutume d’appeler, au sein de l’université, ses « griffes » ; dans la mesure où, quand Klarion usait d’attaques mentales, on trouvait qu’il le faisait à la manière d’un dragon qui use de ses griffes acérées. Sur Athénaïs, Klarion ne comptait pas se montrer brutal. Au contraire, il désirait être suffisamment subtil afin que ses mots aient leur effet. Pour le moment, il usait de ses griffes pour causer de faibles douleurs, comme si des aiguilles venaient piquer l’esprit de la demoiselle. Il ne souhaitait pas la blesser, juste lui faire relâcher sa prise.
- Je ne vous ai pas transformé pour vous ridiculiser. Je vous ai transformé en ce que vous êtes, et en ce que tout le monde ici vous perçoit : une princesse maniérée qui fait des grands airs et estime qu’elle est partout chez elle. Il est temps de vous regarder dans un miroir, Athénaïs. Vous avez certes réussi à toucher l’excellence en tant que confectionneuse, mais vous vous êtes emmurée toute seule dans votre tour d’ivoire. Si ça n’avait pas été moi, quelqu’un d’autre serait tôt ou tard venu se frotter à vous. Et, à votre place, je m’estimerais heureuse d’avoir un échappatoire.
Ermelin quitta prudemment sa poutre pour se poser sur un guéridon non loin des deux magiciens qui se faisaient face, le bruissement de ses ailes fut le seul bruit perceptible durant ces quelques secondes.
- Les gens se sont lassés de vous détester à cause de votre pistonnage. Aujourd’hui, ils vous détestent pour de toutes autres raisons… Ma malédiction peut ainsi prouver deux choses : soit qu’ils ont raison, si vous persistez sur votre lancée ; soit que vous êtes prête à descendre de votre piédestal et considérer les autres qui gravitent au même échelon que vous au sein de cette institution.
Ermelin émit un nouveau croassement, bien décidé à voir l’issue de cet échange. Les yeux de Klarion luisaient d’un éclat à la fois intriguant et inquiétant, le sorcier était bien décidé à se faire entendre, il soupira à nouveau.
- Ce parfum vous sied bien mieux. Peut-être devriez-vous garder cette fragrance si vous redevenez vous-même… Trois jours, hm. Tic tac… !
- Qu’est-ce qui vous empêche de me dénoncer ? Répondit Klarion d’un ton étrangement calme. Vous, Athénaïs de Noirvitrail, tout simplement.
Klarion se rabattit vers le fond du fauteuil tandis qu’Athénaïs n’avait toujours pas retiré son pied de là où elle l’avait posé. L’arcaniste psychique la dardait de ses yeux perçants et aussi glacés que la lune.
- Vous savez, j’ai vraiment fait de colossaux efforts durant toute notre scolarité au sein de l’université afin de ne pas marcher sur le même sentier que vous. Votre entrée à l’académie a fait moult émules, je n’ai nullement besoin de vous rappeler comment vous avez fait jaillir les étincelles de l’inimitié parmi nos camarades.
Depuis son perchoir, Ermelin émit un croassement moqueur avant que Klarion ne reprenne, toujours aussi serein :
- J’ai sincèrement voulu vous laisser… tranquille, comme vous l’avez vociféré haut et fort. Cependant il me semble, mademoiselle de Noirvitrail, que vous ne réalisez pas comment la haine qu’on peut éprouver à votre égard a pu évoluer, et à quel point.
Le jeune homme s’éclaircit quelque peu la gorge, conscient que ce qu’il allait dire ne plairait sans doute pas à la forgeuse d’artefacts. Mais il n’en avait cure ; au point où il en était, il ne comptait plus s’adonner à de futiles ronds de jambes.
- Vous évoluez entre ces murs comme une châtelaine au sein même de sa propre demeure. Vous avez négligé les autres parce qu’une poignée d’élèves estimaient que vous n’avez pas proprement gagné votre place. Mais, finalement, vous en êtes-vous forgé une ? Vous passez votre temps à réclamer de la tranquillité, vous laissez vos sœurs aller et venir à leur guise dans les halls et corridors, le tout au mépris des dégâts qu’elles peuvent causer à autrui.
Le Psychomancien soupira, un soupir à la fois déçu et triste.
- Prenez notre souci du jour. Votre sœur est celle qui a causé la destruction de mon bâton, un catalyseur qui m’était très cher et précieux. Là où votre… Myrthelle a eu la décence d’esprit de se montrer un tant soit peu préoccupée, vous semblez estimer qu’elle n’a commis aucun impair. Je l’ai maudit, et vous par extension, dans le simple but de m’assurer une garantie de réparation, et non par cruauté gratuite.
Klarion profitait de sa soliloque jusque-là ininterrompue pour tenter de refroidir les ardeurs et l’emprise d’Athénaïs. Conjurant ses pouvoirs de magie psychique, le mage noir étendait ce qu’on avait eu coutume d’appeler, au sein de l’université, ses « griffes » ; dans la mesure où, quand Klarion usait d’attaques mentales, on trouvait qu’il le faisait à la manière d’un dragon qui use de ses griffes acérées. Sur Athénaïs, Klarion ne comptait pas se montrer brutal. Au contraire, il désirait être suffisamment subtil afin que ses mots aient leur effet. Pour le moment, il usait de ses griffes pour causer de faibles douleurs, comme si des aiguilles venaient piquer l’esprit de la demoiselle. Il ne souhaitait pas la blesser, juste lui faire relâcher sa prise.
- Je ne vous ai pas transformé pour vous ridiculiser. Je vous ai transformé en ce que vous êtes, et en ce que tout le monde ici vous perçoit : une princesse maniérée qui fait des grands airs et estime qu’elle est partout chez elle. Il est temps de vous regarder dans un miroir, Athénaïs. Vous avez certes réussi à toucher l’excellence en tant que confectionneuse, mais vous vous êtes emmurée toute seule dans votre tour d’ivoire. Si ça n’avait pas été moi, quelqu’un d’autre serait tôt ou tard venu se frotter à vous. Et, à votre place, je m’estimerais heureuse d’avoir un échappatoire.
Ermelin quitta prudemment sa poutre pour se poser sur un guéridon non loin des deux magiciens qui se faisaient face, le bruissement de ses ailes fut le seul bruit perceptible durant ces quelques secondes.
- Les gens se sont lassés de vous détester à cause de votre pistonnage. Aujourd’hui, ils vous détestent pour de toutes autres raisons… Ma malédiction peut ainsi prouver deux choses : soit qu’ils ont raison, si vous persistez sur votre lancée ; soit que vous êtes prête à descendre de votre piédestal et considérer les autres qui gravitent au même échelon que vous au sein de cette institution.
Ermelin émit un nouveau croassement, bien décidé à voir l’issue de cet échange. Les yeux de Klarion luisaient d’un éclat à la fois intriguant et inquiétant, le sorcier était bien décidé à se faire entendre, il soupira à nouveau.
- Ce parfum vous sied bien mieux. Peut-être devriez-vous garder cette fragrance si vous redevenez vous-même… Trois jours, hm. Tic tac… !
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Le sang d’Athénaïs ne fit qu’un tour. Son talon s’enfonça plus profondément dans la cuisse de Klarion tandis que les lances se montraient de plus en plus menaçantes. Elle lui aurait bien fait avaler son sourire narquois, si seulement cela avait pu résoudre ses problèmes.
« Et depuis quand devrai-je me soucier des autres quand ceux-ci n’ont pas eu la moindre décence à mon égard ? Suis-je responsable des manigances de mes parents ? Ne serai-je que la fille de mes parents à vos yeux, incapable d’être quoi que ce soir d’autre ? Quant à mes sœurs, sachez que si vous vous en prenez à elles, vous vous en prenez à moi. Et vous auriez été bien inspiré de ne pas vous attirer mes foudres. Vous remontrances sont diffamatoires … au mieux montrent-elles votre incapacité à vous contenir. »
La demoiselle considéra un instant sa situation en fixant toujours le mage de ses yeux bleus comme des saphirs. Elle serait les poings, toujours furibonde, ses ongles recouverts de vernis rose s’enfonçant dans sa chair pâle comme la neige. Une malédiction n’était pas facile à lever, ni même à lancer. Ce mage, bien que facilement maîtrisable, était assez puissant pour pouvoir maudire quelqu’un. Ce n’était donc pas quelqu’un à prendre à la légère et il était probable que dans cette affaire, Athénaïs n’ait pas gain de cause. La pire des éventualités aurait été de rester sous cette forme et de ne pas pouvoir trouver un expert en désenvoutement dans ses prix. Car, non seulement, une malédiction n’était pas simple à enlever, mais, comble de la chose, les désenvouteurs monnayaient leurs services à prix d’or ! Il était plus que probable qu’elle reste comme ça … un certain temps.
Malheureusement pour elle, créer un focaliseur n’était pas une mince affaire, surtout qu’au vu des souvenirs de Myrthelle, ce focaliseur était assez complexe. Il ne lui fallut pas longtemps pour estimer son temps de production … et les choses ne s’annonçaient pas bien. Elle ne sentit pas non plus le sortilège de Klarion lui faire lâcher prise. Athénaïs n’était pas une experte en magie psychique et si elle était capable de se défendre efficacement contre des élémentalistes, elle restait peu au fait des techniques de défense contre les pouvoirs mentaux. Non seulement, Athénaïs commença à lâcher la grappe de Klarion, mais en plus, sa colère commença à retomber comme un soufflé au fromage mal fait, la plongeant dans une profonde réflexion.
« Une semaine … Il me faudrait une semaine pour vous créer un nouveau focaliseur et réparer les fautes de ma sœur, dit-elle avec une moue vexée, tout en enlevant son pied de la cuisse de Klarion. »
La jeune femme claqua des doigts et les lances allèrent se ranger sur les râteliers. Elle relâcha son emprise magique sur les objets de l’atelier, évitant ainsi à Klarion de se retrouver déchiqueté par les outils les plus dangereux de la façonneuse. Elle resta là, pensive, ses mains posées sur les voiles de soie de sa robe, qui lui semblait de plus en plus confortable de minutes en minutes. La malédiction avait-elle des effets psychiques ?
« C’est au-delà des capacités des façonneurs et des ressources dont je dispose. Je ne peux pas vous créer un focaliseur spécifique en si peu de temps … En revanche … »
Elle joignit ses deux mains dans un claquement et se dirigea vers l’un des bureaux de bois vermoulu qui trônait non loin, laissant dans le claquement de ses talons blancs sur le sol de pierre, le délicat parfum qui émanait naturellement d’elle depuis plusieurs minutes. Rapidement, elle fouilla dans la pile de papiers éparpillés et en retira après quelques secondes un pli décacheté qu’elle agita d’un air triomphal.
« Il y a là, dans cette missive décachetée, une affaire qui tantôt, devait m’être livrée. Le paquet, malheureusement, n’est pas encore arrivé séant, faute de coursier, probablement. Vous vous demanderez donc, à juste titre, ce que cette endimanchée claironne avec cet air de pitre. Et bien, messire Klarion, c’est d’un focaliseur dont nous parlons ! S’il n’est pas tout à fait celui que vous attendiez, loin s’en faut, il saura vous accommoder aussitôt ! Je le modifierai, cela va de soi, et je suis persuadée qu’il vous plaira ! déclama-t-elle d’une voix claire, avec des rimes enjouées !
A ces mots, la jeune femme posa sa main devant sa bouche, choquée. Venait-elle de déclamer l’équivalent d’un mauvais poème ? D’une mauvaise tirade de théâtre ?! Quelle horreur ! Quelle disgrâce ! Comment avait-elle fait pour ne pas s’en rendre compte ? Etait-ce la malédiction qu’avait jeté le psychomancien sur elle !? Probablement ! Assurément ! Il fallait qu’elle se débarrasse de cette affliction et vite, sous peine de devenir une vraie princesse.
Toutefois, la déclamation contenait des informations cruciales pour la suite. Athénaïs attendait bien un paquet pour ses expériences. Un objet qui, avec quelques modifications, ferait un focaliseur parfait pour le psychomancien. Malheureusement, cela faisait plusieurs jours que le colis aurait du arriver et qu’elle n’avait pas eu de signe du coursier. Autant faire d’une pierre deux coups … découvrir où était son paquet et potentiellement solutionner son problème de malédiction et de psychomancien collant … dans le temps imparti.
« Et depuis quand devrai-je me soucier des autres quand ceux-ci n’ont pas eu la moindre décence à mon égard ? Suis-je responsable des manigances de mes parents ? Ne serai-je que la fille de mes parents à vos yeux, incapable d’être quoi que ce soir d’autre ? Quant à mes sœurs, sachez que si vous vous en prenez à elles, vous vous en prenez à moi. Et vous auriez été bien inspiré de ne pas vous attirer mes foudres. Vous remontrances sont diffamatoires … au mieux montrent-elles votre incapacité à vous contenir. »
La demoiselle considéra un instant sa situation en fixant toujours le mage de ses yeux bleus comme des saphirs. Elle serait les poings, toujours furibonde, ses ongles recouverts de vernis rose s’enfonçant dans sa chair pâle comme la neige. Une malédiction n’était pas facile à lever, ni même à lancer. Ce mage, bien que facilement maîtrisable, était assez puissant pour pouvoir maudire quelqu’un. Ce n’était donc pas quelqu’un à prendre à la légère et il était probable que dans cette affaire, Athénaïs n’ait pas gain de cause. La pire des éventualités aurait été de rester sous cette forme et de ne pas pouvoir trouver un expert en désenvoutement dans ses prix. Car, non seulement, une malédiction n’était pas simple à enlever, mais, comble de la chose, les désenvouteurs monnayaient leurs services à prix d’or ! Il était plus que probable qu’elle reste comme ça … un certain temps.
Malheureusement pour elle, créer un focaliseur n’était pas une mince affaire, surtout qu’au vu des souvenirs de Myrthelle, ce focaliseur était assez complexe. Il ne lui fallut pas longtemps pour estimer son temps de production … et les choses ne s’annonçaient pas bien. Elle ne sentit pas non plus le sortilège de Klarion lui faire lâcher prise. Athénaïs n’était pas une experte en magie psychique et si elle était capable de se défendre efficacement contre des élémentalistes, elle restait peu au fait des techniques de défense contre les pouvoirs mentaux. Non seulement, Athénaïs commença à lâcher la grappe de Klarion, mais en plus, sa colère commença à retomber comme un soufflé au fromage mal fait, la plongeant dans une profonde réflexion.
« Une semaine … Il me faudrait une semaine pour vous créer un nouveau focaliseur et réparer les fautes de ma sœur, dit-elle avec une moue vexée, tout en enlevant son pied de la cuisse de Klarion. »
La jeune femme claqua des doigts et les lances allèrent se ranger sur les râteliers. Elle relâcha son emprise magique sur les objets de l’atelier, évitant ainsi à Klarion de se retrouver déchiqueté par les outils les plus dangereux de la façonneuse. Elle resta là, pensive, ses mains posées sur les voiles de soie de sa robe, qui lui semblait de plus en plus confortable de minutes en minutes. La malédiction avait-elle des effets psychiques ?
« C’est au-delà des capacités des façonneurs et des ressources dont je dispose. Je ne peux pas vous créer un focaliseur spécifique en si peu de temps … En revanche … »
Elle joignit ses deux mains dans un claquement et se dirigea vers l’un des bureaux de bois vermoulu qui trônait non loin, laissant dans le claquement de ses talons blancs sur le sol de pierre, le délicat parfum qui émanait naturellement d’elle depuis plusieurs minutes. Rapidement, elle fouilla dans la pile de papiers éparpillés et en retira après quelques secondes un pli décacheté qu’elle agita d’un air triomphal.
« Il y a là, dans cette missive décachetée, une affaire qui tantôt, devait m’être livrée. Le paquet, malheureusement, n’est pas encore arrivé séant, faute de coursier, probablement. Vous vous demanderez donc, à juste titre, ce que cette endimanchée claironne avec cet air de pitre. Et bien, messire Klarion, c’est d’un focaliseur dont nous parlons ! S’il n’est pas tout à fait celui que vous attendiez, loin s’en faut, il saura vous accommoder aussitôt ! Je le modifierai, cela va de soi, et je suis persuadée qu’il vous plaira ! déclama-t-elle d’une voix claire, avec des rimes enjouées !
A ces mots, la jeune femme posa sa main devant sa bouche, choquée. Venait-elle de déclamer l’équivalent d’un mauvais poème ? D’une mauvaise tirade de théâtre ?! Quelle horreur ! Quelle disgrâce ! Comment avait-elle fait pour ne pas s’en rendre compte ? Etait-ce la malédiction qu’avait jeté le psychomancien sur elle !? Probablement ! Assurément ! Il fallait qu’elle se débarrasse de cette affliction et vite, sous peine de devenir une vraie princesse.
Toutefois, la déclamation contenait des informations cruciales pour la suite. Athénaïs attendait bien un paquet pour ses expériences. Un objet qui, avec quelques modifications, ferait un focaliseur parfait pour le psychomancien. Malheureusement, cela faisait plusieurs jours que le colis aurait du arriver et qu’elle n’avait pas eu de signe du coursier. Autant faire d’une pierre deux coups … découvrir où était son paquet et potentiellement solutionner son problème de malédiction et de psychomancien collant … dans le temps imparti.
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Klarion ne parvint pas à dissimuler un petit sourire amusé en remarquant qu’Athénaïs s’était mise à rimer en déclamant sa dernière tirade. La demoiselle l’avait également réalisé et exprima pleinement sa surprise en portant une main gracile à sa bouche. La malédiction qui affectait la façonneuse devenait plus forte, alors qu’elle n’avait été jetée il y a moins d’une heure. La bouffée d’émotion que venait de vivre Athénaïs en laissant exploser son ire contre l’arcaniste avait dû servir de stimuli au renforcement du maléfice. D’autres effets pouvaient encore être susceptibles de se manifester, surtout si Athénaïs se montraient prompte à déverser ses excès émotifs de manière aussi intense. Si la malédiction était parvenue à altérer l’élocution de la jeune femme de manière aussi ostensible et affirmée, peut-être pouvait-elle aller plus loin ? Klarion avait maudit Myrthelle à devenir une princesse de conte, et par extension sa sœur originelle. Si le sortilège pouvait transformer son apparence et sa conduite, était-il capable de toucher également sa personnalité ? Cette tournure piquait l’intérêt du magicien et il avait envie d’en observer davantage ; il en venait presque à oublier le fond de sa déclaration. Tâchant de se reconcentrer, Klarion considéra ce qu’elle venait de lui dire. Athénaïs lui proposait de lui délivrer un catalyseur qu’on aurait dû lui livrer mais qui n’est jamais parvenu jusqu’à elle…
- Vous savez, fit-il d’un ton dubitatif, me céder un catalyseur ne brisera pas forcément la malédiction. J’ai spécifiquement utilisé le terme « confectionner » en conjurant le sort ; si vous n’influez pas d’une quelconque façon sur l’objet, vous resterez telle que vous êtes.
Un autre point rendait Klarion curieux. Il cessa d’user de ses griffes mentales sur Athénaïs maintenant qu’elle s’était quelque peu calmée. L’artisane enchanteresse proposait de lui donner une commande qu’elle aurait dû recevoir il y a peu. Mais à qui originellement était destiné ce catalyseur ? Était-ce une commande personnelle d’Athénaïs ? Ou acceptait-elle de lui céder le bien d’un de ses propres clients ? Si tel était le cas, elle devait être vraiment désespérée pour considérer mettre en péril son affaire. Ou alors voulait-elle lui tendre un piège ? Si le Psychomancien ne soulevait pas ce point noir pour l’instant, il préférait garder silencieuses ces pensées pour le moment. Il comptait surveiller de près les agissements de la nouvelle blondinette rimeuse pour s’assurer qu’elle ne le floue pas. Pour l’instant, il sentait qu’elle réclamait implicitement son aide pour récupérer son colis potentiellement disparu. L’idée ne le dérangeait pas, Klarion était surtout intrigué par l’évolution future de la malédiction, plus que par le bien d’Athénaïs.
- Mais, après tout, je suppose que vous n’avez guère le choix si trois jours sont trop peu pour une tâche de ce calibre. J'accepte de vous suivre.
Le bruissement d’un battement d’ailes vint distraire leur attention. Ermelin vint se poser sur un guéridon ovale non loin d’eux, bousculant une figurine de laiton de l’Archimage Dangshuan, fondateur de l’Université Magic. Le gobelin transformé émit un petit croassement, et Klarion réalisa qu’il était sous sa forme de volatile depuis un petit moment à présent. Toutefois, l’arcaniste psychique savait qu’Ermelin était un métamorphe émérite, en plus d’avoir également partagé le même cursus qu’Athénaïs. Le gobelin, pour cause d’harcèlement scolaire, avait été contraint de parfaire son art de transfiguration pour échapper à ses oppresseurs. Il conservait tout son esprit là où d’autres magiciens auraient déjà commencé à adopter des signes d’animalité. Pour l’instant, Ermelin n’émettait que de petits cris à peine perceptibles et passait son bec crochu au travers des plumes de ses ailes de jais.
- C’est bizarre c’t’histoire de livraison, grinça-t-il en claquant son bec. Les dernières lettres, missives, colis et coursiers sont passés c’matin. Si vous l’attendiez sous peu y d’vait être là ce matin.
Klarion affiche une mine pensive. Il croisa ses jambes avant de joindre ses mains en posant ses coudes sur les revêtements moelleux du fauteuil.
- Ce qui veut dire que le colis est soit arrivé, a été volé, et cette missive est une fausse, soit il n’est jamais parti. S’il devait être livré par coursier, cela signifie qu’il doit au moins se trouver à Liberty.
- Ou dans les environs de l’université, ponctua Ermelin, y a des points relais dans l’coin.
Le gobelin le savait bien, il faisait livrer ses spiritueux et tabac depuis Kyouji. Athénaïs devait sans doute savoir où était le plus susceptible de se trouver le fameux paquet. Klarion allait devoir la laisser le guider durant leur petite aventure. Il décroisa les jambes et se leva enfin du fauteuil, réalisant qu’il la dépaissait de deux têtes. C’était encore plus flagrant maintenant qu’elle était transformée, sa chevelure ayant perdu en volume pour gagner en éclat. Il pivota délicatement sa tête vers Ermelin avant de lui demande :
- Tu comptes venir avec nous ?
- Certainement pas ! J’ai d’autres choses à faire, et y a de la biche flambée au cognac ce midi au mess. Et de la tarte aux pêches ! J’irai pas louper ça pour vos conneries d’colis.
Et, sur ces entrefaites, le gobelin étira ses ailes avant de s’envoler par la première fenêtre ouverte, laissant les deux mages seuls dans la pièce.
- Vous savez, fit-il d’un ton dubitatif, me céder un catalyseur ne brisera pas forcément la malédiction. J’ai spécifiquement utilisé le terme « confectionner » en conjurant le sort ; si vous n’influez pas d’une quelconque façon sur l’objet, vous resterez telle que vous êtes.
Un autre point rendait Klarion curieux. Il cessa d’user de ses griffes mentales sur Athénaïs maintenant qu’elle s’était quelque peu calmée. L’artisane enchanteresse proposait de lui donner une commande qu’elle aurait dû recevoir il y a peu. Mais à qui originellement était destiné ce catalyseur ? Était-ce une commande personnelle d’Athénaïs ? Ou acceptait-elle de lui céder le bien d’un de ses propres clients ? Si tel était le cas, elle devait être vraiment désespérée pour considérer mettre en péril son affaire. Ou alors voulait-elle lui tendre un piège ? Si le Psychomancien ne soulevait pas ce point noir pour l’instant, il préférait garder silencieuses ces pensées pour le moment. Il comptait surveiller de près les agissements de la nouvelle blondinette rimeuse pour s’assurer qu’elle ne le floue pas. Pour l’instant, il sentait qu’elle réclamait implicitement son aide pour récupérer son colis potentiellement disparu. L’idée ne le dérangeait pas, Klarion était surtout intrigué par l’évolution future de la malédiction, plus que par le bien d’Athénaïs.
- Mais, après tout, je suppose que vous n’avez guère le choix si trois jours sont trop peu pour une tâche de ce calibre. J'accepte de vous suivre.
Le bruissement d’un battement d’ailes vint distraire leur attention. Ermelin vint se poser sur un guéridon ovale non loin d’eux, bousculant une figurine de laiton de l’Archimage Dangshuan, fondateur de l’Université Magic. Le gobelin transformé émit un petit croassement, et Klarion réalisa qu’il était sous sa forme de volatile depuis un petit moment à présent. Toutefois, l’arcaniste psychique savait qu’Ermelin était un métamorphe émérite, en plus d’avoir également partagé le même cursus qu’Athénaïs. Le gobelin, pour cause d’harcèlement scolaire, avait été contraint de parfaire son art de transfiguration pour échapper à ses oppresseurs. Il conservait tout son esprit là où d’autres magiciens auraient déjà commencé à adopter des signes d’animalité. Pour l’instant, Ermelin n’émettait que de petits cris à peine perceptibles et passait son bec crochu au travers des plumes de ses ailes de jais.
- C’est bizarre c’t’histoire de livraison, grinça-t-il en claquant son bec. Les dernières lettres, missives, colis et coursiers sont passés c’matin. Si vous l’attendiez sous peu y d’vait être là ce matin.
Klarion affiche une mine pensive. Il croisa ses jambes avant de joindre ses mains en posant ses coudes sur les revêtements moelleux du fauteuil.
- Ce qui veut dire que le colis est soit arrivé, a été volé, et cette missive est une fausse, soit il n’est jamais parti. S’il devait être livré par coursier, cela signifie qu’il doit au moins se trouver à Liberty.
- Ou dans les environs de l’université, ponctua Ermelin, y a des points relais dans l’coin.
Le gobelin le savait bien, il faisait livrer ses spiritueux et tabac depuis Kyouji. Athénaïs devait sans doute savoir où était le plus susceptible de se trouver le fameux paquet. Klarion allait devoir la laisser le guider durant leur petite aventure. Il décroisa les jambes et se leva enfin du fauteuil, réalisant qu’il la dépaissait de deux têtes. C’était encore plus flagrant maintenant qu’elle était transformée, sa chevelure ayant perdu en volume pour gagner en éclat. Il pivota délicatement sa tête vers Ermelin avant de lui demande :
- Tu comptes venir avec nous ?
- Certainement pas ! J’ai d’autres choses à faire, et y a de la biche flambée au cognac ce midi au mess. Et de la tarte aux pêches ! J’irai pas louper ça pour vos conneries d’colis.
Et, sur ces entrefaites, le gobelin étira ses ailes avant de s’envoler par la première fenêtre ouverte, laissant les deux mages seuls dans la pièce.
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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La jeune femme à l’allure princière prit un air offusqué, dramatisé par sa mise et sa mine naïve. Pour qui la prenait-il ? Elle savait parfaitement que les catalyseurs n’étaient pas des jouets capables de s’attacher à n’importe qui sur commande. Il fallait créer ce lien, le construire, l’entretenir, le fortifier. Rien de cela n’était possible en trois jours, mais la jeune femme avait plus d’un tour dans son sac. Les façonneurs étaient mine de rien des mages de talents, connaissant scrupuleusement les subtilités de la magie qu’ils enchâssaient dans les objets. Il n’était pas étonnant qu’Athénaïs connaisse des moyens détournés pour faciliter la prise en main d’un catalyseur.
Malheureusement, Klarion avait raison. La malédiction, parlait de « confectionner », pas de « trouver ». Restait à savoir jusqu’où la malédiction fixait ses limites. Les sortilèges tels que les malédictions étaient généralement plus royalistes que le roi et se cantonnaient à leur énoncé à la lettre près. Athénaïs n’était pas une grande experte dans ces sortilèges, mais si Klarion, qui passait pour une pointure dans ce domaine, assurait que la malédiction risquait de ne pas considérer le plan de la magicienne comme valide, alors cela rajoutait beaucoup d’incertitudes dans la balance.
Si elle ne parvenait pas à tromper la malédiction … elle risquait de rester ainsi pendant quelques temps. Les briseurs de malédiction ne courraient pas les rues. Elle s’avança à nouveau vers le psychomancien, à peine calmée, et prête à se donner à fond pour effacer cette affliction qui la condamnait à composer des rimes à la volée.
« Il est vrai que votre malédiction est bien rodée. Il me serait difficile d’essayer de la contourner. Fichtre, me voilà encore à parler en rimes. Quelques minutes de plus et je me contenterai de faire des mimes ! Quoi qu’il en soit, il convient de dire, que je m’attends presque à ce que cette malédiction empire ! »
La princesse plissa les yeux, en colère, et frappa de ses poings menus le torse de Klarion, afin de lui signifier son mécontentement quant à sa condition. La demoiselle espérait simplement que la situation n’empire pas et que la malédiction ne devienne pire d’heures en heures. Mais pour l’instant, le plus important était de trouver ce paquet. Il s’agissait d’un catalyseur qu’elle réservait à ses expériences. Elle l’avait fait venir des mines bordant Courage. Il s’agissait une morceau assez unique de cristal de roche noire que les mineurs avaient réussi à extraire des mines qui étaient contrôlées par le clan Noirvitrail. Le cristal présentait des qualités assez uniques, avec de belles veines violettes sur un fond noir comme la nuit. S’il ne présentait pas de particularités magiques, il s’était révélé particulièrement propice à la création d’un catalyseur, même brut. Mais Athénaïs n’avait pas pu le travailler sur place, étant donné qu’elle ne disposait pas des éléments nécessaires pour le faire.
Le colis devait arriver à Liberty sous bonne garde, et transiter directement vers l’université. Mais il n’était pas arrivé à destination. La chose était suffisamment inquiétante pour qu’elle s’y penche personnellement. Félicité, l’une des coursiers de la famille, devait être encore dans le ghetto reikois …
« Il nous faut nous diriger vers le ghetto reikois. L’objet de nos convoitises se trouve sûrement là-bas. Mon coursier, la dénommée Félicité, est peut-être retenue contre son gré. Hâtons-nous, pressons le pas. Que cette malédiction cesse avant mon trépas ! »
La demoiselle tourna les talons et commença à rassembler ses affaires. Etrangement, elle était à l’aise dans cette robe et marchait d’un pas aisé dans ses talons. Elle remplit son havresac et s’apprêta à le mettre sur ses épaules en bandoulière quand survint une drôle de pensée … Pourquoi une femme de son rang porterait-elle ses propres bagages ? C’était insensé ! Ses ongles manucurés et colorés attrapèrent le sac et le tendirent à Klarion. Son regard se fit d’une douceur infinie, comme si elle essayait d’attendrir le mage.
« Klarion, mon cher … rendez-vous utile au lieu de faire le fier. Portez ces bagages séants. Vous ne laisseriez pas une demoiselle souffrir tout le chemin durant. »
Un sourire illumina son visage. Athénaïs ne se rendait même pas compte que la malédiction commençait à la faire agir comme une véritable princesse … adorable … mais gâtée.
Malheureusement, Klarion avait raison. La malédiction, parlait de « confectionner », pas de « trouver ». Restait à savoir jusqu’où la malédiction fixait ses limites. Les sortilèges tels que les malédictions étaient généralement plus royalistes que le roi et se cantonnaient à leur énoncé à la lettre près. Athénaïs n’était pas une grande experte dans ces sortilèges, mais si Klarion, qui passait pour une pointure dans ce domaine, assurait que la malédiction risquait de ne pas considérer le plan de la magicienne comme valide, alors cela rajoutait beaucoup d’incertitudes dans la balance.
Si elle ne parvenait pas à tromper la malédiction … elle risquait de rester ainsi pendant quelques temps. Les briseurs de malédiction ne courraient pas les rues. Elle s’avança à nouveau vers le psychomancien, à peine calmée, et prête à se donner à fond pour effacer cette affliction qui la condamnait à composer des rimes à la volée.
« Il est vrai que votre malédiction est bien rodée. Il me serait difficile d’essayer de la contourner. Fichtre, me voilà encore à parler en rimes. Quelques minutes de plus et je me contenterai de faire des mimes ! Quoi qu’il en soit, il convient de dire, que je m’attends presque à ce que cette malédiction empire ! »
La princesse plissa les yeux, en colère, et frappa de ses poings menus le torse de Klarion, afin de lui signifier son mécontentement quant à sa condition. La demoiselle espérait simplement que la situation n’empire pas et que la malédiction ne devienne pire d’heures en heures. Mais pour l’instant, le plus important était de trouver ce paquet. Il s’agissait d’un catalyseur qu’elle réservait à ses expériences. Elle l’avait fait venir des mines bordant Courage. Il s’agissait une morceau assez unique de cristal de roche noire que les mineurs avaient réussi à extraire des mines qui étaient contrôlées par le clan Noirvitrail. Le cristal présentait des qualités assez uniques, avec de belles veines violettes sur un fond noir comme la nuit. S’il ne présentait pas de particularités magiques, il s’était révélé particulièrement propice à la création d’un catalyseur, même brut. Mais Athénaïs n’avait pas pu le travailler sur place, étant donné qu’elle ne disposait pas des éléments nécessaires pour le faire.
Le colis devait arriver à Liberty sous bonne garde, et transiter directement vers l’université. Mais il n’était pas arrivé à destination. La chose était suffisamment inquiétante pour qu’elle s’y penche personnellement. Félicité, l’une des coursiers de la famille, devait être encore dans le ghetto reikois …
« Il nous faut nous diriger vers le ghetto reikois. L’objet de nos convoitises se trouve sûrement là-bas. Mon coursier, la dénommée Félicité, est peut-être retenue contre son gré. Hâtons-nous, pressons le pas. Que cette malédiction cesse avant mon trépas ! »
La demoiselle tourna les talons et commença à rassembler ses affaires. Etrangement, elle était à l’aise dans cette robe et marchait d’un pas aisé dans ses talons. Elle remplit son havresac et s’apprêta à le mettre sur ses épaules en bandoulière quand survint une drôle de pensée … Pourquoi une femme de son rang porterait-elle ses propres bagages ? C’était insensé ! Ses ongles manucurés et colorés attrapèrent le sac et le tendirent à Klarion. Son regard se fit d’une douceur infinie, comme si elle essayait d’attendrir le mage.
« Klarion, mon cher … rendez-vous utile au lieu de faire le fier. Portez ces bagages séants. Vous ne laisseriez pas une demoiselle souffrir tout le chemin durant. »
Un sourire illumina son visage. Athénaïs ne se rendait même pas compte que la malédiction commençait à la faire agir comme une véritable princesse … adorable … mais gâtée.
Invité
Invité
Le ghetto rekoi situé en périphérie de Liberty était un district bruyant et coloré, où dans chaque rue tonnaient les voix de ses résidents. Cette clameur incessante possédait, étrangement, une fascinante cacophonie qui la rendait presque plaisante. Des draps et vêtements de toutes les couleurs avaient été dressés sur des longues cordes servant d’étendoirs de fortune entre quasiment tous les bâtiments. Ces monceaux de tissus laissés à sécher là ondulaient à chaque fois que la brise se levait, faisant glisser vers les passants une agréable odeur de lessive fraîche. Sous la marquise d’une porte qui n’avait aucun attribut du style rekoi, un quatuor de vieilles dames, toutes enveloppées sous des monceaux de châles damassés, brodaient patiemment un morceau de satin de longs fils dorés. L’une d’entre elles s’était d’ailleurs endormie, somnolant tandis que ses trois comparses continuaient leur ouvrage comme si de rien n’était. Plus haut dans la rue, une saltimbanque amusait des enfants à l’aide d’un bâton à bulles ainsi qu’un bol d’eau savonneuse. Perché sur la tête de l’artiste, un ouistiti pygmée batifolait dès qu’une bulle passait à sa portée, affichant une mine surprise dès qu’elle explosait quand il tentait de l’attraper, causant l’hilarité des petits spectateurs. Au milieu de ce beau monde, Klarion et Athénaïs évoluaient là, détonnant sacrément avec la populace locale en raison de leur allure. L’un possédait un teint d’albâtre, l’autre une peau de neige. Et, bien que personne ne leur accordait la moindre attention, se retrouver aussi singuliers au milieu de pareille foule avait de quoi donner mal à l’aise.
Marchant d’un pas nonchalant, Klarion laissait traîner derrière lui le havresac de cuir que la confectionneuse maudite lui avait laissé. Il n’avait aucune envie de le porter, mais la princesse aux cheveux d’or n’avait pas non plus l’air décidée à accomplir cet effort. L’arcaniste avait donc décidé de simplement marcher en tenant sa bandoulière, le sac glissant sur les pavés inégaux de la rue, ou sur le sol sablonneux quand il n’y en avait pas. Un garçonnet passa à leur portée, se pourléchant les doigts maculés de confiture d’abricots. Quelques gouttes de confiture tomba sur la basane du sac alors que l’enfant, inconscient de son méfait, continuait sa marche, débonnaire, repensant à son goûter qu’il venait à peine de terminer. Athénaïs était celle qui menait la marche. Après tout, Klarion n’avait aucune idée d’où pouvait se trouver sa coursière. Afin de se hâter davantage, les deux avaient sollicité l’aide d’un magicien doué en téléportation pour se rendre directement jusqu’au ghetto et ne pas perdre de temps. D’ordinaire, ils auraient dépêché un fiacre, mais la potentielle situation de danger de la connaissance d’Athénaïs les avait contraint à ne pas laisser le temps aller contre eux. Klarion n’était que très rarement venu dans le district rekoi, tout l’intéressait autour de lui. Ces losanges de semoule fourrés à la patte de datte avaient l’air si appétissants. Les tapis de ce marchand assis à fumer le narguilé lui paraissaient aussi intéressants et beaux que des toiles de maître.
- Il y a tant de distractions ici, votre coursière a certainement dû s’attarder dans ces marchés, boire du thé dans ces tasses de verre ou déguster ces croissants poudrés à la pâte d’amande.
Le quartier semblait hors du temps, comme s’ils avaient été emportés directement en pleine ville impériale. Mis à part le style vestimentaire d’un éventuel civil républicain entraperçu au détour d’une ruelle, les deux mages pouvaient presque se croire au beau milieu d’Ikusa ou Taisen. Athénaïs marchait à petits pas décidés, les talons de ses bottines claquant bruyamment sur les pavés, tenant dans ses paumes la crinoline de sa robe afin qu’elle ne traîne pas au sol. La demoiselle scrutait chaque bâtiment pour savoir où tourner, se dirigeant parfois en reconnaissant certains passants, comme si ces derniers passaient toutes leurs journées à l’exacte même place. Ils passèrent près d’une guinguette d’où de jeunes rekois en tenues républicaines devisaient sur la politique et la philosophie locale. S’engouffrant dans une nouvelle rue, plus vaste que la précédente, Klarion et Athénaïs se retrouvèrent dans une allée commerçante où s’enchaînaient diverses échoppes desquelles émanaient de divines senteurs et moult explosions colorées. Ils avancèrent d’un pas plus décidé, bien que Klarion en profitait pour s’imprégner de la culture rekoise, mais furent vite stoppés net dans leur progression.
- Votre grâce ! Clama une voix masculine. Ma dulcinée, ma princesse !
D’une des boutiques, une librairie à la devanture travaillée dans laquelle était exposée une sculpture de livres, un homme bien apprêté venait de sortir pour s’élancer vers Athénaîs. Propre sur lui, il était habillé d’un pourpoint vert émeraude rehaussé de brocarts d’argent représentant des plumes et des fleurs de digitale. Depuis les ailerons de ses épaules, de magnifiques manches pendantes tombaient sous ses avant-bras depuis ses coudes, des broderies de lierre entrelaçant le tissu. Son haut-de-chausse lui ceinturait ses puissantes cuisses et on pouvait suivre la courbure musclée de ses jambes jusqu’à ses bottes noires. Son visage était tout aussi sculptural, la peau de ses joues tendues comme celle d’un tambour, ses prunelles bleu ciel brillant comme deux aigues-marine. Il possédait des cheveux bruns et bouclés, presque cotonneux et, à sa ceinture, l’inconnu avait passé une rapière à la garde d’or ouvragée, évoquant une feuille de vigne. Il se posta face à Athénaïs et, sans attendre, lui attrapa une main pour la porter à ses lèvres, le tout sous le regard on ne pouvait plus amusé de Klarion.
- Votre beauté me subjugue. Dès que je vous ai vu, j’ai su que vous étiez ma moitié, mon âme sœur. Ma dame, je porte le nom de Philippe et serait, dès lors, votre humble chevalier.
Le Psychomancien ne put s’empêcher de pouffer, brisant son masque d’indifférence froide. Si Ermelin avait été là, il aurait sans doute été surpris…
- Évidemment… Chaque princesse de conte possède son prince charmant. Je crois que nous avons trouvé le vôtre. Bonne chance pour vous en séparer ; j’ai grande hâte qu’il vous réveille d’un baiser d’amour sincère…
Marchant d’un pas nonchalant, Klarion laissait traîner derrière lui le havresac de cuir que la confectionneuse maudite lui avait laissé. Il n’avait aucune envie de le porter, mais la princesse aux cheveux d’or n’avait pas non plus l’air décidée à accomplir cet effort. L’arcaniste avait donc décidé de simplement marcher en tenant sa bandoulière, le sac glissant sur les pavés inégaux de la rue, ou sur le sol sablonneux quand il n’y en avait pas. Un garçonnet passa à leur portée, se pourléchant les doigts maculés de confiture d’abricots. Quelques gouttes de confiture tomba sur la basane du sac alors que l’enfant, inconscient de son méfait, continuait sa marche, débonnaire, repensant à son goûter qu’il venait à peine de terminer. Athénaïs était celle qui menait la marche. Après tout, Klarion n’avait aucune idée d’où pouvait se trouver sa coursière. Afin de se hâter davantage, les deux avaient sollicité l’aide d’un magicien doué en téléportation pour se rendre directement jusqu’au ghetto et ne pas perdre de temps. D’ordinaire, ils auraient dépêché un fiacre, mais la potentielle situation de danger de la connaissance d’Athénaïs les avait contraint à ne pas laisser le temps aller contre eux. Klarion n’était que très rarement venu dans le district rekoi, tout l’intéressait autour de lui. Ces losanges de semoule fourrés à la patte de datte avaient l’air si appétissants. Les tapis de ce marchand assis à fumer le narguilé lui paraissaient aussi intéressants et beaux que des toiles de maître.
- Il y a tant de distractions ici, votre coursière a certainement dû s’attarder dans ces marchés, boire du thé dans ces tasses de verre ou déguster ces croissants poudrés à la pâte d’amande.
Le quartier semblait hors du temps, comme s’ils avaient été emportés directement en pleine ville impériale. Mis à part le style vestimentaire d’un éventuel civil républicain entraperçu au détour d’une ruelle, les deux mages pouvaient presque se croire au beau milieu d’Ikusa ou Taisen. Athénaïs marchait à petits pas décidés, les talons de ses bottines claquant bruyamment sur les pavés, tenant dans ses paumes la crinoline de sa robe afin qu’elle ne traîne pas au sol. La demoiselle scrutait chaque bâtiment pour savoir où tourner, se dirigeant parfois en reconnaissant certains passants, comme si ces derniers passaient toutes leurs journées à l’exacte même place. Ils passèrent près d’une guinguette d’où de jeunes rekois en tenues républicaines devisaient sur la politique et la philosophie locale. S’engouffrant dans une nouvelle rue, plus vaste que la précédente, Klarion et Athénaïs se retrouvèrent dans une allée commerçante où s’enchaînaient diverses échoppes desquelles émanaient de divines senteurs et moult explosions colorées. Ils avancèrent d’un pas plus décidé, bien que Klarion en profitait pour s’imprégner de la culture rekoise, mais furent vite stoppés net dans leur progression.
- Votre grâce ! Clama une voix masculine. Ma dulcinée, ma princesse !
D’une des boutiques, une librairie à la devanture travaillée dans laquelle était exposée une sculpture de livres, un homme bien apprêté venait de sortir pour s’élancer vers Athénaîs. Propre sur lui, il était habillé d’un pourpoint vert émeraude rehaussé de brocarts d’argent représentant des plumes et des fleurs de digitale. Depuis les ailerons de ses épaules, de magnifiques manches pendantes tombaient sous ses avant-bras depuis ses coudes, des broderies de lierre entrelaçant le tissu. Son haut-de-chausse lui ceinturait ses puissantes cuisses et on pouvait suivre la courbure musclée de ses jambes jusqu’à ses bottes noires. Son visage était tout aussi sculptural, la peau de ses joues tendues comme celle d’un tambour, ses prunelles bleu ciel brillant comme deux aigues-marine. Il possédait des cheveux bruns et bouclés, presque cotonneux et, à sa ceinture, l’inconnu avait passé une rapière à la garde d’or ouvragée, évoquant une feuille de vigne. Il se posta face à Athénaïs et, sans attendre, lui attrapa une main pour la porter à ses lèvres, le tout sous le regard on ne pouvait plus amusé de Klarion.
- Votre beauté me subjugue. Dès que je vous ai vu, j’ai su que vous étiez ma moitié, mon âme sœur. Ma dame, je porte le nom de Philippe et serait, dès lors, votre humble chevalier.
Le Psychomancien ne put s’empêcher de pouffer, brisant son masque d’indifférence froide. Si Ermelin avait été là, il aurait sans doute été surpris…
- Évidemment… Chaque princesse de conte possède son prince charmant. Je crois que nous avons trouvé le vôtre. Bonne chance pour vous en séparer ; j’ai grande hâte qu’il vous réveille d’un baiser d’amour sincère…
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Par les Astres ce qu’il pouvait être agaçant ce psychomancien ! Athénaïs avait beau être patiente, le simple fait de le voir rechigner à effectuer une tâche aussi simple que de porter un sac la poussait à bout. Oh, elle lui aurait bien donné son avis sur la question ! Oh, elle l’aurait bien fait valser par-dessus les toits pour lui apprendre les bonnes manières, mais le goujat était dur de la tête. A mesure que le duo progressait dans le ghetto reikois, Athénaïs de Noirvitrail ne pouvait se départir de l’agaçante sensation que les regards étaient tournés vers elle. Si elle était habituée à passer inaperçue dans ce genre d’endroits, le fait de se retrouver ainsi endimanchée et transformée en demoiselle à la peau de porcelaine ne faisait qu’accentuer l’inquiétante étrangeté que générait sa présence.
Athénaïs plissa les yeux et se pinça les lèvres d’un air agacé lorsqu’elle se fit héler par le dénommé Philippe. L’homme lui fit un baise-main, sans qu’elle ait eu son mot à dire, laissant la jeune femme rougir comme une pivoine. Non pas qu’elle le trouvait séduisant, bien au contraire. L’homme était parfaitement détestable à ses yeux, aussi bien dans sa tenue que dans ses manières. Mais la scène était particulièrement gênante … Klarion regardait. Etrangement, la jeune femme se souciait plus du regard de son compagnon d’infortune que de ce chevalier autoproclamé.
Ses yeux se levèrent au ciel, puis se perdirent à droite et à gauche. N’y avait-il pas un moyen de s’enfuir ? Ses joues étaient devenues carmin et elle bégayait, ne sachant quoi faire de cette attention déplacée. Son regard s’attardait sur Klarion, hilare. Le faquin continuait de laisser trainer son sac au sol et ressemblait à un morveux bien trop heureux de sa dernière mauvaise blague. Que c’était détestable ! Mais des deux énergumènes qui l’admiraient, il était de loin le moins vilain ! Ne supportant plus les attentions déplacées de cet inconnu dénommé Philippe, la demoiselle recula d’un pas, et prit un air courroucé.
« Il suffit, messire ! Quel genre de chevalier se comportait de manière à provoquer mon ire ? Eh, quoi, un baise-main, une déclaration ?! Que m’importe vos desseins et vos intentions ! Déguerpissez, ou cet homme-là va vous molester ! »
La demoiselle transfigurée en princesse désigna d’un geste des plus élégants un Klarion hilare, bien contente de pouvoir rediriger les flammes de la passion du dénommé Philippe vers une nouvelle cible. Prenant soudain un air sérieux, le chevalier endimanché se retourna droit comme un « i » vers le psychomancien. Sa main gantée vint relever sa chevelure bouclée et, dans un geste dramatique, il s’avança vers le jeune homme en portant la main à la garde de sa rapière.
« Ah ! Vil faquin ! Je reconnais sur votre visage les traits disgracieux de l’infamie. Cette femme ici-présente est terrifiée par votre aura méphitique ! Vous l’avez certainement enlevée, menacée, et c’est toute troublée qu’elle se retrouve à refuser mon cœur. En garde, foutriquet ! En garde ! Une fois que votre corps gira dans une marre de sang, cette demoiselle sera libre de votre emprise ! »
Athénaïs pouffa de rire avant de poser une main grâcieuse devant sa bouche enrobée de gloss rosé. La pauvre psychomancien venait de trouver un adversaire à sa mesure ! Avec un peu de chance, il lui ficherait une bonne raclée, et cela ne serait que justice. Pourtant, malgré la satisfaction de voir le psychomancien se faire potentiellement punir sur un quiproquo, une petite musique trottait dans la tête de la façonneuse. Pourquoi ressentait-elle soudain de l’inquiétude pour le psychomancien ?
S’asseyant sur un banc devant la librairie, Athénaïs regarda d’un air inquiet le duel qui s’annonçait. Elle enleva ses gants blancs et les posa sur sa belle robe, prête à observer le spectacle … Mais dans sa tête, l’inquiétude se faisait de plus en plus présente. Elle se massa les tempes avec délicatesse, incapable de comprendre que la malédiction de Klarion continuait à progresser dans sa tête.
Le chevalier Philippe tira sa rapière, dont l’acier chanta hors de son fourreau.
« En garde ! claironna-t-il en prenant une pose des plus élégantes, mais des plus inefficaces pour un duel. »
Visiblement, le chevalier faisait parti de la catégorie des idiots dangereux, ces combattants qui étaient des escrimeurs émérites, mais qui déclenchaient des duels pour un oui ou pour un non. Il n’y avait pas pire dans ce monde. L’affaire fit assez de bruit pour attirer quelques passants, et notamment les clients de la librairie. Athénaïs entendit distinctement le son des pièces s’échangeant de mains en mains. Les paris avaient commencé. Un bref coup d’œil sur la cote du psychomancien ne la rassura pas.
Sans s’en rendre compte, Athénaïs joignit les deux mains et prit un air inquiet … Venait-elle de condamner Klarion ?
Athénaïs plissa les yeux et se pinça les lèvres d’un air agacé lorsqu’elle se fit héler par le dénommé Philippe. L’homme lui fit un baise-main, sans qu’elle ait eu son mot à dire, laissant la jeune femme rougir comme une pivoine. Non pas qu’elle le trouvait séduisant, bien au contraire. L’homme était parfaitement détestable à ses yeux, aussi bien dans sa tenue que dans ses manières. Mais la scène était particulièrement gênante … Klarion regardait. Etrangement, la jeune femme se souciait plus du regard de son compagnon d’infortune que de ce chevalier autoproclamé.
Ses yeux se levèrent au ciel, puis se perdirent à droite et à gauche. N’y avait-il pas un moyen de s’enfuir ? Ses joues étaient devenues carmin et elle bégayait, ne sachant quoi faire de cette attention déplacée. Son regard s’attardait sur Klarion, hilare. Le faquin continuait de laisser trainer son sac au sol et ressemblait à un morveux bien trop heureux de sa dernière mauvaise blague. Que c’était détestable ! Mais des deux énergumènes qui l’admiraient, il était de loin le moins vilain ! Ne supportant plus les attentions déplacées de cet inconnu dénommé Philippe, la demoiselle recula d’un pas, et prit un air courroucé.
« Il suffit, messire ! Quel genre de chevalier se comportait de manière à provoquer mon ire ? Eh, quoi, un baise-main, une déclaration ?! Que m’importe vos desseins et vos intentions ! Déguerpissez, ou cet homme-là va vous molester ! »
La demoiselle transfigurée en princesse désigna d’un geste des plus élégants un Klarion hilare, bien contente de pouvoir rediriger les flammes de la passion du dénommé Philippe vers une nouvelle cible. Prenant soudain un air sérieux, le chevalier endimanché se retourna droit comme un « i » vers le psychomancien. Sa main gantée vint relever sa chevelure bouclée et, dans un geste dramatique, il s’avança vers le jeune homme en portant la main à la garde de sa rapière.
« Ah ! Vil faquin ! Je reconnais sur votre visage les traits disgracieux de l’infamie. Cette femme ici-présente est terrifiée par votre aura méphitique ! Vous l’avez certainement enlevée, menacée, et c’est toute troublée qu’elle se retrouve à refuser mon cœur. En garde, foutriquet ! En garde ! Une fois que votre corps gira dans une marre de sang, cette demoiselle sera libre de votre emprise ! »
Athénaïs pouffa de rire avant de poser une main grâcieuse devant sa bouche enrobée de gloss rosé. La pauvre psychomancien venait de trouver un adversaire à sa mesure ! Avec un peu de chance, il lui ficherait une bonne raclée, et cela ne serait que justice. Pourtant, malgré la satisfaction de voir le psychomancien se faire potentiellement punir sur un quiproquo, une petite musique trottait dans la tête de la façonneuse. Pourquoi ressentait-elle soudain de l’inquiétude pour le psychomancien ?
S’asseyant sur un banc devant la librairie, Athénaïs regarda d’un air inquiet le duel qui s’annonçait. Elle enleva ses gants blancs et les posa sur sa belle robe, prête à observer le spectacle … Mais dans sa tête, l’inquiétude se faisait de plus en plus présente. Elle se massa les tempes avec délicatesse, incapable de comprendre que la malédiction de Klarion continuait à progresser dans sa tête.
Le chevalier Philippe tira sa rapière, dont l’acier chanta hors de son fourreau.
« En garde ! claironna-t-il en prenant une pose des plus élégantes, mais des plus inefficaces pour un duel. »
Visiblement, le chevalier faisait parti de la catégorie des idiots dangereux, ces combattants qui étaient des escrimeurs émérites, mais qui déclenchaient des duels pour un oui ou pour un non. Il n’y avait pas pire dans ce monde. L’affaire fit assez de bruit pour attirer quelques passants, et notamment les clients de la librairie. Athénaïs entendit distinctement le son des pièces s’échangeant de mains en mains. Les paris avaient commencé. Un bref coup d’œil sur la cote du psychomancien ne la rassura pas.
Sans s’en rendre compte, Athénaïs joignit les deux mains et prit un air inquiet … Venait-elle de condamner Klarion ?
Invité
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- Vous êtes sérieux ?
L’autoproclamé chevalier Philippe, galvanisé par la présence d’Athénaïs, avait sorti sa rapière de son fourreau et la pointait en direction de Klarion en le dardant d’un air courroucé. L’arme du bellâtre était magnifique, un trésor d’orfèvrerie, avec sa garde en feuille de vigne d’un superbe doré, quelques reflets vermeil venant magnifier son éclat. La lame était parfaitement droite, mais étrangement fine. Klarion n’était pas escrimeur, ni particulièrement amateur d’armes blanches, mais il n’avait pas besoin de l’être pour savoir que son épée longue n’avait pas vocation à être utilisée, mais exposée. Pourtant, le propriétaire amoureux ne semblait avoir cure de l’état peu pratique de son accessoire et avait l’air bien déterminé à en user face au mage noir. Autour d’eux, la rue s’était tue. Les commerçants avaient cessé de crier pour alpaguer les passants, les clients avaient détourné leur regard des marchandises pour admirer le spectacle. Des boutiquiers étaient même sortis devant leur porte ou s’étaient collés à leur vitrine, alertés par les cris de Philippe. Ce dernier bombait le torse comme un coq prêt à chanter au matin, ses pommettes si empourprées qu’on aurait pu les prendre pour deux prunes mûres. Klarion, arquant un sourcil tourna son regard vers Athénaïs, tordant la bouche :
- Dois-je vous rappeler que, malgré votre condition, vous conservez vos pouvoirs ? Ou avez-vous également été réduite en état de parfaite impuissance ?
- Comment osez-vous parler sur ce ton à mon adorée ?! Brailla Philippe, faisant deux pas en avant. Présentez vos excuses sur le champ, ou il vous en cuira !
Klarion porta à nouveau son attention vers le jouvenceau qui le provoquait. Ce dernier pinçait ses lèvres si fort qu’on peinait à les différencier de sa peau. Philippe fit un moulinet du poignet et brandit sa rapière au-dessus de sa tête. La feuille de vigne qui servait de garde luisit intensément et, quelques secondes plus tard à peine, la lame de la rapière s’embrassa, un voile de flammes d’ambre faisant disparaître le métal de vue.
Une épée enchantée, songea Klarion en fronçant ses sourcils. Je suppose que chaque prince charmant doit avoir eu droit à un coup de pouce du destin…
- Les yeux de ma dulcinée sont des fragments d’étoiles, sa chevelure est une queue de comète, son visage, une nébuleuse ! Par sa beauté, je vous terrasserai, monstre !
Le Psychomancien ne put réprimer une expiration moqueuse, atterré par la passion ivre du pauvre galant.
- C’est un monstre que vous désirez voir ? Fort bien, je ne vous priverai pas de ce plaisir.
L’étincelle qui brillait dans les yeux d’encre de Klarion s’embrasa pour devenir un feu ardent. L’arcaniste psychique étendit ses griffes mentales pour les faire fondre droit vers Philippe. Heurté de plein fouet, le prince charmant vacilla en arrière en poussant un puissant cri, alertant plusieurs habitants qui se ruèrent à leurs fenêtres, avides de commérage. Du sang jaillit de ses narines, et tourna son buste de droite à gauche comme si on lui assénait des gifles monumentales. Philippe grogna d’une voix gutturale en crispant son visage qui n’avait plus rien de séduisant. De la salive suintait de sa bouche, le sang qui coulait de son nez se mélangeant à sa bave, l’ignoble mélange continuant sa course en glissant dans son cou et son pourpoint. Il s’avança en foudroyant Klarion d’un regard qui ressemblait à celui d’une bête sauvage, son épée enflammée toujours active et bien dans sa paume. Balayant l’air en avant avec sa rapière, le coup enflamma quelques brindilles de fagot laissées sur le sol et manqua de mettre le feu à un panneau escamotable.
- Espèce de… ! Sale… ! Maléfique ! Je vais vous occire !
- Non, cela ne sera pas !
Ne bougeant toujours pas, Klarion continua son assaut mental en enfonçant ses griffes encore plus profondément dans l’esprit de son adversaire. Celui-ci ne courba pas l’échine, il continuait même sa progression vers le mage noir. Néanmoins, il se mit cette fois à cracher un mélange de sang et de bile par sa bouche, la mixture huileuse étouffant un nouvel hurlement de douleur. L’arcaniste se demandait s’il devait également utiliser son pouvoir de contrôle d’émotions pour encore plus prendre le dessus sur son opposant. Il ne faisait que peu d’efforts avec ses griffes mentales et savait qu’il aurait pu faire bien plus de dégâts. Toutefois, il était trop tard, Philippe était arrivé à portée de Klarion et l’empoigna par le col, approchant sa rapière ardente suffisamment près pour que le sorcier n’en ressente toute la chaleur.
- Je… Ah… Haletait Philippe, trempé de sang et de sueur. Vous… êtes à… ma merci. P-pour ma p-princesse !
- Puisque vous le prenez sur ce ton, lui répondit Klarion en laissant un rictus sardonique se dessiner sur son visage à la beauté sibylline.
Klarion bougea doucement une main avec un seul index levé. Il porta sa main jusqu’au visage de Philippe, passant son doigt sur sa peau comme s’il lui accordait une caresse, causant chez le damoiseau un recul tant surpris qu’interloqué. Mais ce n’était pas le contact masculin qui avait intéressé le Psychomancien, mais plutôt ce qu’il avait réussi à conserver sur le bout de son doigt fin. Au sommet de son ongle, on pouvait distinguer une petite perle carmin, parfaitement ronde et opaque : une perle de sang. La sphère rouge s’éleva alors à quelques centimètres au-dessus de l’index, imbibée d’une étrange énergie vert émeraude dont l’éclat se répercutait également au creux des iris du sorcier. Cette lueur si inquiétante et froide était la même qu’une certaine personne avait eu le malheur d’apercevoir plus tôt dans cette rocambolesque journée…
- Vociférez tant que vous le voulez, continuait Klarion en pointant son doigt vers Philippe. À aucun moment vous ne pourrez voir, entendre, ni même toucher votre « princesse ». Puisse-t-elle être sous votre nez que vous ne remarqueriez même pas sa présence.
La perle de sang se consuma en de petits filaments de flammes vertes qui partirent se loger au creux du torse de Philippe ; la rencontre avec la malédiction lui fit lâcher sa rapière qui partit s’éteindre sur les pavés en un tintement métallique.
- Le seul moyen de vous délivrer de ce maléfice sera d’en trouver… une autre, acheva Klarion d’un air impérieux et satisfait.
Philippe ploya enfin ses genoux, avant de s’affaisser sur lui-même, vaincu.
- Vous vouliez affronter un monstre, vous avez été servi. Athénaïs, nous partons..
L’autoproclamé chevalier Philippe, galvanisé par la présence d’Athénaïs, avait sorti sa rapière de son fourreau et la pointait en direction de Klarion en le dardant d’un air courroucé. L’arme du bellâtre était magnifique, un trésor d’orfèvrerie, avec sa garde en feuille de vigne d’un superbe doré, quelques reflets vermeil venant magnifier son éclat. La lame était parfaitement droite, mais étrangement fine. Klarion n’était pas escrimeur, ni particulièrement amateur d’armes blanches, mais il n’avait pas besoin de l’être pour savoir que son épée longue n’avait pas vocation à être utilisée, mais exposée. Pourtant, le propriétaire amoureux ne semblait avoir cure de l’état peu pratique de son accessoire et avait l’air bien déterminé à en user face au mage noir. Autour d’eux, la rue s’était tue. Les commerçants avaient cessé de crier pour alpaguer les passants, les clients avaient détourné leur regard des marchandises pour admirer le spectacle. Des boutiquiers étaient même sortis devant leur porte ou s’étaient collés à leur vitrine, alertés par les cris de Philippe. Ce dernier bombait le torse comme un coq prêt à chanter au matin, ses pommettes si empourprées qu’on aurait pu les prendre pour deux prunes mûres. Klarion, arquant un sourcil tourna son regard vers Athénaïs, tordant la bouche :
- Dois-je vous rappeler que, malgré votre condition, vous conservez vos pouvoirs ? Ou avez-vous également été réduite en état de parfaite impuissance ?
- Comment osez-vous parler sur ce ton à mon adorée ?! Brailla Philippe, faisant deux pas en avant. Présentez vos excuses sur le champ, ou il vous en cuira !
Klarion porta à nouveau son attention vers le jouvenceau qui le provoquait. Ce dernier pinçait ses lèvres si fort qu’on peinait à les différencier de sa peau. Philippe fit un moulinet du poignet et brandit sa rapière au-dessus de sa tête. La feuille de vigne qui servait de garde luisit intensément et, quelques secondes plus tard à peine, la lame de la rapière s’embrassa, un voile de flammes d’ambre faisant disparaître le métal de vue.
Une épée enchantée, songea Klarion en fronçant ses sourcils. Je suppose que chaque prince charmant doit avoir eu droit à un coup de pouce du destin…
- Les yeux de ma dulcinée sont des fragments d’étoiles, sa chevelure est une queue de comète, son visage, une nébuleuse ! Par sa beauté, je vous terrasserai, monstre !
Le Psychomancien ne put réprimer une expiration moqueuse, atterré par la passion ivre du pauvre galant.
- C’est un monstre que vous désirez voir ? Fort bien, je ne vous priverai pas de ce plaisir.
L’étincelle qui brillait dans les yeux d’encre de Klarion s’embrasa pour devenir un feu ardent. L’arcaniste psychique étendit ses griffes mentales pour les faire fondre droit vers Philippe. Heurté de plein fouet, le prince charmant vacilla en arrière en poussant un puissant cri, alertant plusieurs habitants qui se ruèrent à leurs fenêtres, avides de commérage. Du sang jaillit de ses narines, et tourna son buste de droite à gauche comme si on lui assénait des gifles monumentales. Philippe grogna d’une voix gutturale en crispant son visage qui n’avait plus rien de séduisant. De la salive suintait de sa bouche, le sang qui coulait de son nez se mélangeant à sa bave, l’ignoble mélange continuant sa course en glissant dans son cou et son pourpoint. Il s’avança en foudroyant Klarion d’un regard qui ressemblait à celui d’une bête sauvage, son épée enflammée toujours active et bien dans sa paume. Balayant l’air en avant avec sa rapière, le coup enflamma quelques brindilles de fagot laissées sur le sol et manqua de mettre le feu à un panneau escamotable.
- Espèce de… ! Sale… ! Maléfique ! Je vais vous occire !
- Non, cela ne sera pas !
Ne bougeant toujours pas, Klarion continua son assaut mental en enfonçant ses griffes encore plus profondément dans l’esprit de son adversaire. Celui-ci ne courba pas l’échine, il continuait même sa progression vers le mage noir. Néanmoins, il se mit cette fois à cracher un mélange de sang et de bile par sa bouche, la mixture huileuse étouffant un nouvel hurlement de douleur. L’arcaniste se demandait s’il devait également utiliser son pouvoir de contrôle d’émotions pour encore plus prendre le dessus sur son opposant. Il ne faisait que peu d’efforts avec ses griffes mentales et savait qu’il aurait pu faire bien plus de dégâts. Toutefois, il était trop tard, Philippe était arrivé à portée de Klarion et l’empoigna par le col, approchant sa rapière ardente suffisamment près pour que le sorcier n’en ressente toute la chaleur.
- Je… Ah… Haletait Philippe, trempé de sang et de sueur. Vous… êtes à… ma merci. P-pour ma p-princesse !
- Puisque vous le prenez sur ce ton, lui répondit Klarion en laissant un rictus sardonique se dessiner sur son visage à la beauté sibylline.
Klarion bougea doucement une main avec un seul index levé. Il porta sa main jusqu’au visage de Philippe, passant son doigt sur sa peau comme s’il lui accordait une caresse, causant chez le damoiseau un recul tant surpris qu’interloqué. Mais ce n’était pas le contact masculin qui avait intéressé le Psychomancien, mais plutôt ce qu’il avait réussi à conserver sur le bout de son doigt fin. Au sommet de son ongle, on pouvait distinguer une petite perle carmin, parfaitement ronde et opaque : une perle de sang. La sphère rouge s’éleva alors à quelques centimètres au-dessus de l’index, imbibée d’une étrange énergie vert émeraude dont l’éclat se répercutait également au creux des iris du sorcier. Cette lueur si inquiétante et froide était la même qu’une certaine personne avait eu le malheur d’apercevoir plus tôt dans cette rocambolesque journée…
- Vociférez tant que vous le voulez, continuait Klarion en pointant son doigt vers Philippe. À aucun moment vous ne pourrez voir, entendre, ni même toucher votre « princesse ». Puisse-t-elle être sous votre nez que vous ne remarqueriez même pas sa présence.
La perle de sang se consuma en de petits filaments de flammes vertes qui partirent se loger au creux du torse de Philippe ; la rencontre avec la malédiction lui fit lâcher sa rapière qui partit s’éteindre sur les pavés en un tintement métallique.
- Le seul moyen de vous délivrer de ce maléfice sera d’en trouver… une autre, acheva Klarion d’un air impérieux et satisfait.
Philippe ploya enfin ses genoux, avant de s’affaisser sur lui-même, vaincu.
- Vous vouliez affronter un monstre, vous avez été servi. Athénaïs, nous partons..
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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Athénaïs n’avait pas bronché durant toute la scène, laissant à Klarion le soin de se défendre face au chevalier. Après tout, s’il voulait détenir le titre de chevalier-servant, Klarion devait se montrer digne de cette tâche ! Attendez … quoi ?
La demoiselle aux cheveux blonds teintés de rose et de pastel secoua la tête. Quelque chose clochait tout du long. Pourquoi sentait-elle de l’inquiétude à l’idée que le psychomancien puisse être blessé ? Que lui importait sa destinée, puisqu’une fois trépassé, le sort qu’il lui avait fait serait défait !? Et pourtant, n’avait-elle pas accueilli sa victoire avec un soulagement ? Non pas qu’elle fût sanguinaire au point de vouloir sa mort, mais il y avait dans son soulagement quelque chose d’autre.
Lorsque Klarion eut vaincu le dénommé Philippe et probablement ruiné son existence, les pièces s’échangèrent entre les curieux venus parier sur l’évènement. Athénaïs s’en voulait presque de ne pas avoir parié, tant que le spectacle avait eu de succès. Le psychomancien s’approcha d’elle et récupéra son sac, lui intimant de bouger avant que l’on ne s’intéresse d’un peu trop près à leur cas. Athénaïs ne se fit pas prier, étant particulièrement mal à l’aise du fait de son apparence. Elle se releva avec grâce et attrapa le devant de sa robe d’une main avant de passer son bras dans celui de Klarion.
« Je suppose qu’à présent, vous méritez le titre de chevalier-servant. dit-elle dans un soupir faussement agacé et à moitié soulagé. »
S’enfuyant au bras de Klarion dans les ruelles adjacentes, la jeune femme retrouva rapidement son chemin vers le lieu où la coursière devait a priori avoir déposé son paquet. Félicité était une amie de longue date de la famille Noirvitrail et avait toujours été d’un grand secours. Si elle ne répondait pas, c’était probablement qu’elle courrait un grand danger. Lorsqu’elle travaillait à Liberty, Félicité avait l’habitude d’utiliser comme point de livraison la boutique d’un tailleur, qui lui gardait ses colis. Il suffisait de montrer la baguette de bois gravée correspondant à celle utilisée pour le colis pour pouvoir le récupérer. Ce système permettait de s’assurer que seule la bonne personne puisse récupérer son bien. Pour cela, il suffisait de joindre les deux morceaux de bois et d’observer la correspondance des gravures.
C’était simple comme bonjour.
La boutique du tailleur était une fausse boutique située en haut des escaliers de la rue des Brocardiers. Elle n’était pas bien grande, mais présentait une devanture bien sous tout rapport. Derrière les vitres, on pouvait distinguer des habits aux coupes soignées et des tissus bien filés, qui débordaient des étals intérieurs. Bien entendu, cette boutique était fausse. La personne qui se trouvait à l’intérieur n’était pas un tailleur de formation, mais un homme de main du ghetto, dont la principale fonction était de garder les colis et de faire de cet endroit une devanture officieuse. Beaucoup soupçonnaient l’homme de s’être, par force d’habitude, pris d’affection pour la couture. On murmurait qu’il s’avait manier le point de croix comme personne, mais seuls les initiés pouvaient bénéficier de ses services sans se manger une mandale dans la mouille.
L’homme, dénommé affectueusement l’Aiguille, était au service des représentants officieux du ghetto. Il n’était pas nécessaire de connaître leurs noms, ou leurs visages. Leur simple existence et le fait qu’ils possédaient plusieurs installations comme celles-ci suffisaient à faire marcher le marché noir du ghetto. Et comme dans toutes activités à la frontière de la légalité, moins on posait de question et mieux on se portait. N’importe quel habitant du ghetto pouvait recourir à ce service postal informel, pour peu que tout le monde se taise et paie sa redevance.
C’était toujours mieux que de recourir à la poste républicaine la plupart du temps.
Lorsque les deux comparses parvinrent jusqu’en haut des marches de la rue des Brocardiers, ils furent accueillis par … une porte défoncée ?! Instinctivement, Athénaïs resserra sa prise sur le bras de Klarion.
« Oh non … »
Les conséquences d’une effraction dans un tel établissement pouvaient déclencher une cascade d’évènements qui risquaient de très mal tourner. Il y avait dans l’arrière-boutique quantité d’objets d’art et de biens précieux qui appartenaient à l’immigration reikoise …
La demoiselle aux cheveux blonds teintés de rose et de pastel secoua la tête. Quelque chose clochait tout du long. Pourquoi sentait-elle de l’inquiétude à l’idée que le psychomancien puisse être blessé ? Que lui importait sa destinée, puisqu’une fois trépassé, le sort qu’il lui avait fait serait défait !? Et pourtant, n’avait-elle pas accueilli sa victoire avec un soulagement ? Non pas qu’elle fût sanguinaire au point de vouloir sa mort, mais il y avait dans son soulagement quelque chose d’autre.
Lorsque Klarion eut vaincu le dénommé Philippe et probablement ruiné son existence, les pièces s’échangèrent entre les curieux venus parier sur l’évènement. Athénaïs s’en voulait presque de ne pas avoir parié, tant que le spectacle avait eu de succès. Le psychomancien s’approcha d’elle et récupéra son sac, lui intimant de bouger avant que l’on ne s’intéresse d’un peu trop près à leur cas. Athénaïs ne se fit pas prier, étant particulièrement mal à l’aise du fait de son apparence. Elle se releva avec grâce et attrapa le devant de sa robe d’une main avant de passer son bras dans celui de Klarion.
« Je suppose qu’à présent, vous méritez le titre de chevalier-servant. dit-elle dans un soupir faussement agacé et à moitié soulagé. »
S’enfuyant au bras de Klarion dans les ruelles adjacentes, la jeune femme retrouva rapidement son chemin vers le lieu où la coursière devait a priori avoir déposé son paquet. Félicité était une amie de longue date de la famille Noirvitrail et avait toujours été d’un grand secours. Si elle ne répondait pas, c’était probablement qu’elle courrait un grand danger. Lorsqu’elle travaillait à Liberty, Félicité avait l’habitude d’utiliser comme point de livraison la boutique d’un tailleur, qui lui gardait ses colis. Il suffisait de montrer la baguette de bois gravée correspondant à celle utilisée pour le colis pour pouvoir le récupérer. Ce système permettait de s’assurer que seule la bonne personne puisse récupérer son bien. Pour cela, il suffisait de joindre les deux morceaux de bois et d’observer la correspondance des gravures.
C’était simple comme bonjour.
La boutique du tailleur était une fausse boutique située en haut des escaliers de la rue des Brocardiers. Elle n’était pas bien grande, mais présentait une devanture bien sous tout rapport. Derrière les vitres, on pouvait distinguer des habits aux coupes soignées et des tissus bien filés, qui débordaient des étals intérieurs. Bien entendu, cette boutique était fausse. La personne qui se trouvait à l’intérieur n’était pas un tailleur de formation, mais un homme de main du ghetto, dont la principale fonction était de garder les colis et de faire de cet endroit une devanture officieuse. Beaucoup soupçonnaient l’homme de s’être, par force d’habitude, pris d’affection pour la couture. On murmurait qu’il s’avait manier le point de croix comme personne, mais seuls les initiés pouvaient bénéficier de ses services sans se manger une mandale dans la mouille.
L’homme, dénommé affectueusement l’Aiguille, était au service des représentants officieux du ghetto. Il n’était pas nécessaire de connaître leurs noms, ou leurs visages. Leur simple existence et le fait qu’ils possédaient plusieurs installations comme celles-ci suffisaient à faire marcher le marché noir du ghetto. Et comme dans toutes activités à la frontière de la légalité, moins on posait de question et mieux on se portait. N’importe quel habitant du ghetto pouvait recourir à ce service postal informel, pour peu que tout le monde se taise et paie sa redevance.
C’était toujours mieux que de recourir à la poste républicaine la plupart du temps.
Lorsque les deux comparses parvinrent jusqu’en haut des marches de la rue des Brocardiers, ils furent accueillis par … une porte défoncée ?! Instinctivement, Athénaïs resserra sa prise sur le bras de Klarion.
« Oh non … »
Les conséquences d’une effraction dans un tel établissement pouvaient déclencher une cascade d’évènements qui risquaient de très mal tourner. Il y avait dans l’arrière-boutique quantité d’objets d’art et de biens précieux qui appartenaient à l’immigration reikoise …
Invité
Invité
- Cessez de m'agripper le bras, râlait Klarion à l’intention d’Athénaïs, je vous ai transformé en princesse, pas en fille de marquise croqueuse de macarons ! Et ne vous collez pas à moi, je ne suis pas votre chevalier !
Le magicien secouait légèrement son bras afin que la demoiselle se décroche. Un peu plus et elle risquait de se mettre à planter ses ongles vernis au travers du tissu de sa manche. Athénaïs ne risquait pas de se calmer alors qu’ils s’approchaient de la boutique de l’Aiguille ; Klarion remarqua la porte enfoncée et sut que son bras allait encore en pâtir. La porte manqua de se décrocher entièrement de ses gonds lorsque le mage et la princesse entrèrent à l’intérieur. Dans la boutique, ils se retrouvèrent face à un incroyable chaos. Des rouleaux de tissus avaient été arrachés de leurs présentoirs et roulaient ça et là sur le parquet. Des épingles, aiguilles et coussins de couture avaient été dispersés ça et là tandis que des guirlandes de mètres ruban ruisselaient de tiroirs éventrés. Des mannequins avaient été renversés, des tambours à broderie éventrés, des dentelles dépareillées ; toute la mercerie baignait dans un désordre incommensurable. Quelqu’un était bien passé pour semer la pagaille et il n’y avait aucune trace d’employés ni même de clients dans la salle principale. Toutefois, la chose la plus surprenante que Klarion nota au milieu de ce fatras fut une traînée de boutons noirs qui menait droit vers l’arrière boutique. Un silence de mort régnait entre ces murs couverts de tentures et de pelotes, et le fait qu’il n’y ait pas âme qui vive ne faisait que renforcer cette atmosphère tendue qui les avait giflé dès qu’ils étaient entrés.
Klarion fit signe à Athénaïs de ne pas faire de bruit, il demeurait fort possible qu’ils ne soient pas seuls dans le commerce. Le sorcier noir voulait éviter à tous prix de donner l’occasion à un potentiel adversaire de les surprendre. D’autant plus que, à en juger par son attitude face au pauvre Philippe, la confectionneuse maudite semblait avoir oublié qu’elle était apte à se défendre et user de sortilèges de son propre cru. Klarion se sentait comme un chaperon n’ayant d’autre choix que de suivre sa pupille, sans aucune idée d’où il finirait par atterrir. À chacun de leurs pas, ils avaient l’impression de marcher sur une allée de graviers tant il y avait de bric-à-brac éparpillé sur les lattes de parquet. Les aiguilles et boutons craquaient sous leurs pieds tandis que les dés à coudre, parfois sous des morceaux de tissu, manquaient de les faire trébucher. Athénaïs était manifestement affolée ; Klarion avait conscience que l’inquiétude la rongeait de plus en plus vis-à-vis de sa coursière. Ils étaient partis avec l’idée que Félicité, la messagère, n’avait eu qu’un bête contretemps ; jamais ils ne se seraient attendus à pénétrer dans le terrier du lapin blanc. Il restait à savoir si le pays dans lequel ils échoueraient serait celui des merveilles ou des cauchemars.
- Doucement, chuchota-t-il alors qu’il soulevait le rideau vers l’arrière-boutique. Et a-rrê-tez de vous accrocher !
Pénétrant au travers du rideau, Athénaïs sur ses talons, Klarion passa le premier, marchant sur un monceau de boutons qui se mit à craquer comme une pile de biscuits sablés. Ces satanés boutons avaient ruiné leur approche discrète à force de faire autant de bruit en se brisant sous leurs semelles. Eux qui avaient fait tant d’efforts pour ne pas se faire surprendre, les voilà qu’ils se retrouvaient à l’image de ces boutons bruyants : vernis. L’arrière-boutique était moins colorée que la façade. Il y avait ça et là des caisses remplies de dossiers qui avaient été éventrées par ce qui avait l’air d’être… des serres ? Quelques rouleaux de cotonnade et de flanelle à motifs fleuris avaient subi le même sort et pendouillaient tristement depuis leur socle, menaçant à chaque instant de s’effondrer au sol. Il n’y avait aucune trace du propriétaire des lieux et, fort heureusement, aucune trace de sang ni spectacle macabre malgré tous ces signes de lutte. Ils crurent qu’ils ne trouveraient personne là aussi jusqu’à ce que Klarion ne manque de marcher sur une cheville alors qu’il avançait par-dessus des cartes du quartier étendues au sol. Ce n’est qu’en remontant le long de la jambe appartenant à la cheville que le Psychomancien découvrit une jeune femme au teint de café, semblable à celui d’Athénaïs avant sa transformation, ainsi que des cheveux crépus coiffés en de longues et fines tresses doublées de fils argentés. La réaction d’Athénaïs qui se précipita vers elle laissa Klarion deviner qu’il devait s’agir de Félicité, la coursière qui n’était jamais venue. Plus de peur que de mal toutefois, car une rapide inspection du pouls par l’artisane en robe suffit pour leur apprendre qu’elle était toujours envie, juste assommée.
- Je vous laisse avec elle, je vais inspecter le reste du bâtiment, dit simplement Klarion à Athénaïs.
Klarion passa derrière une table renversée sur le sol, au coin complètement éclaté et remarqua que, là aussi, il y avait une traînée de boutons. Intrigué, le sorcier se baissa pour en ramasser un et le passer entre ses doigts. Il ressemblait aux autres, une exacte copie des centaines d’autres boutons qui avaient été laissés là, à la surface d’encre dans laquelle il pouvait discerner son œil aussi froid que la neige polaire. Quelque chose le dérangeait à leur sujet ; la profusion de ces boutons, le fait qu’ils soient si fragiles, le bel éphèbe était certain qu’ils n’étaient pas que de simples boutons. Le triturant entre ses doigts, Klarion referma sa poigne sur le bouton et le sentit s’effriter tout doucement à l’intérieur de sa paume. Les éclats qui se détachaient comme la pâte sablée d’un gâteau et devenaient miettes lorsque Klarion serrait son étreinte. Quelle ne fut pas la surprise de Klarion lorsque, au milieu de sa main, il sentit quelque chose d’humide lui maculer la peau. L’ouvrant promptement, l’arcaniste psychique haussa des sourcils surpris en découvrant au creux de sa main non plus les échardes du bouton mais des gouttelettes carmin et opaques.
- Un sortilège de transmutation, souffla Klarion en comprenant ce qu’était toute cette allée qui les avait mené dans l’arrière boutique.
D’un seul mouvement, Klarion se précipita dans la direction vers laquelle partait la traînée de boutons. Il écarta une étagère renversée et libéra un passage vers un escalier descendant vers un sous-sol. Traversant les franges d’un rideau de bambous, le mage descendit un escalier de bois branlant aux lames des plus grinçantes. À chaque marche qu’ils passait, Klarion sentait bien les faux boutons glisser entre les lattes pour tomber sur un sol qui, à l’oreille, semblait fait de pierre. Se hâtant, le jeune homme descendit le plus vite possible en agrippant la rampe mais fut accueilli en bas par une mise en scène des plus sordides. Ne faisant même pas attention au mobilier, composé de boîtes fermées et de colis emballés, Klarion avait les yeux rivés sur le mur qui lui faisait face. Uniquement éclairée par une lanterne à flamme turquoise, une main humaine avait été plantée avec une aiguille à tricoter sur un guéridon. Le moignon exsangue goûtait encore, laissant tomber ses larmes rubicondes sur une pile de boutons. Derrière la main, sur le mur, on avait laissé un message en lettres aussi rouges que les gouttes :
Le magicien secouait légèrement son bras afin que la demoiselle se décroche. Un peu plus et elle risquait de se mettre à planter ses ongles vernis au travers du tissu de sa manche. Athénaïs ne risquait pas de se calmer alors qu’ils s’approchaient de la boutique de l’Aiguille ; Klarion remarqua la porte enfoncée et sut que son bras allait encore en pâtir. La porte manqua de se décrocher entièrement de ses gonds lorsque le mage et la princesse entrèrent à l’intérieur. Dans la boutique, ils se retrouvèrent face à un incroyable chaos. Des rouleaux de tissus avaient été arrachés de leurs présentoirs et roulaient ça et là sur le parquet. Des épingles, aiguilles et coussins de couture avaient été dispersés ça et là tandis que des guirlandes de mètres ruban ruisselaient de tiroirs éventrés. Des mannequins avaient été renversés, des tambours à broderie éventrés, des dentelles dépareillées ; toute la mercerie baignait dans un désordre incommensurable. Quelqu’un était bien passé pour semer la pagaille et il n’y avait aucune trace d’employés ni même de clients dans la salle principale. Toutefois, la chose la plus surprenante que Klarion nota au milieu de ce fatras fut une traînée de boutons noirs qui menait droit vers l’arrière boutique. Un silence de mort régnait entre ces murs couverts de tentures et de pelotes, et le fait qu’il n’y ait pas âme qui vive ne faisait que renforcer cette atmosphère tendue qui les avait giflé dès qu’ils étaient entrés.
Klarion fit signe à Athénaïs de ne pas faire de bruit, il demeurait fort possible qu’ils ne soient pas seuls dans le commerce. Le sorcier noir voulait éviter à tous prix de donner l’occasion à un potentiel adversaire de les surprendre. D’autant plus que, à en juger par son attitude face au pauvre Philippe, la confectionneuse maudite semblait avoir oublié qu’elle était apte à se défendre et user de sortilèges de son propre cru. Klarion se sentait comme un chaperon n’ayant d’autre choix que de suivre sa pupille, sans aucune idée d’où il finirait par atterrir. À chacun de leurs pas, ils avaient l’impression de marcher sur une allée de graviers tant il y avait de bric-à-brac éparpillé sur les lattes de parquet. Les aiguilles et boutons craquaient sous leurs pieds tandis que les dés à coudre, parfois sous des morceaux de tissu, manquaient de les faire trébucher. Athénaïs était manifestement affolée ; Klarion avait conscience que l’inquiétude la rongeait de plus en plus vis-à-vis de sa coursière. Ils étaient partis avec l’idée que Félicité, la messagère, n’avait eu qu’un bête contretemps ; jamais ils ne se seraient attendus à pénétrer dans le terrier du lapin blanc. Il restait à savoir si le pays dans lequel ils échoueraient serait celui des merveilles ou des cauchemars.
- Doucement, chuchota-t-il alors qu’il soulevait le rideau vers l’arrière-boutique. Et a-rrê-tez de vous accrocher !
Pénétrant au travers du rideau, Athénaïs sur ses talons, Klarion passa le premier, marchant sur un monceau de boutons qui se mit à craquer comme une pile de biscuits sablés. Ces satanés boutons avaient ruiné leur approche discrète à force de faire autant de bruit en se brisant sous leurs semelles. Eux qui avaient fait tant d’efforts pour ne pas se faire surprendre, les voilà qu’ils se retrouvaient à l’image de ces boutons bruyants : vernis. L’arrière-boutique était moins colorée que la façade. Il y avait ça et là des caisses remplies de dossiers qui avaient été éventrées par ce qui avait l’air d’être… des serres ? Quelques rouleaux de cotonnade et de flanelle à motifs fleuris avaient subi le même sort et pendouillaient tristement depuis leur socle, menaçant à chaque instant de s’effondrer au sol. Il n’y avait aucune trace du propriétaire des lieux et, fort heureusement, aucune trace de sang ni spectacle macabre malgré tous ces signes de lutte. Ils crurent qu’ils ne trouveraient personne là aussi jusqu’à ce que Klarion ne manque de marcher sur une cheville alors qu’il avançait par-dessus des cartes du quartier étendues au sol. Ce n’est qu’en remontant le long de la jambe appartenant à la cheville que le Psychomancien découvrit une jeune femme au teint de café, semblable à celui d’Athénaïs avant sa transformation, ainsi que des cheveux crépus coiffés en de longues et fines tresses doublées de fils argentés. La réaction d’Athénaïs qui se précipita vers elle laissa Klarion deviner qu’il devait s’agir de Félicité, la coursière qui n’était jamais venue. Plus de peur que de mal toutefois, car une rapide inspection du pouls par l’artisane en robe suffit pour leur apprendre qu’elle était toujours envie, juste assommée.
- Je vous laisse avec elle, je vais inspecter le reste du bâtiment, dit simplement Klarion à Athénaïs.
Klarion passa derrière une table renversée sur le sol, au coin complètement éclaté et remarqua que, là aussi, il y avait une traînée de boutons. Intrigué, le sorcier se baissa pour en ramasser un et le passer entre ses doigts. Il ressemblait aux autres, une exacte copie des centaines d’autres boutons qui avaient été laissés là, à la surface d’encre dans laquelle il pouvait discerner son œil aussi froid que la neige polaire. Quelque chose le dérangeait à leur sujet ; la profusion de ces boutons, le fait qu’ils soient si fragiles, le bel éphèbe était certain qu’ils n’étaient pas que de simples boutons. Le triturant entre ses doigts, Klarion referma sa poigne sur le bouton et le sentit s’effriter tout doucement à l’intérieur de sa paume. Les éclats qui se détachaient comme la pâte sablée d’un gâteau et devenaient miettes lorsque Klarion serrait son étreinte. Quelle ne fut pas la surprise de Klarion lorsque, au milieu de sa main, il sentit quelque chose d’humide lui maculer la peau. L’ouvrant promptement, l’arcaniste psychique haussa des sourcils surpris en découvrant au creux de sa main non plus les échardes du bouton mais des gouttelettes carmin et opaques.
- Un sortilège de transmutation, souffla Klarion en comprenant ce qu’était toute cette allée qui les avait mené dans l’arrière boutique.
D’un seul mouvement, Klarion se précipita dans la direction vers laquelle partait la traînée de boutons. Il écarta une étagère renversée et libéra un passage vers un escalier descendant vers un sous-sol. Traversant les franges d’un rideau de bambous, le mage descendit un escalier de bois branlant aux lames des plus grinçantes. À chaque marche qu’ils passait, Klarion sentait bien les faux boutons glisser entre les lattes pour tomber sur un sol qui, à l’oreille, semblait fait de pierre. Se hâtant, le jeune homme descendit le plus vite possible en agrippant la rampe mais fut accueilli en bas par une mise en scène des plus sordides. Ne faisant même pas attention au mobilier, composé de boîtes fermées et de colis emballés, Klarion avait les yeux rivés sur le mur qui lui faisait face. Uniquement éclairée par une lanterne à flamme turquoise, une main humaine avait été plantée avec une aiguille à tricoter sur un guéridon. Le moignon exsangue goûtait encore, laissant tomber ses larmes rubicondes sur une pile de boutons. Derrière la main, sur le mur, on avait laissé un message en lettres aussi rouges que les gouttes :
AIGUILLE
ANGUILLE
ANGUILLE
SON PONT EFFONDRÉ
SA TOILE DÉLACÉE
LION ET JOYAU T’ONT REJETÉ
BIENTÔT, PERDUE TA LIBERTÉ
BIENTÔT, PERDUE TA LIBERTÉ
Les mots avaient été signés d’un simple coup de griffes, les même qui semblaient avoir détruit le reste de la boutique, comme des serres d'oiseaux de proie. Cette fois, Klarion en était sûr, ils étaient pas au pays des merveilles.
- Athénaïs, je pense que vous devriez venir voir ça.
- Athénaïs, je pense que vous devriez venir voir ça.
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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crédits : 1369
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« Par toutes les étoiles … mais qu’est-ce que … dit-elle à moitié estomaquée. »
Après s’être assurée que Félicité n’était pas en danger, Athénaïs était partie rejoindre le psychomancien dans le sous-sol, en prenant garde à ne pas salir sa belle robe. La coursière était sonnée et allait dormir quelques temps, mais elle ne risquait plus rien. N’ayant pas spécialement envie qu’elle la voit dans cet état maudit, Athénaïs avait fait en sorte de la positionner de telle sorte à ce qu’elle puisse récupérer sans tomber dans une mauvaise position.
Elle avait suivi Klarion bien après qu’il soit descendu dans la cave, suivant les boutons éparpillés sur le sol avec inquiétude. La sauvagerie avec laquelle la boutique avait été attaquée ne ressemblait en rien à une descente de l’Office Républicain, et encore moins à un simple règlement de compte entre « gentilhommes » locaux. La mercerie n’était plus qu’un champ de ruines … Et compte-tenu de l’importance de ce lieu, les « honorables propriétaires » n’allaient pas tarder à rappliquer pour exiger des explications. Au vu des dégâts et de l’heure de la journée, Klarion et Athénaïs avaient tout au plus une petite demi-heure avant que les propriétaires ne rappliquent. Félicité était une tête connue. Il ne lui serait pas fait de mal.
Quant à Klarion et moi …
Athénaïs secoua la tête. S’ils se faisaient prendre ici par les patrons de l’Anguille, c’en était fini d’eux. Les Reikois installés dans République, et surtout la pègre, n’étaient pas tendres avec ceux qui s’amusaient à démolir leurs respectables commerces. A mesure qu’elle descendait les escaliers menant au sous-sol, elle ne pouvait s’empêcher de tressaillir à l’idée d’être attrapée, retenue, et que la malédiction devienne permanente pendant sa captivité.
Lorsque ses pieds touchèrent enfin le sol de la cave que Klarion avait découvert, la jeune femme fut saisie par le spectacle macabre qui s’étendait devant elle. Athénaïs, qui d’ordinaire avait l’estomac bien accroché à force de voir les vilaines blessures des soldats dans les dispensaires militaires, fut saisie aux tripes par la mise en scène sordide et dut s’adosser contre le mur donnant sur l’escalier pour reprendre son souffle.
Elle reconnaissait parfaitement cette main. Son propriétaire n’était nul autre que l’Anguille lui-même. Mais qui aurait pu lui en vouloir au point de lui couper la main, lui qui était si sympathique au naturel ? Qui était assez infâme pour faire une chose pareille !? A la fois terrifiée et furieuse, la demoiselle aurait retourné le bâtiment de fond en combles et mis le quartier sans-dessus-dessous pour pouvoir retrouver le coupable, mais la malédiction l’empêchait de se départir d’un tempérament plus … mesuré.
« Quel malheur ! Mais qui aurait bien pu concevoir cette macabre horreur ? commenta-t-elle dans un souffle.Et Klarion, que dire de tous ces boutons ? Mon esprit et moi butons ! Serait-ce une funèbre oraison ? Une invitation ?
La mise en scène semblait savamment calculée pour attirer l’attention. Une simple vengeance de ruffian n’aurait pas eu ce caractère si théâtral. Et ces boutons … cette référence à l’aiguille … La jeune femme avait des haut-le-cœur, mais était encore assez lucide pour comprendre qu’il s’agissait là de l’œuvre de quelqu’un qui avait mûrement réfléchi son geste et disposait d’assez de puissance magique pour non seulement réaliser de la transmutation, mais aussi mettre sur le carreau l’un des Reikois les plus costauds des environs.
Il fallait vite faire quelque chose …
Après s’être assurée que Félicité n’était pas en danger, Athénaïs était partie rejoindre le psychomancien dans le sous-sol, en prenant garde à ne pas salir sa belle robe. La coursière était sonnée et allait dormir quelques temps, mais elle ne risquait plus rien. N’ayant pas spécialement envie qu’elle la voit dans cet état maudit, Athénaïs avait fait en sorte de la positionner de telle sorte à ce qu’elle puisse récupérer sans tomber dans une mauvaise position.
Elle avait suivi Klarion bien après qu’il soit descendu dans la cave, suivant les boutons éparpillés sur le sol avec inquiétude. La sauvagerie avec laquelle la boutique avait été attaquée ne ressemblait en rien à une descente de l’Office Républicain, et encore moins à un simple règlement de compte entre « gentilhommes » locaux. La mercerie n’était plus qu’un champ de ruines … Et compte-tenu de l’importance de ce lieu, les « honorables propriétaires » n’allaient pas tarder à rappliquer pour exiger des explications. Au vu des dégâts et de l’heure de la journée, Klarion et Athénaïs avaient tout au plus une petite demi-heure avant que les propriétaires ne rappliquent. Félicité était une tête connue. Il ne lui serait pas fait de mal.
Quant à Klarion et moi …
Athénaïs secoua la tête. S’ils se faisaient prendre ici par les patrons de l’Anguille, c’en était fini d’eux. Les Reikois installés dans République, et surtout la pègre, n’étaient pas tendres avec ceux qui s’amusaient à démolir leurs respectables commerces. A mesure qu’elle descendait les escaliers menant au sous-sol, elle ne pouvait s’empêcher de tressaillir à l’idée d’être attrapée, retenue, et que la malédiction devienne permanente pendant sa captivité.
Lorsque ses pieds touchèrent enfin le sol de la cave que Klarion avait découvert, la jeune femme fut saisie par le spectacle macabre qui s’étendait devant elle. Athénaïs, qui d’ordinaire avait l’estomac bien accroché à force de voir les vilaines blessures des soldats dans les dispensaires militaires, fut saisie aux tripes par la mise en scène sordide et dut s’adosser contre le mur donnant sur l’escalier pour reprendre son souffle.
Elle reconnaissait parfaitement cette main. Son propriétaire n’était nul autre que l’Anguille lui-même. Mais qui aurait pu lui en vouloir au point de lui couper la main, lui qui était si sympathique au naturel ? Qui était assez infâme pour faire une chose pareille !? A la fois terrifiée et furieuse, la demoiselle aurait retourné le bâtiment de fond en combles et mis le quartier sans-dessus-dessous pour pouvoir retrouver le coupable, mais la malédiction l’empêchait de se départir d’un tempérament plus … mesuré.
« Quel malheur ! Mais qui aurait bien pu concevoir cette macabre horreur ? commenta-t-elle dans un souffle.Et Klarion, que dire de tous ces boutons ? Mon esprit et moi butons ! Serait-ce une funèbre oraison ? Une invitation ?
La mise en scène semblait savamment calculée pour attirer l’attention. Une simple vengeance de ruffian n’aurait pas eu ce caractère si théâtral. Et ces boutons … cette référence à l’aiguille … La jeune femme avait des haut-le-cœur, mais était encore assez lucide pour comprendre qu’il s’agissait là de l’œuvre de quelqu’un qui avait mûrement réfléchi son geste et disposait d’assez de puissance magique pour non seulement réaliser de la transmutation, mais aussi mettre sur le carreau l’un des Reikois les plus costauds des environs.
Il fallait vite faire quelque chose …
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