- Palais Impérial, Ikusa -

Décidément Tagar était tout à fait compétent dans ses nouvelles fonctions, pensant déjà à de grands projets et posant des questions importantes sur des sujets bien trop délaissés depuis plusieurs années par le Reike. Car si le Reike vivait pour faire la guerre, l'argent était le nerf de la guerre, c'était bien connu. Tagar s'intéressait donc là aux véritables sujets qui comptaient. Il était de notoriété que Tensai ne vivait que pour guerroyer et se désintéressait de ces questions économiques qui pourtant se devaient d'être au centre des débats. Zaïn repris un peu de poisson, tout en pressant un citron sur son saumon fumé, il répondit à son ami au sujet du milieu banquaire.

- Pour le coup, je pense qu'il serait intéressant de s'axer sur un modèle similaire à la Banque des Chaînes, fonctionnant de manière efficace à mon gout. Il marqua une pause.

- Du peu que j'en sais, l'Empereur se moque un peu de toutes ces questions, préférant les reléguer à ses conseillers. Mais... Tu as autour de toi des conseillers tout à fait plus compétents que moi dans le domaine, et connaissant ton intelligence, j'imagine que tu as déjà pensé à tout cela n'est-ce pas ?

Zaïn ne pensait pas apporter de nouvelles idées, et s'il pensait que Tagar ne cherchait qu'à confirmer ses plans en les exposant à son ami, il se devait de poser la question à Tagar, peut-être avait-il une idée derrière la tête, un plan ? Il était bien trop intelligent pour n'avoir aucun motif à ces questionnements. Mais ce qui était sûr c'était que l'hybride délivrait des réponses bien plus authentiques que n'importe quel conseiller, étant sur le terrain et ne dépendant pas de Tagar pour son salaire, contrairement à ses conseillers.

- Palais Impérial, Ikusa -

Des fois Tagar faisait très "républicain" dans sa personnalité, sa façon d'agir et son relationnel, toujours très souriant, authentique et surtout ouvert d'esprit. Tout à fait l'opposé de ce qu'on s'imagine d'un ministre de l'Empire, ou même d'un reikois en général, d'un point de vue extérieur. Zaïn était tout aussi souriant et ouvert d'esprit, mais au moins il avait le physique d'un bon reikois qui vie pour la bagarre, Tagar était plus républicain dans son physique, plus avenant. Et pourtant il était là, grand argentier de l'Empire, et il semblait très bien s'y acclimater. De par sa personnalité on pourrai penser qu'il se ferai manger dans le milieu de la politique, milieu empli de requins, mais Tagar était malin et savait se défendre, il n'y avait donc aucune raison qu'il se fasse écraser. Ce qui était une bonne chose : Au moins il en rentrerai pas dans le rang et défendrai ses idées et réformes.

- Rien à quoi tu n'aurai pas déjà pensé, je le crains. Il fit la moue, Tagar avait déjà assez de pain sur la planche comme ça.

- Et sinon, à part un magnifique bureau en cocobolo, un revenu conséquent et des serviteurs, qu'est-ce que t'apporte tes nouvelles fonctions ? J'entends par là, as-tu gagné en respect ? Il faisait référence à sa mère qu'il savait très censeure envers son fils.

Maintenant qu'ils étaient grands, la mère d'Arkady et Zaïn les laissaient libre de tous leurs choix, mais Tagar n'avait pas la même mère, lorsqu'il était contrôleur il se faisait matiner à outrance par sa mère. Alors maintenant qu'il avait un titre hautement honorifique, peut-être avait il obtenue sa liberté de mouvement ? Notamment sur le fait de pouvoir choisir sa moitié à sa convenance.

- Palais Impérial, Ikusa -

- Faut bien se conformer à la volonté de l'Imperium. Donna-t'il comme toute réponse au premier questionnement de Tagar.

Zaïn n'était pas du genre à suivre la loi à la lettre, s'en fichant un peu à vrai dire, car le principe d'une règle était qu'elle soit contournée n'est-ce pas ? C'était surtout car il trouvait toute astreinte bien ennuyeuse, le holmgang était à la source de son ascension, et c'était une tradition qui l'arrangeait dans ses affaires, qui donc mieux que Zaïn pouvait tirer plus profit d'un combat ? Il trouvait cela dommage que son ami Ministre souhaite réduire l'usage de cette pratique, mais s'il devait faire le choix entre se battre et perdre son commerce et abandonner cela mais prospérer, il choisirai la voie où il vivrai dans un palais. Se plier aux lois du Coeur n'était donc pas une question.

Tagar passa alors à la grande question sur la vie l'univers et le reste, celle qui l'a taraudait depuis toujours, du moins depuis que Zaïn le connaissait il savait que Tagar recherchait l'âme sœur. Et il semblait pour le coup suffisamment inspiré dans son explication pour que cela paraisse plutôt sérieux. Il avait tout pour lui, surtout ces derniers temps, alors Zaïn ne doutait pas que l'entreprise de son ami serai enfin une réussite. Il sourit à Tagar, content pour lui, tout naturellement, Tagar lui renvoya la question et Zaïn sourit encore plus largement.

- Tu sais comme je suis un grand séducteur, il rit de bon coeur, J'ai de maintes relations avec des femmes, mais aucune n'est assez vive pour perdurer, je le crains. J'ai aussi bien peur de ne pouvoir fréquenter de manière sérieuse ces jeunes demoiselles de la noblesse tout comme toi, car les parents de ce dernières ne peuvent envisager de marier leurs fille à un homme dans l'incapacité de leur livrer une descendance naturelle. Le sort n'est pas en ma faveur là-dessus. Il ne semblait pas triste du tout, souriant même. J'ai bien une favorite actuellement, pas non plus de basse extraction, mais elle ne semble pas disposée à s'investir dans une relation sérieuse. Et disons que je me complet dans cette situation de relations éparses. Conclu-t-il en balayant la possibilité de se marier d'un revers de main.

- Ce qui me fait penser que si tu as besoin d'un témoin lors d'une éventuelle cérémonie qui pourrait advenir, je serai à ta disposition là aussi. Glissa-t'il avec un clin d'œil.

- Palais Impérial, Ikusa -

Tagar était toujours de bon conseil, si l'on avait un problème, il suffisait de s'en référer à lui et il vous trouvait une solution toute préparée, un peu come un magicien. Il était comme ça Tagar, tenace. Quand n'importe qui se serai apitoyé sur son sort et aurait fini par accepter sa surdité, lui a traversé le détroit, a rassemblé un équipe de choc et a gravit les montagnes aux neiges éternelles pour se confectionner un remède magique à base d'une fleur particulièrement rare. C'était un sacré bonhomme ! Zaïn se redressa sur son fauteuil avant de lui répondre au sujet de l'adoption.

- Tiens, on en avait parlé lors de notre dernière rencontre et figure toi que j'y travaille justement, voit-tu, c'est une idée qui a pas mal murie... Mais je sais pas, peut-être suis-je encore trop jeune pour adopter finalement. Après, on dit que la mort peut te rattraper en tout instant, mais je ne pense pas qu'elle soit assez rapide pour me rattraper moi. Il afficha un large sourire qui découvrit ses dents.

Zaïn avait en effet entrevue cette possibilité d'adoption lors de son récent voyage à Courage. Enfin, pas adoption au sens propre du terme, mais il avait peut-être trouvé un nom à indiquer sur son Testament. Bien que son nom ne perdurerait pas, au moins tout ce qu'il avait bâtit, aussi peu soit-il, ne serai pas liquidé à sa mort. Et il ne pouvait raisonnablement léguer ses biens à sa sœur, pour des raisons analogues aux siennes. Il avait donc rencontré à Courage une jeune shoumeïenne orpheline qu'il a pris sous son aile. Et s'il finissait pa s'attacher à elle, il pourrait envisager à lui transmettre ses biens. Mais pas dans l'immédiat bien sûr ! Zaïn était à peine à la moitié de l'espérance de vie de son espèce. Osez le traiter de Papi et il vous enverra à la tombe avant lui.

Zaïn se leva alors de son fauteuil pour s'approcher plus près de la fenêtre, jetant un regard intéressé sur la vue qu'avait Tagar depuis son bureau du Palais. On pouvait y voir une bonne partie de la capitale plus bas, le port militaire ainsi que l'immensité de l'océan en cette journée ensoleillée. L'absence de bise limitait ainsi le nombre de navire en mer, bien que Zaïn pouvait apercevoir quelque voiles dans la baie, notamment le drapeau d'une cogue républicaine, l'emblème de la SSG que les voiles, ce devait être L'hypocampe, plus loin derrière, moullait Le Goliath, fleuron de la flotte militaire reikoise, trop massif qu'il était pour venir à quai, enfin, il pu reconnaitre les voiles bleue du Revenant, un navire de pêche renommé ainsi à cause d'une violente tempête dans laquelle tout le monde avait cru à sa disparition avant qu'il ne revienne au port six jours plus tard.

- Que pense-tu qu'on devrai faire de Mael ? Questionna-t'il de but en blanc, l'idée lui ayant traversé l'esprit.

Il en avait récemment parlé à Myriem qui bien évidemment ne demandait qu'à foutre les troupes reikoises hors de la dernière ville du Shoumeï. Il se demandait ce qu'en pensait son ami.

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Tagar figurait vraiment tout en haut de la liste d'amis de Zaïn. Il était toujours de bons conseils et disposé à donner un coup de main, de plus, il était l'ami le plus haut placé qu'il ai et de fait, le plus capable. Ils avaient une vision du monde relativement similaire et s'entendaient bien, se rendant service mutuellement et pouvant parler de banalités comme de sujets importants sans filtre. Zaïn lui sourit tout en levant un pouce lorsque Tagar lui signifia qu'il pourrai se prononcer en tant que parrain, une attention que l'hybride apprécia grandement.

Ils échangèrent ensuite au sujet de Mael, Zaïn fut attentif à la réponse de son ami. Une réponse qui s'avéra toute relative, comme à son habitude. Tagar réfléchissait vite et connaissait ses sujets, au point qu'il n'exprimait pas nécessairement son avis personnel dans les discussions qu'il menait. Mais Zaïn le connaissait suffisamment pour savoir que Tagar avait un avis sur tout, il abaissa donc son regard vers son ami avant de lui répondre, un sourire en coin.

- L'Empire s'est donné bien trop de mal pour conquérir et protéger la ville de Mael pour se permettre de lui rendre son indépendance, ç'aurai été un investissement gâché, du point de vue militaire, et une source de revenue perdue au passage. Quoiqu'il en soit, notre amie commune, Myriem de Boktor, compte bien utiliser toutes les ressources à sa portée pour atteindre une telle utopie. Mais quel en est ton avis personnel sur la question ? Je t'en prie, n'ai pas peur de parler. Zaïn ne voulait pas que ses amis se censurent en sa présence, ils pouvaient avoir confiance en lui, et il aimait à ce que ce soit réciproque.

Zaïn, lui, n'avait pas nécessairement d'avis sur la question. Il pensait que l'option qui conviendrai au plus grand nombre serait la meilleure.

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Zaïn vit alors son navire, le Vanguard, même à cette distance, il reconnu la coque blanche du trois mâts, tut au sud du port de la capitale. Un emplacement qu'il avait su obtenir en négociant avec le Capitaine de port, Rettesech Vir Ginne, car c'était un emplacement de choix, tout prêt de la digue extérieure, il n'avait qu'une dizaine de minutes grand maximum pour quitter la baie, contrairement à une trentaine de minutes à son ancien emplacement plus au centre de l'intérieur de la baie. Cela lui coutait certe plus cher d'être si bien placé auprès de la sortie du port de commerce, mais au moins cela lui faisait gagner un temps considérable, que ce soit dans ses affaires ou ses agréments.

- N'importe qui peu accéder à la grandeur, à condition d'avoir un petit coup de pouce extérieur. Il adressa un clin d'œil à Tagar.

Tout comme Zaïn, Myriem savait que si elle avait besoin d'aide, elle pouvait compter sur Tagar pour ce genre de problèmes administratifs.

- C'est pas une mince affaire, mais que je sache jusqu'à présent les protestions ne se sont pas faites des plus violentes. L'occupation reikoise parait comme un moindre mal aux yeux des habitants de la ville. Mais maintenant que les Titans ont été repoussés, l'empereur va surement avoir à proclamer l'une de ces options. Enfin ! Tout cela ne me regarde pas, mais comme on dit : "Occupe toi de la politique, ou la politique s'occupera de toi." Il sourit à Tagar avant de s'écarter de nouveau de la fenêtre, jetant un coup d'œil aux ouvrages de sa bibliothèque.

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Tagar rappela à Zaïn qu'il lui avait en effet proposé une virée en mer à l'occasion, ce qu'il serait particulièrement heureux de partager avec le nouveau ministre des finances, un honneur certe, mais un plaisir avant tout ! La navigation était une véritable passion, plus qu'un gagne pain, et c'était vraiment lors des virées en mer pour le plaisir que l'on ressentait toute la passion que la navigation engendrait, et d'autant plus lorsqu'on le partageait avec d'autres.

- Je crains qu'elle ai quelque peu perdu de son humour, mais je ne doute pas que ta présence lui fera débiter ses meilleurs traits. Une aura badine t'entoures, on ne peut s'empêcher de plaisanter en ta présence, va savoir pourquoi ! Et si tu prévois d'apporter une bouteille à l'occasion, un bon brandy sera le bienvenue à bord. Et voilà les plaisanteries qui fusaient.

- Mais j'y pense, d'entre toutes les magies que tu maitrise, n'y comptes-tu pas la magie de l'air ? Un élément que je rêve de voir à l'œuvre en navigation.

Il avait entendu parler de ces navires dont les capitaines maitrisaient l'élément de l'air afin de gonfler leurs voiles au maximum, atteignant des vitesses record. Zaïn avait un excellent navire pour atteindre près de trente nœuds en théorie avec un vent des plus favorables et toutes voiles dehors, il se demandait alors s'il pouvait atteindre ce nombre à l'aide d'un coup de pouce magique... Et ainsi battre le record du Seikai !

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Tagar sembla d'avantage emballé par la proposition de Zaïn que ce qu'il avait pu l'imaginer. En effet, les deux amis n'avaient jamais discutés de leurs passions en dehors de leurs travail... Peut-être parce que leurs vies étaient entièrement rythmées par leur métier, les loisirs ayant peu de place dans l'emploi du temps d'un petit entrepreneur en galère et d'un ministre surchargé par ses fonctions. Mais la pratique de la magie était l'une des passions de Tagar qui finalement ne s'était pas rendu à l'arène de Zaïn pour se battre mais pour s'exercer à la magie élémentaire, cela Zaïn l'avait tout à fait saisi. Alors s'il lui proposait de déployer ses pouvoirs durant une sortie en mer, Tagar redoublait de motivation.

- C'est une excellente idée, il va falloir apporter plus d'une bouteille dans ce cas, si l'on envisage de battre un record mondial. Voilà quelque chose qu'il faudra fêter.

Mais alors que Zaïn était censé être là simplement pour organiser une opération au service du Coeur, ils avaient finalement parlés de plein de chose, du passé, de leurs projets, mais aussi de divers sujets banals. Tagar revins donc à une discussion plus officielle mais tout à fait nécessaire au sujet du chevalier Ruyven. Zaïn lui répondit tout en continuant de parcourir les étagères d'ouvrages, constatant à son grand désarroi que c'était principalement des livres de compte.

- Tu fais bien de poser la question. Ruyven est toujours habité par ses velléités de liberté, mais c'est un homme sage et accepte sa condition tant qu'elle lui est imposée. Il pivota alors vers Tagar. D'ailleurs, comme j'ai rencontré Myriem à Courage il y a un mois, je lui ai donné des nouvelles de vive voix de son ami. Elle était soulagée d'apprendre que tu l'avait tiré d'un sale pétrin. Elle souhaite d'ailleurs te rembourser les vingt pièces d'or que tu m'avait fourni pour les enchères, que ce soit en argent comptant ou en te faisant cadeau d'une parrure pour ta furur épouse, ce sont ses mots. Il afficha un très large sourire, repensant aux paroles de la baronne.