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Citoyen du Reike
Parwan Sahriki
Messages : 48
crédits : 2585
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Combattant assassin
Alignement: Neutre bon
Rang: C
Parwan Sahriki
Race : Humaine
Sexe : Femme
Âge : 38 ans
Métier : Tisserande nomade
Taille & poids : 1m74 63kg
Alignement : Neutre Bon
Faction : Empire du Reike
Rang : Rang C
Religion : Shierak
Avatar : Raruurien
Pouvoirs et objets
Spécialisation: Guerrière Sous spécialisation : Assassin
- Agilité et précision augmentée P3 -
- Précisions:
- L’expérience d’une vie: L’enfance des montagnes, l’école nomade du combat, un entraînement rigoureux au fil des ans et, enfin, la guerre titanique.
Parwan est une prodige de la fronde.
Une fois la sangle au bout de son bâton, la Sahriki est un problème à toutes les distances. Se rapprocher, c’est offrir une plus grosse cible. L’atteindre au corps-à-corps, c’est affronter une adversaire coriace.
Son honneur de Sahriki lui interdisant d’affronter quelqu’un ignorant sa présence, elle s’annonce toujours lorsque sa cible lui tourne le dos.
Au combat, Parwan est une danseuse insaisissable, une accrobate se soustrayant obstinément à ceux qui voudraient la trancher.
Autour d’elle, les coups s’évanouissent dans l’air, les pans de ses vêtements poursuivent ses mouvements et compliquent leur lecture.
Entre ses doigts, son bâton danse avec elle. Tantôt instrument de mesure, tantôt gyroscope fou, il frappe la lame des importuns, maintient les corps à distance. Et à la moindre erreur, il frappe.
Parwan compense la puissance ordinaire de ses coups avec leur précision remarquable. C’est une combattante d’usure, une spécialiste de l’esquive et de la contre-attaque.
- Renforcement de la constitution physique P1 -
- Précisions:
- La campagne militaire de Shoumeï lui a infligé de nombreuses et douloureuses épreuves. Au contact d’autres combattants d’exception, Parwan a appris à concentrer rapidement son mana pour amortir les coups.
- Vision augmentée P2 -
- Ouïe agmentée P1 -
- Ouïe agmentée P1 -
- Précisions:
- Le fruit dd'une vie passée à arpenter les espaces arides du Reike.
- Méditation -
Objets
- Kerikh, bâton Sahriki: Sa longue gaffe de voyage, taillée dans un bois durci au feu puis traité dans un mélange de cire, de graisse animale et d’huile de lin. Dur comme de l'acier, son kerikh lui sert de bâton de marche, d’arme de corps à corps et, occasionnellement, de fustibale.
- Fronde en cuir
- Couteau tribal
- Potion de soin mineure
- Potion de perte de mémoire
- 420 crédits restants
Description physique et mentale
PHYSIQUE
Sur une dune solitaire à l’horizon ou dans l’effervescence d’un jour de marché, une Sahriki se reconnaît au premier coup d'œil ; long bâton en main, la silhouette flottante d’une cape beige, drapant deux épaisseurs de tuniques rentrées dans une robe serrée au ventre, robe tombant elle-même sur un pantalon large. Parwan chausse des bottes pointues à semelles de cuir s’arrêtant aux tibias. Elle couvre sa tête d’un voile lâché dans son dos, dissimulant sa longue tresse noire, et d’un chapeau traditionnel, circulaire et plat, qu’elle visse bas sur son front. Une écharpe dissimule son cou et le tatouage du Reike que chaque femme Sahriki porte à la jugulaire.
Un équilibre vestimentaire d’isolant et d’aéré, une savante alliance de lourd et de léger éprouvée par le temps et les éléments. Autant de tissus pris au vent, flottant paresseusement dans son sillage, qu’on imaginerait bien la nomade emportée comme une ombrelle.
En l’approchant davantage. on distingue le détail subtil de ses broderies, sa peau matte lavée par le sable et les rayons du soleil, l’arc pointu de sa lèvre supérieure sous son nez aquilin, son menton tatoué des deux losanges de sa lignée, ses yeux en amande enchâssant l’ambre enflammée de ses iris.
Ce sont ses yeux qui marquent le souvenir de ceux qu’elle rencontre. Ce regard d’oiseau de proie, perçant, au sens strict du terme. L’échange de regard est une base des interactions Sahrikis. Il permet, selon eux, d’outrepasser l’enveloppe charnelle et d’accéder directement à l’âme. Soutenir le regard durant une conversation est pour le clan un symbole de sincérité, une valeur partagée au Reike.
Parwan à la vérité chevillée au corps et rejette le mensonge, même de politesse, un ensemble qui peut la présenter comme scrutatrice et abrupte au premier abord.
En lui adressant la parole, on entend chanter l’accent d’une Shieraki de naissance, ayant appris le Commun sur le tard, sa langue enveloppant les “R” d’un plaisant roucoulement.
Une alimentation austère associée à un quotidien nomade fait de marches dans le sable, de montées à cru et d’escalades montagnardes ont formé sur Parwan un corps semblable à une sculpture de bois, presque aussi dure et lisse au toucher. Ses jambes et ses bras évoquent des arcs d’if, toujours entre repos et tension. Une silhouette de femme aux cambrures subtiles, dont seule la lueur rasante d’une flamme sait dévoiler le relief secret.
PSYCHOLOGIE
Parwan est une croyante, une spirituelle du quotidien. Une vie de silence et de contemplation face à l’immensité du désert en ont fait une personne intérieure. Elle voit l’empreinte des Astres dans chaque chose de la vie de tous les jours.
En bonne Sahriki, c’est une femme de patience et d’endurance dans la passivité, mais diligente et rigoureuse dans l’action.
L’essence des valeurs du Reike coule dans ses veines, enduite par la rudesse de son mode de vie. Honneur et vérité sont les valeurs absolues par lesquelles elle donnerait sa vie sans atermoiement.
Pour elle, la mort est la seule justice ; seul l’honneur ou la liberté peuvent s’y substituer. L’esclavage est donc une bien juste compensation.
Parwan croit en la règle de subjugation. Chacun est voué à reconnaître la force où elle se trouve et à s’y soumettre. Ceux qui s’y dérobent s’engagent sur une voie masquée du regard des Astres. Pour cela, Parwan se méfie davantage des faibles que des puissants car ceux-ci usent de la traitrise pour vaincre.
Son éducation la porte à aisément respecter la parole masculine. Désormais veuve, elle prend le temps de juger son interlocuteur avant de lui accorder son obéissance.
Malgré sa morale raide comme l’acier et sa foi adamantine, Parwan reste humble et garde l’ouverture d’esprit propre à la foi Shierak. Par son premier époux, elle a conscience de son ignorance des choses du monde. Elle traite avec respect la connaissance et les phénomènes qui lui échappent.
Parwan a des tendances claustrophobes et une horreur des grottes et des souterrains couplée à une arachnophobie confirmée. Fille du désert, elle supporte fort mal l’humidité et son incapacité à nager lui fait craindre les étendues d’eau.
Elle aime les montagnes plus que toute chose et leur seule vue la remplit de joie.
Histoire
- >Trop long, pas lu & Thème musical<:
- Parwan est une semi-nomade du clan Sahriki.
Elle grandit dans la nature sauvage du Reike, modeste éleveuse de chèvres élevée dans la foi Shierak. Une fois devenue femme, combattante et épouse, des évenements tragiques la voient remariée par trois fois.
La seconde moitié de son existence se déroule dans un isolement paisible à la frontière entre montagne et désert. Lorsqu’enfin elle se retrouve seule, sans quiconque à suivre ou à servir, elle se sent perdue et prend la route en quête de terres lointaines où peut-être elle comblera ce vide nouveau.
Sukûn al-layl fî Baghdad : https://www.youtube.com/watch?v=SftxmD5dO_w
- >Annexe:
- -72 de l’Ere des Mortels. Royaume du Reike.
Dans une ruelle de Kyouji éclairée par les féroces rayons du début d’après midi, une modeste maison de thé accueille les retrouvailles de deux érudits Républicains. Maître Artaud Salamanzin reçoit maître Samuel Efrat, revenant d’un voyage à la capitale Ikuza.
“Maître Artaud !” Les deux hommes se serrent la main chaleureusement.
“Ravi de vous voir. Comment avancent vos travaux ?”
“Samuel. Ne perdons pas de temps. Asseyez-vous, le thé fume encore.” Son confrère s’exécute, écoutant l’ethnologue avec attention. “J’ai passé les derniers mois avec un clan des montagnes, les Sahriki. Ils sont l’objet de ma prochaine publication.”
“Les montagnes, dites-vous ?”
“La chaîne au nord de Taisen. Les locaux l’appellent Valshek Krazaaj.” Il prend une gorgée.
“Les Sahrikis sont un clan austère, discret. En ville, on les remarque à la silhouette de leurs femmes, avec leurs amples capes de voyage et les coiffes dont elles se couvrent les cheveux. Les hommes prennent grand soin de leur barbe et exhibent des tatouages astraux sur leur front et leurs bras.”
“Ah ! Je crois en avoir croisé quelques spécimens aux portes de la cité. Ils n'appellent pas à la conversation, ma foi.”
“Ils sont d’ascendance barbare de langue shierak qiya. Il y a quelques siècles, ils vadrouillaient encore dans les dunes, saccageant villages et caravanes. Mais par nature, les clans pillards s’affrontent et s’éliminent les uns les autres. Leurs procédés persistent par ceux qui les ont vaincus, mais leurs noms disparaissent souvent des mémoires. Les patriarches Sahrikis de naguère ont anticipé une telle fin et poussés leurs ouailles vers des perspectives plus durables.”
“Qu’entendaient-ils par là ?”
“Délaisser les pillages pour l’élevage, embrasser une forme de sédentarité et adopter la nationalité Reikoise. Trois aspects qui communiquent entre eux de manière surprenante, les patriarches étaient astucieux.”
“La sédentarité ? Ne parliez-vous pas de peuple nomade dans votre lettre ?”
Artaud lui intime d’être patient d’un geste de la main.
“L’élevage, d’abord. Les Sahrikis élèvent des chèvres dont ils revendent les produits laitiers et le textile. Ils font paître leurs troupeaux sur les territoires sédentaires, offrant leur protection en retour. Leurs tarifs sont si bas qu’aucune troupe mercenaire ne peut s’y aligner. A la saison chaude, ils plient leurs tentes et disparaissent dans les montagnes du nord de Taisen.”
“Valshek Krazaaj.”
“Précisément. Sa partie aride. C’est là que réside la face sédentaire du clan Sahriki. Dans des villages inaccessibles, agrippés à flanc de montagne. Ils y transforment le lait en produits raffinés et les poils de chèvre en fil textile.”
Artaud remarque avec satisfaction l’expression songeuse de son confrère.
“Assurément, ils ne mangent pas leurs propres chèvres. De quoi se nourrissent-ils ?”
“C’est ici que la couronne vosdraak joue son rôle, mon cher Samuel. En adoptant la nationalité Reikoise, le clan se place sous l’égide de l’argenterie royale. Ils bénéficient du partage des richesses qui leur procure blé, pignons, semoule, concombres et fourrage qui manque à leur quotidien. En retour, les Sahrikis font de bons contribuables et sont connus pour respecter le Code. Le clan s’implique peu dans la société reikoise, je doute par exemple qu’ils respectent à la lettre les règles d’esclavage, mais il conserve une bonne réputation. ”
“Astucieux ancêtres.” acquiesce Samuel.
Les deux hommes échangent quelques réflexions économiques autour de leurs tasses vides. Samuel remplit la sienne et celle de son interlocuteur.
“Qu’en est-il des Sahrikis eux-mêmes ?”
“Mh… Ne laissez pas des titres comme “semi-sédentaires“ ou “éleveurs de chèvres“ vous tromper. Ces gens sont aussi rudes et austères que leur milieu de vie.
Ils sont trempés à la chaleur du Soleil, à l’air glacial de la nuit, au choc des lames, à la roche escarpée des montagnes ! Là où les bêtes vont, les Sahrikis suivent. Quand bien même elles s’engagent le long d’un précipice vertigineux.”
“ Ça par exemple. “
“Le clan est surnommé les « Chèvres noires » pour une bonne raison. Ce sont d’excellents montagnards. Leurs maisons seules suffisent à donner le vertige. “ Artaud reprend une gorgée, visiblement frappé d’un souvenir précis.
“ Ils possèdent peu, mangent frugalement... La stature d’un Sahriki se mesure à la taille de son troupeau et à la valeur de sa femme.“
Artaud remarque un nouveau haussement sur le sourcil de Samuel.
“Le rôle de la femme Sahriki est d’assurer la lignée de son époux en lui donnant des enfants. On ne vit pas vieux dans le désert et la mort fait partie du quotidien. La fertilité d’une femme est primordiale. Jadis, les barbares prenaient multiples épouses et la question ne se posait pas. Mais en embrassant le culte Shierak il y a des siècles, la monogamie s’est imposée. Aujourd’hui, une bonne épouse doit pouvoir donner sept à huit enfants, mâles de préférence. “
“ Eh bien, ma foi ! Des pratiquants du Culte des Astres, donc ? “
“Des mystiques. Un de ses courants fondamentalistes, fréquent chez les nomades. Ils voient dans les récits Shieraks un idéal à reproduire dans le Monde des Vivants. Il gravite principalement autour du couple. L’homme représente le Soleil, le jour. L’autorité et la puissance. La femme représente la Lune, la nuit. L’épouse protectrice et apaisante. Par un concept ésotérique, ils considèrent la Lune comme étant “l’ombre du Soleil“ ou shehk zanisshi.
Les Sahrikis réfèrent d’ailleurs à leurs femmes comme leur “ombre“, “mon ombre“ ou “mon Soleil“ à l’inverse. Les femmes doivent suivre leurs hommes fidèlement, au foyer comme au combat.
Certains disent qu’un homme Sahriki ne regarde jamais par-dessus son épaule car c’est le rôle de sa femme. Cela varie selon les familles. Vous verrez certaines se positionner différemment autour des hommes selon l’heure de la journée, telles des cadrans solaires. Observez attentivement, la prochaine fois que vous en croisez. “
“Singulier. Les femmes combattent donc avec leur mari ?“
“Elles ont un rôle protecteur, comme je l’expliquais. Rarement offensif. Elles excellent à cet instrument nommé fustibale : Une fronde attachée à l’extrémité d’une longue gaffe en bois. Le clan leur prohibant l’accès au service militaire, il se charge de toute leur éducation. “
Un jeune Reikois aux cheveux bouclés, allant pieds nus sur la terre battue, apparait sur le seuil de la maison de thé. Un volumineux ballot de voyage repose sur son épaule.
“Docteur Efrat, les bêtes sont chargées, la caravane vous attend. “
“Déjà l’heure du départ, Samuel ?“
“Je le crains, cher ami. “ dit-il en se levant. “Ce fut bref, mais des affaires m’attendent à Liberty. L’académie sera ravie d’entendre de vos nouvelles. Jusqu’au revoir, Artaud. “
“Jusqu’au revoir, mon cher Samuel. “
- >Annexe:
- L’ataki Shierak est une des multiples interprétations religieuses des récits Shierak. Une branche fondamentaliste et mystique. Ce segment survole ces interprétations et leur impact sur la vie de ses pratiquants. Cela vous aidera à vous faire une idée de l’état d’esprit de Parwan.
“Bénis soient les Astres et leur course dans le ciel. Bénis soient les rayons de Jalan et de Shehk, ainsi que ceux qui les craignent. Béni soit leur regard absolu, dans la vie comme dans la mort."
Shehk, le Soleil, est père de toute vie et de la force vitale. La mort n’est que la manifestation de Shehk, récupérant ce qu’il lui appartient. Prendre la vie est aussi arbitraire que la donner, il est vain de s’en offusquer. Il incarne la puissance sous toutes ses formes et les Êtres vivants se doivent de craindre ses rayons.
Jalan, la Lune, est l’épouse du Soleil, bergère de l’âme des défunts. A la nuit tombée, elle se tient parmi les ancêtres et veille sur Sekai en l’absence de son époux. Le cycle de la Lune est celui de la maternité. Les âmes amorcent leur réincarnation par une renaissance spirituelle dans le ventre de Jalan avant leur renaissance physique. A chaque nouveau cycle, Jalan est fécondée par Shehk, et la pleine Lune est l’occasion d’une fête où nombre de mariages sont célébrés.
Les Sahrikis prient au lever du Soleil, afin de rendre grâce au don de vie accordé par l’astre divin. A la nuit tombée, ils prient la Lune et les étoiles des ancêtres avant d’aller se coucher.
L’homme est le visage de Shehk sur Sekai. Il est passeur de cette force vitale. Son devoir est de prendre épouse et d’y insuffler la semence de Shehk qu’il porte en lui. En guerrier clairvoyant, il se doit de reprendre le don de vie avec discernement. En chef de famille éclairé, ses décisions menent les siens et c’est à lui que revient le dernier mot. Les hommes mènent traditionnellement les prières au Soleil.
La femme est le visage de Jalan, la Lune, sur Sekai. Elle est la protectrice du foyer, soulageant l’homme de sa tâche à la nuit tombée. Son devoir est de porter en elle la semence vitale transmise par son mari afin d’assurer sa lignée. Les femmes mènent traditionnellement les prières à la Lune et aux ancêtres. Elles portent la mémoire du clan et content son histoire aux jeunes générations.
L’homme peut aller tête nue en intérieur, un fois hors de vue de l’astre divin. La femme n’y est autorisée qu’en l’absence d’un homme, à l’exception de son mari, son regard étant l’extension des rayons du Soleil sacré.
Chantres de la vérité, détracteurs du mensonge et de la dissimulation, les Sahrikis voient un ciel couvert comme un mauvais présage et apprécient peu de rester en intérieur trop longtemps.
Le ventre féminin est une matrice formant une coquille vivante autour de l’âme prête à s’incarner. L’enveloppe corporelle n’est qu’un réceptacle animé grâce à la semence vitale de Shehk. A la mort, l’âme quitte cette coquille vide qu’il faut ensuite brûler pour en disperser les cendres. Un grain seul survivra au temps et rejoindra tôt ou tard le sable du désert. L’Ataki Shierak considère que le désert du Reike est exclusivement composé des grains quintessentiels et indivisibles de chaque être vivant depuis la naissance de Sekai.
Par conséquent, la nécromancie est un blapshème mortel, étant donné qu'un être non-divin s'arroge les droits de vie réservés au Soleil pour animer sa création.
Connus pour leur regard perçant, les Sahrikis cherchent l’âme dans chaque être vivant. Il est vain de juger de l’apparence d’une coquille ; la laideur physique n’existe pas pour un Sahriki. Mais c’est son devoir d’entretenir l’enveloppe de son âme pour ne pas offenser les Astres. Être sale ou se prostituer est considéré comme une insulte. Le suicide est les plus grand affront au don de vie et banni l’âme de sa place parmi les étoiles.
L’amitié est une valeur forte pour les Sahrikis. La relation entre deux âmes peut être puissante et parfois brouiller la distinction avec l’amour. Il est n’est pas rare de voir deux hommes ou deux femmes échanger des gestes de tendresse ou se tenir la main. Une cérémonie y est même dédiée. L’amitié entre sexes opposés est en revanche très rare car elle demande l’accord de l’époux.
I. ENFANCE
Parwan naît sixième enfant de Keljus Sahriki et de son épouse Merhya.
Modeste guerrier du clan Sahriki, Keljus élève ses enfants dans la sévérité et le dénuement. Les bénéfices qu’il obtient de son humble troupeau de chèvres sont rendus au clan ou en offrande aux Astres.
Parwan et ses soeurs apprennent très tôt les exigences d’une femme Sahriki.
A six ans, Parwan sait mener seule les chèvres aux pâtures, filer leur poil, traire leur lait, en faire du fromage, de la crème ou du beurre. Elle reste une enfant turbulente que ses parents doivent corriger sans cesse. Elle prend vite goût à la fronde de ses grandes sœurs, et récolte d’autres corrections pour son choix d’ustensiles de cuisine en guise de cibles d'entraînement.
A grand renfort de temps et de coups de ceinture, Parwan s’assagit. A huit ans, elle sait broder, connaît par cœur les chants et les prières Shierak. Elle prend activement part aux rites du clan et aux discussions religieuses avec les anciens, au grand soulagement de sa mère, Merhya.
La jeune fille en vient à apprécier la solitude lorsqu’elle mène le troupeau paître au creux des dunes. Sa nature attentive et son inclination pour la fronde en font une redoutable bergère des sables. Au même âge, elle peut atteindre un Lanconda de bonne taille à cent pieds de distance.
Naviguer le désert est un quotidien de mortelles rencontres pour le clan ; se succèdent les accrochages avec les barbares à l’orée des villages, les Holmlangs entre ethnies rivales menant parfois à la confrontation générale, les embuscades de pillards ou les rencontres avec des créatures sauvages. Son jeune âge interdit Parwan de s’en mêler, mais le tumulte frénétique du combat l'interpelle, tout comme les visages tachés de sang de ses parents après une mêlée, les cris de souffrance des captifs, le corps de membres du clan gisant inerte dans le sable. Un oncle, un cousin parfois.
C’est à la tombée de la nuit, lors de ces rites funéraires que Parwan comprend la nature de la mort. Ce n’est qu’un voyage retour, la personne aimée quittant leur côté pour rejoindre celui des ancêtres. Sa voix disparaît mais sa présence subsiste chaque nuit dans le ciel. Durant la cérémonie, les anciens désignent les étoiles vers lesquelles les âmes peuvent s’élever. Le clan les guide pour le voyage. Sahrikis et adversaires sont brûlés séparément et rendus au désert. C’est aux vaincus de retrouver seuls le chemin des étoiles.
La mer de dunes plaît à Parwan mais son cœur va aux montagnes du nord de Taisen. Leurs flancs rocheux, titanesques et fiers, leurs hauteurs vertigineuses la fascinent.
Toute la journée durant, elle peut disparaître avec ses chèvres sur les sentiers de rocaille sans que nul ne s’en inquiète. Elle trouve un escarpement rocheux ou un à-pic vertigineux et laisse les bêtes s’y aventurer à la recherche de pousses ou de buissons, leurs sabots fendus faisant fi du précipice mortel les appelant à chaque pas. Parwan pose alors sa gaffe en bois et monte les rejoindre, étreignant la paroi et surveillant ses chèvres au-dessus de l’abîme.
La jeune Sahriki ne se lasse pas de l’exaltation qui l’envahit, agrippée contre la roche à des centaines de mètres du sol. Ici, sous le Soleil brûlant, elle embrasse l’ampleur de Sekai et sa propre insignifiance. Elle s’y sent comme un insecte sur le genou d’un titan. Au fil du temps, elle gagne l’aisance de ses bêtes au-dessus du vide. Son père lui fait à cette époque le seul compliment de sa vie.
“Les chèvres rendent du bon lait quand tu les envoie pâturer. Continue comme ça, ma fille.”
Bergère comme troupeau sont parfois la cible de wyvernes solitaires. La fronde de Parwan se révèle une dissuasion efficace contre ces dragons primitifs, contraints de composer avec le relief des montagnes. Pourtant, certaines chèvres n’échappent pas aux serres des plus persistantes. Parwan préfère cela à finir proie elle-même, une de ces créatures manquant par une fois de lui arracher la tête.
A dix ans, Parwan rencontre Azher, le garçon à qui elle a été promise. D’un mois son aîné, ils ont peu de choses en commun. Azher aime les villes, les commerçants étrangers, les histoires écrites sur papier, il apprend la langue commune et rêve de voyager. A l’’opposé polaire de sa future épouse, amoureuse illettrée des étendues sauvages du Reike. Leurs incompréhensions déclenchent de nombreuses disputes, qui se transforment avec le temps en provocations plus affectueuses. Le garçon s’amuse beaucoup des réactions offusquées de sa fiancée lorsqu’il la traite de “chèvre” ou de “cerveau mort”. La jeune fille se surprend à prier pour lui, espérant que ses lectures étranges et son désamour du désert n'offensent pas les ancêtres.
II. AZHER
A douze ans, ils sont officiellement fiancés avant le départ d’Azher pour son service militaire. Comme chaque couple Sahriki, ils se promettent l’amour éternel. Dans la tradition, la femme doit attendre son époux cinq ans durant. Elle doit être préservée de la vie de caserne et de son esprit de collectif, ses pleines pensées devant aller à son époux dans l’attente de son retour.
En lieu et place des casernes de Tensai, les filles Sahrikis sont envoyées à la Maison des Matriarches, Okra krista. C’est là, avalées par une crevasse perdue dans le reg Reikois qu’elles reçoivent de leurs aînées une éducation théorique, spirituelle et martiale. Leur apprentissage se fait coupé du monde extérieur, dans une réclusion presque monastique. A chacune est attribuée une cellule d’où elles ne sortent que pour les leçons. L’isolement doit leur prodiguer patience, élévation spirituelle et tempérance. Elles apprennent à manier le kherikh Sahriki, un long bâton de bois renforcé au bout duquel est attachée une fronde. De longues heures durant, les jeunes filles doivent parer les coups de leurs tutrices et endurer les blessures sans gémir. Prières et méditations leur permettent de recouvrer leurs forces, soigner leurs hématomes mais aussi de s'éveiller à la maîtrise des arcanes. Enfin, on leur enseigne l’écriture et la lecture à l'instar de leurs semblables masculins.
Au grand désarroi de la jeune fille, Azher continue de la railler dans les lettres qu’il lui envoie chaque semaine. Elle est contrainte de se faire lire ses provocations à plusieurs reprises avant de pouvoir les déchiffrer elle-même. Il s'y demande en plaisantant si cinq ans suffiront à transfigurer son animal de fiancée en épouse digne de lui.
Son incapacité à tenir une plume et son désir de revanche font naître chez Parwan l’étudiante qu’elle n’a jamais été. Lorsqu'enfin elle peut coucher sur papier son agacement offusqué, sa lettre rencontre les compliments du garçon, ce dernier ne manquant pas de moquer sa plume mal assurée. Ils se promettent un duel de mariage, le jour de leur retrouvailles.
Cinq ans s'écoulent à Okra krista, comme de la poix sur une dalle inclinée. Elles pèsent sur l’esprit de Parwan, la montagne et l'horizon lui manquant affreusement. Alors elle s'échappe en elle-même grâce aux méditations enseignées par ses aînées, se projetant mentalement, suspendue au-dessus d’un précipice montagneux.
Méditations, entraînement, méditations encore… A force d’alterner entre intériorité et extériorisation, Parwan prend lentement conscience de sa propre mana et parvient à en faire usage pour décupler ses sens. Elle sent cette énergie qui épaule ses muscles, fouette ses connexions nerveuses. Elle échappe aux coups plus souvent qu’ils ne rencontrent son bâton. Elle danse parmi les frappes et les obstacles de la cour d’entrainement. C’est enfin une guerrière.
Certaines de ses sœurs Sahrikis font preuve de talents magiques qui dépassent le plan physique: pyromancie, lévitation… Parwan n’y parvient pas.
Son second moyen d’évasion vient des lettres d’Azher. Au fil des ans, ils se sentent changer l’un l’autre, mûrir. Le garçon exprime son désintérêt consommé pour la chose martiale. Il s’éclipse dès que possible les jours de marché, fait rentrer des recueils de poèmes en sous-main dans son dortoir, envoie les siens à sa future femme, parle sans cesse de voyages et de lieux sans déserts: Sancta, Liberty, Courage…
A dix-sept ans, la veille de son départ d’Okra krista, assise à genoux dans sa cellule, Parwan ressent quelque chose dans sa poitrine. Un vide. La petite fille en elle est partie. Elle est enfin prête à devenir femme.
Azher et Parwan se retrouvent lors d’un vaste rassemblement Sahriki le mois suivant. Dans les dunes rocailleuses du nord de Taisen, de nombreux mariages doivent être célébrés ce soir-là. Les montagnes de Valshek Krazaaj couronnent l’horizon de leur crêtes enflammées. Une moustache et un bouc fleurissent sur la bouche de son compagnon. Un sabre courbe pend à sa ceinture et son regard de “liseur de livres” l’observe de bas en haut. Parwan est aux anges mais se garde bien de le montrer.
Le couple s’accorde le duel promis il y a quatre ans de cela. Azher garde sa lame au fourreau mais doit s’appliquer pour placer des coups sans s’exposer à la riposte. Aucune de ses frappes ne touche et il doit se montrer sérieux s’il souhaite l’emporter. Sa femme n’a visiblement rien oublié de ses railleries sur sa qualité d’écriture. Dans un échange décisif, ils finissent par se heurter le front simultanément et passent les dernières heures de la journée à se disputer le titre de vainqueur.
La fête est mémorable, cette nuit-là. Les chants et la musique montent jusqu’aux ancêtres, portés par la chaleur des feux de camp. Les mariés se retirent pour leur tente sous les bénédictions de l’assemblée.
III. QASSAN
Sept jours plus tard, leur groupe est embusqué par une tribu barbare au cœur d’un relief accidenté. Surgissant d’entre les rochers noircis par le Soleil, la horde s’abat sur la colonne Sahriki.
Un cavalier enturbané saute de cheval et frappe Azher à la gorge. Il s’écroule sans vie au sol. Parwan n’a aucun souvenir du reste de l’affrontement. Les assaillants finissent par se replier dans les collines, emportant avec eux les quelques sacs de vivres qu’ils sont parvenus à arracher.
Parwan s’agenouille au chevet d’Azher dont le sang disparait dans les fissures de la terre desséchée. Elle ferme ses paupières, hagarde, et les préceptes de l’Ataki Shierak résonnent dans son esprit. “Le Soleil donne, le Soleil reprend. De sa volonté absolue, il est vain de s’offusquer.” Elle sait que bientôt, il sera parmi les étoiles, que bientôt, elle pourra lui parler, qu’un jour, il redescendra sur le monde des vivants, Mais l’image lui vient soudain de toutes ces distances qu’ils auraient pu parcourir côte à côte, de ce troupeau qu’ils auraient pu entretenir ensemble, de tous ces enfants qu’ils auraient pu voir grandir. Elle pense à tout cela et se met à pleurer sur sa poitrine.
Un guerrier Sahriki survient, tenant un étalon en bride. Il lui jette la tête d’un barbare qui roule au sol devant ses yeux. “Sèche tes larmes, soeur, car j’ai vaincu son adversaire et pris sa monture.”
Le soir des funérailles, Qassan, le guerrier, se présente au père de Parwan. Il souhaite prendre sa fille en mariage.
Il a appris que son ancienne femme a succombé à la maladie, il y a un mois de cela, et après vingt ans dans l’armée royale, il souhaite assurer sa descendance. Le paternel acquiesce, sa fille doit vite retrouver un parti. Le mariage est convenu dans cinq Lunes.
Qassan y convie tous ses frères d’armes qui célèbrent la retraite méritée de leur camarade. Ils louent sa générosité d’accepter une si jeune veuve, de vingt ans sa cadette. Son père se lamente qu’il ne puisse la lui offrir vierge mais Qassan lui assure qu’il compensera en vigueur ce qu’elle manque de fraîcheur. Ses amis appuient son propos avec enthousiasme. Un fois retiré pour la tente nuptiale, Qassan agit férocement, soutenant qu’il lui faut redoubler d’intensité pour étouffer la graine chétive qu’elle porte déjà en elle.
Les semaines passent pour le couple nouvellement marié. Parwan est désarçonnée par l’acharnement de son époux à “étouffer” la graine d’Azher. Le zèle qu’il invoque ressemble plutôt à un appétit insatiable auquel il succombe à la moindre opportunité. Plutôt qu’habitée d’une chose nouvelle, elle se sent vide et épuisée. Et cette douleur… Elle a foi en les Matriarches, mais leurs enseignements ne l’avaient pas préparée à cela. Elle tente de lui en parler mais il la châtie sévèrement pour avoir douté de lui et remis ses actes en cause.
Chaque soir, elle ne peut chercher de réponses auprès de l’étoile d’Azher car Qassan s’impatiente en l’attendant sous les couvertures. Il qualifie ses méditations d’excuses oisives et l’accuse de fainéantise dès l’instant où elle s’assied à genoux et ferme les yeux.
Le retour de Qassan dans la tribu est accueilli avec enthousiasme par le clan tout entier. En l’espace de six mois, son troupeau est aussi vaste et fructueux que celui d’autres membres très estimés. Il a, pour le servir lui et son épouse, une dizaine d'esclaves qu’il renouvelle régulièrement, ses possessions succombant souvent à sa sévérité, à l’effort ou au hasard de ses impulsions.
Qassan commence à s’irriter de ne pas voir s’arrondir le ventre de Parwan. Celle-ci lui demande d’être patient, lui assurant que cela ne saurait tarder.
Mais après plus d’un mois, il explose de colère et la confronte devant une assemblée Sahriki. Il l’accuse de cracher sur l’image de Shehk, l’Astre solaire, en gâtant sa semence sacrée. En refusant de porter ses héritiers, elle rompt le serment de mariage et insulte les Astres.
Parwan est brisée. Pas un mot ne s’échappe lorsque vient son tour de parler face aux anciens. Elle est condamnée à être rasée à blanc par son propre père.
L’été survient et avec lui, la retraite dans les montagnes du nord. A nouveau suspendue au-dessus des précipices avec ses chèvres, Parwan ne ressent plus rien. Ni joie, ni excitation. Seul le vide l’appelle. Ses doigts se desserrent machinalement de leur prise rocheuse. Elle voudrait être en bas. Mais s’ôter la vie est aussi une injure au Soleil, capitale, car on ne rejette jamais le don des Astres. Shehk la condamnerait à errer ici bas, à tout jamais prisonnière de ses peines et de ses regrets.
Alors elle tient, elle s'agrippe à la montagne, un autre précipice dans le regard.
Au village, Qassan s’est fait bâtir une maison de briques. Il refuse de partager sa couche tant que son épouse ressemble à une servante avec ses cheveux trop courts pour être noués comme une femme libre. Parwan dort donc à l’écart avec ses esclaves, une humiliation qu’elle surmonte en partageant son drap avec l’une d’elles. Quand son époux les découvre toutes deux enlacées, il laisse éclater sa colère. Elle tente d’argumenter qu’elles ne faisaient que se protéger du gel nocturne mais d’un geste vif, Qassan envoie voler la tête de l’esclave à travers la pièce. Alors qu’il lève la main sur elle, Parwan se dresse contre lui.
Assez. Puisqu’elle est si indigne de lui, il devrait invoquer le code d’honneur et la tuer sur le champ, elle aussi.
Qassan s’arrête dans son élan. Il le pourrait, en effet. Le piège tendu par cette épouse infertile est un cauchemar pour lui et son rêve de glorieuse lignée.
Mais la condamnation de sa femme par les anciens est encore jeune. Les Astres l’accuseraient d’acte déshonorable, de mener sa propre justice. La tuer maintenant serait largement réprouvé par le clan et jetterait l’opprobre sur son nom. Pourtant il n’y tient plus.
Au printemps, ils reprennent la route. Qassan longe la chaîne de montagnes vers l’ouest, à travers un territoire accidenté, peu fréquenté des voyageurs. Lorsqu’ils atteignent la limite entre le reg de pierre et l’erg sablonneux, le guerrier lui ordonne : “Disparais. Ton sang n’est pas digne de ma lame. Je prendrais une femme convenable et je raconterais que tu es morte ici, loin des sentiers. Alors si un jour tu reparais, à ma vue ou dans la bouche d’un frère, je te ferais souffrir mille morts avant de te laisser expirer.
Mon grand-oncle vit encore sur ces terres, reclus du monde. Trouve le et sert le en mon nom. A jamais.”
Alors, sans préciser s’il vient d’énoncer un adieu ou une longueur de temps, Qassan fait demi-tour et laisse son ancienne femme derrière lui.
Parwan marche jusqu’au coucher du Soleil, à la recherche de l’ermite. Dans cette région isolée, la mer de dunes s’écrase aux pieds de Valshek Krazaaj jusqu’à l’horizon. La jeune femme longe cette barrière naturelle sous le Soleil brûlant, inspectant l’enfilade interminable de canyons creusés par l’érosion, guettant en vain des signes d’occupation humaine. Les dunes sont hautes et fréquentes, épuisantes à gravir. Au crépuscule, sans gourde ni nourriture, la fatigue et la soif commencent à se faire ressentir.
Soudain, une harpie se pose devant elle. Le volatile et son groupe attendent depuis de longues heures le moment où elle s’écroulera enfin. Elles ne sont pas charognardes à l'accoutumée, mais leurs corps malingres racontent une autre histoire. Celle-ci est venue voir l’état de sa proie.
Parwan affirme qu’elle peut marcher toute une journée encore avant de s’abandonner à leur griffes. Les harpies sont fâchées par la nouvelle et se lamentent à l’idée de patienter encore si longtemps. Parwan leur propose un marché. En échange de son bâton, elles la mèneront à l’ermite qui vit dans la région. Le bâton ne se mange pas mais c’est un objet que l’humaine souhaitera récupérer. En échange de nourriture, par exemple.
Les volatiles restent interdits, étrangers au concept de troc. Mais lorsque Parwan s’engage à les récompenser plus d’une fois, voire, qui sait, avec du fromage, elles sont immédiatement conquises et s’envolent à tire-d’aile avec son bâton.
Parwan se remet en route, en direction du cercle concentrique décrit au loin par les créatures dans le ciel rougeoyant. Elle place toutes ses forces dans ses jambes pour avaler l’ultime distance. Son dernier souvenir avant de perdre conscience est celui d’une silhouette, l’attendant au fond d’un canyon asséché.
IV. HOSSEIN
Parwan se réveille le lendemain dans une maison troglodyte à trente mètres du sol. Un homme hirsute et voûté se présente à elle, couvert de tatouages shieraks et vêtu d’une simple bure poussiéreuse. Parwan se présente à lui et lui explique la raison de sa présence.
Le vieil ermite confirme être Hossein, le grand-oncle de Qassan, retiré du monde afin de pouvoir sculpter en paix. La grotte est en effet un vaste atelier jonché de pierres gravées, de bas-reliefs empilés avec négligence, de talismans suspendus en grappes depuis la voûte et d'icônes Shierak taillées dans la roche.
L’ermite déclare que leur rencontre est un don de l’Astre lunaire qui l’a guidée jusqu’à lui pour veiller à ses vieux jours.. Il prend de l’âge et peine chaque fois davantage à escalader la falaise qui mène à sa grotte. Il affirme cependant qu’elle ne peut décemment vivre sous le même toit que lui sans l’épouser. Alors pour la troisième fois de sa vie, Parwan fait vœu d’amour éternel sous les étoiles et devient l’épouse d’Hossein Sahriki.
Le vieil homme voit son épouse plutôt comme une assistante, une aide. Il n’a cure de concevoir un héritier, un ermite n’ayant aucune descendance. Il affirme que son héritage survivra à travers ses travaux. Désormais, il ne quitte plus sa grotte et se consacre uniquement à son art.
Hossein se nourrissant exclusivement de racines et d’insectes, Parwan se met à chasser dans la région. Lorsque les harpies reviennent avec son bâton, elles sont ravies de voir leur promesse tenue. Un lien solide ressemblant à de l’amitié se tisse entre l’humaine et les créatures ailées.
A compter de cette période, Parwan se rend régulièrement à la capitale pour vendre les gravures d’Hossein. Elle y achète un Orniphant pour en faciliter leur transport. L’argent importe peu au vieil homme qui cherche uniquement à répandre son nom. Ses sculptures sont abordables.
Les menaces de Qassan en tête, Parwan voile son visage à l’approche des villes pour rester anonyme aux membres de son clan. Les Sahrikis a qui elle s’adresse pensent avoir affaire à une veuve ou une mystique et ne la questionnent jamais.
Au fil des ans, Parwan apprend la langue commune au contact des marchands, bâtisseurs et architectes étrangers. A mesure que ses marchandises gagnent en renom, elle devient la “courtière d’Hossein”. L’identité du graveur comme celui de sa négociante génèrent un parfum de mystère autour de leur bien, gonflant les prix à la revente.
Le vieil homme perfectionne son art. Ses bas-reliefs pieux comme profanes enthousiasment nombre d’amateurs fortunés et certains approchent Parwan avec plus de richesses qu’elle n’en peut compter dans le seul espoir de rencontrer son “maître”. Mais leur or ricoche avec un bruit sourd sur l’esprit adamantin de la Sahriki, fidèle aux instructions de son époux.
Hossein jubile des réactions que lui rapporte sa femme, comme s’il exercait enfin une revanche n’ayant que trop tardée. Parwan n’en saisit pas tous les enjeux mais se réjouit profondément du bonheur qu’elle transmet à son mari.
Elle-même est heureuse. Chaque soir, elle peut longuement prier les étoiles et méditer en journée, au son cristallin du burin d’Hossein. Elle apprivoise les montagnes durant ses chasses et ses vagabondages. Les harpies de la région sont séduites par cette bipède passionnée de verticalité et accompagnent souvent ses ascensions. L’alliance entre sa fronde et leur yeux perçants sonne le glas pour de nombreuses proies dans les contreforts de Valshek Krazaaj.
Durant son séjour dans les montagnes, elle développe une haine pugnace des geomis infestant ses cavités. Son pire cauchemar survient lorsqu’une colonie d’araignées s’étend dans la nappe souterraine où elle puise son eau. Le seau se coince dans leurs toiles et elle n’a d’autre choix que de descendre dans l’anfractuosité servant de puits pour brûler leur nid à la torche. Le feu provoque une grande agitation dans la colonie souterraine et Parwan frôle plusieurs fois l’arrêt cardiaque. L’épisode alimente encore ses cauchemars à ce jour.
Le temps passe et Hossein vieillit, son épouse fidèle à ses côtés. Le vieil ermite sculpte toujours, inlassablement, et son style fait maintenant partie du paysage. Parwan surprend même des marchands parler de “gravures Hossein” imitant le style de son mari. Ce dernier s’en émeut positivement. Il déclare : “Mon héritage est enfin assuré, mon ombre.”
Il projette d’emporter ses secrets dans la mort et interdit la sculpture à sa femme. Il accepte ses travaux de broderie mais ne manque jamais de les critiquer avec exigence. Parwan en fait son défi d’un jour coudre une pièce qui plaira à son époux.
En -6 de l’ère des Mortels, Parwan a trente ans. La santé d’Hossein décline rapidement et toutes ses attentions vont à ses soins. Bientôt, il ne quitte plus sa couche. Parwan se rend souvent à Ikuza pour acheter des remèdes à ses affections et voit leurs ressources maigrir peu à peu.
A travers des rumeurs échangées en ville avec ses sœurs de clan, elle apprend l’ascension de la horde Ryssen dans le nord et leurs incursions dans le Reike. En quelques années, les incidents territoriaux se multiplient avec les Sahrikis dans les montagnes. Ils se font chaque fois plus audacieux. A mesure que la horde croît et que bascule le rapport de force, les troupes de Ryssen traversent les zones Sahrikis sans efforts ni résistance.
La guerre pour la couronne finit par éclater, cinq ans plus tard. Parwan apprend que son clan se retranche dans ses refuges d’altitude ou assiste l’armée royale. Les montagnes sont le théâtre d’escarmouches multiples pour l’accès à Taisen depuis les terres du nord, mais le gros des batailles survient dans l’axe des trois cités Reikoises. Dans le royaume en conflit, les déplacements sont plus périlleux que jamais, la guerre mobilise tous les guérisseurs et les prix montent. Le commerce se porte mal, les caravanes étrangères se font rares.
Bientôt les soigneurs refusent de vendre les potions de soin vitales pour son époux, ces dernières étant réquisitionnées par l’armée Reikoise en difficulté. Au chevet d’Hossein, Parwan lui annonce qu’elle a vendu leur orniphant et que leur bourse est vide. Le vieillard lui interdit pourtant de vendre ses broderies pour ses soins.
“Azher a été ton aube, Qassan ton zénith, moi ton crépuscule. De qui seras-tu l’ombre, après mon départ ? Qui deviendra ton soleil ? Appuie-toi sur tes biens dans cette quête, ne les dilapide pas dans ma santé déclinante.”
Hossein s’éteint deux nuits plus tard.
Sur son bûcher funéraire, Parwan embrasse le front de celui dont elle a été la femme vingt ans durant. Sa dernière tâche en tant qu’épouse de Qassan est accomplie: Elle aura servi son grand-oncle jusqu’à la fin.
Que faire, à présent ? De qui être l’ombre ? Doit-elle trouver un nouveau Soleil ? Sans personne pour le lui désigner ? Où chercher ? Nul Sahriki ne prendrait une femme de trente-six ans pour épouse, et ses parents n’accepteraient jamais son retour.
A genoux, éclairée par les flammes nocturnes, Parwan prie dans son incertitude. C’est alors qu’elle l’entend: la voix d’Azher. Claire comme du cristal, elle résonne dans son esprit d’un mot simple et limpide:
“Va.”
Lui reviennent en mémoire toute leur correspondance, leurs discussions d’enfants sur le monde que son premier époux rêvait d’explorer. La chaleur de sa voix la remplit de confiance. Elle ira. Elle ne sait où, ni pour trouver quoi, mais elle visitera ces villes sans déserts, ces contrées sans sable aux dieux différents. Elle découvrira les raisons des l’Astres tout-puissants à la laisser courir parmi les vivants.
Alors, Parwan enroule ses broderies dans son dos, attrape son bâton, dit adieu à l'atelier, aux harpies et disparaît vers l’horizon, bientôt avalée par la mer de dunes.
V. ATHENAÏS DE NOIRVITRAIL
Les récentes années
La veuve erre plusieurs mois entre les villes du Reike.
Elle est d’abord surprise de survivre si longtemps sans un homme pour la guider. Cependant, une certitude apaise son cœur: Elle n’a besoin pour vivre que de ses mains de tisserande, d’un feu pour la nuit et du regard protecteur des étoiles.
Une rencontre importante avec le contrôleur royal Tagar Reys lui donne l’impulsion nécessaire pour franchir les frontières de la République.
A travers ses yeux, elle fait découvrir à son défunt mari le pays dont il lui parlait tant depuis son enfance.
Si Azher doit être ravi, là haut parmi les étoiles, le choc culturel est violent pour Parwan. Elle se heurte à tous les mœurs étranges de l'État et de ses habitants. De Liberty à Justice, l’expérience citadine est une épreuve de nerfs. Entre suspicion des autorités et démarches administratives ubuesques, Parwan regrette la simplicité du Reike.
Jusqu’à ce que son amertume ne croise la route d’Athénaïs de Noirvitrail
Jeune femme de la diaspora Reikoise en République, elle et Parwan se lient d’amitié à travers la foi Shierak et l’hospitalité de la magicienne.
Athénaïs recherche quelque chose chez la nomade, poussée par une soif d’ailleurs et de spiritualité. Parwan lui dispense sa sagesse et en retour, reçoit une chaleur qui lui était jusqu’alors étrangère. Mais toutes deux savent que c’est à la source de ces choses qu’elle trouvera ce qu’elle cherche, dans le terreau du désert, au pays où les Astres brillent le plus fort.
La Sahriki accepte de guider la demoiselle en pèlerinage, au cœur des terres de ses ancêtres.
Le voyage achève de nouer le profond lien spirituel et émotionnel qui uni Parwan, Athénaïs et sa joyeuse bande de clones.
Mais à l’issu de leur voyage, alors qu’une nouvelle page de leur futur commun s’apprête à s’écrire, le royaume divin met un coup d’arrêt à leur histoire et laisse déferler sur Sekai les Titans et leurs séides.
Parwan et Athénaïs assistent à la fuite des Shoumeïens à travers le Reike.
La nomade apprend que son clan prend les armes sous les drapeaux de la couronne, les siens voyant là l'opportunité de retrouver les lauriers de la gloire perdus dans la guerre civile. Athénaïs comprend que la horde de réfugiés se dirige vers la République et qu'il faudra des gens pour les accueillir.
Le coeur lourd, les deux femmes répondent à l’appel du devoir et laissent la marche de l’Histoire les séparer.
Parwan retrouve discrètement la tribu Sahriki et, pendant le voyage vers Maël, se révèle à sa famille qui la pensait morte depuis vingt ans.
Si ses frères et sœurs se réjouissent profusément, les patriarches sont très critiques de sa réapparition. Son vieux père l’interroge des heures durant pour déterminer si elle est digne de rester sa fille. Après sa disparition, son existence peu orthodoxe et son voyage hors du désert Reikois, c’est sa fidélité ad mortem envers Hossein qui la sauve de la répudiation.
La flotte Reikoise accoste à Shoumeï, prélude à une guerre courte mais sanglante.
Au long de deux ans, Parwan combat sous les murs de Mael, dans les denses forêts de pins, au fond des vallées glaciaires, au sommet des cols enneigés et sur les pentes escarpées des montagnes.
Menée par des généraux valeureux, l’armée se sert du clan nomade comme d’un corps d’éclaireurs. Familiers des montagnes, les bataillons Sahrikis ouvrent la voie, sécurisent les flancs et affrontent souvent l’avant-garde ennemie.
Parwan est fascinée par les paysages de montagnes et de conifères. Elle tombe amoureuse des pics enneigés de Shoumeï. La nature qui l’entoure lui parle et nourrit son esprit combatif ; elle panse la dureté du quotidien et la fatigue des combats.
Fidèle à ses habitudes, le clan cultive l'entre soi au sein de la troupe. En campagne comme au Reike, les Sahrikis restent entre eux.
Rapidement, Parwan réalise que les patriarches ne lui dictent plus sa conduite. Keljus, son vieux père, redevient son chaperon et traite son avenir de femme avec le plus grand désintérêt. Son existence jette l’opprobre sur la mémoire de son second mari, Qassan, ayant secrètement abandonné son épouse avant de se remarier.
Sa fille était la preuve vivante du mensonge de son gendre.
Parwan reçoit alors la confirmation de ce qu’elle avait ressenti à la mort d’Hossein. Plus personne ne viendrait la guider, désigner le ponton auquel elle devait s’amarrer. Son existence partait bel et bien à la dérive.
Alors, dans son esprit, il n'y a plus qu'un repère qui flotte à l’horizon: Athénaïs.
Dès lors, son souvenir ne la quitte plus une journée. Elle ressent son absence le soir autour du feu, le matin au réveil, dans son dos lorsqu’elle marche. Son coeur brûle de sentir à nouveau la présence de son amie et de ses joyeuses copies.
Jusqu’alors contente d’être tranchée au combat pour le nom de son clan, Parwan refuse la mort et combat avec une férocité renouvelée. Elle veut la retrouver, et ce sentiment transporte son corps à travers deux ans de campagne comme une riche et épuisante épreuve; à travers les hordes hagardes de cadavres animés, les mortels paladins en armure, la magie terrifiante des fanatiques et toutes les créatures fidèles aux Titans.
La guerre s’achève avec l’annonce du triomphe du couple impérial sur le Titan forgeron.
Basés sur Maël, les Sahrikis pansent leur plaies et honorent leur morts, restant en faction dans les montagnes alentour. Mais ce séjour est de courte durée.
Lorsque la couronne cautionne le commerce de morts vivants Driv’Zafra, les Sahrikis sont furieux. Il n’y a pas pire blasphème que d'insuffler la vie à un mort, ou pire encore, d’enchaîner son esprit dans sa coquille trépassée.
Les réformes de l’Impératrice sur l’esclavage achèvent de révolter le clan qui plie bagage et retourne au pays. La guerre a redoré leur nom, et s’il était indéniable pour la tribu qu’Ayshara et Tensai fussent bénis par les Astres, ils n’avaient jamais cru à cette nouvelle prophétie d’avatars Divins. Ces blasphèmes en étaient la preuve.
Le vieux Keljus autorise sa fille à reprendre ses voyages. Mais avant qu’ils ne se séparent à Taisen, il lui prescrit de suivre la voie de son dernier époux et de dignement finir sa vie en ermitage.
Parwan acquiesce et promet de contempler cette possibilité.
Les siens disparaissent à peine derrière les dunes que Parwan reprend déjà le chemin vers les frontières Républicaines, épuisée mais portée vers celle que son âme lui dicte de rejoindre.
Groupes d'intérêts
Shierak: Parwan est une dévote adoratrice des Astres. Sa Foi l’accompagne au quotidien et c’est à travers ce prisme qu’elle voit le monde qui l’entoure. Adepte du partage et de la bienveillance, elle est intarissable sur le sujet et ne manque jamais d’offrir ses conseils éclairés à qui veut l’entendre.
Lutte contre les Titans: Quiconque affronta un jour les ambitions dominatrices des Titans sur Sekai obtient aisément sa considération. Elle voit les Titans comme une épreuve envoyée par le Soleil Tout-Puissant et elle est fière d’avoir été de ceux qui ont relevé ce défi, bien que toujours d’actualité.
Suprémacisme Impérial: Parwan croit en la règle de subjugation. “Chacun est voué à reconnaître la force où elle se trouve et à s’y soumettre.” Alors quand ses pairs invoquent la suprématie Reikoise sur Sekai, Parwan y souscrit volontiers. Après tout, la race du désert (assistée par les elfes) avait repoussé seule l’invasion des Titans.
Elle ne serait pas fâchée si le monde s’agenouillait devant sa Protectrice, plutôt que de l’affaiblir à force d’intrigues et de profiter de ses largesses.
Lutte contre les Titans: Quiconque affronta un jour les ambitions dominatrices des Titans sur Sekai obtient aisément sa considération. Elle voit les Titans comme une épreuve envoyée par le Soleil Tout-Puissant et elle est fière d’avoir été de ceux qui ont relevé ce défi, bien que toujours d’actualité.
Suprémacisme Impérial: Parwan croit en la règle de subjugation. “Chacun est voué à reconnaître la force où elle se trouve et à s’y soumettre.” Alors quand ses pairs invoquent la suprématie Reikoise sur Sekai, Parwan y souscrit volontiers. Après tout, la race du désert (assistée par les elfes) avait repoussé seule l’invasion des Titans.
Elle ne serait pas fâchée si le monde s’agenouillait devant sa Protectrice, plutôt que de l’affaiblir à force d’intrigues et de profiter de ses largesses.
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Louise Aubépine
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C'est un plaisir de te revoir Parwan. Ta fiche est vraiment bien. J'ai notamment apprécié la façon dont Parwan vit à travers les autres. Où chaque chapitre est un peu en relation avec son soleil du moment.
Que tes voyages te mènent en d'agréables lieux, fille de la montagne et du désert.
Te voilà validée !
Que tes voyages te mènent en d'agréables lieux, fille de la montagne et du désert.
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