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    Noble du Reike
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    Asmodèle Lazaranth
    Asmodèle Lazaranth
    Messages : 2
    crédits : 16

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Mage noir
    Alignement: Loyal mauvais
    Rang: B
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t4350-asmodele-lazaranth-terminee#41647
  • Mar 5 Nov 2024 - 15:40
    Asmodèle Lazaranth
    Race : Drakyn
    Sexe : Femelle
    Âge : 30ans
    Métier : Diplomate
    Taille & poids : 1m65 - 64kg
    Alignement : Loyal Mauvais
    Faction : Reike
    Rang : B
    Religion : Shierak
    Avatar : Capricorn sisters par FDSuarez

    Pouvoirs et objets


    Mage spécialisé Mage noir

    Séduction palier I (500)
    Détection des mensonges I (1000)
    Contrôle des émotions I (250)
    Contrôle des émotions II (500)
    Lecture de l'esprit I (500)
    Lecture de l'esprit II (1000)
    Contrôle mental I (250)

    Aucun objet particulier.

    Description physique et mentale



    Là où les siens verront en elle une créature chétive voire difforme, Asmodèle n’en reste pas moins une femme d’une certaine stature. Perchée sur de longues jambes aux cuisses charnues, ses hanches naturellement larges enrobées d’une légère couche de graisse trahissant une tendance à la gourmandise comme au relâchement s’accordent néanmoins à ses épaules solides comme à sa poitrine généreuse.
    Si elle était humaine, d’aucun la qualifierait de solidement bâtie, mais pour une Drakyn, force est de reconnaître qu’elle n’avait rien de la présence imposante de ses semblables. Pourtant, son héritage est indéniable, tels qu’en témoignent sa longue queue reptilienne, la ligne protubérante et écailleuse de sa colonne vertébrale ou encore les cornes imposantes qui dépassent de son épaisse crinière de cheveux charbonneux.

    Sous cette cascade de boucles sombres, un visage ovale au teint laiteux au front piqué de grains de beauté sombres, à l’instar du reste de sa peau. L’on peut lire dans ses grands yeux vermeille le feu d’une volonté inébranlable, bien qu’une maîtrise savante de ses attitudes et expressions auront tendance à se traduire par un faciès accueillant et chaleureux, propre à servir ses intérêts. Appuyé par d’épais sourcils noir, son regard qui perçant qui séduisant laissera rarement indifférent tant elle s’applique à garder ses interlocuteurs prisonniers de son étreinte, et c’est là un jeu qu’il lui plaît de soutenir de ses sourires généreux. Charnues et souvent parées d’une légère teinte violacée à l’instar de ses yeux, ses lèvres expressives parachèvent la palette d’outils au service de ses intentions rarement bienveillantes.

    Rarement, car là où la diplomate semble tirer sa force de caractère d’une ambition démesurée, son être tout entier est néanmoins dévoué à l’Empire et ses dirigeants. Fervente croyante en la prophétie du Soleil et de la Lune, rien ne saurait la détourner de la foi aveugle qu’elle voue au couple impérial et à ce qu’ils représentent. Prompte à exhiber son appartenance non sans fierté, c'est au coté du cou qu'elle aura choisi de faire apposer le sceau du Reike, le tatouage au dragon dont la tête monte jusqu'au dos de son oreille.
    Fausse - une qualité dans sa profession -, Asmodèle ne laissera transparaître ses intentions qu’en de rares occasions. Peu encline à l’intimité, la vulnérabilité, l’attention et l’intérêt dont elle fera souvent preuve sont autant de tactiques mises en oeuvre pour obtenir ce qu’elle attend des autres. Qu’il s’agisse de sa fonction ou de ses ambitions personnelles, rares sont ceux qui pourront prétendre à jouir de sa sincérité tant elle s’applique à tenir ses différents rôles.

    Maltraitée et diminuée tout au long de sa prime jeunesse, la Drakyn ne saurait servir d’autres intérêts que les siens ou ceux de l’Empire, sans aucun doute poussée par un désir puissant d’obtenir par ses propres moyens tout ce à quoi sa lignée lui déniait l’accès et plus encore. Bien qu’elle éprouve une aversion certaine pour ceux qui jugent de la médiocrité de sa physicalité, elle tire néanmoins une fierté proche du racisme de son appartenance à la “race des seigneurs”, une considération héritée de sa famille que la naissance de l’héritier impérial ne manqua guère d’amplifier. Malgré elle, son éducation l’amènera presque systématiquement à faire preuve d’humilité et de respect envers les autres Drakyn.

    En dépit de sa férocité à vivre et à s’élever, il lui arrive de temps à autre de sombrer dans la mélancolie et le doute et de souffrir de la solitude qu’impose son mode de vie, faute au conditionnement à l’échec dont elle a été victime aux heures les plus importantes de sa construction d’adulte. Ces déprimes passagères sont la source de sa fâcheuse tendance à s’empiffrer, un péché pour lequel elle n’aura de cesse de se flageller…

    Histoire ou test-rp



    Au sein de la lignée des Lazaranth, clan mineur divisé en une caste guerrière farouche et une caste de sorciers aux pratiques honnies par leurs voisins, la naissance de jumeaux constituait un présage de gloire et de conquêtes à venir. Quand Asmodée creva le ventre de sa mère, le nouveau né poussa un hurlement féroce qui le promit à un avenir radieux parmi les siens. Quand sa soeur, Asmodèle, fut arrachée des entrailles de leur génitrice dont la vie s’achevait dans la douleur, la joie et l’euphorie laissèrent place au doute tant elle paraissait malingre et ridicule en comparaison de son aîné de quelques secondes. L’un semblait destiné à la puissance tandis que l’autre peinait à ne serait-ce qu’émettre son premier souffle.

    Conformément à leurs traditions, les deux enfants furent plongés dans l’eau de la plus proche rivière, et là où l’on n’attendait guère de la fille qu’elle survive à cette épreuve, celle-ci continua de surprendre en poussant enfin son premier cri.

    Durant les premières années de sa vie, Hadar, son père, ne témoigna qu’un intérêt très limité envers cette créature chétive qu’il était contraint d’appeler sa fille. Le temps n’arrangea guère sa condition, et là où son fils remplissait toutes les promesses faites à sa naissance, il en fut de même pour elle, que l’on n’estimait digne qu’à nourrir les chiens. Pourtant, l’espoir d’un père refusant d’admettre qu’il ait pu engendrer une telle créature lui permit de vivre, et elle ne fut qu’une longue succession de déceptions pour son entourage.

    Le temps passa, et l’on pensa qu’Asmodée avait absorbé la force de sa soeur à même le ventre de leur mère et qu’elle n’était qu’une source destinée à abreuver son jumeau; la coquille vidée de toute substance qu’il avait laissé vivre par égard pour son propre sang.

    Quand on la confronta aux autres enfants à la course, elle était l’éternelle dernière.

    Quand on lui mit sa première épée entre les mains, elle eut tant de peine à la soulever qu’elle fut battue jusqu’à l’inconscience.

    Quand on annonça à son père qu’elle présentait des prédispositions naturelles à la magie, celui-ci ne daigna guère la soumettre aux épreuves de la caste des sorciers et exigea de ceux-là qu’ils trouvent une utilité à son potentiel, mais lui refusa le droit d’apprendre la magie pour la punir de sa faiblesse.

    Des siens, seul son jumeau lui accordait un tant soi peu d’intérêt et d’affection, et son enfance ne fut rien d’autre que mélancolie et solitude. Elle était l’enfant maudit, la honte de sa famille, et pourtant brillait en elle la flamme d’une volonté qu’aucune des humiliations qu’elle subissait ne semblait faire vaciller.

    ***

    - Petite soeur ?

    La voix familière de son géant de frère tira la jeune fille de la torpeur dans laquelle elle était figée depuis plusieurs heures déjà. Hadar avait pris une décision : Puisqu’elle n’était d’aucune utilité au clan, elle serait sacrifiée afin d’alimenter un rituel en préparation d’une bataille à venir. Depuis deux mois déjà, les sorciers la préparaient à son sort, et elle était enfermée dans une hutte où aucune lumière ne filtrait, baignant dans les émanations de sa propre magie que l’on s’efforçait d’amplifier en vue de l’exploiter au mieux.
    Asmodée souleva le rideau de cuir de sa prison et sa cadette se replia sur elle même, les yeux brûlés par la lumière du jour qu’elle n’avait pas vu depuis son enfermement. Sa queue battait mollement le sol sablonneux sur lequel elle gisait, trahissant l’anxiété qu’une intrusion dans sa prison faisait croître en elle.
    Personne n’avait le droit de la voir. Si tel était le cas, cela signifiait que le jour de sa mort était venu.

    - J’ai trouvé une solution, petite soeur. Ils ne vont pas te sacrifier.

    A ces mots, la jeune fille releva à peine le nez du rempart que formaient ses bras croisés sur ses genoux, lançant à son aîné un regard larmoyant où il se surprit à percevoir le reste d’un espoir vaciller au fond de ses prunelles. L’affection n’était guère de rigueur au sein du clan, mais il vint tout de même s’installer en seiza face à elle, laissant ses mains posées sur ses cuisses tandis qu’il respectait un temps mort pour la laisser reprendre consistance.

    - Toi et moi…Nous n’allons faire qu’un, et tu pourras vivre. Tu seras nourrie, et tu pourras te déplacer librement au sein du camp.

    Le timbre de sa voix était froid, mais de cela, elle en avait l’habitude. Le clan exigeait des siens qu’ils préservent toute forme d’émotion pour le combat, où ils laissaient parler leur coeur de flamme avec une ferveur féroce. Lentement, Asmodèle se redressa en s’appuyant d’une main tremblante sur le sable, plantant ses yeux mornes dans les siens avant de lui répondre d’une voix faible et cassante, éraillée par la soif.

    - Je serais…libre ?

    Il ne répondit pas, mais son visage parlait pour lui. Bien sûr que non, elle ne le serait pas. D’une impulsion, le jeune homme se redressa et déverrouilla ses chaînes pour l’entraîner au dehors, où elle le suivit, résignée quoi qu’intriguée par la vie qui l’attendait dehors. Au moins, elle vivrait.

    ***

    “Ne faire qu’un”. Un euphémisme pour désigner la réalité qui fut la sienne les années qui suivirent. La solution qu’avait trouvé Asmodée pour soulager sa cadette du poids de la mort ne valait guère mieux, songea-t’elle tandis que les guerriers du clan s’apprêtaient pour une énième bataille. Un autre combat où elle ne serait que la spectatrice impuissante de la gloire réservée à son aîné. Près de dix longues années s’étaient écoulées depuis l’accomplissement du rituel qui l’avait enchaînée à la volonté de son jumeau. Près de dix ans où, à chaque bataille, dans chaque confrontation, sa vie et sa magie étaient drainées au profit d’un autre, qui malgré le souci qu’il avait pour elle, ne s’était jamais dressé pour son salut.
    A chacune de ses blessures, elle sentait l’épine que les sorciers du clan avaient enfoncé dans son dos brûler son être jusqu’aux profondeurs de son âme; arrachant de son corps les maigres forces qu’il lui restait après avoir été tant éprouvée. Et elle ne mourrait pas. Quand bien même l’aurait-t’elle voulu, le clan ne lui aurait pas laissé ce plaisir. Elle était utile, désormais. De nouveau reléguée au rang de manne dans laquelle puisait Asmodée. Si parfait. Si grand. Si fort. Si talentueux.

    L’amour qu’elle éprouvait pour lui mourrait à petit feu, et les témoignages de son affection envers elle suscitaient chez elle un profond dégoût qu’elle se gardait pourtant d’exprimer, enfouissant la rancoeur et la jalousie qui se répandaient en elle comme un poison fuligineux. Son éxistence se résumait depuis lors à suivre la meute, à se taire, à faire profil bas et à être amenée d’un cercle rituel à un autre pour alimenter la puissance de l’enfant prodige d’Hadar.
    Sa combativité et sa volonté étaient régulièrement écrasées par les mots et les coups de son géniteur ou des sorciers qui malgré sa condition s’appliquaient savamment à développer son potentiel magique. Non pas pour son bien, mais pour celui du seul enfant qui comptait.

    Mollement, la jeune femme se laissa tomber à genoux au centre du cercle qui lui était destiné et elle fixa le sable sous ses genoux. Un seigneur de guerre du clan Ryssen s’était semble-t’il mis en tête de fédérer ses pairs et sa horde croissait de jour en jour, mais les anciens des Lazaranth n’entendaient pas courber l’échine. Leur refus et les insultes proférées à l’encontre du conquérant leur avait valu le courroux de sa horde, et la bataille qui suivit n’eut pas même droit à sa page dans un livre d’Histoire tant elle fut insignifiante. Le massacre ne dura que quelques dizaines de minutes.

    Par les yeux de son jumeau, Asmodèle vit la horde déferler sur les siens et abattre un par un tous ceux qu’elle avait connu. Pas une once d’émotion ne traversa son coeur tant elle espérait enfin trouver en la mort la délivrance qu’elle attendait depuis tant d’années, et puis, la douleur ne tarda guère à envahir son corps à chaque coup qu’encaissait son aîné dans sa vaine tentative de résister à l’inéluctable.
    Un ultime assaut acheva de briser les restes de sa volonté et elle s’effondra, drainée; prête à mourir. Enfin.

    La mort ne vint pas.

    Les souvenirs des jours qui suivirent furent vagues et altérés par les hallucinations causées par une violente fièvre qui l’avait prise au seuil de la mort. Si elle avait survécu, son esprit tout autant que son corps demeuraient profondément affectés par la proximité de la mort qu’elle avait caressé du bout des doigts.

    Quand ses yeux se rouvrirent la première fois, elle aperçut le visage crevassé de rides d’un vieillard aux yeux étincelants d’un vert surnaturel, et celui-ci se contenta de lui demander si elle souhaitait vivre. Cette question pourtant triviale avait rallumé en elle une étincelle de volonté enfouie sous des couches et des couches d’années entières de soumission. Oui, elle voulait vivre. Elle voulait vivre plus que jamais, vivre sans être l’esclave de son propre sang. Survivre à son clan qu’elle avait vu mourir, leur survivre à tous, elle que l’on avait toujours traitée comme la plus misérable des créatures. C’est elle qui vivrait. Pas eux. Et cette pensée sordide la fit tenir, jours après jours, pendant ses délires fiévreux et les insoutenables crises de douleur qui suivirent.

    De temps à autre, de brefs élans de lucidité lui laissaient un peu de temps pour s’efforcer de capter le nouvel environnement dans lequel elle avait été amenée. Les cahots réguliers qui secouaient sa nouvelle cage de bois, le claquement des sabots, le frottement des roues sur le sable, le tintement de verre des fioles et autre contenants qui l’entouraient…Et parfois, la face ridée et barbue du vieillard qui l’avait recueillie.
    Il ne lui demandait jamais comment elle se sentait. Il ne parlait pas du tout, quand il s’arrêtait et lui faisait boire une substance ou une autre, et elle se rétablit lentement, retrouvant progressivement le plein usage de ses sens.

    Un jour, au crépuscule, le chariot s’arrêta et c’est elle qui se porta à la rencontre du vieillard, s’appuyant misérablement aux cotés du chariot qui lui faisait office de demeure depuis près d’un mois maintenant. Quand il ouvrit la porte, il se contenta de planter ses yeux émeraude dans les siens sans un mot.

    - Je suis…commença-t’elle, immédiatement interrompue par son “sauveur”.

    - Mon apprentie. Et tu ne parleras que quand je t’y autoriserais. Descends.

    Il n’émanait du vieil homme aucune forme de sympathie, mais des années de servitude avaient conditionné l’esprit de la jeune fille à obéir, et elle descendit bon gré mal gré du chariot, se tenant à deux pas de lui, tête basse.

    - Mon nom est Priam. Et tu me serviras. En contrepartie, je t’enseignerais ce que je sais, et quand ton tour viendra, tu le transmettras à qui bon te sembles. Quel est ton nom ?

    - Asmodèle. Du clan… Non. Seulement Asmodèle.

    Priam opina simplement et lui désigna un tabouret en bois dressé près du chariot, s’en allant à son tour s’installer sur celui d’à côté. Lentement, la jeune femme obéit de nouveau et se tut, détaillant de pied en cap l’étrange personnage qui se tenait près d’elle. Son visage et ses mains étaient vallonnés de tant de rides qu’il paraissait avoir un siècle; un âge qu’il était rare d’atteindre pour un humain. Et c’en était visiblement un. Sa peau paraissait faite de cuir et malgré son grand âge évident, l’homme était d’une stature colossale, avoisinant les deux mètres, et même la superposition de robes qui couvraient son corps ne parvenaient pas à dissimuler la largeur de ses épaules puissantes.

    - Tu sais cuisiner ?

    - Non…

    - Tu apprendras.

    Le vieil homme se redressa et s’en alla chercher un nécessaire de cuisine sommaire puis s’appliqua en silence à préparer une soupe de champignons séchés. Et ce fut le premier des nombreux savoirs qu’il transmit à son apprentie.

    ***

    Le temps passa. Et pour la première fois, il passa vite. Les années s'enchaînèrent et leur poids écrasant pesait de plus en plus lourdement sur les épaules du vieil alchimiste. S'il émanait toujours de Priam une force tranquille et inébranlable, il devenait de plus en plus évident pour Asmodèle qu'il n'en aurait plus pour longtemps. Pourtant, elle savourait en toute quiétude la compagnie et l'enseignement de son mentor, qui l'avait traité avec plus d'égards que tout ceux qu'elle avait connu jusqu'alors.
    Dans un premier temps, il s'assura que l'on inculque à son apprentie les us et coutumes du royaume et d'Ikusa, ses règles de bienséance, ses lois et ses moeurs, transformant la jeune sauvage qu'elle était en parfaite petite servante. Lire, écrire, parler convenablement; et surtout, écouter.

    Il fallut du temps avant qu'il ne consente à la laisser apparaître en public, sous les traits d'une simple aide qui le secondait dans les tâches du quotidien et servait les invités des nombreuses soirées qui se tenaient au manoir. Haute bourgeoisie, petite et haute noblesse, dignitaires proches et étrangers : Le vieillard entretenait un réseau solide avec lequel il échangeait régulièrement sur les intrigues du Reike et des états voisins. Les conversations allaient bon train et s'articulaient généralement autour des idées de chacun et des intérêts des uns et des autres à l'évolution de la guerre qui opposait la lignée royale aux "barbares de la horde de Ryssen".
    Après chacun de ces regroupements, Priam exigeait d'elle qu'elle lui fasse un rapport détaillé de tout ce qu'elle avait entendu. Dans le moindre détail. Avec le temps, il demanda ensuite qu'elle soit en mesure d'analyser les propos de ses convives, de les recroiser, et d'exprimer une opinion sur ce qui avait été débattu. Parfois il la laissait simplement s'exprimer et se contentait d'opiner lentement du chef. Parfois, le vieux noble lui apportait quelques éléments supplémentaires pour nourrir ses réflexions. Et en de rares occasions, il finissait par lui donner sa propre expertise.

    Cet exercice lui était de plus en plus familier et son esprit s'aiguisait en parallèle des aptitudes psychiques qu'elle développait en ce sens. A ses qualités naturelles ne tardèrent guère à s'ajouter celles, magiques, que lui transmettait Priam. Il se montrait généralement froid et distant, mais jamais il ne l'avait battue sans raison. Jamais il ne l'avait insultée, humiliée ou maltraitée par plaisir. Ses punitions, rares tant elle s'appliquait à la tâche, étaient toujours justifiées et Asmodèle ne lui en voulut jamais d'aucune de ses décisions la concernant, jusqu'à le considérer comme le père qu'elle n'avait jamais eu.
    A sa manière, il l'aimait, et plus le temps passait, plus ce sentiment se renforça. Pour parfaire son éducation et combler les lacunes et le temps qu'il ne pouvait lui consacrer, le vieil homme manda les services d'une préceptrice qui, elle, ne tarda guère à prendre la place d'une mère dans le coeur de la Drakyn. Elle lui apprît les choses de l'amour, à soigner sa mise et son attitude en société, la poésie, et tout ce qu'une femme de la bonne société se devait de connaître pour briller auprès de ses pairs. Quoi qu'en amour, elle ne fut pas la seule puisqu'Asmodèle se prît d'affection pour un courtisan d'une maison de plaisirs réservée aux bourses les plus généreuses. D'abord, il eut s'agit qu'elle soit au fait des plaisirs de la chair, puis ils devinrent amis tant l'intellect et les vues sur le monde du garçon semblaient proches des siennes.

    Un père. Un mentor. Une mère. Un ami. Une vie. Tant de plaisirs qu'elle pensait ne jamais connaître et qui étaient devenus son quotidien à la capitale. La guerre fut bientôt terminée, et l'union des Draknys au clan Ryssen fut accueillie avec réserve mais enthousiasme par le cercle d'influence du vieil homme. "Famille décadente", "Besoin de renouveau", "La puissance dans l'unité"... Les arguments en faveur de ce nouvel alignement ne manquaient pas, et les doutes qui subsistaient encore à l'aube de l'assaut des Titans furent balayés quand le couple impérial prit sur lui de mener son peuple en première ligne face à cette menace qui pesait sur l'intégralité du monde.
    L'instabilité et le renouveau constituèrent des avantages que le vieil homme exploita afin de placer sa pupille dans les rouages de l'administration ébranlée; une position privilégiée depuis laquelle elle avait bien meilleure vue sur les intrigues de la cour.

    Il subsistait cependant en elle un sentiment de vide qui ne la quittait guère; une gène qui prenait sa source au bas de son dos, où l'épine rituelle la liant à son jumeau lui rappelait constamment ce qu'elle avait été. Souvent, des pointes de douleur lui traversaient l'échine et un sentiment de terreur lui faisait dresser les poils quand elle imaginait peser dans son dos le souffle de sa lignée et de son frère dont elle pensait parfois capter la présence, tout près d'elle. Et cette mauvaise impression ne tarda guère à se confirmer, peu de temps après les festivités du triomphe Impérial.

    ***

    Priam ne pipait mot depuis près d'une heure déjà. Une heure qu'il la menait le long d'une série de couloirs et de souterrains en périphérie de la capitale, jusqu'à une petite pièce circulaire crevée tout le long de ses murs de grilles massives fermant l'accès à d'étroites alcôves privées de lumière. Il plongea sa torche dans une vasque d'huile au centre et se tourna vers elle, laissant planer un dernier moment de silence avant de faire peser l'une de ses grandes mains fripée sur son épaule. Elle fut peinée en constatant à quel point l'état de santé de son mentor s'était dégradé les derniers mois, telle qu'en témoignait la faiblesse de sa prise et les tremblements nerveux de sa main désormais osseuse.

    - Il est temps pour toi de te libérer, Asmodèle. Mon heure approche. Je suis sur le seuil et je sens déjà le souffle froid de la mort glisser sur ma nuque. J'aurais voulu t'en apprendre davantage, mais le temps me manque, et il me reste une chose à faire avant de quitter ce monde. Ou, à te faire faire, pour être tout à fait exact.

    Un frisson traversa l'échine de l'apprentie tandis qu'elle s'efforçait de contenir la détresse que lui infligeait la perspective de la mort du vieil homme. Elle s'y était préparée depuis les premiers jours, mais ces dernières années lui avaient amenée tant de délices qu'il lui semblait inconcevable de se voir arracher la présence de son mentor. Ces pensées et la mélancolie qui les accompagnaient glissèrent dans un repli de son esprit tandis qu'elle se focalisait sur le sentiment de curiosité que suscitait cette ultime proposition.

    - Je ne t'en ai guère parlé puisque je n'avais aucune garantie de résultat, mais j'ai trouvé le moyen de rompre le sortilège qui affaiblit ton âme. J'admet que cela n'a pas été aisé, dans la mesure où un élément capital manquait à la compréhension de son fonctionnement.

    Tourner autour du pot ne lui ressemblait pas. Asmodèle fronça légèrement les sourcils et croisa les bras sous sa poitrine en dardant ses yeux de feu dans ceux du vieillard qui, pour la première fois, lui semblait hésitant. Des ondes de douleur lui martelaient le dos avec une intensité croissante depuis qu'elle s'était éloignée du manoir, et les plus violentes se manifestaient depuis qu'elle avait passé le seuil de la pièce circulaire, attirant inexplicablement son regard vers l'une des alcôves plongée dans le noir. Son coeur battait de plus en plus vite à mesure que le silence s'étirait dans le temps et qu'elle comprenait.

    - Ton âme a été morcelée, ce jour là. Et ce fragment qui manque à ton être n'a jamais quitté celui qui lui était destiné. J'ai eu grand peine à le retrouver, puisqu'il a été vendu sous un autre nom que celui que vous partagez... Mais l'édit impérial sur l'esclavage l'a fait ressurgir de l'ombre en homme libre, et...

    - Il est ici, trancha-t'elle en s'efforçant de crever l'obscurité de l'alcôve qui attirait son regard depuis un moment déjà. Elle ne le voyait pas, mais elle le sentait. Et avec sa présence, un puissant sentiment d'insécurité et d'angoisse étreignit son coeur. Il était là. Elle n'avait aucun doute. Asmodée, le dernier vestige de la demi vie qu'elle avait enduré avant sa rencontre avec le vieux sorcier. Le responsable de sa condition, de son affaiblissement. Celui à qui l'on avait donné tout ce qu'elle aurait souhaité avoir. Autrefois. Son coeur s'emballa et sa respiration avec lui, puis elle sentit ses jambes se dérober sous son poids, ses genoux claquant sèchement sur le dallage alors que ses grands yeux écarquillés vomissaient un flot continu de larmes irrépressibles.
    Priam se tint simplement devant elle en silence, pendant un long moment, et une troisième voix finit par émerger de la cellule, faible et éraillée.

    - Petite soeur...?

    Elle ne répondit pas, et Asmodée traina sa carcasse abimée jusqu'à la grille, laissant transparaître à travers les traits de son visage émacié. Il s'était affaissé avec le temps, courbé par le poids des charges qu'il avait eu endurer pendant son service forcé. Ses yeux livides trahissaient la soumission forcée qu'il avait du endurer et l'âge le faisait tant ressembler à leur père qu'elle crut un instant le voir et l'entendre, lui. Progressivement, un calme froid succéda à la panique qui étreignait la jeune femme et elle se redressa pour toiser de toute sa hauteur son jumeau agenouillé derrière la grille d'acier.
    Pour elle, le temps avait été favorable, et si elle n'entrait guère dans les standards de sa race, elle était devenue une belle femme, bien nourrie, bien vêtue, en accord avec la position qu'elle occupait désormais. Quant à lui... Elle se surprit à se retrouver en lui, faible, écrasé par le poids de la servitude, des humiliations et du mépris. Et ce sentiment lui procura un indicible plaisir, tant et si bien qu'un sourire satyrique étira ses lèvres tandis qu'elle s'approchait de lui pour constater de plus près comme il était devenu misérable.

    - Le choix t'appartient, Asmodèle.

    S'il s'était attendu à la voir hésiter, douter; renoncer, le vieil homme sous estimait la férocité de son apprentie. Presque avec douceur, elle posa sa main douce et claire contre la joue de son jumeau, plantant ses grands yeux vermeille dans les siens tandis que son sourire s'adoucissait, appelant chez lui un sourire identique.

    - J'ai toujours été bon avec toi, Asmodèle...N'est-ce pas ?

    La Drakyn ne répondit pas. Au lieu de cela, elle agrippa la nuque de son jumeau et arracha d'un coup sec l'épine qui crevait son propre dos, sans un cri, sans laisser filtrer une once de la douleur considérable qui se déversa dans son corps comme un torrent de flammes, se délectant de la douleur égale que cela lui infligeait, à lui. Il hurla comme un cochon qu'on égorge et tenta de s'arracher à son étreinte. Elle ne lui en laissa pas le temps, enfonçant brutalement la longue épine noire en travers du coeur de celui qui fut l'enfant prodige d'Hadar Lazaranth. Et elle le retint, encore, serrant fermement sa nuque en plantant ses yeux larmoyants dans les siens, serrant les dents en s'abreuvant, vorace, de la vie qui quittait son corps.

    La flamme du Drakyn s'éteignit et elle le laissa s'effondrer mollement sur le coté, poussant un long soupir d'aise à mesure qu'elle appréciait la force recouvrée qui jaillissait dans ses veines. Elle se sentait libérée. Elle se sentait forte. Elle se sentait entière. Elle se sentait...mieux.

    ***

    Priam l'ancien mourut quelques mois plus tard, laissant à son apprentie la propriété du manoir ainsi qu'un généreux pécule. Asmodèle, bien qu'affectée par sa mort, se sentait désormais mieux que jamais, investie par une volonté nouvelle et un désir puissant de s'élever. D'aller plus haut, plus loin, qu'aucun de ses pairs n'aurait pu imaginer. Appréciée et douée dans l'exercice de ses fonctions, connue pour son intégrité et le zèle presque fanatique qu'elle éprouvait à l'égard du couple impérial depuis la naissance de leur héritier, elle fut élevée au rang de diplomate et s'engagea à corps perdu dans ses fonctions, prête à prendre à la vie tout ce dont elle en attendait.

    Elle était libre.

    Groupes d'intérêts


    La prophétie de la Lune et du Soleil

    Élevée au sein d’une lignée persuadée de la pureté de son sang, pâle imitation dégénérée des croyances de la famille impériale, Asmodèle développa une fervente admiration et un amour inconditionnel envers le couple impérial, qu’elle estime à l’égal de dieux depuis la naissance de leur héritier draconique. Et de par les preuves indiscutables - selon elle - de leur nature, et en opposition aux croyances égocentriques des siens, qui s’estimaient destinés à assurer le retour des dragons en Sekai.

    Suprémacisme impérial

    Avant même de consolider sa foi en la prophétie, Asmodèle croyait déjà fermement en la perspective d’une entité régnante unique et inébranlable. La conquête du Reike par le clan Ryssen et son union avec la lignée impériale furent autant d’éléments qui ancrèrent en elle ce désir profond de voir naître un monde uni sous un étendard unique, inflexible, et prêt à faire front face aux Titans et aux “factions inférieures” qu’elle perçoit comme des nuisibles qui, par leur refus de se soumettre, menacent la force de l’unité qu’elle pense nécessaire à la stabilité du monde.

    derrière l'écran

    Pseudo : Swaggoat
    Comment avez-vous connu le forum ? Un topsite !
    Avis sur le forum : Le noir c'est beau, le noir c'est digne, le noir, ça fait peur ! (Et ça fait plaisir de trouver un contexte mature de fantasy, et qui n'est pas du manga ou un truc de vampire...ou de fesse.)
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    Noble du Reike
    Noble du Reike
    Asmodèle Lazaranth
    Asmodèle Lazaranth
    Messages : 2
    crédits : 16

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Mage noir
    Alignement: Loyal mauvais
    Rang: B
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t4350-asmodele-lazaranth-terminee#41647
  • Mer 6 Nov 2024 - 7:43
    Et...Terminé ! o/
    Empereur-dragon du Reike
    Empereur-dragon du Reike
    Tensai Ryssen
    Tensai Ryssen
    Messages : 229
    crédits : 3056

    Info personnage
    Race: Drakyn
    Vocation: Guerrier combattant
    Alignement: Chaotique neutre
    Rang: S
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t2323-tensai-ryssen-l-empereur-dragon
  • Dim 10 Nov 2024 - 14:57
    Bonjour Asmodèle,

    J'ai beaucoup apprécié le lien de ton personnage avec Priam ainsi que son évolution inRP. Etre dépendante de son frère, ce n'est jamais très agréable, mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle s'est joliment anticipée de ton clan.

    En ce qui concerne le transfert mana et le bout d'âme lié à son frère, comme c'est un élément du background (et que le frangin est mort, surtout), je laisse passer.

    J'espère que tu t'amuseras bien sur le forum et que tu feras de belles rencontres RP. Bon jeu à toi o/
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