Tu joues dans la cour des grands maintenant

Sa question était légitime, et c’est bien pour ça qu’elle ne lui avait pas caché l’origine des fonds qui avaient permis la création de ce lieu, tout comme son identité… L’avantage avec la présidente, c'était qu’avec son niveau d'accréditation, il était bien plus simple de contourner le regard des officiels de la république.

- Tu n’as pas à t’inquiéter, même si ça a été fait avec les fonds de la présidente, elle est au courant sans véritablement l’être. Disons simplement que la note est sur son bureau mais qu'elle ne viendra jamais jusqu’ici pour vérifier par elle-même. Donc tu peux considérer que nous sommes les seuls à avoir la connaissance de ce lieu.

Il était mignon quand il s’amusait à chercher de quoi faire évoluer les lieux. Il voulait le sécuriser, le rendre imprenable et pouvoir en sortir rapidement pour éviter les pertes inutiles. C’était le genre de réflexion qu’un véritable meneur d’hommes se devait d’avoir. Il n’en avait sûrement pas conscience, sa lignée devait certainement y être pour beaucoup. Quand l’heure viendra, tout ce qu’ils auront construit ensemble lui reviendra et il en aura le fardeau, seul…

Il voulait toujours se convaincre qu’il n’était pas en train de militariser une bande d'enfants, pourtant c’était ce qu’il était en train de faire. C’était loin d’être une mauvaise chose et il n’était pas l’heure de lui rappeler une nouvelle fois cette évidence, appréciant simplement ce moment tout en espérant qu’il dure d’autant plus longtemps… Tous ces événements avaient pour but principal de pouvoir l’intégrer dans la pègre pour qu’il se fasse un nom et une identité en tant que son second. Qu’est-ce qui avait fait qu’elle s’intéresse plus à lui qu’à un autre membre du SCAR ? C’était compliqué à dire, même pour la première concernée.

Récupérant un peu de liqueur pour en boire également, elle n’avait pas non plus de réponse à sa question sur la raison d’une telle bouteille en ce jour, mais ça semblait surtout être une question rhétorique, fort heureusement.

- Mais c’est le cas, mon cher second en chef, tu ne vas pas seulement devenir lieutenant, tu vas également devenir mon second !

Entre chaque mot, elle l’embrassait avec un sourire aux lèvres, l’attirant un peu plus contre elle.

- Et… Tu… N’as… Pas… Le… Choix…

Maintenant, il n’avait plus le choix. À partir du moment où il avait accepté d'entrer dans le SCAR, il était dans les filets de la chienne des Goldheart.

Cette fois, elle décida de changer de méthode, lâchant un peu sa prise contre lui pour le laisser s’écarter. Elle fit tomber la chaussure de son pied droit tout en repoussant l’elfe jusqu’à ce que la plante de son pied puisse se poser intégralement contre son ventre. Tout en le fixant volontairement du regard, elle s'arrêta, imaginant que la distance était déjà bien suffisante. C’était la meilleure manière de pouvoir tester s’il pouvait en arriver à ressentir une sensation de manque pour elle. Est-ce qu’il allait penser qu’elle était en train de le repousser ? La croqueuse d’hommes s’amusait de les voir se battre pour elle et un de plus à ses pieds n’était jamais de trop.

Comme si de rien n’était, elle recommença à parler, jouant avec ses orteils contre lui.

- Je m’occuperai de te trouver une excuse pour le SCAR, tu n’as pas à t’inquiéter. Prends le temps qu’il te faudra. Pour la défense, je m’occuperai de te ramener tout le matériel dont tu auras besoin, mais pour le long terme, peut-être bien trouvé quelqu’un d’autre que la Sainte… Tu peux voir avec le Baron, j’ai confiance en lui, il pourra te fournir ce dont tu as besoin. C’est lui qui a le plus gros clan, il devrait avoir tout le matériel qu’il faut pour nos enfants.

C’était amusant de voir comment elle s’était rapidement prise au jeu. Après tout, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. S’ils arrivaient réellement à les considérer comme leurs parents, alors ça ne pouvait qu'augmenter la loyauté de nouveaux soldats.

- Pour la cartographie, peut-être que ça pourra faire partie d’une des premières missions que tu pourrais leur donner ? Il n’y a pas de danger ni de monstre mangeur d’enfant ici, simplement du noir, de l’humidité et des parasites, rien de plus, rien de moins. Tu pourras facilement profiter de tout ça pour faire un tri entre les leaders de demain et les suiveurs de toujours.

Se cambrant légèrement sur la table tout en relevant son visage comme pour regarder le plafond, son regard se fixe de nouveau dans celui de son futur second comme pour le défier.