[Flash-rp] Un simple squatteur

21 mai de l’an 2

Fouillez partout.

C’est par cette phrase un peu lapidaire, que je commande à mes hommes, couvert par des soldats, car on ne sait jamais, de fouiller une des bâtisses appartenant au frère de l’Impératrice. Nous sommes à la recherche de livre de compte qui aurait été abandonné ici. La demeure est, en tout cas, vide, ce qui n’est guère étonnant, une attaque de créatures affiliées aux Titans a eu lieu à proximité immédiate, avant de s'en aller, il y a quelques jours et tout le monde a fuit ou a été massacré.

Pour ma part, je monte les escaliers jusqu’au dernier étage. Tout est meublé avec goût ici et on sent que le propriétaire a un véritable sens du beau. J’avoue ne pas avoir de nouvelle de Vaenys, depuis qu’il a réussi l’exploit de faire prisonnière la titanide Zei. Personnellement, il a remonté dans l’estime de pas mal de gens, y compris la mienne.

Je le pensais à ressasser le passé dans une de ses nombreuses propriétés, profitant de la vie, mais à la place, il a conçu un plan, forcément génial vu le résultat. À vrai dire, j’ignorais complètement que c’était possible de s’en prendre directement aux Titans qui ont des pouvoirs gigantesques. Cela me donne confiance pour l’avenir, car si on arrive à les capturer, on peut aussi les tuer.

Je suis tiré de mes réflexions par un bruit dans une pièce non loin de moi et j’ouvre la porte, indiquant, sans même savoir s’il quelqu’un :

Vous êtes sur une propriété privée, veuillez quitter immédiatement les lieux.

C’est sans doute un pillard et s’il le faut, je ferais appel aux gardes pour le virer de là. Personne n’a le droit de squatter la résidence du frère de l’Impératrice !

Etrange coincidence.
A peine reviens je faire un tour en ma propre demeure que celle ci se trouve infesté par des rats.
Dire que je ne suis là que pour vérifier l'ampleur des dégats suite à l'attaque récente à croire que ma chère sœur et son formidable époux n'attendais qu'une occasion plus ou moins légitime d'investir les lieux.
Sont ils assez naif pour penser que je cache de sombre complots dans les murs même d'une demeure qui est connu de tous comme étant mienne ? Ce serait risible si ce n'était pas si décevant. Tout ce que je cache entre ses murs est déjà entre mes mains,autre part loin des nuisibles qui viennent fouiller les ruines d'un empire autrefois prospère.
Et tandis que je me demande qui est là aujourd'hui pour me piller j'attends la venue de mes invités non désirées,derrière mon bureau,comme si rien n'avait changé.

- Exact. La mienne pour être exact mais peut être que celui qui se permet de tel injonction à mon encore aurait l'obligence de me donner son nom,que je connaisse au moins mes invités.
Invités qui me pardonnerons très certainement de ne pas offrir de boisson après tout je ne vie plus vraiment en ces lieux.

Mes mots sont peut être un peu joyeux,presque théatral mais le ton qui les porte n'en demeure pas moins glaciale,pourtant cette pointe soyeuse de régalité qui semble à jamais défier les gens de s'opposer à moi même.

C’est la boulette, une sacrée boulette même.

Quand j’entends ses paroles pleines d’autorités, je reconnais cette voix, l’ayant déjà entendu au Palais et mes pires craintes se réalisent quand il me confirme qu’il est bien Vaeynis ! Je m’incline donc devant l’homme qui est assis, ne mettant pas un genou à terre, car l’Empereur actuel prend cette marque de respect pour une trahison et je lui dis d’un ton contrit :

Noble seigneur, je ne savais pas que vous étiez présent, je vous présente toutes mes excuses.

Un des soldats, alerté par notre discussion passe la tête et je lui annonce :

Quittez immédiatement les lieux.

Il me regarde d’un air surpris et je lui confirme :

Vite, le frère de l’Impératrice est là.

Cette fois-ci, il comprend et se dépêche de prévenir ses petits camarades, quant à moi, je reprends la discussion avec le maître des lieux :

Je suis le Contrôleur Royal, Tagar Reys. Encore une fois, je suis désolé pour cette erreur. Il nous a été signalé que cette demeure était vide suite à une attaque et comme je devais vérifier vos livres de comptes, je me suis permis d’entrer, cela ne se reproduira plus.

Sycophante ennuyeux ou jeune chiot ambitieux ?
Je ne saurais le dire. Son nom me parle d'une époque où je ne prenais pas la peine de m'intéresser aux insectes grouillants dans le Reike, une époque où je n'étais pas un être vivant, mais un Dieu intouchable et intouché.
Il ne me méprise pas, mais il ne me craint pas également. Respect peut être pour le nom ou peut être pour mes actes, je ne saurais le dire, mais néanmoins assez intelligent pour savoir se comporter.
Je peux comprendre qu'Ayshara lui ai donné le poste.

- Tagar Reis ? Un nom que je connais sans réellement connaître.
J'espère que tu saura au moins me distraire un temps.

D'un geste, je l'invite à s'asseoir. Arrogant, je peux être, c'est certain, mais j'en reste bien élevé quand je le souhaite du moins, j'aime à le croire.
Puis je reprends,et mes mots bien que portant le sceau de l'interrogation ne laisse pas vraiment le choix à mon interlocuteur de répondre ou de fuir,ce choix lui a été retiré une fois ma présence en ces lieux confirmés et je sais qu'au fond de lui-même, il a conscience de ce fait.

- Je suis curieux.
À qui offres-tu ta loyauté ? La Reine ou le Roi ? Peut-être l'offre tu au couple royal simplement ou à un quelconque symbole de pouvoir qui t'est supérieur ou peut être même que ce qui t'importe reste le Reike et non pas sa tête. A moins que ton unique loyauté soit ton ambition ?
Je ne te jugerais pas. Je veux simplement savoir quel genre d'homme ma sœur à choisis.

Je suis un peu déçu qu’il ne me connaisse pas, cela aurait fait bien à mon ego. Pourtant, ce n’est pas surprenant, je ne suis pas non plus le Cœur ! Il semble s’ennuyer, car il recherche un interlocuteur et pour ma part, j’ai trop rarement l'occasion d’avoir une personne éduquée avec qui conversé, à part Mère, bien sûr. Il me propose de m’assoir et j’accepte avec reconnaissance, crapahuter pendant des heures pour arriver dans cette maison pleine d’escaliers était épuisant ! Il me pose une question bien difficile et je lui dis en souriant :

Noble Seigneur, le moins que l’on puisse dire, c’est que vous n’y allez pas par quatre chemins ! Je pourrais argumenter sur ce qu’est la loyauté, mais je pense qu’il est encore trop tôt pour cela. Je répondrais simplement, que vu notre système de gouvernance actuel, le couple Royal représente le Reike, donc ma loyauté va aux trois.

Je ne regrette de rien avoir à boire, mais je continue :

J’ai de l’ambition, mais étant un Reys, ma loyauté n’est pas quelque chose de négociable.

Je me souviens alors que j’ai ma flasque d’alcool de cerise sur moi et je sors la petite bouteille, demandant au frère de la Reine :

J’ai avec moi, une petite douceur, souhaitez-vous que je vous en serve un verre ?

Je ne sais pas si son bar est intact, alors autant proposer.

Il manie bien les mots, je lui reconnais. Mais il est jeune, trop pour me tromper et bien trop pour essayer de me vaincre à un jeu auquel je jouais avant même sa naissance. L’art subtil et délicat de la tromperie est malheureusement pour lui un art que je performe depuis bien des années maintenant.

- Tu me donnes là une réponse digne du Contrôleur Royal pas de Tagar. Je n’ai que faire de ta fonction ou de ton poste ou bien même de ta famille. Il y en a eu d’autres avant toi et il y en aura d’autres après toi. Ce que je veux, c’est ta réponse. Celle qui t’appartient entièrement, celle qui me montre quel genre d’être tu es réellement.

Je fais une pause, quelques secondes simplement de quoi lui offrir, d'un simple geste l’autorisation de se servir dans mes propres affaires, mon bar n'étant après tout pas vraiment ma priorité en ce moment même. Ce n'est qu'une fois servie que je reprendrais toujours dans ma lancée.

- Qui est Tagar ? Qu’est-ce qui le guide ? Est-il un grain de poussière dans l’immensité de la vie qu’on oubliera une fois mort ? Un être qui vise à dépasser sa destinée muée par une ambition sans fin ou un loyal serviteur qui se satisfait de vivre pour autrui ?

Je me permets de sourire quelque peu amusé par tout cela me rendant compte qu’a cet instant, je dois bien plus ressembler à un souverain cherchant à comprendre le coeur de son peuple que je ne l’ai jamais fait dans ma vie passée bercée que j'étais par mon illusion de supériorité.

-Quel est ton véritable visage ?

Ma réponse ne semble guère avoir convaincu mon interlocuteur, car il essaye d’en savoir plus sur moi et je lui en souriant :

J’ai des espoirs et des rêves comme tout un chacun. Mais je les garderai dans mon cœur, j’aurais trop peur de vous embêter avec cela. Il tourne principalement autour de la famille que j’aimerais construire, avec des enfants, être heureux, ce genre de chose.

Et oui, nous ne sommes pas égaux et encore moins amis, tout un monde nous sépare. Je suis un simple humain, un rouage basique et tout à fait interchangeable dans cette machine complexe qu’est le gouvernement Reikois. Il me permet ensuite de se servir dans son mini-bar et je lui sers un whisky, espérant que j’ai fait le bon choix avant qu’il me fasse une demande, un peu métaphysique et je le regarde avec de grands yeux :

Vous me posez là beaucoup de questions votre seigneur, auquel je ne peux répondre. Je me contente de faire mon travail du mieux que je peux et je pense sincèrement être utile. Concernant mes projets, j’aimerais beaucoup, un jour, avoir votre courage, pouvoir se jouer d’un titan et arriver à l’emprisonner est un exploit unique au monde.

Il me pose ensuite une dernière question et je lui réponds en souriant :

Je n’ai qu’un seul visage, j’ai juste beaucoup de pensées différentes.

Maintenant, que j’ai répondu à ses questions, je lui demande :

Et vous monseigneur, comment allez-vous ?

Je me souviens maintenant pourquoi je méprise tant mon propre peuple, pourquoi pendant si longtemps j’ai pris plaisir à détruire étape par étape les fondements même de leurs croyances, c’est ce que manque fondamental d’ambition, cette limitation auto-imposé face à la supposé supériorité des miens, cette naïve croyance en notre perfection.
Mes actes je ne les dois qu’a moi-même, pas à mon sang, pas à mon rang ni même à une quelconque aide de divinité qui ne m’ont jamais rien apporté. Tout ce que j’ai, tout ce que j’ai fait et tout ce que je suis-je ne le dois qu’a moi-même, qu’a l’expression pure de ma volonté.
Et il en est de même pour eux, si seulement il pouvait s’en rendre compte au lieux de simplement s’agenouiller alors peut être qu’eux aussi auraient une vie dont ils peuvent être fier et c’est pourquoi je ne peux m’empêcher de regarder mon interlocuteur avec un peu de pitié, et c’est presque déçu que je lui répondrais, m’offrant tout de même le plaisir de goûter ce qu’il me sert.

- Cesse donc tes compliments, qu’ils soit feint ou sincère je n’ai cure et ce n’est pas ce qui m’intéresse j’ai déjà bien assez droit au flagornerie habituelle chaque fois que je me présente officiellement quelques part.
Quant à moi-même puisque tu poses la question je m’interroge sur la nécessité de revenir auprès d’un peuple se complait à vivre à travers un couple royal sans jamais réellement chercher à vivre pour eux même. Car au fond n’est-ce pas là la vérité par rapport au Reike ? Tout un peuple dédié à une dynastie prétendument divine ? Ma sœur et le sauvage lui servant d’époux étant par la même les plus grand représentant de ce système pourrissant ?

Mon interlocuteur ne semble guère ravi de ma réponse, mais s’il croyait vraiment faire de moi son allié, il se trompe complètement. Nous sommes en guerre et il faut donc faire bloc, c’est indispensable. C’est pourquoi je suis assez fâché de sa réponse à ma question et je lui dis d’un ton assez sec :

Que votre dynastie soit divine ou non, n’est pas la question, votre famille a réussis à perdurer à travers les siècles et à faire en sorte que nous ne nous écroulions pas, comme a fait le Shoumeï. J'ai moi-même rencontrer une de vos ascendantes et elle était assez bizarre.

Je bois une gorgée de ma boisson avant de continuer :

Je suis une personne qui écoute le plus souvent, sans juger, car c’est mon état d’esprit, mais d’une part, quand quelqu’un vous fait un compliment mérité, on répond simplement en disant « merci ». Ensuite, d’autre part, notre système n’est pas pourrissant, il est encore debout et si nous survivons au conflit qui nous oppose au Titan, il sera au même niveau que le gouvernement des origines. La guerre a toujours été l'épreuve ultime, dans laquelle il est impossible de tricher.

C’est rare que je m’énerve, mais il ne faut pas abuser non plus. J’attends donc la réaction de mon interlocuteur, potentiellement violente. Je suis prêt à combattre, je ne serais pas le genre de personne qui se laisse frapper, dans tous les sens du terme, sans réagir.