Invité
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J’ai été imprudente et j’ai fini par me faire prendre. Assise depuis des heures sur cette chaise inconfortable, les mains menottées à cette table du même métal, j’essaie de convaincre l’officier qui me fait face, de ma parfaite innocence. Il s’agit d’un homme d’âge mûr, avec des favoris mal taillés et un bouc qui ne lui va pas. Il a le regard doux et de grosses joues qui lui donnent un air sympathique, malgré sa fonction.
Je m’avachis et soupire entre mes doigts.
- Mais puisque je vous dis que je ne le connais pas !
Peu importe les questions que l’on me posera, la façon dont ont me les posera, je ne connais PAS Rodric. Si je le vends, je signe mon arrêt de mort. Il a déjà été clair avec moi sur ce sujet. Peu importe que je sois sa nièce, si je commets cette erreur, il fera en sorte de me retrouver et de me le faire payer cher. Cette pensée me fait froid dans le dos. Il est le croque-mitaine qui n’a jamais cessé de me hanter, depuis mon enfance.
Je n’ai pas une seule fois changé ma version des faits, depuis le début de cet interrogatoire. Il ne s’agit pas de ma première fois en garde à vue. Seulement, cette fois, je me retrouve dans un pétrin duquel je ne sais pas comment me sortir seule.
- Je vous l’ai déjà dit. J’ai commencé à travailler au port aujourd’hui, c’est un homme dans une taverne qui m’en a parlé, en me disant que c'est bien payé. Les temps sont durs, alors jai accepté. Est-ce un crime ?
Je me redresse, l’expression sincère. Je suis une menteuse qui arrive -presque- à se convaincre de ses propres mensonges. Je suis douée dans ce domaine, la tromperie, sous toutes ses formes, est mon expertise.
- Je ne savais PAS ce qu’il y avait dans ces caisses !
Convaincue.
- Qu’est ce que vous ne comprenez pas ? Au lieu de me retenir ici comme une criminelle, vous devriez chercher les personnes derrière ça ! Vous perdez votre temps avec moi.
Outrée.
- Mais parce que je ne sais RIEN !
En colère.
Je pousse un grognement d’exaspération.
"Je m’appelle Isabelle, je suis fille de paysans, née dans un village de l’Ouest républicain. J’ai voulu tenter ma chance dans une grande ville et me suis retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment." Je me suis répétée mentalement cette histoire, à l’endroit, comme à l’envers. Mes papiers sont faux, réalisés par un type bon dans son domaine, qui travaille pour Rodric depuis des années. Malgré tout, on ne me croit pas. Quelque chose m’échappe. Pourquoi ? Je ne suis pas une criminelle notoire, je suis pour le moment -et c’est mieux ainsi-, inconnue des forces de l’ordre de la République. Ou devrais-je dire que ma véritable identité leurs est inconnue. Mes seuls ennemis sont ceux de mon oncle, bien qu’ils n’aient aucun intérêt à me voir tomber.
Je retourne la question, encore et encore. Est-ce que quelqu’un m’aurait vendue ? Dans ce cas, qui ?
Je pourrais sans doute m’échapper, en usant de mes pouvoirs et d’un peu de violence, mais à quel prix ? Tous mes efforts pour rester dans l’ombre, depuis ces trois dernières années, n’auraient servi à rien. Je commence néanmoins à réaliser que, cette fois, mon jeu d’actrice ne me sauvera pas.
Je m’avachis et soupire entre mes doigts.
- Mais puisque je vous dis que je ne le connais pas !
Peu importe les questions que l’on me posera, la façon dont ont me les posera, je ne connais PAS Rodric. Si je le vends, je signe mon arrêt de mort. Il a déjà été clair avec moi sur ce sujet. Peu importe que je sois sa nièce, si je commets cette erreur, il fera en sorte de me retrouver et de me le faire payer cher. Cette pensée me fait froid dans le dos. Il est le croque-mitaine qui n’a jamais cessé de me hanter, depuis mon enfance.
Je n’ai pas une seule fois changé ma version des faits, depuis le début de cet interrogatoire. Il ne s’agit pas de ma première fois en garde à vue. Seulement, cette fois, je me retrouve dans un pétrin duquel je ne sais pas comment me sortir seule.
- Je vous l’ai déjà dit. J’ai commencé à travailler au port aujourd’hui, c’est un homme dans une taverne qui m’en a parlé, en me disant que c'est bien payé. Les temps sont durs, alors jai accepté. Est-ce un crime ?
Je me redresse, l’expression sincère. Je suis une menteuse qui arrive -presque- à se convaincre de ses propres mensonges. Je suis douée dans ce domaine, la tromperie, sous toutes ses formes, est mon expertise.
- Je ne savais PAS ce qu’il y avait dans ces caisses !
Convaincue.
- Qu’est ce que vous ne comprenez pas ? Au lieu de me retenir ici comme une criminelle, vous devriez chercher les personnes derrière ça ! Vous perdez votre temps avec moi.
Outrée.
- Mais parce que je ne sais RIEN !
En colère.
Je pousse un grognement d’exaspération.
"Je m’appelle Isabelle, je suis fille de paysans, née dans un village de l’Ouest républicain. J’ai voulu tenter ma chance dans une grande ville et me suis retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment." Je me suis répétée mentalement cette histoire, à l’endroit, comme à l’envers. Mes papiers sont faux, réalisés par un type bon dans son domaine, qui travaille pour Rodric depuis des années. Malgré tout, on ne me croit pas. Quelque chose m’échappe. Pourquoi ? Je ne suis pas une criminelle notoire, je suis pour le moment -et c’est mieux ainsi-, inconnue des forces de l’ordre de la République. Ou devrais-je dire que ma véritable identité leurs est inconnue. Mes seuls ennemis sont ceux de mon oncle, bien qu’ils n’aient aucun intérêt à me voir tomber.
Je retourne la question, encore et encore. Est-ce que quelqu’un m’aurait vendue ? Dans ce cas, qui ?
Je pourrais sans doute m’échapper, en usant de mes pouvoirs et d’un peu de violence, mais à quel prix ? Tous mes efforts pour rester dans l’ombre, depuis ces trois dernières années, n’auraient servi à rien. Je commence néanmoins à réaliser que, cette fois, mon jeu d’actrice ne me sauvera pas.
- Hrp:
- Je le concède, ça n’est pas bien fourni en informations cruciales, mais je me rattraperai par la suite !
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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De l'autre côté du fin panneau de bois, j'écoute et j'observe attentivement ce qui se passe dans la salle d'interrogatoire. Le petit trou, dans un coin et dans la pénombre, s'assure que personne remarquera l'éclat d'un regard qui espionnerait ce qui se passe à l'intérieur, et les mouvements du collègue maintiennent l'attention de l'accusée sur lui. Ca fait un moment qu'on essaie de la cuisiner, la Isabelle, mais pas moyen d'en retirer quelque chose, au point qu'on en vient à se demander si on s'est pas planté.
Pourtant, Gugus, avec son visage aimable et sa ténacité canine, il a tout pour faire craquer les gens, a fortiori quand ce sont pas des criminels chevronnés. Dans ce cas, on envoie plutôt des types moins sympathiques et autrement plus patibulaires. Finalement, avec un soupir, Gugus se lève.
« Vous ne nous facilitez pas la tâche, jeune femme. Et, par conséquent, vous agravez votre cas. »
La laissant sur ces mots, il ressort de la pièce, et ferme la porte à clé derrière lui. De mon côté, j'ferme le clapet sur le trou après avoir regardé quelques secondes de plus pour essayer de repérer du soulagement, une expression de victoire, n'importe quoi qui indiquerait qu'on se joue de nous. Mais non, juste du désespoir et de la colère, de l'impuissance et de la peur. Bref, le cocktail habituel des accusés à tort. Merde.
J'quitte le placard-cagibi dans lequel j'suis collé, j'verrouille bien la petite porte pour pas que le moindre son ne filtre, et j'rejoins Gugus dans une salle adjacente.
« T'en penses quoi ? Qu'il demande.
- J'sais pas. j'étais sûr qu'on avait la bonne, ce coup-ci. Mais y'a rien qui dépasse. Et on n'a pas vraiment de preuve autres qu'un faisceau d'indices.
- Il est sacrément gros, le faisceau...
- Ouais mais ça suffira pas pour les chefs.
- Ils sont pas si regardants d'habitude quand il s'agit de balancer quelqu'un...
- Ouais, mais là y'a des gros porteurs du genre affiliés à la SSG qui se sont plaints ou j'sais pas quoi, que ça risquait de remonter au sénateur si l'office républicain faisait pas quelque chose.
- Et leurs propres services de sécurité ? Leurs milices pourries, là ?
- Chou blanc, 'videmment, sinon ils seraient pas venus nous voir. »
Il se retient in extremis de cracher par terre pour exprimer son mélange de dépit et de mépris.
« Du coup, on fait quoi ? »
Je hausse les épaules.
« On la laisse sortir.
- Quoi ?
- Bah oui, quoi d'autre ? »
Effectivement, on n'a pas vraiment d'autre choix. On la fait poireauter quelques heures, quand même, pour le principe, et pas trop montrer l'aveu d'échec. Ca fait des semaines que les gros marchands se plaignent de vols, d'agressions, et d'intimidations, sans compter quelques lettres anonymes qui sont clairement du chantage. A défaut d'avoir réussi à mettre de l'ordre eux-mêmes, ils se sont tournés vers nous, et faut bien constater que jusqu'à présent, on fait chou blanc aussi.
Heureusement, rien n'est jamais aussi simple : on l'a quand même pincée avec la cargaison, d'une façon ou d'une autre. Donc même si on l'a pas choppée en flagrant délit de mensonge, il nous reste quelques cartouches à jouer. C'est pour ça aussi que Gugus a mené l'interrogatoire seul. J'remise mon uniforme d'officier républicain pour reprendre mes sapes de civil. Y'aura plus qu'à la suivre et voir ce qui tombe. On va faire des roulements sur quelques jours avec les collègues, et si rien... Ben on reprendra du début.
Ptet même que les chefs oublieront cette affaire d'ici là.
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