Invité
Invité
Concernant Narcisse, Imoogi ne peut être qu’élogieux, les deux hommes pourtant ne se connaissant que peu. Tout d’abord, et là commence sa mentale introspection à défaut de pouvoir coucher ses pensées sur le papier – la lecture lui est déjà fort compliquée –, Narcisse n’est pas déplaisant à regarder. L’homme est plus grand que lui, et le triton avoue que c’est presque émoustillant. Ses cheveux, il rêverait presque d’y glisser les doigts. Les sourires rares qu’ils ont échangés lui ont retourné l’esprit. Merde, cessons de penser à ça, l’homme est beau, c’est indéniable.
Ensuite, Narcisse, qui porte par ailleurs un prénom tout à fait charmant lui allant comme un gant, est talentueux. Approché par Imoogi perdu et plein de sous, las de divertir les foules dans des tenues trop pauvres pour véritablement captiver, il a su faire rêver le poisson aux yeux brillants de plaisir. Malheureusement, l’homme réclame des sommes d’argent qu’il ne peut pas toujours fournir. Ainsi, Imoogi ne possède de sa part que deux longs vêtements qu’il alterne selon son projet du soir. Il pleure sur ses économies. Il n’est personne, dans ce monde si grand, et le salaire qu’il se verse varie d’un mois à l’autre. Les raviolis sont populaires, et il sait quérir les endroits les plus animés pour le soir danser ou jouer du guzheng. Toutefois, la générosité n’est pas une obligation dans l’Empire, et les pièces comptées se font rares parfois. Il grince des dents. Des tenues fabuleuses, des vacances pour continuer d’explorer les terres infinies, Imoogi ne sait mettre de côté. Ainsi se trémousser, n’est-ce pas une forme de mendicité ? Il s’interroge mais secoue la tête. Ce n’est pas malhonnête.
Enfin, Narcisse est généreux. Il ignore comment il connaît ses talents, autrement qu’au hasard de leurs discussions sur ses vêtements, discussions terribles pour la poiscaille qui se retrouve aisément submergée par des informations dont il ne sait rien. Imoogi pourrait être un clown, ou un homme qui songe à sa grandeur alors qu’il est tout petit. Il se croit doué, Narcisse ne peut le prouver, alors pourquoi l’a-t-il ainsi invité à l’un de ses défilés ? Ils n’ont pas discuté paiement, il n’a pas osé, mais le garçon espère que cet événement lui permettra de gagner en popularité.
Lentement, les mains dénouent les cheveux qui tombent sur les épaules et caressent le bas du dos. Ils sont propres et sentent le frais. Son corps lui aussi est impeccable. Ses ongles sont limés, son visage légèrement maquillé. Imoogi enfile l’une des tenues confectionnées par Narcisse, contemple son reflet et le sourire lui revient. Elle est superbe. Il est superbe. Il tourne sur lui-même. Le parfum s’égare à la base de son cou. Il saisit son guzheng et s’enfuit. La porte claque derrière lui.
Il a parcouru les kilomètres presque sans se presser, quasiment à reculons. Plus il s’approche de l’adresse – mille fois demandée aux passants, cela est une évidence – offerte par l’autre homme, plus le stress noue ses organes. Il se mord les lèvres mais refuse au sang de rubéfier celles-ci. Elles sont roses, pleines de vie. Parfois, elles permettent aux doux sons de s’échapper de la gorge. Pas ce soir. S’il pourra toucher aux cordes de son guzheng, c’est surtout pour ses talents de danseur que le triton est appelé.
Il arrive devant une large porte en bois, jette un œil à gauche, un œil à droite. Il n’est plus question de reculer désormais. Il est sur place, mais ne sait que faire. Où est Narcisse ? Certainement derrière les lourds battants qu’il peine pouvoir pousser. Il hésite et déglutit, prend une minute pour arranger son teint et son visage terrorisé. Imoogi ne doit craindre personne. Il est le requin qui bouffe les petits poissons. Mais se produire devant Narcisse… bref. Craintes ridicules. Le guzheng flotte à ses côtés et d’une main déterminée mais tremblante, il toque avec force, et n’entend rien.
Ensuite, Narcisse, qui porte par ailleurs un prénom tout à fait charmant lui allant comme un gant, est talentueux. Approché par Imoogi perdu et plein de sous, las de divertir les foules dans des tenues trop pauvres pour véritablement captiver, il a su faire rêver le poisson aux yeux brillants de plaisir. Malheureusement, l’homme réclame des sommes d’argent qu’il ne peut pas toujours fournir. Ainsi, Imoogi ne possède de sa part que deux longs vêtements qu’il alterne selon son projet du soir. Il pleure sur ses économies. Il n’est personne, dans ce monde si grand, et le salaire qu’il se verse varie d’un mois à l’autre. Les raviolis sont populaires, et il sait quérir les endroits les plus animés pour le soir danser ou jouer du guzheng. Toutefois, la générosité n’est pas une obligation dans l’Empire, et les pièces comptées se font rares parfois. Il grince des dents. Des tenues fabuleuses, des vacances pour continuer d’explorer les terres infinies, Imoogi ne sait mettre de côté. Ainsi se trémousser, n’est-ce pas une forme de mendicité ? Il s’interroge mais secoue la tête. Ce n’est pas malhonnête.
Enfin, Narcisse est généreux. Il ignore comment il connaît ses talents, autrement qu’au hasard de leurs discussions sur ses vêtements, discussions terribles pour la poiscaille qui se retrouve aisément submergée par des informations dont il ne sait rien. Imoogi pourrait être un clown, ou un homme qui songe à sa grandeur alors qu’il est tout petit. Il se croit doué, Narcisse ne peut le prouver, alors pourquoi l’a-t-il ainsi invité à l’un de ses défilés ? Ils n’ont pas discuté paiement, il n’a pas osé, mais le garçon espère que cet événement lui permettra de gagner en popularité.
Lentement, les mains dénouent les cheveux qui tombent sur les épaules et caressent le bas du dos. Ils sont propres et sentent le frais. Son corps lui aussi est impeccable. Ses ongles sont limés, son visage légèrement maquillé. Imoogi enfile l’une des tenues confectionnées par Narcisse, contemple son reflet et le sourire lui revient. Elle est superbe. Il est superbe. Il tourne sur lui-même. Le parfum s’égare à la base de son cou. Il saisit son guzheng et s’enfuit. La porte claque derrière lui.
Il a parcouru les kilomètres presque sans se presser, quasiment à reculons. Plus il s’approche de l’adresse – mille fois demandée aux passants, cela est une évidence – offerte par l’autre homme, plus le stress noue ses organes. Il se mord les lèvres mais refuse au sang de rubéfier celles-ci. Elles sont roses, pleines de vie. Parfois, elles permettent aux doux sons de s’échapper de la gorge. Pas ce soir. S’il pourra toucher aux cordes de son guzheng, c’est surtout pour ses talents de danseur que le triton est appelé.
Il arrive devant une large porte en bois, jette un œil à gauche, un œil à droite. Il n’est plus question de reculer désormais. Il est sur place, mais ne sait que faire. Où est Narcisse ? Certainement derrière les lourds battants qu’il peine pouvoir pousser. Il hésite et déglutit, prend une minute pour arranger son teint et son visage terrorisé. Imoogi ne doit craindre personne. Il est le requin qui bouffe les petits poissons. Mais se produire devant Narcisse… bref. Craintes ridicules. Le guzheng flotte à ses côtés et d’une main déterminée mais tremblante, il toque avec force, et n’entend rien.
Invité
Invité
Le regard embrumé par l’ennui, Narcisse fixait une des nouvelles tenues qu’il avait confectionné la veille sous l’oeil attentif de ses vendeuses qui s’agglutinaient derrière les vitres pour le voir travailler. Enfermé dans son cocon de verre complètement insonorisé, le couturier laissait sa créativité se libérer sous la forme d’illusions avec lesquelles il jouait puérilement, passant de l’une à l’autre avec aisance, d’un rayonnant soleil à une pluie diluvienne. Après plus de mille ans d’existence, le Lumina savait parfaitement comment manipuler son propre esprit, le pousser dans ses retranchements pour en ressortir tel un papillon paré de centaines de couleurs chatoyantes. Une moue déçue sur le visage, il s’approcha de la robe pour la réajuster sur son mannequin, penchant la tête sur le côté, profondément confus sur la suite des événements. Les jours de défilés étaient toujours particulièrement stressants pour son assistante et si d’ordinaire il ne se préoccupait pas réellement de son état d’esprit, il tenait à faire un effort pour le premier d’une longue saison, d’autant plus que pour une fois, il était à domicile.
Quelques pas retentirent dans son dos, une marche lente, appliquée, légère. Celle de Mirabel qui déambulait dans les couloirs du manoir, se frayant un chemin jusqu’à son bureau pour quérir de ses nouvelles et surtout s’assurer qu’il ne lui poserait pas un énième lapin. Mais cette fois, elle avait une carte secrète qui le ferait rester à n’en point douter. L’Elfe passa l’embrasure de la porte, ses longs cheveux bruns dansant autour de son visage brillant de transpiration face au marathon qu’elle venait d’accomplir pour réussir à mettre en place la salle de réception qui les accueillerait le soir-même. « Tout va bien, Narcisse ? ». Elle s’arrêta dans son dos, croisant ses mains devant son bassin sagement. Le couturier mit plus d’une dizaine de secondes à formuler une réponse, concentré sur sa création qui le narguait, l’invitant à ajouter une pointe d’exotisme. Mais où ? Comment ? Laquelle ? Tant de questions auxquelles il ne possédait pas de réponses. C’en était agaçant. Il passa une main dans sa chevelure d’ébène pour remettre ses mèches en arrière avant de lui répondre tout en haussant les épaules. « A toi de me dire. J’ai le sentiment qu’il manque quelque chose, mais je suis incapable de trouver ce dont il s’agit. J'y suis depuis une heure. ». Une situation classique, une résolution simple. Rassurer le Lumina était peine perdue. Têtu et perfectionniste, il ne lâchait jamais l’affaire. Il ne restait à la directrice qu’une seule option viable : la distraction.
« Quelqu’un t’attend. ». Il leva un sourcil, perplexe. « Sois précise. Beaucoup de gens m’attendent ce soir, tu ne m’aides pas vraiment. ». Un petit rire s’échappa de l’entre ouverture des lèvres pulpeuses de l’Elfe et elle vint poser sa main délicatement sur son épaulière. « Quelqu’un que tu as envie de voir. ». Cela ne l’aidait pas plus malheureusement. Perséis ? Elle ne se serait pas déplacée sans faire une entrée phénoménale. Myriem ? Il ignorait si la demoiselle mettait vraiment les pieds en République, après tout elle était très attachée à sa terre natale. Posant ses fesses sur le fauteuil qui se trouvait à quelques mètres, il prit son menton entre deux doigts et son cerveau se mit à carburer, cherchant un visage dans les milliers de souvenirs qui l’assaillaient. Mirabel leva les yeux au ciel. « Si tu prenais seulement le temps de regarder la liste des invités ou ton emploi du temps, tu ne te poserais pas la question. Ton danseur. C’est aujourd’hui qu’il arrive. ». Narcisse cligna des yeux, bloquant quelques instants sur la dénomination utilisée par son assistante. Si elle avait dit « un » danseur, tout aurait été différent. Il s’agissait du sien. Imoogi. Il ne pouvait en être autrement.
Un large sourire vint étirer ses traits alors qu’il sautait de son assise, se précipitant au pas de course vers les immenses portes de son manoir. Si quelqu’un pouvait mettre le doigt sur ce qui manquait à sa tenue, c’était probablement un autre artiste. Et quel artiste ! Le couturier l’avait repéré aisément lors de nombreuses virées dans les spectacles nocturnes de la capitale, s’arrachant ses performances d’une beauté presque surnaturelle. Un véritable gâchis qu’un tel talent s’acharne à vendre des raviolis, aussi délicieux soient-ils. Alors qu’il se trouvait encore à quelques mètres de la porte, ses pas résonnant sur le marbre du hall qu’il traversait à vive allure, il entendit toquer avec force sur le bois massif. Ses doigts s’agitèrent sur les clefs qu’il tenait d’une main tandis que l’autre venait enclencher la poignée, ses yeux découvrant enfin ceux du danseur, s’y plongeant immédiatement. Un véritable délice dont il se régalait déjà. Son bras glissa instinctivement sur ses épaules, ses doigts caressant délicatement sa nuque dans le même mouvement, l’invitant à entrer et à le suivre. « Je suis ravi de te revoir Imoogi. Tu as fait bonne route ? ».
L’adresse du jeune homme était volontairement difficile à trouver pour les non initiés ; hors de question qu’il se fasse harceler. Il s’en voulut un instant de ne pas avoir envoyé une diligence pour venir le chercher, une politesse dont il le gratifierait à coup sûr la prochaine fois. « Ta présence est une bénédiction, je te remercie d’avoir pu te libérer. ». Encore une fois, Narcisse vivait dans un autre monde, complètement déconnecté de la réalité du peuple qui devait travailler avec ardeur pour se créer un nom. La richesse et la popularité n’étaient pas venus tout seul, mais elles remontaient à si longtemps qu’il en avait oublié les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front à cette époque. Les yeux toujours rivés sur le danseur, descendant de la racine de ses cheveux jusqu’à ses pieds en s’arrêtant sur son torse, le Lumina contemplait sa beauté avec une curiosité certaine. « Je peux t’offrir un rafraîchissement ? Un thé, un café, peut-être même un peu de vin ? » Il n’y avait pas d’heure pour savourer les bonnes choses et il le savait très bien...
Quelques pas retentirent dans son dos, une marche lente, appliquée, légère. Celle de Mirabel qui déambulait dans les couloirs du manoir, se frayant un chemin jusqu’à son bureau pour quérir de ses nouvelles et surtout s’assurer qu’il ne lui poserait pas un énième lapin. Mais cette fois, elle avait une carte secrète qui le ferait rester à n’en point douter. L’Elfe passa l’embrasure de la porte, ses longs cheveux bruns dansant autour de son visage brillant de transpiration face au marathon qu’elle venait d’accomplir pour réussir à mettre en place la salle de réception qui les accueillerait le soir-même. « Tout va bien, Narcisse ? ». Elle s’arrêta dans son dos, croisant ses mains devant son bassin sagement. Le couturier mit plus d’une dizaine de secondes à formuler une réponse, concentré sur sa création qui le narguait, l’invitant à ajouter une pointe d’exotisme. Mais où ? Comment ? Laquelle ? Tant de questions auxquelles il ne possédait pas de réponses. C’en était agaçant. Il passa une main dans sa chevelure d’ébène pour remettre ses mèches en arrière avant de lui répondre tout en haussant les épaules. « A toi de me dire. J’ai le sentiment qu’il manque quelque chose, mais je suis incapable de trouver ce dont il s’agit. J'y suis depuis une heure. ». Une situation classique, une résolution simple. Rassurer le Lumina était peine perdue. Têtu et perfectionniste, il ne lâchait jamais l’affaire. Il ne restait à la directrice qu’une seule option viable : la distraction.
« Quelqu’un t’attend. ». Il leva un sourcil, perplexe. « Sois précise. Beaucoup de gens m’attendent ce soir, tu ne m’aides pas vraiment. ». Un petit rire s’échappa de l’entre ouverture des lèvres pulpeuses de l’Elfe et elle vint poser sa main délicatement sur son épaulière. « Quelqu’un que tu as envie de voir. ». Cela ne l’aidait pas plus malheureusement. Perséis ? Elle ne se serait pas déplacée sans faire une entrée phénoménale. Myriem ? Il ignorait si la demoiselle mettait vraiment les pieds en République, après tout elle était très attachée à sa terre natale. Posant ses fesses sur le fauteuil qui se trouvait à quelques mètres, il prit son menton entre deux doigts et son cerveau se mit à carburer, cherchant un visage dans les milliers de souvenirs qui l’assaillaient. Mirabel leva les yeux au ciel. « Si tu prenais seulement le temps de regarder la liste des invités ou ton emploi du temps, tu ne te poserais pas la question. Ton danseur. C’est aujourd’hui qu’il arrive. ». Narcisse cligna des yeux, bloquant quelques instants sur la dénomination utilisée par son assistante. Si elle avait dit « un » danseur, tout aurait été différent. Il s’agissait du sien. Imoogi. Il ne pouvait en être autrement.
Un large sourire vint étirer ses traits alors qu’il sautait de son assise, se précipitant au pas de course vers les immenses portes de son manoir. Si quelqu’un pouvait mettre le doigt sur ce qui manquait à sa tenue, c’était probablement un autre artiste. Et quel artiste ! Le couturier l’avait repéré aisément lors de nombreuses virées dans les spectacles nocturnes de la capitale, s’arrachant ses performances d’une beauté presque surnaturelle. Un véritable gâchis qu’un tel talent s’acharne à vendre des raviolis, aussi délicieux soient-ils. Alors qu’il se trouvait encore à quelques mètres de la porte, ses pas résonnant sur le marbre du hall qu’il traversait à vive allure, il entendit toquer avec force sur le bois massif. Ses doigts s’agitèrent sur les clefs qu’il tenait d’une main tandis que l’autre venait enclencher la poignée, ses yeux découvrant enfin ceux du danseur, s’y plongeant immédiatement. Un véritable délice dont il se régalait déjà. Son bras glissa instinctivement sur ses épaules, ses doigts caressant délicatement sa nuque dans le même mouvement, l’invitant à entrer et à le suivre. « Je suis ravi de te revoir Imoogi. Tu as fait bonne route ? ».
L’adresse du jeune homme était volontairement difficile à trouver pour les non initiés ; hors de question qu’il se fasse harceler. Il s’en voulut un instant de ne pas avoir envoyé une diligence pour venir le chercher, une politesse dont il le gratifierait à coup sûr la prochaine fois. « Ta présence est une bénédiction, je te remercie d’avoir pu te libérer. ». Encore une fois, Narcisse vivait dans un autre monde, complètement déconnecté de la réalité du peuple qui devait travailler avec ardeur pour se créer un nom. La richesse et la popularité n’étaient pas venus tout seul, mais elles remontaient à si longtemps qu’il en avait oublié les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front à cette époque. Les yeux toujours rivés sur le danseur, descendant de la racine de ses cheveux jusqu’à ses pieds en s’arrêtant sur son torse, le Lumina contemplait sa beauté avec une curiosité certaine. « Je peux t’offrir un rafraîchissement ? Un thé, un café, peut-être même un peu de vin ? » Il n’y avait pas d’heure pour savourer les bonnes choses et il le savait très bien...
Invité
Invité
Lorsque l’on attend, les secondes deviennent des minutes, puis des heures. Elles permettent à Imoogi de remettre en cause toute son existence, jusqu’à, il va de soi, sa légitimité à toquer de toutes ses forces à cette porte. Pourquoi ? Comment ? Imoogi n’est qu’un triton semblable à cent-mille autres tritons. Lors de ses voyages, il en a croisés, il leur a parlé, un peu, pas énormément, surtout dans ses jeunes années. Il venait de quitter son monde sous-marin, plein de mauvais souvenirs. Rencontrer une personne, aussi charmante soit-elle, relative à son espèce maudite lui donnait envie de vomir. Parce que chaque sirène ou triton le ramenait à sa mère, et, plus faiblement, à ses professeurs. Sans façon. Pourtant, il aimait sa race. Il aimait cette queue de poisson qui battait vigoureusement dans les flots, le propulsant au large des côtes lorsqu’il avait du chagrin. Imoogi est incompris. Il se tient droit, dans toutes ses imperfections et ses incohérences. Puis, parfois, il la détestait, crevait de cette envie sordide de se couper le bas du corps pour ne plus y avoir affaire. Alors qu’il pourrait bien vivre sans, comme un mortel sans énergie, marchant posément dans les rues du monde, oubliant ses origines, oubliant d’où il vient. Récemment, il s’y intéresse cependant de nouveau. Il ignore pourquoi. Les contrastes sont saisissants : Imoogi se déteste, Imoogi veut comprendre d’où il provient. Les années passées sous l’eau l’ont atteint durablement et la reconstruction ne se fera pas sans accroc. Elle dure toutefois depuis trop longtemps.
Et sa famille dans tout ça ? Peu importe. Qu’il leur manque est le cadet de ses soucis. Ils l’ont sûrement oublié. Fils indigne. Frère infâme.
Imoogi aime cette vie nouvelle qui s’accroche à sa peau, lisse ses écailles invisibles. Mais parfois, elle le rend morose. Pourquoi a-t-il choisi ce chemin-là, plein d’incertitudes, de doutes ? Pourquoi mène-t-il cette double-vie qui parfois l’étouffe ? Imoogi n’est qu’un petit vendeur de raviolis. Peu de personnes connaissent ses véritables passions, qui pourtant n’étaient pas une évidence au début de sa vie. Les raviolis, est-ce une passion réelle, existante ? Ou aime-t-il juste offrir de la nourriture en échange d’un sourire, d’un peu de reconnaissance ? Ces questions restent en suspens dans son esprit, parce que les heures deviennent des jours devant la lourde porte en bois, qu’il n’entend toujours rien, qu’il est prêt à opérer un demi-tour, à s’enfuir, rentrer chez lui, ronchonner qu’on l’ait ainsi laissé en plan, ou alors simplement s’est-il trompé d’adresse et est-il le poseur de lapin. Il ne reverra pas Narcisse de sitôt. Il désespère devant la serrure.
Puis la délivrance l’accueille dans ses grands bras protecteurs, et il s’y glisse avec affection. La porte vient de s’ouvrir. Le visage du couturier apparaît, et le soulagement manque de faire vaciller le triton aux traits catastrophés. Le stress le prend à la gorge, et Imoogi se hait d’être ainsi faible devant cette personne précise. Il est face à un autre air de chair, un être mortel qui pourtant vivra infiniment plus que lui. Mais un être qui connaît la célébrité qu’il touche à peine du bout de l’ongle. Ils ne déambulent pas dans le même univers. Imoogi et son talent n’atteint pas celui de Narcisse. Il est un rien du tout qui a peur, qui tremble comme s’il avait froid. Être face à un roi, à un empereur serait bien moins embarrassant.
Le contact physique le fait frissonner. Ce n’est pas la première fois que Narcisse se montre chaleureux à son encontre. Il devrait s’habituer, mais il n’y parvient pas, et sa faiblesse le rend tout chose. Le bras autour de ses épaules le fait légèrement sursauter, et il prend place dans le corridor à la suite de son hôte. Il faut parler. Maintenant. Laisse ce stress immonde s’échapper par tous les pores de sa peau, s’enfuir jusqu’à un royaume très lointain. « Je suis ravi de vous voir, Narcisse. J’espère ne pas être en retard. J’avoue avoir peiné à trouver l’endroit correct, je ne suis toujours pas bon pour m’orienter, vous m’en voyez désolé… » souffle Imoogi qui voit les volutes d’horreur s’élever dans les cieux, invisibles pour tous. La politesse, toujours. Imoogi aime vouvoyer. Il rend cet honneur à tous, même aux enfants. Il instaure de la distance, une marque de respect qui n’a d’importance que pour lui. Parfois lui dit-on qu’il peut se montrer plus familier, mais rarement accepte-t-il de faire l’effort de s’ouvrir aux plaisirs de la proximité. A l’exception d’une dispute. Alors se fera-t-il tout petit, le tutoiement quittant ses lèvres à contrecœur. Quel enfer. Narcisse ne fait bien sûr pas exception. Il ne se formalise pas de leurs différences langagières. Peu lui chaut. « Comme vous le savez, mes journées feignent l’intérêt. Elles sont modulables et modifiables à souhait. Toutefois, je vais vous faire le plaisir de passer pour une personne terriblement occupée et prise par diverses obligations. Néanmoins, c’est un honneur d’avoir été ainsi invité… » Imoogi glisse sur la balançoire de ses contradictions et se vautre dans la poussière.
Son regard personnel est bien moins appuyé que celui de son interlocuteur. Imoogi regarde peu Narcisse, laissant ses yeux curieux vagabonder dans l’incroyable univers où il a mis les pieds. Ils sautent d’un mur à un autre, s’attardent sur les décorations. Magnifique. Superbe. Il paierait cher pour passer ne serait-ce qu’une nuit en ces lieux féériques. Cela change terriblement de son affreux appartement si petit et si sombre qu’on croirait le voir habité par d’odieux fantômes. Il ne frémit rien que d’y repenser. Son esprit, un instant échappé, retrouve son emplacement originel dans le corps de son propriétaire. Les prunelles bleues se fixent enfin sur Narcisse, qui lui propose un thé, un café, quelque chose. Il peut choisir, un honneur, et il ne se fait pas prier, parce que le corps crie famine, le ventre gargouille d’avoir été trop peu sollicité, la gorge est sèche. « Je souhaiterais quelque chose de frais pour rafraîchir ma gorge s’il est possible de demander. Mes péripéties m’ont presque épuisé. Toutefois, soyez sûr que je serai en forme pour la prestation de ce soir. Je ne vous ferai pas faux bond. Oh, c’est vraiment charmant chez vous… » sourit-il – enfin ! – alors qu’il n’a rien vu.
Et sa famille dans tout ça ? Peu importe. Qu’il leur manque est le cadet de ses soucis. Ils l’ont sûrement oublié. Fils indigne. Frère infâme.
Imoogi aime cette vie nouvelle qui s’accroche à sa peau, lisse ses écailles invisibles. Mais parfois, elle le rend morose. Pourquoi a-t-il choisi ce chemin-là, plein d’incertitudes, de doutes ? Pourquoi mène-t-il cette double-vie qui parfois l’étouffe ? Imoogi n’est qu’un petit vendeur de raviolis. Peu de personnes connaissent ses véritables passions, qui pourtant n’étaient pas une évidence au début de sa vie. Les raviolis, est-ce une passion réelle, existante ? Ou aime-t-il juste offrir de la nourriture en échange d’un sourire, d’un peu de reconnaissance ? Ces questions restent en suspens dans son esprit, parce que les heures deviennent des jours devant la lourde porte en bois, qu’il n’entend toujours rien, qu’il est prêt à opérer un demi-tour, à s’enfuir, rentrer chez lui, ronchonner qu’on l’ait ainsi laissé en plan, ou alors simplement s’est-il trompé d’adresse et est-il le poseur de lapin. Il ne reverra pas Narcisse de sitôt. Il désespère devant la serrure.
Puis la délivrance l’accueille dans ses grands bras protecteurs, et il s’y glisse avec affection. La porte vient de s’ouvrir. Le visage du couturier apparaît, et le soulagement manque de faire vaciller le triton aux traits catastrophés. Le stress le prend à la gorge, et Imoogi se hait d’être ainsi faible devant cette personne précise. Il est face à un autre air de chair, un être mortel qui pourtant vivra infiniment plus que lui. Mais un être qui connaît la célébrité qu’il touche à peine du bout de l’ongle. Ils ne déambulent pas dans le même univers. Imoogi et son talent n’atteint pas celui de Narcisse. Il est un rien du tout qui a peur, qui tremble comme s’il avait froid. Être face à un roi, à un empereur serait bien moins embarrassant.
Le contact physique le fait frissonner. Ce n’est pas la première fois que Narcisse se montre chaleureux à son encontre. Il devrait s’habituer, mais il n’y parvient pas, et sa faiblesse le rend tout chose. Le bras autour de ses épaules le fait légèrement sursauter, et il prend place dans le corridor à la suite de son hôte. Il faut parler. Maintenant. Laisse ce stress immonde s’échapper par tous les pores de sa peau, s’enfuir jusqu’à un royaume très lointain. « Je suis ravi de vous voir, Narcisse. J’espère ne pas être en retard. J’avoue avoir peiné à trouver l’endroit correct, je ne suis toujours pas bon pour m’orienter, vous m’en voyez désolé… » souffle Imoogi qui voit les volutes d’horreur s’élever dans les cieux, invisibles pour tous. La politesse, toujours. Imoogi aime vouvoyer. Il rend cet honneur à tous, même aux enfants. Il instaure de la distance, une marque de respect qui n’a d’importance que pour lui. Parfois lui dit-on qu’il peut se montrer plus familier, mais rarement accepte-t-il de faire l’effort de s’ouvrir aux plaisirs de la proximité. A l’exception d’une dispute. Alors se fera-t-il tout petit, le tutoiement quittant ses lèvres à contrecœur. Quel enfer. Narcisse ne fait bien sûr pas exception. Il ne se formalise pas de leurs différences langagières. Peu lui chaut. « Comme vous le savez, mes journées feignent l’intérêt. Elles sont modulables et modifiables à souhait. Toutefois, je vais vous faire le plaisir de passer pour une personne terriblement occupée et prise par diverses obligations. Néanmoins, c’est un honneur d’avoir été ainsi invité… » Imoogi glisse sur la balançoire de ses contradictions et se vautre dans la poussière.
Son regard personnel est bien moins appuyé que celui de son interlocuteur. Imoogi regarde peu Narcisse, laissant ses yeux curieux vagabonder dans l’incroyable univers où il a mis les pieds. Ils sautent d’un mur à un autre, s’attardent sur les décorations. Magnifique. Superbe. Il paierait cher pour passer ne serait-ce qu’une nuit en ces lieux féériques. Cela change terriblement de son affreux appartement si petit et si sombre qu’on croirait le voir habité par d’odieux fantômes. Il ne frémit rien que d’y repenser. Son esprit, un instant échappé, retrouve son emplacement originel dans le corps de son propriétaire. Les prunelles bleues se fixent enfin sur Narcisse, qui lui propose un thé, un café, quelque chose. Il peut choisir, un honneur, et il ne se fait pas prier, parce que le corps crie famine, le ventre gargouille d’avoir été trop peu sollicité, la gorge est sèche. « Je souhaiterais quelque chose de frais pour rafraîchir ma gorge s’il est possible de demander. Mes péripéties m’ont presque épuisé. Toutefois, soyez sûr que je serai en forme pour la prestation de ce soir. Je ne vous ferai pas faux bond. Oh, c’est vraiment charmant chez vous… » sourit-il – enfin ! – alors qu’il n’a rien vu.
Invité
Invité
Si Narcisse paraissait si enjoué, tant qu'on aurait pu croire qu'il exagérait, il n'en était rien. La présence du triton, bien qu'elle fut programmée il y a plusieurs semaines, lui apportait un véritable bol d'air frais. Il avait attendu cette journée avec impatience, trépignant sur ses pieds alors que le calendrier avançait bien trop lentement à son goût, perdant même l'envie de le regarder défiler, ce qui expliquait sa surprise. Mirabel, elle, observait son congénère avec un air un tantinet exaspéré. Si les exigences de son partenaire n'avaient aucune limite, sa manie de se rapprocher un peu trop de tous ceux qui l'entouraient frappait encore et elle saisissait malgré elle l'inconfort de leur invité. Les yeux rivés sur le danseur qui avançait à ses côtés, refusant maladroitement de croiser son regard, il s'arrêta devant une épaisse porte en chêne qu'il ouvrit par la pensée, sa télékinésie faisant bouger le bois à sa place. Sans retirer son bras de cette épaule qu'il flattait amicalement, Narcisse souriait, les traits de son visage fin s'étirant naturellement, laissant découvrir quelques rides du sourire qui commençaient à pointer le bout de leur nez. « Tu n'es pas en retard, et à vrai dire, tout est ma faute. J'aurais dû envoyer une diligence pour te chercher, je suis un bien piètre hôte. Vois-tu, je n'ai pas l'habitude d'inviter des gens chez moi. C'est une mauvaise excuse, j'en suis conscient, mais j'espère qu'elle te suffira pour aujourd'hui. »
Rayonnant, l'Elfe avait l'habitude de s'en sortir aisément et s'il sentait que le triton était quelque peu intimidé, il choisit de ne pas le lui faire remarquer afin de ne pas accentuer son malaise. « Je t'en prie, tutoie-moi. Nous sommes égaux, ici comme ailleurs. ». Incapable de saisir les nuances du langage, Narcisse préférait bien se défaire des formules de politesse qui lui étaient inculquées depuis le plus jeune âge. Le peuple elfique ne plaisantait pas avec la courtoisie, encore moins dans une famille aussi noble que la sienne. Il se pinça la lèvre un instant, lorsque leur souvenir lui revint en tête. Lui manquaient-ils ? Lui-même ne possédait pas la réponse. Il haussa vaguement les épaules, continuant de parcourir les longs couloirs du manoir en marbre blanc, de longs rideaux épais bordeaux entourant les immenses vitraux qui donnaient sur la cour fleurie qui siégeait au centre de son domaine. La demeure était immense, bien trop grande pour n'accueillir qu'une seule âme. La folie des grandeurs avait poussé Narcisse à acheter ce bien sans trop réfléchir. Il n'aimait pas penser. Il préférait agir. « Je t'envie, Imoogi. J'aimerai avoir le plaisir de pouvoir moduler mes journées comme je le souhaite, seulement quelqu'un n'est pas de cet avis. ». Silencieusement, alors que le duo passait nonchalamment devant elle, Mirabel fusilla le directeur du regard. Ne pouvant retenir un petit rire, le jeune homme accentua son trait d'humour par une petite tape sur l'omoplate du danseur. « Enfin, je ne te parle que de moi et de mes problèmes qui sont bien futiles j'en ai conscience. Tu peux venir ici quand tu le veux, j'espère que tu le sais. Je ne peux pas te donner de clef pour des raisons de sécurité, mais si un jour tu te trouves dans une position délicate, la porte te sera toujours ouverte. »
Bien inconscient des dangers qui rythmaient sa vie, le couturier n'avait cure de la situation dans laquelle il se mettait. Ils arrivent à pas léger dans un grand salon à la tapisserie dorée, parcourue d'apparitions de Belles de Jour, aux canapés moelleux d'un velours rouge n'ayant jamais terni malgré les années. Narcisse s'avança en premier, passant sa main dans le dos du danseur pour l'inviter à s'asseoir. Une fois ce dernier bien installé, il tapa dans les mains, le cabinet en verre au fond de la pièce s'ouvrant avant que deux verres, quelques jus de fruits rares de Melorn ainsi qu'une bouteille de vin ne fassent leur apparition sur la table en érable qui se trouvait juste devant eux. « J'ai confiance en toi, je ne m'inquiète pas. Tu sais, je me souviens encore de la première représentation que tu as faite devant moi. Tu as bien trop de talent pour te cantonner aux ruelles de Liberty, aux spectacles que l'on daigne t'accorder. Je sais reconnaître un don quand j'en vois un, et si je ne doute pas du plaisir que tu éprouves dans ton second métier, j'ai la nette impression que tu seras bien mieux sous le feu des projecteurs. Ce n'est pas ma décision et je ne désire pas te l'imposer. Je veux simplement que tu saches tout le bien que je pense de toi, de tes danses ainsi que du fait que tu es libre de te défaire de tes obligations à mon égard quand tu le veux. Je ne suis pas rancunier, et au pire, tu pourras toujours m'offrir tes délicieux raviolis pour te rattraper. ». Il le gratifia d'un clin d'oeil avant de verser la boisson sur laquelle Imoogi aura posé ses yeux le plus longtemps, lui tendant son verre amicalement pour le faire tinter contre le sien. « Je suis ravi que mon intérieur te plaise. J'y passe la plupart de mon temps, je me suis dit qu'il était important qu'il reflète ce que je souhaite montrer au monde. Mais j'y pense, où vis-tu d'ordinaire, Imoogi ? Peut-être pourrais-je venir te rendre visite à mon tour. »
Rayonnant, l'Elfe avait l'habitude de s'en sortir aisément et s'il sentait que le triton était quelque peu intimidé, il choisit de ne pas le lui faire remarquer afin de ne pas accentuer son malaise. « Je t'en prie, tutoie-moi. Nous sommes égaux, ici comme ailleurs. ». Incapable de saisir les nuances du langage, Narcisse préférait bien se défaire des formules de politesse qui lui étaient inculquées depuis le plus jeune âge. Le peuple elfique ne plaisantait pas avec la courtoisie, encore moins dans une famille aussi noble que la sienne. Il se pinça la lèvre un instant, lorsque leur souvenir lui revint en tête. Lui manquaient-ils ? Lui-même ne possédait pas la réponse. Il haussa vaguement les épaules, continuant de parcourir les longs couloirs du manoir en marbre blanc, de longs rideaux épais bordeaux entourant les immenses vitraux qui donnaient sur la cour fleurie qui siégeait au centre de son domaine. La demeure était immense, bien trop grande pour n'accueillir qu'une seule âme. La folie des grandeurs avait poussé Narcisse à acheter ce bien sans trop réfléchir. Il n'aimait pas penser. Il préférait agir. « Je t'envie, Imoogi. J'aimerai avoir le plaisir de pouvoir moduler mes journées comme je le souhaite, seulement quelqu'un n'est pas de cet avis. ». Silencieusement, alors que le duo passait nonchalamment devant elle, Mirabel fusilla le directeur du regard. Ne pouvant retenir un petit rire, le jeune homme accentua son trait d'humour par une petite tape sur l'omoplate du danseur. « Enfin, je ne te parle que de moi et de mes problèmes qui sont bien futiles j'en ai conscience. Tu peux venir ici quand tu le veux, j'espère que tu le sais. Je ne peux pas te donner de clef pour des raisons de sécurité, mais si un jour tu te trouves dans une position délicate, la porte te sera toujours ouverte. »
Bien inconscient des dangers qui rythmaient sa vie, le couturier n'avait cure de la situation dans laquelle il se mettait. Ils arrivent à pas léger dans un grand salon à la tapisserie dorée, parcourue d'apparitions de Belles de Jour, aux canapés moelleux d'un velours rouge n'ayant jamais terni malgré les années. Narcisse s'avança en premier, passant sa main dans le dos du danseur pour l'inviter à s'asseoir. Une fois ce dernier bien installé, il tapa dans les mains, le cabinet en verre au fond de la pièce s'ouvrant avant que deux verres, quelques jus de fruits rares de Melorn ainsi qu'une bouteille de vin ne fassent leur apparition sur la table en érable qui se trouvait juste devant eux. « J'ai confiance en toi, je ne m'inquiète pas. Tu sais, je me souviens encore de la première représentation que tu as faite devant moi. Tu as bien trop de talent pour te cantonner aux ruelles de Liberty, aux spectacles que l'on daigne t'accorder. Je sais reconnaître un don quand j'en vois un, et si je ne doute pas du plaisir que tu éprouves dans ton second métier, j'ai la nette impression que tu seras bien mieux sous le feu des projecteurs. Ce n'est pas ma décision et je ne désire pas te l'imposer. Je veux simplement que tu saches tout le bien que je pense de toi, de tes danses ainsi que du fait que tu es libre de te défaire de tes obligations à mon égard quand tu le veux. Je ne suis pas rancunier, et au pire, tu pourras toujours m'offrir tes délicieux raviolis pour te rattraper. ». Il le gratifia d'un clin d'oeil avant de verser la boisson sur laquelle Imoogi aura posé ses yeux le plus longtemps, lui tendant son verre amicalement pour le faire tinter contre le sien. « Je suis ravi que mon intérieur te plaise. J'y passe la plupart de mon temps, je me suis dit qu'il était important qu'il reflète ce que je souhaite montrer au monde. Mais j'y pense, où vis-tu d'ordinaire, Imoogi ? Peut-être pourrais-je venir te rendre visite à mon tour. »
Invité
Invité
Réconfortant. Narcisse était réconfortant. Des sourires, de la joie sur le visage, beaucoup de joie. Était-il ainsi au naturel, ou était-ce sa présence qui laissait ces émotions heureuses transparaître sur ses traits ? Pas un seul instant l’idée que ce fut faux ne traversa l’esprit d’Imoogi. Cela semblait sincère, et il faisait battre son cœur un peu plus fort. Juste un peu, pas trop, comme si le myocarde avait cessé tout mouvement il y a de cela des siècles. Mais Imoogi savait quand se sentir vivant, et quand se sentir mort. Aujourd’hui était une belle journée, une belle soirée. Il avait le droit d’être heureux et sincèrement, comment ne pas l’être lorsqu’une âme comme ce charmant Narcisse évoluait à ses côtés ? Les sourires pleuvaient sur son propre visage, quoique modérés. Une sorte de timidité, de retenue, comme s’il attendait pour avoir le droit, se l’octroyer sûrement, de laisser exploser ses émotions. Plus tard, après le spectacle, si celui-ci était une réussite. Il avait un peu le trac. Mais les minutes, les heures les séparaient encore, il était vain de penser au pire lorsque le meilleur était attendu. Il s’inquiéterait plus tard, et les doigts jouaient avec les pans de ses vêtements. Il avait apporté les plus belles créations de Narcisse, cachées soigneusement dans un large sac. Il en possédait deux exemplaires, à défaut de pouvoir s’en offrir davantage, et l’Elfe aurait tout le loisir de donner son important avis. C’était sa soirée, son moment, et le triton n’était qu’un acteur insignifiant qui œuvrait pour que tout soit parfait. L’amitié ici n’avait pas lieu d’être. Son hôte s’excuse pour ses pérégrinations dans la ville, et il évacue ces mots durs d’un doux signe de la main. Ce n’est pas grave, l’important étant qu’il soit finalement arrivé à destination. « Ne vous excusez pas, Narcisse. Une diligence ne nous aurait en rien aidé : je suis dans les rues du matin au soir, mon stand, comme vous le savez, change régulièrement de rue, de quartier. Je ne sais rester en place une seconde, et mettre ce projet en place aurait été bien compliqué pour tous les deux. J’ai vu du pays, grâce à cette décision qui n’en est au fond pas vraiment une, je me suis perdu, j’ai grincé des dents, mais nous sommes réunis, et il n’y a point mort d’homme. »
Les pas les égaraient dans les méandres de la demeure, mais l’homme avait confiance. Narcisse ne le mettrait pas en danger. Comment toutefois en être sûr ? Les rencontres ne se comptaient que sur les doigts d’une main, soyons optimistes, des deux mains. Il ne se connaissaient pas tant que ça, mais le triton se sentait pleinement en sécurité. Toutefois, ça demande, à laquelle il s’attendait tout en l’évitant soigneusement, priant pour qu’elle ne voie pas le jour, lui arracha une douloureuse grimace. « Vous m’en demandez trop, Narcisse. Je ne puis accéder à votre requête. Vous me connaissez – sommairement – je serais prêt à tout pour vous satisfaire, mais… Non. Je ne saurais vous tutoyer. Ce serait remuer, secouer, pousser des montagnes, et ma force n’est que malheureuse » Il espérait sincèrement ne pas avoir brisé un détail, quelque chose entre eux par ses réticences compliquées. Imoogi n’y arrivait pas. Takhys était la seule qu’il osait tutoyer. Elle avait dû se battre pour lui arracher ce petit mot et la conjugaison qui allait avec, et c’était très bien ainsi. Au fil des minutes, les épaules se détendent, et les poings se desserrent. Imoogi respire, et les yeux parcourent les murs, les décorations, découvrent un monde auquel il n’est décidément pas habitué. Narcisse ne semble pas tant que cela troublé puisqu’il poursuit ses politesses et sa gentillesse qui, sincèrement, fait fondre le cœur battant du jeune homme aux longs cheveux bleus. Sourire discret, main contre la cuisse, il se laisse aller à cette étreinte légère, à cette sympathie qui lui fait du bien. Quelle proposition charmante ! « Je vous remercie, Narcisse, c’est tout à fait aimable de votre part, gentil et… vous coupez d’une main de boucher mes belles paroles, félicitations » Ce qui était relativement rare. Mais il ne fallait pas se leurrer : Imoogi pouvait voir sa maison affreuse et son stand de raviolis brûler, entraînant avec eux ses jolies tenues, il ne parcourrait pas les kilomètres les séparant pour demander de l’aide. C’était hors de question. C’était adorable, c’était touchant, mais il ne pouvait pas. Ça aussi était au-dessus de ses forces, mais le triton s’était assez rebellé pour la journée pour oser ouvrir de nouveau la bouche et tenir tête à son hôte. Passons, changeons de sujet.
Des compliments sincères, et Imoogi retient son cœur qui a soudainement follement envie de sauter hors de sa poitrine. Cela fait presque mal, comme une flèche tirée à bout portant, parce que ce ne sont que des hobbies, des passions comme il en a d’autres, il n’est qu’un amateur. Il ne pense jamais sortir loin de ses ruelles, de ses auberges. Narcisse voit en lui un potentiel qu’il n’estimait personnellement pas. Doucement, il secoue la tête, le sourire ne le quittant plus, parce qu’après une journée, bonne ou mauvaise, mais surtout mauvaise, c’est fantastique d’être en présence d’un homme de cette stature. « Cessez donc d’être adorable comme vous l’êtes présentement, Narcisse, ou je risque de me fâcher tout rouge – je plaisante, bien évidemment. Vous me flattez, et vos mots résonnent en moi. Je ne sais pas si je suis prêt à laisser tomber mes habitudes et si un avenir autre m’attend. J’avoue avoir des projets pour mes frêles talents de cuisinier – avec l’ouverture d’un véritable restaurant, notamment. Pour ma passion des arts, je ne veux viser trop haut. Je touche à tout, je ne me spécialise dans rien, car je ne veux surtout pas abandonner un pan de cette existence. Le guzheng, le théâtre, la danse… comment choisir ? » tout cela est assez effrayant, il doit bien l’avouer. Imoogi aimerait voir son quotidien changer, mais il ne fait aucun pas dans cette direction, parce que tout le prend à la gorge et le met face à ses responsabilités, des responsabilités qui font froncer les sourcils, et tourner le dos pour fuir vers l’océan. De l’eau, il a besoin d’eau, soudainement. Mais à défaut d’en réclamer, il trempe les lèvres dans le verre de vin après avoir trinqué poliment avec Narcisse.
Et les minutes défilent, et les discussions sont agréables. Jusqu’à cette remarque. Le corps se tend terriblement, les yeux s’écarquillent. Il ne devrait pas ainsi réagir. Le sourire revient rapidement, et les doigts tremblent un instant. Rien laisser paraître, sembler naturel. Narcisse ne sait pas où il vit, information qu’il garde savamment cachée des yeux et oreilles curieux. C’est parfait ainsi. Pourquoi cela devrait-il changer ? Quelle demeure admirable. Quel mobilier fantastique. Quelle richesse, quelle vie autre que la sienne ! Tout est différent entre les deux amis. Ils n’évoluent pas dans le même milieu, et ce ne sera jamais le cas. Imoogi a honte de son existence, soudain. Honte de n’être qu’un prolétaire sans le sou incapable d’économiser plus de trois jours d’affiliée. Les yeux sont détournés, il respire difficilement. Les aveux refusent de quitter sa gorge, et elle est sèche. Il se réfugie dans le vin de nouveau. « Je vis à Courage, et je ne pense pas que me rendre visite soit une idée correcte, Narcisse, je suis désolé. Je ne saurais vous accueillir dans les meilleures conditions, mais si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à me chercher, je vous offrirai avec plaisir un repas dans la meilleure auberge de ma connaissance. Ainsi, vous comprendrez mon milieu sans complètement vous y glisser » Imoogi n’est d’accord avec rien, décidément. C’est la faute à pas de chance, aux discussions qui s’entremêlent et aux sujets qui fâchent. L’œil est triste. Pitié, que son ami ne lui en veuille pas pour son indécrottable pessimisme.
Les pas les égaraient dans les méandres de la demeure, mais l’homme avait confiance. Narcisse ne le mettrait pas en danger. Comment toutefois en être sûr ? Les rencontres ne se comptaient que sur les doigts d’une main, soyons optimistes, des deux mains. Il ne se connaissaient pas tant que ça, mais le triton se sentait pleinement en sécurité. Toutefois, ça demande, à laquelle il s’attendait tout en l’évitant soigneusement, priant pour qu’elle ne voie pas le jour, lui arracha une douloureuse grimace. « Vous m’en demandez trop, Narcisse. Je ne puis accéder à votre requête. Vous me connaissez – sommairement – je serais prêt à tout pour vous satisfaire, mais… Non. Je ne saurais vous tutoyer. Ce serait remuer, secouer, pousser des montagnes, et ma force n’est que malheureuse » Il espérait sincèrement ne pas avoir brisé un détail, quelque chose entre eux par ses réticences compliquées. Imoogi n’y arrivait pas. Takhys était la seule qu’il osait tutoyer. Elle avait dû se battre pour lui arracher ce petit mot et la conjugaison qui allait avec, et c’était très bien ainsi. Au fil des minutes, les épaules se détendent, et les poings se desserrent. Imoogi respire, et les yeux parcourent les murs, les décorations, découvrent un monde auquel il n’est décidément pas habitué. Narcisse ne semble pas tant que cela troublé puisqu’il poursuit ses politesses et sa gentillesse qui, sincèrement, fait fondre le cœur battant du jeune homme aux longs cheveux bleus. Sourire discret, main contre la cuisse, il se laisse aller à cette étreinte légère, à cette sympathie qui lui fait du bien. Quelle proposition charmante ! « Je vous remercie, Narcisse, c’est tout à fait aimable de votre part, gentil et… vous coupez d’une main de boucher mes belles paroles, félicitations » Ce qui était relativement rare. Mais il ne fallait pas se leurrer : Imoogi pouvait voir sa maison affreuse et son stand de raviolis brûler, entraînant avec eux ses jolies tenues, il ne parcourrait pas les kilomètres les séparant pour demander de l’aide. C’était hors de question. C’était adorable, c’était touchant, mais il ne pouvait pas. Ça aussi était au-dessus de ses forces, mais le triton s’était assez rebellé pour la journée pour oser ouvrir de nouveau la bouche et tenir tête à son hôte. Passons, changeons de sujet.
Des compliments sincères, et Imoogi retient son cœur qui a soudainement follement envie de sauter hors de sa poitrine. Cela fait presque mal, comme une flèche tirée à bout portant, parce que ce ne sont que des hobbies, des passions comme il en a d’autres, il n’est qu’un amateur. Il ne pense jamais sortir loin de ses ruelles, de ses auberges. Narcisse voit en lui un potentiel qu’il n’estimait personnellement pas. Doucement, il secoue la tête, le sourire ne le quittant plus, parce qu’après une journée, bonne ou mauvaise, mais surtout mauvaise, c’est fantastique d’être en présence d’un homme de cette stature. « Cessez donc d’être adorable comme vous l’êtes présentement, Narcisse, ou je risque de me fâcher tout rouge – je plaisante, bien évidemment. Vous me flattez, et vos mots résonnent en moi. Je ne sais pas si je suis prêt à laisser tomber mes habitudes et si un avenir autre m’attend. J’avoue avoir des projets pour mes frêles talents de cuisinier – avec l’ouverture d’un véritable restaurant, notamment. Pour ma passion des arts, je ne veux viser trop haut. Je touche à tout, je ne me spécialise dans rien, car je ne veux surtout pas abandonner un pan de cette existence. Le guzheng, le théâtre, la danse… comment choisir ? » tout cela est assez effrayant, il doit bien l’avouer. Imoogi aimerait voir son quotidien changer, mais il ne fait aucun pas dans cette direction, parce que tout le prend à la gorge et le met face à ses responsabilités, des responsabilités qui font froncer les sourcils, et tourner le dos pour fuir vers l’océan. De l’eau, il a besoin d’eau, soudainement. Mais à défaut d’en réclamer, il trempe les lèvres dans le verre de vin après avoir trinqué poliment avec Narcisse.
Et les minutes défilent, et les discussions sont agréables. Jusqu’à cette remarque. Le corps se tend terriblement, les yeux s’écarquillent. Il ne devrait pas ainsi réagir. Le sourire revient rapidement, et les doigts tremblent un instant. Rien laisser paraître, sembler naturel. Narcisse ne sait pas où il vit, information qu’il garde savamment cachée des yeux et oreilles curieux. C’est parfait ainsi. Pourquoi cela devrait-il changer ? Quelle demeure admirable. Quel mobilier fantastique. Quelle richesse, quelle vie autre que la sienne ! Tout est différent entre les deux amis. Ils n’évoluent pas dans le même milieu, et ce ne sera jamais le cas. Imoogi a honte de son existence, soudain. Honte de n’être qu’un prolétaire sans le sou incapable d’économiser plus de trois jours d’affiliée. Les yeux sont détournés, il respire difficilement. Les aveux refusent de quitter sa gorge, et elle est sèche. Il se réfugie dans le vin de nouveau. « Je vis à Courage, et je ne pense pas que me rendre visite soit une idée correcte, Narcisse, je suis désolé. Je ne saurais vous accueillir dans les meilleures conditions, mais si vous passez dans le coin, n’hésitez pas à me chercher, je vous offrirai avec plaisir un repas dans la meilleure auberge de ma connaissance. Ainsi, vous comprendrez mon milieu sans complètement vous y glisser » Imoogi n’est d’accord avec rien, décidément. C’est la faute à pas de chance, aux discussions qui s’entremêlent et aux sujets qui fâchent. L’œil est triste. Pitié, que son ami ne lui en veuille pas pour son indécrottable pessimisme.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum