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Ersa
Ikusa, Le 22 Février
L’équipe de chasseur revenait à la capitale après leurs missions d’escorte. Des scientifiques étaient parties en balade pour étudier l’évolution naturelle de certaines espèces. Comme à leurs habitudes, les filles étaient à la traîne, les ex-louves essayaient d’entraîner Ersa dans les marchés de la ville.
- Allez au moins pour essayer, changer tes fringues déprimantes. Peut-être que tu croiseras un prince.
- Mais je m’en moque de trouver un prince, et mes affaires sont très bien.
- Peut-être trouvé une princesse alors.
Le trio éclata de rire devant l’expression de la petite rousse qui s’était arrêtée. Elle se remit à avancer et pénétra le palais sous les rires de ses collègues. Elle jeta un coup d’œil qu’elle pensait furtif vers le couloir qui se trouvait à l'opposé de celui qu’elle devait emprunter.
- Tu sais, tu devras bien aller le voir un jour, avant qu’il ne te tombe dessus dans cet état.
- Il a dû entendre bien pire, mais je sais que…
La naine laissa mourir sa voix sans finir sa phrase. Elle craignait un peu qu’il lui en veuille de ce long silence. Au final, il était peut-être ce qui était le plus proche d’un ami et elle avait l’impression de l’avoir laissé tomber. L’elfe l’entraîne jusqu’à l’antre souterraine du RSAF. Encore une fois, elle essayait de trouver quoi dire, de justifier ce silence. Elle n’avait pas remarqué que la manœuvre était aussi pour camoufler la disparition d’Aria. Elle avait préféré quitter le groupe pour aller se réfugier dans près de l’enclos des gnolls. Les observés et entendre leurs rires lui avait toujours fait du bien. À part, ici, elle avait parfois l’impression de n’avoir jamais été à sa place, jamais était à l’aise en société. Elle repensait à chaque fois a ce que lui disait une certaine elfe, elle qu’elle devrait faire un effort.
- Hé, t’essaies de cacher ton odeur ?
- Je m’ennuyais de ton rire.
Elle se retourna et prit conscience du sable qui s’était insinué dans son armure. L’elfe lui faisait face, juste vêtue d’une tunique verte à manche longue et à col montant, un gant caché sa main gauche alors que ses cheveux encore humides dissimuler son profil mutilé. Elle lui tirait la langue en réponse alors qu’un sourire tirait les lèvres de la rousse.
- Dit par la seule personne qui rit réellement comme eux, je ne sais pas comment je dois le prendre.
- Je ne… Laisse tomber. Ça fait trop longtemps.
- Que tu n’as pas ri ?
- Que tu n’as pas été drôle.
Les deux femmes pouvaient se chamailler des heures au grand désarroi de ceux à portée de voix.
- Allez, va te laver avant de te transformer en hyène des sables. On t’emmène en balades.
La naine ne releva pas et commença à s’éloigner de l’enclos en s’essayant de ne pas imaginer ce qui pouvait l’attendre. D’un pas rapide, elle était repassée dans sa chambre pour récupérer des affaires avant de rejoindre un coin de rivière qu’elle avait trouvé il y a des années. La fraîcheur de l’eau avait toujours réussi à laver son esprit autant que son corps, elle était restée là à flotter et a regarder le plafond en souriant bêtement. Son retour à Luxuriance avait fini de faire remonter la naine. Son esprit vagabondait sur ce que lui réservaient les louves, sur ce qu’elle pourrait faire. La dernière fois qu’elle avait profité de coin, elle avait passé un long moment à refaire ses tresses aux sons de l’environnements, aujourd’hui, elle n’avait plus assez de longueur pour faire un tiers de leur ancienne longueur. Un bruit la tira de sa rêverie, elle redressa la tête et redissimula son corps dans l’eau pour regarder aux alentours et ne vis rien aux premiers abords. C’est au moment de sortir qu’elle comprit ce qui était arrivé, une visiteuse avait changé ses vêtements.
- Kira !!!
La naine avait hurlé sous un pic de colère avant de se rendre compte qu’elle avait pu être observé et rougir. Elle arrêta de protester et s’habilla avec les affaires qui restait. Un simple haut blanc à manche courte, une ligne de petite forme grise traverse la tenue juste au-dessus de la poitrine et d’une longueur légèrement trop longue qui lui descendait en dessous des fesses. Un pantalon dans les mêmes tons avec la même ligne qui passait au-dessus de ses genoux et enfin une paire de sandales. Un ensemble qu’elle n’aurait jamais choisi elle-même, étrangement les affaires étaient à sa taille et plutôt confortable. Elle souffla en rentrant l’avant de sa tunique dans son pantalon pour ne pas être gêné en marchant. Ersa s’éloigna de son coin qui n’était plus si tranquille et essaya de retrouver l’elfe malicieuse, ce qui fut assez rapide. Kira était assez en tailleur dans une petite clairière non loin, les yeux plongés dans l’eau, en entendant les pas de la rousse s’approcher, elle se retourna avec un grand sourire.
- Tu étais obligé de me pourrir ce moment ?
- Tu n’as rien remarqué, je ne t’ai même pas interrompu.
Le teint de la naine vira au rouge.
- Où sont mes affaires ?
- Ikkrie est en train de les ramener chez toi. Elle nous rejoint juste après, tu viens ?
- Mais…
L’elfe attrapa la main d’Ersa pour la tirer rapidement dans le palais impérial. Elles déambulèrent dans le couloir sous la surveillance des gardes, des endroits que n’avait jamais visité la naine. Kira n’avait pas lâché la main de la naine pour l’emmener jusqu’à un des balcons du palais, Ersa contracta ses doigts à la vue qui se présentait. Les toits, les rues, le soleil qui se reflétait créait un décor qu’elle n’avait jamais imaginé. Elle avait passé quelques minutes à ne pas savoir quoi regarder, elle qui regardait toujours tout d’en bas, à ce moment, elle était presque au sommet de tout, juste perché sur la pointe des pieds pour ne rien raté.
- Ça te plaît ? D’être au-dessus de tout pour une fois.
- Oui, je n’étais jamais venue ici. Merci…
- Kira aurait pu te prendre sur ses épaules.
L’arrivé des deux ex-louves se fit en rire comme assez souvent, Kira en profita pour lui glisser un clin d’œil avant de la diriger vers un des couloirs opposés à celui qui les avaient conduits ici. Le sourire ne quitta pas le visage de la rousse quand elle parcourait les couloirs rapidement, toujours tirée par l’elfe et suivit par les deux autres femmes. Sans s’en rendre compte, elles pénétrèrent dans une grande pièce, passant devant quelques gardes qui les avaient laissés passer. La naine se figea en reconnaissant le jeune homme derrière le bureau. L’elfe lâcha la main de la petite pour faire une révérence caricaturale en faisant attention à garder son profil
camouflé.
- Chère Prince, merci de nous recevoir aussi rapidement. J’ai retrouvé une princesse qui s’était perdue.
C’est à ses paroles qu’Ersa réalisa qu’Arya s’était éclipsé à leurs retours. Elle avait dû venir voir si Tagar pourrait les recevoir, peut être même sans préciser sa présence. Elle n’avait pas osé bouger jusqu’à ce que la main de l’elfe ait poussé discrètement. Elle fit un pas en avant et passa une main à l’arrière de ses cheveux courts en rougissant un peu. Elle n’osait pas lever les yeux pour le regarder dans les yeux, toujours honteuse de son comportement et elle ne savait pas ce qu'il avait entendu sur elle, lui qui avait réussi à lui envoyer Fabius au moment ou elle en avait le plus besoin.
- Salut… Euh… Ça fait longtemps.
Elle se mordit la lèvre inférieure, dans toute les versions qu’elles avait imaginées, celle la devait être la pire. Elle tourna la tête pour jeter un regard sombre à Kira qui arborait un sourire à demi-moqueur. Elle remarque que les deux autres louves étaient restées sur le pas de la porte.
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Le corps de la naine s’était détendu au son de la voix de Tagar, son ton était fait pour la rassurer. Les louves ne se firent pas prier pour aller s'installer sur les canapés, seule Kira avait réfléchi à sa place avant de pousser Ersa avec un sourire.
- On te l'avait dit, non ?
Elle alla s’installer, la naine a sa suite avec une fausse mine boudeuse. Ersa attrapa le verre pour boire une gorgée et essayer de dénouer sa gorge. Elle commençait à se sentir mieux, mais elle était toujours honteuse d'avoir dû être forcée pour venir ici. Le sourire qui avait commencé à apparaître sur son visage disparut à la mention du rapport de Fabius. Elle avait raconté son histoire qu'a Kira, en guise de thérapie. Personne d’autre n'avait eu les détails. Elle n'osa pas répondre tout de suite, remarquant le regard des deux autres louves qui avait porté leurs attentions sur elle. Elle ouvrir la bouche pour répondre, mais bloqua en remarquant le regard de l'homme.
Cette simple phrase n'avait pourtant rien de spécial, mais elle suffit à la faire rougir et se replier légèrement sur elle-même. Elle tourna la tête pour apercevoir Kira qui souriait de toutes ses dents. La naine prit une inspiration avant de prendre la parole d’une voix hésitante.
- Merci, je n'ai pas eu le choix.
- Peut-être, mais pour une fois, tu es présentable.
- Même s'il y a encore des efforts à faire.
- Je ne suis pas une poupée qu'on habille et qu'on déshabille.
- Dommage pour certaine.
Les filles se mirent à rire, pendant qu'Ersa se concentra sur la part de gâteau non loin d'elle. Elle essaya de reprendre son sérieux.
- Je ne t'ai jamais remercié de m'avoir envoyé du renfort. Je ne sais pas les détails que tu as lus, mais c’est vrai que je n’étais pas au mieux de ma forme. Il m'a été d'une grande aide.
Sa main fut prise d'un léger tremblement, elle posa l’assiette avant de presser ses doigts contre sa cuisse. Ses yeux se troublèrent faiblement. Elle se perdit dans ses pensées quelques secondes, mais Kira la réveilla d'un petit coup de coude.
- Ça va mieux depuis que je suis revenu à la maison.
- Juste quelques absences et une tendance à râler. Enfin plus que d'habitude.
Ersa leva les yeux au ciel, ne voulant pas répondre et essayant de ne pas sourire a la remarque. Elle se pencha en avant et plaça sa main comme pour dire une confidence a Tagar.
- J'ai entendu dire que le RSAF avait besoin de moi pour un projet de rendre des louves respectueuse et obéissante. Comme tu le vois, j'ai encore du travail.
Ce fut au tour d’Ersa de rire devant la grimace des louves. Elle se redressa après quelques instants. Et pour la première fois elle regarda Tagar dans les yeux.
- J’espère que tu ne m'en veux pas de ne pas être venu plus tôt. Je t'ai même jamais félicité pour ta promotion, Monsieur le Cœur de l'empire. Et aussi pour tes fiançailles.
Elle leva son verre dans sa direction.
- Ça fait quoi de se retrouver devant l'empereur ?
- Et l’impératrice ?
Un frisson parcourut le dos d'Ersa à la mention de l'empereur. Le souvenir de sa nomination au berceau remonté et le sentiment contradictoire d’honneur de servir l’empire et de peur en se retrouvant face à lui. Kira avait légèrement rougie à la question sous le regards moqueur d'Arya et Ikkrie
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Ersa repensait souvent à cette nuit, pas toujours pour les mêmes raisons que Tagar. La bataille avait été une des dernières ou elle n’avait pas perdu pied, peut être aussi un point de départ qui facilitait ça remonter d’aujourd’hui.
- Mon point de vue n'a pas tellement changé depuis cette bataille. Personne n’aurait survécu sans les autres. Ta magie nous a sauvées et c'est grâce aux louves que tu as eues le temps de la lancer. Moi, je ne vois toujours pas ce que j'ai fait de plus.
- Tu nous as motivées. Quand on t'a vu, on ne savait pas si on devait avoir peur des fanatiques ou de toi. Chacun a joué son rôle.
- Après, Monsieur n'ai pas le seul à te donner le mérite de sa survie. On en a entendu parler longtemps.
Les deux louves moqueuses se mirent à rire pendant que l'elfe utilisa aussi la technique du gâteau pour cacher sa réaction. Ersa lui jette un regard en coin avec un léger sourire.
- On aurait dû vous appeler les hyènes. Et elle m'a déjà remerciée.
Elle étouffa son rire, et essaya de réfléchir réellement à l’idée de participer à un groupe de paroles. Cela lui paraissait étrange, sûrement à cause de son manque de sociabilité. Et en y réfléchissant encore un peu plus, n’était ce pas ce qu’elle avait fait avec Luviel puis avec Kirarin.
- J'y réfléchirais, parler en public n'a jamais été mon fort, mais c'est vrai que cela peut aider. Ce qui m'a aidé, c’est de parler avec une inconnue rencontrée au mauvais endroit au mauvais moment.
Elle s'arrêta juste un instant revoyant le visage de l'ange et du soldat qui l'avait aidée.
- On a dû se battre côte à côte avant de partager une chambre…
Elle tourna la tête au son du couvert qui racla la porcelaine et reprit son histoire avec un léger sourire.
- J’étais dans un moment où je ne cherchais que boire ou me battre. Ce soir-là, j’ai écouté l'histoire de Luviel, était témoin de la tristesse d'un homme venant de perdre son frère et ils affrontaient leurs sentiments. Pendant que moi, je ne me battais plus. C’est à ce moment que j'ai réalisé ce que j’étais devenu.
Elle s’était arrêtée une seconde pour passer son regard sur les trois femmes qui l’avaient accompagnée.
- Le retour au RSAF m’a aussi fait du bien. Comme si j’étais de retour chez moi. J'ai aussi retrouvé cette… Ses trois charmantes hyènes qui, je ne devrais pas le dire devant elle, m'ont bien aidée.
Elle avait baissé les yeux, n’osant plus regarder Tagar.
- Elle n'osera pas te le dire, mais elle a pensé que tu lui en voulais, et que tu n'aurais pas envie de la recevoir.
Ersa jetait un regard noir à l'elfe trop bavarde, c’était des paroles qu'elle avait dit en pensant qu'elle ne serait pas répétée. Elle leva doucement les yeux sans relever la tête quand il leur désigna les deux portraits impériaux. La naine se demandait si les louves se rendaient compte que les portraits ne donnaient qu'une infime impression de la présence du couple. Lorsqu'il leur propose un autre verre, la rousse remarqua son sourire et essaya de distraire Arya, qu'elle voyait préparer une autre de ses railleries.
- Déjà à l'époque, tu avais l'air passionné par ce que tu faisais. C'est normal que l’impératrice ait reconnu ton potentiel. Elle a une aura particulière. Mais pour la rencontrer, il faut savoir se tenir, mesdames.
Elle leur tira la langue en faisant semblant de baver. Puis elle repris son sérieux.
- Pour l’Empereur, je me suis sentie si… petite.
Ersa éclata de rire à la tête des louves.
- En face de qui tu ne te sens pas petite.
- De moi, a son regard.
Le visage d'Ersa prit la même couleur que ses cheveux.
- Tagar aussi a tout vu, hein.
- Oui, mais il arrive à me regarder dans les yeux et il est bientôt marié. D'ailleurs, comment s'appelle l'élu de notre cœur ?
Ersa tendit son verre en dissimulant sa gêne contre son bras tendu.
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Plus le temps avançait lors de cette rencontré, plus Ersa arrivait à se détendre, à se défaire de l'anxiété qui avait occupé son esprit à chaque fois qu'elle avait imaginée cette scène. De toute évidence, elle s'était trompée et le jeune homme ne lui en voulait pas. Un sourire léger s'installait lentement sur le visage de la naine alors qu'il rougissant sur son commentaire d'une vision du passé.
Tagar avait rapidement présenté sa fiancée et évidemment, le nom de la noble de Taisen fut complètement inconnu à la naine. Comme si elle s'était déjà intéressée au grand nom de l'empire. L'enthousiasme du futur marié était palpable et déteignait sur les ex louves. Sans prévenir Tagar change de sujet en utilisant une feinte connue de tous et interrompit les gloussements des jeunes femmes.
Elles se tournèrent vers la naine comme si c'était la seule personne interrogée. Ersa se figea sous l'attention soudaine et déglutition en se ramassant sur elle-même. Elle soupira, une ombre de tristesse passa dans son regard.
- Je ne pense pas être la bonne personne pour répondre. La dernière fois que je me suis laissée guidée par mes sentiments, ça ne m'a pas vraiment réussi. Je passe mon tour pour le bien de ton ami.
Ikkrie gloussa.
- Bah, il aurait mieux fait de débarquer pour tout déballer en face-à-face.
- Toutes les femmes ne sont pas comme toi. Au premier mauvais mot, tu l'aurais frappé.
Kirarin se redressa en s'assurant que ses cheveux dissimulés toujours le côté de son visage et pris une inspiration, son expression était devenue plus sérieuse. Elle posa son regard dans celui de Tagar.
- Tu… Ton ami à bien fait de lui écrire. L'approche est moins directe, plus distinguée. Une lettre bien écrite ne laisse pas de marbre.
Elle s'était arrêtée, un léger sourire venait perturber son expression pendant que son regard se perdait parfois à essayer de capter la petite silhouette à ses côtés avant de revenir sur l'homme.
- S'il y a bien une chose ou l'on ne peut pas s'entraîner, c'est sur les sentiments. On ne sait pas à quel point on est pris dans la tempête avant de se laisser porter.
Un léger voile s'installa sur son regard après un autre écart.
- Le plus important est qu'il a eu le courage d'avouer ce qu'il avait sur le cœur, beaucoup n'ont jamais osé. C'est une peur face à laquelle on ne peut se préparer.
Elle soupira à nouveau.
- Même si la réponse n'est pas celle qu'il veut, il aurait eu le courage d'affronter tout ça, plutôt que d'attendre que la scène se passe sans lui. Si cela peut le rassurer, dit lui que même des guerrières aguerrie n'ont parfois jamais eu le cran pour faire la même chose.
Sa voix avait vibré sur la fin. L'elfe s'était arrêté pour attraper son verre, le côté moqueur de son sourire n'était pas revenu, laissant la place à une pointe d'amertume. Elle but une gorgée en fermant les yeux pour dissimuler l'éclat qui s'y était allumé. Arya et Ikkrie n'avaient pas osé relever de leur amie qui ne se confiait pas souvent. La naine était restée concentrée sur son verre, faisant tourner la boisson dans une vague perpétuelle, sa deuxième main plaquée sur sa cuisse pour contrôler ses tremblements. Son regard était voilé comme en écho aux paroles de l'elfe, ou pendant une autre de ses absences.
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Ce discours qui devait surtout aider Tagar, eu l'air de le perdre plus qu'autre chose. L'elfe avait acquiescé à la demande de permission en se maudissant de s'être trop livrée. Quand il exposa sa question sur la relation entre la naine et l'elfe. Cette dernière se mit à rougir en détournant la tête. Ersa sortis de son absence en penchant la tête sur le côté, comme un animal qui ne comprenait pas la scène. Elle jeta un œil sur Kira qui dissimulait son visage face aux deux louves qui se retenaient de rire.
La naine se mit à réfléchir sur le peu qu'elle avait saisi du discours de Kira et sur un autre souci qui hantait encore certaines de ses nuits. Elle avait l'impression qu'elle passait à côté de tout ce qu'elle faisait. Elle se reconcentra sur Tagar, son visage rougissant en préparant sa réponse.
- La dernière fois que tu nous as vues, en fait, on ne se connaissait pas. J'ai même assez mal pris ce réveil.
- Nous ne sommes pas ensemble.
La voix de l'elfe sonnait étrangement sans que l'on ne puisse réellement définir ce qui n'allait pas. Ce fut au tour de la rousse de sourire d'une façon étrange, mêlant joie et tristesse.
-Aujourd'hui, je suis quand même contente de... Vous avoir trouvées. Je ne m'en serais pas sortie sans vous.
Elle s'était rapprochée de l'elfe sans faire ou dire plus.
- On verra où me mène ma remontée, tu n'es pas forcément vieux jeu. Notre éducation guide beaucoup de nos pas.
Elle but une gorgée de son verre, le dégustant comme elle le faisait avec sa liqueur dans une autre partie de sa vie. Tagar repris sur une phrase que lui avait dit son père. Kira tourna la tête de façon à ce que seul le jeune homme puisse voir son sourire qui acquiesçait cette phrase. Une petite flamme s'était rallumée dans son œil visible. Ersa éclata de rire.
- Ton père est un homme éclairé. J'imagine que je dois avoir beaucoup à aimer alors.
La naine se rembrunit et c'est à nouveau l'elfe qui la fit revenir d'un coup de coude. Elle prit une inspiration en se tournant vers Ersa.
- Tu devrais lui dire, peut-être qu'il pourrait aider.
- Tu as sûrement raison maman.
L'elfe se leva en riant et tira les manches des deux autres louves pour les lever du canapé. Son sourire moqueur était revenu.
- Si le prince n'a plus besoin de nous. Je lui confie la princesse perdue.
Ikkrie rapprocha de l'elfe avec elle aussi un sourire moqueur et lui glissa presque discrètement.
- Toi aussi, tu devrais lui dire.
Kira ne répondit que d'un claquement sec de la langue. Les louves attendaient que le cœur n'ait plus besoin d'elles pour qu'Ersa puisse essayer d'exposer son problème. Les yeux de la naine refletait son sentiment d'être perdu pendant que ses doigts s'activaient sur sa cuisse. Elle œil une inspiration et se lança juste dans une question.
- Tu t'y connais sur la magie de clonage?
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Ersa avait regardé les louves partir, l'impression que tout avait été prévu lui resurgit un instant. Sans réellement y prêter attention, son regard eut du mal à se détacher de l'elfe avant de revenir sur Tagar. Peut-être qu'il pourrait aussi l'aider sur ce sujet, mais elle devait d'abord lui raconter l'origine de l'histoire.
Il avait exposé une partie de ses connaissances théoriques sur cette magie étrange. Elle n'était pas étonnée qu'il se soit intéressé sur le sujet et il lui confirmait certaines de ce qu'elle avait trouvé ou expérimenté. Pour la diminution de puissance, elle l'avait remarqué à ses dépens.
- Je pense que tu es dur envers toi-même. De souvenir, ta puissance doit être presque digne des élites de l'empire. La nuit ou on s'est rencontrer m'as beaucoup marqué. Ta magie n'y est pas étrangère et peut être le petit-déjeuner.
Un sourire était apparu sur son visage, elle essayait de passer par l'humour pour dissiper un peu de son stress. À l'annonce des séquelles qu'elle encourait en cas de mort du clone, il s'envola aussi rapidement qu'il était apparu. Elle avait eu du mal à avaler sa salive un instant. C'était un sujet qu'elle n'avait pas osé feuilleter.
- C'est un peu ce que je craignais. Tu confirmes ce que j'ai pu apprendre. Bien que ce soient les séquelles qui m'inquiètent le plus.
Il lui avait de nouveau rempli son verre et elle laissa la boisson réchauffer légèrement ses doigts. Une partie de son être serait bien retournée dans ses anciens travers qui ne lui avait finalement rien apporter.
- As-tu déjà entendu parler de la possibilité que le clone n'est pas la même que l'original ?
Elle but une gorgée du thé et reprit immédiatement.
Je vais essayer de faire court. Pendant ma dépression, j'ai développé une deuxième personnalité. C'était comme si mes instincts n'était plus satisfait de ma vie. Je perdais le contrôle de plus en plus souvent, de plus en plus violemment. Je n'étais plus que le témoin de ce qu'elle faisait. Un jour, on s'est séparé. Elle est apparue devant moi, m'a attaquée et laissée pour morte dans une forêt. Pendant un moment, j'ai cru que c'était une hallucination de mon esprit dérangée. Même si mon nez et mes côtés brisés n'étaient pas d'accord avec cette idée.
Elle s'arrêta un instant pour jouer avec son thé et calmer son cœur qui s'emballait encore quand elle racontait cette histoire.
- Je ne sais pas si je suis la copie ou l'original. Il a même fallu que je croise une créature étrange pour m'ouvrir les yeux sur ce qu'il s'était passés.
La nuit ou elle avait rencontré le chasseur était gravée dans sa mémoire et avait redonné un rythme à sa vie.
- Je sais que j'ai perdu ma force et ma vitesse. Une partie de mes sens aussi. J'ai peur de ce qui pourrait m'arriver. Comment disparaît un clone ? Même mes émotions sont complètement différentes, je ne me comprends plus. J'essaie de réapprendre à avancer grâce à Kira, même si j'ai plus l'impression de la faire souffrir qu'autre chose.
Elle secoua la tête et renifla, son regard était légèrement embué.
- Pardon, je m'égare. J'ai toujours autant de mal. J'aimerais savoir ce que risque une copie sur le long terme et s'il y a un moyen de retrouver l'autre partie de moi ?
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Évidemment, Tagar n'accepte pas le compliment aussi facilement, elle aurait dû s'en douter même si elle resté convaincu de ses paroles. Il était resté là à écouter son débordement, sans relever son écart avant de se lever en demandant un peu de temps. Ersa resta silencieuse le temps qu'il parcoure sa bibliothèque à la recherche d'un livre spécifique. Le jeune homme était revenu à sa place pour pouvoir lire un passage précis, laissant l'inquiétude grandir dans l'esprit de la naine. Ses doigts continuaient de trembler légèrement sur le verre, elle but une gorgée pour essayer de dissiper son mal-être sur ce qui pourrait lui arriver, elle avait du mal à l'éloigner de ses pensées, cela faisait presque deux mois qu'elle avait accepté un sort funeste, un sort qui ne lui allait plus aujourd'hui. Pas maintenant qu'elle avait presque l'impression d'être à sa place.
La voix de Tagar la ramena à l'instant et lui annonça un début de bonne nouvelle, son cas n'était pas le premier. Un sourire triste vint parer son visage quand il parla d'un déclenchement par le stress.
Elle allait ajouter un commentaire sur ce qu'elle avait vécu, sur son parcours de dépression et d'alcoolisme. La colère grandissait en elle, mais Tagar lui saisit la main, ce qui stoppa le cours de ses pensées. Elle ne restait plus aussi distante qu'autrefois, mais cela était assez rare pour que cela l'étonne et la calme. Il reprit pour former une réponse et la naine l'écouta calmement.
Elle n'avait pas essayé de révoquer son double pour plusieurs raisons. La peur d'être le clone, celle de la réaction de Nora. Elle avait failli la tuer la dernière fois. À nouveau, elle se demandait ce qu'elle voulait vraiment. Elle commençait à peine à s'habituer à sa nouvelle vie sans la louve, mais la dernière phrase de Tagar la fit douter un peu plus. Que lui arriverait t'il si elle arrivait à ne refaire qu'un, est ce que leur esprit y arriverait ? Est-ce qu'un des deux disparaîtrait ou il en sortirait une nouvelle personnalité issue des deux autres ? Tellement de choses se bousculaient dans sa tête.
Il lui lâcha finalement la main et ce nouveau vide créa un moment de gêne. Elle avait apprécié ce geste de réconfort et elle ne put s'empêcher de tourner la tête vers la porte à la recherche de celle qui l'avait toujours accompagnée dans ses moments. Depuis son retour, elle s'était rarement retrouvée seule face à ses problèmes. À ce moment aussi, elle n'était pas seule, Tagar était là et lui proposait son aide.
- Pour être honnête, je n'ai pas essayé de la faire revenir à distance, à notre séparation, on ne s'est pas quittées en bon terme, mais je veux bien de ton aide pour la retrouver, je préférerais pouvoir discuter avec, voir si on peut arranger les choses.
Elle eut un soupir d'amusement.
- À l'époque, j'ai dit à Fabius que ton optimisme me tuerait, je crois. Finalement, il a peut-être déteint sur moi. Je me sens responsable de ce qui lui est arrivé, j'ai l'impression qu'elle a toujours été là à me pousser. Même si je ne l'ai comprise qu'après son départ.
Elle s'arrêta pour boire une gorgée surtout pour essayer de maîtriser son débit de parole et elle reprit d'un ton plus las.
- Je ne suis déjà plus là même. J'aimais me dire que j'avançais seule et aujourd'hui cette même solitude me terrifie. Je ne suis même plus capable de savoir ce que je ressens pour les personnes qui m'entourent, tout est si différent.
Elle s'arrêta un instant, un sourire plus naturel se forma sur ses lèvres.
- Pour le tatouage, c'est une bonne idée. Je devais le refaire dans l'année. Même si je ne sais pas si elle le refera, elle a rencontré un barde qui devait lui faire découvrir la vie. Si elle veut le refaire, elle doit penser que l'on fait encore partie des Gardien de Berceau et les tatoueurs pouvant faire les deux sont assez rares, il me semble.
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Ersa acquiesça à la proposition, cela lui semblait une assez bonne idée, mais un détail lui traversa l'esprit.
- Je ne sais pas comment marche les tatouages, mais est ce qu'il y a un risque que ce soit moi qui se fasse arrêter ? À moins que ce soit une façon que je vienne te voir plus souvent.
Elle essaya de garder son sérieux pour voir la réaction de Tagar.
- Si ça arrive trop souvent, il y en a une qui va sûrement pas être d'accord.
Elle n'avait volontairement pas précisé de quel côté se trouverait le mécontentement, un sourire moqueur s'installa sur son visage.
- J'imagine qu'il faudra juste que je renouvelle mon tatouage pour éviter cela. Ce n'est pas une excuse pour t'éviter hein.
Un doute l'habitait toujours, elle espérait que son double fasse la démarche, mais en même temps elle ne savait pas ce qu’elle pourrait espérer de cette rencontre. Son sourire perdit en intensité en réalisant que Tagar n'avait pas tort sur les mesures à prendre.
- J'espère que l'on en n'arrivera pas à ça. Comme tu l'as dit, je devrais bien faire la paix avec elle pour que cela marche sur le long terme. Sinon cela recommencera tôt ou tard, en peut-être pire.
Elle souffla en passant la main dans ses cheveux courts. Elle était perdue et ne savait pas comment gérer ça. Est ce qu'elle pouvait faire comme si c'était pour elle, ou était elles deux inconnues ?
- J'imagine que tu peux voir pour la mettre à l'aise pour me donner une chance de la convaincre de notre bonne foi. Si elle est disposée à m'écouter. Rassure-moi, tu n'espères pas trop ce combat dans la boue, tu risquerais d'être déçu.
Elle ne put retenir son rire.
- Cette fois, je serai prête si elle veut se battre, même si je préférerais la laisser partir. En vrai, j'ai plus l'impression qu'elle l'a fait sous la rage qu'intentionnellement.
Elle se mit à jouer nerveusement avec la mèche qui cachait presque son œil gauche, et son visage pris une expression un peu plus peinée.
- Honnêtement, je ne sais pas à quoi tu dois t'attendre, je dois te laisser faire ce que tu jugeras légitime. J'espère vraiment que tu n'auras rien à craindre d'elle.
Ersa s'arrêta, sa lèvre inférieure tremblant presque imperceptiblement et elle tourna la tête n'osant plus le regarder en face en réalisant qu'elle l'emménagement peut-être dans une situation a risque.
- Je suis vraiment désolé de t'embarquer la dedans.
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