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Gilbert savait qu'il avait fait le bon choix en restant en Liberty.
Ses frères et soeurs avaient ignorés les avis et leçons de leurs parents miraculeusement retraités, grand mal leur en fasse , mais lui avait écouté. Là où les autres étaient partis jouer ou s'essayer à la magie, lui s'était cantonné près du feu, les jambes croisées, les yeux étincelants de terreur, demandant plus d'histoires terrifiantes. Et qu'il en déferlait ! Les bandits n'étaient qu'une chose, les loups aussi et les catastrophes naturelles et la compétition sauvage et les fûts de bière empoisonnés et les mercenaires mais aussi, mais aussi ils avaient trouvés bien pire. Pas nécessairement mauvais, mais porteur de calamité, tel le fameux papillon qui, battant de ses ailes, provoquait un cataclysme à l'autre bout du continent.
Sauf qu'encore là, le papillon pouvait s'ignorer, ça allait, c'est assez loin le bout du continent -pas tant que ça en fait mais bon-. Mais cette calamité là, elle s'abaissait toujours sur l'établissement. Parce qu'il y avait toujours une bagarre, un incendie, une explosion ou un anéantissement de l'endroit, dans le pire des cas, pour accompagner la venue de ce danger. Ayant à peine survécus à ces accidents aussi tristement inévitables que prévisibles, les parents de Gilbert, Gertrude, Godfrey, Godrick, Germa, Gullvig et Guy se mirent d'accord : à Liberty, on trouvait beaucoup moins de ce type d'accidents. Et pas seulement par absence de ces individus dérangés, parce qu'il y en avait beaucoup quand même. Mais simplement parce que... la police veillait au grain pour éviter des débordements, surtout. Là où un village de campagne tend à n'avoir que quelques gardes déjà préoccupés avec le cochon galopant du fermier.
Oui, à Liberty, les auberges n'attrapent pas feu. Le loyer si, et les impôts aussi, mais se préoccuper de si simples problèmes financiers était une bénédiction. Et pourtant, cela n'avait pas empêché le reste de la fratrie d'aller voir ailleurs, par motivation financière pour d'autres, par soif d'aventure pour certains et par simple désir de la mettre profonde au parent pour Guy, mystérieusement mal-aimé de sa famille. Ne restait donc que Gilbert, jeune et fringant, noble héritier de ses parents Guillaume et Galla, héritier du commerce familial dans la ville. Et épargné du mal qui avait tant menacé le dit-commerce depuis trois heureuses décennies.
Il avait tout fait pour que l'oeil divin ne lui fasse rien, en ce temps. Il payait ses taxes, il traitait sa femme comme la reine qu'elle était à ses yeux, sa fille semblait promise à un avenir radieux comme héritière de la cause familiale, il nourrissait ses plantes chaque soir, il faisait faire des heures supp de promenade au chien, il disait "bonjour !" dans la rue, il saluait les soldats, il lisait les infos, il prévenait ses amis de malheurs possibles et quand un problème se profilait et quand quelque chose se brisait ou qu'un client s'apprêtait à se battre avec un autre, il trouvait toujours la solution parfaite et idéale pour sauver la situation.
Mais ce soir, son coeur battait à s'en arracher à sa poitrine, sans doute pour se pousser des petites pattes et courir le plus loin possible. Ses jambes flageolantes supportaient mal le poids de son corps tremblotant, menaçant de s'écrouler à tout moment, avec seulement ses bras, aux os remplacés par des bâtonnets de bois, pour se supporter à son comptoir de bois si l'impossible devait se produire. Par une manoeuvre transmise de père en fils, il faisait exécrer sa sueur entièrement de par les pores de ses pieds, noyant ses chaussettes comme un rat pris au piège dans un vaisseau de Kaizoku mais gardant son visage parfaitement sec et neutre face à l'ennemi.
Il l'avait vu venir dès qu'elle avait vu sa petite figure ouvrir la porte, avec son grand chapeau blanc, sa peau d'un bleu plus sombre que ses longs cheveux bouclés, sa robe blanche et sa cape en fourrure. Ohhh, et elle avait aussi un oeil blessé, comme pour le provoquer encore plus. Ce n'était pas une Jacqueline comme il y en avait mille dans la masse : le couvre-chef inutilement gigantesque l'avait confirmer avant tout le reste.
Que chaque dieu lui vienne en aide. La personne devant elle souffrait de
protagonisme.
Et Qaguia, elle, n'haussa que son sourcil survivant, voyant le propriétaire de l'auberge la fixer comme si elle avait spontanément poussée une seconde tête. D'un sifflement irrité, l'Ombra se cala sur la pointe des pieds, levant le bras pour doucement sonner le dispositif sonore posé sur le comptoir. Le fait de presser plusieurs fois de suite n'avait que portée symbolique pour démontrer son impatience, le bruit étant le même à chaque fois, mais l'homme au comptoir secoua la tête des deux côtés avant de regarder vers le bas, les yeux écarquillés.
moi veux dormir ici une nuit
...
"Le Gaillard Fût-é" avait un lit, c'était à peu près tout ce que demandait Qaguia. Mais elle avait été surprise de voir qu'il y avait quelques autres commodités, unique à cet établissement particulier parmi ceux qu'elle avait visité auparavant. Comme des solutions alcalines ou basés de plantes, à l'odeur agréable, avec fonction principale de nettoyer le cuir chevelu tout en laissant une odeur agréable derrière elle. Pour l'Ombra, il était étrange de laisser pareil ingrédient cosmétique à portée de main que pour une seule nuit : aussi, elle s'était simplement tout vidée sur le crâne, avant d'épurer au moyen de l'eau, via la seconde pièce collée à sa chambre. Qu'elle savait salle de bain, surprenant qu'il était de trouver pareil ajout dans l'auberge.
Elle trônait au milieu de cette dernière, dans une "baignoire" qu'elle savait destinée à plus massif qu'elle. Parce qu'elle y était submergée au... tiers ? Seule sa petite tête en sortait à peine, avec ses narines à quelques millimètres au dessus de l'eau. Son oeil unique était concentré sur l'avenir. Étant visions métaphoriques extirpées de son imagination pour elle, simple bout de carrelage pour un spectateur, aussi mal-avisé et surprenant serait t-il d'en avoir un à cet instant. Pas parce qu'elle était vulnérable, il ne lui suffirait que d'une pensée pour immobiliser un intrus, mais parce qu'elle n'aimait pas que ses blessures soient visibles.
Le temps avait tué... non, ce n'était pas le terme exacte selon Rêve. Le temps avait pris sa mémoire mais il était fébrile face aux marques de son combat avec l'élémentaire de lave. Et n'avoir que marques quand la garce était partie la tuer était une prouesse, surtout qu'elle n'était guère gênée de ces dernières, mais ça restait un souvenir inutile. Une façon pour elle de ne jamais oublier le jour où elle avait tout perdu, en lui marquant sa chair. Quand elle aura bien retrouvée l'usage de sa magie de soins, ça partira très vite, tout ça. Elle n'était pas sûre de pouvoir sauver son oeil, parti depuis un siècle, mais ça lui allait bien assez.
Même, elle était ennuyée de remonter le temps pour voir qu'elle avait plus de souvenirs de sa vie sans l'oeil.
bah ressasser le passé est pour les idiots, elle se dit. La seule chose qu'elle pouvait modeler, c'était son futur. Et pour se faire, elle allait devoir visiter Magic au plus tôt demain, ce qui ne lui serait pas possible si elle perdait autant de temps à ressasser l'éternellement figé.
Enfilant une longue robe blanche, Qaguia se glissa rapidement sous les draps de son lit, jetant un dernier regard vers les deux grandes fenêtres menant aux rues de Liberty, en bas. Mais ce qu'elle fixa, ce fut la Lune, impartiale au dessus des bâtiments de la ville. Quoi qu'elle serait dans son angle mort pour la soirée, l'Ombra put au moins percevoir son rayon lunaire, en tournant la tête vers le côté pour se ramasser le chapeau. Avec des fenêtres si grandes, il serait dur de ne pas se faire asperger par des rayons lumineux en se réveillant : et si l'Ombra était très à l'aise dans les ténèbres, les sentant déjà l'inviter au repos, elle l'était moins avec la lumière.
Mais, avec sa tête miniature dépassant à peine des gros draps, le lit étant assez grand pour héberger cinq de sa personne, la sorcière n'eut besoin de caler le bout de son énorme couvre-chef que ses la partie supérieure de sa tête, remontant sa couverture pour lui couvrir à peu près tout ce qui restait : seul son petit nez bleuté fin dépassait du tissu, avec ses deux mains jointes en croix sur sa poitrine. moi sure qu je bien dormir ce soir
Vraiment ?
Ses frères et soeurs avaient ignorés les avis et leçons de leurs parents miraculeusement retraités, grand mal leur en fasse , mais lui avait écouté. Là où les autres étaient partis jouer ou s'essayer à la magie, lui s'était cantonné près du feu, les jambes croisées, les yeux étincelants de terreur, demandant plus d'histoires terrifiantes. Et qu'il en déferlait ! Les bandits n'étaient qu'une chose, les loups aussi et les catastrophes naturelles et la compétition sauvage et les fûts de bière empoisonnés et les mercenaires mais aussi, mais aussi ils avaient trouvés bien pire. Pas nécessairement mauvais, mais porteur de calamité, tel le fameux papillon qui, battant de ses ailes, provoquait un cataclysme à l'autre bout du continent.
Sauf qu'encore là, le papillon pouvait s'ignorer, ça allait, c'est assez loin le bout du continent -pas tant que ça en fait mais bon-. Mais cette calamité là, elle s'abaissait toujours sur l'établissement. Parce qu'il y avait toujours une bagarre, un incendie, une explosion ou un anéantissement de l'endroit, dans le pire des cas, pour accompagner la venue de ce danger. Ayant à peine survécus à ces accidents aussi tristement inévitables que prévisibles, les parents de Gilbert, Gertrude, Godfrey, Godrick, Germa, Gullvig et Guy se mirent d'accord : à Liberty, on trouvait beaucoup moins de ce type d'accidents. Et pas seulement par absence de ces individus dérangés, parce qu'il y en avait beaucoup quand même. Mais simplement parce que... la police veillait au grain pour éviter des débordements, surtout. Là où un village de campagne tend à n'avoir que quelques gardes déjà préoccupés avec le cochon galopant du fermier.
Oui, à Liberty, les auberges n'attrapent pas feu. Le loyer si, et les impôts aussi, mais se préoccuper de si simples problèmes financiers était une bénédiction. Et pourtant, cela n'avait pas empêché le reste de la fratrie d'aller voir ailleurs, par motivation financière pour d'autres, par soif d'aventure pour certains et par simple désir de la mettre profonde au parent pour Guy, mystérieusement mal-aimé de sa famille. Ne restait donc que Gilbert, jeune et fringant, noble héritier de ses parents Guillaume et Galla, héritier du commerce familial dans la ville. Et épargné du mal qui avait tant menacé le dit-commerce depuis trois heureuses décennies.
Il avait tout fait pour que l'oeil divin ne lui fasse rien, en ce temps. Il payait ses taxes, il traitait sa femme comme la reine qu'elle était à ses yeux, sa fille semblait promise à un avenir radieux comme héritière de la cause familiale, il nourrissait ses plantes chaque soir, il faisait faire des heures supp de promenade au chien, il disait "bonjour !" dans la rue, il saluait les soldats, il lisait les infos, il prévenait ses amis de malheurs possibles et quand un problème se profilait et quand quelque chose se brisait ou qu'un client s'apprêtait à se battre avec un autre, il trouvait toujours la solution parfaite et idéale pour sauver la situation.
Mais ce soir, son coeur battait à s'en arracher à sa poitrine, sans doute pour se pousser des petites pattes et courir le plus loin possible. Ses jambes flageolantes supportaient mal le poids de son corps tremblotant, menaçant de s'écrouler à tout moment, avec seulement ses bras, aux os remplacés par des bâtonnets de bois, pour se supporter à son comptoir de bois si l'impossible devait se produire. Par une manoeuvre transmise de père en fils, il faisait exécrer sa sueur entièrement de par les pores de ses pieds, noyant ses chaussettes comme un rat pris au piège dans un vaisseau de Kaizoku mais gardant son visage parfaitement sec et neutre face à l'ennemi.
Il l'avait vu venir dès qu'elle avait vu sa petite figure ouvrir la porte, avec son grand chapeau blanc, sa peau d'un bleu plus sombre que ses longs cheveux bouclés, sa robe blanche et sa cape en fourrure. Ohhh, et elle avait aussi un oeil blessé, comme pour le provoquer encore plus. Ce n'était pas une Jacqueline comme il y en avait mille dans la masse : le couvre-chef inutilement gigantesque l'avait confirmer avant tout le reste.
Que chaque dieu lui vienne en aide. La personne devant elle souffrait de
protagonisme.
Et Qaguia, elle, n'haussa que son sourcil survivant, voyant le propriétaire de l'auberge la fixer comme si elle avait spontanément poussée une seconde tête. D'un sifflement irrité, l'Ombra se cala sur la pointe des pieds, levant le bras pour doucement sonner le dispositif sonore posé sur le comptoir. Le fait de presser plusieurs fois de suite n'avait que portée symbolique pour démontrer son impatience, le bruit étant le même à chaque fois, mais l'homme au comptoir secoua la tête des deux côtés avant de regarder vers le bas, les yeux écarquillés.
moi veux dormir ici une nuit
...
"Le Gaillard Fût-é" avait un lit, c'était à peu près tout ce que demandait Qaguia. Mais elle avait été surprise de voir qu'il y avait quelques autres commodités, unique à cet établissement particulier parmi ceux qu'elle avait visité auparavant. Comme des solutions alcalines ou basés de plantes, à l'odeur agréable, avec fonction principale de nettoyer le cuir chevelu tout en laissant une odeur agréable derrière elle. Pour l'Ombra, il était étrange de laisser pareil ingrédient cosmétique à portée de main que pour une seule nuit : aussi, elle s'était simplement tout vidée sur le crâne, avant d'épurer au moyen de l'eau, via la seconde pièce collée à sa chambre. Qu'elle savait salle de bain, surprenant qu'il était de trouver pareil ajout dans l'auberge.
Elle trônait au milieu de cette dernière, dans une "baignoire" qu'elle savait destinée à plus massif qu'elle. Parce qu'elle y était submergée au... tiers ? Seule sa petite tête en sortait à peine, avec ses narines à quelques millimètres au dessus de l'eau. Son oeil unique était concentré sur l'avenir. Étant visions métaphoriques extirpées de son imagination pour elle, simple bout de carrelage pour un spectateur, aussi mal-avisé et surprenant serait t-il d'en avoir un à cet instant. Pas parce qu'elle était vulnérable, il ne lui suffirait que d'une pensée pour immobiliser un intrus, mais parce qu'elle n'aimait pas que ses blessures soient visibles.
Le temps avait tué... non, ce n'était pas le terme exacte selon Rêve. Le temps avait pris sa mémoire mais il était fébrile face aux marques de son combat avec l'élémentaire de lave. Et n'avoir que marques quand la garce était partie la tuer était une prouesse, surtout qu'elle n'était guère gênée de ces dernières, mais ça restait un souvenir inutile. Une façon pour elle de ne jamais oublier le jour où elle avait tout perdu, en lui marquant sa chair. Quand elle aura bien retrouvée l'usage de sa magie de soins, ça partira très vite, tout ça. Elle n'était pas sûre de pouvoir sauver son oeil, parti depuis un siècle, mais ça lui allait bien assez.
Même, elle était ennuyée de remonter le temps pour voir qu'elle avait plus de souvenirs de sa vie sans l'oeil.
bah ressasser le passé est pour les idiots, elle se dit. La seule chose qu'elle pouvait modeler, c'était son futur. Et pour se faire, elle allait devoir visiter Magic au plus tôt demain, ce qui ne lui serait pas possible si elle perdait autant de temps à ressasser l'éternellement figé.
Enfilant une longue robe blanche, Qaguia se glissa rapidement sous les draps de son lit, jetant un dernier regard vers les deux grandes fenêtres menant aux rues de Liberty, en bas. Mais ce qu'elle fixa, ce fut la Lune, impartiale au dessus des bâtiments de la ville. Quoi qu'elle serait dans son angle mort pour la soirée, l'Ombra put au moins percevoir son rayon lunaire, en tournant la tête vers le côté pour se ramasser le chapeau. Avec des fenêtres si grandes, il serait dur de ne pas se faire asperger par des rayons lumineux en se réveillant : et si l'Ombra était très à l'aise dans les ténèbres, les sentant déjà l'inviter au repos, elle l'était moins avec la lumière.
Mais, avec sa tête miniature dépassant à peine des gros draps, le lit étant assez grand pour héberger cinq de sa personne, la sorcière n'eut besoin de caler le bout de son énorme couvre-chef que ses la partie supérieure de sa tête, remontant sa couverture pour lui couvrir à peu près tout ce qui restait : seul son petit nez bleuté fin dépassait du tissu, avec ses deux mains jointes en croix sur sa poitrine. moi sure qu je bien dormir ce soir
Vraiment ?
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C'est pas du voyeurisme, c'est de l'attention nocturne
Février 04
Suite de Complainte nocturne
Curieuse, curieuse, petite chose.
Curieuse, curieuse, petite rose.
Faim apaisée. Paix retrouvée.
Mais que guette la curiosité ?
La souffrance de la journée s'est appaisée. Je suis restée terrée sans accepter de sortir de mon recoin, roulée en boule, la tête prostrée dans mes anneaux, dans l'espoir vain de ne plus rien entendre. Que les cris cessent. Que la tornade s'appaise. Le contrôle de mon corps retrouvé, la plupart des habitants endormis avec la tombée du jour, j'avais pu recommencer à respirer.
Poussée par la Faim j'étais sortie.
Dans un bruissement d'aile aux plumes duveteuse, une chouette rosée s'était élevée dans le ciel nocturne. A travers ces yeux qui y voient encore mieux que ceux de la bipède que je suis souvent, les rues et les mouvements m'apparaissent clairement. Blanc, givre et gris. Toit d'ardoites ou de tuile sombres. Les rats s'enfuient dans les ruelles noséabondes.
Je m'éloigne à tire d'aile d'un quartier encore tout allumé de lanternes colorées. A sa simple approche, je sens le gouffre d'une Faim immense s'ouvrir dans mon ventre et les émotions d'une foule inombable m'assaillent. C'est trop intense ! Trop confus ! Au calme, sur l'aiguille de pierre la plus haute de cette termitière humaine, j'observe de mes grands yeux fixes.
J'ai toujours faim... Mais surtout, pour la première fois, cette ville me semble moins dangereuse que je ne l'aurais cru. Endormis, les humains ne sont finalement pas si dangereux. C'est une autre forêt. Une autre jungle. Plus dangereuse et plus âpre, elle sent fort, est remplie de trop de bruits, de trop de vie, mais dans laquelle je peux me cacher en apprenant quelles sont les cachettes sûres et celles qui n'en ont que l'apparence. ... Et dans laquelle les proies qui me font salivées sont infiniment plus nombreuses.
Je reprends mon vol, descendant vers les toits givrés, sans trop savoir ce que je cherche. Je n'avais jamais fait ça avant. Chercher à avoir moins Faim. Comprendre ce que cela signifie ne veut pas dire que je sais faire. Ils sont encore tellement étranges, tous...
En passant près d'une fenêtre, une forme blanche attire mon regard. Je m'arrête et me pose sur le rebord pour observer... un chapeau pointu. Un creux tranquile. Une simple présence aux émotions oniriques. Je n'ai jamais vu quiconque dormi comme ça...
Poussée par la curiosité je suis entrée.
Mes plumes frissonnent et je me pose sur le bord du lit bien trop grand. D'un coup de bec, je les lisse et sautille du haut de mes petites pattes, pour me rapprocher de la petite forme. Toute petite. Un petit d'humain ? Je penche la tête sur le côté et mon cou de chouette tourne sans effort jusqu'à ce que je vois ce même spectacle à l'envers. Un petit d'humain sous un chapeau immense dans un lit immense, immobile, sur le dos, mais pas mort.
Les limites de mon corps se brouillèrent, changeante en une vague de matière rosâtre dans laquelle disparaissent les plumes du volatile. Le matelas s'affaisse à peine sous mon poids particulièrement léger et un battement de cil plus tard, ma forme bipède surplombe à demi l'endormie, du côté de la fenêtre. Pas d'ailes, seulement cet aspect d'onie ridiculement petite avec mes longues oreilles pointues si expressives et mes petites cornes cristalines. Ce petit d'humain réussi l'exploit d'être encore plus petit que moi... Enfin c'est sûrement logique puisque c'est un petit.
Assise sur mes talons, genoux serrés et ma main griffue posée sur le matelas, j'observe le petit nez bleuté qui dépasser de bien trop de tissus. Sa respiration est douce. Constante. Je souris. Mes longs cheveux fuchsias s'écoulent fluidement sur le matelas. Mes yeux aux pupilles reptiliennes cillent à peine.
Les humains endormis sont vraiment différents des humains éveillés, Panthère a raison là dessus.
... Mais je veux savoir. Ce petit nez m'intrigue.
La queue enroulée autour de la tête de lit pour m'aider à maintenir mon équilibre, je pince la pointe du chapeau blanc et le soulève d'une main, penchée pour voir le visage qui se cache dessous, l'observant un long moment. Immobile. Silencieuse.
CENDRES
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Devant elle se trouvait un désert de glace et de neige, balayé par un vent si fort qu'il l'en arracherait du sol si elle n'était pas très prudente quant à garder son équilibre. Chaque pas qu'elle faisait en avant était le produit d'une lutte coriace contre la furie élémentaire qui se déchaînait dans ce monde mort et enterré, comme une sorte d'immense enseveli sous des tonnes de neige. Neige qui, beaucoup plus susceptible aux humeurs du vent, lui volait au visage en copieuse quantité, forçant Qaguia à marcher devant elle avec ses bras levés devant le visage, en protection. Et solution était problème aussi, parce que ses deux yeux pouvaient difficilement voir au travers de la très légère fente qu'elle se réclamait avec ses bras, pour pouvoir voir en avant.
Et au-delà de cette fente, il y avait un épais manteau de neige pour l'aveugler encore plus, forçant Qaguia à seulement aller de l'avant, en espérant qu'elle allait du bon côté. Mais puis-ce qu'elle ne savait pas d'où elle partait et où elle allait, elle se disait que "en avant" devait être le bon côté. Ou alors, elle risquait d'être un peu irritée si elle se rendait compte qu'elle avait passée autant de temps à marcher pour rien.
Même si Qaguia ne savait pas, justement, combien de temps s'était passé.
Dans ce monde sans temps ou espace, sans montagnes ni ciel, avec seulement elle et une étendue blanche infinie, Qaguia ne pouvait que continuer à aller de l'avant. Et quant ses yeux bleus crurent voir une forme au fond de sa vision, se détachant avec difficulté de la masse blanche, la sorcière crut seulement en une moquerie du destin. Ou s'attendait à voir la forme s'avancer vers elle pour se révéler prédateur immense ou autre danger soudain dont elle était bien incapable de s'extraire à temps. Mais si prédateur se terrait devant elle, il était couard ou exceptionnellement prudent et apte au déguisement : lentement, l'Ombra aperçut la forme d'une petite bicoque devant elle. Et quoi qu'elle avait craint d'avoir oublié de reconnaître les formes, après une éternité à errer dans un monde plat, elle put quand même rapidement identifier l'endroit comme un lieu où se recroqueviller de la tempête, le temps qu'elle cesse. Ou au moins, récupérer ses forces en attendant de ressortir.
Ce fut avec l'énergie de l'espoir que Qaguia se décida à baisser les bras pour marcher en avant. La cabine qui se trouvait sous son regard était une petite bicoque de bois à l'air peu impressionnante. Comment diable tenait t-elle encore ? Décidant que là n'était que logique onirique, Qaguia s'avança vers la porte, la violence du vent baissant grandement grace à la présence de la cabine devant elle, et ouvrit la porte pour y entrer, refermant bien derrière elle au passage. Et heureusement qu'elle n'avait pas besoin de manger ou de boire, parce qu'elle aurait été déçue de voir que la cabine était entièrement vide de toute nourriture. Et, en parlant de mots avec -ure à la fin, il n'y avait guère de fourniture. Sinon un bête tapis circulaire tout bleu au centre de la pièce, avec une cheminée allumée, une chaise en bois et, au fond de la petite pièce, des étagères. Beaucoup d'étagères. Trop d'étagères pour une si petite cabine. En tournant la tête à droite, la magicienne fut légèrement surprise de voir des kilomètres d'intérieur de cabine étirés vers l'infini, avec des étagères alignées à chaque mètre.
Wouah, ça doit prendre du temps pour nettoyer la poussière, dans tout ça !
Piétinant vers l'une des étagères, Qaguia en sortit un live à la couverture bleue, sans titre, ni image, ni description sur le quatrième de couverture. Seul trônait, à un coin du bouquin, presque illisible, un petit nom d'auteur, avec les lettres écrites en or. Littéralement en or : en parcourant la couverture nue de son doigt, ignorant la sensation de peau humaine qu'avait le bouquin, elle pouvait sentir la texture différente sur ses lettres.
par : qaguia
Le livre ouvert, la sorcière tomba sur
rien
Un plafond plongé dans les ténèbres, visible de son seul et unique oeil, très peu distinct des autres plafonds qu'elle avait pu voir au cours de sa longue vie, même si elle admettait volontiers que l'étude des plafonds n'avait jamais vraiment été sa priorité principale. Mais pas besoin de dédier sa vie à l'étude d'architecture d'intérieure pour se remémorer de ce plafond là. Parce que si elle avait des problèmes de mémoires, c'était pas dur de se rappeler de choses vues il y a quelques heures à peine. Elle était de retour dans sa chambre, extirpée de son rêve. Avec son chapeau, censé lui couvrir les yeux, retirés par une main qu'il aurait été bien d'identifier dès le début.
L'orbe bleue de Qaguia se posa sur la main qui tenait son chapeau blanc par la pointe, remontant lentement le long du bras qui, dans la plupart des cas, était attaché à un corps. Corps qui était effectivement là, petite cornue qui la fixait dans son sommeil en silence et qui touchait à son chapeau. Elle ne semblait pas être quelqu'un de l'établissement, parce qu'elle n'avait pas vraiment d'uniforme sur elle. Une intruse ? Ce n'était pas très important.
toi lacher chapeau maintenant Ordonna Qaguia, la voix fluette mais autoritaire. est le mien
Et au-delà de cette fente, il y avait un épais manteau de neige pour l'aveugler encore plus, forçant Qaguia à seulement aller de l'avant, en espérant qu'elle allait du bon côté. Mais puis-ce qu'elle ne savait pas d'où elle partait et où elle allait, elle se disait que "en avant" devait être le bon côté. Ou alors, elle risquait d'être un peu irritée si elle se rendait compte qu'elle avait passée autant de temps à marcher pour rien.
Même si Qaguia ne savait pas, justement, combien de temps s'était passé.
Dans ce monde sans temps ou espace, sans montagnes ni ciel, avec seulement elle et une étendue blanche infinie, Qaguia ne pouvait que continuer à aller de l'avant. Et quant ses yeux bleus crurent voir une forme au fond de sa vision, se détachant avec difficulté de la masse blanche, la sorcière crut seulement en une moquerie du destin. Ou s'attendait à voir la forme s'avancer vers elle pour se révéler prédateur immense ou autre danger soudain dont elle était bien incapable de s'extraire à temps. Mais si prédateur se terrait devant elle, il était couard ou exceptionnellement prudent et apte au déguisement : lentement, l'Ombra aperçut la forme d'une petite bicoque devant elle. Et quoi qu'elle avait craint d'avoir oublié de reconnaître les formes, après une éternité à errer dans un monde plat, elle put quand même rapidement identifier l'endroit comme un lieu où se recroqueviller de la tempête, le temps qu'elle cesse. Ou au moins, récupérer ses forces en attendant de ressortir.
Ce fut avec l'énergie de l'espoir que Qaguia se décida à baisser les bras pour marcher en avant. La cabine qui se trouvait sous son regard était une petite bicoque de bois à l'air peu impressionnante. Comment diable tenait t-elle encore ? Décidant que là n'était que logique onirique, Qaguia s'avança vers la porte, la violence du vent baissant grandement grace à la présence de la cabine devant elle, et ouvrit la porte pour y entrer, refermant bien derrière elle au passage. Et heureusement qu'elle n'avait pas besoin de manger ou de boire, parce qu'elle aurait été déçue de voir que la cabine était entièrement vide de toute nourriture. Et, en parlant de mots avec -ure à la fin, il n'y avait guère de fourniture. Sinon un bête tapis circulaire tout bleu au centre de la pièce, avec une cheminée allumée, une chaise en bois et, au fond de la petite pièce, des étagères. Beaucoup d'étagères. Trop d'étagères pour une si petite cabine. En tournant la tête à droite, la magicienne fut légèrement surprise de voir des kilomètres d'intérieur de cabine étirés vers l'infini, avec des étagères alignées à chaque mètre.
Wouah, ça doit prendre du temps pour nettoyer la poussière, dans tout ça !
Piétinant vers l'une des étagères, Qaguia en sortit un live à la couverture bleue, sans titre, ni image, ni description sur le quatrième de couverture. Seul trônait, à un coin du bouquin, presque illisible, un petit nom d'auteur, avec les lettres écrites en or. Littéralement en or : en parcourant la couverture nue de son doigt, ignorant la sensation de peau humaine qu'avait le bouquin, elle pouvait sentir la texture différente sur ses lettres.
par : qaguia
Le livre ouvert, la sorcière tomba sur
rien
Un plafond plongé dans les ténèbres, visible de son seul et unique oeil, très peu distinct des autres plafonds qu'elle avait pu voir au cours de sa longue vie, même si elle admettait volontiers que l'étude des plafonds n'avait jamais vraiment été sa priorité principale. Mais pas besoin de dédier sa vie à l'étude d'architecture d'intérieure pour se remémorer de ce plafond là. Parce que si elle avait des problèmes de mémoires, c'était pas dur de se rappeler de choses vues il y a quelques heures à peine. Elle était de retour dans sa chambre, extirpée de son rêve. Avec son chapeau, censé lui couvrir les yeux, retirés par une main qu'il aurait été bien d'identifier dès le début.
L'orbe bleue de Qaguia se posa sur la main qui tenait son chapeau blanc par la pointe, remontant lentement le long du bras qui, dans la plupart des cas, était attaché à un corps. Corps qui était effectivement là, petite cornue qui la fixait dans son sommeil en silence et qui touchait à son chapeau. Elle ne semblait pas être quelqu'un de l'établissement, parce qu'elle n'avait pas vraiment d'uniforme sur elle. Une intruse ? Ce n'était pas très important.
toi lacher chapeau maintenant Ordonna Qaguia, la voix fluette mais autoritaire. est le mien
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