Capella reste silencieuse alors que ses camarades de table s'expriment tour à tour. Son regard suffit à exprimer ce qu'elle veut dire. Il est taquin quand son vol de verre est encore mentionné. Il brille de satisfaction alors que sa place dans l'équipe est affirmée. Il s'assombrit de sérieux pendant qu'elle réfléchit aux conditions posées par Rowan. Il revient droit aux yeux de celle-ci quand elle clarifie leur futur paie. Puis il contemple Verzebel avec une curiosité à la fois innocente et un peu malsaine, celle d'une enfant qui écoute les règles d'un jeu auquel elle triche toujours.

En vérité, elle trouve son point de vue intéressant, bien qu'elle ne le partage pas. Ce qui attise autant son intérêt, c'est d'abord le fait qu'elle n'a pas eu beaucoup d'occasions d'échanger aussi pacifiquement avec quelqu'un d'aussi… engagé ? Droit d'esprit ? Il lui faudrait plus de temps, et plus de discussion, pour mieux savoir comment la considérer. Ses principes, ses choix, sa vision du monde : tout lui semble absolument absurde, idéaliste, utopique. Et pourtant, elle voit bien que l'humaine est plus que convaincue de ce qu'elle dit. Elle sait bien que si cette dernière est arrivée jusqu'ici, c'est que sa façon de vivre lui réussit. Mais comment ? Elle dit même qu'elle ne veut pas garder son argent que pour elle, ça n'a pas de sens ! Décidément, la sirène ne la comprend vraiment pas. Enfin, il y a plus important d'abord : remplir son rôle, et toucher son salaire. Capella envisagera peut-être d'essayer de comprendre de tels principes moraux une fois que sa bourse sera pleine… ou peut-être pas, la connaissant. Ce serait plus le genre de choses que ferait son frère.

- Pas de mort, ça me va. Je connais plusieurs sorts qui sont efficaces sans être mortels. Y compris quelques chants de sirène, c'est pas mal pour éviter les affrontements inutiles.

C'est sa façon à elle de signaler qu'elle a entendu et reconnu les termes demandés. La jeune mercenaire se dit qu'elle n'a rien à rajouter, quand soudain revient la serveuse qu'elle avait enquiquiné plus tôt, avec sa commande. Elle fouille les plis de sa toge pour sortir deux pièces d'argent d'on-ne-sait-où-et-on-ne-veut-pas-vraiment-savoir, et les pose dans la main de l'employée. Celle-ci contemple les pièces encore tièdes, et la sirène anticipe sa question.

- Pour ma pinte, et pour le verre de la dame en blanc.

De toute façon, elle gagnera bien plus très bientôt. Et si ça lui permet d'avoir l'air polie et digne de confiance (enfin, de croire qu'elle en a l'air), c'est du bonus. Ce sera plus simple de gagner sa croûte comme ça. Elle boit quelques gorgées d'hydromel pour se désaltérer, et passe son bras ganté sur ses lèvres pour les essuyer. Vous l'aurez remarqué, depuis le début, elle n'en a rien à faire de ces histoires de malédiction, de remède, ou même de l'identité de la cible. Voler quelqu'un de bien ou quelqu'un de mauvais, ça reste voler. Le plus important dans tout ça, c'est le butin ! Au diable tout ce qui se dresserait sur leur chemin.


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