Karsa est une Ombra qui a pris l'apparence humaine d'une femme brune à la peau diaphane, d'une trentaine d'années. En forme humaine, elle a une partie du visage défigurée, les yeux violets (dont l'œil gauche qui est beaucoup plus clair car du côté brûlé) De corpulence moyenne et de taille moyenne, à part son faciès hors norme, rien ne semble la démarquer du commun des mortels. Elle porte un masque pour dissimuler ses traits déformés dans les lieux plus fréquentés, mais semble apprécier d'en porter un et même d'y témoigner un certain affect.

Sa nature d'Ombra peut être devinée par des mages spécialisés dans l'Ombre, ou avec une acuité magique aiguisée, qui sauront distinguer une singularité chez elle. Ses yeux naturels sont totalement noirs (sclérotique comprise) et elle possède une très bonne vision nocturne à défaut de sa vision diurne qui n'est pas bonne. Quand elle est blessé, son sang et tissus apparents sont sombres et/ou noirs et émanent une sorte d'ombre vaporeuse. Cela n'a aucune propriété magique, mais trahi simplement sa véritable identité.


Karsa est une personne observatrice, qui reste sur ses gardes et cherchera toujours à agir dans l'ombre (ahah pigé ?) plutôt que d'attaquer de front. Elle garde très secret l'histoire de sa cicatrice, et semble en avoir garder un traumatisme non négligeable. Elle nourrit le secret espoir de bâtir un autre territoire Ombra, sans la cohabitation avec leurs frères lumineux. Un espoir qui pourrait lentement, mais sûrement, se transformer en froide obsession. Elle ne jouera jamais cartes sur table, sauf si elle y est vraiment obligée et se retrouve acculée. Elle reste tout de même un individu sur qui on peut compter, si et seulement si le jeu en vaut la chandelle pour elle.

Histoire

Le mage Slobodan était mal à l’aise. Une connaissance lointaine lui avait arrangé un rendez-vous douteux, dans une auberge douteuse, avec une personne certainement encore plus douteuse.
En effet, il devait rencontrer une "faiseuse", une personne qui prenait des contrats par ci par là, sans vraiment regarder la demande, ni la dangerosité de la requête.
Que ne ferait-il pas pour trouver un guide un tant soit peu dégourdi pour le mener aux Pins Argentés. Enfin dégourdi. Surtout assez honnête pour ne pas l’abandonner au beau milieu de nulle part après l’avoir dérobé de toutes ses possessions. Baste, le jeu en valait la chandelle. C’était le projet de toute une vie. Pour certains c’était de gagner de quoi se la couler douce toute sa vie ,d’autres fonder une petite famille à Justice et pour certains explorer les Pins Argentés, juste pour se prouver qu’ils le peuvent et ramener quelques composants magiques histoire de dire “eh les copains j’y étais”. Il en faisait partie. Il avait fait un long voyage, non sans embûches, pour enfin trouver un endroit plus ou moins acceptable niveau couchage et surtout quelqu’un d’assez siphonné du rococo pour l’accompagner à la destination si chère au jeune mage. C’était sur ces allégations que Slobodan sirotait son alcool de genévrier, au goût passable mais qui avait le mérite de réchauffer. Il se dandinait sur son banc, mal à l’aise, essayant de ne pas trop regarder autour de lui, ne voulant pas attirer inutilement l’attention. À vrai dire, le jeune s'inquiétait pour rien car ici, les voyageurs étaient peut être une chose peu commune, cependant personne ne s’intéressait vraiment à lui. Il ne faisait pas assez fortuné pour qu’on veuille attenter à sa bourse, ni assez benêt pour qu’on veuille lui chercher des noises seulement pour passer le temps. En réalité, Slobodan le mage n'inspirait pas grand-chose, ce qui lui avait épargné bien des déboires au long de son petit périple, bien qu’il n’en avait absolument pas conscience.

Le jeune homme allait reprendre une petite gorgée de sa boisson lorsqu’il remarqua que quelqu’un s’était assis en face de lui et l’observait attentivement.  Il faillit s’étouffer, et se mit à tousser lamentablement, l’alcool lui brûlant la gorge. Les larmes aux yeux, il jeta un regard éberlué vers cette personne, son petit cœur de mage républicain battant très vite dans sa poitrine. C’était une femme, enfin ça en avait l’air. Elle avait une chevelure noire, lui tombant à peine à la base du cou. Elle portait un large manteau de velours, il n’aurait su dire si il était noir ou d’une palette plus sombre, à la lumière tamisée de la taverne, il ne distinguait pas bien les nuances de couleurs. Mais ce n’était pas ce qui était le plus remarquable chez cette personne. Ce qui attirait le plus l’attention chez elle, une fois qu’on avait remarqué sa présence bien entendu, c’était le masque qu’elle portait. Séparé en quatre parties distinctes, deux noires, une blanche écru et la partie de l’œil gauche en damier noir et blanc, ce masque était un fin travail d’artisanat. Des dorures venaient souligner les ouvertures pour les yeux, finissant en fioritures baroques. Le mage ne parvint d’ailleurs pas à distinguer les yeux de la femme,, même en essayant de scruter à travers le regard inexpressif du masque. Décontenancé, le jeune homme se mit à bafouiller qu’il était impoli de s'asseoir à une table sans s’être présenté avant. Il jetait des petits regards furtifs autour de lui, or personne ne semblait avoir remarqué la présence de cette dame masquée. Un sentiment étrange naquit au creux de son ventre, et Slobodan ne put, au premier abord, identifier quelle était l’origine de ce malaise.

- Je m’appelle Karsa. J’ai cru comprendre que vous cherchiez à vous rendre aux Pins Argentés. Répondit la femme, d’une voix feutrée.
L’étrange sensation qu’éprouvait le jeune mage s’amplifia quand il entendit le nom de son interlocutrice. Mal assuré, il se risqua à répondre :
- Slobodan, mage élémentaire. Eh bien, Dame Karsa, avant de parler affaires, j’aime savoir à qui j’ai affaire et surtout pouvoir en parler face à face, si vous saisissez ce que j’entends par là.

La femme n’eut d’abord aucune réaction notable. Il y eut comme un flottement, puis sans un mot, elle retira lentement l’objet qui dissimulait son visage. Et quel visage. Horrifié, le mage découvrit un faciès dont la moitié était ravagé par une mystérieuse brûlure. Du haut de son front à son menton, la peau y était grumeleuse, rougie, certains endroits semblaient poreux, la cicatrice partait en plusieurs chemins de peau sinueux, s’entremêlant entre eux, certains semblant plus à vif que d’autres. Horrifié et fasciné à la fois, Slobodan en oublia les convenances. Il l’était d’autant plus par l'œil qui se démarquait au milieu de cette chair abîmée, qui était déformé, dont la pupille était décolorée et l’iris anormalement contracté. Le mage remarqua que de ce côté de son crâne, ses cheveux étaient courts et plus fins, plus éparses, et d’une couleur qui s’apparentait à de l’argenté. La moitié intacte du visage de la dénommée Karsa était presque en parfaite opposition à cette vision difficile. En effet, on pouvait deviner des traits fins, un air doux, un sourcil bien dessiné.   Néanmoins, le regard dur que son œil valide arborait, souligné d’un cerne prononcé, trahissait un vécu certain et une certaine nonchalance, voire un désenchantement blasé qui s’exprimait dans ce regard violet.  
- Satisfait ? Demanda Karsa en penchant légèrement la tête sur un côté.
Elle réajusta ses gants de cuir et planta son regard dans celui du jeune mage, n’ayant pas l’air offensée par le comportement peu courtois de son futur employeur. Ce dernier sursauta légèrement, puis se mit à rougir, penaud de s’être montré aussi sans-gêne.
- Euh oui. Enfin non ! Enfin oui merci, mais non mais vous m’avez compris quoi !
- Venons-en au fait. Si nous partons demain à la tombée de la nuit-
- Euuuuh doucement, la tombée de la nuit ? Pourquoi la tombée de la nuit ?!
- C’était mes conditions. On ne vous les a pas communiqués ?
- Que nenni ! A dire vrai, on ne m’a pas communiqué grand-chose… Bougonna Slobodan, en terminant son verre, qui ne semblait plus si mauvais à présent.
Karsa émit un petit rire. Le mage ne put s’empêcher de remarquer que personne ne regardait la jeune femme au faciès si particulier, comme lui avait pu le faire quelques minutes auparavant. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus mais quelque chose de mystérieux enveloppait cette Karsa. Un mystère qui ne lui était pas inconnu.
- Nous partirons en fin d’après-midi début de soirée alors. Cela devrait être faisable.
- Pourquoi ses dispositions ?
- C’est à prendre ou à laisser.
- Rappelez -moi vos tarifs, si je dois voyager de nuit, je vous préviens que vous avez intérêt à me faire un rabais.
- Trois pièces d’argent, pas de rabais. Une pièce d’argent pour que je puisse manger ce soir, une autre pour vous garder en vie au long de votre petite excursion d’enfant gâté, et la dernière pour m’avoir indécemment dévisagé plus tôt. Répliqua la jeune femme calmement en croisant les mains, faisant bruisser le cuir de ses gants.
Le mage se retrouva coit. Perdant toute notion de répartie, il resta un instant bouche-bée, déstabilisé par la dernière justification de sa future guide et ses joues tournèrent au cramoisi.
- Par les entrailles du Pontif, soit, soit ! Va pour trois pièces d’argent ! Mais par pitié, partons au petit matin. À moins que vous n’ayez réellement une bonne raison.
- J’en ai plusieurs.
- Quoi ? Vous avez peur du soleil ? Slobodan avait parlé sans réfléchir, mué comme d’un instinct. Il n’était peut-être pas le mage le plus puissant de cet univers, mais il n’en restait pas moins sage, et cet étrange sentiment qu’il éprouvait en présence de cette femme le turlupinait. Il avait lu moultes encyclopédies et autres kyrielles de grimoires sur les habitants de ce monde.
- Si je puis me permettre, Maître Slobodan, quel élément maîtrisez-vous ? Slobodan cligna plusieurs fois des yeux, ne s’attendant pas vraiment à cette question. Il regarda quelques instants son interlocutrice, essayant de se concentrer sur l’entièreté de son visage pour éviter une autre raillerie de sa part.
- Je maîtrise plusieurs éléments, Dame Karsa. Toutefois, mon élément de prédilection est l’Ombre.

Il y eut un silence. Puis, comme un instant de communion entre les deux jeunes gens. Le mage ne put quitter Karsa des yeux, tant maintenant la sensation qui le tenaillait était maintenant si forte qu’elle lui broyait les entrailles. Quant à la femme au masque, elle le fixait d’un air impénétrable, un étrange sourire aux lèvres, sourire légèrement déformé par l’immense blessure qui dévorait le côté gauche de son visage.  
- Voilà qui est plaisant, Maître Slobodan. L’Ombre, contrairement à la Lumière, ne disparaît jamais . Il y a en a toujours, même dans les endroits les plus infimes, les plus insignifiants, de manière imperceptible. Vous ne la voyez pas, mais elle est bien là, tapie dans un coin.

C’est à ce moment là. À ce moment précis que Slobodan, jeune mage de trente et un an de bonne famille; célibataire et allergique aux fruits de mer, se rappela qu’il existait, non loin des Pins Argentés, qu’il rêvait tant de visiter, une île mystérieuse aux légendes toutes aussi étranges. Il leva les yeux vers la personne en face de lui, mû d’une admiration mêlée d’une peur froide. Il avait enfin identifié cette fameuse sensation qui le tenait depuis sa rencontre avec cette créature. Cette créature des ombres bien éloignée de chez elle.

Culte des ombres : Karsa étant à la recherche de réponses, en perpétuelle quête spirituelle, c'est assez naturellement qu'elle s'est tourné vers ce culte après avoir quitté son île natale. Elle est familière avec les rituels et est une pratiquante discrète mais fidèle.

La Pègre : Répondant à n'importe quelle requête pourvu qu'elle paie bien,  vagabondant d'un territoire isolé en territoire désolé, c'est un monde où elle peut évoluer dans l'ombre (sans mauvais jeu de mot) sans trop se faire remarquer.