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Citoyen de La République
Pancrace Dosian
Messages : 472
crédits : 2614
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Quoi qu'on en dise, moi, j'adore rendre service.
Alors j'sais que ça paraît bizarre, mais j'reste un officier républicain, donc quand un père éploré m'implore de l'aider à retrouver sa fille disparue, ça me fait quelque chose. Sûrement l'empathie, ça. Du coup, j'suis prêt à remuer ciel, terre et mer pour réussir à réunir une famille qui demande que ça, en particulier après avoir subi un exode tragique des terres de Maël, envahies par le Reike après la Guerre des Titans, pour venir jusqu'en République.
Franchement, dit comme ça, ça claque.
Dans la pratique, le vieux Alessandro, pas si vieux que ça au demeurant, c'est un bon collègue. Aucun rapport avec le commissariat, évidemment. On est entré en contact dans le cadre de l'accueil des réfugiés, que ce soit aux douanes, où on contrôlait qui et ce qui entrait sur le territoire, et dans l'exercice plus habituel de nos fonctions, à savoir les placer et répartir dans le pays, le plus souvent dans des campements temporaires qui, avec le recul des années, n'ont de temporaire que le nom.
Au début, les plus chanceux récupéraient des logements vides en périphérie, pas toujours très salubres. J'crois qu'ils auraient préféré les villes nouvelles, à bien y réfléchir, maintenant.
Bref, Alessandro Von Kayserberg, contrairement à ses compatriotes complètement dépassés par les événements, et maintenus dans un état de panique émotionnelle et intellectuelle par le drame de se faire exterminer par leurs propres divinités, a su garder les yeux en face des trous, et saisir les opportunités qui se présentaient à lui en collaborant avec les forces de l'ordre, mais pas que. Au détriment des autres shoumeiens souvent, et à notre avantage mutuel.
Son souci, c'est qu'il a pas compris qu'il devait vivre un peu plus frugalement qu'à la grande époque, maintenant, et si j'lui ai sorti plusieurs fois les couilles des ronces, pas bénévolement évidemment, il s'est mis à chercher une de ses filles, depuis quelques semaines, jusqu'à faire appel à l'élite de la GAR : les officiers républicains.
C'est ce qui explique que j'me retrouve en plein cagnard, à midi, devant une des casernes de l'armée, à me refaire mentalement le profil de Leonora. Un brin plus jeune que moi avec un quart de siècle, humaine et plutôt petite, brune aux yeux clairs, mais surtout soldate dans la GAR, et j'compte davantage là-dessus pour lui mettre le grappin dessus. J'adresse un signe de la main aux sentinelles à l'entrée, et j'montre mon insigne de Capitaine des Officiers Républicains.
Aucun doute que j'aurais davantage galéré si j'avais été simple grouillot. C'aurait pas été impossible, loin de là, juste plus dur. La promotion pour avoir survécu à l'enfer de Kaizoku et pour mes bons et loyers services est pas volée. Les cauchemars sur les semaines qui ont suivi non plus. Putain. J'me passe la main sur l'arête du nez et j'transforme ça en un salut pas trop dégueulassement exemplaire, que les gardes me renvoient.
« Les gars, vous savez où j'peux trouver le centurion ?
- Essaie du côté du mess, à cette heure...
- Ouais ?
- Y'a des chances, clairement. Première à gauche puis au fond à droite. Mess des officiers, hein, pas le nôtre.
- M'aurait étonné, tiens, que j'réponds avec un sourire.
- Moi aussi, marmonne celui de droite. »
Hé, paraît que la bouffe est meilleure chez les chefs. Si la rumeur est vraie, aucune raison d'aller ailleurs. pas vu de différence de notre côté, cela dit : on mange au même endroit, soi-disant qu'on doit se tenir correctement au milieu de nos hommes pour imposer une forme de respect et de guidance naturels. Ca veut surtout dire que j'ai pu prendre son dessert à Vau-l'eau sans qu'il ose trop gueuler. Ca lui apprendra à pas respecter son trajet de patrouille.
J'enchaîne les couloirs rapidement, jusqu'à la cantoche, et j'reconnais rapidement le gars que j'cherche à ses galons. J'fais un vrai salut militaire, et j'attends qu'il lève les yeux de son assiette.
« Centurion, je cherche la Soldate Léonora de Hengebach.
- Un souci, Capitaine ? Qu'il demande en haussant un sourcil.
- Aucun, Centurion. C'est pour une affaire personnelle concernant sa famille.
- Elle est en repos dans une dizaine de minutes. Elle devrait repasser à la caserne. »
J'dis au revoir, et j'me casse pour attendre à l'ombre. Heureusement que j'ai pas mis tout l'uniforme, j'aurais crevé purement et simplement de chaud. Puis j'vois une escouade se radiner et plusieurs nanas du lot pourraient coller. L'est temps de refaire la même avec leur capitaine, alors. Bis repetita, jusqu'à ce qu'il me pointe une de celles que j'avais vues. J'm'approche en la laissant se détendre un brin.
« Mademoiselle de Hengebach ? J'voudrais bien vous parler en privé si ça vous dérange pas ? C'est à propos de votre père. »
Franchement, propre, comme entrée en matière.
Alors j'sais que ça paraît bizarre, mais j'reste un officier républicain, donc quand un père éploré m'implore de l'aider à retrouver sa fille disparue, ça me fait quelque chose. Sûrement l'empathie, ça. Du coup, j'suis prêt à remuer ciel, terre et mer pour réussir à réunir une famille qui demande que ça, en particulier après avoir subi un exode tragique des terres de Maël, envahies par le Reike après la Guerre des Titans, pour venir jusqu'en République.
Franchement, dit comme ça, ça claque.
Dans la pratique, le vieux Alessandro, pas si vieux que ça au demeurant, c'est un bon collègue. Aucun rapport avec le commissariat, évidemment. On est entré en contact dans le cadre de l'accueil des réfugiés, que ce soit aux douanes, où on contrôlait qui et ce qui entrait sur le territoire, et dans l'exercice plus habituel de nos fonctions, à savoir les placer et répartir dans le pays, le plus souvent dans des campements temporaires qui, avec le recul des années, n'ont de temporaire que le nom.
Au début, les plus chanceux récupéraient des logements vides en périphérie, pas toujours très salubres. J'crois qu'ils auraient préféré les villes nouvelles, à bien y réfléchir, maintenant.
Bref, Alessandro Von Kayserberg, contrairement à ses compatriotes complètement dépassés par les événements, et maintenus dans un état de panique émotionnelle et intellectuelle par le drame de se faire exterminer par leurs propres divinités, a su garder les yeux en face des trous, et saisir les opportunités qui se présentaient à lui en collaborant avec les forces de l'ordre, mais pas que. Au détriment des autres shoumeiens souvent, et à notre avantage mutuel.
Son souci, c'est qu'il a pas compris qu'il devait vivre un peu plus frugalement qu'à la grande époque, maintenant, et si j'lui ai sorti plusieurs fois les couilles des ronces, pas bénévolement évidemment, il s'est mis à chercher une de ses filles, depuis quelques semaines, jusqu'à faire appel à l'élite de la GAR : les officiers républicains.
C'est ce qui explique que j'me retrouve en plein cagnard, à midi, devant une des casernes de l'armée, à me refaire mentalement le profil de Leonora. Un brin plus jeune que moi avec un quart de siècle, humaine et plutôt petite, brune aux yeux clairs, mais surtout soldate dans la GAR, et j'compte davantage là-dessus pour lui mettre le grappin dessus. J'adresse un signe de la main aux sentinelles à l'entrée, et j'montre mon insigne de Capitaine des Officiers Républicains.
Aucun doute que j'aurais davantage galéré si j'avais été simple grouillot. C'aurait pas été impossible, loin de là, juste plus dur. La promotion pour avoir survécu à l'enfer de Kaizoku et pour mes bons et loyers services est pas volée. Les cauchemars sur les semaines qui ont suivi non plus. Putain. J'me passe la main sur l'arête du nez et j'transforme ça en un salut pas trop dégueulassement exemplaire, que les gardes me renvoient.
« Les gars, vous savez où j'peux trouver le centurion ?
- Essaie du côté du mess, à cette heure...
- Ouais ?
- Y'a des chances, clairement. Première à gauche puis au fond à droite. Mess des officiers, hein, pas le nôtre.
- M'aurait étonné, tiens, que j'réponds avec un sourire.
- Moi aussi, marmonne celui de droite. »
Hé, paraît que la bouffe est meilleure chez les chefs. Si la rumeur est vraie, aucune raison d'aller ailleurs. pas vu de différence de notre côté, cela dit : on mange au même endroit, soi-disant qu'on doit se tenir correctement au milieu de nos hommes pour imposer une forme de respect et de guidance naturels. Ca veut surtout dire que j'ai pu prendre son dessert à Vau-l'eau sans qu'il ose trop gueuler. Ca lui apprendra à pas respecter son trajet de patrouille.
J'enchaîne les couloirs rapidement, jusqu'à la cantoche, et j'reconnais rapidement le gars que j'cherche à ses galons. J'fais un vrai salut militaire, et j'attends qu'il lève les yeux de son assiette.
« Centurion, je cherche la Soldate Léonora de Hengebach.
- Un souci, Capitaine ? Qu'il demande en haussant un sourcil.
- Aucun, Centurion. C'est pour une affaire personnelle concernant sa famille.
- Elle est en repos dans une dizaine de minutes. Elle devrait repasser à la caserne. »
J'dis au revoir, et j'me casse pour attendre à l'ombre. Heureusement que j'ai pas mis tout l'uniforme, j'aurais crevé purement et simplement de chaud. Puis j'vois une escouade se radiner et plusieurs nanas du lot pourraient coller. L'est temps de refaire la même avec leur capitaine, alors. Bis repetita, jusqu'à ce qu'il me pointe une de celles que j'avais vues. J'm'approche en la laissant se détendre un brin.
« Mademoiselle de Hengebach ? J'voudrais bien vous parler en privé si ça vous dérange pas ? C'est à propos de votre père. »
Franchement, propre, comme entrée en matière.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
Messages : 268
crédits : 1839
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
La journée commençait tôt à la caserne pour les trouffions de la huitième compagnie. Elle se réveille souvent avant l'aube, en fonction des instructions spécifiques de son unité. Ça râlait souvent dans les chambrées à ce sujet, pour Léonora et sa nouvelle vie, c’était le bonheur de pouvoir le vivre. La soldate se préparait physiquement. Cela pouvait inclure la douche et l'uniforme. Puis elle se rendait à la cantine pour un petit déjeuner nourrissant mais pas particulièrement appétissant, juste de quoi maintenant son niveau d’énergie tout au long de la journée.
Elle s’était rendue ensuite au briefing matinal où elle reçut des informations sur les activités de la journée et les tâches assignées. Pour elle, ce serait l’exercice physique qui est cruciale. Celui au combat ou la formation en armement, et ce matin, c’était au combat au corps à corps.
Léonora, avait été affectée pour suivre un entraînement intensif au combat au corps à corps. Elle avait toujours été une personne déterminée, mais cette nouvelle étape de sa carrière la mettait au défi comme jamais auparavant et comptait bien ne pas rester en bas de l’échelle toute sa vie.
L’instructeur expérimenté, rassembla le groupe d'élèves dans une salle de formation austère. Il commença par expliquer, comme à chaque entrainement, l'importance du combat au corps à corps dans le contexte militaire, insistant sur le fait que cette compétence était essentielle pour la survie sur le terrain.
Léo apprit les positions de base, les déplacements, les parades et les attaques. Les journées étaient longues et épuisantes, mais elle était déterminée à maîtriser ces compétences, quitte à finir remplie de douleurs musculaires et de bleus. Cependant, elle ne s’en plaignait jamais. Elle savait que chaque effort la rapprochait de son objectif.
Elle se retrouva à devoir défendre une position stratégique contre un adversaire expérimenté. La sueur coulait sur son front, le combat était très intense. Elle parait habilement les attaques de son adversaire, trouva une ouverture mais ils ne se départageaient pas.
- Retourne à tes salons mondains Hengebach !
- Je préfère prendre une dérouillée plutôt que de te faire ce plaisir…
- Tu vas prendre cher !
- Ferme-la et attaque moi !
Léonora finit par trouver une ouverture et remporta la confrontation.
Après cet entrainement intense, le groupe eut droit à une pause déjeuner, et c’est en rang et au pas de course qu’ils devaient s’y rendre, jusqu’à ce que le capitaine se fasse alpaguer par un autre, plus jeune. Leur échange fut bref et c’est elle que l’on pointa du doigt.
Putain... Qu'est-ce t’as encore fait Hengebach ? Pouvait on entendre sortir quelque part dans le rang.
Essouflée, Léonora approcha et salua le Capitaine Dosian comme il se devait.
C’est Madame, Capitaine… Je vous suis.
Elle était peut être veuve et ne partageait plus sa couche avec un homme depuis, mais elle avait conserver son nom marital. Cependant à l’évocation de son père, Léonora resta silencieuse et ne laissa rien paraître sur son visage.
Elle s’était rendue ensuite au briefing matinal où elle reçut des informations sur les activités de la journée et les tâches assignées. Pour elle, ce serait l’exercice physique qui est cruciale. Celui au combat ou la formation en armement, et ce matin, c’était au combat au corps à corps.
Léonora, avait été affectée pour suivre un entraînement intensif au combat au corps à corps. Elle avait toujours été une personne déterminée, mais cette nouvelle étape de sa carrière la mettait au défi comme jamais auparavant et comptait bien ne pas rester en bas de l’échelle toute sa vie.
L’instructeur expérimenté, rassembla le groupe d'élèves dans une salle de formation austère. Il commença par expliquer, comme à chaque entrainement, l'importance du combat au corps à corps dans le contexte militaire, insistant sur le fait que cette compétence était essentielle pour la survie sur le terrain.
Léo apprit les positions de base, les déplacements, les parades et les attaques. Les journées étaient longues et épuisantes, mais elle était déterminée à maîtriser ces compétences, quitte à finir remplie de douleurs musculaires et de bleus. Cependant, elle ne s’en plaignait jamais. Elle savait que chaque effort la rapprochait de son objectif.
Elle se retrouva à devoir défendre une position stratégique contre un adversaire expérimenté. La sueur coulait sur son front, le combat était très intense. Elle parait habilement les attaques de son adversaire, trouva une ouverture mais ils ne se départageaient pas.
- Retourne à tes salons mondains Hengebach !
- Je préfère prendre une dérouillée plutôt que de te faire ce plaisir…
- Tu vas prendre cher !
- Ferme-la et attaque moi !
Léonora finit par trouver une ouverture et remporta la confrontation.
Après cet entrainement intense, le groupe eut droit à une pause déjeuner, et c’est en rang et au pas de course qu’ils devaient s’y rendre, jusqu’à ce que le capitaine se fasse alpaguer par un autre, plus jeune. Leur échange fut bref et c’est elle que l’on pointa du doigt.
Putain... Qu'est-ce t’as encore fait Hengebach ? Pouvait on entendre sortir quelque part dans le rang.
Essouflée, Léonora approcha et salua le Capitaine Dosian comme il se devait.
C’est Madame, Capitaine… Je vous suis.
Elle était peut être veuve et ne partageait plus sa couche avec un homme depuis, mais elle avait conserver son nom marital. Cependant à l’évocation de son père, Léonora resta silencieuse et ne laissa rien paraître sur son visage.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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crédits : 2614
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Si y'a bien un truc dont j'suis certain, c'est que la GAR s'est pas adoucie. Si j'en crois les rumeurs que j'ai entendues, n'en déplaise aux vioques pour qui tout était mieux avant, c'est même plutôt l'inverse : l'enchaînement de la guerre des titans, de l'invasion de Kaizoku et des petits conflits répétés, dont le dernier en date sur l'île des pirates, tout ça a fait que les instructeurs ont haussé le niveau requis des soldats et des sous-officiers. Paraît que même chez les off's, et le haut commandement, on a aussi moins le sens de l'humour et des blagues. Donc toutes les riches familles qui ont placé leurs rejetons en faisant jouer de leurs relations et de leur possibilité d'avoir des dizaines de tuteurs dès le plus jeune âge commencent à ramener les enfants prodigues au bercail pour s'assurer que le précieux raisin soit pas versé par des clochards à l'autre bout du continent et que le clan reste nombreux et fort.
Bref, ça se réoriente à tout va dans des carrières moins militaires et davantage civiles, si tant est que les contrats signés à l'engagement le permettent.
On pourrait même dire que les rats quittent le navire, mais ils sont bien dodus et ils partent rarement les mains vides, donc on est plutôt sur le capitaine qui part en premier en prenant la seule chaloupe de la frégate. Mais, hé, ils ont gagné à la loterie de la vie, c'est pas la perdre sur un champ de bataille quelconque avec des sales pauvres, j'suppose. Si j'pouvais, j'ferais pareil. Le souci, c'est que y'en a un paquet qui se disent que c'est le moment de devenir officier républicain, vu qu'on représente quand même une forme d'élite. Et ça, c'est emmerdant.
Qu'ils aillent plutôt compter des houes dans une succursale de la SSG ou quoi, ces jean-foutre.
Mais bref, tout ça pour dire que Hengebach a l'air bien fatiguée de ses exercices du matin, au point que j'me demande si faudrait pas lui laisser le temps de prendre une douche et dee se changer. Ca m'éviterait p'tet aussi l'odeur de sueur et... Bon, finissons-en, plutôt.
« Madame, ce sera, donc. Désolé. Allez, j'connais une taverne sympa pas loin. »
J'mène le chemin en silence, jusqu'à un coin à cinq minutes d'ici où le patron a l'habitude d'avoir des militaires en permission. Il nous dirige vers une table pour deux, et j'commande une bière pour moi et ce qu'elle veut pour elle.
« C'est moi qui offre, faites-vous plaisir. »
Une fois qu'il est parti préparer nos boissons, j'croise les doigts sur la table, et j'me penche en avant.
« Pour recadrer, j'm'appelle Pancrace Dosian, Capitaine au sein des Officiers Républicains. Du fait de nos attributions, j'ai naturellement participé à l'accueil des réfugiés shoumeïens en République, que ce soit de les contrôler aux frontières à leur arrivée, les guider jusqu'aux camps de réfugiés, logements vacants et villes nouvelles, ou plus généralement s'assurer que l'intégration se passait bien. »
Pas qu'ils soient particulièrement bien installés, et ils ont un peu tendance à être la proie de tout ce que la République compte de requins et autres petites saloperies, comme on l'a vu avec Myriem, mais c'est le lot des faibles de ce monde.
« C'est dans ce cadre que j'ai rencontré votre père. Mais voilà, il a appris récemment que vous pourriez être en vie et en République, donc il m'a demandé de l'aide pour vous retrouver. Evidemment, ça me viendrait pas à l'esprit d'empêcher une famille de se réunir, donc j'ai tiré des ficelles jusqu'à... Ben jusqu'à ce qu'on se retrouve ici et maintenant. »
Franchement, à ce stade, les gens sourient ou éclatent en sanglots. Je préfèrerais la première, ça serait moins gênant que d'avoir encore une nana qui chiale dans un bar. Nos consommations arrivent, et j'prends une lampée pour m'humecter la gorge.
« J'ai aussi une lettre, si vous voulez la lire. »
J'pose l'enveloppe cachetée à la cire rouge devant la jeune femme, et j'lui laisse le temps de digérer tout ça.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
La jeune femme sortit de l'entraînement intensif en sueur, les muscles endoloris mais l'esprit revigoré par l'effort. Elle savait qu'elle n'avait pas de temps à perdre et devait le suivre sans discuter. D’ailleurs, il ne lui laissa pas d’autre choix.
Pas le temps de se précipiter vers les vestiaires, se débarrasser rapidement de ses vêtements d'entraînement. La douche aurait été son premier objectif. L'eau chaude qui s’écoule sur sa peau fatiguée aurait été un soulagement bienvenu. Prendre le temps de se laver soigneusement, se débarrasser de la sueur et de la saleté accumulées, se changer pour des vêtements propres pour donner l’impression d’être au meilleur de sa forme même après l’effort. Elle savait que son entraînement la préparé à faire face à n'importe quel défi, et Léonora espérait que ce capitaine saurait s’en rappeler.
Cependant, se rendre dans une taverne avec un capitaine, un coin sympa comme il le disait. Il n’y avait là donc rien d’officiel. Elle jeta de temps en temps un coup d’œil autour d’elle, histoire qu’on ne vienne pas croire qu’elle cherchait les faveurs d’un gradé. Encore faudrait-il qu’il ne soit pas regardant sur la marchandise, dans son état.
Elle le suivit sans broncher, dans un silence où seuls leurs pas résonnaient jusqu’à cette fameuse taverne. Elle s’assied en face de l’homme. Ses yeux exprimaient de la curiosité mais intérieurement, emplie d’inquiétude sur ce qu’il allait encore lui tomber dessus. Pourquoi voulait-on soudainement lui parler de son père, un homme qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Son regard, autrefois vif et pétillant, portait désormais une lueur de méfiance, comme si elle avait appris à se protéger des surprises que la vie pouvait réserver.
Elle aurait très vite la réponse. Après avoir pris la même chose à boire pour s’hydrater, le Capitaine se lança dans un laïus que Léonora n’avait pas imaginé. Elle se remémora son arrivée à République comme exilée et n’avait pas souvenir d’un accompagnement aussi chaleureux, bien au contraire. Ils avaient même tenté de lui soutirer de l’argent pour qu’elle puisse bénéficier d’un traitement spécial. Elle avait fini par se débrouiller par ses propres moyens et avait bénéficié d’une paix royale, sans doute dû à son rang et son compte en banque. Soit, laissons le bénéfice du doute.
Mais lorsqu’il annonça qu’il s’était personnellement occupé du cas de son père, de lui rendre un service. Ce qui n’était absolument pas le style du paternel, il ne demande jamais de l’aide, du moins, pas comme une personne désespérée comme il le laissait sous entendre, tout se négociait, tout avait un prix. Elle laissa donc Pancrace parler sans l’interrompre, soutenant son regard jusqu’à glisser sur l’enveloppe maintenant devant elle.
La Hengebach resta impassible devant cette lettre en croisant les bras sur la table, sans même toucher à celle-ci. Pas de pleurs, pas de sourire. C’était là un cadeau empoisonné. Que lui voulait-il encore ? Au fond, elle aurait préféré apprendre son décès.
- Dans un premier temps, je voulais vous remercier pour votre investissement et votre… altruisme. Dans quel camp se trouve-t-il, m’avez-vous dit ?
Que d’ironie dans ces phrases.
Pas le temps de se précipiter vers les vestiaires, se débarrasser rapidement de ses vêtements d'entraînement. La douche aurait été son premier objectif. L'eau chaude qui s’écoule sur sa peau fatiguée aurait été un soulagement bienvenu. Prendre le temps de se laver soigneusement, se débarrasser de la sueur et de la saleté accumulées, se changer pour des vêtements propres pour donner l’impression d’être au meilleur de sa forme même après l’effort. Elle savait que son entraînement la préparé à faire face à n'importe quel défi, et Léonora espérait que ce capitaine saurait s’en rappeler.
Cependant, se rendre dans une taverne avec un capitaine, un coin sympa comme il le disait. Il n’y avait là donc rien d’officiel. Elle jeta de temps en temps un coup d’œil autour d’elle, histoire qu’on ne vienne pas croire qu’elle cherchait les faveurs d’un gradé. Encore faudrait-il qu’il ne soit pas regardant sur la marchandise, dans son état.
Elle le suivit sans broncher, dans un silence où seuls leurs pas résonnaient jusqu’à cette fameuse taverne. Elle s’assied en face de l’homme. Ses yeux exprimaient de la curiosité mais intérieurement, emplie d’inquiétude sur ce qu’il allait encore lui tomber dessus. Pourquoi voulait-on soudainement lui parler de son père, un homme qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Son regard, autrefois vif et pétillant, portait désormais une lueur de méfiance, comme si elle avait appris à se protéger des surprises que la vie pouvait réserver.
Elle aurait très vite la réponse. Après avoir pris la même chose à boire pour s’hydrater, le Capitaine se lança dans un laïus que Léonora n’avait pas imaginé. Elle se remémora son arrivée à République comme exilée et n’avait pas souvenir d’un accompagnement aussi chaleureux, bien au contraire. Ils avaient même tenté de lui soutirer de l’argent pour qu’elle puisse bénéficier d’un traitement spécial. Elle avait fini par se débrouiller par ses propres moyens et avait bénéficié d’une paix royale, sans doute dû à son rang et son compte en banque. Soit, laissons le bénéfice du doute.
Mais lorsqu’il annonça qu’il s’était personnellement occupé du cas de son père, de lui rendre un service. Ce qui n’était absolument pas le style du paternel, il ne demande jamais de l’aide, du moins, pas comme une personne désespérée comme il le laissait sous entendre, tout se négociait, tout avait un prix. Elle laissa donc Pancrace parler sans l’interrompre, soutenant son regard jusqu’à glisser sur l’enveloppe maintenant devant elle.
La Hengebach resta impassible devant cette lettre en croisant les bras sur la table, sans même toucher à celle-ci. Pas de pleurs, pas de sourire. C’était là un cadeau empoisonné. Que lui voulait-il encore ? Au fond, elle aurait préféré apprendre son décès.
- Dans un premier temps, je voulais vous remercier pour votre investissement et votre… altruisme. Dans quel camp se trouve-t-il, m’avez-vous dit ?
Que d’ironie dans ces phrases.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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L'a pas l'air jouasse de recevoir des nouvelles de son vieux. Il m'a rien dit sur le fait qu'ils étaient possiblement en froid. J'suppose qu'un déracinement total, ça fout une sale ambiance dans la famille, surtout que j'sais pas ce qui a pu se passer autour, à part qu'il est arrivé seul de son côté, et visiblement elle du sien. P'tet qu'elle s'est tendue quand j'ai poussé la lettre de son côté, mais elle semble surtout concentrée sur le fait de laisser transparaître aucune émotion. Hé, moi, quelque part, mon boulot est déjà fait en livrant le courrier, mais j'peux pas m'empêcher de vouloir coller mon nez là où j'devrais sans doute pas.
C'est qu'on s'occupe comme on peut.
Et que ça a l'air marrant, surtout si y'a une histoire derrière.
« Actuellement, il est plus dans un des camps, si j'dis pas de bêtise. Initialement, il était à Justice-Un, plus connu sous le sobriquet de... "Colline aux Ronces". Pas que y'a encore des ronces, hein, c'était à l'époque. »
Enfin, je crois. Au pire, les réfugiés auront désherbé un peu. Du travail honnête, ça leur aurait pas fait de mal pour se sentir chez eux et avoir l'impression de construire quelque chose. C'est juste dommage que ce soit à côté d'une des sorties d'égoût de la ville, et que les pluies ravinent totalement le terrain. M'enfin, on les force pas à rester non plus, faut pas déconner. S'ils ont les moyens d'aller ailleurs, j'veux dire...
« Ensuite, il a passé quelques temps à Liberty-Sud. »
On va pas s'étendre sur le surnom du nouveau patelin : Boulet. Hé, ils choisissent la symbolique qu'ils veulent, m'enfin c'est quand même pas très gentil alors qu'on les accueille. S'ils nous détestent tant, ils ont qu'à retourner sucer les orteils des titans et se battre avec des zombis pour un quignon de pain, au bout d'un moment. M'enfin, l'ingratitude est humaine.
« Puis il a déménagé dans un autre quartier de la ville, à l'intérieur, cette fois. C'est un immeuble vers le quartier des forgerons, me semble. Place de l'Etoile Bleue, si je dis pas de conneries, enfin, dans ces eaux-là, quoi. »
J'prends une longue gorgée, et j'me rends compte que j'arrive déjà au bout de ma première bière. Par signes, j'attire l'attention du tenancier et j'lui fais comprendre de m'envoyer la petite soeur. La première, pas dit que ce soit pas une famille nombreuse. J'ai déjà dit que j'étais très famille ? Pas comme la nana qui me fait face, visiblement. J'tapote l'enveloppe.
« Bien sûr, j'peux pas te forcer à lire le courrier, mais ça serait chouette d'au moins le prendre, quitte à le balancer dans l'âtre en rentrant. »
J'suis passé au tutoiement sans faire exprès. Faut dire, l'attirail militaire après avoir fait mon service, ça laisse des traces, et on est pas trop sur le vouvoiement abusif. Sauf envers les grands chefs, évidemment. Bah, elle survivra, on n'est pas dans un salon mondain à faire des ronds-de-jambes en dégustant des petits fours, encore que ça m'aurait pas déplu.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
La jeune femme écoutait attentivement l'homme énumérer les endroits où son père avait échoué. Des camps, des quartiers très pauvres des réfugiés, insalubres qu’elle connaissait bien pour les traverser parfois la nuit, sur les toits qui tenaient encore. Elle s’étonnait de ressentir de l'empathie pour cet homme qui ne lui avait pas fait de cadeau ces dernières années, mais il restait son père. Elle pouvait sentir la tristesse et la préoccupation pour tous ces réfugiés en imaginant les difficultés auxquels les siens étaient confrontés au quotidien. Peut être que son père n’était pas le seul membre de sa famille dans cette misère. Ses sœurs ou ses frères également.
Elle se demandait ce que cela devait être que de grandir dans de telles conditions, en pensant aux jeunes enfants, entourés par la pauvreté, les maladies et les incertitudes. Elle ressentit une profonde gratitude pour sa propre situation, tout en comprenant à quel point il serait important de s’impliquer aux problèmes des réfugiés et de soutenir les efforts visant à améliorer leur vie. C’était à réfléchir et s’en voulait de ne pas s’y être intéressée plus tôt.
La jeune femme prit quelques grandes gorgées de bière, histoire de se remettre les idées en place et revenir au sujet principal. Elle connaissait par cœur son paternel et il ne devait pas si mal s’en sortir. Puis le Capitaine tapota cette fameuse lettre en lui conseillant de la prendre et de la brûler si ce n’était pas pour la lire. L’idée était bonne à prendre, mais elle ne souhaitait ni la lire, ni la brûler, ni même l’effleurer.
Les rouages de son cerveau se mettaient en route. Même si elle ne doutait pas de l’investissement de Pancrace envers ces réfugiés, quelque chose la travaillait malgré tout. Son père n’était pas un Saint et les personnes qu’ils fréquentaient ne l’étaient pas plus de manière générale. Elle ne connaissait pas Pancrace personnellement mais balancer de but en blanc qu’il était peut être tout aussi crapuleux à un de ses supérieurs était plutôt risqué.
Je sais que mon père, à tendance à promettre bien de choses et à faire de mauvais choix, surtout financiers en empruntant sans se soucier des conséquences. Pardonnez-moi d’être aussi directe, mais combien vous doit-il ?
Il ne faisait certes pas tout cela pour les beaux yeux de son père, de qui elle tenait les siens, mais elle le ferait pour sa propre paix. Si en plus il y avait un officier qu’elle pouvait potentiellement croiser au quotidien, sa vie deviendrait un enfer si elle laissait courir cette situation.
Léonora était prête à porter le fardeau des dettes accumulées par son père, prendre la responsabilité de régler les erreurs financières. Elle avait appris cela dès qu’elle avait été en âge de se marier, sauvegarder l'avenir financier de sa famille. Mais cette fois, elle n’en ferait pas autant, le minimum serait déjà beaucoup.
Vous pouvez être franc avec moi.
Si il devait se révéler moins altruiste qu'il ne laissait paraitre, ce n'était pas Léonora qui viendrait dire quoique ce soit, mais cela, il l'ignorait.
Elle se demandait ce que cela devait être que de grandir dans de telles conditions, en pensant aux jeunes enfants, entourés par la pauvreté, les maladies et les incertitudes. Elle ressentit une profonde gratitude pour sa propre situation, tout en comprenant à quel point il serait important de s’impliquer aux problèmes des réfugiés et de soutenir les efforts visant à améliorer leur vie. C’était à réfléchir et s’en voulait de ne pas s’y être intéressée plus tôt.
La jeune femme prit quelques grandes gorgées de bière, histoire de se remettre les idées en place et revenir au sujet principal. Elle connaissait par cœur son paternel et il ne devait pas si mal s’en sortir. Puis le Capitaine tapota cette fameuse lettre en lui conseillant de la prendre et de la brûler si ce n’était pas pour la lire. L’idée était bonne à prendre, mais elle ne souhaitait ni la lire, ni la brûler, ni même l’effleurer.
Les rouages de son cerveau se mettaient en route. Même si elle ne doutait pas de l’investissement de Pancrace envers ces réfugiés, quelque chose la travaillait malgré tout. Son père n’était pas un Saint et les personnes qu’ils fréquentaient ne l’étaient pas plus de manière générale. Elle ne connaissait pas Pancrace personnellement mais balancer de but en blanc qu’il était peut être tout aussi crapuleux à un de ses supérieurs était plutôt risqué.
Je sais que mon père, à tendance à promettre bien de choses et à faire de mauvais choix, surtout financiers en empruntant sans se soucier des conséquences. Pardonnez-moi d’être aussi directe, mais combien vous doit-il ?
Il ne faisait certes pas tout cela pour les beaux yeux de son père, de qui elle tenait les siens, mais elle le ferait pour sa propre paix. Si en plus il y avait un officier qu’elle pouvait potentiellement croiser au quotidien, sa vie deviendrait un enfer si elle laissait courir cette situation.
Léonora était prête à porter le fardeau des dettes accumulées par son père, prendre la responsabilité de régler les erreurs financières. Elle avait appris cela dès qu’elle avait été en âge de se marier, sauvegarder l'avenir financier de sa famille. Mais cette fois, elle n’en ferait pas autant, le minimum serait déjà beaucoup.
Vous pouvez être franc avec moi.
Si il devait se révéler moins altruiste qu'il ne laissait paraitre, ce n'était pas Léonora qui viendrait dire quoique ce soit, mais cela, il l'ignorait.
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Pancrace Dosian
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Elle veut pas prendre la lettre, et ça commence doucement à m'emmerder. Sans m'attendre forcément à ce qu'elle me saute au cou pour me remercier, entre larmes et éclats de rire, un sourire soulagé ou content aurait pas été de trop. C'est pas ce que le vieux m'avait promis, en tout cas, ça c'est certain. Il avait bavé que la famille était importante à Shoumeï, et qu'elle viendrait le voir au plus vite pour renouer contact et s'assurer qu'ils allaient tous bien. Mes couilles sur la commode, ouais.
Puis vient la question de la rémunération. Hé, j'prends même pas tellement pour cette livraison, et comme j'suis quand même capitaine, il s'arrange pour pas être trop dans le rouge vis-à-vis de moi ou de mes collègues. Par contre, envers les autres ? Ohlala, si j'dois en croire les rumeurs, et mes quelques indics des bas-fonds, là, ça déconne plus. Mais à vouloir brûler la vie par tous les côtés, on finit par bouffer des cendres, et il se dirige tout droit dans cette direction, m'est avis.
Je hausse les épaules et j'reste évasif. Le montant exact changera pas la donne, et personne aime être endetté.
« Pas grand-chose, j'lui donne juste un coup de main pour te retrouver. Par contre, la rumeur veut qu'il ait quelques soucis de fonds. De là à dire qu'il veut profiter de tes contacts dans la GAR pour se ménager de la marge auprès de ses créanciers, il n'y a qu'un pas que j'me permettrais pas de franchir. »
C'est sûr que fifille qui est dans l'armée, ça peut faire réfléchir à deux fois les gens qui voudraient lui secouer les poches. Dans la pratique, ça serait un peu rude, cela dit, pour elle. Après tout, elle est quand même assez en bas dans l'échelle, donc si elle a pas des p'tits potes disposés à filer un coup de main ou de poing, ça va vite devenir inextricable. J'me demande à quel point il a déjà bavé sur elle, au demeurant, pour les faire patienter. J'retiens un sourire narquois. Leonora va probablement avoir une mauvaise surprise ou une visite peu agréable un de ces quatres.
Puis j'ai une nouvelle idée qui me vient. Aucune certitude, évidemment, mais connaissant le bougre, serait-ce si surprenant ? J'tapote la table de mes doigts en essayant de me rappeler des intitulés et règles exactes, puis j'me dis que c'est pas la soldate qui me fait face qui le saura mieux que moi.
« Y'a potentiellement un autre souci, aussi. S'il a contracté des dettes en te mettant comme garante, ça risque de salement de tomber dessus. Et comme c'est la famille, puis qu'il est ton père qui plus est, pas dit que la Banque des Chaînes trouve à y redire, même si t'étais pas au courant. Et j'parle même pas des monts-de-piété ou des usuriers qui acceptent généralement n'importe quoi tant que le pourcentage semble intéressant. L'un dans l'autre, j'vais être franc aussi, j'sais que je parle pour ma paroisse mais... »
J'laisse planer un léger silence.
« A mon avis, vaut mieux s'assurer qu'il a pas fait une saloperie du genre. Vu le personnage, ça serait pas si étonnant, hé ? »
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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La jeune femme était toujours assise et face au capitaine, la lettre froide et menaçante maintenant entre ses mains. Elle avait reconnu l'écriture de son père dès qu'elle avait vu l'enveloppe.
Elle soupira profondément après les mots avisés de Pancrace, sachant qu'ignorer cette lettre n'était finalement pas la bonne option au vu de la situation. Elle pouvait presque entendre la voix autoritaire de son père résonner dans sa tête, lui rappelant les menaces et les conséquences si elle venait à lui désobéir. C'était toujours la même rengaine, la même manipulation, mais cette fois, il avait trouvé un moyen de la forcer à agir en passant par un de ses supérieurs.
Vous avez raison, autant en avoir le cœur net.
Léonora contempla la lettre pendant de longues minutes, pesant le pour et le contre. D'un côté, elle avait sa propre liberté à préserver, son propre bonheur à défendre. De l'autre, il y avait la crainte de ce que son père pourrait faire si elle refusait de coopérer ou comme le soulignait le capitaine, les créanciers si elle était considérée comme garante. Elle se sentait piégée, prise dans un dilemme impossible.
Finalement, elle ouvrit lentement l'enveloppe et commença à lire la lettre, les mots menaçants à peine cachés sautaient de la page. Elle laissa échapper un rire nerveux en levant les yeux sur l’homme.
Vous souhaitez en savoir plus sur mon père ?
Cette question n'attendait pas de réponse. Elle commença la lecture à voix haute mais suffisamment discrète aux oreilles des autres personnes présentes.
A la Baronne de Hengebach, Léonora, Ma chère enfant,
J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé et de bonne humeur. Les mots que je m'apprête à écrire sont empreints d'une profonde humilité, car je me permets de solliciter votre aide en des temps difficiles. Comme vous le savez, les épreuves que nous traversons actuellement sont lourdes à supporter.
Je ne me permettrais pas de vous solliciter si je n'étais pas acculé à l'impasse. Vous avez toujours été une source de fierté pour moi, et je sais que vous avez acquis des biens non négligeables par le mariage et grâce à moi au fil des ans. Je me tourne vers vous en quête d'aide, car c’est votre devoir.
Ma demande est simple. Si vous pouviez m’accorder un prêt ou m’aider de quelque manière que ce soit pour que je puisse me loger dignement, acheter des provisions pour l'hiver, payer mes créanciers qui font pressions, je vous en serais éternellement reconnaissant. Je m'engage à rembourser chaque denier dès que ma situation s'améliorera. Je comprends que vos propres obligations financières peuvent être importantes, mais je vous supplie de considérer ma détresse, vous avez bien assez pour une veuve.
Je n'écris cette lettre qu'après mûre réflexion, car ma fierté en souffre et je ne souhaiterais pas vous imposer une nouvelle fois un mariage que vous n’approuveriez pas, bien que le candidat idéal soit déjà à votre cause acquis. Cependant, dans ces temps sombres, il n'y a pas de place pour la fierté. Ma survie est ma priorité absolue.
Que la protection des divins vous accompagnent pour votre générosité, et que nos ancêtres veillent sur vous.
Avec tout mon amour et ma gratitude,
Votre père.
Elle jeta la missive sur la table et finit la bière d’un seul trait. Alors que la colère menaçait de la submerger, elle savait qu'elle devait trouver un moyen de faire face à cette situation, de se protéger tout en essayant de maintenir un semblant de paix dans sa vie. Elle n'était peut-être pas prête à affronter son père directement, mais elle était résolue à trouver une solution qui lui permettrait de surmonter tout cela.
C’est sans surprise, toujours les mêmes histoires, les mêmes menaces… Il faudrait que je sache à qui il a emprunté, où il a perdu ses mises…
Comment vais-je pouvoir me sortir de cette mauvaise posture ? Je pourrais sans doute négocier avec la Banque des Chaînes mais s’il n’y a rien d’officiel dans ces emprunts, ce sera une autre histoire.
Oui, elle était dans la mouise.
Veuillez m’excuser, je ne voulais... Je suis navrée que vous soyez témoin de tout ça.
Elle soupira profondément après les mots avisés de Pancrace, sachant qu'ignorer cette lettre n'était finalement pas la bonne option au vu de la situation. Elle pouvait presque entendre la voix autoritaire de son père résonner dans sa tête, lui rappelant les menaces et les conséquences si elle venait à lui désobéir. C'était toujours la même rengaine, la même manipulation, mais cette fois, il avait trouvé un moyen de la forcer à agir en passant par un de ses supérieurs.
Vous avez raison, autant en avoir le cœur net.
Léonora contempla la lettre pendant de longues minutes, pesant le pour et le contre. D'un côté, elle avait sa propre liberté à préserver, son propre bonheur à défendre. De l'autre, il y avait la crainte de ce que son père pourrait faire si elle refusait de coopérer ou comme le soulignait le capitaine, les créanciers si elle était considérée comme garante. Elle se sentait piégée, prise dans un dilemme impossible.
Finalement, elle ouvrit lentement l'enveloppe et commença à lire la lettre, les mots menaçants à peine cachés sautaient de la page. Elle laissa échapper un rire nerveux en levant les yeux sur l’homme.
Vous souhaitez en savoir plus sur mon père ?
Cette question n'attendait pas de réponse. Elle commença la lecture à voix haute mais suffisamment discrète aux oreilles des autres personnes présentes.
A la Baronne de Hengebach, Léonora, Ma chère enfant,
J'espère que cette lettre vous trouve en bonne santé et de bonne humeur. Les mots que je m'apprête à écrire sont empreints d'une profonde humilité, car je me permets de solliciter votre aide en des temps difficiles. Comme vous le savez, les épreuves que nous traversons actuellement sont lourdes à supporter.
Je ne me permettrais pas de vous solliciter si je n'étais pas acculé à l'impasse. Vous avez toujours été une source de fierté pour moi, et je sais que vous avez acquis des biens non négligeables par le mariage et grâce à moi au fil des ans. Je me tourne vers vous en quête d'aide, car c’est votre devoir.
Ma demande est simple. Si vous pouviez m’accorder un prêt ou m’aider de quelque manière que ce soit pour que je puisse me loger dignement, acheter des provisions pour l'hiver, payer mes créanciers qui font pressions, je vous en serais éternellement reconnaissant. Je m'engage à rembourser chaque denier dès que ma situation s'améliorera. Je comprends que vos propres obligations financières peuvent être importantes, mais je vous supplie de considérer ma détresse, vous avez bien assez pour une veuve.
Je n'écris cette lettre qu'après mûre réflexion, car ma fierté en souffre et je ne souhaiterais pas vous imposer une nouvelle fois un mariage que vous n’approuveriez pas, bien que le candidat idéal soit déjà à votre cause acquis. Cependant, dans ces temps sombres, il n'y a pas de place pour la fierté. Ma survie est ma priorité absolue.
Que la protection des divins vous accompagnent pour votre générosité, et que nos ancêtres veillent sur vous.
Avec tout mon amour et ma gratitude,
Votre père.
Elle jeta la missive sur la table et finit la bière d’un seul trait. Alors que la colère menaçait de la submerger, elle savait qu'elle devait trouver un moyen de faire face à cette situation, de se protéger tout en essayant de maintenir un semblant de paix dans sa vie. Elle n'était peut-être pas prête à affronter son père directement, mais elle était résolue à trouver une solution qui lui permettrait de surmonter tout cela.
C’est sans surprise, toujours les mêmes histoires, les mêmes menaces… Il faudrait que je sache à qui il a emprunté, où il a perdu ses mises…
Comment vais-je pouvoir me sortir de cette mauvaise posture ? Je pourrais sans doute négocier avec la Banque des Chaînes mais s’il n’y a rien d’officiel dans ces emprunts, ce sera une autre histoire.
Oui, elle était dans la mouise.
Veuillez m’excuser, je ne voulais... Je suis navrée que vous soyez témoin de tout ça.
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Pancrace Dosian
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Et c'est finalement après lui avoir un peu salement tordu le bras qu'elle se décide enfin à lire la lettre, avec un mélange de dépit, de dégoût et de colère, m'est avis. Pas que ce soit forcément très apparent sur son visage passablement inexpressif, mais c'est l'impression que toute la gestuelle laisse, surtout avec la fatigue de la matinée avec la GAR qui commence à tomber dans les membres, les muscles, et la tête. J'ai bien dû arriver au bon moment, par chance, et sans m'attendre à en avoir besoin.
Mais le pire, c'est que mon improvisation sur les garants de contrats s'avère même pas forcément si loin de réalité, et à mesure que Leonora lit la lettre de son paternel, j'me dis qu'il est vraiment là que pour l'argent. Il demande pas de nouvelles ni si elle va bien, probablement pasqu'il connaît déjà la réponse, en creusant de son côté, ou qu'il en a rien à foutre. Par contre, il en fait des tartines sur les difficultés auxquelles il est confronté et pour lesquelles il a justement besoin d'aide.
Tout ça prend un tour brusquement plus intéressant, et j'en oublie presque le pognon qu'il me doit pour fixer mon regard curieux sur la baronne de Hengebach.
D'un geste, j'demande au tavernier de nous mettre les petites soeurs, et j'liquide ce qui reste de ma bière pour l'aligner avec celle de Leonora. C'est marrant, de pas être capable de se détacher de sa famille comme ça alors que, manifestement, elle s'entend pas avec son vieux et qu'elle veut refaire sa vie ailleurs après un premier mariage qui l'a laissée manifestement seule. Sale histoire, la chute de Shoumeï, j'suppose. Vraiment, y'a des pays qu'ont pas réussi à évoluer correctement, entre les religions bizarres et et les cultes tribaux ou patriarcaux à l'ancienne. Faut le voir comme une chance pour elle, aussi, de pouvoir sortir de ce carcan pour pouvoir devenir quelque chose pour de vrai, hé ?
Héhé.
« J'sais pas, c'est difficile de savoir exactement envers qui il est endetté sans lui en parler directement. Si j'devais parier, j'aurais dit un mélange de légal et de moins légal, la Banque des Chaînes en premier, d'autres prêteurs ensuite, avec des taux moins arrangeants, jusqu'à finir avec des usuriers et les pourcentages qui vont avec. »
J'trinque avec le bord de son verre avant même qu'elle ait le temps de le soulever de la table.
« S'il a pu, il aura hypothéqué des bijoux, des reliques, bref, toutes ces conneries. »
Et, putain, qu'est-ce qu'on trouve comme saloperies shoumeïennes chez les monts-de-piété et les antiquaires. Faut aimer la l'orfèvrerie religieuse, mais les collectionneurs et les joailliers se plaignent pas quand ils foutent en vitrine ou refondent l'or pour en faire quelque chose davantage du goût des républicains.
Mais la façade craque enfin un peu, et vu le sale petit curieux que j'suis, j'peux pas m'empêcher de m'y faufiler. En plus, mon boulot reste quand même de l'amener à voir son père, à bien y réfléchir, pour l'aider à suffisamment sortir de ses dettes que j'reprenne mon allonge de thunes. Donc le jeu continue, jusqu'à ce qu'elle ait l'impression que c'est elle qu'a décidé d'y aller de son plein gré le plus total. J'lui adresse un sourire désolé.
« Pardon, je pensais pas que ce serait aussi pire. Pour la Banque des Chaînes et les prêteurs, il y aura des contrats, forcément, en possession de ton daron. Pour le reste, on peut toujours sonder un peu, mais à l'aveugle, ça serait comme de chercher une aiguille dans une botte de foin. Y'aura des papiers aussi, mais plus complexes à se procurer. Au final, p'tet qu'une demande à la Banque des Chaînes aboutirait, mais elle mettrait sûrement plusieurs jours... »
J'reprends une grande lampée.
« J'crois qu'il m'a parlé d'un certain Baudroie avec lequel il aurait eu maille à partir. Jamais entendu parler, donc probablement un petit poisson des bas-fonds ? On peut toujours commencer par là, si tu veux. »
Avec ce premier appât, normalement, ça joue : une fois qu'elle aura commencé à agir, elle pourra pas se désengager...
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Leonora de Hengebach
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Résoudre le problème des dettes de son père est une situation délicate qui nécessite une approche réfléchie. Comment pourrait elle envisager l’aide à son père à faire face à ses déficits, ou plutôt comment peut elle l’arrêter dans cet engrenage infernal. Léonora allait être amenée à comprendre la gravité de la dette. Cela impliquait de rassembler toutes les informations pertinentes sur les crédits, les montants dus, les taux d'intérêt et les échéances…
Pour lui faciliter la tâche, et comme le soulignait si justement Pancrace, elle devrait avoir une conversation ouverte et honnête avec son père pour comprendre pourquoi il a accumulé ces dettes et quelles sont ses capacités financières actuelles et de ce côté, elle ne se faisait aucune illusion. Il serait donc important d'établir une relation de confiance. Mais comment faire lorsque l’on n’avait plus aucune confiance en cet homme qui était capable de tout, sans jamais avoir le remord.
Je ne me sens pas capable de l’affronter de face. Si je ne réagis pas comme il le souhaite, il se montrera menaçant. Même si il ne peut plus décider de mon avenir, je le sais capable de m’y soumettre d’une façon ou d’une autre. J’espère simplement qu’ils se sont montrés frileux en prêtant à un exilé comme lui.
En fonction de la situation financière de son père, comment mieux gérer l'argent disponible, s’il en restait. Pour Léonora, son père était possiblement passé par des emprunts légaux, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus taper dans cette réserve. Ce qui lui permettrait de négocier de meilleures conditions de remboursement. Cela lui donnait déjà des sueurs froides rien qu’en y songeant.
Elle prit la choppe sur laquelle Pancrace venait de trinquer sans elle et la fit tourner dans ses mains sur la table en réfléchissant.
En effet, j’espère qu’il a eu la présence d’esprit de garder quelques bijoux avec lui. Nous en avions beaucoup. Après, avait-il pu tout prendre avec lui...
Dès que Léonora avait été en âge de comprendre, elle avait toujours connu son père comme étant un homme au panier percé, même si la situation était désespérée, il avait toujours pu sauvegarder les bijoux, objets de famille. Cela avait tout de même coûté six ans de la vie de Léonora.
Pancrace se montrait plutôt empathique quant à sa situation délicate, même si elle doutait de l’honnêteté totale de l’officier. Lui qui disait pourtant ne pas en savoir plus, il parvint tout de même à lui donner un nom d’un homme, sans doute un petit trafiquant des bas quartiers et ne venait-il pas de lui proposer son aide ?
Vous me proposez vraiment votre aide pour retrouver ce Beaudroie ?
En même temps, s’il souhaitait récupérer son argent, il valait mieux pour lui que Léo retrouve au plus vite son père et les créanciers. Elle n’allait pas le laisser filer maintenant qu’il avait tendu la main vers elle.
En fin de compte, la jeune femme devait prendre des décisions éclairées qui tenaient compte de sa propre situation financière, de ses limites.
J’irais me renseigner auprès de la banque des chaînes dès que possible, ce n’est pas sa situation là-bas qui m’inquiète le plus. Et concernant ce Beaudoire, avez-vous une idée par où commencer ?
Et son intuition lui souffla qu’il savait très bien où chercher.
Pour lui faciliter la tâche, et comme le soulignait si justement Pancrace, elle devrait avoir une conversation ouverte et honnête avec son père pour comprendre pourquoi il a accumulé ces dettes et quelles sont ses capacités financières actuelles et de ce côté, elle ne se faisait aucune illusion. Il serait donc important d'établir une relation de confiance. Mais comment faire lorsque l’on n’avait plus aucune confiance en cet homme qui était capable de tout, sans jamais avoir le remord.
Je ne me sens pas capable de l’affronter de face. Si je ne réagis pas comme il le souhaite, il se montrera menaçant. Même si il ne peut plus décider de mon avenir, je le sais capable de m’y soumettre d’une façon ou d’une autre. J’espère simplement qu’ils se sont montrés frileux en prêtant à un exilé comme lui.
En fonction de la situation financière de son père, comment mieux gérer l'argent disponible, s’il en restait. Pour Léonora, son père était possiblement passé par des emprunts légaux, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus taper dans cette réserve. Ce qui lui permettrait de négocier de meilleures conditions de remboursement. Cela lui donnait déjà des sueurs froides rien qu’en y songeant.
Elle prit la choppe sur laquelle Pancrace venait de trinquer sans elle et la fit tourner dans ses mains sur la table en réfléchissant.
En effet, j’espère qu’il a eu la présence d’esprit de garder quelques bijoux avec lui. Nous en avions beaucoup. Après, avait-il pu tout prendre avec lui...
Dès que Léonora avait été en âge de comprendre, elle avait toujours connu son père comme étant un homme au panier percé, même si la situation était désespérée, il avait toujours pu sauvegarder les bijoux, objets de famille. Cela avait tout de même coûté six ans de la vie de Léonora.
Pancrace se montrait plutôt empathique quant à sa situation délicate, même si elle doutait de l’honnêteté totale de l’officier. Lui qui disait pourtant ne pas en savoir plus, il parvint tout de même à lui donner un nom d’un homme, sans doute un petit trafiquant des bas quartiers et ne venait-il pas de lui proposer son aide ?
Vous me proposez vraiment votre aide pour retrouver ce Beaudroie ?
En même temps, s’il souhaitait récupérer son argent, il valait mieux pour lui que Léo retrouve au plus vite son père et les créanciers. Elle n’allait pas le laisser filer maintenant qu’il avait tendu la main vers elle.
En fin de compte, la jeune femme devait prendre des décisions éclairées qui tenaient compte de sa propre situation financière, de ses limites.
J’irais me renseigner auprès de la banque des chaînes dès que possible, ce n’est pas sa situation là-bas qui m’inquiète le plus. Et concernant ce Beaudoire, avez-vous une idée par où commencer ?
Et son intuition lui souffla qu’il savait très bien où chercher.
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Pancrace Dosian
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Un interrogatoire, une entrevue, une discussion, un cours, une leçon, y’a un côté où c’est un peu pareil : on essaie de mener le ou les autres à un point particulier, de préférence qu’il y arrive tout seul sans qu’on ait besoin de le pousser et le traîner sur la quasi-totalité du chemin. C’est comme un bourricot qu’on amène à l’eau : il peut être devant mais c’est impossible de le forcer à boire. Ben là, c’est pareil. Enfin, les interrogatoires, même une admission à contre-cœur peut suffire, cela dit, mais pas pour le reste.
Donc quand Leonora admet que si elle rencontrait son vieux, ça la mettrait dans une situation difficile, j’me dis que le plus dur est fait : elle a commencé à céder, dès le moment où elle a ouvert l’enveloppe pour lire la lettre, et maintenant, c’est une lente glissade jusqu’à devoir finalement affronter la figure patriarcale et son passé. Ou un truc dramatique du genre, j’ai jamais trop compris le délire. J’me racle la gorge.
« Selon les lois républicaines, en tant que personne majeure, il n’a en théorie plus d’autorité sur toi. Au demeurant, je rappelle que la République ne reconnaît pas les lois religieuses ou coutumières, a fortiori des autres nations, et que nous sommes un état laïque. Bon, je sais que ça peut être dur de se séparer de l’autorité, mais voilà, tu peux parfaitement aller le voir et l’envoyer chier… »
A sa place, j’irais même pas, ou alors juste pour m’assurer que rien va me tomber dessus, mais forcément, j’peux pas non plus trop appuyer là-dessus. A ce stade, j’en viens à me dire que l’argent serait quasiment du bonus, tellement une forme de curiosité morbide prend le dessus. Les shoumeïens, faut bien admettre qu’ils sont bizarres et pas comme nous. Ils sont pleins de contradictions, et la guerre des titans a clairement pas amélioré les choses : ils savent plus vers quoi se tourner, et leur monde est en miettes.
Mon attention est davantage réveillée quand la jeune femme évoque les bijoux de famille qu’ils avaient par monceaux entiers et qu’il a probablement dû garder de côté comme assurance. Pas persuadé que ce soit le cas, mais de ce que je connais de lui, il a quand même dû en planquer un peu sous le coude en se disant que sa fille avait davantage de chances de l’aider s’il avait l’air au fond du trou. Puis, aux cartes, on dévoile jamais toute sa main dès le début.
« Ouais, j’peux aider pour trouver Baudroie. En tant qu’officier républicain, j’ai l’habitude de discuter avec des indics ou des crapules des bas-fonds. Lui, spécifiquement, faudrait que je me renseigne, quoi. Rien d’impossible. Laisse-moi quelques minutes. »
J’ferme les yeux, les mains sur ma bière, et la projection astrale m’envoie directement au commissariat. J’agite la main devant les yeux de Fifi, toujours au taquet, et qui commence déjà à saluer.
« Pas la peine, Fifi. T’as des trucs sur un certain Baudroie ? Usurier des bas-quartiers, genre petite frappe, probablement rien d’envergure.
- Je regarde ça de suite, Capitaine ! »
Il rassemble quelques gars, ils se questionnent, fouillent dans quelques dossiers, avant d’en ressortir un et de le parcourir en diagonale en pointant du doigt les passages les plus intéressants. A quelques mètres de là, j’me contente d’attendre en m’assurant que tout le monde est en train de travailler dur. En tout cas, ils font vachement bien semblant, c’est certain. Mais on me la fait pas : j’étais à leur place y’a pas si longtemps, après tout.
D’une pensée, j’rouvre les yeux en face de la soldate.
« J’ai quelques informations. On devrait le trouver à la taverne du Coq qui Louche, vers la rue des teinturiers. »
J’avale cul sec ce qui reste de ma bière, et elle était pas vide du tout. Puis j’pose les piécettes sur la table.
« Prête à aller faire un tour ? »
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La jeune soldate écouta attentivement son officier, qui lui rappelait les lois de République. Ses oreilles résonnaient des paroles qui semblaient la libérer d'une autorité patriarcale préexistante. Léonora n’ignorait rien de tout cela, mais l’entendre de la bouche d’un homme, d’un citoyen, elle laissa apparaître une lueur de liberté danser dans ses yeux, qui trahissait une nouvelle réalité dont elle avait déjà conscience mais qu’elle laissa désormais librement s’exprimer. Son officier, conscient ou bien devinant le poids des traditions et des conventions, lui parla avec respect et équité. Il souligna les possibilités qui s’offraient à elle et sentit une bouffée d'émancipation.
Elle n'était plus contrainte par les attentes traditionnelles de son père ou de feu son époux ou par les limites imposées par le patriarcat. Elle était une femme libre ici, égale à ses pairs masculins, investie du même devoir et des mêmes droits. Son regard témoignait à nouveau de la détermination à saisir cette opportunité d'affirmer sa liberté à son père et peut être même l’envoyer paître ailleurs. Elle s’était libérée des chaînes invisibles qui avaient entravé ses choix par le passé. Sa voix, auparavant étouffée par les hommes, résonnerait clairement ici à Liberty et partout ailleurs. Dans cette nouvelle réalité, elle prouvera que la force, l'intelligence et la détermination n'étaient pas définies par le genre, mais par la volonté individuelle de s'élever au-dessus des attentes.
L’envoyer balader, voilà une perspective qui me convient parfaitement.
La jeune brune jeta un regard déterminé à son officier et prit une lampée de bière qui avait maintenant meilleur goût. Celui-ci usa maintenant de la projection astrale pour trouver quelques renseignements sur le malfrat, les mains agrippées à la bière. Avait-il peur qu’elle la boive dans son dos ? Cette pensée la fit sourire puis finit sa chope avant qu’il ne revienne à eux.
Il avait repéré une piste concernant une petite frappe des bas quartiers qui pouvait détenir des informations cruciales.
Le Coq qui Louche ?
Elle fit celle qui ne connaissait l’endroit, mais ses errances nocturnes l’avaient amener à connaître la ville par les toits sur le bout des doigts, ou presque et s’était amusée en découvrant les noms vraiment étranges et comiques des établissements de la région. Cependant, jamais elle n’était entrée dans ces semblants de tripots. Elle allait découvrir plus de tavernes en quelques heures en présence de ce Pancrace qu’en deux années de vie dans cette cité.
Léo glissa les yeux vers les pièces déposées avant de se lever d’un bond, prête à suivre l’officier qui allait l’aider.
Avec plaisir.
Elle le suivit jusque la sortie.
Merci pour les bières… Sinon, quel est le passif de ce Baudroie ?
Autant tuer le temps durant « la promenade » tout en apprenant d’avantage sur le spécimen.
Elle n'était plus contrainte par les attentes traditionnelles de son père ou de feu son époux ou par les limites imposées par le patriarcat. Elle était une femme libre ici, égale à ses pairs masculins, investie du même devoir et des mêmes droits. Son regard témoignait à nouveau de la détermination à saisir cette opportunité d'affirmer sa liberté à son père et peut être même l’envoyer paître ailleurs. Elle s’était libérée des chaînes invisibles qui avaient entravé ses choix par le passé. Sa voix, auparavant étouffée par les hommes, résonnerait clairement ici à Liberty et partout ailleurs. Dans cette nouvelle réalité, elle prouvera que la force, l'intelligence et la détermination n'étaient pas définies par le genre, mais par la volonté individuelle de s'élever au-dessus des attentes.
L’envoyer balader, voilà une perspective qui me convient parfaitement.
La jeune brune jeta un regard déterminé à son officier et prit une lampée de bière qui avait maintenant meilleur goût. Celui-ci usa maintenant de la projection astrale pour trouver quelques renseignements sur le malfrat, les mains agrippées à la bière. Avait-il peur qu’elle la boive dans son dos ? Cette pensée la fit sourire puis finit sa chope avant qu’il ne revienne à eux.
Il avait repéré une piste concernant une petite frappe des bas quartiers qui pouvait détenir des informations cruciales.
Le Coq qui Louche ?
Elle fit celle qui ne connaissait l’endroit, mais ses errances nocturnes l’avaient amener à connaître la ville par les toits sur le bout des doigts, ou presque et s’était amusée en découvrant les noms vraiment étranges et comiques des établissements de la région. Cependant, jamais elle n’était entrée dans ces semblants de tripots. Elle allait découvrir plus de tavernes en quelques heures en présence de ce Pancrace qu’en deux années de vie dans cette cité.
Léo glissa les yeux vers les pièces déposées avant de se lever d’un bond, prête à suivre l’officier qui allait l’aider.
Avec plaisir.
Elle le suivit jusque la sortie.
Merci pour les bières… Sinon, quel est le passif de ce Baudroie ?
Autant tuer le temps durant « la promenade » tout en apprenant d’avantage sur le spécimen.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Au moins, elle a l’air contente d’apprendre que la République n’est pas une secte religieuse bizarre comme celle qu’elle a dû quitter quand les titans ont posé leurs gros panards en plein milieu. Au début, ça me rendait fou, que les shoumeïens soient foutus de continuer à vénérer leurs créateurs même après tout ça. Je suis sûr que y’a des études à en sortir, sur comment on peut se faire formater à la naissance et à quel point c’est difficile d’en sortir. Maintenant, avec le recul, et à force de fréquenter les réfugiés qui viennent squatter chez nous, j’prends ça avec philosophie : on n’est pas tous aussi intelligent, et clairement, à Shoumeï, on développait pas l’analyse critique.
Putain, n’empêche, quand je pense que c’est la même chose au Reike.
« Ouais, je connais pas ce bouge, mais ça doit être un boui-boui comme les autres. On verra bien quand on y sera. »
Je hausse les épaules : des bars et des tavernes, c’est pas ce qui manque en République, donc tous les connaître, c’est juste une tâche impossible, ou alors faut être un immortel qui se fait sacrément chier. Mais l’uniforme d’officier républicain, accompagné d’une membre pleine de sueur de la GAR, ça devrait quand même faire l’affaire pour soutirer des informations à un tenancier tenace ou un usurier véreux. Puis, pour le coup, sans connaître le trou dans lequel on va, je pratique souvent ces deux professions.
En bref, pas d’inquiétude.
Une fois dehors, on s’met en marche tranquillement : si on arrive trop tôt, c’est un coup à ce que la Baudroie soit encore pieutée. La plupart des prêteurs sont pas vraiment du matin, et, quelque part, y’a p’tet même un truc à faire en ouvrant à sept heures du mat’ quand tous les autres pioncent encore. Genre, le monde et les créances appartiennent à ceux qui se lèvent tôt, ou une connerie du genre. A méditer.
« Baudroie ? J’le connais pas, j’ai juste récupéré des informations sommaires genre là où il zone. Comme je disais plus tôt, ton père a juste lâché ce nom en passant, j’me suis dit que ça pouvait faire une bonne première piste, et qu’on aviserait à partir de là. Ça permettrait aussi de prendre le pouls d’à quel point le vieux est dans la merde. »
Les usuriers communiquent généralement un peu entre eux quand ils ont des clients difficiles, ou qu’ils veulent consolider des dettes pour pouvoir finir d’essorer quelqu’un. J’me demande si quelqu’un s’y est déjà mis pour Kayserberg. On le saura vite en discutant avec Baudroie, en réalité, et j’suis toujours aussi curieux de voir où toute cette affaire va mener. Les rues s’enquillent jusqu’à ce qu’on arrive dans des quartiers vachement moins chaleureux de la capitale, le genre de coin où y’a pas une caserne ou un commissariat au bout de la rue.
Pas que je sois pas familier, évidemment.
Quand on se retrouve dans la rue des teinturiers, j’peux pas m’empêcher de froncer le nez. Les produits qu’ils utilisent ont des odeurs sacrément agressives, et c’est pas pour rien que les loyers sont aussi bas. J’saute au-dessus d’une flaque de rouge qui se mêle difficilement à du bleu, pour pas salir mes bottes, et j’remarque enfin le signe que je cherche : un coq aux yeux exorbités pointés sur son propre bec.
Une fois à l’intérieur, on s’approche du comptoir, vers un tavernier sec comme un coup de trique qui nous regarde de ses p’tits yeux étrécis.
« On cherche Lamproie. Il est dans le coin ?
- Vous consommez ? »
J’soupire.
« Deux bières.
- L’est au fond, là-bas. »
Il pointe du doigt et se retourne pour nous servir. Les pièces de bronze tintent sur le plateau de bois, et j’laisse Léonora voir si elle veut ramasser la sienne. Puis j’vais m’asseoir devant Baudroie, qui n’est pas humain, à ma grande surprise. C’est un genre d’hybride poiscaille, p’tet même l’animal dont il tire son nom, à voir la loupiote qui lui pend du haut du crâne, et les dents acérées qui dépassent de sa gueule. C’est vrai que ça doit en jeter, pour les civils.
« Allez, Léonora, j’te laisse commencer. »
La bière est vraiment pas terrible, mais elle me tiendra compagnie pendant le spectacle.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Baudroie était juste une piste initiale pour évaluer la situation dans laquelle son père pouvait être. Ils allaient creuser et voir où cela les mène, puis décider de la suite à partir de là.
Léonora avançait d'un pas déterminé à travers les rues sinueuses et animées des quartiers douteux. Les ombres des immeubles délabrés dansaient sur les pavés inégaux, créant un jeu de lumière qui accentuait l'atmosphère clandestine de cet endroit. Les façades des bâtiments quant à elles, portaient les stigmates du temps.
Les passants pressaient le pas, lançant des regards furtifs à Léonora mais évitaient surtout Pancrase alors qu'ils traversaient ces ruelles. Elle était toujours en tenue d’entrainement qu’elle n’avait pu changer, lui était dans son uniforme d’Officier, autant dire qu’elle faisait tâche pour ne pas dire négligée. Son regard perçant scrutait l'environnement, consciente des regards insistants et parfois même des murmures étouffés qui accompagnaient leur progression.
Soudain, ils tournèrent à l'angle et pénétrèrent dans la rue des teinturiers. Les teinturiers, artisans de couleurs, donnèrent à cette artère une atmosphère différente. Les façades des boutiques sont ornées de tissus aux teintes vibrantes, et les éclats de rire de certains artisans créaient un contraste saisissant avec l'austérité des rues précédentes au cœur de cette cité aux multiples visages. Léonora semblaient trouver un certain réconfort dans cette enclave colorée, ses pas résonnaient désormais sur des pavés plus réguliers et aux flaques teintées. Mais sa priorité était ailleurs.
Elle ne pouvait dissimuler sa préoccupation qui assombrissait son visage. Son esprit était absorbé par la situation, une réalité pesante qui semblait la suivre même au cœur de ces ruelles variées, créant un contraste évident entre l'éclat coloré des étoffes dans la rue et la lourdeur de ses inquiétudes et ses yeux semblaient fixer un point invisible, perdue dans la réflexion qui tendait sur sa possible vulnérabilité financière.
Avec ses pensées tourbillonnant, elle arriva enfin avec détermination devant la taverne crasseuse avec son extérieur usé et ses fenêtres poussiéreuses qui laissent à peine filtrer la lumière. Le grincement des portes en bois donnait le ton à l'atmosphère lugubre de l'intérieur. Les clients, aux regards souvent évocateurs, sirotaient leurs boissons. L'odeur entêtante de la fumée et de la cuisine grasse flottait dans l'air, créant une toile caractéristique de l'endroit.
Léonora pénètra à l'intérieur, laissant derrière elle le tumulte de la rue. Les conversations étouffées et les rires à gorges déployées marquaient l'ambiance crasse de la taverne. Ses yeux scrutaient la pièce, à la recherche de la personne qu’ils devaient rencontrer et qui ressemblerait au maquereau qu’elle s’était imaginée.
Elle s'approcha avec Pancrace du comptoir élimé, saluant le tavernier d'un signe de tête discret. Les regards des clients curieux se posent brièvement sur eux avant de retourner à leurs affaires. Pancrace, se tourna vers le tavernier et demanda où se trouvait l’homme qu’ils recherchaient. Le tavernier, esquissa un sourire sournois avant de répondre contre une première transaction de deux chopes de bière chaudes, une boisson douteuse à la qualité plus que discutable. Le tavernier, pointa du doigt l'arrière de la taverne.
Léonora, prit sa chope entre les doigts avec une certaine réticence, suivit Pancrace vers la table indiquée. Lui s’assit face à la tête de tanche aux dents impressionnantes et Léonora prit place à sa droite lorsque l’officier l’invita à prendre la parole la première. Chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire. La plupart du temps, les conversations étaient très brèves avec ses cibles.
La pièce sombre semblait se refermer autour d'eux alors que Léonora prenait la parole. Elle s'approcha de Baudroie, lui tendit la chope de bière chaude en faisant mine de sourire, et posa la première question d'une voix maîtrisée mais empreinte d'urgence.
Baudroie, j'ai entendu dire que vous êtes au courant de certaines affaires... financières.
Elle laissa planer un moment de silence, laissant le poids de ses mots s'installer dans la pièce.
J'ai entendu dire que tu as des contacts. Qu’est ce que tu peux me dire sur Kayserberg ?
Léonora garda son regard fixé sur Baudroie, cherchant des réponses dans ses expressions, tout en espérant que l'offrande de la bière chaude adoucirait la négociation à venir.
Léonora avançait d'un pas déterminé à travers les rues sinueuses et animées des quartiers douteux. Les ombres des immeubles délabrés dansaient sur les pavés inégaux, créant un jeu de lumière qui accentuait l'atmosphère clandestine de cet endroit. Les façades des bâtiments quant à elles, portaient les stigmates du temps.
Les passants pressaient le pas, lançant des regards furtifs à Léonora mais évitaient surtout Pancrase alors qu'ils traversaient ces ruelles. Elle était toujours en tenue d’entrainement qu’elle n’avait pu changer, lui était dans son uniforme d’Officier, autant dire qu’elle faisait tâche pour ne pas dire négligée. Son regard perçant scrutait l'environnement, consciente des regards insistants et parfois même des murmures étouffés qui accompagnaient leur progression.
Soudain, ils tournèrent à l'angle et pénétrèrent dans la rue des teinturiers. Les teinturiers, artisans de couleurs, donnèrent à cette artère une atmosphère différente. Les façades des boutiques sont ornées de tissus aux teintes vibrantes, et les éclats de rire de certains artisans créaient un contraste saisissant avec l'austérité des rues précédentes au cœur de cette cité aux multiples visages. Léonora semblaient trouver un certain réconfort dans cette enclave colorée, ses pas résonnaient désormais sur des pavés plus réguliers et aux flaques teintées. Mais sa priorité était ailleurs.
Elle ne pouvait dissimuler sa préoccupation qui assombrissait son visage. Son esprit était absorbé par la situation, une réalité pesante qui semblait la suivre même au cœur de ces ruelles variées, créant un contraste évident entre l'éclat coloré des étoffes dans la rue et la lourdeur de ses inquiétudes et ses yeux semblaient fixer un point invisible, perdue dans la réflexion qui tendait sur sa possible vulnérabilité financière.
Avec ses pensées tourbillonnant, elle arriva enfin avec détermination devant la taverne crasseuse avec son extérieur usé et ses fenêtres poussiéreuses qui laissent à peine filtrer la lumière. Le grincement des portes en bois donnait le ton à l'atmosphère lugubre de l'intérieur. Les clients, aux regards souvent évocateurs, sirotaient leurs boissons. L'odeur entêtante de la fumée et de la cuisine grasse flottait dans l'air, créant une toile caractéristique de l'endroit.
Léonora pénètra à l'intérieur, laissant derrière elle le tumulte de la rue. Les conversations étouffées et les rires à gorges déployées marquaient l'ambiance crasse de la taverne. Ses yeux scrutaient la pièce, à la recherche de la personne qu’ils devaient rencontrer et qui ressemblerait au maquereau qu’elle s’était imaginée.
Elle s'approcha avec Pancrace du comptoir élimé, saluant le tavernier d'un signe de tête discret. Les regards des clients curieux se posent brièvement sur eux avant de retourner à leurs affaires. Pancrace, se tourna vers le tavernier et demanda où se trouvait l’homme qu’ils recherchaient. Le tavernier, esquissa un sourire sournois avant de répondre contre une première transaction de deux chopes de bière chaudes, une boisson douteuse à la qualité plus que discutable. Le tavernier, pointa du doigt l'arrière de la taverne.
Léonora, prit sa chope entre les doigts avec une certaine réticence, suivit Pancrace vers la table indiquée. Lui s’assit face à la tête de tanche aux dents impressionnantes et Léonora prit place à sa droite lorsque l’officier l’invita à prendre la parole la première. Chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire. La plupart du temps, les conversations étaient très brèves avec ses cibles.
La pièce sombre semblait se refermer autour d'eux alors que Léonora prenait la parole. Elle s'approcha de Baudroie, lui tendit la chope de bière chaude en faisant mine de sourire, et posa la première question d'une voix maîtrisée mais empreinte d'urgence.
Baudroie, j'ai entendu dire que vous êtes au courant de certaines affaires... financières.
Elle laissa planer un moment de silence, laissant le poids de ses mots s'installer dans la pièce.
J'ai entendu dire que tu as des contacts. Qu’est ce que tu peux me dire sur Kayserberg ?
Léonora garda son regard fixé sur Baudroie, cherchant des réponses dans ses expressions, tout en espérant que l'offrande de la bière chaude adoucirait la négociation à venir.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Le type laisse longtemps courir son regard sur Leonora, admirant sans doute la sueur, les cheveux emmêlés, et les hardes d’entraînement de la GAR. Puis c’est mon tour, dans un silence qui s’étend progressivement au point de devenir gênant, mais j’préfère laisser pisser. Il doit en profiter pour chercher dans sa tête ce qu’il a fait pour qu’un officier républicain et un membre de l’armée viennent l’emmerder alors qu’il essaie de travailler honnêtement, ou pas. Je hausse les sourcils sans dire un mot.
A mon avis, en tout cas, c’est pas l’odeur qui le dérange, vu les déchets auxquels il doit avoir l’habitude de prêter.
Il prend la bière, y jette un oeil, boit une gorgée appréciative qui prouve bien qu’il a aucun goût. J’fais de même, mais parce que j’ai soif. Puis il pose ses mains à plat sur la table, et se penche en avant.
« Pourquoi, au-delà de vouloir collaborer avec les forces de l’ordre évidemment, est-ce que je donnerais des informations confidentielles sur mes clients potentiels ? »
La question est pas mauvaise, alors j’me racle la gorge.
« Ecoute, Baudroie, moi j’te propose qu’on gagne tous du temps. Tu nous dis ce qu’on veut savoir, on s’économise un aller simple au poste pour interrogatoire.
- Pour quel motif ? »
J’le regarde d’un air torve, la mine patibulaire.
« Vraiment ? Tu crois que, d’une, j’ai besoin d’un motif, et de deux, que si c’était le cas, j’aurais du mal à en trouver un ? »
J’me mets à compter sur mes doigts.
« Un, entrave à enquête de l’office républicain, deux, outrage à agent, trois, attaque à l’arme blanche...
- Quoi ? Mais pas du tout, ça s’est pas produ...
- Je suis assermenté, et ça va être dur de trouver des témoins ici. »
Il pousse un long soupir et j’lui fais un clin d’oeil et un grand sourire.
« Bon, bon, je vous faisais marcher, de toute façon. Qu’est-ce que vous voulez savoir ? »
Tu parles, il voulait nous gratter de la thune, ouais.
« La madame a posé des questions. Réponds.
- Kayserberg, hein ?
- Ouais, lui.
- C’est un réfugié shoumeien d’un certain âge, genre mûr. J’ai pas mal échangé avec lui pour avoir des contacts, qu’on a partagés. Il m’a présenté à d’autres réfugiés qui étaient dans le besoin et nécessitaient quelques... liquidités pour survivre au quotidien. Et, de l’autre côté, je l’ai fait bénéficié de quelques primes et de mes propres contacts, divers et variés. »
J’laisse échapper un grognement. Ça m’étonnerait fort que l’histoire s’arrête là.
« Puis, y’a quelques mois, reprend Baudroie, il est venu me voir pour souscrire lui-même un emprunt. Bon, je sais pas si vous le connaissez, mais au début, il a essayé de me convaincre qu’il avait une bonne combine à me faire croquer. »
Baudroie s’appuie en arrière en prenant une longue gorgée de bière, donc pour pas qu’il se sent seul, j’l’accompagne. Leonora a l’air d’écouter attentivement, mais avec les angles de nos assises, j’vois pas trop son visage, ce qui est un peu dommage : c’est comme si j’étais allé au spectacle mais que j’étais assis derrière un pillier et que je voyais qu’un tier de la scène.
« Bref, j’ai creusé un peu, et le tuyau était crevé. Pas grave, j’aurais probablement faire pareil à sa place, donc sans rancune. Par contre, il est ressorti qu’il avait besoin d’un coup de pouce, donc j’ai bien entendu participé de bon coeur. »
Et... ?
Comme j’ai la bouche pleine à nouveau, j’laisse Léonora prendre la suite de la conversation.
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