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Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Les maisons de jeux, casinos et autres tripôts ont une pratique bien rôdée, faut bien l’admettre. Y’a quelques minutes à peine, Leonora expliquait doctement qu’il était hors de question qu’elle tente sa chance à une des multiples tables de la salle, et voilà qu’on se retrouve assis côte à côte face à un croupier, avec d’autres parieurs de part et d’autres. C’est une façon subtile de pas laisser le choix, de montrer qu’on n’est pas venu ici pour rien, et que, franchement, qu’est-ce qui peut mal se passer, pas vrai ?
Evidemment, pleins de choses, et c’est pas son vieux qui va dire le contraire.
Mais faut juste piger que ce genre d’endroits, ça vend pas la possibilité de faire de l’argent et de toucher le jackpot : non, ça c’est qu’une possibilité à la probabilité très faible. Ce qui est réellement vendu ici, c’est le rêve, l’excitation du moment, du peut-être. C’est pas pour rien que y’a un p’tit orchestre qui joue un air enjoué, que les lumières alternent le tamisé et le rouge chaud et réconfortant, et que le personnel renvoie une forme d’énergie et de dynamisme propre à nous agiter jusqu’à ce qu’on perde les pédales.
En tout cas, c’est ce qui marche sur les faibles d’esprit.
« Un p’tit rappel des règles ?
- Bien sûr, monsieur, répond le croupier. »
Il montre les différentes cartes du paquet en nous donnant leur valeur. J’connais déjà, forcément, vu qu’on vient de temps en temps avec Tarot, et qu’il a pas volé son surnom en étant réglo aux jeux de cartes. Par contre, ça doit être dur pour Leonora, qui essaie de se concentrer, cramponnée à son verre. Hé, on vient pas ici pour gagner, de toute façon, hein ? Donc j’pose nos mises de départ, sorties directement de ma bourse, deux pièces de cuivre tout ce qu’il y a de plus banal, pour se mettre en jambe.
Mes deux premières cartes sont moyennes, et j’les repose en contemplant les expressions des autres, et de Leonora qui cherche à savoir si elle est bien lotie ou pas. Finalement, au bout de quelques tours, j’jette l’éponge, et elle fait de même. Les deux pièces suivantes donnent une nouvelle main, encore plus mauvaise que la précédente, et cette fois j’abandonne directement. J’ai bien l’impression que la chance est pas avec moi ce coup-ci, surtout que mon verre est vide, et à bien y réfléchir, c’est bien ça, la plus grosse indignité.
Un serveur agile qui passe par là le récupère et l’échange avec son petit frère plein. La jeune femme hésite aussi, mais elle a pas fini le précédent, qu’elle descend tout doucement. Mon voisin de table, qui vient de faire un gros coup, jette un regard à la ronde, voit qu’on manque d’entrain.
« Je nous prends quelque chose à grignoter ? Qu’il propose.
- ‘Vec plaisir, merci. »
J’réponds vite pour pas qu’il ait le temps de changer d’avis, et on se retrouve rapidement avec, au milieu de la table et à côté des mises, un petit tas de pain et de fromage. Ça fout des miettes partout, mais faut bien que le personnel mérite sa paye, j’suppose. En tout cas, les mains s’enchaînent et se ressemblent, ce qui fait que le cuivre dans ma bourse fond à vue d’oeil, et au bout d’une heure à peine, j’me retrouve à gratter le fond à la recherche d’autre chose que des pièces d’argent ou celle d’or que j’garde avec moi au cas où.
Ouais, bon, j’pense que j’ai assez perdu pour aujourd’hui. Puis j’ai jamais eu ma prime pour avoir retrouvé Leonora, mais ça, j’peux faire une croix dessus.
Au moins, la journée aura été intéressante et distrayante, c’est déjà ça de pris.
J’m’étire en louchant sur mon verre à nouveau vide. Même en ayant grignoté, ça a quand même pas mal enchaîné, les serveurs bossent bien. Ça paraît être le bon moment pour ralentir le rythme. J’recule ma chaise et j’me lève sous le regard déçu du gars qui a payé l’apéro : c’est qu’il nous plumait bien, depuis le début, et se disait p’tet que y’avait une bonne occasion de se remplir. En plus, ça tombe, il bosse pour le tripot, vu comme il nous a poussés à la consommation.
Leonora, elle a ralenti le rythme bien avant moi, et elle avait p’tet bien raison. D’un autre côté, sur un jour de repos, j’vais pas aller méditer sous une cascade, boire de l’eau et bouffer du pain sec, donc merde. Le gros mastard qui est venu nous encourager à jouer voit qu’on est sur le départ, et se radine immédiatement.
« Vous voulez manger quelque chose, peut-être ? La cuisine est ouverte, ils peuvent vous préparer un truc. Ça vous fera du bien avant de reprendre. En plus, on va ouvrir une nouvelle table qui...
- Hm, nan, j’pense qu’on va s’arrêter là et prendre un peu l’air, merci...
- Vous êtes sûrs ? Vraiment, je pense que...
- Ouais, ouais. Merci, c’est gentil. »
Comme il voit qu’on bouge pas, il hoche la tête et fixe son regard sur un autre groupe qui s’agite. J’en viens à me demander si c’est pas le patron ou le gérant, c’est dire. Bref, ni une ni deux, on est dehors, dans l’air frais de l’après-midi, et ça fait du bien après l’ambiance surchauffée de la salle de jeux. J’me tourne dans sa direction.
« Tu vois, on a perdu, mais on a gardé le contrôle. C’est ça, l’essentiel. Bon, enfin, tu vois le genre, j’espère que l’expérience était pas trop horrible. Du coup euh... »
On fait quoi ? On s’rentre ?
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
En sortant de la maison de jeux, Léonora cligna des yeux, encore éblouie par la lumière vive de l’estérieur. L'air frais lui fit du bien, dissipant légèrement l'emprise de l'alcool qui continuait de faire tourner un peu sa tête. Pancrace, lui, semblait de bonne humeur, comme s'il venait de sortir d'un agréable divertissement plutôt que d'un endroit où on risquait de tout perdre en quelques secondes.
Il jeta un regard vers elle, scrutant son visage pour y déceler une réaction. Léonora hocha la tête en silence, trop fatiguée pour se lancer dans un débat. Non, elle n’était pas convaincue. Loin de là. L'expérience n'avait fait que confirmer ce qu'elle savait déjà : les jeux d'argent n'étaient rien d'autre qu'un piège brillant et séduisant pour les âmes faibles ou désespérées. Peut-être y avait-il, oui, un certain plaisir dans le suspens, dans l'excitation du moment, mais à quel prix ?
Pancrace la regardait de côté, comme s'il devinait ses pensées. Son regard ne trompait pas, elle n’y avait vraiment pris aucun plaisir dans cette découverte.
Je te rembourserais mes mises, répondit-elle, sa voix un peu sourde. Elle garda le silence un instant. Si elle avait voulu être sarcastique, elle aurait peut-être lâché une réplique acerbe du genre : « Balancer un vieillard dans les escaliers rapporte plus, plus rapidement. Peut-être plus risqué, mais au moins c'est efficace. »
Mais elle se retint, constatant que ce genre de noirceur n'avait pas vraiment sa place. Alors, elle se contenta de secouer la tête, ses yeux plissés.
C'est juste que… Ce n'est vraiment pas mon truc. Ses mots étaient simples, mais fermes. Pancrace haussa les épaules, comme pour dire « c’est ton choix. »
Du coup… Du coup quoi ?
Léonora leva la tête vers Pancrace, le regard légèrement voilé d'exaspération. Qu'est-ce qu'il voulait qu'elle lui dise ? Il espérait quoi, exactement ? Elle avait passé toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi avec lui, à errer dans les bas-fonds de Liberty, des tripots, alors qu'elle aurait dû être en train de suer à l'entraînement, comme n' importe quel soldat. Elle cherchait désespérément comment elle allait bien pouvoir justifier cette absence. Qu'est-ce qu'elle allait raconter à ses supérieurs ? Une petite voix sarcastique s'élève dans son esprit, imaginaire mais étrangement réaliste.
« Ah, vous voulez savoir où j'étais ? Eh bien, c'est simple… Un Officier est venu me chercher, bien sûr ! On a bu, discuté, j'ai découvert que mon père, au lieu de s'inquiéter pour moi, m'avait vendue contre ses dettes et se prélasse sûrement sur les Îles Paradisiaques à l'heure qu'il est. Ensuite, on a complété une table de joueurs, bien sûr, histoire de se détendre un peu entre deux verres. Et cette chemise ? Oh, elle est à lui… pourquoi ? Vous la trouvez bien ? »
Rien de tout ça ne pourrait sortir de sa bouche sans que ça ne sonne absurde, et pourtant… c'était la vérité. Mais que dire à Pancrace, cet officier plein de bagout, qui semblait toujours voir le monde avec une légèreté désinvolte ? Certes, il n'était pas responsable de ce bourbier. Elle se sentait simplement prise dans une tempête qu'elle n'avait pas vue venir, avec des options limitées et un goût amer dans la bouche.
Elle se redressa,
Et maintenant, je vais devoir expliquer pourquoi je me suis éclipsée toute la journée… Et je doute qu'ils conservent la version avec la table de jeu et la chemise.
Elle lâcha malgré tout un sourire en baissant les yeux sur le sol en secouant la tête et de reprendre avant de passer une main sur les manches trop longues de la chemise empruntée. Elle relève la tête, un mince sourire aux lèvres, cette fois sans aucune ironie.
Je te la rendrai aussi. Dit-elle doucement, en croisant son regard. Mais pour l'instant, je vais rentrer.
Elle tendit la main vers lui, un geste simple mais chargé de reconnaissance. Il la prit sans hésiter, et elle serra sa poigne, sincère.
Merci pour tout, vraiment. Si jamais je peux t'aider en retour, n'hésite pas.
Sur ces mots, ils se séparèrent, chacun partant dans une direction différente. Léonora en courant, tandis que derrière elle, Pancrace s’éloignait, l’air toujours aussi insouciant.
Il jeta un regard vers elle, scrutant son visage pour y déceler une réaction. Léonora hocha la tête en silence, trop fatiguée pour se lancer dans un débat. Non, elle n’était pas convaincue. Loin de là. L'expérience n'avait fait que confirmer ce qu'elle savait déjà : les jeux d'argent n'étaient rien d'autre qu'un piège brillant et séduisant pour les âmes faibles ou désespérées. Peut-être y avait-il, oui, un certain plaisir dans le suspens, dans l'excitation du moment, mais à quel prix ?
Pancrace la regardait de côté, comme s'il devinait ses pensées. Son regard ne trompait pas, elle n’y avait vraiment pris aucun plaisir dans cette découverte.
Je te rembourserais mes mises, répondit-elle, sa voix un peu sourde. Elle garda le silence un instant. Si elle avait voulu être sarcastique, elle aurait peut-être lâché une réplique acerbe du genre : « Balancer un vieillard dans les escaliers rapporte plus, plus rapidement. Peut-être plus risqué, mais au moins c'est efficace. »
Mais elle se retint, constatant que ce genre de noirceur n'avait pas vraiment sa place. Alors, elle se contenta de secouer la tête, ses yeux plissés.
C'est juste que… Ce n'est vraiment pas mon truc. Ses mots étaient simples, mais fermes. Pancrace haussa les épaules, comme pour dire « c’est ton choix. »
Du coup… Du coup quoi ?
Léonora leva la tête vers Pancrace, le regard légèrement voilé d'exaspération. Qu'est-ce qu'il voulait qu'elle lui dise ? Il espérait quoi, exactement ? Elle avait passé toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi avec lui, à errer dans les bas-fonds de Liberty, des tripots, alors qu'elle aurait dû être en train de suer à l'entraînement, comme n' importe quel soldat. Elle cherchait désespérément comment elle allait bien pouvoir justifier cette absence. Qu'est-ce qu'elle allait raconter à ses supérieurs ? Une petite voix sarcastique s'élève dans son esprit, imaginaire mais étrangement réaliste.
« Ah, vous voulez savoir où j'étais ? Eh bien, c'est simple… Un Officier est venu me chercher, bien sûr ! On a bu, discuté, j'ai découvert que mon père, au lieu de s'inquiéter pour moi, m'avait vendue contre ses dettes et se prélasse sûrement sur les Îles Paradisiaques à l'heure qu'il est. Ensuite, on a complété une table de joueurs, bien sûr, histoire de se détendre un peu entre deux verres. Et cette chemise ? Oh, elle est à lui… pourquoi ? Vous la trouvez bien ? »
Rien de tout ça ne pourrait sortir de sa bouche sans que ça ne sonne absurde, et pourtant… c'était la vérité. Mais que dire à Pancrace, cet officier plein de bagout, qui semblait toujours voir le monde avec une légèreté désinvolte ? Certes, il n'était pas responsable de ce bourbier. Elle se sentait simplement prise dans une tempête qu'elle n'avait pas vue venir, avec des options limitées et un goût amer dans la bouche.
Elle se redressa,
Et maintenant, je vais devoir expliquer pourquoi je me suis éclipsée toute la journée… Et je doute qu'ils conservent la version avec la table de jeu et la chemise.
Elle lâcha malgré tout un sourire en baissant les yeux sur le sol en secouant la tête et de reprendre avant de passer une main sur les manches trop longues de la chemise empruntée. Elle relève la tête, un mince sourire aux lèvres, cette fois sans aucune ironie.
Je te la rendrai aussi. Dit-elle doucement, en croisant son regard. Mais pour l'instant, je vais rentrer.
Elle tendit la main vers lui, un geste simple mais chargé de reconnaissance. Il la prit sans hésiter, et elle serra sa poigne, sincère.
Merci pour tout, vraiment. Si jamais je peux t'aider en retour, n'hésite pas.
Sur ces mots, ils se séparèrent, chacun partant dans une direction différente. Léonora en courant, tandis que derrière elle, Pancrace s’éloignait, l’air toujours aussi insouciant.
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