Levé aux aurores, Krahallo n’avait pas de temps à perdre. Après avoir convoqué ses Dunarks pour donner leurs instructions durant son absence, il prit aussitôt la route vers le lieu de rendez-vous qui lui fut confié. Relisant attentivement la missive qu’il avait reçue, il restait toujours aussi surpris par son contenu. Le jeune officier avait été réquisitionné pour une opération sortant du cadre habituel de son affectation. Il avait été sélectionné pour escorter une personne sans recevoir plus d’informations à ce sujet. Comprenant l’intérêt de la discrétion de cette affectation temporaire, il n’appréciait pas pour autant être séparé ainsi de ses troupes sans explications.

De son lieu d’affectation au Mont Kazan jusqu’à la capitale du Reike, le voyage n’était pas évident. La traversée du désert restait une épreuve pour tous, même pour le Drakyn ayant grandi sur ces terres. Les dangers qui accompagnaient le trajet ne l’inquiétaient pas vraiment. Capable de voler et de repérer les présences hostiles, il n’avait qu’à mettre en pratique ses connaissances approfondies de la région pour se déplacer sans risque. Il s’agissait surtout de la durée qui frustrait le plus le soldat, qui allait perdre au moins une semaine juste pour le déplacement vers cette affectation temporaire et son retour.

Arrivé à Ikusa, Krahallo se rendit vers la garde locale. N’ayant aucune information sur l’identité de la personne à escorter, il n’avait pas d’autres choix que de signaler son arrivée aux autorités. Naturellement, ceux-ci n’étaient pas renseignés sur cette opération et ne furent pas d’une grande aide pour le Luteni. Cela lui permettait tout de même d’indiquer à quelqu’un sa présence dans l’éventualité où la personne qu’il devait escorter ne connaissait pas non plus son identité. L’organisation mise en place n’était pas bien pratique, mais elle avait le mérite de rester confidentielle.

S’il ignorait l’identité de la personne à escorter, il pouvait déjà deviner qu’elle possédait un poste important au sein de la hiérarchie impériale pour que de telles mesures fussent mises en place. Et au-delà de l’importance de cet individu, une confidentialité pareille laissait penser que les dangers qu’il courrait n’étaient pas ceux des bandits qui sévissaient encore sur le territoire.

Posté au niveau de la sortie de la capitale, Krahallo avait tout le temps nécessaire pour réfléchir aux circonstances particulières de cette affectation. Attendant d’être contacté, il observait les passants de cette ville qu’il appréciait particulièrement. S’il n’avait que trop peu d’occasion d’y mettre les pieds depuis la fin de sa scolarité à l’université, il gardait toujours le même émerveillement face à la beauté du Palais Royal surplombant la cité.