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    Un arc-en-ciel sous la tempête [PV Eliëndir] - Page 5 QIZeEX7
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  • Mar 9 Mai - 1:04
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  • Mer 10 Mai - 19:14
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
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  • Sam 13 Mai - 0:32
    Si Dahlia pensait connaître l’Elfe sur le bout des doigts, il lui prouvait régulièrement le contraire. Tout du moins, il parvenait encore à la surprendre, cette journée en étant l’exemple précis. Comment aurait-elle pu prédire en tombant à genoux devant sa porte dans un état pitoyable, qu’elle finirait par accepter un changement de vie aussi conséquent ? Un déménagement pouvait sembler anodin pour beaucoup, néanmoins la Fae laissait derrière elle l’histoire d’une vie, les fruits d’un dur labeur durant des siècles. Elle ne garderait rien de ses années à l’orphelinat si ce n’est les souvenirs, et la plupart n’étaient pas réellement heureux. Quant à l’argent… Elle se sous-payait, et ce n’était un secret pour personne, sûrement pas Eliëndir même s’il tentait quotidiennement de la recouvrir de cadeaux. Peut-être n’imaginait-il pas qu’il venait de lui offrir le plus beau de tous en l’invitant à vivre avec lui. Sans compter la vie qu’il lui promettait, lui faisant miroiter monts et merveilles. Avec l’Elfe, sa naïveté refaisait surface, cette partie de sa personnalité qu’elle avait enfoui pour ne plus être blessée, ne plus être manipulée. Face à ses beaux yeux et son sourire charmeur, elle oubliait la peur qui la paralysait, cette méfiance profonde qu’elle ressentait par rapport au monde qui l’entourait. Ce sentiment de sécurité la galvanisait sans doute un peu trop mais être pour une fois dépourvue de craintes et de cette paranoïa qui la poursuivait inlassablement lui donnait des ailes. Il fallait en profiter, tant qu’elle le pouvait encore.


    Sous ses taquineries, la Fae n’avait en réponse qu’un doux sourire. Eliëndir avait raison, il obtenait toujours ce qu’il désirait, encore plus lorsque cela avait un rapport avec elle. Pour son bonheur, Dahlia renonçait à ce qu’elle possédait de plus cher, quittait la République sans se retourner, tournait le dos à ses enfants qui l’attendaient impatiemment. Elle brisait des centaines d’espoirs, la confiance de ses proches qui voulaient son retour, d’une en particulier qui lui en voudrait jusqu’à la mort de s’être enfuie de la sorte. Mais du haut de son petit nuage, elle ignorait les conséquences de ses actes. Pour une fois, elle pensait à son propre bonheur et elle n’aurait su le trouver nulle part ailleurs que dans les bras de l’élu de son cœur. Quant au reste… Elle doutait très franchement de sa capacité à peindre devant qui que ce soit. À vrai dire, si elle redoutait le jugement d’un seul individu sur ses talents artistiques, c’était bien lui. Prenant une grande inspiration pour calmer l’angoisse qui se frayait un chemin dans son esprit, elle reporta son attention sur la suite de la conversation qui l’apaisa considérablement. La décoration n’avait jamais été son fort, après tout Dahlia n’avait jamais eu les moyens de se perdre dans ce domaine. La Fae peinait à comprendre que les finances ne seraient plus un problème, elle qui se souciait du moindre sou et perdait la tête dans la comptabilité. Une accommodation de plus, à croire que la liste ne se terminerait jamais.


    Une pointe de malice dans le regard, elle observait l’Elfe succomber à son attaque de haut niveau, devenant une menace, un véritable danger pour le mage noir qui se targuait d’une élégance légendaire et d’une impassibilité à toute épreuve. Sous ses mains fines, elle le sentait se débattre et lentement, elle vint relâcher sa prise, sans s’arrêter de rire pour sa part. Les bras sur son ventre, pliée en deux, la Fae s’esclaffait devant ce spectacle qui ne quitterait jamais sa mémoire, cette surprise colossale d’une faiblesse si simple, si atteignable. Alors qu’il s’éclipsait en s’appuyant sur le rebord, elle laissa ses doigts glisser sur son épaule mouillée, tentant vaguement de le retenir. « Je ne dirais à personne ton petit secret mon amour. Cela restera entre nous, je te le promets. ». Ses rires s’apaisant enfin, elle prit le temps de reprendre son souffle. Elle ne savait plus depuis quand elle avait ri aussi fort, aussi sincèrement. Probablement une de leurs dernières rencontres, mais elles commençaient à remonter. Saisissant ses mains pour quitter la baignoire à son tour, s’emmitouflant dans le peignoir qu’il lui tenait par galanterie, Dahlia vint déposer un baiser sur sa joue. « Je ne le ferais plus, si ça ne te plaît pas. ». Sa main vint glisser derrière sa chevelure immaculée, la replaçant derrière une de ses oreilles pointues. « Il n’y a rien au monde que j’apprécie plus que de te voir rire. J’ai été égoïste. ». Et elle ne le regrettait pas, tant qu’Eliëndir jouait manifestement la comédie.


    Prise au dépourvu autant par sa question que par la crème qu’il venait déposer sur son visage ébahi, elle resta immobile, la bouche entre ouverte durant quelques secondes. « Je… euh… ». Ses yeux se perdirent à nouveau dans les siens. « Violet. ». Ses mains vinrent saisir ses joues, faisant pénétrer les soins dans les pores de sa peau tiraillée, avant de venir faire de même sur le joli minois de son futur mari. Massant affectueusement ses joues qu’elle fut tentée de tirer pour le taquiner encore une fois, elle n’en fit cependant rien et se contenta de reprendre leur conversation, ses yeux s’illuminant en repensant à l’opportunité qu’il lui proposait. « Tu… Tu étais sérieux concernant l’atelier ? Je… J’aimerais. J’aimerais beaucoup. Vraiment. ». Si Dahlia était particulièrement discrète quant à ses passions, elle ne pouvait nier qu’avoir une pièce entière pour s’exercer à la peinture lui donnait des frissons. L’excitation montait considérablement, jusqu’à prendre possession de ses jambes alors qu’elle se mettait à trépigner sur le tapis de la salle de bain. « Tu n’auras même pas besoin de demander à ton personnel pour repeindre les murs, je pourrais le faire ! Pour la boutique aussi… ». Soudainement, ce n’était plus une simple option, mais une décision. Elle se projetait, enfin. « Pas besoin non plus d’aller chercher des meubles, j’ai tout ce qu’il me faut à l’orphelinat. Enfin, si le déménagement n’est pas trop compliqué, je ne voudrais pas surmener ton personnel. ». Venant croiser ses mains devant son bassin, la Fae tempéra son allégresse en respirant profondément. « Je… je ne voudrais pas me les mettre à dos à peine arrivée. ».


    Pour la plupart des nobles qui pouvaient se le permettre, être apprécié de ses domestiques n’était pas un critère important. Pour Dahlia qui avait toujours tout fait par elle-même, il s’agissait d’une mission de la plus haute importance. Sans doute qu’elle traînerait un peu trop dans leurs pattes en voulant leur venir en aide, quitte à leur voler leurs tâches respectives. Venant sécher les longueurs de sa chevelure dorée, la Fae vint se faufiler aux côtés d’Eliëndir pour se saisir de sa poudre fixatrice au fond de sa sacoche, venant repoudrer son teint après avoir remis une petite touche d’anti-cernes pour masquer sa fatigue. « Tu n’as pas pu voir mon nouveau bureau, maintenant que j’y pense. ». Une pointe de nostalgie et d’amertume dans la voix, Dahlia se retourna ensuite pour ranger ses affaires qui commençaient déjà à prendre une place monstre sur le lavabo. « J’ai une… amie, disons ça comme ça, qui a sans doute eu un peu pitié de mon mobilier. Je suis rentrée un jour et tout avait changé. Un nouveau fauteuil, avec mes propres initiales, pas celles de l’ancienne directrice, un bureau en chêne massif, un lit plus confortable… J’ai été gâtée. Mais ce dont j’aurais vraiment besoin ici, en dehors de ton joli minois que je ne compte plus laisser partir… ». Son regard erra sur la chambre qu’elle voyait à travers l’ouverture de la porte. « Une coiffeuse. Je ramènerai la mienne, je me sens un peu mal de me défaire de ces cadeaux. Et tu ne tiendras pas longtemps dans une salle de bain avec moi, j’ai tendance à m’étaler. ».


    Comme pour appuyer ses propos, elle vint éloigner son nécessaire de maquillage de la pièce après avoir gratifié l’Elfe d’un clin d’œil. Venant s’asseoir sur le rebord du lit, ses yeux se dirigèrent naturellement vers l’armoire qui la défiait. Au final, elle allait quand même porter du blanc. Hors de question de descendre dans le salon récupérer ses vêtements sales. Elle ne concevait tout simplement pas le fait d’apparaître débraillée aux côtés d’Eliëndir, encore moins pour une de leurs premières apparitions en public. Elle vint s’allonger sur le matelas, son dos douloureux lui rappelant son voyage éreintant et son refus de se modérer alors qu’elle venait à peine d’arriver. Grimaçant sous la souffrance qui s’emparait progressivement de ses muscles, Dahlia ferma les yeux durant quelques secondes, parlant tout haut à son bien-aimé qui comptait encore probablement prendre tout son temps pour se pomponner. « J’espère qu’Elmondo a compris que je n’attendais rien de trop exubérant. Ce n’est pas contre lui, mais les couturiers… Le dernier que j’ai côtoyé a décidé de n’en faire qu’à sa tête et… Cette soirée est importante pour moi. Je ne veux pas la gâcher en étant mal à l’aise, ou en te mettant mal à l’aise. ». Elle fit une petite pause dans son monologue, commençant sérieusement à somnoler. « Et puis on ne sait jamais, tu vas peut-être me faire une autre surprise ce soir. Je rêve un peu trop, je cro… ». Et sans prévenir, Morphée vint la cueillir, la prenant de vitesse. Lorsque l’Elfe sortirait enfin de la salle de bain, il la verrait complètement assoupie, recroquevillée sur elle-même, un oreiller entre les bras, sa chevelure encore trempée gouttant dans son dos. Dahlia dormait paisiblement, son instinct de survie constamment en éveil, trouvant également la paix qu’il méritait depuis des siècles.
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  • Dim 14 Mai - 14:05
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    L'Elfe ne dit rien et se contente de pincer le coin de ses lèvres pour laisser planer le doute. Dire qu'il a apprécié ce moment de faiblesse ne serait pas très exact mais le fait est qu'il n'avait pas entendu Dahlia rire aussi fort depuis bien longtemps. L'espace d'un instant, il a eu l'impression de redécouvrir une facette de Dahlia qu'il avait longtemps oubliée. Et ça l'a rendu profondément heureux de la voir dans cet état. Alors, si c'est pour entendre un rire ou revoir un sourire illuminer son visage, il concède volontiers de réitérer l'expérience autant de fois que nécessaire. Il se fend à nouveau d'un sourire, madame a parlé. Violet donc, ainsi soit-il. C'est assez curieux, même sans lui donner plus d'information que ça, il n'est pas vraiment surpris de sa réponse, va savoir pourquoi. Il se tourne légèrement face à elle et se laisse faire quand elle se met à masser son visage. Il peut lire son enthousiasme sur son visage, elle l'est tellement qu'elle se met à véritablement se projeter dans cette vie là peut-être pour la première fois depuis ce matin. Finalement, son idée de boutique semble la ravir plus qu'il ne l'aurait cru. Il secoue négativement la tête en se remettant face au miroir.

    « Ne t'en fais pas. Je vais organiser moi-même le déménagement de tes affaires de l'orphelinat une fois que j'aurais posté ta lettre. Le temps de tout récupérer et de faire le voyage jusqu'à Melorn, cela va sûrement prendre une à deux semaines, au moins. Il faudra être patient. Et bien sûr que je suis sérieux pour l'atelier. Tu choisiras la pièce qui te convient le mieux. »

    Eliëndir ne s'en fait pas beaucoup pour Dahlia vis-à-vis des quelques âmes qui vivent et travaillent sur son domaine. Le mage noir est souvent absent et même si c'est important pour lui de connaître chacune des personnes qui ont accès à sa maison, les relations restent globalement assez formelles. La Fae n'aura pas trop de mal à entamer la conversation avec les domestiques, il connaît assez bien Dahlia pour savoir qu'elle ne va pas rester là toute la journée à ne rien faire. Elle pourrait même se faire quelques amis dans le tas, qui sait. En dehors de Lamya, l'assistante d'Elmondo qu'elle vient à peine de rencontrer, la Fae ne connaît pas grand-monde en ville. Quoi que si elle devient la meilleure fleuriste de la ville, elle se fera facilement quelques connaissances. Dans le reflet du miroir, il vient capter à nouveau son regard pendant qu'elle lui parle de son bureau de l'orphelinat. La dernière fois qu'ils se sont vus à Liberty commence à remonter et effectivement, il n'a pas encore eu l'occasion de voir tous les changements.

    « C'est très généreux de la part de ton amie, ça a dû être une belle surprise. C'est bien que tu m'en parles, qu'on puisse s'adapter si tu as des meubles volumineux à ramener ici. Comme ton bureau et ton lit. Nous avons le mien maintenant mais ça pourrait servir pour une chambre d'amis, par exemple. »

    Finissant de se bichonner comme à son habitude, Eliëndir a sa petite routine très bien définie et il n'en change quasiment jamais sauf quand il est sur la route. Donc assez souvent, finalement. Il reste dans la salle de bain un peu plus longtemps que Dahlia, franchement rien d'inhabituel. Il sourit à son clin d'œil et la regarde passer dans la pièce d'à côté.

    « Ça ne me dérange pas, tu le sais. Mais c'est d'accord, on en profitera pour ramener ta coiffeuse pour que tu puisses ranger tes affaires et te faire belle en toutes circonstances. Même si tu l'es déjà au quotidien. »

    Ce n'est pas comme s'il pouvait lui refuser quoi que ce soit. Elle lui demanderait de vider les meubles de l'orphelinat sans rien laisser aux enfants, qu'il le ferait sans sourciller. Heureusement, elle ne fera jamais une telle demande et il n'aura donc pas à faire une chose aussi horrible. Il pousse légèrement la porte pour la laisser grande ouverte et entendre plus facilement ce que sa bien-aimée lui raconte de l'autre côté pendant qu'il finit de s'occuper de lui. Eliëndir a un petit haussement de sourcil face au miroir. Elmondo et "rien de trop exubérant" dans la même phrase, si seulement elle savait ce dont il est vraiment capable. Après mûre réflexion, peut-être qu'ils auraient dû aller voir un autre couturier justement un peu moins... "spécial". Eliëndir n'a jamais rien eu à redire là-dessus, il aime tout autant les vêtements sophistiqués qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Il déteste faire comme tout le monde et quand le mage noir apparaît quelque part, il aime tout simplement se sentir unique. En ça, Elmondo est le couturier parfait et il n'a encore jamais déçu Eliëndir. Néanmoins, Dahlia est très différente de lui à ce niveau-là. Cette Fae est l'élégance même tout en simplicité, c'est sûrement comme ça qu'il décrirait sa bien-aimée même s'il est aussi objectif que peut l'être un homme amoureux. Donc très peu.

    « C'est important pour moi aussi. Tu ne mettras pas mal à l'aise, jamais. Tout va bien se passer, je passerai voir Elmondo après avoir posté ta lettre. »

    Il tique un peu plus à sa dernière phrase, se mettant à étouffer un rire en tournant la tête en direction de la porte qui mène à la chambre. Il met quelques secondes à réagir, se dirigeant finalement vers la chambre une fois qu'il en a terminé ici. Un air moqueur sur le visage, il retourne voir la belle au bois dormant.

    « Ah... Alors, toutes mes attentions et même notre dîner en tête-à-tête ce soir, ce n'est pas assez pour madame qui veut encore autre chose ? Je te trouve bien exigea... »

    Il s'arrête dans sa phrase en posant ses yeux sur la Fae endormie. De toute évidence, il parlait dans le vide et comme il s'en doutait bien qu'elle essayait de le cacher, Dahlia était encore très fatiguée malgré sa dernière nuit de sommeil. Elle n'a plus d'obligation envers qui que ce soit maintenant, elle peut dormir autant qu'elle le souhaite. Approchant du lit, il récupère un second oreiller qu'il glisse délicatement sous sa tête en soulevant sa nuque d'une main. Elle sera bien plus confortable comme ça. Ensuite, il vient tirer les draps repliés au bout du lit pour la recouvrir totalement et qu'elle n'attrape pas froid pendant sa sieste. Ensuite, il s'approche des fenêtres et ferme quelques rideaux pour qu'une partie de la chambre soit plongée dans la pénombre. Il fait calmement le tour de la pièce pour aller près du petit bureau en boit où il récupère la lettre que Dahlia a écrite plus tôt dans la journée. Plutôt que d'ouvrir l'armoire et faire du bruit pour s'habiller, l'Elfe se faufile discrètement en fermant la porte derrière lui pour laisser la Fae dormir. Il descend au rez-de-chaussée et récupère leurs affaires éparpillées un peu partout dans le salon. Il enfile sa tenue sombre et plie les vêtements de Dahlia qu'il laisse soigneusement sur une chaise en attendant son retour. Il passe un dernier coup de peigne dans ses cheveux humides en retirant la serviette qui les maintenaient en place. Sa crinière finira de sécher au soleil et il a au moins quelques heures devant lui jusqu'au réveil de sa belle.

    En ville, Eliëndir commence par passer au bureau de poste le plus proche et déposer la lettre de Dahlia à l'attention de son orphelinat à Liberty. Il n'y a plus qu'à mandater quelques déménageurs pour récupérer les affaires de la Fae. D'ailleurs, Eliëndir décide de rendre visite à Yéléna pendant qu'il en a le temps. Il ne comptait pas "travailler" aujourd'hui d'autant plus que sa conseillère gère très bien les affaires sans lui mais en plus d'organiser le déménagement, le mage noir a des affaires à régler à Liberty. Il disparaît en ville comme un fantôme qui ne laisse aucune trace derrière lui et fait irruption sans prévenir dans le bureau de la blonde balafrée.

    « Tu donnais plus de nouvelles, je commençais à m'inquiéter. Mais j'ai cru comprendre que tu étais en bonne compagnie, aujourd'hui. »

    Eliëndir est au courant de tout ou presque, dans la ville. Mais l'information passe inévitablement par Yéléna avant d'arriver à ses oreilles. Donc ce qui est vrai pour lui, est aussi vrai pour elle.

    « Le Masque. C'est une figure de la pègre en République, à Liberty.  »

    « Qu'est-ce qu'ils ont tous avec leurs surnoms à la con ? »

    « Renseigne-toi, je veux tout savoir sur lui. Son réseau, son influence, sa véritable identité. Il y a quelqu'un d'autre, une certaine Ssisska. Pareil, je veux tout savoir. C'est important, Yéléna. »

    « Tu me le demanderais pas, si ce n'était pas le cas. Je m'en occupe. »

    Il comptait se tenir loin de la pègre pendant au moins quelques jours, voilà qui est raté. Les affaires n'attendent pas et il ne peut tout simplement pas se permettre de disparaître du jour au lendemain sans prévenir. Il a des obligations et pas seulement envers Yéléna, il va devoir jongler entre ses engagements et ses retrouvailles avec Dahlia. Le mage noir disparaît pendant une bonne partie de la fin d'après-midi. En fin de journée, il retourne à l'atelier d'Elmondo pour embêter le couturier et son assistante. Il s'en doutait déjà, mais Elmondo a aussitôt changé l'ordre de ses priorités sans pour autant délaisser ses autres commandes puisqu'il est capable de travailler sur plusieurs vêtements en même temps. Il s'est particulièrement concentré sur la confection de la robe de Dahlia qui, quand il est arrivé, était déjà presque terminée. Elmondo était déjà sur les dernières retouches et les derniers détails de sa dernière création.

    Rien de trop compliqué, c'était le mot d'ordre. Vérifiant ce qu'il en est de la robe elle-même en imaginant la Fae la porter, il peut dire que la robe est absolument magnifique. C'est une prouesse surhumaine surtout en si peu de temps. Pas assez sophistiquée à son goût et peut-être un peu trop pour Dahlia, quoi qu'Elmondo a vraisemblablement fait quelques efforts pour se limiter dans sa créativité. Elle va plaire à Dahlia, il en est convaincu. Une fois emballée, il récupère la robe et quitte l'atelier pour se mettre sur le retour avant que la nuit n'apparaisse dans le ciel de Melorn. Il rentre chez lui sans faire de détour et il a très hâte de lui montrer sa robe pour ce soir. Eliëndir met à chercher Dahlia dans la maison et il se dirigera vers la chambre à coucher s'il ne la trouve nulle part. Peut-être qu'elle est déjà réveillée ou peut-être qu'elle dort toujours, ce qui n'aurait rien de très étonnant au vu de la vitesse à laquelle elle s'est endormie tout à l'heure.

    « Je suis passé voir Elmondo pour récupérer ta robe et j'en ai profité pour poster ta lettre, j'espère que ça ne te dérange pas. Tu as réussi à te reposer ? »

    CENDRES
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  • Mar 16 Mai - 0:17
    Exténuée autant psychologiquement que physiquement, Dahlia se délectait de ce repos bien mérité, de cette sieste agréable l’ayant saisie par surprise alors qu’elle était simplement venue s’allonger en attendant qu’Eliëndir ait terminé dans la salle de bain. Une conséquence de ses actes qu’elle ne connaissait que trop bien, ne comptant plus le nombre de fois où ses jambes avaient cédées à la simple vue d’un matelas douillet sur lequel se poser, le contrecoup des siècles d’un travail éreintant et d’un manque cruel de vacances, les séquelles d’une vie de lutte acharnée autant contre le monde que contre sa propre personne. Confortablement installée dans la pénombre, recouverte des draps soigneusement posés ses frêles épaules, sa respiration était si lente qu’on aurait pu se demander si elle vivait encore, son ventre se soulevant à peine sous ses inspirations. Parfaitement immobile, la Fae semblait enfin jouir d’une quiétude tant attendue, d’une sérénité qu’elle n’avait jamais pu atteindre. Pourtant, ses traits se muaient progressivement en une grimace, contrastant avec l’air apaisé qu’elle arborait quelques instants plus tôt. Un cauchemar, encore et toujours.


    Si Dahlia pouvait réprimer la culpabilité qui la rongeait le jour, elle se retrouvait les mains liées lorsque la nuit tombait et que Morphée la saisissait dans une douce étreinte. Son subconscient gagnait à chaque fois, ignorant les barrières que la Fae mettait entre lui et son esprit torturé, les franchissant même avec aisance. À une époque, la jeune femme avait même désiré ne plus jamais dormir pour ne plus l’affronter, subissant le contrecoup de plusieurs nuits blanches avant de s’effondrer de fatigue devant son assistante. Depuis ce jour, son personnel s’était assuré de son sommeil en effectuant des rondes régulières pour vérifier qu’elle ne se promenait pas dans les couloirs. Une tentative honorable, mais peu efficace. Au lieu de se balader dans son établissement, elle restait parfaitement immobile sous sa couette, fixant le plafond abimé de sa chambre, sombrant peu à peu dans la folie. Remuant un peu plus dans son sommeil, le cauchemar sembla s’intensifier. Ce qui ne dura que quelques secondes pour la Fae s’éternisa sur une petite heure dans la réalité, lui donnant au moins la possibilité de se reposer physiquement.


    Dans un sursaut et un cri de surprise, elle rouvrit les yeux, se redressant instantanément sur ses mains, essoufflée. Regardant d’un bout à l’autre de la chambre qu’elle distinguait vaguement dans l’obscurité, elle fit glisser ses doigts sur son cou pour y sentir les battements effrénés de son cœur qui peinait à se calmer. Prenant une grande inspiration, elle se mit instinctivement à chercher l’Elfe auprès d’elle, sans le trouver. Il ne se trouvait ni dans la chambre, ni dans la salle de bain adjacente. Dahlia se leva après avoir repris possession de ses moyens, vagabondant pieds nus dans cette demeure qui était maintenant la sienne, ouvrant porte après porte dans l’espoir de tomber sur Eliëndir. Mais peu importe son avancée dans le labyrinthe, dans ce dédale qu’elle reconnaissait à peine, il n’était tout simplement plus là. Un élan de lucidité la traversa, la poussant à vouloir utiliser sa télépathie pour lui demander où il se trouvait. Une solution simple à son problème, pourtant… elle n’en fit rien. Par peur d’être trop envahissante, de s’immiscer dans son jardin secret qu’il méritait de conserver coûte que coûte. Mais également par confiance. Il ne serait pas parti sans rien dire, en l’abandonnant ici. Il la connaissait trop. Secouant la tête pour en sortir ses idées sordides, elle poursuivit son exploration, passant d’une pièce à l’autre avec une curiosité non dissimulée.


    La tentation de fouiller dans ses affaires était forte, et il fut difficile de ne point y céder. Peu observatrice, Dahlia n’avait même pas remarqué l’absence de sa lettre sur le bureau, à ce titre, elle continuait à se demander ce que l’Elfe pouvait bien mijoter en dehors de ses murs. À cet instant précis, une révélation apparut dans son esprit et elle fit machine arrière, dévalant les escaliers à une vitesse folle, sans doute bien irraisonnable au vu de son état. Une fois en bas, elle se précipita dans la cuisine, attrapant tous les ingrédients dont elle avait besoin. Selon ses calculs, il ne lui faudrait qu’une quarantaine de minutes pour terminer sa préparation. Une estimation optimiste, certes, mais après tout, elle s’était entraînée depuis plusieurs années. Les différentes étapes lui paraissaient presque naturelles à ce stade. Monopolisant entièrement la pièce, s’étalant sur le comptoir, la Fae entama la confection du fraisier, encore simplement vêtue d’un peignoir. Une fois la crème et le sirop réalisé, elle vint croiser les bras devant sa poitrine, avalant sa salive devant la partie qu’elle détestait le plus : la génoise. Si elle la loupait, le reste n’aurait servi à rien. S’appliquant tout particulièrement, elle poursuivit sa préparation avec minutie, l’enfournant une dizaine de minutes dans le four avant de la ressortir et de la garnir de fraise. Passant un bras sur son front, réalisant par la même occasion qu’il était couvert de farine, ignorant tout de la façon dont celle-ci avait pu arriver là, elle laissa reposer le fraisier au frais, loin des yeux et du ventre curieux de son bien-aimé qui ne tarderait point. Il n’y avait plus qu’à espérer que cela soit mangeable.


    Venant s’asseoir sagement sur un des fauteuils du salon, son carnet de notes en main, elle attendit tranquillement le retour de l’Elfe en organisant ses croquis, en jetant certains dans une corbeille non loin. Des gribouillis qui ne lui plaisaient guère, des idées qui n’étaient jamais devenues plus de simples concepts. La vie d’artiste avait son lot de désagréments, toutefois malgré les aléas de la vie, Dahlia n’avait jamais cessé de peindre. Elle entendit la porte s’ouvrir à sa droite et se releva en vitesse, replaçant une mèche de sa chevelure dorée derrière son oreille, observant la silhouette de l’élu de son cœur franchir l’entrée de sa demeure. Son visage s’illumina d’un sourire tandis qu’elle avançait doucement vers lui, venant se glisser dans ses bras avant de déposer un baiser sur sa joue. « Tu n’étais pas censé ne plus partir, toi ? Je m’endors malencontreusement et quand je rouvre les yeux, tu as disparu. ». L’air faussement blessée par son abandon, ses deux mains croisées sur son cœur meurtri par son absence d’une longueur exceptionnelle, la Fae redirigea ensuite son regard sur la robe emballée qu’il tient sous un bras. Lui prenant délicatement, elle s’éloigna momentanément, filant se cacher dans une autre pièce. « Je reviens, juste le temps de l’enfiler pour voir si elle me va. ». Ce n’était pas tant par pudeur que par volonté de créer un effet de surprise. Elle disparut durant quelques minutes, s’assurant face à un miroir que tout tombait correctement, subjuguée un instant par la qualité des coutures et par cette coupe qui lui allait presque parfaitement. Presque, car le couturier n’avait pas eu l’occasion de prendre ses mesures. Une fois apprêtée, elle passa sa tête par l’encadrure de la porte, sortant lentement de sa cachette, ses ailes déployées dans son dos nu. S’arrêtant nerveusement à quelques mètres d’Eliëndir, peu habituée à porter des vêtements de ce genre, elle se mit à rougir, le regard fuyant. « Ça… Ça va ? Je n’ai pas l’air trop… bizarre, là-dedans ? C’est… C’est plus… Comment dire… ». Les mots lui manquaient. La robe lui plaisait, mais tranchait complètement avec le reste sa garde-robe. « Enfin… Si.. Si ça te plaît, c'est tout ce qui compte. ».

    Robe:
    Invité
    Invité
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  • Mar 16 Mai - 22:42
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    Eliëndir s'est absenté un peu plus que nécessaire. Les affaires, pour dire ça simplement. Eliëndir est parfois du genre insaisissable alors quand Yéléna a eu l'occasion de mettre la main dessus, elle n'a pas hésité un seul instant et l'a embarqué de force pendant une partie de l'après-midi. Une ou deux heures, pas plus mais suffisamment longtemps pour faire attendre Dahlia. Quoi qu'il semblerait qu'elle ait fait bon usage de son temps libre en attendant qu'il rentre. La Fae s'extirpe de justesse de ses mauvais songes, se réveillant seule dans une maison beaucoup trop vide et qui manque cruellement de vie, pour le moment. Ici, il n'y a personne pour lui causer du tort et il n'y a sûrement pas d'endroit plus sûr dans toute la ville. Du moins, tant qu'Eliëndir est dans les parages ce qui n'est pas le cas actuellement. Elle se met donc à déambuler pieds nus dans sa nouvelle demeure et comme le mage noir l'a précisé un peu plus tôt, il n'a pas encore trouvé une utilité à toutes les pièces et certaines sont encore complètement vides.

    En réalité, la maison est agencée de manière assez simpliste. Elle tient sur deux étages et le rez-de-chaussée qui regroupe essentiellement l'entrée, un grand salon que les deux amants connaissent bien maintenant, un deuxième salon plus privé, une cuisine avec une salle à manger et quelques pièces de vie dédiés au personnel pour l'entretien de la maison. Au premier étage se trouve la chambre à coucher ainsi que la salle de bain, une seconde chambre d'amie avec une seconde salle de bain, quelques pièces vides évidemment mais surtout un second salon plus petit et plus privé directement relié à une pièce bien plus grande où le maître de maison a installé ses nombreuses bibliothèques remplies de livres en tout genre. Certaines s'élèvent même jusqu'au plafond et il faut une petite échelle en bois pour atteindre le sommet et récupérer un livre. Tous ne traitent pas du domaine de la magie mais tout de même une bonne majorité et tous les livres sont astucieusement triés par genre et catégorie car Eliëndir est un maniaque qui aime quand tout est bien rangé à sa place. Si Dahlia s'y intéresse un peu plus, elle y retrouve énormément de sujets d'études de son temps à l'académie, des livres sur la magie, des romans policiers, de romances, historiques, d'aventures. Des biographies, des épopées, des témoignages et bien d'autres. Bref, bien trop de lecture pour une vie humaine mais largement assez pour un Elfe, ou une Fae, de quatre siècles d'existence. Alors oui, juste au cas où il y aurait encore un doute, Eliëndir aime beaucoup lire.

    Le deuxième étage est bien moins spacieux et Eliëndir y monopolise quasiment toute la place. Il sert de grenier mais pas uniquement. Il y a notamment installé son bureau dont la fenêtre lui offre une vue imprenable sur une large partie de son domaine, des jardins fleuris aux vignobles un peu plus loin. On y trouve aussi un genre de laboratoire presque neuf d'ailleurs qui visiblement n'a pas encore beaucoup servi. Rien d'extravagant ou de suspect, simplement un atelier où Eliëndir peut se pencher tranquillement sur ses différents travaux bien qu'il n'en ait pas eu le temps récemment. Il y a une autre pièce qui elle par contre, est un peu plus surprenante. Il s'agit d'une forge. Tout à fait modeste honnêtement, il y a tout juste le strict minimum à savoir un large four avec un soufflet, une fonderie, une cheminée, une enclume, un établi et un bac que l'on peut sûrement remplir d'eau. Tout est encore assez récent et cette pièce non plus n'a pas été souvent utilisée pour le moment, mais on peut facilement dire que cette pièce dénote sensiblement du reste de la maison comme elle n'avait rien à faire là. Ce qui n'est pas totalement faux, Eliëndir n'a jamais été forgeron.

    Absolument toutes les pièces, même le bureau d'Eliëndir, sont accessibles pour la Fae qui décide malgré tout de ne pas mettre son nez potentiellement là où elle ne devrait pas. Une fois la visite de son nouveau lieu de vie terminée, Dahlia n'aura aucun mal à trouver tout ce qu'il lui faut dans la cuisine pour la confection de son fraisier et Eliëndir ne rentrera que peu de temps après sans se douter de quoi que ce soit. Il n'a pas eu à monter les escaliers puisqu'il retrouve sa bien-aimée qui l'attend déjà dans le salon, un sourire apparaît sur son visage face au sien. Il s'empresse de l'enlacer entre ses bras comme s'ils ne s'étaient pas vu de toute la journée alors que ça ne fait que quelques heures, à peine.

    « C'est vrai, mais tu n'étais pas là pour m'empêcher de partir. Tu étais très fatiguée et honnêtement je pensais que tu allais dormir un peu plus longtemps alors je me suis un peu éternisé, excuse-moi. J'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps. »

    Il dépose un baiser sur son front pour se faire pardonner de son absence plus longue que prévue. Toutefois, bien moins longue que les précédentes où il a disparu pendant des mois voire des années. Il lui laisse le soin de récupérer la robe qui de toute façon lui appartient et acquiesce de la tête quand elle part se changer dans une autre pièce. En attendant, il s'installe calmement sur le canapé en joignant les mains devant, le regard tourné vers une fenêtre qui laisse encore passer les dernières lueurs de la journée. D'ailleurs, il y pense mais il va devoir (encore) changer de tenue pour ce soir. Il se met à réfléchir à ce qu'il va bien pouvoir porter, ce n'est pas le choix qui manque et pourtant il est incapable de se décider pour le moment. Il remet sa réflexion à plus tard quand Dahlia revient dans la somptueuse robe que lui a faite Elmondo. Il lève les yeux vers l'élue de son cœur et il s'arrête un moment pour contempler sa beauté de haut en bas, puis de bas en haut. Il n'a pas la surprise de voir la robe pour la première fois néanmoins, Dahlia est encore plus belle que tout ce qu'il pouvait imaginer. Il s'appuie sur un coussin pour se relever et prendre délicatement la main de la Fae dans la sienne.

    « Mon amour, tu es resplendissante. »

    Il lève lentement leurs mains au-dessus de leur tête pour gentiment faire tourner la Fae sur elle-même, profitant de l'occasion pour la regarder sous toutes les coutures et constater avec un sourire aux lèvres que le dos de la robe n'entrave aucunement ses ailes.

    « Non, tu es parfaite. Je vais faire pâle figure à côté de toi. »

    Il le pense vraiment, sa principale angoisse maintenant est de pouvoir être à sa hauteur ce soir sans faire tâche dans le paysage. Il joint ses doigts dans les interstices des siens, posant sa main libre sur sa joue avant de déposer un baiser sur ses lèvres.

    « Ce que je veux savoir c'est si elle te plait à toi ? Elle ne te gêne pas pour marcher ? D'ailleurs, dis-moi s'il y a quelque chose à changer sur la robe. Elmondo peut faire quelques retouches si nécessaires pour que tu sois vraiment à l'aise dedans. Mais elle te va déjà à ravir. »

    Sans lâcher sa main, il l'emmène à l'étage avec lui pour qu'Eliëndir puisse se préparer à son tour sans être à la bourre. Rien ne presse mais le temps qu'il prend d'habitude pour se préparer et se faire beau, il sera déjà l'heure d'aller dîner. Faisant particulièrement attention dans les escaliers pour ne pas marcher sur sa robe ou qu'elle se coince quelque part, ce serait vraiment très malencontreux alors que Dahlia vient de la recevoir. Dans la chambre, il amène la Fae face au miroir sur pied d'abord pour qu'elle puisse s'admirer convenablement mais pas uniquement. Dans un tiroir discret d'une petite commode en bois, il récupère une boite à bijoux rectangulaire qu'il ouvre en farfouillant un peu dedans. Ensuite, il se glisse dans le dos de la Fae pour placer deux petits anneaux dorés à côté de chacune de ses oreilles.

    « Qu'est-ce que tu en penses ? Tu aimes ? Tu peux regarder dans la boîte si tu préfères quelque chose d'autre. »

    Eliëndir a son lot de vêtements mais aussi de joaillerie. L'un ne va pas sans l'autre en réalité et même si la robe de Dahlia est absolument magnifique, elle le serait davantage en étant bien accompagnée. Si les bijoux proposés ne sont pas à son goût, Eliëndir en a une petite panoplie dans la boîte qu'il vient tout juste de sortir. Alors après lui avoir déposé un baiser sur la joue, il la laisse choisir elle-même ce qu'elle veut porter. Ou ne rien choisir du tout d'ailleurs, au final c'est elle qui décide.

    Juste à côté, il ouvre son armoire et il est parti pour un bon moment à réfléchir à ses vêtements de ce soir comme s'il n'avait pas de plus gros problème dans la vie. Non, ce soir il n'a aucun autre problème. Il doit être beau, non pas pour lui ou même pour le regard des autres, ce qui est assez rare pour le souligner. Il doit l'être aux yeux de Dahlia et uniquement pour elle. Il prend quelques vêtements qu'il regarde un moment avant de les remettre minutieusement à leurs places. Puis il en prend d'autres et il fait ça pendant un moment avant d'enfin réussir à se décider, un air convaincu sur le visage en déposant quelques vêtements sur le lit.

    « Et si on allait au théâtre ? Pas ce soir, mais dans la semaine pourquoi pas. Il y a une troupe de Kyouji de passage dans la ville, on m'en a dit beaucoup de bien. »

    Retirant ses vêtements pendant qu'il parle pour se changer et enfiler des vêtements propres et spécialement sélectionnés pour l'occasion. Une soirée mais pas n'importe laquelle, celle de leurs retrouvailles et officiellement la première de leur nouvelle vie ensemble. C'est important de marquer le coup et Eliëndir a déjà tout prévu. Dahlia ne le sait pas encore mais une diligence les attend déjà devant le portail. Violet étant le code couleur imposé par madame alors il opte pour quelques pièces sombres aux reflets mauves qui font échos à la couleur de ses deux iris. Il aurait préféré quelque chose d'un peu plus clair pour être assorti avec sa bien-aimée mais comme ça Dahlia prendra un peu plus la lumière que lui et ce n'est pas plus mal finalement. Une Fae aux ailes déployées et à la large robe entièrement immaculée, ce n'est pas comme s'il pouvait concurrencer. Ce soir, Eliëndir se contentera d'être son cavalier discret et serviable pendant que Dahlia prend le premier rôle.

    Tenue:

    « Comment tu me trouves ? Tu penses que je devrais attacher mes cheveux ? »

    Dit-il en se retournant complètement face à Dahlia, serrant légèrement un lien au niveau de son buste puis enfilant une paire de gants blanches.

    CENDRES
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  • Mer 17 Mai - 22:12
    Les mains croisées devant son bassin, remuant nerveusement sous l’appréhension qui la travaillait, Dahlia regardait le plancher. Le rouge qui ornait ses joues ne faisait que s’accentuer sous la tension qui s’emparait d’elle, incapable de soutenir le regard de son bien-aimé. Tout devenait si réel, si palpable. Ce qui ne pouvait être que des promesses, des mots en l’air, se concrétisait rapidement et son cœur peinait à tenir la cadence. N’était-ce pas ce qu’elle voulait, passer l’éternité avec lui, devenir une femme qu’il serait fier d’avoir à ses côtés ? Elle ne doutait guère de ses sentiments, encore moins de son souhait de se réveiller chaque jour en pouvant admirer ce visage sublime qui hantait ses songes. Alors d’où venait cette sensation étrange de ne pas être à sa place, d’être de trop dans ce tableau que l’Elfe peignait avec ardeur, cette vie à deux qui l’enchantait ? Prenant une grande inspiration, elle reprit pied avec la réalité lorsque sa main s’empara de la sienne et qu’il la gratifia d’un doux compliment avant de la faire tourner sur elle-même. Un sourire timide étira ses traits, tandis qu’elle caressait affectueusement le dos de la main d’Eliëndir avec son pouce. « Tu es unique et irremplaçable. Je ne saurais pas te voler la vedette, même si je le voulais. ». Ses yeux brillaient, la Fae se laissant hypnotiser par ses iris violacés qui la désarmaient, qui savaient manier ses émotions avec brio.


    Elle hésita durant quelques secondes quant à la façon de formuler la réponse qu’il attendait. La robe était objectivement magnifique, un petit bijou sous toutes ses coutures, une coupe parfaite, un tissu de grande qualité… Elle ne pouvait nier l’expertise d’Elmondo, sa manière de voir le monde qui se ressentait dans chaque pliage, dans la moindre fioriture qu’il avait ajouté autour de ses épaules. Toujours un peu intimidée, Dahlia se contenta de bredouiller, ne sachant plus sur quel pied danser. « Elle… Elle est très belle. C’est… C’est juste que je n’ai pas l’habitude de m’habiller de la sorte. C’est bien plus élaboré que ce que je porte d’ordinaire, mais tu me connais si bien que cela ne doit pas réellement te surprendre. ». Et il ne devait pas non plus être surpris de constater que sa future femme éprouvait de réelles difficultés à sortir de sa zone de confort. Tout ce voyage, ce déménagement, la rendait malgré elle profondément mal à l’aise, et il lui faudrait plus de temps que de raison pour se faire à Melorn. En espérant que Melorn accepte également de se faire à elle. « Je comprends pourquoi tu es un client fidèle et… ça me plaît. Je ne veux pas que tu en doutes, c’est vraiment sublime. Simplement, c'est... Exceptionnel. Il n’y a rien à changer, je m’y sens bien. Je vais juste devoir faire attention là où je marche, mais ça ne me fera pas de mal d’être un peu plus attentive. ». Attrapant le voile qui descendait jusqu’à ses chevilles, elle le suivit doucement dans les escaliers, s’assurant elle-aussi de ne pas marcher sur la petite traîne qui lui chatouillait les mollets.


    Une fois devant le miroir, son sentiment de gêne refit surface, entremêlé dans le bonheur incommensurable qu’elle ressentait alors que ses yeux se dirigeaient naturellement sur Eliëndir. Dans cette glace, elle ne voyait que lui, son sourire radieux, sa chevelure immaculée qui retombait élégamment sur ses épaules, ses traits fins. C’est à peine si elle l’entendit lui proposer de se parer de quelques-uns de ses bijoux tant elle était perdue dans son admiration maladive qui frôlait l’obsession. Quant à savoir si elle appréciait la joaillerie, c’était encore une question à laquelle elle n’avait pas de réponse. Trifouillant avec curiosité dans sa boîte à bijoux, elle n’y trouva guère son bonheur et s’empressa de rassurer le jeune homme, comme si elle craignait de l’offenser en refusant son offre. « Ce… Ce n’est pas contre toi, c’est juste que je ne porte rien de tel à l’orphelinat, c’est... enfin, c'était particulièrement risqué avec les enfants... ». Plongeant sa main dans sa sacoche qui pendait à une chaise, elle s’empara d’un collier de perles rosées, en quartz rose, qu’elle passa rapidement dans son cou, faisant l’impasse sur les boucles d’oreilles que l’Elfe lui avait proposées. « C’est la seule pièce que je possède, ça appartenait à ma mère. Si ça ne t’embête pas, je pense que je vais le porter ce soir. ». Observant son reflet durant quelques secondes, elle constata avec soulagement que cela ne détonnait pas trop avec sa nouvelle robe. La pièce était bien plus sentimentale que l’Elfe pouvait l’imaginer, et c’était la première fois que Dahlia acceptait de la sortir de son étui. Durant des siècles, elle l’avait gardée, toujours à ses côtés, sans s’en sentir digne. Le monde changeait, et elle aussi.


    Une fois apprêtée, Dahlia se dirigea à nouveau dans la salle de bain pour rafraîchir son maquillage et sa coiffure qui en avaient bien besoin après sa sieste, réfléchissant à la proposition de l’élu de son cœur. « Pourquoi pas. Je me suis déjà rendue quelques fois au théâtre à Liberty, mais je n’ai jamais eu l’occasion de voir une troupe de Kyouji, Je m’en souviendrais, si c’était le cas. ». Passant une brosse dans ses boucles dorées pour les détendre, elle poursuivit. « Tu as dû voir énormément de pièces différentes en voyageant, je suis un peu jalouse. ». Puis, elle passa sa tête dans l’embrasure de la porte, un sourire narquois sur le visage. « Peut-être que je te demanderais d’en jouer une pour moi pour me donner une idée de ce que ça donne. ». Rien qu’à s’imaginer l’Elfe tenter d’égaler le talent de comédiens surentraînés, elle ne put s’empêcher de rire. Sortant enfin de la pièce en s’aspergeant de parfum, elle s’arrêta devant l’Elfe qui la toisait en terminant de s’habiller. Restant interdite durant de longues secondes, la Fae s’approcha silencieusement de son bien-aimé, la bouche entre ouverte, subjuguée par le spectacle qu’il lui offrait, par sa beauté et son élégance qui la faisait chavirer. Eliëndir avait l’art et la façon de s’approprier une pièce dès qu’il y mettait les pieds, de faire résonner le monde à chacun de ses pas. Un charisme que Dahlia ne lui enviait guère, appréciant de pouvoir rester tapie dans l’ombre, contemplant sa silhouette, ses gestes méticuleusement calculés, cette douceur qui se dégageait de ses améthystes qui l’hypnotisaient… Un frisson parcourut son épiderme alors qu’elle arrivait enfin à son niveau, passant ses bras sur ses côtes, l’enserrant dans une tendre étreinte. « Tu es le plus bel être du Sekai, Eliëndir. ». Les yeux brillants, elle fit glisser ses doigts dans sa crinière blanche, enroulant quelques mèches dans ses interstices avant de déposer un baiser sur ses lèvres qui lui manquaient terriblement. « Tu es magnifique, tu n’imagines pas à quel point je me sens chanceuse de pouvoir être à tes côtés. ».


    S’emparant de sa chevelure, elle vint la resserrer dans son dos pour lui faire une queue de cheval improvisée avant de les relâcher sur ses épaules, hésitante. « Je les préfère lâchés, mais je comprendrais que tu veuilles les attacher. Ce n’est pas très pratique au restaurant, j’en conviens. ». Elle vint s’asseoir sagement sur le bord du lit en attendant qu’Eliëndir ait terminé de se préparer, sans autre occupation que de l’admirer, de la racine de ses cheveux au bout de ses pieds, s’enivrant de sa présence si particulière, si unique. Quand il eut terminé, elle lui reprit la main, s’engageant à nouveau dans les escaliers à tâtons, bien plus effrayée par la descente que la montée dans sa robe. Un pied après l’autre, délicatement, elle arriva enfin en bas des marches et s’approcha de la poignée de la porte pour l’enclencher. Sa main s’arrêta sur cette dernière, tremblante. Ils y étaient enfin. Leur première sortie officielle, en public. Elle allait rencontrer des proches de l’Elfe, comprendre le quotidien qu’il menait dans la cité elfique, partager un bout de vie bien trop court à son goût avec lui. Ses craintes voulaient ressurgir, toutefois elle ne se laissa guère le choix que d’avancer. Dahlia en avait marre de fuir. Poussant sur la poignée, elle ouvrit la porte et s’arrêta net, battant des ailes sous la stupéfaction de trouver une diligence juste devant l’entrée. « Tu n’as pas… Enfin… Tu… Quand est-ce que… ». L’envie de souligner le fait qu’elle pouvait encore marcher malgré la fatigue la titilla, mais elle n’en fit rien, décidant de faire preuve de gratitude à la place. « Merci. Tu es vraiment un ange. ». Après avoir salué poliment le cocher et flatté le crin des chevaux sans pouvoir retenir une certaine excitation face aux animaux, elle s’engouffra dans leur carrosse. Une fois assise, Dahlia posa sa tête sur l’épaule d’Eliëndir en saisissant son bras après avoir entrelacé leurs doigts. Les yeux fermés, elle savoura son contact si précieux, souhaitant que cet instant soit gravé dans le marbre et ne s’arrête jamais…
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  • Jeu 18 Mai - 22:18
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    Si la robe lui plaît alors c'est le principal et c'est amplement suffisant pour Eliëndir. La Fae avait son quotidien en République et ses habitudes dont certaines ont la vie dure. Eliëndir n'est pas non plus habitué à la voir apprêter de la sorte mais c'est loin d'être pour lui déplaire. Une robe exceptionnelle pour une femme d'exception et personne d'autre ne la porterait mieux qu'elle tout simplement parce que la robe est faite pour elle. Néanmoins, Dahlia voulait peut-être quelque chose qu'elle puisse porter simplement dans la journée. Elle n'est peut-être pas tout à fait adaptée à toutes les tâches du quotidien mais elle est parfaite pour les grandes occasions, comme celle de ce soir. Face au miroir, il acquiesce simplement de la tête en direction de la Fae pendant qu'il est occupé avec le choix très difficile des vêtements qu'il va porter ce soir. Bien loin de se formaliser pour si peu, il savait déjà que son goût pour les ornements n'était pas particulièrement partagé par sa bien-aimée. À présent, elle n'a plus à se soucier des gestes maladroits des enfants de l'orphelinat. Elle est libre de porter ce qu'elle veut, quand elle le veut mais c'est sûrement encore un peu tôt. Cela viendra avec le temps et Eliëndir est doué pour déteindre sur les autres.

    Tirant un pantalon de l'armoire, il pose les yeux sur le collier de perle que Dahlia sort de ses affaires. C'est sûrement la première fois qu'il le voit alors quand elle l'enfile autour de son cou, l'Elfe vient se glisser dans son dos pour l'observer à son tour dans le reflet du miroir. Il reste contemplatif pendant quelques secondes, se doutant que le collier lui tient sincèrement à cœur puisqu'il appartenait à sa mère. Peut-être l'une des dernières reliques qui la relie encore à elle, un dernier souvenir de Mariette. Il vient délicatement caresser sa nuque d'une main en déposant un baiser dans ses cheveux blonds juste avant de revenir croiser son regard.

    « Il est magnifique. Ta mère serait très fière de te voir le porter. »

    Finalement, Dahlia n'aurait pas pu faire un choix plus judicieux parmi toute sa collection personnelle. Alors bien sûr que non, ça ne l'embête pas bien au contraire. Elle est tout simplement parfaite à ses yeux et ce dans toutes les circonstances. La Fae s'échappe dans la salle de bain et Eliëndir en profite pour finir de s'apprêter de son côté de la chambre. Il n'a pas tant profité que ça des quelques divertissements qui s'offraient à lui pendant ses nombreux voyages, pas autant qu'il l'aurait voulu du moins. C'est un peu moins excitant d'en profiter seul alors qu'il pourrait partager un moment avec sa bien-aimée, par exemple. Il a toujours apprécié les concerts de certains orchestres, la musique a quelque chose d'apaisant sur lui mais cela n'égale en rien son amour pour le théâtre. Plus que l'histoire de la pièce en elle-même, c'est le jeu des comédiens qui l'intéresse tout particulièrement. Il a une véritable admiration pour l'art de jouer un rôle. Il s'y reconnaît bien plus là-dedans que dans la musique ou la peinture, par exemple. En fait, il y a beaucoup réfléchi et s'il n'avait étudié la magie, il aurait sûrement fait un acteur vraiment très talentueux sur scène. Vivre sur les routes et de chacune des représentations de sa troupe. C'est une vie simple qui aurait pu lui plaire, dans d'autres circonstances.

    Alors il se contente de sourire au commentaire de Dahlia. Difficile pour elle d'imaginer à quel point il est doué pour jouer un rôle, pour mentir aux autres. C'est quelque chose qu'Eliëndir n'a jamais eu à faire avec Dahlia ou seulement dans une moindre mesure mais toujours à contrecœur.

    « Je pourrais te surprendre, tu sais. J'ai eu l'occasion d'en voir quelques-unes, c'est vrai. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une jeune troupe qui a de l'avenir, ils font déjà un peu parler d'eux au sein de l'Empire. J'ai pensé que ça te ferait plaisir. »

    Dans la semaine ou une autre fois, ce n'est pas les occasions qui manqueront à l'avenir. Finissant de s'habiller toujours dans un style très Mélornois qui décidément lui colle à la peau bien qu'il lui arrive régulièrement d'adopter les vêtements d'usage en République ou au Reike, pour changer un peu. Il n'est jamais aussi lui-même que dans des vêtements légers et traditionnels de sa propre culture. Plus que de satisfaire ses propres caprices, l'avis de Dahlia est tout aussi important pour lui si ce n'est plus. Il reporte pleinement son attention sur la Fae en la voyant revenir près de lui, posant ses mains sur ses deux joues roses en attendant son verdict. Un sourire vient illuminer son visage juste avant de poser ses lèvres sur les siennes, la laissant jouer avec ses cheveux autant qu'elle le souhaite.

    « Ah oui ? Maintenant que tu le dis, c'est vrai que tu es chanceuse de m'avoir. »

    Il se retient de rire en l'embrassant à nouveau, un air espiègle sur le visage. Puis il secoue légèrement la tête en jetant un dernier coup d'œil à son reflet.

    « Si tu les préfères lâchés, alors je les laisse comme ça. »

    Il finit de se préparer assez rapidement, juste le temps de se passer un coup de brosse dans les cheveux et de mettre aussi un tout petit peu de parfum. Histoire d'être irréprochable, c'est le minimum pour être à la hauteur de sa partenaire ce soir. Une fois qu'il jugera être prêt, il tendra sa main à Dahlia pour qu'ils puissent enfin se mettre en chemin au rythme de sa bien-aimée qui doit se trainer une robe splendide mais légèrement encombrante. Une marche après l'autre, ils arrivent à l'entrée de la grande demeure sains et saufs après la terrible épreuve des escaliers. L'esquisse d'un sourire à peine dissimulée en coin des lèvres, il attend déjà sa réaction face à la diligence qui les attend dehors alors qu'elle pousse la porte pour sortir. Encore une fois, il doit retenir un rire moqueur face à la surprise qui se lit sur son visage. Il n'en attendait pas moins et il n'ajoute rien, il se contente de saluer le cocher d'un hochement de tête. Il s'agit d'un vieil Elfe habillé pour l'occasion d'un costume avec un petit nœud papillon, c'est un ami de la famille et il s'avère qu'il est complètement muet. C'est lui qui ouvre la petite porte du carrosse pour laisser le couple s'installer à l'intérieur. Dahlia d'abord, puis Eliëndir juste après.

    Joignant ses doigts aux siens, l'Elfe profite simplement d'un moment de calme et du paysage urbain qui défile à travers les petites fenêtres du véhicule. Le chemin n'est pas très long en diligence mais Melorn est une ville bâtie sur une terre accidentée près des montagnes du nord alors il aurait été très inconvenant de faire marcher Dahlia, qui plus est dans cette robe, entre les nombreuses rues qui montent et qui descendent. S'ils veulent faire de la randonnée, ils en auront sûrement l'occasion un jour mais ce n'est pas le programme de ce soir. La diligence traverse les beaux quartiers de la ville et s'arrête progressivement devant une rue passante où se trouve la devanture claire et légèrement éclairée d'un restaurant nommé «L'Etoile du Nord». En elfique, cela va de soi. De l'extérieur, le restaurant n'a pas l'air si grand que ça et la vitrine qui donne sur l'intérieur ressemble plus ou moins à n'importe quel restaurant qu'on pourrait trouver dans les grandes villes. Quelques plantes et pierres lumineuses, une décoration tout à fait sobre en réalité loin de l'excès ou du luxe de d'autres établissements. Quelques tables et des chaises renversées sur celles-ci que personne n'utilise pour le service du soir. Le cocher se présente en ouvrant la porte côté trottoir, Eliëndir sort le premier puis vient aider Dahlia à faire de même.

    Proposant son bras à sa bien-aimée, le couple se dirige vers la porte d'entrée du restaurant qu'il tire vers lui pour permettre à Dahlia d'y entrer la première. L'intérieur justement, qu'ils ont aperçu à travers la vitrine, est parfaitement éclairée avec de nombreux lustres accrochés aux plafonds. À Melorn, la ville de la magie, les bougies sont troquées par des pierres magiques qui scintillent d'une vive lueur pour éclairer harmonieusement les différentes pièces en offrant un côté très chaleureux aux clients. Ici, tout est parfaitement propre et le plus surprenant est sûrement de constater à quel point l'intérieur est grand par rapport à ce que laissait présager la devanture du bâtiment. Les murs sont en pierres blanches ornés de quelques tableaux et photos de famille car il s'agit là d'une affaire familiale qui tourne à plein régime. Le sol est en bois recouvert par endroit par des tapis rouges. Objectivement, tout est absolument sublime. Le blanc et le rouge sont les couleurs qui ressortent le plus, on les retrouve notamment sur les nappes et serviettes sur les tables ou dans le code couleur des vêtements que portent les serveuses. Essentiellement des femmes car ici les préjugés n'ont pas leurs places, les filles s'occupent du service en salle et les garçons sont à la cuisine.

    Il y a déjà un peu de monde à cette heure-ci, le restaurant n'est pas encore plein mais honnêtement ça ne saurait tarder. Ils ont l'habitude, l'établissement a très bonne réputation. On y retrouve principalement des familles ou des couples. Le couple n'attend pas longtemps à l'entrée, à peine une dizaine de secondes avant qu'une jeune serveuse Elfe arrive toute souriante, les yeux rivés sur Eliëndir qu'elle semble reconnaître.

    « Bonsoir ! Soyez les bienv...- Oh ! Je ne savais pas qu'on avait un invité de marque, ce soir. »

    D'instinct, la serveuse vérifie sur la liste des réservations et vient rapidement cocher une petite case à côté du nom d'Eliëndir en reportant son attention sur le couple, particulièrement sur Dahlia comme si elle était légèrement surprise de voir le mage noir accompagné. À moins qu'elle soit simplement surprise de voir une Fae en chair et en os. Elle guide le pas énergiquement à travers le restaurant, récupérant au passage deux exemplaires de la carte du restaurant.

    « Je vous en prie ! Suivez-moi ! »

    Les deux amants font leur possible pour suivre le rythme et comme si ce n'était pas déjà assez difficile, la serveuse les emmène à l'étage. Il n'y a pas beaucoup de marche et l'escalier est assez large, heureusement. Au passage, Eliëndir salue discrètement de la tête quelques clients qu'il connaît sans trop s'y attarder. L'étage est bien plus petit que le rez-de-chaussée mais il est aussi bien plus intime et romantique. C'est bien pour ça que les gens viennent ici. D'ailleurs, il y a aussi beaucoup moins de monde dans cette partie du restaurant. En réalité, ce sont des tables vouées aux réservations et aux gens influents qui souhaitent un peu d'intimité. C'est exactement ce qu'à demander Eliëndir plus tôt dans la journée en passant réserver une table en particulier. La serveuse leur désigne une table pour deux, éclairée exceptionnellement avec quelques bougies, dans une petite alcôve de la pièce à l'abri des regards des autres clients. Une large fenêtre fermée juste à côté d'eux qui leur offre une vue sympathique sur une petite partie de la ville.

    « Installez-vous, je passerai prendre vos commandes. Je vais prévenir ma mère que vous êtes là ! Elle voudra sûrement passer dire bonsoir. Souhaitez-vous quelque chose à boire pour patienter ? De l'eau, du vin ? »

    « Du vin, ce sera parfait. Merci beaucoup. »

    Eliëndir remercie la serveuse qui dépose la carte du restaurant avant de s'éclipser aussi vite qu'elle est venue, c'est le rush et elle a sûrement un peu de travail. Galant, Eliëndir vient tirer une chaise pour que Dahlia puisse s'installer confortablement.

    « Si madame veut bien se donner la peine. »

    Ensuite, il ira prendre place juste en face d'elle. Son regard vagabonde un moment dans la pièce qu'il connaît déjà très bien puis il reporte son attention sur Dahlia avec un sourire aux lèvres.

    « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Ça te plaît ? »

    CENDRES
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  • Ven 19 Mai - 0:13
    Lovée contre le bras de l’Elfe, les yeux fermés, Dahlia profitait de ce moment de calme, de cette sérénité qui n’existait que lorsqu’il se trouvait à ses côtés. Dans la tempête qui saccageait son esprit, Eliêndir était une douce brise caressant ses joues, envoyant valser sa chevelure dorée en arrière. Le cœur léger, la Fae se laissait entraîner par l’amour qui faisait danser son âme dans une valse interminable, la voix de son bien-aimé comme mélopée parfaite. Elle respirait son parfum enivrant, serrant son bras entre les siens, s’y blottissant avec tendresse. Elle réalisait enfin qu’il ne la quitterait plus, que ces années d’errances touchaient à leur fin. Elle qui ne voyait le monde qu’en noir et blanc le sentait instantanément se teinter de couleurs chatoyantes chaque fois qu’elle posait les yeux sur sa silhouette qu’elle aurait reconnue entre mille. Si la fatigue était toujours bien présente, elle ne dormait point, se contentant d’afficher un sourire niais alors que la diligence rebondissait sur les quelques obstacles, ignorant le paysage magnifique de la cité elfique qui déroulait aux fenêtres. Ses songes furent interrompus alors qu’elle sentait le corps de l’Elfe se mouvoir à l’approche du restaurant, le carrosse terminant sa route juste devant l’établissement qu’il voulait tant lui présenter.


    La Fae ne put réprimer un soupir de soulagement en constatant que la façade n’avait rien d’extravagant, un restaurant comme elle en avait pu en apercevoir des centaines dans les ruelles de la capitale. Redressant la tête vers la devanture dont elle ne comprenait qu’un seul mot, « nord », elle se demanda un instant ce qui pouvait lui manquer dans cette formulation. Toutefois, elle n’osa pas poser la question à l’Elfe, se disant qu’en apprenant la langue à ses côtés, elle finirait bien par comprendre. Pour la première fois de sa vie, Dahlia avait le temps. Cette sensation était tout bonnement inexplicable et son corps peinait à s’y adapter, les rushs d’adrénalines continuant d’affluer dans ses veines à intervalles réguliers, la crainte d’être épiée à chaque instant refusant de la quitter. Plus d’un siècle à traiter avec la pègre locale ne pouvait que laisser des séquelles sur son esprit déjà bien assez torturé. Avec le recul, Dahlia considérerait probablement cette décision comme stupide, même si elle s’était avérée nécessaire. Elle espérait simplement ne plus jamais en arriver à de telles extrémités pour protéger les siens, protéger son foyer qui ne demandait qu’à s’agrandir. De la solitude la plus profonde à une famille aimante, il n’y avait finalement qu’un pas, qu’Eliëndir avait décidé de faire en sa direction. Une bénédiction, une surprise de taille qu’elle accueillait avec autant d’allégresse que d’appréhension.


    Le ventre noué, Dahlia avança aux côtés de son bien-aimé, masquant à la perfection l’anxiété qui tentait de reprendre le contrôle. Le devoir d’être parfaite, l’envie de lui plaire au-delà de la raison, de réduire les doutes de son entourage au néant lorsqu’ils l’apercevront dans leur sillage. Elle était faite pour lui, elle était née pour lui. Et face à cette évidence, elle ne se permettrait pas d’échouer. Secouant légèrement la tête avant de lui accorder un sourire timide, elle lui emboîta le pas pour franchir la porte du restaurant. Dans la faible attente avant que la serveuse ne remarque leur présence, elle s’arrêta pour contempler la décoration, plus particulièrement les photos de familles qui lui retournèrent l’estomac. Entre l’admiration et la jalousie maladive, la Fae devait accepter que son heure ne fût pas encore arrivée, que la précipitation ne les mènerait à rien. Elle ne pouvait remplacer ses parents par un enfant, combler ce vide béant de façon égoïste. Eliëndir méritait mieux que ça, elle méritait mieux que ça. « B... Bonsoir. ». Venant se placer timidement un peu plus dans le dos de l’Elfe tandis qu’on venait s’occuper d’eux, le rouge qui ornait ses joues ne fit que s’intensifier alors qu’ils passaient entre les familles et les couples pour monter à l’étage. Une fois en haut, le rythme cardiaque de la jeune femme s’apaisa considérablement, l’ambiance intime la rassurant sur la suite des événements. Était-elle au fond véritablement surprise de la tournure que la soirée prenait ? Il la connaissait par cœur, elle et ses angoisses, son perfectionnisme poussé à l’extrême, sa manie de toujours se sentir de trop. Elle s’approcha de la table indiquée par la serveuse pour s’y installer, laissant le plaisir à l’élu de son cœur de tirer sa chaise afin qu’elle puisse s’asseoir confortablement. « Merci. ». Un mot qu’elle avait répété tout au long de la journée, tant que l’Elfe aurait pu s’en fatiguer, et elle n’aurait pas pu lui en tenir rigueur. Si la Fae avait réussi à mettre ses excuses en placard, elle ne pouvait pas se débarrasser de toutes ses mauvaises habitudes en une seule journée.


    Son regard erra sur la pièce le temps que l’Elfe vienne s’asseoir en face d’elle, s’arrêtant sur les flammes des bougies qui dansaient seulement à quelques centimètres de ses doigts. Il se dirigea ensuite vers les couverts qu’elle soupesa discrètement en les déplaçant un peu plus sur la droite, tendant sa main sur la table pour inviter Eliëndir à la prendre dans la sienne. « C’est très différent de ce que j’ai l’habitude de voir, mais dans le bon sens. Je suis curieuse de voir la suite. ». Tout dans la culture de Melorn détonnait avec la République, un changement bienvenu dans son quotidien morne. Sans lui laisser le temps de poursuivre, la serveuse revint à la charge à une vitesse phénoménale, gratifiant ses deux clients d’un sourire gracieux alors qu’elle remplissait leurs verres. Dahlia tiqua quelques secondes sur le vin, se souvenant qu’elle tenait très mal l’alcool, aussi infime soit-il. Elle s’éclipsa aussi vite qu’elle était arrivée, tel un fantôme alors que la Fae se penchait sur la lecture de la carte. Ses yeux défilaient sur les noms à rallonge, cherchant les traductions en dessous. Fort heureusement, la cité elfique recevait plus de touristes qu’elle n’en désirait, à ce titre, ils ne pouvaient ignorer la langue commune. Perplexe face à la montagne de choix qui s’offrait à elle, entre les différents types de pâtes, les ravioles en sauce, des préparations à base de riz aux appellations complexes, elle redressa la tête pour saisir le regard de son futur mari, attrapant le verre de vin précédemment rempli du bout des doigts, le tendant timidement vers lui pour trinquer. « A… À toi, mon ange. À nous deux. ».


    Elle trempa ses lèvres dans le vin, incapable de déterminer s’il s’agissait d’un grand cru où d’une bouteille ordinaire, s’en remettant entièrement aux goûts luxueux de l’Elfe. Hochant la tête avant de reposer son verre après avoir avalé une gorgée, Dahlia se concentra sur l’arrière-gout qui chatouillait son palais, bien plus agréable que la dégustation en elle-même. « Tu... Tu viens ici depuis longtemps, du coup ? Tu m’avais dit que l’établissement était tenu par des proches, ils ont en effet l’air de bien te connaître. ». Faisant tourner le vin dans son récipient, la tête visiblement ailleurs, elle poursuivit calmement. « Je n’ai pas eu l’occasion de me rendre dans beaucoup de restaurants à Liberty. Neera m’avait invitée il y a quelques mois dans un buffet, c’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai… vendu la mèche nous concernant. Il m’arrivait aussi parfois de me rendre à certaines réceptions pour rencontrer de potentiels donateurs. ». Un long soupir s’échappa de l’entre ouverture de ses lèvres, suivi d’un sourire plus prononcé. « Tu n’imagines pas à quel point je suis contente que ce soit terminé. ».


    Elle ferma les yeux, profitant du doux son du crépitement des flammes et des pas du personnel autour des tables, s’apercevant que l’un d’eux s’approchait dangereusement de leur table, réalisant qu’elle n’avait pas fait son choix. Prise d’une légère panique, elle s’empara à nouveau de la carte, se dirigeant instinctivement vers une salade printanière qui aurait pu être entièrement végétarienne à l’exception du fromage saupoudré sur le dessus. « Très bon choix, je n’aurais pas dit mieux. Comme d’habitude pour vous ? ». La tête penchée sur le côté, la serveuse attendit la réponse d’Eliëndir avant de s’éclipser à nouveau à cuisine. Profondément gênée, autant par le regard des autres clients qui s’étaient posés sur ses ailes lors de leur entrée dans l’établissement que par la jeune demoiselle qui tentait par tous les moyens de la mettre à l’aise, Dahlia baissa les yeux, sa main libre venant triturer le collier de sa mère. Elle allait s’y faire. Elle pouvait le faire. « Désolée, je suis un peu nerveuse. Ça fait beaucoup d’émotions pour une seule journée, également beaucoup de rencontres. J'ai l'impression de ne plus savoir quoi dire d'intéressant... ». Une rechute, des petites excuses glissées au détour de la conversation. « Tu… Tu penses que tu pourrais m’en apprendre un peu plus sur Melorn ? Des petites choses, des détails. Pas tout de suite, pas ce soir mais en général. Quand tu as le temps, si tu en as envie. Peut-être que ça m’aiderait à m’ancrer, le temps que je sois capable de le faire par moi-même. Je sais que je t’en demande beaucoup, mais… Je te promets que ça en vaudra la peine. ». Son pouce caressant affectueusement la paume de sa main, la Fae se mit lentement à battre des ailes, venant taper par inadvertance son siège, manquant de faire tomber une des plantes suspendues au mur qu’elle rattrapa de justesse sur sa jambe. « Ou… Oups. ».
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  • Sam 20 Mai - 20:46
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    Absolument tout a été prévu pour leur confort et pour leur laisser suffisamment d'intimité. L'emplacement de la table à l'abri des regards et où les passages sont peu nombreux si ce n'est les serveuses qui viennent vérifier de temps à autres que tout va bien. Il est ravi d'entendre que son choix porte ses fruits et que Dahlia apprécie l'endroit au moins autant que lui car son avis est plus important qu'elle ne le pense sûrement. Il déplace légèrement son verre sur le côté, puis il fait glisser son bras sur la table pour saisir la main de la Fae, un sourire naissant sur son visage d'ivoire. Un personnel expert qui ne lui laisse même pas le temps d'en placer une puisque le vin arrive déjà sur la table, remplissant modérément deux verres avant de disparaître pour un petit moment cette fois. Ses améthystes se posent simplement sur sa bien-aimée en pleine réflexion sur sa future commande et Eliëndir de son côté ne prend même pas la peine de s'intéresser à la carte. Il la connaît déjà très bien et les plats sont largement assez diversifiés pour pouvoir satisfaire n'importe quel client même les plus exigeants. C'est stupide mais il pourrait demander n'importe quoi, même quelque chose qu'ils ne proposent pas sur la carte, qu'il aurait exactement ce qu'il veut. D'ailleurs, c'est souvent quand il y a trop de choix qu'on ne sait jamais quoi choisir. C'est bien pour ça que le mage noir prend toujours la même chose, dans exactement le même ordre.

    À son tour, il se saisit de son verre avec sa main libre pour venir le faire tinter contre celui de Dahlia.

    « À notre nouvelle vie. »

    Une raison parfaitement justifiée pour célébrer convenablement leurs dernières retrouvailles. Plus encore, célébrer le bonheur qu'ils se sont si longtemps refusés alors qu'ils n'avaient qu'à tendre le bras pour s'en saisir. Voyons le bon côté des choses, mieux vaut tard que jamais. Ses yeux dévient sur la robe écarlate de son vin avant d'amener son verre à ses lèvres pour en attester de la texture si particulière mais il ne s'attarde pas sur une description complète et trop recherchée, tant que la bouteille est à leur goût alors c'est le principal. Il repose calmement son verre sur la table en reportant son attention sur sa bien-aimée, acquiesçant de la tête en l'écoutant attentivement mentionner la fois où leur secret est tombée dans les mains d'une des plus grandes mages du Sekai. Ceci dit, mieux vaut Neera que quelqu'un d'autre même s'il va en entendre parler longtemps. Il entend déjà la voix de Neera lui reprocher de ne pas l'avoir mise dans la confidence. Il en a déjà mal à ses oreilles pointues, d'ailleurs il récupère son verre pour reprendre une gorgée de son vin comme s'il cherchait à noyer ses problèmes.

    « Hm Hm. Les réceptions sont parfois d'un ennui terrible, je te comprends. Et oui, je viens ici depuis... quelques années. Marianne a repris la gestion du restaurant après le décès de son mari. C'est une Elfe, lui était un Humain. J'ai étudié à l'académie avec Qiran, son fils aîné et je connais plutôt bien la famille maintenant. Ils ont toujours été bons avec moi, en particulier Marianne. J'aimerais beaucoup te la présenter, c'est une femme très gentille. Toute la famille s'occupe de la gestion du restaurant, sauf le plus grand qui voyage beaucoup. Une fratrie de cinq, tu imagines bien que c'est assez rare parmi les Elfes même si le père n'en était pas un. Sylva, la serveuse, est la plus jeune. »

    Pour des raisons évidentes de fertilité notamment, les familles nombreuses sont très rares chez ses congénères. Les naissances sont peu nombreuses et donc très spéciales pour les Elfes. Donner la vie est une célébration, une bénédiction. Certains couples essayent pendant des années voire des siècles sans résultats alors il tient presque du miracle pour un jeune couple d'avoir un enfant d'un claquement de doigt. Heureusement que les Elfes ne manquent pas de temps grâce à leur longévité naturelle.

    « Tu ne m'as jamais parlé des donateurs de l'orphelinat. Secret professionnel, évidemment. Mais maintenant que tu n'y es plus tenue, je suis curieux. À quel genre de personne avais-tu à faire ? »

    Il n'a jamais voulu se montrer trop indiscret à ce sujet. Pas que ça ne l'intéressait pas, au contraire, mais les fois où ils se retrouvaient tous les deux, en général c'était pour tout sauf parler de l'orphelinat ou de politique. Car en réalité, il s'agit bien de ça. La politique est omniprésente en République et même un simple orphelinat qui devrait pouvoir se tenir loin de ce monde de requins, n'est pas épargné. Une donation devrait être un geste de pure générosité et pourtant dans les faits, c'est rarement le cas. Un bien triste constat, donner de l'argent à des enfants en détresse est un bon moyen pour redorer une image et se faire passer pour le bon samaritain. Sans parler des personnes peu enviables qui profitent de la situation précaire de l'établissement pour blanchir des revenus suspects. C'est même le placement parfait, presque indétectable si personne ne surveille les finances de l'établissement. Maintenant qu'il sait que Dahlia a déjà traité avec la pègre, c'est une évidence.

    Et alors qu'ils discutent de l'orphelinat, Sylva fait un retour fracassant avec de quoi prendre quelques notes pour les commandes. Il attend calmement que Dahlia trouve ce qui lui ferait plaisir puis il acquiesce de la tête en direction de la serveuse. Visiblement, il n'a même plus besoin de parler ou de faire semblant de réfléchir.

    « Absolument. Merci beaucoup. »

    Il laisse donc la serveuse prendre ses notes et disparaître pour laisser quelques minutes au couple le temps de préparer les entrées. Ce qui ne devrait pas être trop long, surtout pour une salade. Redressant son dos pour se rapprocher de la table, il vient à nouveau chercher le regard fuyant de sa bien-aimée qui retombe naturellement dans ses travers. Toujours à s'excuser même quand elle n'a pas à le faire. Ensuite, il penche légèrement la tête sur le côté. Des détails sur Melorn, c'est assez vague et il ne sait même pas par où commencer. Pour la visite de la ville, il a déjà commencé même s'ils n'ont fait que les beaux quartiers et la ville est bien plus grande que ça. Elle s'habituera elle-même au quartier, à ses rues et à ses habitants. Il sait que la politique ne l'intéresse pas tant que ça et pour ce qui est d'apprendre à vivre comme une véritable Mélornoise, cela viendra avec le temps. Il entrouvre la bouche pour dire quelque chose au moment où une petite plante dégringole du mur après s'être prise un coup d'aile dans la figure. Alors c'est d'abord un soupire d'amusement qui s'échappe de l'interstice de ses lèvres.

    « Dahlia. Tu n'as pas à être nerveuse, il n'y a que nous deux. Profite simplement du moment et arrête de torturer cette plante s'il te plait. »

    Un sourire vient orner son visage alors qu'il redresse simplement sa tête et vient faire glisser ses doigts entre les siens juste avant de continuer.

    « Tu ne m'en demandes pas trop. Cela me fait vraiment plaisir que tu t'intéresses à Melorn. Je ne sais pas trop par quoi commencer. Si tu veux savoir quelque chose, tu n'as qu'à demander. On profitera des prochains jours pour aller se balader un peu plus loin en ville, si tu en as envie. Les beaux quartiers c'est bien, mais on a vite fait le tour. »

    Et ça ne veut pas dire que le reste n'est pas agréable pour l'œil. Les autres quartiers ne sont pas en reste et Dahlia aura l'occasion de s'en rendre compte elle-même. Melorn n'est pas la plus belle ville du monde pour rien. Quoi qu'il en soit, ils ont de quoi faire pour les prochains jours et même pour les prochains mois. Ce ne sont pas les activités qui manquent et ça leur fera le plus grand bien. Autant à Dahlia qui n'avait que très peu de temps pour elle à cause de l'orphelinat, que pour Eliëndir toujours accaparé par son travail et ses devoirs. Leur vie va drastiquement changer mais dans le bon sens.

    « Quel honneur d'accueillir une célébrité dans mon humble restaurant. »

    La voix très calme d'une femme vient gentiment interrompre le couple pendant leurs messes basses et cela attire immédiatement l'attention du mage noir. Sa façon de parler est reposante, comme une douce mélodie. Une Elfe aux yeux marrons clairs dont le visage est marqué par le temps, se présente à eux dans une robe ample aux couleurs sobres loin de toute excentricité. Elle a littéralement l'air de "madame tout le monde" et pourtant cette femme dégage une prestance presque surnaturelle. Une stature et un charisme important. Le dos bien droit et un fin sourire sur les lèvres, elle toise le mage noir qui se relève de sa chaise pour aller la prendre dans ses bras comme le ferait deux vieux amis.

    « Cela faisait longtemps que tu n'étais pas venu. Toujours sur les routes, j'imagine. Comment tu te portes ? Et ton vieux père alors, toujours à se surmener ? C'est mauvais, à son âge. J'en sais quelque chose. »

    « Je vais très bien, merci. Et mon père disons, qu'il ne s'arrête jamais. Tu sais comme il est. »

    « Hm. À croire que c'est de famille. Présente-nous, veux-tu ? »

    Il hoche la tête en tournant le regard en direction de Dahlia.

    « Dahlia, voici Marianne dont je t'ai déjà parlé. Et Marianne, voici Dahlia. Ma merveilleuse partenaire de vie. »

    Marianne fait un pas en direction de la Fae, le regard rivé dans ses yeux ambrés qui semblent bien plus l'intéresser que les ailes dans son dos. Elle vient calmement se saisir de sa main avec la sienne, déposant la seconde par-dessus sans jamais la quitter des yeux.

    « Vous êtes sublime, Dahlia. Et vos yeux sont magnifiques, je comprends mieux comment Eliëndir est tombé sous votre charme. Soyez la bienvenue chez moi, j'espère sincèrement que vous vous plairez parmi nous. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous, faites-le moi savoir. J'insiste. »

    Un peu de diversité dans le paysage Mélornois ne peut pas faire de mal. Marianne restera une minute avec le couple, simplement le temps de se présenter puis s'en ira avant d'être trop envahissante. À présent, ils ne devraient plus être interrompus et les entrées ne devraient plus tarder au grand soulagement de leurs deux estomacs vides.

    CENDRES
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  • Dim 21 Mai - 15:22
    Confortablement installée sur son siège, calant ses ailes derrière les accoudoirs, la Fae écoutait attentivement la voix de l’Elfe qui résonnait dans son esprit, son timbre si particulier, ses légères intonations dans lesquelles elle saisissait toute l’ampleur de ses sentiments. Elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, et la réciprocité n’aurait pas pu être plus forte, à la simple exception de la dépression nerveuse dont elle souffrait, qu’elle lui cacherait sans doute jusqu’à la fin. Eliëndir n’avait pas besoin de savoir que sa vie se résumait à danser avec la mort, d’autant plus que cela ne serait probablement plus jamais le cas. Un doux sourire étirant ses traits, Dahlia venait à espérer que tout ceci ne devienne qu’un lointain souvenir, que la présence réconfortante de son bien-aimé l’empêcherait de tomber à nouveau plus bas que terre. Et pour son âme meurtrie, la lumière au bout du tunnel qu’il incarnait à la perfection, était tout bonnement un miracle.


    À l’évocation de ce couple mixte à la longévité opposée, son cœur se serra doucement. Simplement imaginer sa vie sans son futur mari à ses côtés suffisait à lui couper le souffle. Sans la connaître, Dahlia compatissait avec Marianne, saisissant toute la souffrance qui avait dû s’emparer de son être à la perte de l’élu de son cœur. Fort heureusement, elle n’était pas seule. Cinq enfants, une bénédiction que peu de couples connaissaient, et cela, même en dehors de leurs fertilités respectives. Au-delà de la conception, il fallait que tous survivent à ce monde hostile assez longtemps pour prendre leur indépendance. Mais ce qui surprenait le plus la Fae se trouvait ailleurs : l’envie de chacun de rester auprès de leur fratrie, de vouer leur existence à ce restaurant familial. Une chaleur vint envelopper son cœur, contrastant avec la douleur qui tentait également de se frayer un chemin dans son esprit. Entre le bonheur de voir une famille si unie et la peur de perdre la sienne avant même qu’elle n’existe réellement, elle se contenta d’acquiescer. « C’est une belle histoire, et une famille heureuse, je n’en doute pas. Je suis sûre que leur père est fier d’eux, peu importe où il se trouve. ».


    Si à une époque, Dahlia avait cru en certaines déités, ce n’était plus le cas aujourd’hui. À l’instant où la vie avait quitté le corps de ses parents, elle avait cessé de croire. En elle, en eux, en tout ce que le monde pouvait lui apporter. Pourtant l’idée que les défunts puissent encore les observer aujourd’hui avait fait son petit bout de chemin dans sa tête. Sans doute préférait-elle imaginer que ses propres parents la regardaient, en espérant qu’ils l’aient pardonnée depuis tout ce temps. Haussant un sourcil à la question d’Eliëndir, la Fae se mit à réfléchir, se remémorant les dernières réceptions auxquelles elle s’était rendue. À vrai dire, elle les oubliait assez rapidement, refusant d’y accorder la moindre importance. « Pour tout te dire, j’en ai très peu de souvenirs. Je ne m’y rendais que pour faire plaisir à mon assistante, ma présence là-bas était… Anecdotique. ». Pour elle, en tout cas. Pour les donateurs, par contre… « J’avais un peu de tout, majoritairement des politiques désirant redorer leur image. Comme je te l’ai déjà dit, quand j’ai repris les rênes de l’orphelinat, je ne voulais pas accepter d’argent intéressé. J’ai vite déchanté. Les partis se battaient entre eux, à compter les charités qu'ils soutenaient, utilisant autant mon établissement que de nobles causes différentes pour se mousser. Je n'étais qu'un instrument parmi tant d'autres, mais mes enfants pouvaient manger à leur faim alors... cela ne m'importait guère. ».


    Reprenant une gorgée de son vin pour marquer une pause, elle reprit après quelques secondes de silence. « Il m’est souvent arrivé de me retrouver en face de personnes peu intéressées par mon orphelinat, mais plus par ma personne. Je ne me suis jamais abaissée à ce genre de pratiques, tu t’en doutes, mais cette sensation était particulièrement désagréable. Cela ne me manquera pas. ». Elle haussa les épaules, détendant ses muscles ainsi que l’atmosphère. « Mais j’ai également la chance d’avoir eu des proches qui soutenaient l’établissement. Neera, pour ne pas la citer, Perséis, une alchimiste reconnue à Liberty qui est l’amie qui m’a fait cadeau de mon nouveau mobilier… ». Elle s’arrêta, hésitante, avant de reprendre. « Ssisska aussi. Les interactions désintéressées ne faisaient pas partie de mon quotidien, alors j’en profitais dès que je le pouvais. ». Son sourire timide s’étendit doucement. « Et il y a toi, évidemment. ». Dahlia n’oubliait guère la générosité de son bien-aimé, sa propension à regarder à distance tout ce qu’elle faisait. Il ne l’oubliait jamais, même si son esprit malade s’acharnait à lui faire croire le contraire.


    Sans dire un mot, la Fae replaça la plante en hauteur avec un petit rire embarrassé avant d’expirer longuement pour faire disparaître la nervosité qui la paralysait. Elle était en sécurité, avec l’être qui comptait le plus pour elle. Sa conscience allait devoir se faire une raison et la laisser profiter de cet instant hors du temps. « Je note. Je viendrai t’embêter avec des questions stupides au moment où tu t’y attends le moins, alors prépare-toi. ». Elle profiterait également de ses absences pour se noyer dans la bibliothèque de leur demeure, se gorgeant de savoir sur la cité elfique qui ne tarderait point à lui céder tous ses secrets. Dahlia apprenait à une vitesse fulgurante et elle avait devant elle tout le temps du monde pour devenir une experte. Peut-être viendrait-elle à apprendre des choses aux natifs, qui sait… Son monologue intérieur fut interrompu par l’arrivée soudaine de la propriétaire des lieux. Son regard se posa sur sa stature parfaite, sur ses gestes méticuleusement calculés et sa voix douce qui glissait dans ses oreilles comme de l’eau de roche. Elle l’observa étreindre l’élu de son cœur sans que la moindre once de jalousie ne se manifeste et les laissa discuter sans s’interposer, écoutant attentivement leur conversation.


    Le père d’Eliëndir était à ses yeux un sujet sensible, aussi, elle n’osa pas rebondir dessus tout de suite. Alors que Marianne se dirigeait vers elle, Dahlia se releva rapidement pour s’incliner par politesse, sentait ses mains se saisir des siennes. « Ravie de faire votre connaissance. Eliëndir n’a pas manqué d’éloges à votre égard. Pour mes yeux, je n’ai aucun mérite, ce sont ceux de mon père. ». Profondément intriguée par cette présence singulière, la Fae s’attarda sur leur contact, se demandant d’où venait ce sentiment étrange. Elle cligna des yeux sous la confusion avant de revenir se loger dans son siège. Une chance qu'après toutes ces années, Dahlia présentait parfaitement. « Merci pour votre accueil. J’espère me faire rapidement aux mœurs de Melorn, je connais déjà au moins une bonne adresse. ». L’Elfe se mit à lui sourire en retour. « Je vois que tu as trouvé aussi flatteuse que toi, Eliëndir. Vous allez bien ensemble, vous irez loin. C’est la première fois qu’il me présente quelqu’un, vous devez être une personne exceptionnelle pour lui. J’espère de tout cœur que le repas vous plaira. ». « Je n’en doute pas une seconde. Je suis impatiente de goûter. ».  Elle s’éclipsa ensuite lentement, ne désirant pas s’incruster dans ce moment qui n’appartenait qu’à eux, et Dahlia reporta son attention sur son bien-aimé.


    « Elle est… Surprenante. Je ne m’attendais pas à ça. ». La présence presque maternelle de Marianne avait fait son petit effet sur la jeune femme qui s’en retrouvait bien déstabilisée. Peu après son départ, les entrées arrivèrent sur la table et la Fae dégagea doucement son verre de vin pour se pencher sur son assiette avec envie. Attrapant sa fourchette entre ses doigts, elle vint écarter quelques feuilles de salade avant de reprendre la conversation. « Je n’ai pas eu l’occasion de te poser la question, à vrai dire je n’y ai même pas pensé mais… ». Elle releva la tête, plongeant son regard dans le sien. « Ton père va bien ? Ça fait très longtemps que je ne l’ai pas… aperçu. Je me suis toujours demandée si tu avais envie de le rejoindre au Conseil, un jour. ». Elle ne connaissait Aradhel que de loin, de simples souvenirs de son adolescence passée aux côtés d’Eliëndir sous ses yeux curieux, des histoires que l’Elfe lui contait à son sujet. De toute évidence, il travaillait encore plus que lui, un trait familial que Dahlia partageait également malgré elle. S’ils voulaient vivre en tant que couple à Melorn, elle devrait le rencontrer en bonne et due forme à un moment ou à un autre. Cette entrevue l’angoissait considérablement, la Fae ne connaissant que très peu le caractère de ce savant personnage ayant façonné son fils à son image. « J’aurais voulu que tu connaisses mes parents, ils t’auraient adoré. Ils aimaient tout le monde, à leur manière. ». Avalant la première bouchée de sa salade à la vinaigrette parfaitement assaisonnée, la jeune femme poussa un long soupir d’aise. « Tu penses que nous ferons de bons parents, Eliëndir ? ». Elle avait parfaitement confiance en l’Elfe, moins en elle, car on ne change pas une équipe qui gagne.
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  • Lun 22 Mai - 22:35
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    Simple curiosité de sa part mais il écoute très attentivement la réponse qu'elle lui donne concernant les donateurs de l'orphelinat. Il n'apprend rien qu'il ne savait déjà même sans avoir questionné Dahlia plus tôt sur le sujet. Il est déjà très accoutumé à ce monde de faux-semblants, des politiciens véreux et des fortunes corrompues. Des raclures plus détestables les uns que les autres. Le mage noir n'est pas non plus surpris d'apprendre que certaines personnes étaient plus intéréssées par la jolie directrice que par les enfants dont elle s'occupe. Il y a aussi ce genre de déchets humains et heureusement pour eux, Eliëndir n'était pas dans les parages. Dahlia, même si elle a dû faire des choses peu enviables pour le bien de son établissement, est bien trop gentille pour nager au milieu des requins. À présent, elle n'aura plus à être l'instrument de qui que ce soit et c'est rassurant, autant pour elle que pour lui en réalité. Ceci dit, entre deux prénoms qu'il connaît déjà, Dahlia en mentionne un troisième dont il n'avait encore jamais entendu parlé. Rien d'étonnant, l'alchimie n'est pas vraiment son domaine de prédilection et il ne s'y est pas intéressé plus que ça sauf par curiosité.

    Il ne s'y attarde pas et de toute façon, ils sont vite interrompus par la très charmante Marianne. En voilà une, de bonne relation. Une des rares qu'Eliëndir peut qualifier ainsi, peut-être même la personne la plus proche de la figure maternelle qu'il n'a jamais eu. Une fois les présentations faites, il se contente de rester tout près sans interrompre les deux femmes pendant qu'elles échangent quelques mots. Un sourire discret apparaît sur le visage du mage noir au commentaire de Marianne. Elle n'est pas une mage et pourtant, elle a toujours eu le don de lire dans le regard des gens comme dans un livre ouvert. Cette femme donne l'impression qu'elle peut sonder votre âme d'un simple coup d'oeil. Fort heureusement, il n'y a que de la bienveillance qui émane de son aura et Marianne ne reste pas longtemps.. Elle n'avait pas vu Eliëndir depuis un moment et surtout, même si elle ne l'a pas dit ouvertement, elle était très curieuse de rencontrer la Fae qui l'accompagnait.

    Eliëndir se réinstalle à sa place et hoche la tête en direction de Dahlia pour appuyer ses mots.

    « Tu trouves aussi ? Je me souviens encore de la première fois que je l'ai rencontré. Marianne dégage quelque chose de spécial et c'est une femme exceptionnelle, je suis sûr que tu t'entendras à merveille avec elle ou avec ses filles. »

    Effectivement, il y a de quoi être déstabilisé en sa présence. Autant que face à la cuisine de son restaurant et d'ailleurs les entrées ne tardent pas à arriver comme si tout avait été méticuleusement chronométré avec le départ de Marianne. Déplaçant légèrement ses couverts pour faire de la place, c'est une assiette très joliment décorée qui est déposée devant Eliëndir qui, comme à son habitude, à opter pour un petit tartare au saumon accompagné de sa salade finement assaisonnée. Il remercie la serveuse en dépliant sa serviette pour récupérer ses couverts. Il relève son regard pour croiser celui de sa bien-aimée au même moment où elle mentionne son père. Il cligne instinctivement des yeux puis prend une légère inspiration par le nez comme pour se laisser le temps de réfléchir.

    « Hm Hm. Aux dernières nouvelles, il va bien. Il est très occupé en tant que membre du Conseil et le peu de fois où j'ai l'occasion de discuter avec lui c'est pour parler du travail. Il ne dort pas très bien en ce moment même s'il n'ose pas me le dire et sa gouvernante m'a révélé qu'il prenait un traitement pour son sommeil. Mis à part ça, il est en bonne santé. C'est le principal, j'imagine. »

    Les moments père-fils ont toujours été très rare, dans cette famille. Il marque une pause pour se pencher sur son assiette, récupérant un morceau de saumon et une feuille de salade pour entamer sa première bouchée. Le temps de mâcher convenablement en s'offrant un instant de réflexion avant de reprendre.

    « Mon père aimerait que je marche dans ses pas et cela fait un moment que j'y pense. Alors oui, j'ai l'intention de prétendre à un siège au Conseil. Pas pour faire plaisir à mon père mais personne n'a plus d'influence qu'eux dans toute la ville et c'est une étape indispensable pour changer les choses à Melorn. Pour être parfaitement honnête, je suis revenu m'installer durablement à Melorn en partie pour ça. »

    En pleine réflexion, il en vient à se demander s'il vient bien de dire la vérité. Fait-il vraiment ça pour ses propres ambitions ou est-ce la volonté de son père qui est plus profondément ancré dans son subconscient qu'il ne le pense en réalité ? Le fait qu'il soit incapable de se donner une réponse alors qu'elle devrait être évidente, le terrifie au plus haut point. Il n'y a pas grand-chose qu'Eliëndir assimile vraiment a de la peur et le simple fait de s'imaginer toujours sous l'influence d'Aradhel lui procure un sentiment d'effroi qui le paralyse l'espace d'une seconde, à peine. Il se racle discrètement la gorge alors qu'il se rend compte qu'il ne touchait même plus son assiette. Il lève à nouveau le menton pour reporter toute son attention sur Dahlia, souriant plus sincèrement quand elle mentionne Mariette et Erik. Bien plus à l'aise quand il s'agit de parler de parler des défunts parents de sa bien-aimée plutôt que d'Aradhel, aussi étrange que ça puisse paraître.

    « Moi aussi j'aurais vraiment aimé rencontrer tes parents. Ils avaient l'air formidables, de ce que tu m'en as raconté. Ça m'aurait beaucoup plu de voir ta mère utiliser sa magie sur la nature. C'est un don très rare. »

    Comme quoi, le talent magique n'a rien à voir avec la noblesse du sang. La nature pour la mère, les maladies pour la fille. Deux dons sensiblement différents mais tout aussi exceptionnels de son point de vue. Il n'y a pas de mauvaise magie, simplement des façons différentes de les utiliser. Voyant que Dahlia s'attaque à sa salade, Eliëndir reprend donc sa dégustation de son côté. Ses yeux alternent de temps à autre entre son assiette et sa ravissante partenaire. Il tique légèrement à sa dernière question et encore maintenant, ça lui fait drôle de s'imaginer endosser un rôle aussi important. Plus encore que celui d'ambassadeur ou de membre du Conseil. Sera-t-il un bon père ? C'est une excellente question. Il l'espère sincèrement, il fera tout pour en tout cas. Dahlia a sûrement plus de doute envers elle-même, c'est assez marrant parce que du côté d'Eliëndir c'est exactement l'inverse. Ce n'est pas la confiance en soi qui déborde dans ce couple. Au moins, Eliëndir peut se baser sur l'exemple d'Aradhel pour se faire une idée de ce que le rôle implique et surtout, ça lui donne une idée très précise de ce qu'il ne devra absolument pas faire avec son, ou ses, enfant(s). Il refuse de perpétuer les mêmes erreurs. Cela n'arrivera pas, Eliëndir ne sera pas comme son père.

    « Dahlia. Tu es douce, aimante et attentionnée. Je pense que tu seras une mère extraordinaire pour nos enfants et qu'ils auront beaucoup de chance de t'avoir. Pas aussi bien que moi évidemment mais je sais que tu feras de ton mieux. »

    Dit-il avec son air facétieux, pour détendre un peu l'atmosphère qui est un peu trop sérieuse à son goût depuis quelques instants. Il n'a pas été très honnête sur la fin, la vérité c'est qu'il a bien plus confiance en Dahlia qu'en lui pour ce qui est d'élever des enfants mais pour le reste, il le pense sincèrement. D'ailleurs, il n'a pas fait exprès mais il a bien mentionné le fait d'avoir des enfants, au pluriel. Mais chaque chose en son temps. Prenant quelques secondes pour savourer sa petite entrée, il lève à nouveau le regard comme si une idée venait tout juste de lui traverser la tête.

    « La prochaine fois qu'on ira en République, après avoir annoncé ton départ de l'orphelinat, on pourrait prendre des vacances juste toi et moi ? Je veux dire, loin de Melorn et de Liberty. On pourrait profiter de quelques jours au soleil, pourquoi pas les Îles Paradisiaques ? Ça nous ferait sûrement du bien de ne rien faire, pour une fois dans notre vie. Qu'est-ce que tu en penses ? »

    C'est une idée comme une autre et autant pour Dahlia qui n'a jamais vraiment pris de vacances que pour Eliëndir qui bouge constamment sans forcément avoir le temps de profiter, ça ne lui semble pas être une mauvaise idée. Honnêtement, s'il fait la proposition maintenant ce n'est pas un simple hasard. Il n'est pas sûr d'avoir beaucoup de temps libre plus tard dans l'année. Il s'est installé confortablement à Melorn et maintenant, il a des ambitions à assouvir. Il n'est pas revenu pour se la couler douce, bien au contraire. Il a des objectifs qui risquent d'accaparer beaucoup de son temps dans les prochains mois, voire dans les prochaines années. D'ailleurs, il ne le sait pas encore mais son quotidien va drastiquement changer lorsque sa famille va s'agrandir, ce qui leur laissera encore moins de temps pour eux.

    Les joies de la parentalité, vraiment quelle connerie.

    CENDRES
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  • Mer 24 Mai - 22:27
    Malgré ses efforts, les craintes de la Fae ne font que se confirmer. D'abord Elmondo qui s'attardait sur ses ailes, maintenant Marianne qui la toisait, sondant son âme dans le même temps... La seule présence d'Ellendir parvenait à contenir sa paranoïa, sa peur d'être mise à mal devant l'être le plus important du Sekal à ses yeux. Prenant une grande inspiration pour retrouver son calme, Dahlia détendit les muscles de sa nuque et de son visage, ses doigts caressant distraitement la peau douce de l'Elfe. Si personne jusqu'ici n'avait réussi à la percer à jour, des inconnus n'y parviendraient pas en un seul regard, en une brève rencontre. La faute à son estime de soi presque inexistante, la jeune femme oubliait sa propre puissance, l'art et la manière avec lesquels elle avait berné Liberty durant des siècles. Elle n'était pas une jeune femme en détresse, elle était encore moins démunie face à Melorn qui la jaugeait continuellement. Si l'élu de son cœur se trouvait à ses côtés, elle devenait invincible. Pour lui, pour eux. Pour cette nouvelle vie qui les attendait, pour ce bonheur si proche et si loin à la fois. Elle se contenta d'acquiescer à ses paroles, se demandant un instant si elle viendrait à fréquenter Marianne et ses filles en dehors de leurs diners. Après tout, l'ancienne directrice d'orphelinat n'avait créé que peu de liens si ce n'est professionnels et devenir melornoise s'annonçait plus complexe que prévu. Elle alla enfouir ce sujet dans un coin de sa tête, refusant de se perdre dans son anxiété qui la menaçait.


    Faisant glisser une feuille de salade d'un bout à l'autre de l'assiette, Dahlia écoutait distraitement les paroles de son bien-aimé, ne pouvant cacher une pointe de nervosité quand son père était abordé. Si elle ne l'avait jamais rencontré à proprement parler, elle connaissait sa réputation, l'éducation stricte qu'il avait donné à son fils, mais surtout son absence dans son quotidien. Aussi loin qu'elle puisse s'en souvenir, la Fae ne croyait pas les avoir déjà vus partager un moment ensemble, sans doute était-elle trop loin pour se rendre compte pleinement de la situation. De plus, elle n'aurait pas osé juger. De la part d'une demoiselle ayant tué ses propres parents, cela aurait été assez osé de parler de famille dysfonctionnelle, sans compter qu'elle allait sous peu la rejoindre par alliance. « Je vois ». Deux simples mots qui portaient pourtant un lourd sens. Entendre Eliëndir lui avouer qu'il comptait marcher dans les pas de son père provoquait autant une admiration qu'une peur. Si Aradhel ne se rendait pas disponible pour son unique enfant, alors qu'en serait-il des leurs ? Aurait-il seulement envie de connaître ses petits enfants ? Et si, en tant que membre du conseil, l’élu de son cœur perdait de vue leurs projets d’avenir ? Comme à son habitude, la Fae se posait mille et une questions, auxquelles ni elle ni l'Elfe n'avait de réponses. Impatiente, angoissée, elle restait fidèle à elle-même.


    Si elle saisit un changement dans le comportement d'Eliëndir, elle choisit de ne pas le relever. Le fait est qu'effectivement, la conversation devenait inévitablement sérieuse alors qu'ils étaient ici pour se détendre, une activité que la Fae ne pratiquait guère. « Si je peux t'aider, surtout... Tu sais que je ferais tout pour toi. Je compte sur toi pour ne pas en abuser… ». Ses yeux ambrés plongèrent dans ses améthystes durant de longues secondes, tentant de communiquer tout l'amour qu'elle ressentait à son égard, son soutien indéfectible qu'elle lui offrait sans rien demander en retour, si ce n'est son sourire charmeur qui la désarmait à chaque fois. Un petit rire s'échappa des lèvres de la jeune femme lorsque le don de sa mère fut abordé. « Je n'ai aucune idée de comment je vais m'y prendre pour l'égaler alors que je n'ai pas la moitié de son talent, et encore moins sa magie ». Fille de fleuriste et ô combien perfectionniste, Dahlia venait de se lancer dans une carrière qui aurait sa peau. Il était amusant de constater à quel point c'était devenu une évidence alors que son futur mari n'avait fait que mentionner une possibilité. C'était écrit. Comme lui, elle allait marcher dans les pas de ses parents même s'ils n'étaient plus là pour la voir faire. « S'il y avait un moyen de les ramener, je l'aurais déjà fait, tu t'en doutes bien. Ils me manquent. » En plus de trois siècles, la Fae n'avait formulé que très rarement l'effet de l'absence de ses géniteurs, préférant oublier cette partie si cruciale de son existence. Mais à l'aube d'une nouvelle vie, elle ne pouvait s'empêcher de penser à eux, de se demander si là où ils étaient, ils la regardaient, fiers. Un des nombreux désavantages de ne pas être croyant, ne pouvoir se raccrocher à rien si ce n'est l'espoir.


    Couverte de compliments, Dahlia ne pouvait s’empêcher de sourire niaisement aux remarques de l’Elfe qui lui trouvait bien plus de qualités qu’elle n’en possédait réellement. « J’imagine que tu as raison. En tout cas ce n’est pas la logistique qui nous manquera. J’ai réussi à m’occuper de plus d’une centaine d’enfants durant plusieurs siècles, ce n’est pas quelques-uns qui vont me faire peur aujourd’hui. ». Oh la Fae se berçait d’illusions, être parent serait bien plus ardu qu’être directrice, mais elle l’ignorait encore. Baissant les yeux vers le tartare de saumon qui lui donnait envie, elle vint y planter sa fourchette pour lui voler un bout, le gratifiant d’un sourire espiègle. « Hm… Je regrette d’avoir pris une salade maintenant. Au moins je sais ce que je prendrai la prochaine fois. ». Elle se projetait, encore. Un signe rarissime de son bonheur qui se concrétisait un peu plus chaque seconde aux côtés de l’amour de sa vie. Quant à prendre des vacances après son départ de l’orphelinat… « C’est une merveilleuse idée. ». Terminant son entrée dans le même temps, elle enchaîna. « Je n’aurais jamais pensé pouvoir me rendre un jour aux Îles Paradisiaques. J’espère qu’elles portent bien leur nom, sinon je vais être déçue. ».


    Son regard se mit à errer par la fenêtre qui donnait sur la ville alors que le soleil se couchait derrière les montagnes, laissant la lune prendre sa place pour veiller sur la nuit. Les yeux brillants, Dahlia peinait à réaliser qu’elle pourrait admirer ce panorama chaque jour, qu’elle aurait l’immense privilège de se réveiller et de s’endormir aux côtés d’Eliëndir. Un doux rêve qu’elle pensait inatteignable se réalisait ce soir. « Je sais que j’ai pu te paraître un peu réticente plus tôt, mais j’aimerais énormément t’accompagner en voyage. Le changement m’effraie, mais il ne m’effraie pas assez pour m’éloigner de toi. ». Sa jambe glissa sous la table, venant caresser son mollet avec tendresse sans pareille, son contact lui manquant cruellement, comme si quelques centimètres de distance étaient plus insupportables que les milliers de kilomètres auxquels ils avaient survécu tout ce temps. « Est-ce que tu penses qu’on pourra aller faire un tour des locaux à louer, dans le coin ? Je me fie à ton instinct, je n’ai aucune idée de quel endroit serait le plus adapté pour une boutique et… ». Cela lui coûtait de l’admettre, mais le prix n’était pour son bien-aimé probablement pas un problème. « Je devrais pouvoir récupérer un peu du salaire que je ne me versais pas à l’orphelinat pour m’aider à financer tout ça. ». Après tout, juste avant son départ, les caisses avaient largement été renflouées et son assistante ne résisterait pas à l’idée de lui faire un petit cadeau de départ. « J’étudierais le marché en temps et en heure, mais je dois reconnaître que je suis curieuse de savoir ce que Melorn peut offrir. ». Elle le gratifia d’un clin d’œil. « Maintenant que j’ai ce que la cité a de plus précieux, tout va paraître bien fade en comparaison. ».
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  • Sam 27 Mai - 20:19
    Un arc-en-ciel sous la tempête
    Feat Dahlia
    La simple présence de Dahlia dans son quotidien d'habitude si solitaire est une bouffée d'air frais. Un nouveau souffle dans sa vie dont il va pouvoir profiter avec allégresse à chaque fois qu'il se réveillera à ses côtés. Il sourit à sa remarque bien entendu mais le fait est que Dahlia en fait déjà suffisamment pour lui rien qu'en ayant accepté de rester près de lui pour le reste de leur vie commune. Hier encore, leurs retrouvailles étaient totalement inespérées et la tournure des événements n'en est que plus surprenante. Finalement, il n'a fallu qu'un déclic, un élément déclencheur pour enfin se rendre compte de ce qui lui manquait le plus dans sa vie. Maintenant qu'ils sont là, l'un en face de l'autre, Eliëndir a beaucoup de mal à comprendre comment il a pu se passer si longtemps du bonheur d'être avec son âme sœur.

    « Je sais, mon amour. Merci d'être là et rassure-toi, tout va bien. »

    Il sait parfaitement qu'il pourra toujours compter sur son soutien et l'inverse est tout aussi vrai évidemment. Dahlia a toujours été de bon conseil et il en aura sûrement besoin plus tôt qu'il ne le pense. Mais assez de cette ambiance morose et l'Elfe affiche un sourire un peu plus prononcé pour rebondir sur les pouvoirs de sa mère. Il aurait tant aimé la connaître, rien que pour avoir la chance de voir Mariette plier la nature à sa volonté sous ses yeux ébahis. Plus jeune, il aurait sûrement eu une centaine de questions à poser à la pauvre Fae sur sa magie et sur son don. Le rôle du gendre attachant mais un peu collant lui irait à ravir. Malheureusement, il ne peut que s'imaginer la scène.

    « Tu te sous-estimes. Tu es plus douée pour la magie que tu ne le penses et même sans avoir un don particulier, rien ne vaut l'apprentissage et la pratique. Parole d'ancien professeur de magie. Je ne t'ai jamais vraiment demandé, ça t'intéresserait ? Si tu cherches à développer tes capacités magiques, il n'y a pas meilleur endroit que Melorn pour ça. »

    Bon, peut-être Magic mais Eliëndir n'a jamais été très objectif sur le sujet. En tout cas, l'académie de Melorn n'a rien à envier à ses homologues républicains et si Dahlia n'a pas trouvé son bonheur avec les quelques enseignants de Liberty qu'elle a eu l'occasion de côtoyer, peut-être qu'elle trouvera satisfaction auprès des Elfes centenaires de la cité elfique. Il acquiesce par la suite, choisissant de ne rien répondre cette fois. Faire revenir les morts à la vie alimente les convoitises malsaines de bien des mages mal intentionnés qui tentent encore aujourd'hui, d'en percer les secrets dans l'espoir d'un jour pouvoir tromper l'inéluctable. Un mage noir qui n'a jamais travaillé sur le sujet n'en est pas vraiment un, c'est un peu le b.a-ba dans le domaine. Qui ne rêve pas de la vie éternelle ? Bien sûr, certaines races ne souffrent plus du tout des affres du temps mais on parle ici d'une immortalité sans contrepartie. Une utopie, en réalité. L'obsession absolue de toute une vie pour Aradhel qu'il a eu la bonne idée de transmettre à son fils pour qu'il poursuive ses recherches et dans l'espoir qu'il trouve par miracle la solution. Comme si c'était aussi simple. Il aimerait de tout son cœur pouvoir aider Dahlia. S'il était capable de faire revenir ses parents, il le ferait sur-le-champ.

    Ce n'est tout simplement pas possible et plutôt que de ressasser le passé continuellement, les deux amants vont bientôt devoir se tourner vers l'avenir. Élever leur propre enfant ne sera pas de tout repos et la tâche s'annonce ardue au vu de leurs passifs respectifs. Si Dahlia a déjà une bonne base en ayant été directrice d'un orphelinat, Eliëndir lui navigue complètement à l'aveugle et va devoir apprendre sur le tas. Rien d'insurmontable et surtout il n'est pas seul. Distrait par leur conversation, il met une seconde à comprendre que Dahlia vient de lui subtiliser un petit morceau de son assiette. Les yeux plissés dans sa direction, il pince le coin de ses lèvres d'un rictus et l'air faussement contrarié. Il terminera son entrée dans la foulée avant que la Fae n'ait l'idée de revenir à la charge.

    Les Îles Paradisiaques alors, c'est acté. Des vacances leur feront le plus grand bien, en particulier à Dahlia.

    « On dit qu'elles sont absolument magnifiques. J'imagine qu'elles portent bien leur nom mais on va pouvoir en juger nous-mêmes. C'est encore mieux. Je vais organiser tout ça dans la semaine, j'ai déjà hâte. »

    Il a arpenté la République en long, en large et en travers mais il n'a pas souvenir d'avoir déjà poser les pieds sur les plages de sable blanc des Îles Paradisiaques. Il a eu l'occasion de les contempler de plus ou moins près mais jamais en s'attardant sur place. Faut dire que c'est un milieu très sélectif et qu'il n'y a que les grandes fortunes qui ont l'opportunité de s'installer là-bas. Il n'y a pas de destination plus prisée et rien qu'un séjour sur place coûte horriblement cher, c'est une certitude. Heureusement qu'Eliëndir en a les moyens alors il ne va pas s'en priver. En fait, il n'avait besoin que d'être accompagné de la bonne personne pour songer sérieusement à profiter d'un panorama aussi idyllique.

    Ils n'attendront pas très longtemps avant de voir quelqu'un débarquer pour débarrasser leurs assiettes et en laissant à nouveau la carte du restaurant pour qu'ils puissent choisir la suite du repas. Eliëndir n'y prête aucune intention et il laisse la Fae à son intense réflexion. S'enfonçant confortablement dans sa chaise, un énième sourire apparaît sur son visage. Particulièrement ravi de l'entendre exprimer clairement son souhait de venir avec lui pendant ses voyages. Peut-être pas tous, au moins certains mais c'est amplement suffisant pour lui. Une preuve d'amour qu'il n'oubliera pas.

    « J'en ai conscience et ça me fait vraiment plaisir que tu veuilles venir avec moi. C'est assez soudain et c'est important que tu puisses prendre ton temps pour te sentir à l'aise avec tout ça. Et surtout, ne te sens pas obligée de faire quelque chose si tu n'en as pas envie. »

    Encore une fois, c'est un changement radical et un quotidien dont la Fae n'est pas habituée alors c'est absolument normal qu'elle ait besoin de prendre ses marques. Il se penche légèrement pour tendre son bras et prendre la main de sa bien-aimée en caressant affectueusement ses doigts. Il se mit donc à réfléchir à sa requête suivante. Il faut trouver un local libre pour qu'elle puisse installer sa petite boutique, ça devrait pouvoir se faire et le bon côté de la chose, c'est qu'ils ne sont pas limités par un quelconque budget. Eliëndir a de l'or qui dort et que ce soit la boutique ou leurs vacances, tout n'est qu'un bon prétexte pour dépenser un peu.

    « Flatteuse. C'est une bonne idée, je vais me renseigner un peu et on ira faire un tour pour que tu puisses choisir l'emplacement qui te convient le mieux. »

    En réalité, il n'a aucune intention de marcher sur ses plates bandes ou de la priver de la liberté de gérer son affaire comme elle l'entend. Il se contentera de lui donner un petit coup de pouce pour se lancer, ni plus, ni moins.

    « Je suis content que tu arrives à te projeter un peu à Melorn. C'est important pour moi. Je te l'ai déjà dit mais ne te gêne pas pour utiliser la serre et une partie du jardin pour y ajouter certaines plantes. Ce n'est pas la place qui manque. »

    Posant le coude sur la table, la main venant soutenir son menton pendant qu'il plonge un moment son regard dans le sien.

    « J'y pense comme ça. Rien à voir mais... Je ne savais pas que l'orphelinat avait subi un incendie. Il n'y a pas eu trop de dégâts j'espère ? Tu m'as dit que tu avais rencontré Neera comme ça. Elle a le don pour être là où on l'attend le moins. Raconte-moi, je suis curieux. Comment c'est arrivé exactement ? »

    CENDRES
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  • Dim 28 Mai - 18:59
    Quand Eliëndir souleva l’importance de l’entraînement et de la pratique concernant l’apprentissage de la magie, Dahlia ne put se retenir de déglutir. La notion de professeur la ramenait quelques mois en arrière, auprès de celle qui enseignait les arcanes interdites à Magic, ce rendez-vous si particulier qui lui restait en tête comme un cuisant échec. Elle se pinça les lèvres un instant pour cacher la déception qui apparaissait tant bien que mal sur son visage distrait, se concentrant sur le paysage qu’elle contemplait depuis la fenêtre. Elle avait tendance à oublier qu’avant de devenir ambassadeur, l’Elfe avait enseigné de nombreuses années, et si elle le voyait comme un doux petit agneau la majeure partie du temps, elle redoutait son jugement, ses yeux stricts sur sa magie incontrôlable et sa patience proche du néant. Sa pédagogie envers les enfants n’était, comme le reste, qu’une belle façade qu’elle arborait avec talent mais qu’elle n’utilisait guère en sa présence. Il était le seul à détenir la vérité, toute la vérité, ou presque. Si la Fae désirait changer de sujet, elle ne se voyait pas réellement éviter la question sans évoquer d’inévitables soupçons et rester évasive ne la sauverait pas non plus.


    « J’ai essayé, fut un temps. Si j’ai un contrôle plus où moins correct sur certaines de mes capacités magiques, d’autres restent… sauvages. ». La plus dangereuse notamment se déclenchait sans crier gare, s’attaquant à ceux qui lui causaient du tort telle une punition divine. Dahlia ne s’en rendait compte que plusieurs jours plus tard, le temps que la maladie se développe dans son hôte et ne le détruise à petit feu. Fort heureusement, le lien entre une directrice d’orphelinat au coeur d’or et une épidémie de peste obscure restait complexe à prouver et si certains pouvaient reconnaître sa signature magique, la jeune femme disposait d’une multitude de moyens de les faire taire. Entre autre la protection de son bien-aimé qui manipulait des arcanes aussi sombres qu’elle, seulement avec un peu moins de scrupule. Si elle n’avait jamais eu à quérir son aide jusqu’à maintenant, elle savait qu’il viendrait à son secours sans y réfléchir à deux fois. Triturant ses doigts nerveusement, reprenant une grande inspiration pour conclure sur le sujet qui la mettait clairement mal à l’aise, elle poursuivit. « Mais je te crois. C’est une piste à explorer, et j’ai tout le temps du monde pour le faire. Force est de constater que je ne maîtrise toujours pas mon vol par exemple. Neera avait accepté de m’entraîner mais elle est insaisissable. ». Un sourire narquois naquit sur ses lèvres. « A croire que je collectionne les voyageurs et les voyageuses du Sekai. ». Si cela l’amusait actuellement, cela n’avait pas toujours été le cas. La solitude pesait comme un immense fardeau sur ses frêles épaules et elle n’aurait pu dire à quel point elle se sentait heureuse d’en être aujourd’hui débarrassée, tout du moins temporairement.


    Elle se contenta ensuite d’acquiescer, se laissant porter par les envies et les lubies d’Eliëndir qui désirait se la couler douce aux Îles Paradisiaques en sa compagnie. La Fae l’ignorait encore, mais ces vacances lui feraient le plus grand bien avant que son corps ne se mette à lui jouer des tours. L’ignorance était dans son cas une bénédiction qui lui permettait de penser sereinement à un avenir qui s’annonçait pourtant bien plus tourmenté que prévu. Prenant la carte entre ses fins doigts, elle remit la tête dans la multitude de plats proposés, s’orientant instinctivement vers un pavé de saumon qui lui faisait de l’oeil depuis son arrivée. Il fallait reconnaître que le poisson ne faisait pas partie du régime habituel de la jeune femme, en grande partie à cause de son prix. La viande était un luxe qu’elle ne s’octroyait que très rarement et durant une bonne moitié de sa vie, Dahlia aurait pu être considérée comme végétarienne. Une fois la commande passée, elle reporta son attention sur l’élu de son coeur qui semblait touché par sa proposition de l’accompagner. Un effort considérable pour une casanière comme elle, peut-être gagnerait-elle le goût du voyage à force de le suivre. « Hm. C’est la serre familiale, tu es sûr ? Je ne voudrais pas que ton père me tombe dessus parce que de nouvelles plantes sont apparues chez vous... chez nous. ». Un petit rire vint franchir ses lèvres, décidant pour une fois de prendre à la légère un sujet bien trop sérieux.


    Quant à l’incendie, si Dahlia n’avait pas daigné en faire part à Eliëndir c’était surtout pour ne pas l’inquiéter. L’affaire datait déjà de plus d’un siècle et si les tourtereaux avaient toujours été proches, la Fae évitait de raconter ses misères à l’élu de son coeur, considérant qu’elle pouvait parfaitement se débrouiller seule. Pourtant face aux flammes, elle s’était retrouvée démunie. « Je… Je ne t’en ai pas parlé pour ne pas que tu te fasses de soucis. Il y a eu énormément de dégâts pour être honnête avec toi. ». La gorge serrée, l’ancienne directrice constatait la chance qu’elle avait eu de trouver l’élémentaliste sur son chemin. Ou plutôt qu’elle ait trouvé son chemin jusqu’à elle. « J’étais de sortie, à un banquet dans une des salles de réception de Liberty, juste à côté de l’Université Magic. En plein discours, j’ai été interrompue par mon assistante qui est arrivée en criant que l’orphelinat avait pris feu. Je suis partie en courant et toute une aile du bâtiment était en train de flamber. Certains enfants n’arrivaient pas à sortir d’eux-memes alors j’y suis allée mais.. ». Elle ferma les yeux un instant, se remémorant les évènements avec terreur.


    « Encore une fois je n’ai pas réfléchi avant d’agir et je me suis retrouvée piégée à mon tour. La suite, je ne l’ai entendue que de la part de Davina et Neera elle-même. Je me suis évanouie et à mon réveil, le feu n’était plus et nous n’avions eu, par miracle, aucune perte humaine. Certains de nos chevaux se sont enfuis et n’ont jamais été retrouvés, quant au bâtiment… il s’agissait d’un dortoir, et rien n’a pu être récupéré. Les lits, les meubles, les fenêtres, tout était noirci et recouvert de cendres. Neera est arrivée après avoir eu écho de l’interruption de la réception à Magic et a réussi à me sortir de là avec les enfants, saine et sauve. L’incendie a pu être maîtrisé et j’ai mis quelques années à récupérer assez de fonds pour reconstruire ce qui avait été détruit. » Elle haussa vaguement les épaules, dépitée. « Je n’ai jamais su ce qui avait causé l’incendie. Les cuisines se trouvaient dans un autre bâtiment, et je ne garde rien de particulièrement inflammable à portée des petits. La piste criminelle a été envisagée mais la milice de Liberty étant ce qu’elle est, cela n’a jamais abouti. Peut être qu’un des enfants n’a pas su contrôler sa magie, ce ne serait pas la première fois, mais aucun d’entre eux ne m’a menti à ce sujet. ». Si Dahlia pouvait paraître naïve, elle ne l’était point. De par sa nature de Fae les enfants avaient tendance à lui dire instinctivement la vérité, et elle sentait les mensonges comme de petits picotements au bout de ses doigts. « Le fait est que sans Neera, je ne serais probablement pas là aujourd’hui. Je lui dois énormément, mais j’ignore comment lui rendre la pareille. ». La jeune femme ne savait décemment recevoir sans donner et se considérait éternellement redevable malgré l’insistance de la diviniste à ce sujet. « Et toi ? Tu m’as dit que tu la connaissais depuis longtemps, entre autre grâce au lien entre Magic et Melorn mais tu n’as pas vraiment élaboré. C’est l’occasion de me donner ta version avant que j’ai la sienne, j’ai comme qui dirait l’impression qu’elle ne serait pas contre me donner des munitions pour te taquiner. »
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