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Entre l’assiette qu’il remplit à nouveau et le fait de vouloir prendre ses mesures, Dahlia ne savait plus où donner de la tête. Elle tenta bien de balbutier un refus, posant ses mains devant ses couverts pour l’empêcher de la resservir, néanmoins c’était peine perdue. Elle connaissait assez bien l’Elfe pour savoir qu’une fois qu’il avait une idée en tête, il était impossible de le faire changer d’avis. La Fae finit par se résigner, légèrement honteuse de se servir une deuxième fois dans son plat préparé avec amour, ne laissant que quelques légumes derrière son passage. L’idée de se rendre chez des couturiers pour du sur mesure ne l’enchantait pas réellement non plus. La jeune femme appréciait les douces attentions de son bien aimé et sa volonté de la couvrir de cadeaux, toutefois elle n’était clairement pas habituée à être chouchoutée de la sorte. Durant des siècles Dahlia s’était démenée pour le bonheur d’autrui, faisant fi de ses propres envies et besoins, ignorant le matérialisme qui la tentait régulièrement. Elle se payait beaucoup moins que l’ancienne directrice, considérant que son argent ne servirait pas à une meilleure cause que celle des enfants, au diable, elle dormait même sur place, s’évitant l’achat d’une maison à Liberty dont les prix frôlaient l’indécence. En plus de tout cela, elle refusait formellement qu’on lui rende service sans contrepartie. La Fae éprouvait de grandes difficultés à se laisser choyer, à se laisser aimer, tout simplement. Elle devrait cependant bien s’y faire, car Eliëndir ne comptait pas lui donner le choix.
Sans un mot, elle commença a déguster sa deuxième assiette, son ventre trouvant enfin satisfaction. Certes elle ne récupérerait pas la force perdue après de longues journées sans se sustenter correctement, mais cela suffirait pour refaire le plein d’énergie pour l’après-midi à venir. Elle se rassura en se disant surtout que cela lui éviterait de se comporter comme une malpolie lors de leur premier dîner en public, encore plus devant de vieilles connaissances d’Eliëndir. Cherchant sa sacoche de sa main libre, elle se rendit alors compte qu’elle ne la portait pas à son épaule. Elle devait l’avoir laissée dans la chambre à coucher le matin même. Oublier ses affaires ne lui ressemblait guère, mais encore une fois, toute cette situation était fort inhabituelle et déroutante. « J’ai.. J’ai de quoi payer dans mes affaires, en haut. C’est juste que… ». Elle poussa un léger soupir de désarroi. « J’aurais déjà aimé ne pas passer pour une étrangère en payant avec de l’or. Ils vont mettre un peu de temps à m’accepter dans la région et… ». Elle baissa les yeux, faisant glisser un bout de carotte d’un bout a l’autre de son assiette. « J’imagine que ça me fait un peu peur. ». Doux euphémisme pour l’angoisse qui faisait son petit bout de chemin de son esprit a ses membres fatigués, menaçant de la paralyser au moindre faux pas.
« Non… non, je n’imagine pas. » Le gratifiant d’un sourire sincère, elle vint caresser la paume de sa main avec son pouce. Comment pouvait-on oublier une présence comme la sienne, une beauté si singulière ? De la racine de ses cheveux à ses pieds, Eliëndir était si parfait qu’au-delà de l’amour, Dahlia ne pensait qu’il ne pouvait inspirer que la jalousie. Depuis le premier jour, la Fae n’avait jamais été en mesure de faire sortir l’Elfe de sa tête et de son cœur. Il s’y était installé indéfiniment, indétrônable, régnant en maître sur ses pensées. La première chose à laquelle elle pensait en se réveillant, et la dernière en se couchant. Transie d’amour, la jeune femme le regardait, détaillant chaque petit détail de son visage avec admiration. Elle le contemplait, ne se cachant point de ce qu’elle ressentait pour lui, le laissant voir à quel point il la faisait chavirer, simplement en étant lui-même. Dahlia n’avait pas besoin de grandes déclarations ou d’une demande en mariage exceptionnelle, bien qu’elle ne se serait jamais permis de refuser la moindre démonstration d’affection de sa part. Eliëndir était sien et elle était sienne depuis le jour où ses lèvres s’étaient posées sur les siennes sur ce banc à Liberty. Une possessivité exacerbée qui les liait, chacun refusant férocement de céder sa place à qui que ce soit malgré la distance. Aussi étrange que cela puisse paraître, pouvoir vivre avec celui qui faisait battre son cœur n’apportait pas qu’un bonheur mièvre à la jeune femme. Cela gonflait également son orgueil. Si elle ne pouvait être la lune de ses jours et le soleil de ses nuits, il lui reviendrait toujours, et ce simple fait n’avait pas de prix à ses yeux. Il était sa moitié, depuis trois cent ans, aujourd’hui , et a jamais.
Profitant quelques secondes du baiser qu’il lui offrait, elle se leva a son tour pour le suivre jusqu’à l’évier, tendant la main vers un chiffon pour l’aider dans sa tâche. Aide qui fut bien évidemment refusée, a son plus grand désarroi, Eliëndir étant bien plus efficace aux tâches ménagères qu’il ne le laissait paraître. « Je… enfin… l… laisse moi t’aider tout de même… Tu as déjà tout préparé… ». Elle finit par abandonner, croisant ses mains devant son bassin, se resignant a accepter que pour aujourd’hui, sa seule et unique tâche était de se tenir tranquille et de laisser faire le maître de la maison. Elle tourna la tête vers une des horloges qui affichait le début d’après-midi. A cette heure là, Dahlia devrait être en train de courir d’une pièce a l’autre dans le dédale d’escaliers de l’orphelinat, à la recherche de la peluche manquante pour un de ses petits. Une pointe de douleur vint la traverser. Son quotidien, aussi éreintant soit-il, allait bel et bien lui manquer. Le silence qui régnait dans sa nouvelle demeure deviendrait bien vite insupportable, elle qui était habituée aux cris d’enfants faisant vibrer ses tympans. Elle espérait pouvoir combler ce vide et savourer une relaxation bien méritée après tant d’années de service, si tant est qu’elle le méritait.
La question de l’Elfe la fit sortir brusquement de ses pensées et instantanément, elle se mit à rougir, une expression coupable sur le visage. Oh, ce ne serait pas la première fois qu’elle peindrait Eliendir. Néanmoins, ce serait la première fois qu’il serait au courant. Dahlia se retourna, refusant de lui faire face, posant ses mains sur ses joues chaudes sous le coup de l’embarras. « Oui.. Oui bien-sûr, avec plaisir. Je ne sais pas si j’arriverais te faire aussi beau que tu ne l’es réellement, mais j’essaierais. ». En repensant au nombre de tableaux et de croquis de son bien aimé qui s’accumulaient dans sa chambre et dans les tiroirs de son bureau, elle en eut le vertige. « P.. pendant ton bain je vais en profiter pour écrire les missives dont nous aurons besoin pour que mes affaires puissent être récupérées, d’accord ? ». Note a elle-même et à son assistante, brûler les pièces compromettantes avant que le personnel d’Eliëndir ne puisse mettre la main dessus. Il n’y avait rien de sordide ou de particulièrement honteux en soit, néanmoins Dahlia n’était pas encore tout a fait prête à dévoiler la sévérité de l’obsession qu’elle ressentait à son égard. Il s’en rendrait compte en temps et en heure, sans qu’elle ne passe pour une folle à lier. Tout du moins, pas tout de suite.
Elle le suivit ensuite jusqu’à la chambre à coucher, l’observant nettoyer ses vêtements avec la même gêne qu’auparavant, tentant malgré les efforts de l’Elfe de s’incruster pour lui offrir son aide. Son regard se dirigea vers sa robe encore tachée de sang qui séchait sur le balcon, sans grand espoir de la retrouver aussi blanche qu’à son achat, plus d’une vingtaine d’années en arrière. Eliëndir était magicien, pas teinturier. Fort heureusement ses sous-vêtements avaient largement eu le temps de sécher depuis la veille, aussi elle n’eut pas à supporter la vision de son cher et tendre en train de les nettoyer à leur tour. S’en emparant discrètement, elle vint les placer dans son dos, retournant le baiser déposé sur sa joue. « Ne traîne pas trop longtemps. Tu vas me manquer. ». Jetant un coup d’œil dans l’entre ouverture de la porte, Dahlia se reprit, rouge comme une pivoine, secouant la tête. Hors de question de se la jouer voyeuse, elle aurait l’occasion de profiter de ce corps qu’elle désirait tant plus d’une fois. Étrange ce sentiment intimidant qui la parcourait dans leurs moments les plus intimes, alors qu’elle lui avait offert ses plaisirs charnels une heure plus tôt.
S’attelant a la tâche pour se retirer de la tête toute idée indécente, la Fae plongea sa main dans sa sacoche pour en sortir de quoi écrire ainsi qu’un parchemin vierge. Ses doigts s’agitèrent autour de sa plume. Y avait-il seulement une bonne manière d’annoncer un départ si soudain ? Se prenant la tête sur la formulation, Dahlia ne vit pas le temps passer et se contenta de demander à son assistante de bien vouloir préparer ses vêtements, son nécessaire de peinture et de cacher les tableaux et croquis qui lui étaient chers. Elle reviendrait les chercher elle-même, un autre jour. Pliant le parchemin en trois, elle vint le glisser dans une enveloppe, laissant ensuite cette dernière sur le bureau afin de ne pas l’oublier. La Fae se retourna ensuite naturellement vers l’armoire gigantesque qui lui faisait face, grimaçant d’avance à l’idée de devoir faire un choix. Elle passa ses doigts entre les différents tissus, cherchant du regard une coupe qui lui permettrait d’être plus à l’aise qu’elle ne l’était actuellement, emprisonnée dans cette chemise. Réduisant ses options a deux tuniques elfiques, Dahlia se tortura l’esprit, en plaçant une devant sa poitrine, puis l’autre, devant le miroir sur pied. Cette indécision l’agaçait profondément, et lorsque son regard finit par se baisser au niveau de sa main, elle y vit un signe effroyable. Une fine brume commençait à s’en échapper, manifestation imprévue de ses pouvoirs qui désiraient recouvrer leur liberté. Venant secouer ses doigts pour la faire disparaitre, la jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement. La fatigue omniprésente y était forcément pour quelque chose. Pas de quoi s’inquiéter… pas vrai ?
Elle vint toquer avec appréhension à la porte qui la séparait d’Eliendir, quémandant son attention et surtout son avis. « Désolée de te déranger dans ton bain mais… J’aurais besoin de toi quand tu sortiras. Rien d’urgent.». Elle s’assit sagement sur le lit, enfilant ses sous vêtements aussi blancs que le reste de sa garde robe, ses deux choix potentiels étendus sur ses jambes nues. Deux tuniques lui appartenant, sensiblement les mêmes, a la différence de couleur prêt. Une verte émeraude, et une blanche. D’ordinaire son choix se serait orienté automatiquement vers la deuxième, néanmoins tout ce changement semblait avoir une certaine influence sur la Fae, en plus du fait que l’avis de l’Elfe lui importait bien plus que le sien. En le voyant sortir de la salle de bain, elle en ramena une sur elle, puis l’autre, tentant vaguement de lui donner une impression de ce à quoi elle ressemblerait une fois vêtue. « Laquelle tu préfères ? ».
Sans un mot, elle commença a déguster sa deuxième assiette, son ventre trouvant enfin satisfaction. Certes elle ne récupérerait pas la force perdue après de longues journées sans se sustenter correctement, mais cela suffirait pour refaire le plein d’énergie pour l’après-midi à venir. Elle se rassura en se disant surtout que cela lui éviterait de se comporter comme une malpolie lors de leur premier dîner en public, encore plus devant de vieilles connaissances d’Eliëndir. Cherchant sa sacoche de sa main libre, elle se rendit alors compte qu’elle ne la portait pas à son épaule. Elle devait l’avoir laissée dans la chambre à coucher le matin même. Oublier ses affaires ne lui ressemblait guère, mais encore une fois, toute cette situation était fort inhabituelle et déroutante. « J’ai.. J’ai de quoi payer dans mes affaires, en haut. C’est juste que… ». Elle poussa un léger soupir de désarroi. « J’aurais déjà aimé ne pas passer pour une étrangère en payant avec de l’or. Ils vont mettre un peu de temps à m’accepter dans la région et… ». Elle baissa les yeux, faisant glisser un bout de carotte d’un bout a l’autre de son assiette. « J’imagine que ça me fait un peu peur. ». Doux euphémisme pour l’angoisse qui faisait son petit bout de chemin de son esprit a ses membres fatigués, menaçant de la paralyser au moindre faux pas.
« Non… non, je n’imagine pas. » Le gratifiant d’un sourire sincère, elle vint caresser la paume de sa main avec son pouce. Comment pouvait-on oublier une présence comme la sienne, une beauté si singulière ? De la racine de ses cheveux à ses pieds, Eliëndir était si parfait qu’au-delà de l’amour, Dahlia ne pensait qu’il ne pouvait inspirer que la jalousie. Depuis le premier jour, la Fae n’avait jamais été en mesure de faire sortir l’Elfe de sa tête et de son cœur. Il s’y était installé indéfiniment, indétrônable, régnant en maître sur ses pensées. La première chose à laquelle elle pensait en se réveillant, et la dernière en se couchant. Transie d’amour, la jeune femme le regardait, détaillant chaque petit détail de son visage avec admiration. Elle le contemplait, ne se cachant point de ce qu’elle ressentait pour lui, le laissant voir à quel point il la faisait chavirer, simplement en étant lui-même. Dahlia n’avait pas besoin de grandes déclarations ou d’une demande en mariage exceptionnelle, bien qu’elle ne se serait jamais permis de refuser la moindre démonstration d’affection de sa part. Eliëndir était sien et elle était sienne depuis le jour où ses lèvres s’étaient posées sur les siennes sur ce banc à Liberty. Une possessivité exacerbée qui les liait, chacun refusant férocement de céder sa place à qui que ce soit malgré la distance. Aussi étrange que cela puisse paraître, pouvoir vivre avec celui qui faisait battre son cœur n’apportait pas qu’un bonheur mièvre à la jeune femme. Cela gonflait également son orgueil. Si elle ne pouvait être la lune de ses jours et le soleil de ses nuits, il lui reviendrait toujours, et ce simple fait n’avait pas de prix à ses yeux. Il était sa moitié, depuis trois cent ans, aujourd’hui , et a jamais.
Profitant quelques secondes du baiser qu’il lui offrait, elle se leva a son tour pour le suivre jusqu’à l’évier, tendant la main vers un chiffon pour l’aider dans sa tâche. Aide qui fut bien évidemment refusée, a son plus grand désarroi, Eliëndir étant bien plus efficace aux tâches ménagères qu’il ne le laissait paraître. « Je… enfin… l… laisse moi t’aider tout de même… Tu as déjà tout préparé… ». Elle finit par abandonner, croisant ses mains devant son bassin, se resignant a accepter que pour aujourd’hui, sa seule et unique tâche était de se tenir tranquille et de laisser faire le maître de la maison. Elle tourna la tête vers une des horloges qui affichait le début d’après-midi. A cette heure là, Dahlia devrait être en train de courir d’une pièce a l’autre dans le dédale d’escaliers de l’orphelinat, à la recherche de la peluche manquante pour un de ses petits. Une pointe de douleur vint la traverser. Son quotidien, aussi éreintant soit-il, allait bel et bien lui manquer. Le silence qui régnait dans sa nouvelle demeure deviendrait bien vite insupportable, elle qui était habituée aux cris d’enfants faisant vibrer ses tympans. Elle espérait pouvoir combler ce vide et savourer une relaxation bien méritée après tant d’années de service, si tant est qu’elle le méritait.
La question de l’Elfe la fit sortir brusquement de ses pensées et instantanément, elle se mit à rougir, une expression coupable sur le visage. Oh, ce ne serait pas la première fois qu’elle peindrait Eliendir. Néanmoins, ce serait la première fois qu’il serait au courant. Dahlia se retourna, refusant de lui faire face, posant ses mains sur ses joues chaudes sous le coup de l’embarras. « Oui.. Oui bien-sûr, avec plaisir. Je ne sais pas si j’arriverais te faire aussi beau que tu ne l’es réellement, mais j’essaierais. ». En repensant au nombre de tableaux et de croquis de son bien aimé qui s’accumulaient dans sa chambre et dans les tiroirs de son bureau, elle en eut le vertige. « P.. pendant ton bain je vais en profiter pour écrire les missives dont nous aurons besoin pour que mes affaires puissent être récupérées, d’accord ? ». Note a elle-même et à son assistante, brûler les pièces compromettantes avant que le personnel d’Eliëndir ne puisse mettre la main dessus. Il n’y avait rien de sordide ou de particulièrement honteux en soit, néanmoins Dahlia n’était pas encore tout a fait prête à dévoiler la sévérité de l’obsession qu’elle ressentait à son égard. Il s’en rendrait compte en temps et en heure, sans qu’elle ne passe pour une folle à lier. Tout du moins, pas tout de suite.
Elle le suivit ensuite jusqu’à la chambre à coucher, l’observant nettoyer ses vêtements avec la même gêne qu’auparavant, tentant malgré les efforts de l’Elfe de s’incruster pour lui offrir son aide. Son regard se dirigea vers sa robe encore tachée de sang qui séchait sur le balcon, sans grand espoir de la retrouver aussi blanche qu’à son achat, plus d’une vingtaine d’années en arrière. Eliëndir était magicien, pas teinturier. Fort heureusement ses sous-vêtements avaient largement eu le temps de sécher depuis la veille, aussi elle n’eut pas à supporter la vision de son cher et tendre en train de les nettoyer à leur tour. S’en emparant discrètement, elle vint les placer dans son dos, retournant le baiser déposé sur sa joue. « Ne traîne pas trop longtemps. Tu vas me manquer. ». Jetant un coup d’œil dans l’entre ouverture de la porte, Dahlia se reprit, rouge comme une pivoine, secouant la tête. Hors de question de se la jouer voyeuse, elle aurait l’occasion de profiter de ce corps qu’elle désirait tant plus d’une fois. Étrange ce sentiment intimidant qui la parcourait dans leurs moments les plus intimes, alors qu’elle lui avait offert ses plaisirs charnels une heure plus tôt.
S’attelant a la tâche pour se retirer de la tête toute idée indécente, la Fae plongea sa main dans sa sacoche pour en sortir de quoi écrire ainsi qu’un parchemin vierge. Ses doigts s’agitèrent autour de sa plume. Y avait-il seulement une bonne manière d’annoncer un départ si soudain ? Se prenant la tête sur la formulation, Dahlia ne vit pas le temps passer et se contenta de demander à son assistante de bien vouloir préparer ses vêtements, son nécessaire de peinture et de cacher les tableaux et croquis qui lui étaient chers. Elle reviendrait les chercher elle-même, un autre jour. Pliant le parchemin en trois, elle vint le glisser dans une enveloppe, laissant ensuite cette dernière sur le bureau afin de ne pas l’oublier. La Fae se retourna ensuite naturellement vers l’armoire gigantesque qui lui faisait face, grimaçant d’avance à l’idée de devoir faire un choix. Elle passa ses doigts entre les différents tissus, cherchant du regard une coupe qui lui permettrait d’être plus à l’aise qu’elle ne l’était actuellement, emprisonnée dans cette chemise. Réduisant ses options a deux tuniques elfiques, Dahlia se tortura l’esprit, en plaçant une devant sa poitrine, puis l’autre, devant le miroir sur pied. Cette indécision l’agaçait profondément, et lorsque son regard finit par se baisser au niveau de sa main, elle y vit un signe effroyable. Une fine brume commençait à s’en échapper, manifestation imprévue de ses pouvoirs qui désiraient recouvrer leur liberté. Venant secouer ses doigts pour la faire disparaitre, la jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement. La fatigue omniprésente y était forcément pour quelque chose. Pas de quoi s’inquiéter… pas vrai ?
Elle vint toquer avec appréhension à la porte qui la séparait d’Eliendir, quémandant son attention et surtout son avis. « Désolée de te déranger dans ton bain mais… J’aurais besoin de toi quand tu sortiras. Rien d’urgent.». Elle s’assit sagement sur le lit, enfilant ses sous vêtements aussi blancs que le reste de sa garde robe, ses deux choix potentiels étendus sur ses jambes nues. Deux tuniques lui appartenant, sensiblement les mêmes, a la différence de couleur prêt. Une verte émeraude, et une blanche. D’ordinaire son choix se serait orienté automatiquement vers la deuxième, néanmoins tout ce changement semblait avoir une certaine influence sur la Fae, en plus du fait que l’avis de l’Elfe lui importait bien plus que le sien. En le voyant sortir de la salle de bain, elle en ramena une sur elle, puis l’autre, tentant vaguement de lui donner une impression de ce à quoi elle ressemblerait une fois vêtue. « Laquelle tu préfères ? ».
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
Elle n'avait pas l'air très ravie de se faire resservir et pourtant la voilà qui dévore à nouveau son assiette sans aucun remord. Il constate que Dahlia était simplement trop timide, ou trop polie, pour reprendre à manger alors que son estomac crie famine. Il ne dit rien et se contente de la regarder manger, un petit air satisfait et suffisant sur le visage. L'intégration au sein de la société Melornoise en tant qu'étranger est effectivement un point assez délicat à aborder et il va falloir se creuser la tête pour que Dahlia, avec du temps et des efforts, puisse prétendre devenir une véritable Melornoise. Il ne voyait pas le problème sous cet angle mais il comprend ses réserves à utiliser de l'or dans une ville qui n'en utilise que très rarement. À Melorn, fait comme les Melornois. C'est une expression assez connue finalement. C'est un passage obligatoire et ce n'est qu'une question de temps avant que ses angoisses ne soient qu'un bien mauvais souvenir. Cela se fera naturellement et Dahlia finira par trouver sa place ici, comme elle a trouvé sa place à ses côtés.
« À Melorn, tout le monde participe à la société d'une manière ou d'une autre. En produisant des biens ou en proposant des services. C'est spécial mais tu t'y habitueras. Tu viens à peine d'arriver, ne te prends pas la tête avec ça et laisse-moi faire. Tout ira bien, fais-moi confiance. »
Une règle qui n'a aucune autre exception que le Conseil des Érudits lui-même. Eliëndir lui, profite de l'influence de son père bien sûr, mais il a aussi profité de sa longue existence pour faire proliférer quelques entreprises ici à Melorn mais aussi à l'étranger. Une façon de s'émanciper et de devenir indépendant, en un sens. Son vignoble de l'autre côté des champs fleuris n'est que sa dernière lubie en date et bientôt ses écuries seront assez grandes pour fournir de solides montures à la garnison Melornoise. En fait, il n'est pas rare que les marchands s'entendent pour s'échanger entre eux les produits qu'ils produisent. Bien qu'Eliëndir ne soit pas un marchand, lui aussi produit des biens qu'il peut échanger régulièrement avec des commerçants réguliers pour acquérir le nécessaire à son quotidien. Il a conscience que c'est une passe temporaire et assez désagréable pour Dahlia, la jeune femme se lassera bien vite de se manque d'indépendance auquel il faudra remédier. Mais au moins pour aujourd'hui, Dahlia n'a rien d'autre à faire que de se vider l'esprit et de se reposer un peu sur lui.
Et c'est dans cette continuité qu'il lui fait bien comprendre qu'elle n'a pas à s'occuper des tâches ménagères, c'est hors de question. Elle se rendra compte très vite qu'une partie du personnel est là pour la soulager des tâches ennuyantes du quotidien et aujourd'hui, c'est Eliëndir qui prend les choses en main puisqu'il a congédié tout ce beau monde. Ce n'est pas une charge colossale non plus, quelques couverts et deux assiettes. Il a été diplômé de l'une des plus prestigieuses écoles de magie du Sekai alors il devrait tout à fait être capable de survivre à un peu de vaisselle sale. En oubliant un moment Eliëndir et sa vaisselle d'ailleurs, on entendrait presque les oiseaux chanter dehors et les aiguilles des horloges marquer d'un tintement chaque seconde qui s'écoule. La maison sonne étrangement vide, d'un silence assourdissant. Ce sera un peu moins le cas à partir de demain, le bâtiment est un peu plus vivant avec le personnel qui s'en occupe mais malgré la beauté évidente du lieu, il y a un manque de vie flagrant entre ses murs. Eliëndir est familier avec cette ambiance morose qui, quelque part, est un peu à son image. La solitude n'est pas quelque chose qu'il abhorre spécialement mais il est vrai que pour Dahlia qui est habitué au brouhaha de son orphelinat, cela doit lui faire la sensation de passer du jour à la nuit d'un seul coup. Qui sait, peut-être que la présence de la Fae donnera un second souffle à son lieu de vie.
En tout cas, il a l'impression que c'est déjà le cas depuis son arrivée en catastrophe hier soir. Son visage s'illumine quand elle accepte de lui prêter ses talents avec un pinceau. Il aurait pu le demander à n'importe qui, ce ne sont pas les peintres de génies qui manquent à Melorn ou à Liberty. Il aurait pu en faire la demande lors de ses voyages au sein du Reike ou de Shoumei. La vérité c'est qu'il n'est pas à la recherche d'une performance artistique sans précédent. Il veut quelque chose qui a du cœur et personne d'autre en ce bas-monde ne saura mieux retranscrire les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Soit dit en passant, il n'est pas forcément au courant de ses précédentes tentatives de le représenter sur une toile. Peut-être fait-il semblant de ne pas se rendre compte de ses dérives affectueuses qui feraient fuir plus d'un homme, mais heureusement Eliëndir n'est pas comme les autres hommes.
« Entendu, faisons comme ça. »
Dahlia devrait pouvoir s'occuper pendant qu'il s'enferme un moment dans sa salle de bain. Ils finissent de monter à l'étage et une fois qu'il en aura terminé avec les vêtements de Dahlia qui malheureusement ne retrouveront certainement pas leur éclat d'antan, il pourra enfin profiter d'un bon bain chaud. Retirant ses habits et attachant minutieusement ses cheveux à l'arrière pour éviter de se mouiller la tête juste avant de sortir en ville. Il coupe l'eau et entre dans sa baignoire, récupérant savon et savonnette pour décrasser énergiquement chaque partie de sa peau pâle, ne laissant rien au hasard jusqu'à être totalement propre. Il s'allonge ensuite et y reste plus longtemps qu'il ne devrait en réalité, se retrouvant à simplement profiter du calme de la pièce. Il finit même par fermer les yeux pour somnoler une minute. L'Elfe est subitement rappelé à l'ordre par la voix de Dahlia qui passe l'entrebâillement de la porte. Prenant une grande inspiration, il se passe un peu d'eau sur le visage avant de rouvrir les yeux.
« J'arrive tout de suite, je n'en ai pas pour longtemps. »
Puisqu'il a laissé le peignoir à sa bien-aimée, il récupère une serviette blanche pour se sécher correctement, finissant par l'attacher autour de sa taille. Il en a pas pour longtemps, qu'il disait. Mais Eliëndir est une vraie princesse et un maniaque absolu de l'hygiène alors il prend tout son temps, profitant de sa jeunesse éternelle et retardant les premières rides du mieux qu'il le peut. Passant crème et pommade pour hydrater sa peau, il fera attendre la belle aux cheveux dorés avant d'enfin accepter de pointer le bout de son nez sans avoir pris le temps d'enfiler ses vêtements propres. Il jette son regard sur les deux tuniques que lui présente Dahlia, restant muet encore un moment pour bien réfléchir à ce choix crucial qu'il va devoir faire. Ces deux-là se sont bien trouvés, partageant un amour profond pour les vêtements blancs bien qu'en ce qui le concerne, Eliëndir a toujours su s'adapter au fil de ses envies, il a toujours eu un petit côté extravagant. Ce n'est pas les pièces de couleur qui manquent dans ses armoires.
« Les deux t'iront très bien. »
C'est un fait. Ça ne doit pas beaucoup l'aider à se décider mais dans l'une ou dans l'autre, Dahlia sera magnifique. La blanche est un peu passe partout, d'une beauté dans la simplicité et surtout ça ne lui change pas de ses habitudes. Elle met en valeur son teint et lui donnerait l'apparence d'une vraie Melornoise dans toute la pureté et l'élégance dont sont capables les Elfes. Mais elle n'en est pas une, et elle n'a pas besoin de le prétendre pour faire plaisir à qui que ce soit. La verte attire naturellement l'œil par sa couleur et ses reflets scintillants. Elle mettra un peu plus en valeur sa taille et ses formes, dénotant sensiblement du paysage comme Eliëndir a l'habitude de le faire à chacun de ses passages en public. Symbole d'un renouveau, d'une nouvelle vie.
« Mais je préfère la verte. »
Dit-il en s'approchant d'elle pour lui déposer un baiser affectueux sur le front, lui échangeant un sourire juste avant de retourner dans la salle de bain car lui aussi doit encore s'apprêter. Dahlia fera ce qu'elle veut de son avis sur la tunique qu'elle doit porter, lui laissant toute la chambre pour s'habiller pendant qu'il se contente de la pièce d'à côté. Dans la même lignée, Eliëndir mettra un moment à s'habiller. Sortant de la pièce vêtu d'une tunique sombre et près du corps, d'apparence assez sommaire et pourtant étonnamment raffinée parce que pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué après tout ?
« Est-ce que tu t'en sors ? »
Ajustant une manche en vérifiant que tout est bien en ordre sur lui, toujours aussi soucieux de son apparence, il finit par tourner le regard vers Dahlia qui peut-être aura besoin de lui pour tirer sur quelques attaches. Eliëndir a un goût très prononcé pour les beaux vêtements, mais cela implique aussi des tenues sophistiquées pas toujours très simple à porter pour quelqu'un qui n'en a pas l'habitude. Il se glisse dans son dos pour l'enlacer amoureusement entre ses bras et regarder le reflet de la jeune femme dans le miroir. Peu importe la tenue qu'elle aura choisie, il se figera un moment en étant complètement subjugué par son immense beauté. Réalisant qu'à compter de ce jour, il pourrait profiter au quotidien de ce cadeau que lui fait la vie.
« Tu es absolument magnifique. »
CENDRES
« À Melorn, tout le monde participe à la société d'une manière ou d'une autre. En produisant des biens ou en proposant des services. C'est spécial mais tu t'y habitueras. Tu viens à peine d'arriver, ne te prends pas la tête avec ça et laisse-moi faire. Tout ira bien, fais-moi confiance. »
Une règle qui n'a aucune autre exception que le Conseil des Érudits lui-même. Eliëndir lui, profite de l'influence de son père bien sûr, mais il a aussi profité de sa longue existence pour faire proliférer quelques entreprises ici à Melorn mais aussi à l'étranger. Une façon de s'émanciper et de devenir indépendant, en un sens. Son vignoble de l'autre côté des champs fleuris n'est que sa dernière lubie en date et bientôt ses écuries seront assez grandes pour fournir de solides montures à la garnison Melornoise. En fait, il n'est pas rare que les marchands s'entendent pour s'échanger entre eux les produits qu'ils produisent. Bien qu'Eliëndir ne soit pas un marchand, lui aussi produit des biens qu'il peut échanger régulièrement avec des commerçants réguliers pour acquérir le nécessaire à son quotidien. Il a conscience que c'est une passe temporaire et assez désagréable pour Dahlia, la jeune femme se lassera bien vite de se manque d'indépendance auquel il faudra remédier. Mais au moins pour aujourd'hui, Dahlia n'a rien d'autre à faire que de se vider l'esprit et de se reposer un peu sur lui.
Et c'est dans cette continuité qu'il lui fait bien comprendre qu'elle n'a pas à s'occuper des tâches ménagères, c'est hors de question. Elle se rendra compte très vite qu'une partie du personnel est là pour la soulager des tâches ennuyantes du quotidien et aujourd'hui, c'est Eliëndir qui prend les choses en main puisqu'il a congédié tout ce beau monde. Ce n'est pas une charge colossale non plus, quelques couverts et deux assiettes. Il a été diplômé de l'une des plus prestigieuses écoles de magie du Sekai alors il devrait tout à fait être capable de survivre à un peu de vaisselle sale. En oubliant un moment Eliëndir et sa vaisselle d'ailleurs, on entendrait presque les oiseaux chanter dehors et les aiguilles des horloges marquer d'un tintement chaque seconde qui s'écoule. La maison sonne étrangement vide, d'un silence assourdissant. Ce sera un peu moins le cas à partir de demain, le bâtiment est un peu plus vivant avec le personnel qui s'en occupe mais malgré la beauté évidente du lieu, il y a un manque de vie flagrant entre ses murs. Eliëndir est familier avec cette ambiance morose qui, quelque part, est un peu à son image. La solitude n'est pas quelque chose qu'il abhorre spécialement mais il est vrai que pour Dahlia qui est habitué au brouhaha de son orphelinat, cela doit lui faire la sensation de passer du jour à la nuit d'un seul coup. Qui sait, peut-être que la présence de la Fae donnera un second souffle à son lieu de vie.
En tout cas, il a l'impression que c'est déjà le cas depuis son arrivée en catastrophe hier soir. Son visage s'illumine quand elle accepte de lui prêter ses talents avec un pinceau. Il aurait pu le demander à n'importe qui, ce ne sont pas les peintres de génies qui manquent à Melorn ou à Liberty. Il aurait pu en faire la demande lors de ses voyages au sein du Reike ou de Shoumei. La vérité c'est qu'il n'est pas à la recherche d'une performance artistique sans précédent. Il veut quelque chose qui a du cœur et personne d'autre en ce bas-monde ne saura mieux retranscrire les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Soit dit en passant, il n'est pas forcément au courant de ses précédentes tentatives de le représenter sur une toile. Peut-être fait-il semblant de ne pas se rendre compte de ses dérives affectueuses qui feraient fuir plus d'un homme, mais heureusement Eliëndir n'est pas comme les autres hommes.
« Entendu, faisons comme ça. »
Dahlia devrait pouvoir s'occuper pendant qu'il s'enferme un moment dans sa salle de bain. Ils finissent de monter à l'étage et une fois qu'il en aura terminé avec les vêtements de Dahlia qui malheureusement ne retrouveront certainement pas leur éclat d'antan, il pourra enfin profiter d'un bon bain chaud. Retirant ses habits et attachant minutieusement ses cheveux à l'arrière pour éviter de se mouiller la tête juste avant de sortir en ville. Il coupe l'eau et entre dans sa baignoire, récupérant savon et savonnette pour décrasser énergiquement chaque partie de sa peau pâle, ne laissant rien au hasard jusqu'à être totalement propre. Il s'allonge ensuite et y reste plus longtemps qu'il ne devrait en réalité, se retrouvant à simplement profiter du calme de la pièce. Il finit même par fermer les yeux pour somnoler une minute. L'Elfe est subitement rappelé à l'ordre par la voix de Dahlia qui passe l'entrebâillement de la porte. Prenant une grande inspiration, il se passe un peu d'eau sur le visage avant de rouvrir les yeux.
« J'arrive tout de suite, je n'en ai pas pour longtemps. »
Puisqu'il a laissé le peignoir à sa bien-aimée, il récupère une serviette blanche pour se sécher correctement, finissant par l'attacher autour de sa taille. Il en a pas pour longtemps, qu'il disait. Mais Eliëndir est une vraie princesse et un maniaque absolu de l'hygiène alors il prend tout son temps, profitant de sa jeunesse éternelle et retardant les premières rides du mieux qu'il le peut. Passant crème et pommade pour hydrater sa peau, il fera attendre la belle aux cheveux dorés avant d'enfin accepter de pointer le bout de son nez sans avoir pris le temps d'enfiler ses vêtements propres. Il jette son regard sur les deux tuniques que lui présente Dahlia, restant muet encore un moment pour bien réfléchir à ce choix crucial qu'il va devoir faire. Ces deux-là se sont bien trouvés, partageant un amour profond pour les vêtements blancs bien qu'en ce qui le concerne, Eliëndir a toujours su s'adapter au fil de ses envies, il a toujours eu un petit côté extravagant. Ce n'est pas les pièces de couleur qui manquent dans ses armoires.
« Les deux t'iront très bien. »
C'est un fait. Ça ne doit pas beaucoup l'aider à se décider mais dans l'une ou dans l'autre, Dahlia sera magnifique. La blanche est un peu passe partout, d'une beauté dans la simplicité et surtout ça ne lui change pas de ses habitudes. Elle met en valeur son teint et lui donnerait l'apparence d'une vraie Melornoise dans toute la pureté et l'élégance dont sont capables les Elfes. Mais elle n'en est pas une, et elle n'a pas besoin de le prétendre pour faire plaisir à qui que ce soit. La verte attire naturellement l'œil par sa couleur et ses reflets scintillants. Elle mettra un peu plus en valeur sa taille et ses formes, dénotant sensiblement du paysage comme Eliëndir a l'habitude de le faire à chacun de ses passages en public. Symbole d'un renouveau, d'une nouvelle vie.
« Mais je préfère la verte. »
Dit-il en s'approchant d'elle pour lui déposer un baiser affectueux sur le front, lui échangeant un sourire juste avant de retourner dans la salle de bain car lui aussi doit encore s'apprêter. Dahlia fera ce qu'elle veut de son avis sur la tunique qu'elle doit porter, lui laissant toute la chambre pour s'habiller pendant qu'il se contente de la pièce d'à côté. Dans la même lignée, Eliëndir mettra un moment à s'habiller. Sortant de la pièce vêtu d'une tunique sombre et près du corps, d'apparence assez sommaire et pourtant étonnamment raffinée parce que pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué après tout ?
- Tenue:
« Est-ce que tu t'en sors ? »
Ajustant une manche en vérifiant que tout est bien en ordre sur lui, toujours aussi soucieux de son apparence, il finit par tourner le regard vers Dahlia qui peut-être aura besoin de lui pour tirer sur quelques attaches. Eliëndir a un goût très prononcé pour les beaux vêtements, mais cela implique aussi des tenues sophistiquées pas toujours très simple à porter pour quelqu'un qui n'en a pas l'habitude. Il se glisse dans son dos pour l'enlacer amoureusement entre ses bras et regarder le reflet de la jeune femme dans le miroir. Peu importe la tenue qu'elle aura choisie, il se figera un moment en étant complètement subjugué par son immense beauté. Réalisant qu'à compter de ce jour, il pourrait profiter au quotidien de ce cadeau que lui fait la vie.
« Tu es absolument magnifique. »
CENDRES
Invité
Invité
En entendant la voix d’Eliëndir de l’autre côté de la porte, Dahlia ne put retenir un petit rire. Visiblement, elle avait interrompu son moment de relaxation, l’Elfe se croyant à nouveau seul pendant quelques minutes. L’envie de le taquiner vint lui chatouiller les lèvres, néanmoins elle se ravisa. Il avait bien le droit d’être à l’aise chez lui, chez… eux. Les doigts parcourant le tissu des deux tuniques étendues sur ses jambes nues, la Fae arrêta momentanément le cours de ses pensées. Elle ne doutait pas de son choix. Elle serait heureuse ici, de toute façon, elle n’était heureuse nulle part ailleurs. Néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il adviendrait d’elle lors des voyages de l’ambassadeur de Melorn. Sans tâches ménagères à effectuer, sans enfants dont elle devait s’occuper, sans paperasse qui lui donnerait envie de s’arracher les cheveux, Dahlia allait nager dans l’oisiveté et… l’ennui. Ses peintures la tiendraient occupée un moment, l’immense bibliothèque de Melorn à quelques pas de la maison également, mais la Fae se projetait bien plus loin que cela. Elle devrait trouver une occupation, un nouveau but à sa vie. Elle aurait désiré dire qu’être avec Eliëndir lui suffisait, toutefois elle n’était pas dupe. Malgré son courage et ses belles promesses, Dahlia restait un être brisé. Il était peut-être temps de reconsidérer les propositions de traitement de Nineveh, pour son bien, pour leur bien.
Apercevant enfin sa silhouette franchir le pas de la porte, vêtu uniquement d’une serviette enroulée autour de sa taille, Dahlia chassa ses pensées de son esprit. Elle n’avait plus à se poser ce genre de questions. Elle n’était plus seule pour trouver un sens à son existence. Elle espérait qu’après la révélation qu’elle prévoyait de lui faire le soir même, elle serait capable de partager la moindre de ses craintes avec l’élu de son cœur. Certainement que ne plus être la seule à porter ce poids sur ses épaules lui mettrait un peu de baume au cœur. S’il l’acceptait. Il l’accepterait, elle en était sûre. Même s’il tentait de lui cacher pour la protéger, Dahlia se doutait bien de ses manigances. On ne devenait pas aussi influent sans faire un peu de grabuge, sans manipuler la vérité à son avantage. Elle en ignorait encore la teneur, volonté de l’Elfe de la préserver du monde sordide dans lequel il évoluait sans elle, pourtant il n’aurait guère le choix de lui expliquer un jour. En s’affichant à ses côtés, Dahlia devenait une cible pour ses ennemis. L’inverse était également vrai. La seule possibilité que Le Masque où un autre puisse mettre un pied à Melorn pour faire du mal à l’amour de sa vie suffisait à la mettre dans une colère noire. Secouant à nouveau sa main droite en voyant la brume revenir dans les interstices de ses doigts, la plaçant dans son dos alors qu’Eliëndir s’approchait pour embrasser délicatement son front, elle vint déposer un baiser sur sa joue avant de le laisser repartir dans la salle de bain non sans un petit pincement au cœur.
La verte… Elle laissa errer son regard entre les deux tenues, presque embêtée par le choix fait par l’Elfe. À se demander pourquoi elle avait tant tenu à avoir son avis, si c’était pour être mal à l’aise avec sa réponse. Faisant disparaitre ses ailes dans son dos pour enfiler la tunique correctement, elle vint la refermer en se tordant à moitié le bras, refusant de déranger à nouveau son bien-aimé. Au bout de quelques minutes de lutte et de persévérance, aidée par sa souplesse naturelle, la Fae finit par atteindre les quelques attaches qui lui posaient un problème. « Je m’en sors, ne t’en fais pas pour moi. ». Elle s’observa longuement dans le miroir, en approchant sa main libre pour la poser sur la glace, la tête penchée sur le côté. Porter des couleurs alors qu’elle n’était qu’une teinte de blanc immaculée d’ordinaire la perturbait. De là à dire qu’elle ne se reconnaissait guère était sans doute exagéré, mais la différence était indéniable. Elle fit descendre le tissu le long de ses hanches en tirant doucement dessus, craignant de le déchirer si elle y mettait plus de forces. Eliëndir était certes plus grand qu’elle, néanmoins il ne possédait pas de formes et de courbes qui venaient inévitablement raccourcir la longueur de la tunique. En se démenant un peu plus, elle réussit à faire enfin passer correctement sa poitrine, laissant échapper un soupir de contentement tandis que le bas de la tunique venait chatouiller faiblement ses genoux, arrivant à une longueur convenable. Elle était enfin à l’aise. Ce n’était toujours pas adapté à sa morphologie où à ses ailes de Fae, mais c’était déjà mieux qu’une chemise et un pantalon. Et puis, elle en connaissait un qui ne serait pas malheureux de la voir dans une tenue près du corps.
Sans qu’elle ne le remarque, Eliëndir vint se glisser dans son dos pour l’enlacer et la complimenter. Dahlia se retourna lentement sans quitter son étreinte, passant ses bras autour de sa nuque, la caressant affectueusement. « Et toi, tu n’es pas très objectif. ». Son regard vint ensuite errer sur sa tenue sombre et élégante qui faisait autant ressortir ses yeux que sa chevelure immaculée. À côté de lui, la Fae détonnait injustement dans le décor, sans doute moins que si elle s’était vêtue de blanc ceci étant dit. Faisant glisser ses doigts le long de son col, elle vint le réajuster un peu plus sur la droite, s’arrêtant pour plonger son regard dans le sien. « Si tu ne voulais pas attirer l’attention, c’est raté. Je vais en dévisager des demoiselles pendant notre promenade en ville. ». Elle vint déposer un doux baiser dans son cou, profitant de ces subtiles odeurs de produits de soin qui se mélangeaient harmonieusement avec son parfum. Laissant sa main tomber lentement le long de son avant-bras, elle entrelaça leurs doigts, le regard toujours perdu dans ses belles améthystes. « J’ai de la chance de t’être rentrée dedans ce jour-là à Liberty. ». Ce qui était à la base un accident était devenu la plus belle rencontre de sa vie, une des seules raisons qui la poussait à aller de l’avant. « J’aimerais dire que tu es aussi splendide qu’à notre rencontre, mais ce serait mentir. ». Elle s’approcha de la commissure de ses lèvres, y posant délicatement les siennes dans une tendre étreinte. « Tous les jours, tu l’es un peu plus. ».
Elle vint se lover dans ses bras durant quelques minutes, appréciant le contact de son corps contre le sien silencieusement. Être seule avec Eliëndir était un privilège que la Fae n’aurait cédé pour rien au monde. Elle espérait qu’elle dirait la même chose de leurs escapades en public. Sans dire un mot, au plus près de son cœur dont elle pouvait distinctement entendre les battements, Dahlia reprit le contrôle sur ses émotions en prévision de leur première sortie en tant que… couple ? Était-ce le mot approprié, à présent ? La Fae adorait la cité elfique, néanmoins ce sentiment n’était pas suffisant pour la faire relâcher sa garde, encore plus aux côtés de l’Elfe qu’elle chérissait. Il lui faudrait trouver un équilibre entre la méfiance et la douceur. Fort heureusement, il n’y avait pas meilleure comédienne qu’elle, et feindre l’ignorance lui allait à merveille. Relevant ses yeux dorés vers son prince, elle vint le gratifier d’un sourire légèrement contrôlé, sachant pertinemment qu’il saurait lire en elle comme dans un livre ouvert, puis elle s’en éloigna de quelques pas pour tresser quelques mèches de sa crinière blonde, sans le quitter du regard dans le reflet du miroir. Elle vint ensuite les attacher avec dextérité, tenant un élastique entre ses lèvres, finalisant une coiffure qu’elle voulait aussi élégante que pratique. Dahlia ne prenait pas autant soin d’elle que l’Elfe, toutefois il était bon de ne pas la sous-estimer, tout particulièrement quand cela concernait le capillaire. La Fae se retourna, enfin prête.
Elle vint à son niveau pour lui agripper le bras, faisant fi toute la timidité qui l’aurait poussée à se tenir loin de lui. Elle lui devait d’être fière d’être sienne, pour tous les efforts, toutes les promesses qu’ils s’étaient échangées depuis tant d’années. « Je te suis. ». Ses yeux se dirigèrent à nouveau dans le reflet du miroir où elle put s’apercevoir à ses côtés, dans cette immense chambre, les rayons du soleil venant réchauffer sa peau blanche au travers des rideaux. Son regard devenu terne sembla s’illuminer doucement. C’était tout ce dont elle avait rêvé, et plus encore. À voir si rien ne viendrait ternir ce tableau auquel elle tenait tant…
Apercevant enfin sa silhouette franchir le pas de la porte, vêtu uniquement d’une serviette enroulée autour de sa taille, Dahlia chassa ses pensées de son esprit. Elle n’avait plus à se poser ce genre de questions. Elle n’était plus seule pour trouver un sens à son existence. Elle espérait qu’après la révélation qu’elle prévoyait de lui faire le soir même, elle serait capable de partager la moindre de ses craintes avec l’élu de son cœur. Certainement que ne plus être la seule à porter ce poids sur ses épaules lui mettrait un peu de baume au cœur. S’il l’acceptait. Il l’accepterait, elle en était sûre. Même s’il tentait de lui cacher pour la protéger, Dahlia se doutait bien de ses manigances. On ne devenait pas aussi influent sans faire un peu de grabuge, sans manipuler la vérité à son avantage. Elle en ignorait encore la teneur, volonté de l’Elfe de la préserver du monde sordide dans lequel il évoluait sans elle, pourtant il n’aurait guère le choix de lui expliquer un jour. En s’affichant à ses côtés, Dahlia devenait une cible pour ses ennemis. L’inverse était également vrai. La seule possibilité que Le Masque où un autre puisse mettre un pied à Melorn pour faire du mal à l’amour de sa vie suffisait à la mettre dans une colère noire. Secouant à nouveau sa main droite en voyant la brume revenir dans les interstices de ses doigts, la plaçant dans son dos alors qu’Eliëndir s’approchait pour embrasser délicatement son front, elle vint déposer un baiser sur sa joue avant de le laisser repartir dans la salle de bain non sans un petit pincement au cœur.
La verte… Elle laissa errer son regard entre les deux tenues, presque embêtée par le choix fait par l’Elfe. À se demander pourquoi elle avait tant tenu à avoir son avis, si c’était pour être mal à l’aise avec sa réponse. Faisant disparaitre ses ailes dans son dos pour enfiler la tunique correctement, elle vint la refermer en se tordant à moitié le bras, refusant de déranger à nouveau son bien-aimé. Au bout de quelques minutes de lutte et de persévérance, aidée par sa souplesse naturelle, la Fae finit par atteindre les quelques attaches qui lui posaient un problème. « Je m’en sors, ne t’en fais pas pour moi. ». Elle s’observa longuement dans le miroir, en approchant sa main libre pour la poser sur la glace, la tête penchée sur le côté. Porter des couleurs alors qu’elle n’était qu’une teinte de blanc immaculée d’ordinaire la perturbait. De là à dire qu’elle ne se reconnaissait guère était sans doute exagéré, mais la différence était indéniable. Elle fit descendre le tissu le long de ses hanches en tirant doucement dessus, craignant de le déchirer si elle y mettait plus de forces. Eliëndir était certes plus grand qu’elle, néanmoins il ne possédait pas de formes et de courbes qui venaient inévitablement raccourcir la longueur de la tunique. En se démenant un peu plus, elle réussit à faire enfin passer correctement sa poitrine, laissant échapper un soupir de contentement tandis que le bas de la tunique venait chatouiller faiblement ses genoux, arrivant à une longueur convenable. Elle était enfin à l’aise. Ce n’était toujours pas adapté à sa morphologie où à ses ailes de Fae, mais c’était déjà mieux qu’une chemise et un pantalon. Et puis, elle en connaissait un qui ne serait pas malheureux de la voir dans une tenue près du corps.
Sans qu’elle ne le remarque, Eliëndir vint se glisser dans son dos pour l’enlacer et la complimenter. Dahlia se retourna lentement sans quitter son étreinte, passant ses bras autour de sa nuque, la caressant affectueusement. « Et toi, tu n’es pas très objectif. ». Son regard vint ensuite errer sur sa tenue sombre et élégante qui faisait autant ressortir ses yeux que sa chevelure immaculée. À côté de lui, la Fae détonnait injustement dans le décor, sans doute moins que si elle s’était vêtue de blanc ceci étant dit. Faisant glisser ses doigts le long de son col, elle vint le réajuster un peu plus sur la droite, s’arrêtant pour plonger son regard dans le sien. « Si tu ne voulais pas attirer l’attention, c’est raté. Je vais en dévisager des demoiselles pendant notre promenade en ville. ». Elle vint déposer un doux baiser dans son cou, profitant de ces subtiles odeurs de produits de soin qui se mélangeaient harmonieusement avec son parfum. Laissant sa main tomber lentement le long de son avant-bras, elle entrelaça leurs doigts, le regard toujours perdu dans ses belles améthystes. « J’ai de la chance de t’être rentrée dedans ce jour-là à Liberty. ». Ce qui était à la base un accident était devenu la plus belle rencontre de sa vie, une des seules raisons qui la poussait à aller de l’avant. « J’aimerais dire que tu es aussi splendide qu’à notre rencontre, mais ce serait mentir. ». Elle s’approcha de la commissure de ses lèvres, y posant délicatement les siennes dans une tendre étreinte. « Tous les jours, tu l’es un peu plus. ».
Elle vint se lover dans ses bras durant quelques minutes, appréciant le contact de son corps contre le sien silencieusement. Être seule avec Eliëndir était un privilège que la Fae n’aurait cédé pour rien au monde. Elle espérait qu’elle dirait la même chose de leurs escapades en public. Sans dire un mot, au plus près de son cœur dont elle pouvait distinctement entendre les battements, Dahlia reprit le contrôle sur ses émotions en prévision de leur première sortie en tant que… couple ? Était-ce le mot approprié, à présent ? La Fae adorait la cité elfique, néanmoins ce sentiment n’était pas suffisant pour la faire relâcher sa garde, encore plus aux côtés de l’Elfe qu’elle chérissait. Il lui faudrait trouver un équilibre entre la méfiance et la douceur. Fort heureusement, il n’y avait pas meilleure comédienne qu’elle, et feindre l’ignorance lui allait à merveille. Relevant ses yeux dorés vers son prince, elle vint le gratifier d’un sourire légèrement contrôlé, sachant pertinemment qu’il saurait lire en elle comme dans un livre ouvert, puis elle s’en éloigna de quelques pas pour tresser quelques mèches de sa crinière blonde, sans le quitter du regard dans le reflet du miroir. Elle vint ensuite les attacher avec dextérité, tenant un élastique entre ses lèvres, finalisant une coiffure qu’elle voulait aussi élégante que pratique. Dahlia ne prenait pas autant soin d’elle que l’Elfe, toutefois il était bon de ne pas la sous-estimer, tout particulièrement quand cela concernait le capillaire. La Fae se retourna, enfin prête.
- Coiffure:
Elle vint à son niveau pour lui agripper le bras, faisant fi toute la timidité qui l’aurait poussée à se tenir loin de lui. Elle lui devait d’être fière d’être sienne, pour tous les efforts, toutes les promesses qu’ils s’étaient échangées depuis tant d’années. « Je te suis. ». Ses yeux se dirigèrent à nouveau dans le reflet du miroir où elle put s’apercevoir à ses côtés, dans cette immense chambre, les rayons du soleil venant réchauffer sa peau blanche au travers des rideaux. Son regard devenu terne sembla s’illuminer doucement. C’était tout ce dont elle avait rêvé, et plus encore. À voir si rien ne viendrait ternir ce tableau auquel elle tenait tant…
Invité
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
Il réussit habilement à se glisser dans son dos sans qu'elle ne le remarque même si ce n'était pas son intention première. Quand elle se tourne face à lui, il enlace ses bras autour de sa taille et fait lentement remonter ses mains le long de son dos. Ses yeux se posent sur leur reflet dans le miroir, constatant avec un petit pincement au cœur que le dos de la tunique ne lui permet pas non plus un confort optimal pour faire passer ses ailes. Elles commencent déjà à lui manquer mais il faudra s'en contenter pour le moment. Alors que sa bien-aimée vient réajuster son col, il lui retourne cet échange de regard bien à eux. Sentant cette marque d'affection se déposer sur son cou, il la gratifie d'un sourire spontané, celui d'un homme complètement sous le charme.
« Peut-être que c'était mon intention depuis le départ. »
Rien qui sortirait de l'habituel pour lui, mais Dahlia saura faire comprendre à qui veut l'entendre, que la place est déjà prise. Il n'a absolument aucun doute là-dessus. Entrelaçant amoureusement leurs doigts, il dépose son front contre le sien sans jamais la quitter des yeux. Si seulement elle savait à quel point lui aussi se sent chanceux de l'avoir rencontré ce jour béni à Liberty. Dénouant légèrement son étreinte pour se saisir d'une de ses mèches de cheveux entre deux doigts, juste avant de déposer sa paume sur sa joue. Se joignant de concert à la douce caresse de leurs lèvres.
« Flatteuse. »
Un juste retour des choses, il n'est pas le seul à savoir se montrer élogieux. Néanmoins, il serait un bien vilain menteur de feindre l'indifférence face à ses mots. C'est agréable de se savoir toujours aussi attirant pour la femme qu'il aime, bien qu'il n'en doutait pas vraiment, il aime particulièrement l'entendre le lui dire. Enroulant ses bras autour de ses épaules et profitant de cette proximité pendant ces quelques minutes de silence qui s'offrent à eux. Sentir son toucher sur sa peau, le parfum que dégage sa chevelure dorée ou le goût de ses lèvres. Pouvoir partager ces moments anodins avec l'être qu'il aime le plus au monde ne doit plus être un événement mais bien une réalité de tous les jours. Une nouvelle vie leur tend les bras et rien ni personne ne viendra entacher ce cadre idyllique, Eliëndir s'en assurera personnellement. Croisant à nouveau le regard de la Fae, il lui rend son sourire sans dire un mot en la regardant s'éloigner de quelques pas contre son gré, pour finir de se préparer face au miroir. Croisant les mains dans le bas de son dos, il attend patiemment qu'elle ait terminé avec ses cheveux. Détournant le regard juste une seconde vers le bureau un peu plus loin et constatant simplement que la lettre à l'attention de l'orphelinat est déjà prête.
Il reporte immédiatement son attention sur le reflet de la Fae, observant attentivement comme hypnotisé par le mouvement de ses doigts qui viennent tresser ses cheveux scintillants à la lumière du jour. Posant délicatement sa main sur la sienne, quand elle vient se tenir à son bras. Ses yeux abandonnèrent leur reflet dans la glace pour se concentrer pleinement sur la femme qui partage sa vie. Faire apparaître un sourire sur ce visage de nacre, c'est la tâche qu'il s'imposera au quotidien à partir d'aujourd'hui. Il acquiesce de la tête, déposant un baiser sur ses cheveux blonds avant de quitter la chambre en empruntant les longs couloirs vides en direction de la porte d'entrée.
Traversant les jardins devant le domaine, le couple se retrouve enfin à arpenter les rues sublimes et immaculées de la majestueuse cité elfique de Melorn. Les rues et places sont couvertes de plantes et de fleurs se mariant parfaitement avec le blanc légèrement scintillant des structures alimentées par la magie. Tout ici est fait pour attirer l'œil et susciter l'intérêt de ses habitants, car seulement en apparence du moins, Melorn ne semble avoir absolument aucun défaut. En particulier dans les beaux quartiers qu'ils sont actuellement en train d'arpenter, la fierté même de la ville et le siège du pouvoir en place représentés respectivement par l'académie de magie et le siège du Conseil qui ne sont pas très loin de son domicile en fin de compte.
« Et si nous passions chez le couturier avant d'aller faire quelques emplettes sur le retour ? Mais cela ne presse pas, prenons tout notre temps. Dis-moi, si tu veux t'arrêter quelque part. »
Profiter est une chose dont ils n'auront pas toujours la possibilité. Alors autant prendre le temps pendant qu'ils en ont. Ils se permettent donc de faire un grand tour pour visiter la ville comme s'il s'agissait de la toute première fois qu'ils se voient à Melorn. Profitant du beau temps, du ciel bleu et son soleil printanier ainsi que de la douce brise qui règne dans le nord du continent. À croire que même la météo s'est adaptée à leurs retrouvailles. Naturellement, il leur arrive de croiser quelques passants. Quasiment exclusivement des Elfes mais rien de très surprenant à Melorn. Il arrive à Eliëndir de saluer quelques personnes de la tête, soit par politesse, soit parce qu'il s'agit de quelques connaissances sans grandes importances. Les sourires sont de mise et les Melornois sont en général trop courtois, ou trop lâches, pour exprimer le fond de leurs pensées. De toute évidence, le couple attire inévitablement les regards, bienveillants pour la majorité. Un peu moins pour d'autres. En particulier Dahlia, nouvelle figure étrangère dans un voisinage où tout le monde se connaît. Sans parler du fait qu'elle s'affiche au bras du fils d'un membre du Conseil.
Eliëndir est habitué, il a appris à simplement ignorer les gens sans intérêt. Il n'en a pas l'air et il ne le montre pas, mais le mage noir est constamment sur ses gardes. Encore plus lorsqu'il est avec Dahlia, sa sécurité est sa priorité même si les risques sont assez faibles, il n'est pas naïf. Rien ne viendra perturber ce moment de bonheur qu'il chérit ardemment. Ils passent par un petit parc naturel, rappelant étrangement celui qu'ils ont connu à Liberty le jour de leur rencontre, quelques souvenirs qui remontent. Sans prévenir, il vient déposer un baiser sur la joue de la Fae en se mettant à lui sourire pour aucune raison apparente.
« Je connais un bon couturier, juste de l'autre côté du parc. Son assistante s'occupera de toi, elle est très gentille tu verras. On est plus très loin. Est-ce que tu veux t'asseoir un moment ? »
Ils trouveront bien un endroit libre, sur un banc à l'ombre d'un conifère par exemple. Ou ils peuvent directement aller à destination, ce n'est pas un problème.
« C'est assez beau ici, cela pourrait te convenir à toi et à Neera ? Hm. Peut-être un peu trop de passage. Je connais un autre endroit, un peu plus haut de ce côté, avec une vue imprenable sur la ville. »
CENDRES
« Peut-être que c'était mon intention depuis le départ. »
Rien qui sortirait de l'habituel pour lui, mais Dahlia saura faire comprendre à qui veut l'entendre, que la place est déjà prise. Il n'a absolument aucun doute là-dessus. Entrelaçant amoureusement leurs doigts, il dépose son front contre le sien sans jamais la quitter des yeux. Si seulement elle savait à quel point lui aussi se sent chanceux de l'avoir rencontré ce jour béni à Liberty. Dénouant légèrement son étreinte pour se saisir d'une de ses mèches de cheveux entre deux doigts, juste avant de déposer sa paume sur sa joue. Se joignant de concert à la douce caresse de leurs lèvres.
« Flatteuse. »
Un juste retour des choses, il n'est pas le seul à savoir se montrer élogieux. Néanmoins, il serait un bien vilain menteur de feindre l'indifférence face à ses mots. C'est agréable de se savoir toujours aussi attirant pour la femme qu'il aime, bien qu'il n'en doutait pas vraiment, il aime particulièrement l'entendre le lui dire. Enroulant ses bras autour de ses épaules et profitant de cette proximité pendant ces quelques minutes de silence qui s'offrent à eux. Sentir son toucher sur sa peau, le parfum que dégage sa chevelure dorée ou le goût de ses lèvres. Pouvoir partager ces moments anodins avec l'être qu'il aime le plus au monde ne doit plus être un événement mais bien une réalité de tous les jours. Une nouvelle vie leur tend les bras et rien ni personne ne viendra entacher ce cadre idyllique, Eliëndir s'en assurera personnellement. Croisant à nouveau le regard de la Fae, il lui rend son sourire sans dire un mot en la regardant s'éloigner de quelques pas contre son gré, pour finir de se préparer face au miroir. Croisant les mains dans le bas de son dos, il attend patiemment qu'elle ait terminé avec ses cheveux. Détournant le regard juste une seconde vers le bureau un peu plus loin et constatant simplement que la lettre à l'attention de l'orphelinat est déjà prête.
Il reporte immédiatement son attention sur le reflet de la Fae, observant attentivement comme hypnotisé par le mouvement de ses doigts qui viennent tresser ses cheveux scintillants à la lumière du jour. Posant délicatement sa main sur la sienne, quand elle vient se tenir à son bras. Ses yeux abandonnèrent leur reflet dans la glace pour se concentrer pleinement sur la femme qui partage sa vie. Faire apparaître un sourire sur ce visage de nacre, c'est la tâche qu'il s'imposera au quotidien à partir d'aujourd'hui. Il acquiesce de la tête, déposant un baiser sur ses cheveux blonds avant de quitter la chambre en empruntant les longs couloirs vides en direction de la porte d'entrée.
Traversant les jardins devant le domaine, le couple se retrouve enfin à arpenter les rues sublimes et immaculées de la majestueuse cité elfique de Melorn. Les rues et places sont couvertes de plantes et de fleurs se mariant parfaitement avec le blanc légèrement scintillant des structures alimentées par la magie. Tout ici est fait pour attirer l'œil et susciter l'intérêt de ses habitants, car seulement en apparence du moins, Melorn ne semble avoir absolument aucun défaut. En particulier dans les beaux quartiers qu'ils sont actuellement en train d'arpenter, la fierté même de la ville et le siège du pouvoir en place représentés respectivement par l'académie de magie et le siège du Conseil qui ne sont pas très loin de son domicile en fin de compte.
« Et si nous passions chez le couturier avant d'aller faire quelques emplettes sur le retour ? Mais cela ne presse pas, prenons tout notre temps. Dis-moi, si tu veux t'arrêter quelque part. »
Profiter est une chose dont ils n'auront pas toujours la possibilité. Alors autant prendre le temps pendant qu'ils en ont. Ils se permettent donc de faire un grand tour pour visiter la ville comme s'il s'agissait de la toute première fois qu'ils se voient à Melorn. Profitant du beau temps, du ciel bleu et son soleil printanier ainsi que de la douce brise qui règne dans le nord du continent. À croire que même la météo s'est adaptée à leurs retrouvailles. Naturellement, il leur arrive de croiser quelques passants. Quasiment exclusivement des Elfes mais rien de très surprenant à Melorn. Il arrive à Eliëndir de saluer quelques personnes de la tête, soit par politesse, soit parce qu'il s'agit de quelques connaissances sans grandes importances. Les sourires sont de mise et les Melornois sont en général trop courtois, ou trop lâches, pour exprimer le fond de leurs pensées. De toute évidence, le couple attire inévitablement les regards, bienveillants pour la majorité. Un peu moins pour d'autres. En particulier Dahlia, nouvelle figure étrangère dans un voisinage où tout le monde se connaît. Sans parler du fait qu'elle s'affiche au bras du fils d'un membre du Conseil.
Eliëndir est habitué, il a appris à simplement ignorer les gens sans intérêt. Il n'en a pas l'air et il ne le montre pas, mais le mage noir est constamment sur ses gardes. Encore plus lorsqu'il est avec Dahlia, sa sécurité est sa priorité même si les risques sont assez faibles, il n'est pas naïf. Rien ne viendra perturber ce moment de bonheur qu'il chérit ardemment. Ils passent par un petit parc naturel, rappelant étrangement celui qu'ils ont connu à Liberty le jour de leur rencontre, quelques souvenirs qui remontent. Sans prévenir, il vient déposer un baiser sur la joue de la Fae en se mettant à lui sourire pour aucune raison apparente.
« Je connais un bon couturier, juste de l'autre côté du parc. Son assistante s'occupera de toi, elle est très gentille tu verras. On est plus très loin. Est-ce que tu veux t'asseoir un moment ? »
Ils trouveront bien un endroit libre, sur un banc à l'ombre d'un conifère par exemple. Ou ils peuvent directement aller à destination, ce n'est pas un problème.
« C'est assez beau ici, cela pourrait te convenir à toi et à Neera ? Hm. Peut-être un peu trop de passage. Je connais un autre endroit, un peu plus haut de ce côté, avec une vue imprenable sur la ville. »
CENDRES
Invité
Invité
Amoureusement attachée au bras d’Eliëndir, Dahlia entamait sa première promenade dans les beaux quartiers en tant qu’habitante de la cité elfique avec appréhension. Replaçant le masque fictif qu’elle portait sur le visage face aux inconnus, la Fae se sentait plus à l’aise, plus en sécurité ainsi. Son bien-aimé la protégerait, néanmoins nul ne la sauverait d’elle-même, de ses propres démons qui viendraient l’attaquer, attendant la moindre faille dans la parfaite façade qu’elle arborait. Le menton haut, le regard droit, sa longue chevelure dansant en cascade le long de son dos, pendant un bref instant, elle put redevenir la directrice d’orphelinat qu’elle avait été tout au long de son existence. Un écrin de tristesse entouré de jolis rubans, un cauchemar déguisé en rêve éveillé. Une fois les jardins traversés, elle scella ses émotions dans la cage qui leur était réservée, ne laissant glisser en dehors que des bribes de l’amour qu’elle éprouvait pour le mage noir. Avec le temps, elle apprendrait à dissocier ces deux univers, celui où elle pouvait être elle-même et l’autre, où mensonges et manigances ne faisaient qu’un. Sa naïveté la poussait à croire que Melorn serait un parfait renouveau, une vie merveilleuse qui lui ouvrait les bras. Son pragmatisme et son pessimisme s’occupaient d’entraver son enthousiasme, juste assez pour que la nouvelle du déménagement ne la fasse bondir au plafond.
Adressant, elle aussi, des légers hochements de tête aux passants qui saluaient Eliëndir, par pure politesse, Dahlia en profitait pour les gratifier du même sourire chaleureux qu’elle offrait à ceux qui visitaient son établissement pour la première fois. Reine de la tromperie aux mains baignant dans la charité, la Fae savait faire chavirer son audience, jouer avec les sentiments d’autrui, mais surtout, faire une première bonne impression qui durerait dans le temps. Enfouissant au plus profond d’elle sa peur du rejet, la jeune femme avançait fièrement aux côtés de l’Elfe, croisant son regard moins qu’elle ne l’aurait voulu, ses tourments s’apaisant chaque fois que ses améthystes se posaient sur elle. « C’est une bonne idée. Les ingrédients ne vont pas s’envoler si nous ne courons pas les chercher. ». Caressant sa main avec son pouce, la jeune femme s’arrêta régulièrement pour observer ses alentours, appréciant la beauté des lieux un peu plus à chaque visite. Melorn était véritablement une pierre précieuse taillée dans le brut, une perle perdue au beau milieu des montagnes. À bien y réfléchir, la vie de républicaine ne correspondait pas tant à ses idéaux et l’adaptation, en termes de mentalité, pourrait se faire bien plus aisément qu’elle ne le pensait. Son altruisme aurait du mal à franchir les barrières qu’érigeaient les citoyens envers les étrangers, toutefois elle avait étrangement confiance. La faute au jeune homme qu’elle accompagnait qui aurait pu lui donner la force de tout surmonter, la galvanisant à chacun de ses mots savamment choisis.
D’un coup d’œil rapide, Dahlia nota les nombreuses fleurs et plantes qui ornaient les rues, se demandant lesquelles elle pourrait peindre et dans quel ordre. Elle se demandait si chacune d’entre elles portait une place importante dans le cœur de l’habitant qui s’en occupait, ou si elle était la seule à accorder autant d’amour et de mérite au monde qui l’entourait. Une pensée de l’amoureuse de la nature s’envola vers la gardienne de la forêt qui avait modelé son enfance à son image. Lui écrire serait impossible. Son séjour à Liberty serait un des plus difficiles jusqu’à maintenant. Le baiser sur sa joue la sortit de ses songes tandis qu’elle prenait le temps de s’asseoir sur un banc à l’ombre, croisant ses jambes et posant sa tête sur l’épaule de l’Elfe. « Je veux bien m’arrêter un petit peu, si ça ne te dérange pas. Pas longtemps, juste quelques minutes. J’aime beaucoup cet endroit. ». Au-delà des émotions qui s’enchaînaient bien trop rapidement pour que son esprit ne suive la cadence, la Fae appréciait se poser pour observer son environnement. Son nouvel environnement, dans lequel elle allait à présent évoluer. « Il y a un peu trop de passage, effectivement. J’espère qu’un jour, je serai capable de peindre devant quelqu’un d’autre. ». Après tout, Dahlia ne s’emparait que rarement d’un pinceau, même devant l’élu de son cœur. Ses yeux se mirent à errer dans le parc, toujours aussi inexpressifs en comparaison de celle qu’elle était avant leur départ, quand ils tombèrent sur une scène qui la fit se stopper net dans sa réflexion et son admiration du paysage.
De l’autre côté du parc, près d’un banc similaire au leur, un groupe d’enfants jouait. Se courant après, riant à gorges déployées, se chamaillant parfois. Comme une petite percée dans la carapace que Dahlia avait enfilé en sortant de sa nouvelle demeure, elle se mit à nouveau à sourire timidement, glissant ses doigts dans les interstices de ceux d’Eliëndir. Laissant échapper un soupir de ses lèvres, la Fae prit à nouveau la parole. « Je sais que ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre, mais… ». Ses yeux se plissèrent, son cœur se serrant à son tour. « L’orphelinat et les enfants vont me manquer. ». Oh Dahlia aurait aimé oublier trois cents ans en un claquement de doigts, se défaire de l’attachement à son établissement et à ses petits occupants. Ce n’était guère si facile. « C’est la bonne décision, et je ne reviendrais pas dessus. ». Sans quitter les enfants des yeux, elle vint décoller sa tête de son épaule après avoir déposé un baiser sur sa joue. Sa vie était ici, avec le seul être qu’elle chérissait plus que l’univers. Dans un foyer où elle était aimée pour qui elle était véritablement, pas pour le joli visage qu’elle montrait aux autres. Dans un sens, Dahlia en vint même à penser que son départ n’était pas une si mauvaise chose. Sans son influence néfaste, les orphelins cesseraient de voler à tout va. Les potions de perte de mémoire pourraient servir à endiguer certains traumatismes, plutôt qu’à couvrir ses arrières. Elle n’était pas une bonne personne, et elle le savait pertinemment.
« Est-ce que je pourrais te demander une faveur ? ». Elle plongea à nouveau son regard dans le sien, se retenant de s’y noyer encore une fois. Sa main libre vint s’approcher de sa joue, passant derrière son oreille pour replacer quelques mèches rebelles de sa chevelure blanche. « J’aimerais que tu viennes avec moi, quand je devrais dire au revoir à l’orphelinat. Je… Je sais que c’est un long voyage, et que tu es occupé, mais… ». Elle prit une petite pause pour reprendre sa respiration, calmant son cœur qui tambourinait contre sa poitrine à une vitesse folle. « C’est important pour moi. Et pour être tout à fait honnête, je ne sais pas dans quel état je serai lors de ma démission officielle. J’ignore les réactions de mes proches là-bas. Je ne peux que les imaginer. ». Elle avala sa salive, se rendant compte une fois de plus que dans ses décisions, elle allait forcément heurter quelqu’un. « Certains ne m’offriront pas leur soutien, bien au contraire. Je le sais. Je ne leur demande pas de faire preuve de compassion ou de compréhension. Je ne m’attends pas à ce qu’ils comprennent. ». Qui le pourrait, après tout, à part eux ? Être fou amoureux, se faire frapper d’un coup de foudre aussi puissant, n’arrivait pas à tout le monde. « Leurs mots vont me blesser, c’est un fait. Certains le feront volontairement, d’autres seront maladroits. ». Préparée à souffrir, Dahlia l’était plus ou moins tout le temps. Il n’y avait qu’en compagnie d’Eliëndir que la Fae ne tendait pas le bâton pour se faire battre. Chaque instant de plaisir avait une fin inévitable. Sauf pour eux. Loin des larmes et de la tristesse qui se frayait un chemin jusqu’à son cœur, la jeune femme attendait la souffrance avec sérénité. Elle devait passer par là. Elle ne pouvait pas simplement fuir la capitale sans un mot. Dans un murmure, un aveu de faiblesse qu’elle ne se permettait jamais en temps normal, la Fae dirigea son regard vers le ciel azuré parsemé de fins rayons de soleil. « J’ai besoin de toi. Chaque jour, mais celui-ci encore plus. ». La transition serait ardue, le départ atroce. Et pourtant, en voyant son visage si proche du sien, Dahlia aurait pu complètement l’oublier…
Adressant, elle aussi, des légers hochements de tête aux passants qui saluaient Eliëndir, par pure politesse, Dahlia en profitait pour les gratifier du même sourire chaleureux qu’elle offrait à ceux qui visitaient son établissement pour la première fois. Reine de la tromperie aux mains baignant dans la charité, la Fae savait faire chavirer son audience, jouer avec les sentiments d’autrui, mais surtout, faire une première bonne impression qui durerait dans le temps. Enfouissant au plus profond d’elle sa peur du rejet, la jeune femme avançait fièrement aux côtés de l’Elfe, croisant son regard moins qu’elle ne l’aurait voulu, ses tourments s’apaisant chaque fois que ses améthystes se posaient sur elle. « C’est une bonne idée. Les ingrédients ne vont pas s’envoler si nous ne courons pas les chercher. ». Caressant sa main avec son pouce, la jeune femme s’arrêta régulièrement pour observer ses alentours, appréciant la beauté des lieux un peu plus à chaque visite. Melorn était véritablement une pierre précieuse taillée dans le brut, une perle perdue au beau milieu des montagnes. À bien y réfléchir, la vie de républicaine ne correspondait pas tant à ses idéaux et l’adaptation, en termes de mentalité, pourrait se faire bien plus aisément qu’elle ne le pensait. Son altruisme aurait du mal à franchir les barrières qu’érigeaient les citoyens envers les étrangers, toutefois elle avait étrangement confiance. La faute au jeune homme qu’elle accompagnait qui aurait pu lui donner la force de tout surmonter, la galvanisant à chacun de ses mots savamment choisis.
D’un coup d’œil rapide, Dahlia nota les nombreuses fleurs et plantes qui ornaient les rues, se demandant lesquelles elle pourrait peindre et dans quel ordre. Elle se demandait si chacune d’entre elles portait une place importante dans le cœur de l’habitant qui s’en occupait, ou si elle était la seule à accorder autant d’amour et de mérite au monde qui l’entourait. Une pensée de l’amoureuse de la nature s’envola vers la gardienne de la forêt qui avait modelé son enfance à son image. Lui écrire serait impossible. Son séjour à Liberty serait un des plus difficiles jusqu’à maintenant. Le baiser sur sa joue la sortit de ses songes tandis qu’elle prenait le temps de s’asseoir sur un banc à l’ombre, croisant ses jambes et posant sa tête sur l’épaule de l’Elfe. « Je veux bien m’arrêter un petit peu, si ça ne te dérange pas. Pas longtemps, juste quelques minutes. J’aime beaucoup cet endroit. ». Au-delà des émotions qui s’enchaînaient bien trop rapidement pour que son esprit ne suive la cadence, la Fae appréciait se poser pour observer son environnement. Son nouvel environnement, dans lequel elle allait à présent évoluer. « Il y a un peu trop de passage, effectivement. J’espère qu’un jour, je serai capable de peindre devant quelqu’un d’autre. ». Après tout, Dahlia ne s’emparait que rarement d’un pinceau, même devant l’élu de son cœur. Ses yeux se mirent à errer dans le parc, toujours aussi inexpressifs en comparaison de celle qu’elle était avant leur départ, quand ils tombèrent sur une scène qui la fit se stopper net dans sa réflexion et son admiration du paysage.
De l’autre côté du parc, près d’un banc similaire au leur, un groupe d’enfants jouait. Se courant après, riant à gorges déployées, se chamaillant parfois. Comme une petite percée dans la carapace que Dahlia avait enfilé en sortant de sa nouvelle demeure, elle se mit à nouveau à sourire timidement, glissant ses doigts dans les interstices de ceux d’Eliëndir. Laissant échapper un soupir de ses lèvres, la Fae prit à nouveau la parole. « Je sais que ce n’est pas ce que tu as envie d’entendre, mais… ». Ses yeux se plissèrent, son cœur se serrant à son tour. « L’orphelinat et les enfants vont me manquer. ». Oh Dahlia aurait aimé oublier trois cents ans en un claquement de doigts, se défaire de l’attachement à son établissement et à ses petits occupants. Ce n’était guère si facile. « C’est la bonne décision, et je ne reviendrais pas dessus. ». Sans quitter les enfants des yeux, elle vint décoller sa tête de son épaule après avoir déposé un baiser sur sa joue. Sa vie était ici, avec le seul être qu’elle chérissait plus que l’univers. Dans un foyer où elle était aimée pour qui elle était véritablement, pas pour le joli visage qu’elle montrait aux autres. Dans un sens, Dahlia en vint même à penser que son départ n’était pas une si mauvaise chose. Sans son influence néfaste, les orphelins cesseraient de voler à tout va. Les potions de perte de mémoire pourraient servir à endiguer certains traumatismes, plutôt qu’à couvrir ses arrières. Elle n’était pas une bonne personne, et elle le savait pertinemment.
« Est-ce que je pourrais te demander une faveur ? ». Elle plongea à nouveau son regard dans le sien, se retenant de s’y noyer encore une fois. Sa main libre vint s’approcher de sa joue, passant derrière son oreille pour replacer quelques mèches rebelles de sa chevelure blanche. « J’aimerais que tu viennes avec moi, quand je devrais dire au revoir à l’orphelinat. Je… Je sais que c’est un long voyage, et que tu es occupé, mais… ». Elle prit une petite pause pour reprendre sa respiration, calmant son cœur qui tambourinait contre sa poitrine à une vitesse folle. « C’est important pour moi. Et pour être tout à fait honnête, je ne sais pas dans quel état je serai lors de ma démission officielle. J’ignore les réactions de mes proches là-bas. Je ne peux que les imaginer. ». Elle avala sa salive, se rendant compte une fois de plus que dans ses décisions, elle allait forcément heurter quelqu’un. « Certains ne m’offriront pas leur soutien, bien au contraire. Je le sais. Je ne leur demande pas de faire preuve de compassion ou de compréhension. Je ne m’attends pas à ce qu’ils comprennent. ». Qui le pourrait, après tout, à part eux ? Être fou amoureux, se faire frapper d’un coup de foudre aussi puissant, n’arrivait pas à tout le monde. « Leurs mots vont me blesser, c’est un fait. Certains le feront volontairement, d’autres seront maladroits. ». Préparée à souffrir, Dahlia l’était plus ou moins tout le temps. Il n’y avait qu’en compagnie d’Eliëndir que la Fae ne tendait pas le bâton pour se faire battre. Chaque instant de plaisir avait une fin inévitable. Sauf pour eux. Loin des larmes et de la tristesse qui se frayait un chemin jusqu’à son cœur, la jeune femme attendait la souffrance avec sérénité. Elle devait passer par là. Elle ne pouvait pas simplement fuir la capitale sans un mot. Dans un murmure, un aveu de faiblesse qu’elle ne se permettait jamais en temps normal, la Fae dirigea son regard vers le ciel azuré parsemé de fins rayons de soleil. « J’ai besoin de toi. Chaque jour, mais celui-ci encore plus. ». La transition serait ardue, le départ atroce. Et pourtant, en voyant son visage si proche du sien, Dahlia aurait pu complètement l’oublier…
Invité
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
Il s'installe donc à ses côtés, sur un banc libre profitant de l'ombre d'un arbre assez imposant et de ses larges branches. Ils n'ont pas arrêté de marcher depuis qu'ils ont quitté le domicile, ils ont le temps de profiter un peu de cette belle journée sans se soucier du reste. Eliëndir se met à observer les alentours, les passants, les familles et les enfants qui s'amusent ici et là. Rare sont les moments qu'il s'accorde pour simplement profiter des petites choses de la vie, il se rend compte qu'il n'a jamais pris le temps de simplement s'installer sur un banc et prendre l'air pour se vider la tête. Ça l'aurait bien aidé, plus d'une fois d'ailleurs. Pourtant, il se souvient qu'il venait régulièrement ici quand il était petit, pour jouer avec les autres enfants. Son père l'accompagnait, quand il n'était pas surchargé par son travail. Pas assez souvent, malheureusement.
Avoir l'attention d'un père distant était une mission de tous les jours et en l'absence d'une figure maternelle, Eliëndir a souvent été confronté à une enfance marquée par la solitude. Pourtant, ça ne lui viendrait pas en tête de s'en plaindre. Il n'a manqué de rien et sa vie a toujours été assez joyeuse d'aussi loin qu'il s'en souvient. Tous les enfants n'ont pas la chance d'avoir un foyer aimant et d'avoir accès à une bonne éducation. Finalement, sa place au sein de l'académie de magie et de la politique locale a été très largement influencée par son père adoptif. Il s'est souvent demandé quel genre de vie il aurait eu si ses parents biologiques étaient encore de ce monde. Serait-il la même personne aujourd'hui ? Aurait-il été un mage comme sa mère ou un plutôt un artisan comme son père ? Peut-être rien de tout ça, malgré sa forte affinité naturelle avec le mana, il aurait pu choisir d'être quelqu'un d'autre. Un simple détail aurait pu tout changer. Et dans cette vie-là, est-ce qu'il aurait eu la chance de rencontrer Dahlia ce jour-là ?
C'est un sentiment curieux, qu'on ne peut comprendre que quand ça nous arrive vraiment. Cette sensation d'être lié à quelqu'un par une force qui nous dépasse, peu importe la distance qui nous sépare de l'être aimé. Eliëndir déteste l'idée que sa vie soit déjà écrite à l'avance, qu'il n'ait aucun véritable contrôle sur ce qui se passe. Pourtant, quand il se perd dans ses iris au couleur du plus beau des couchers de soleil, ses doutes s'évaporent instantanément. Quand il la regarde, il en est intimement convaincu. Peu importe le nombre de fois qu'il s'éloigne d'elle, le nombre de voyages qu'il entreprend. Au bout du chemin, il finit toujours par revenir auprès d'elle. Là où est sa place.
L'Elfe tourne légèrement le regard pour s'arrêter un moment sur le groupe d'enfants que la Fae observe depuis quelques instants déjà. Les mots de la Fae lui font quitter sa réflexion intérieure. Il le sait déjà, l'orphelinat est une grande partie de sa vie qu'elle ne peut pas simplement ignorer ou oublier du jour au lendemain. Ce serait bien égoïste de sa part de lui demander une telle chose, il l'est déjà bien assez de lui avoir demandé de rester avec lui.
« Je sais oui, je comprends. Cela prendra du temps mais on surmontera cette épreuve ensemble. Celle-ci et les prochaines. »
Un sourire apparaît sur son visage au contact de ses lèvres sur sa joue. Il détourne son regard du groupe d'enfants pour poser ses yeux sur leurs doigts entremêlés. Ni l'un ni l'autre n'aura plus à affronter seul leurs démons. Il se tiendra dignement à ses côtés, l'accompagnant dans chacune des étapes de sa vie même les plus difficiles. Partageant ses peines et ses souffrances pour alléger le poids qui pèse sur ses épaules. Rien d'autre n'est plus important que Dahlia, pas même sa propre vie. Eliëndir lève soudainement les yeux pour croiser le regard de sa bien-aimée, curieux de connaître la nature de cette faveur.
« Bien sûr, je t'écoute. »
Il penche légèrement la tête sur le côté, sans l'interrompre. Il entend ses peurs et ses incertitudes, elles font vibrer sa voix malgré elle. Redoutant les adieux qu'elle va devoir faire à l'orphelinat et à ses proches, certaines de leurs réactions pourraient être peu enviables et c'est sûrement ce qui l'effraie le plus. Eliëndir fronce brièvement les sourcils, il n'est pas sûr de bien saisir pourquoi certains de ses amis refuseraient sa décision. Il peut comprendre la déception de ses collègues et des enfants de l'orphelinat, ils ont le droit d'exprimer de l'amertume suite à son départ. Mais les autres ne peuvent-ils pas simplement être heureux pour elle ? Quand tu aimes quelqu'un, tu le laisses partir même si c'est difficile. S'ils n'en sont pas capables, c'est qu'ils ne méritaient pas d'avoir une place dans le cœur de Dahlia.
« Évidemment que je viendrai avec toi. Tu peux compter sur moi, tu le sais. Pour ce qui est de tes proches, s'ils tiennent vraiment à toi, ils comprendront. Et si ce n'est pas le cas, alors c'est que tu n'as pas perdu grand-chose. »
Dahlia n'affrontera pas cette épreuve seule. Elle n'aura plus jamais à le faire. Cette faveur n'en est pas vraiment une, Eliëndir n'avait aucune intention de la laisser repartir toute seule à Liberty, il avait déjà décidé de l'accompagner avant même qu'elle le lui demande. Son dernier murmure est une douce sonorité à ses oreilles, la force et le courage qui lui permettent d'exprimer ses sentiments sont tout sauf un aveu de faiblesse de son point de vue. Même s'il est capable de lire dans ses yeux comme dans un livre ouvert, il aime tout particulièrement quand elle lui partage ses pensées de vive voix.
« Tout se passera bien. Je serai là, quoi qu'il arrive. Toujours. »
Liberty et l'orphelinat peuvent bien attendre encore un peu. Déposant sa main libre sur sa joue, il amène son visage près du sien pour poser avec tendresse, ses lèvres contre les siennes. Lui exprimant tout son amour de la plus simple des façons, au milieu des passants et des curieux. Cela lui importe peu d'être vu à présent, ils n'ont pas à redouter le jugement des autres. Cette petite bulle d'intimité dans laquelle ils vivaient jusqu'à maintenant n'a plus lieu d'être. Le monde finira bien par le savoir de toute façon alors que ce soit bien clair, Melorn devra faire avec eux à présent. Son front contre le sien, il lui sourit simplement en fermant les yeux pendant quelques secondes. D'un chuchotement, qui ne peut être entendu par personne d'autre que Dahlia.
« Je t'aime. Mais ça aussi, tu le sais déjà. »
Embrassant délicatement le dos de sa main, une petite marque d'affection qu'il ne cesse de répéter. Naturellement plus expressif par des gestes que par des mots. Il finit par se redresser sur ses deux jambes, sa main toujours dans la sienne, il l'invite à reprendre la marche avant que les regards ne deviennent un peu trop insistant autour d'eux. La journée est encore loin d'être terminée. Toujours ensemble, ils se mettront à traverser le parc sans avoir à presser le pas. Ils ont tout le temps nécessaire devant eux et ils sont libres d'aller où bon leur semble. Ils ont un arrêt à faire chez le couturier, de l'autre côté du parc naturel et c'est donc vers là qu'ils se dirigent. Ils y seront bien assez vite. Eliëndir affiche une mine pensive, sur le trajet. Prenant une petite inspiration avant de venir exprimer le fond de sa pensée.
« Dis-moi, j'y réfléchissais. J'ai conscience que c'est un changement brutal pour toi. Je ne veux pas que tu te sentes oppressée ici, ou que tu te retrouves piégée d'une certaine manière. Je veux que tu te sentes bien ici, avec moi. En dehors de nos voyages, je sais que la vie à la maison peut paraître pénible et ennuyeuse. Je me suis dit que ça serait une bonne idée si tu m'aidais, par exemple, à gérer certaines de mes affaires. »
Il marque une courte pause, comme pour réfléchir à ses prochains mots et à la tournure de ses phrases.
« Je risque d'avoir de moins en moins de temps à consacrer à mes capitaux, à cause de la politique entre autres. Alors je me suis dis, si ça t'intéresse évidemment, que tu pourrais à terme, prendre ma place et veiller à que mes... nos entreprises prospèrent. Je pourrais t'en parler un peu plus si tu le souhaites, te montrer comment ça fonctionne. Qu'est-ce que tu en penses ? Ne te sens pas obligée d'accepter, bien sûr. C'est simplement une idée qui m'a traversé l'esprit. Prends simplement le temps d'y réfléchir. »
Dahlia à géré des fonds et un orphelinat pendant des dizaines voire des centaines d'années. S'occuper d'enfants et gérer des employés, c'est presque la même chose quand on y pense. Certes, c'est un ou deux crans au-dessus mais Eliëndir la croit parfaitement capable de prendre la suite. Elle pourrait devenir une femme taillée pour les affaires, avec le temps. Cela pourrait peut-être lui plaire. Tout le monde y trouverait son compte honnêtement. Dahlia aurait une activité utile et lucrative à laquelle se consacrer pleinement dans cette nouvelle vie pendant qu'Eliëndir se consacrerait uniquement à la politique et ses affaires disons plus "officieuses". C'est un assez bon compromis et puis, ça ferait une activité en commun de plus pour ce couple atypique de la cité elfique.
CENDRES
Avoir l'attention d'un père distant était une mission de tous les jours et en l'absence d'une figure maternelle, Eliëndir a souvent été confronté à une enfance marquée par la solitude. Pourtant, ça ne lui viendrait pas en tête de s'en plaindre. Il n'a manqué de rien et sa vie a toujours été assez joyeuse d'aussi loin qu'il s'en souvient. Tous les enfants n'ont pas la chance d'avoir un foyer aimant et d'avoir accès à une bonne éducation. Finalement, sa place au sein de l'académie de magie et de la politique locale a été très largement influencée par son père adoptif. Il s'est souvent demandé quel genre de vie il aurait eu si ses parents biologiques étaient encore de ce monde. Serait-il la même personne aujourd'hui ? Aurait-il été un mage comme sa mère ou un plutôt un artisan comme son père ? Peut-être rien de tout ça, malgré sa forte affinité naturelle avec le mana, il aurait pu choisir d'être quelqu'un d'autre. Un simple détail aurait pu tout changer. Et dans cette vie-là, est-ce qu'il aurait eu la chance de rencontrer Dahlia ce jour-là ?
C'est un sentiment curieux, qu'on ne peut comprendre que quand ça nous arrive vraiment. Cette sensation d'être lié à quelqu'un par une force qui nous dépasse, peu importe la distance qui nous sépare de l'être aimé. Eliëndir déteste l'idée que sa vie soit déjà écrite à l'avance, qu'il n'ait aucun véritable contrôle sur ce qui se passe. Pourtant, quand il se perd dans ses iris au couleur du plus beau des couchers de soleil, ses doutes s'évaporent instantanément. Quand il la regarde, il en est intimement convaincu. Peu importe le nombre de fois qu'il s'éloigne d'elle, le nombre de voyages qu'il entreprend. Au bout du chemin, il finit toujours par revenir auprès d'elle. Là où est sa place.
L'Elfe tourne légèrement le regard pour s'arrêter un moment sur le groupe d'enfants que la Fae observe depuis quelques instants déjà. Les mots de la Fae lui font quitter sa réflexion intérieure. Il le sait déjà, l'orphelinat est une grande partie de sa vie qu'elle ne peut pas simplement ignorer ou oublier du jour au lendemain. Ce serait bien égoïste de sa part de lui demander une telle chose, il l'est déjà bien assez de lui avoir demandé de rester avec lui.
« Je sais oui, je comprends. Cela prendra du temps mais on surmontera cette épreuve ensemble. Celle-ci et les prochaines. »
Un sourire apparaît sur son visage au contact de ses lèvres sur sa joue. Il détourne son regard du groupe d'enfants pour poser ses yeux sur leurs doigts entremêlés. Ni l'un ni l'autre n'aura plus à affronter seul leurs démons. Il se tiendra dignement à ses côtés, l'accompagnant dans chacune des étapes de sa vie même les plus difficiles. Partageant ses peines et ses souffrances pour alléger le poids qui pèse sur ses épaules. Rien d'autre n'est plus important que Dahlia, pas même sa propre vie. Eliëndir lève soudainement les yeux pour croiser le regard de sa bien-aimée, curieux de connaître la nature de cette faveur.
« Bien sûr, je t'écoute. »
Il penche légèrement la tête sur le côté, sans l'interrompre. Il entend ses peurs et ses incertitudes, elles font vibrer sa voix malgré elle. Redoutant les adieux qu'elle va devoir faire à l'orphelinat et à ses proches, certaines de leurs réactions pourraient être peu enviables et c'est sûrement ce qui l'effraie le plus. Eliëndir fronce brièvement les sourcils, il n'est pas sûr de bien saisir pourquoi certains de ses amis refuseraient sa décision. Il peut comprendre la déception de ses collègues et des enfants de l'orphelinat, ils ont le droit d'exprimer de l'amertume suite à son départ. Mais les autres ne peuvent-ils pas simplement être heureux pour elle ? Quand tu aimes quelqu'un, tu le laisses partir même si c'est difficile. S'ils n'en sont pas capables, c'est qu'ils ne méritaient pas d'avoir une place dans le cœur de Dahlia.
« Évidemment que je viendrai avec toi. Tu peux compter sur moi, tu le sais. Pour ce qui est de tes proches, s'ils tiennent vraiment à toi, ils comprendront. Et si ce n'est pas le cas, alors c'est que tu n'as pas perdu grand-chose. »
Dahlia n'affrontera pas cette épreuve seule. Elle n'aura plus jamais à le faire. Cette faveur n'en est pas vraiment une, Eliëndir n'avait aucune intention de la laisser repartir toute seule à Liberty, il avait déjà décidé de l'accompagner avant même qu'elle le lui demande. Son dernier murmure est une douce sonorité à ses oreilles, la force et le courage qui lui permettent d'exprimer ses sentiments sont tout sauf un aveu de faiblesse de son point de vue. Même s'il est capable de lire dans ses yeux comme dans un livre ouvert, il aime tout particulièrement quand elle lui partage ses pensées de vive voix.
« Tout se passera bien. Je serai là, quoi qu'il arrive. Toujours. »
Liberty et l'orphelinat peuvent bien attendre encore un peu. Déposant sa main libre sur sa joue, il amène son visage près du sien pour poser avec tendresse, ses lèvres contre les siennes. Lui exprimant tout son amour de la plus simple des façons, au milieu des passants et des curieux. Cela lui importe peu d'être vu à présent, ils n'ont pas à redouter le jugement des autres. Cette petite bulle d'intimité dans laquelle ils vivaient jusqu'à maintenant n'a plus lieu d'être. Le monde finira bien par le savoir de toute façon alors que ce soit bien clair, Melorn devra faire avec eux à présent. Son front contre le sien, il lui sourit simplement en fermant les yeux pendant quelques secondes. D'un chuchotement, qui ne peut être entendu par personne d'autre que Dahlia.
« Je t'aime. Mais ça aussi, tu le sais déjà. »
Embrassant délicatement le dos de sa main, une petite marque d'affection qu'il ne cesse de répéter. Naturellement plus expressif par des gestes que par des mots. Il finit par se redresser sur ses deux jambes, sa main toujours dans la sienne, il l'invite à reprendre la marche avant que les regards ne deviennent un peu trop insistant autour d'eux. La journée est encore loin d'être terminée. Toujours ensemble, ils se mettront à traverser le parc sans avoir à presser le pas. Ils ont tout le temps nécessaire devant eux et ils sont libres d'aller où bon leur semble. Ils ont un arrêt à faire chez le couturier, de l'autre côté du parc naturel et c'est donc vers là qu'ils se dirigent. Ils y seront bien assez vite. Eliëndir affiche une mine pensive, sur le trajet. Prenant une petite inspiration avant de venir exprimer le fond de sa pensée.
« Dis-moi, j'y réfléchissais. J'ai conscience que c'est un changement brutal pour toi. Je ne veux pas que tu te sentes oppressée ici, ou que tu te retrouves piégée d'une certaine manière. Je veux que tu te sentes bien ici, avec moi. En dehors de nos voyages, je sais que la vie à la maison peut paraître pénible et ennuyeuse. Je me suis dit que ça serait une bonne idée si tu m'aidais, par exemple, à gérer certaines de mes affaires. »
Il marque une courte pause, comme pour réfléchir à ses prochains mots et à la tournure de ses phrases.
« Je risque d'avoir de moins en moins de temps à consacrer à mes capitaux, à cause de la politique entre autres. Alors je me suis dis, si ça t'intéresse évidemment, que tu pourrais à terme, prendre ma place et veiller à que mes... nos entreprises prospèrent. Je pourrais t'en parler un peu plus si tu le souhaites, te montrer comment ça fonctionne. Qu'est-ce que tu en penses ? Ne te sens pas obligée d'accepter, bien sûr. C'est simplement une idée qui m'a traversé l'esprit. Prends simplement le temps d'y réfléchir. »
Dahlia à géré des fonds et un orphelinat pendant des dizaines voire des centaines d'années. S'occuper d'enfants et gérer des employés, c'est presque la même chose quand on y pense. Certes, c'est un ou deux crans au-dessus mais Eliëndir la croit parfaitement capable de prendre la suite. Elle pourrait devenir une femme taillée pour les affaires, avec le temps. Cela pourrait peut-être lui plaire. Tout le monde y trouverait son compte honnêtement. Dahlia aurait une activité utile et lucrative à laquelle se consacrer pleinement dans cette nouvelle vie pendant qu'Eliëndir se consacrerait uniquement à la politique et ses affaires disons plus "officieuses". C'est un assez bon compromis et puis, ça ferait une activité en commun de plus pour ce couple atypique de la cité elfique.
CENDRES
Invité
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Attendant impatiemment sa réponse, Dahlia tentait de maintenir une posture droite ainsi qu’un mental d’acier. Une bien piètre tentative face à la crainte qui l’habitait, à la seule idée de devoir se rendre à Liberty sans sa présence réconfortante à ses côtés. Le cœur serré, la Fae appréhendait énormément son retour à la capitale, encore plus s’il ne pouvait l’accompagner pour faire ses adieux à la ville qui l’avait abritée pendant des siècles. Si sa nouvelle vie a Melorn avec Eliëndir l’inspirait, l’ancienne à Liberty lui laissait un goût amer sur le palais. Au-delà des réactions de son personnel et les au revoir déchirants à ses enfants qui ne pourraient retenir leurs larmes en la voyant partir, la jeune femme ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui la faisait flancher à ce point. La déception d’autrui faisait partie de son quotidien. Quand on ne se pense jamais assez bien pour les autres, le simple fait d’exister en société représente un challenge colossal. Alors pourquoi ce qui aurait dû n’être qu’une goutte dans l’océan ressemblait à un tsunami prêt à la submerger ?
Ses maux s’apaisèrent en entendant l’Elfe accepter sa demande, laissant un long soupir s’échapper d’entre ses lèvres. La transition serait plus douce à ses côtés, et si Dahlia savait qu’elle ne s’en sortirait guère sans un torrent de larmes sur ses joues, elle aurait quelqu’un sur qui compter. Le seul sur lequel elle pouvait compter, au final. Malgré la distance, Eliëndir avait été là pour elle à chaque étape de sa vie, a travers ses missives et ses visites impromptues. La Fae ne pouvait en dire autant, n’ecoutant que les récits d’aventure qui lui étaient contés. Elle l’imaginait sur les routes, vaquant de villes en villes, croisant multitude de personnalités qui s’en remettaient à lui. Elle le voyait comme un héros, comme son héros, et aucune de ses actions aussi peu éthiques soient-elles n’aurait su la faire changer d’avis à son sujet. Éperdument amoureuse, la jeune femme vivait avec des œillères, faisant entièrement confiance au jugement de son bien aimé. Si quelqu’un devait mourir, alors il le méritait, peu importe son statut ou ses antécédents. « Merci… Pour tout. Pour toi. ». Dahlia ferait comme elle en avait l’habitude ; elle ne poserait aucune question.
Les interrogations d’Eliendir concernant ses amis étaient légitimes, néanmoins la Fae ne sut si elle devait éclairer sa lanterne a ce sujet ou simplement se taire. La vérité étant que pour la première fois de sa vie, Dahlia avait peur de mourir. Pour une dépressive névrosée qui dansait avec la mort régulièrement, l’ayant côtoyée plus d’une fois d’un peu trop près, cela n’aurait pas dû l’inquieter. Au contraire, quelques semaines auparavant, elle se serait presque sentie libérée d’enfin voir arriver sa délivrance. Tout était différent à présent. Quelqu’un l’attendait chez elle, chez eux, un doux sourire sur le visage. Elle n’était plus une silhouette floue dans le paysage de la République, une directrice d’orphelinat qu’on se contentait d’ignorer. Elle ne pouvait pas abandonner si proche du but. Elle ne pouvait pas perdre tout ce pourquoi elle s’était battue durant des siècles. Entre la pègre qui lui courait après pour faire de sa vie un enfer et ses collaborations plus que douteuses, Dahlia avait son lot d’ennemis a Liberty et le peu d’alliés faits sur le chemin risqueraient de vouloir la faire taire définitivement. Personne ne s’échappait avec leurs petits secrets et sans la menace de faire brûler son établissement si elle ne gardait pas le silence, ils devraient passer à l’offensive d’une autre manière. L’envie de lui en parler lui brûlait la gorge, mais elle n’en fut tout simplement pas capable. Comment briser cet instant hors du temps alors que ses lèvres se posaient à nouveau amoureusement sur les siennes ?
Dahlia s’enivra de ce baiser, de sa main posée contre sa joue, de cette tendresse qu’il dégageait à son égard, de la chaleur qui se diffusait lentement dans ses veines. Faisant durer leur étreinte, la Fae passa sa main dans sa chevelure blanche, venant délicatement lui caresser la nuque. Les regards qui se posaient sur eux ne lui importaient plus. Transportée sur un petit nuage, Dahlia ignorait complètement le monde extérieur, venant même à oublier la présence des enfants qu’elle avait observés un peu plus tôt. Elle ne voyait que lui, sa lumière dans la nuit, son refuge dans un monde en guerre, le seul homme capable de faire taire tous ses principes ne serait-ce que pour apercevoir une esquisse de sourire sur son visage. « Je t’aime aussi. Plus que tu ne pourras jamais l’imaginer. ». Si elle avait pu lui montrer, lui expliquer… Son amour pour lui ne connaissait aucune limite, aucune frontière. Nés il y a plus de trois siècles, leurs sentiments résistaient aux tempêtes avec aisance, leurs deux esprits ne pensant ensemble qu’a une seule chose : se revoir, encore et encore. La Fae pouvait enfin toucher cette utopie du bout des doigts, ce plaisir incommensurable de passer chacune de ses journées à ses côtés, de s’afficher en étant sienne aux yeux du monde. Elle avait apprécié être son petit secret, elle aimerait également être une de ses fiertés.
Se laissant guider, Dahlia reprit la marche sans lâcher sa main, les yeux vagabondant sur le paysage qui s’offrait à elle, sur ce parc splendide où elle passerait sans doute plus de temps qu’elle ne voudrait l’admettre. Interrompue dans son fil de pensées par la voix d’Eliendir, elle l’écouta sagement mais non sans cacher une surprise considérable. Nos entreprises ? La Fae cligna des yeux, perplexe face à une telle proposition. Au-delà du fait qu’elle ne se considérait pas réellement propriétaire des biens de l’Elfe, elle ne se sentait pas vraiment à la hauteur de la tâche qui lui était suggérée. Tout en continuant à avancer, elle finit par bredouiller quelques mots. « C’est… c’est extrêmement généreux de ta part… ». Elle ne voulait pas dire oui où non tout de suite. Pas sans savoir exactement ce qu’elle aurait à faire si elle acceptait. « Je ne suis pas contre l’idée, mais effectivement j’aurais besoin que tu me montres, que tu m’expliques. Je ne suis pas vraiment familière avec les rouages d’une entreprise. » La où les commerces faisaient fructifier l’argent, en tant que charité elle ne faisait que le récupérer et l’utiliser à bon escient. Certes son expérience l’aiderait grandement, mais elle ne suffirait pas. Fort heureusement pour elle, Dahlia avait toujours été une très bonne élève et elle apprenait très vite. « Mais ne t’inquiètes pas pour moi. Je ne me sens ni piégée ni oppressée. Comment le pourrais-je ? ». Elle vint serrer sa main dans la sienne, les yeux emplis d’un amour dans sa forme la plus pure et sincère. « Je suis avec toi. ».
Poursuivant sa réflexion alors qu’ils approchaient de leur première destination, elle s’interrogea sur la suite des évènements. Neera avait bien donné des pistes de carrière qu’elles pouvaient explorer, l’idée de retrouver un orphelinat non loin en tant que bénévole pouvait également être une option… Mais pourquoi partir si loin pour reprendre la même vie, le même quotidien éreintant ? Malgré une bonne forme physique, Dahlia était visiblement fatiguée par ce travail aussi mental que manuel, en plus du fait qu’elle méritait bien une pause après tant d’années de service. « Si ça ne te dérange pas, j’aimerais prendre le temps d’y réfléchir. De réfléchir tout court d’ailleurs. Je ne sais pas ce que je vais faire à Melorn, mais avant toute chose je voudrais souffler un peu. ». Quelques jours, peut être quelques semaines de repos pour se remettre de ses émotions, un luxe qu’elle n’avait pu se permettre jusqu’à maintenant. « Je n’ai pas pris de vacances depuis… août dernier. Et encore, je suis simplement partie quelques jours dans la réserve faunique en République. Au final j’ai dû les écourter à cause d’une urgence. Et mon dernier repos avant celui-ci… ». Elle vint compter sur les doigts de sa main libre. « … Cent cinquante ans j’imagine. Je ne peux pas être sûre. Le temps passe si vite. ». Ironique pour une race a la longévité aussi grande que la sienne. Mais quand tous les jours se ressemblent, au final, la notion du temps se perd.
Une fois arrivée devant la façade de l’atelier de couture, la Fae sembla hésiter à s’y engouffrer. Se plaçant timidement dans le dos de l’Elfe, elle le laissa faire le premier pas et appuyer sur la poignée à sa place. De toute son existence, Dahlia n’avait connu qu’un seul couturier et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est particulièrement difficile à oublier. Passant sa tête au-dessus de l’épaule d’Eliendir en se mettant sur la pointe des pieds, la jeune femme observa longuement les vitrines remplies, les tissus qui débordaient des tables, la ribambelle de vêtements exposés. Elle avala sa salive, soudainement nerveuse a l’idée de formuler sa demande qui était pourtant simple. Une robe, de préférence blanche, avec un dos nu assez marqué pour qu’elle puisse déployer ses ailes sans difficulté. Pas de fioritures ou de détails particuliers, à moins que l’Elfe ait d’autres idées en tête. Pour sa part, ce serait amplement suffisant.
Sans lui laisser plus de temps pour se perdre dans ses pensées, l’assistante du couturier arriva à pas de course en entendant le tintement d’une petite cloche au niveau de la porte, trois chemises dans les bras. « Bonjour messieurs dam…. Oh Eliëndir, quelle bonne surprise. Je ne me souvenais pas que tu avais une commande à récupérer aujourd’hui. Le travail doit me monter à la tête. Tout va bien ? ». Elle se pencha ensuite sur la droite, remarquant la présence de la Fae dans son dos qui tentait médiocrement de se fondre dans le décor. « Mais tu n’es pas tout seul ! Bonjour mademoiselle. Tu nous présentes, Eliëndir ? ». Dahlia sortit lentement de sa cachette, n’osant pas dire un mot, intimidée par l’élégance qui se détachait des lieux et de leur propriétaire. Profondément gênée, elle ne sut balbutier que quelques formules de politesse envers cette inconnue bien trop chaleureuse à son goût. « B... Bonjour. ». La Fae se sentait ridicule et minuscule. Elle qui se pavanait dans les rues de Liberty comme si elles lui appartenaient avait le sentiment d’avoir perdu toute confiance en elle en mettant les pieds à Melorn. Secouant vaguement la tête, elle se reprit d’une voix plus assurée, lui tendant la main pour la lui serrer et la gratifiant d'un sourire chaleureux. « Je suis ravie de faire votre connaissance. Dahlia. Je suis sa… ». Sa quoi ? Petite amie ? Ça faisait bien trop enfantin. Moitié ? Le terme était si intime, elle l’aurait bien gardé pour elle. Compagne ? C’était sans doute ce qui se rapprochait le plus de leur situation actuelle mais étrangement cela ne sonnait pas bien non plus. Elle jeta un regard perdu à l’Elfe, espérant qu’il vienne la sortir de ce bourbier dans lequel elle avait sauté à pieds joints. Un appel à l’aide silencieux, qu’il comprendrait sans aucun doute.
Ses maux s’apaisèrent en entendant l’Elfe accepter sa demande, laissant un long soupir s’échapper d’entre ses lèvres. La transition serait plus douce à ses côtés, et si Dahlia savait qu’elle ne s’en sortirait guère sans un torrent de larmes sur ses joues, elle aurait quelqu’un sur qui compter. Le seul sur lequel elle pouvait compter, au final. Malgré la distance, Eliëndir avait été là pour elle à chaque étape de sa vie, a travers ses missives et ses visites impromptues. La Fae ne pouvait en dire autant, n’ecoutant que les récits d’aventure qui lui étaient contés. Elle l’imaginait sur les routes, vaquant de villes en villes, croisant multitude de personnalités qui s’en remettaient à lui. Elle le voyait comme un héros, comme son héros, et aucune de ses actions aussi peu éthiques soient-elles n’aurait su la faire changer d’avis à son sujet. Éperdument amoureuse, la jeune femme vivait avec des œillères, faisant entièrement confiance au jugement de son bien aimé. Si quelqu’un devait mourir, alors il le méritait, peu importe son statut ou ses antécédents. « Merci… Pour tout. Pour toi. ». Dahlia ferait comme elle en avait l’habitude ; elle ne poserait aucune question.
Les interrogations d’Eliendir concernant ses amis étaient légitimes, néanmoins la Fae ne sut si elle devait éclairer sa lanterne a ce sujet ou simplement se taire. La vérité étant que pour la première fois de sa vie, Dahlia avait peur de mourir. Pour une dépressive névrosée qui dansait avec la mort régulièrement, l’ayant côtoyée plus d’une fois d’un peu trop près, cela n’aurait pas dû l’inquieter. Au contraire, quelques semaines auparavant, elle se serait presque sentie libérée d’enfin voir arriver sa délivrance. Tout était différent à présent. Quelqu’un l’attendait chez elle, chez eux, un doux sourire sur le visage. Elle n’était plus une silhouette floue dans le paysage de la République, une directrice d’orphelinat qu’on se contentait d’ignorer. Elle ne pouvait pas abandonner si proche du but. Elle ne pouvait pas perdre tout ce pourquoi elle s’était battue durant des siècles. Entre la pègre qui lui courait après pour faire de sa vie un enfer et ses collaborations plus que douteuses, Dahlia avait son lot d’ennemis a Liberty et le peu d’alliés faits sur le chemin risqueraient de vouloir la faire taire définitivement. Personne ne s’échappait avec leurs petits secrets et sans la menace de faire brûler son établissement si elle ne gardait pas le silence, ils devraient passer à l’offensive d’une autre manière. L’envie de lui en parler lui brûlait la gorge, mais elle n’en fut tout simplement pas capable. Comment briser cet instant hors du temps alors que ses lèvres se posaient à nouveau amoureusement sur les siennes ?
Dahlia s’enivra de ce baiser, de sa main posée contre sa joue, de cette tendresse qu’il dégageait à son égard, de la chaleur qui se diffusait lentement dans ses veines. Faisant durer leur étreinte, la Fae passa sa main dans sa chevelure blanche, venant délicatement lui caresser la nuque. Les regards qui se posaient sur eux ne lui importaient plus. Transportée sur un petit nuage, Dahlia ignorait complètement le monde extérieur, venant même à oublier la présence des enfants qu’elle avait observés un peu plus tôt. Elle ne voyait que lui, sa lumière dans la nuit, son refuge dans un monde en guerre, le seul homme capable de faire taire tous ses principes ne serait-ce que pour apercevoir une esquisse de sourire sur son visage. « Je t’aime aussi. Plus que tu ne pourras jamais l’imaginer. ». Si elle avait pu lui montrer, lui expliquer… Son amour pour lui ne connaissait aucune limite, aucune frontière. Nés il y a plus de trois siècles, leurs sentiments résistaient aux tempêtes avec aisance, leurs deux esprits ne pensant ensemble qu’a une seule chose : se revoir, encore et encore. La Fae pouvait enfin toucher cette utopie du bout des doigts, ce plaisir incommensurable de passer chacune de ses journées à ses côtés, de s’afficher en étant sienne aux yeux du monde. Elle avait apprécié être son petit secret, elle aimerait également être une de ses fiertés.
Se laissant guider, Dahlia reprit la marche sans lâcher sa main, les yeux vagabondant sur le paysage qui s’offrait à elle, sur ce parc splendide où elle passerait sans doute plus de temps qu’elle ne voudrait l’admettre. Interrompue dans son fil de pensées par la voix d’Eliendir, elle l’écouta sagement mais non sans cacher une surprise considérable. Nos entreprises ? La Fae cligna des yeux, perplexe face à une telle proposition. Au-delà du fait qu’elle ne se considérait pas réellement propriétaire des biens de l’Elfe, elle ne se sentait pas vraiment à la hauteur de la tâche qui lui était suggérée. Tout en continuant à avancer, elle finit par bredouiller quelques mots. « C’est… c’est extrêmement généreux de ta part… ». Elle ne voulait pas dire oui où non tout de suite. Pas sans savoir exactement ce qu’elle aurait à faire si elle acceptait. « Je ne suis pas contre l’idée, mais effectivement j’aurais besoin que tu me montres, que tu m’expliques. Je ne suis pas vraiment familière avec les rouages d’une entreprise. » La où les commerces faisaient fructifier l’argent, en tant que charité elle ne faisait que le récupérer et l’utiliser à bon escient. Certes son expérience l’aiderait grandement, mais elle ne suffirait pas. Fort heureusement pour elle, Dahlia avait toujours été une très bonne élève et elle apprenait très vite. « Mais ne t’inquiètes pas pour moi. Je ne me sens ni piégée ni oppressée. Comment le pourrais-je ? ». Elle vint serrer sa main dans la sienne, les yeux emplis d’un amour dans sa forme la plus pure et sincère. « Je suis avec toi. ».
Poursuivant sa réflexion alors qu’ils approchaient de leur première destination, elle s’interrogea sur la suite des évènements. Neera avait bien donné des pistes de carrière qu’elles pouvaient explorer, l’idée de retrouver un orphelinat non loin en tant que bénévole pouvait également être une option… Mais pourquoi partir si loin pour reprendre la même vie, le même quotidien éreintant ? Malgré une bonne forme physique, Dahlia était visiblement fatiguée par ce travail aussi mental que manuel, en plus du fait qu’elle méritait bien une pause après tant d’années de service. « Si ça ne te dérange pas, j’aimerais prendre le temps d’y réfléchir. De réfléchir tout court d’ailleurs. Je ne sais pas ce que je vais faire à Melorn, mais avant toute chose je voudrais souffler un peu. ». Quelques jours, peut être quelques semaines de repos pour se remettre de ses émotions, un luxe qu’elle n’avait pu se permettre jusqu’à maintenant. « Je n’ai pas pris de vacances depuis… août dernier. Et encore, je suis simplement partie quelques jours dans la réserve faunique en République. Au final j’ai dû les écourter à cause d’une urgence. Et mon dernier repos avant celui-ci… ». Elle vint compter sur les doigts de sa main libre. « … Cent cinquante ans j’imagine. Je ne peux pas être sûre. Le temps passe si vite. ». Ironique pour une race a la longévité aussi grande que la sienne. Mais quand tous les jours se ressemblent, au final, la notion du temps se perd.
Une fois arrivée devant la façade de l’atelier de couture, la Fae sembla hésiter à s’y engouffrer. Se plaçant timidement dans le dos de l’Elfe, elle le laissa faire le premier pas et appuyer sur la poignée à sa place. De toute son existence, Dahlia n’avait connu qu’un seul couturier et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est particulièrement difficile à oublier. Passant sa tête au-dessus de l’épaule d’Eliendir en se mettant sur la pointe des pieds, la jeune femme observa longuement les vitrines remplies, les tissus qui débordaient des tables, la ribambelle de vêtements exposés. Elle avala sa salive, soudainement nerveuse a l’idée de formuler sa demande qui était pourtant simple. Une robe, de préférence blanche, avec un dos nu assez marqué pour qu’elle puisse déployer ses ailes sans difficulté. Pas de fioritures ou de détails particuliers, à moins que l’Elfe ait d’autres idées en tête. Pour sa part, ce serait amplement suffisant.
Sans lui laisser plus de temps pour se perdre dans ses pensées, l’assistante du couturier arriva à pas de course en entendant le tintement d’une petite cloche au niveau de la porte, trois chemises dans les bras. « Bonjour messieurs dam…. Oh Eliëndir, quelle bonne surprise. Je ne me souvenais pas que tu avais une commande à récupérer aujourd’hui. Le travail doit me monter à la tête. Tout va bien ? ». Elle se pencha ensuite sur la droite, remarquant la présence de la Fae dans son dos qui tentait médiocrement de se fondre dans le décor. « Mais tu n’es pas tout seul ! Bonjour mademoiselle. Tu nous présentes, Eliëndir ? ». Dahlia sortit lentement de sa cachette, n’osant pas dire un mot, intimidée par l’élégance qui se détachait des lieux et de leur propriétaire. Profondément gênée, elle ne sut balbutier que quelques formules de politesse envers cette inconnue bien trop chaleureuse à son goût. « B... Bonjour. ». La Fae se sentait ridicule et minuscule. Elle qui se pavanait dans les rues de Liberty comme si elles lui appartenaient avait le sentiment d’avoir perdu toute confiance en elle en mettant les pieds à Melorn. Secouant vaguement la tête, elle se reprit d’une voix plus assurée, lui tendant la main pour la lui serrer et la gratifiant d'un sourire chaleureux. « Je suis ravie de faire votre connaissance. Dahlia. Je suis sa… ». Sa quoi ? Petite amie ? Ça faisait bien trop enfantin. Moitié ? Le terme était si intime, elle l’aurait bien gardé pour elle. Compagne ? C’était sans doute ce qui se rapprochait le plus de leur situation actuelle mais étrangement cela ne sonnait pas bien non plus. Elle jeta un regard perdu à l’Elfe, espérant qu’il vienne la sortir de ce bourbier dans lequel elle avait sauté à pieds joints. Un appel à l’aide silencieux, qu’il comprendrait sans aucun doute.
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
De ce tendre baiser coupé du temps, Eliëndir s'oublia un moment. Lui et tout ce qui l'entoure, le paysage et les regards curieux des passants. Pleinement focaliser sur la seule et unique à ses yeux, sur sa main qui passe dans ses cheveux et sur le bout de ses doigts qui caressent sa nuque. Faisant fi de ce que les gens pourraient penser. Ses amis à elle, son père à lui. Peu importe, pourquoi se soucier d'eux ? Rien d'autre n'a plus d'importance que leur bonheur à tous les deux. Alors, il sourit à ses mots. Car Dahlia a cette facilité déconcertante à lui faire esquisser les réactions les plus sincères qu'il n'ait jamais eu avec quelqu'un d'autre. À ses côtés, Eliëndir est un autre homme qui se veut chaque jour un peu meilleur. Pas pour lui, mais pour elle.
« J'ai une imagination débordante, tu sais ? »
Eliëndir n'est pas en reste, il ne saurait expliquer tout ce qu'il ressent pour elle avec des mots. Ce serait tout simplement impossible, même en mélangeant ses nombreuses connaissances dans les différentes langues utilisées dans le monde. Aucun dialecte ne lui permettrait de mieux se faire comprendre que par un regard et des petites attentions dont elle est la seule à avoir l'exclusivité. Ils reprirent donc leur marche à travers les petits sentiers du parc prévu à cet effet. Le regard naturellement tourné vers le futur, l'Elfe décide d'aborder le sujet de la suite des événements. Bien sûr, c'est un peu tôt pour prendre une décision, mais le but n'est pas de la bousculer. Simplement de lui faire comprendre, que si elle veut se lancer dans un quelconque projet, elle le peut. Que cela concerne les entreprises d'Eliëndir ou non, d'ailleurs. Il la connaît que trop bien pour savoir qu'elle finira par s'ennuyer d'une vie enfermée entre quatre murs, aussi grande soit leur demeure. Passer de gérer des centaines d'enfants au calme plat du jour au lendemain, évidemment que c'est déconcertant.
Il n'est donc pas bien surpris de lire la surprise sur son visage. C'est soudain, il en a conscience. Mais il n'y a pas d'obligation, autant la prévenir le plus tôt possible et la laisser réfléchir à ses options. Cela part d'une bonne intention. Finalement, tant qu'ils sont ensembles, le reste est assez secondaire. Alors il acquiesce de temps à autre en l'écoutant, le doute et la réflexion palpable dans la voix. Il ne s'attend pas à une réponse dans l'immédiat, cela prendra le temps qu'il faut. « Je suis avec toi. ». L'inverse est tout aussi vrai, resserrant l'étreinte de leurs doigts comme s'ils avaient peur de subitement s'envoler, l'Elfe vient poser sa main libre sur la sienne dans une délicate caresse. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent à Melorn et Dahlia trouvera quelque chose qu'elle sera heureuse de faire dans cette nouvelle vie qui s'offre à eux.
« Bien sûr, c'est normal. Prends tout ton temps. On trouvera le temps, plus tard, pour en parler ensemble. Quoi que tu décides, je te soutiendrai. C'est important pour moi que tu le saches. Rien ne presse, repose-toi. Tu es ici chez toi maintenant. »
Dahlia a bien mérité de prendre un peu de temps pour elle, son ancien quotidien en plus d'être éreintant, ne lui laissait pas vraiment le luxe de se reposer ou de prendre des vacances. Des années d'un travail acharné qui pèsent lourdement sur ses épaules, il le sait mieux que personne. Il ne compte plus les fois où il l'a retrouvé avec de gigantesques cernes sous les yeux. Elle s'est toujours donnée corps et âmes pour ses enfants sans rien espérer en retour, Eliëndir n'aurait sûrement jamais eu la même détermination et force d'esprit pour endurer toutes ces années à attendre. À l'attendre lui, avec seul espoir comme motivation. La vérité étant que Dahlia est plus forte qu'il ne le sera jamais, aussi talentueux soit-il dans son domaine.
Comme prévu, ils trouvent l'atelier de couture d'une connaissance à Eliëndir, de l'autre côté du parc. Régnant en seul maître sur la gigantesque rue commerçante, effaçant les autres boutiques en attirant inévitablement le regard sur sa majestueuse vitrine où Elmondo, de son prénom, expose certaines de ses plus belles œuvres. Nobles tuniques pour ces messieurs, robes scintillantes pour ces dames. Difficile, si ce n'est impossible, de passer devant sa boutique sans y prêter quelques secondes d'attention. D'ailleurs, l'atelier est à l'image de son propriétaire. Si Eliëndir est un peu excentrique sur les bords, attendez donc de voir l'énergumène en question. Puisque la Fae hésite, l'Elfe s'approche de la porte d'un pas assuré. Il entre et fait résonner la petite cloche en hauteur qui s'actionne d'elle-même à leur passage, laissant sa bien-aimée entrer à l'intérieur avant de refermer la porte juste derrière elle.
L'intérieur est dans la continuité de la façade, tout est absolument magnifique. À la fois ordonné et désordonné, il y en a partout mais tout semble être exactement à sa place. Des rouleaux de tissus ici et là, une décoration un peu rustique mais finement décorée pour laisser une petite impression de modernité. Des pierres magiques, aux murs et au plafond pour assurer la luminosité nécessaire bien qu'en journée, les grandes fenêtres laissent passer suffisamment la lumière du jour à l'intérieur. Juste ce qu'il faut, pour en faire un endroit chaleureux où il fait bon vivre. L'endroit parfait pour rameuter les clients et les mettre en confiance avant qu'ils passent commande auprès du meilleur couturier de la ville. Autoproclamé, cela va de soi.
Son assistante est la première à les accueillir, une Elfe relativement jeune - tout est relatif pour cette race - aux cheveux blonds mi-longs coiffés dans une coupe au carré portant un tailleur et un pantalon blanc absolument parfait. Un sourire agréable sur le visage en toute circonstance, elle est la joie et la bienveillance incarnée. Elle prend donc le temps de saluer le couple, les bras chargés et visiblement en plein travail mais ça ne semble pas la déranger.
« Bonjour, Lamya. Je suis content de te voir. Tout va très bien, merci de demander. Et non, ne t'en fais pas. Je ne suis pas ici pour moi. »
Il n'a pas le temps de lui retourner la politesse, la très observatrice Lamya vient tout juste de remarquer que pour une fois, Eliëndir n'est pas venu seul. Il tourne le regard vers une Dahlia soudainement très timide, elle ne l'était pas autant dans le parc. Ou plus tôt, chez lui. Et ça l'amuse beaucoup, se contentant de sourire devant la scène. Lamya se libère une main pour venir serrer celle que la Fae lui tend, lui souriant amicalement en retour. Et pendant que l'assistante attend sagement la fin de la phrase que Dahlia vient de commencer, c'est Eliëndir qui croise le regard de détresse de sa bien-aimée. Clignant des yeux, il entrouvre la bouche d'abord sans aucun son n'en sorte. C'est peut-être quelque chose qu'ils auraient dû clarifier entre eux avant de se mettre dans cette situation un peu gênante. Et c'est lui qui va devoir en prendre la responsabilité. Il finit par bredouiller quelque chose pour les sauver tous les deux, néanmoins il répond avec assurance en balayant les doutes d'un revers de la main.
« ... Ma femme. »
C'est un peu maladroit mais c'est un terme plutôt adapté à leur situation. Un terme qu'il apprécie énormément maintenant qu'il le dit à haute voix. Lamya n'en sera que plus surprise de cette révélation, depuis le temps qu'ils se connaissent, Eliëndir ne s'est jamais affiché en public avec qui que ce soit d'autre. C'est une première et l'assistante met bien quelques secondes à percuter avant de se tourner vers Dahlia, toujours aussi avenante.
« Oh... ! C'est merveilleux ! Je suis également enchantée de faire votre connaissance, Dahlia. Soyez la bienvenue dans notre modeste établissement. Je suis Lamya, l'assistante d'Elmondo, le propriétaire de cet atelier. Je vous en prie, suivez-moi. Je vais vous faire visiter ! »
Enchaînant sur un demi-tour parfaitement contrôlé sur ses deux talons, Lamya ouvre la marche en guidant la Fae dans les couloirs de l'atelier qui, en réalité quand on y regarde de plus près, ressemble plutôt à une grande maison réaménagée. Eliëndir ferme la marche, se faisant un peu plus discret pour une fois, laissant les deux femmes discuter pendant la visite. Eliëndir connaît déjà l'endroit. L'assistante fait le grand tour du propriétaire. Très grand, parce que l'atelier est immense bien qu'il n'en ait pas l'air quand on est à l'entrée. Ils passent donc par un hall de réception, certainement la pièce la plus petite. Il y a un salon, une cuisine, une salle à manger et même une bibliothèque comme une habitation assez classique. Outre les quelques pièces de vie, il y a de nombreuses pièces uniquement dédiés à entreposer les matières premières et les différents outils utiles à la confection de vêtements en tout genre. Elle en profite pour se débarrasser des chemises qu'elle avait dans les bras avant de continuer la visite. Des dizaines et des dizaines d'étagères et de rouleaux de tissus, tous plus rares et coûteux les uns que les autres. Et bien sûr, la pièce principale où la magie opère se trouve au bout d'un interminable couloir. Plus on s'en approche, plus on entend clairement une douce mélodie qui émane de la pièce fermée par une double porte en bois.
Lamya ne ralentit pas et vient pousser la porte de l'atelier avec ses deux mains. Ce qu'il se passe de l'autre côté, est absolument surréaliste. Une grande pièce circulaire au plafond très haut, des dizaines de tables recouvertes de vêtements en train d'être cousus... tout seuls. Des objets volants dans toutes les directions comme s'il y avait une tornade en plein milieu de l'atelier. Si à la bibliothèque de Magic ce sont les livres qui volent, ici ce sont les vêtements et les aiguilles à coudres qui voltigent au-dessus du sol dans une harmonie certaine, au rythme effréné d'un air de musique classique. Un véritable concerto, un miracle pour les yeux tant il est difficile de comprendre ce qu'il se passe réellement ici. Au centre de la pièce ? Un escalier en colimaçon menant à une petite plateforme surélevée, sur laquelle se trouve un homme debout agitant la tête et les bras dans tous les sens. Une baguette de chef d'orchestre dans la main droite, Elmondo est là en hauteur et complètement en transe, donnant le rythme à sa phénoménale partition des aiguilles à coudres. Couturier mais aussi un télékinésiste de talent. Seul, il travaille pourtant comme dix hommes, préparant plusieurs commandes à la fois avec une justesse surnaturelle. En plein dans son œuvre, il n'a même pas entendu ses invités entrer. Un peu plus loin dans la pièce, sur la gauche près du mur, quelques instruments de musique jouent littéralement tout seuls, sous l'impulsion du chef d'orchestre et de sa magie. Violons, altos, violoncelles et contrebasses. Trompettes et cors. Flûtes, hautbois et bassons ainsi que quelques percussions, tout y est.
Lamya s'y dirige et vient se saisir de l'archet d'un violon qui s'arrête subitement de jouer. Bientôt suivi, par tout le reste de l'orchestre fantôme pour ne plus laisser que le bruit du tissu et des aiguilles dans la pièce.
« Elmondo, tu as de la visite. »
Le couturier s'arrête brusquement comme un robot sans batterie, les deux bras en l'air. Soupirant un grand coup, Elmondo répond d'une voix las et passablement irritée.
« Combien de fois je devrais te répéter de ne pas me déranger pendant mon travail, Lamya. J'ai horreur des...- »
Le couturier se retourne et se coupe lui-même dans son élan quand il pose ses yeux émeraudes sur ses deux invités. Ses iris sont d'un vert très clair. Comme ses congénères, Elmondo est très fin et assez grand, au moins autant qu'Eliëndir. Mais lui n'a pas les cheveux aussi long que le mage noir, sa crinière sombre ne descend pas plus bas que sa nuque. Il porte des vêtements amples, blancs et verts qui viennent s'assortir parfaitement avec ses yeux clairs. Il porte plusieurs bijoux, quelques colliers, bracelets et boucles d'oreilles. Le tout fait un bruit monstre au moindre de ses mouvements, on se demande même comment un corps aussi frêle peut porter autant d'ornements. L'excentrique en chair et en os. Outre son goût particulier pour les vêtements, ce qu'on remarque immédiatement est une large brûlure cicatrisée recouvrant toute la partie droite de son visage, du front à son menton.
« ... - intrusions intempestives. Mais je peux faire une exception, pour ce client-là. »
Dit-il les yeux rivés sur Eliëndir, reprenant immédiatement une voix mielleuse pour finir sa phrase, en secouant frénétiquement les mains alors que ses bracelets se mettent à faire un fracas insupportable. Dans une démarche royale, il emprunte les escaliers. Prenant tout son temps pour descendre jusqu'en bas en se tenant à la rambarde de sécurité. La descente est interminable mais au bout du compte, Elmondo finit par rejoindre ses deux invités.
« Bonjour, mon ami. Et... qui me fait donc l'honneur de sa présence dans mon humble atelier ? »
Eliëndir n'a pas le temps de répondre quoi que ce soit, qu'Elmondo a déjà fait un pas sur le côté. Les yeux maintenant rivés sur Dahlia qu'il semble se mettre à décrypter, il se saisit de sa main entre les siennes en caressant minutieusement les lignes de sa paume comme s'il pouvait y lire l'avenir. Lamya, dans le dos du couturier, soupire discrètement en levant les yeux au plafond.
« Ah... je vois... »
« Voici Elmondo, le plus grand couturier de la ville et aussi le plus extravagant. Et voici Dahlia, ma fem...- »
« Une Fae. Fascinant. »
Le couturier coupe la parole au mage noir, mais rien de très grave. Il plonge un moment son regard dans les yeux de la Fae comme s'il pouvait sonder son âme. Puis, soudainement, il relâche la main de la jeune femme en faisant un pas en arrière. Elmondo n'est pas méchant et ne cherche pas à l'effrayer. Il est juste un petit peu... spécial.
« Je ne voulais pas vous faire peur, mes excuses. Les amis d'Eliëndir sont mes amis. Soyez les bienvenues. Tous les deux. Dîtes-moi, que puis-je faire pour vous exactement ? »
Le bras gauche tendu, le bras droit posé sur son ventre, il entame une petite révérence pour saluer une nouvelle fois le couple. Bien sûr, ses bijoux se mettent encore à résonner dans la pièce.
CENDRES
« J'ai une imagination débordante, tu sais ? »
Eliëndir n'est pas en reste, il ne saurait expliquer tout ce qu'il ressent pour elle avec des mots. Ce serait tout simplement impossible, même en mélangeant ses nombreuses connaissances dans les différentes langues utilisées dans le monde. Aucun dialecte ne lui permettrait de mieux se faire comprendre que par un regard et des petites attentions dont elle est la seule à avoir l'exclusivité. Ils reprirent donc leur marche à travers les petits sentiers du parc prévu à cet effet. Le regard naturellement tourné vers le futur, l'Elfe décide d'aborder le sujet de la suite des événements. Bien sûr, c'est un peu tôt pour prendre une décision, mais le but n'est pas de la bousculer. Simplement de lui faire comprendre, que si elle veut se lancer dans un quelconque projet, elle le peut. Que cela concerne les entreprises d'Eliëndir ou non, d'ailleurs. Il la connaît que trop bien pour savoir qu'elle finira par s'ennuyer d'une vie enfermée entre quatre murs, aussi grande soit leur demeure. Passer de gérer des centaines d'enfants au calme plat du jour au lendemain, évidemment que c'est déconcertant.
Il n'est donc pas bien surpris de lire la surprise sur son visage. C'est soudain, il en a conscience. Mais il n'y a pas d'obligation, autant la prévenir le plus tôt possible et la laisser réfléchir à ses options. Cela part d'une bonne intention. Finalement, tant qu'ils sont ensembles, le reste est assez secondaire. Alors il acquiesce de temps à autre en l'écoutant, le doute et la réflexion palpable dans la voix. Il ne s'attend pas à une réponse dans l'immédiat, cela prendra le temps qu'il faut. « Je suis avec toi. ». L'inverse est tout aussi vrai, resserrant l'étreinte de leurs doigts comme s'ils avaient peur de subitement s'envoler, l'Elfe vient poser sa main libre sur la sienne dans une délicate caresse. Ce ne sont pas les opportunités qui manquent à Melorn et Dahlia trouvera quelque chose qu'elle sera heureuse de faire dans cette nouvelle vie qui s'offre à eux.
« Bien sûr, c'est normal. Prends tout ton temps. On trouvera le temps, plus tard, pour en parler ensemble. Quoi que tu décides, je te soutiendrai. C'est important pour moi que tu le saches. Rien ne presse, repose-toi. Tu es ici chez toi maintenant. »
Dahlia a bien mérité de prendre un peu de temps pour elle, son ancien quotidien en plus d'être éreintant, ne lui laissait pas vraiment le luxe de se reposer ou de prendre des vacances. Des années d'un travail acharné qui pèsent lourdement sur ses épaules, il le sait mieux que personne. Il ne compte plus les fois où il l'a retrouvé avec de gigantesques cernes sous les yeux. Elle s'est toujours donnée corps et âmes pour ses enfants sans rien espérer en retour, Eliëndir n'aurait sûrement jamais eu la même détermination et force d'esprit pour endurer toutes ces années à attendre. À l'attendre lui, avec seul espoir comme motivation. La vérité étant que Dahlia est plus forte qu'il ne le sera jamais, aussi talentueux soit-il dans son domaine.
Comme prévu, ils trouvent l'atelier de couture d'une connaissance à Eliëndir, de l'autre côté du parc. Régnant en seul maître sur la gigantesque rue commerçante, effaçant les autres boutiques en attirant inévitablement le regard sur sa majestueuse vitrine où Elmondo, de son prénom, expose certaines de ses plus belles œuvres. Nobles tuniques pour ces messieurs, robes scintillantes pour ces dames. Difficile, si ce n'est impossible, de passer devant sa boutique sans y prêter quelques secondes d'attention. D'ailleurs, l'atelier est à l'image de son propriétaire. Si Eliëndir est un peu excentrique sur les bords, attendez donc de voir l'énergumène en question. Puisque la Fae hésite, l'Elfe s'approche de la porte d'un pas assuré. Il entre et fait résonner la petite cloche en hauteur qui s'actionne d'elle-même à leur passage, laissant sa bien-aimée entrer à l'intérieur avant de refermer la porte juste derrière elle.
L'intérieur est dans la continuité de la façade, tout est absolument magnifique. À la fois ordonné et désordonné, il y en a partout mais tout semble être exactement à sa place. Des rouleaux de tissus ici et là, une décoration un peu rustique mais finement décorée pour laisser une petite impression de modernité. Des pierres magiques, aux murs et au plafond pour assurer la luminosité nécessaire bien qu'en journée, les grandes fenêtres laissent passer suffisamment la lumière du jour à l'intérieur. Juste ce qu'il faut, pour en faire un endroit chaleureux où il fait bon vivre. L'endroit parfait pour rameuter les clients et les mettre en confiance avant qu'ils passent commande auprès du meilleur couturier de la ville. Autoproclamé, cela va de soi.
Son assistante est la première à les accueillir, une Elfe relativement jeune - tout est relatif pour cette race - aux cheveux blonds mi-longs coiffés dans une coupe au carré portant un tailleur et un pantalon blanc absolument parfait. Un sourire agréable sur le visage en toute circonstance, elle est la joie et la bienveillance incarnée. Elle prend donc le temps de saluer le couple, les bras chargés et visiblement en plein travail mais ça ne semble pas la déranger.
« Bonjour, Lamya. Je suis content de te voir. Tout va très bien, merci de demander. Et non, ne t'en fais pas. Je ne suis pas ici pour moi. »
Il n'a pas le temps de lui retourner la politesse, la très observatrice Lamya vient tout juste de remarquer que pour une fois, Eliëndir n'est pas venu seul. Il tourne le regard vers une Dahlia soudainement très timide, elle ne l'était pas autant dans le parc. Ou plus tôt, chez lui. Et ça l'amuse beaucoup, se contentant de sourire devant la scène. Lamya se libère une main pour venir serrer celle que la Fae lui tend, lui souriant amicalement en retour. Et pendant que l'assistante attend sagement la fin de la phrase que Dahlia vient de commencer, c'est Eliëndir qui croise le regard de détresse de sa bien-aimée. Clignant des yeux, il entrouvre la bouche d'abord sans aucun son n'en sorte. C'est peut-être quelque chose qu'ils auraient dû clarifier entre eux avant de se mettre dans cette situation un peu gênante. Et c'est lui qui va devoir en prendre la responsabilité. Il finit par bredouiller quelque chose pour les sauver tous les deux, néanmoins il répond avec assurance en balayant les doutes d'un revers de la main.
« ... Ma femme. »
C'est un peu maladroit mais c'est un terme plutôt adapté à leur situation. Un terme qu'il apprécie énormément maintenant qu'il le dit à haute voix. Lamya n'en sera que plus surprise de cette révélation, depuis le temps qu'ils se connaissent, Eliëndir ne s'est jamais affiché en public avec qui que ce soit d'autre. C'est une première et l'assistante met bien quelques secondes à percuter avant de se tourner vers Dahlia, toujours aussi avenante.
« Oh... ! C'est merveilleux ! Je suis également enchantée de faire votre connaissance, Dahlia. Soyez la bienvenue dans notre modeste établissement. Je suis Lamya, l'assistante d'Elmondo, le propriétaire de cet atelier. Je vous en prie, suivez-moi. Je vais vous faire visiter ! »
Enchaînant sur un demi-tour parfaitement contrôlé sur ses deux talons, Lamya ouvre la marche en guidant la Fae dans les couloirs de l'atelier qui, en réalité quand on y regarde de plus près, ressemble plutôt à une grande maison réaménagée. Eliëndir ferme la marche, se faisant un peu plus discret pour une fois, laissant les deux femmes discuter pendant la visite. Eliëndir connaît déjà l'endroit. L'assistante fait le grand tour du propriétaire. Très grand, parce que l'atelier est immense bien qu'il n'en ait pas l'air quand on est à l'entrée. Ils passent donc par un hall de réception, certainement la pièce la plus petite. Il y a un salon, une cuisine, une salle à manger et même une bibliothèque comme une habitation assez classique. Outre les quelques pièces de vie, il y a de nombreuses pièces uniquement dédiés à entreposer les matières premières et les différents outils utiles à la confection de vêtements en tout genre. Elle en profite pour se débarrasser des chemises qu'elle avait dans les bras avant de continuer la visite. Des dizaines et des dizaines d'étagères et de rouleaux de tissus, tous plus rares et coûteux les uns que les autres. Et bien sûr, la pièce principale où la magie opère se trouve au bout d'un interminable couloir. Plus on s'en approche, plus on entend clairement une douce mélodie qui émane de la pièce fermée par une double porte en bois.
Lamya ne ralentit pas et vient pousser la porte de l'atelier avec ses deux mains. Ce qu'il se passe de l'autre côté, est absolument surréaliste. Une grande pièce circulaire au plafond très haut, des dizaines de tables recouvertes de vêtements en train d'être cousus... tout seuls. Des objets volants dans toutes les directions comme s'il y avait une tornade en plein milieu de l'atelier. Si à la bibliothèque de Magic ce sont les livres qui volent, ici ce sont les vêtements et les aiguilles à coudres qui voltigent au-dessus du sol dans une harmonie certaine, au rythme effréné d'un air de musique classique. Un véritable concerto, un miracle pour les yeux tant il est difficile de comprendre ce qu'il se passe réellement ici. Au centre de la pièce ? Un escalier en colimaçon menant à une petite plateforme surélevée, sur laquelle se trouve un homme debout agitant la tête et les bras dans tous les sens. Une baguette de chef d'orchestre dans la main droite, Elmondo est là en hauteur et complètement en transe, donnant le rythme à sa phénoménale partition des aiguilles à coudres. Couturier mais aussi un télékinésiste de talent. Seul, il travaille pourtant comme dix hommes, préparant plusieurs commandes à la fois avec une justesse surnaturelle. En plein dans son œuvre, il n'a même pas entendu ses invités entrer. Un peu plus loin dans la pièce, sur la gauche près du mur, quelques instruments de musique jouent littéralement tout seuls, sous l'impulsion du chef d'orchestre et de sa magie. Violons, altos, violoncelles et contrebasses. Trompettes et cors. Flûtes, hautbois et bassons ainsi que quelques percussions, tout y est.
Lamya s'y dirige et vient se saisir de l'archet d'un violon qui s'arrête subitement de jouer. Bientôt suivi, par tout le reste de l'orchestre fantôme pour ne plus laisser que le bruit du tissu et des aiguilles dans la pièce.
« Elmondo, tu as de la visite. »
Le couturier s'arrête brusquement comme un robot sans batterie, les deux bras en l'air. Soupirant un grand coup, Elmondo répond d'une voix las et passablement irritée.
« Combien de fois je devrais te répéter de ne pas me déranger pendant mon travail, Lamya. J'ai horreur des...- »
Le couturier se retourne et se coupe lui-même dans son élan quand il pose ses yeux émeraudes sur ses deux invités. Ses iris sont d'un vert très clair. Comme ses congénères, Elmondo est très fin et assez grand, au moins autant qu'Eliëndir. Mais lui n'a pas les cheveux aussi long que le mage noir, sa crinière sombre ne descend pas plus bas que sa nuque. Il porte des vêtements amples, blancs et verts qui viennent s'assortir parfaitement avec ses yeux clairs. Il porte plusieurs bijoux, quelques colliers, bracelets et boucles d'oreilles. Le tout fait un bruit monstre au moindre de ses mouvements, on se demande même comment un corps aussi frêle peut porter autant d'ornements. L'excentrique en chair et en os. Outre son goût particulier pour les vêtements, ce qu'on remarque immédiatement est une large brûlure cicatrisée recouvrant toute la partie droite de son visage, du front à son menton.
« ... - intrusions intempestives. Mais je peux faire une exception, pour ce client-là. »
Dit-il les yeux rivés sur Eliëndir, reprenant immédiatement une voix mielleuse pour finir sa phrase, en secouant frénétiquement les mains alors que ses bracelets se mettent à faire un fracas insupportable. Dans une démarche royale, il emprunte les escaliers. Prenant tout son temps pour descendre jusqu'en bas en se tenant à la rambarde de sécurité. La descente est interminable mais au bout du compte, Elmondo finit par rejoindre ses deux invités.
« Bonjour, mon ami. Et... qui me fait donc l'honneur de sa présence dans mon humble atelier ? »
Eliëndir n'a pas le temps de répondre quoi que ce soit, qu'Elmondo a déjà fait un pas sur le côté. Les yeux maintenant rivés sur Dahlia qu'il semble se mettre à décrypter, il se saisit de sa main entre les siennes en caressant minutieusement les lignes de sa paume comme s'il pouvait y lire l'avenir. Lamya, dans le dos du couturier, soupire discrètement en levant les yeux au plafond.
« Ah... je vois... »
« Voici Elmondo, le plus grand couturier de la ville et aussi le plus extravagant. Et voici Dahlia, ma fem...- »
« Une Fae. Fascinant. »
Le couturier coupe la parole au mage noir, mais rien de très grave. Il plonge un moment son regard dans les yeux de la Fae comme s'il pouvait sonder son âme. Puis, soudainement, il relâche la main de la jeune femme en faisant un pas en arrière. Elmondo n'est pas méchant et ne cherche pas à l'effrayer. Il est juste un petit peu... spécial.
« Je ne voulais pas vous faire peur, mes excuses. Les amis d'Eliëndir sont mes amis. Soyez les bienvenues. Tous les deux. Dîtes-moi, que puis-je faire pour vous exactement ? »
Le bras gauche tendu, le bras droit posé sur son ventre, il entame une petite révérence pour saluer une nouvelle fois le couple. Bien sûr, ses bijoux se mettent encore à résonner dans la pièce.
- code couleurs:
- Elmondo = [color=#009900]
Lamya = [color=#009999]
CENDRES
Invité
Invité
Les yeux rivés dans les siens, la Fae appréhendait la réponse de l’Elfe face à cette interrogation qui les concernait tous deux. À se laisser porter par l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, en se cachant du monde extérieur, ils se retrouvaient perdus face aux nombreuses étiquettes qui jonchaient l’univers. Comment définir l’indéfinissable ? Plus de trois cents ans de tendresse, d’impatience, parfois d’amertume et de jalousie ne pouvaient être résumés si aisément, tout comme les sentiments qu’elle ressentait à son égard. Grandioses, gargantuesques, défiant les limites du raisonnable, titillant la folie du bout des doigts, tant de termes qui paraissaient si faibles par rapport au capharnaüm qui se déchaînait dans sa poitrine quand il se trouvait dans les parages.
Au-delà des mots qui lui manquaient, Dahlia ne voulait pas prendre le risque de trop s’avancer sur la nature de leur relation. Des siècles de cachotteries laissaient inévitablement des marques et dans sa propre cité, Eliëndir se devait de maintenir une certaine réputation. Par couardise, elle rejetait bien aisément la responsabilité sur le jeune homme qui l’accompagnait et qui la guidait dans la cité elfique. En voyant l’hésitation sur son visage, sa bouche entre ouverte dont aucun son ne sortait, elle se mit à regretter de l’avoir ainsi mis en difficulté. Son regard oscilla entre l’assistante et lui, masquant sa panique avec une réussite toute relative tandis que cette dernière attendait une réponse qui se faisait attendre, la tête légèrement penchée sur le côté, curieuse de savoir de qui un de ses fidèles clients avait bien pu s’enticher.
Sa femme. « Q…Qu… ». Dahlia se reprit doucement, le souffle coupé pendant quelques secondes, refusant de mettre en porte-à-faux son bien-aimé qui la regardait, un sourire rayonnant étirant ses traits. Comme à son habitude, il débordait d’assurance. Ouvrant la cage à l’intérieur de son esprit dans la panique, elle vint y rajouter toute la surprise qui accompagnait la déclaration de l’élu de son cœur, résistant à l’humiliation qui lui pendait au nez devant une inconnue. Après la stupeur vint un bonheur édifiant, une chaleur qui parcourait ses veines, remontant jusqu’à ses joues teintées de rouge. Caressant le dos de sa main avec son pouce, Dahlia s’immisça à nouveau dans les pensées d’Eliëndir. Un moyen de communication qui ne pouvait que lui plaire, la discrétion n’étant guère de mise, mais fort appréciable dans leur bulle d’euphorie qu’elle n’aurait quitté pour rien au monde. « Originale, ta demande en mariage. On ne me l’avait jamais faite celle-là, mon très cher mari. ». Oh, ce n’était guère la première fois qu’on la demandait en cette union sacrée. Néanmoins, l’Elfe serait le seul qui n’écoperait pas d’un refus catégorique. Le gratifiant d’un clin d’œil, cette petite douceur ayant gonflé son égo et enveloppé son âme dans un cocon de chaleur, la Fae entama la visite après avoir retrouvé la joie naturelle qui s’emparait d’elle en sa présence.
Elle s’avança pour se mettre au niveau de Lamya, détendue et sereine, observant les pièces adjacentes au hall de réception, s’arrêtant momentanément sur la bibliothèque qui attire indéniablement son attention. Son regard se mit à dégringoler le long des immenses étagères, saisissant quelques titres intéressants sur son passage. Majoritairement des romans, de nombreux manuels ayant dû servir au couturier dans ses débuts, mais également des ouvrages non identifiés, à la couverture rédigée en elfique. Encore novice, la Fae ne sut les déchiffrer, et se rendit bien compte que l’heure n’était pas à la lecture en voyant l’assistante se retourner vers elle, attendant qu’elle la rejoigne pour poursuivre la visite. « D... Désolée. C’est une magnifique bibliothèque que vous avez là. ». Ce qu’elle aurait fait pour en avoir ne serait-ce que la moitié à l’orphelinat. « Et encore ! Vous n’avez rien vu. J’ai été obligée de forcer la main d’Elmondo pour faire un peu de tri dans ses livres. Vous le remarquerez bien assez tôt, mais il n’est pas vraiment friand de rangement et d’organisation. ». Elle haussa les épaules. « Un vrai créatif, comme on n’en fait plus. ». Dahlia acquiesça, sans réellement comprendre la signification de ses mots. L’excentricité de certains artistes passait souvent pour la règle, plutôt que l’exception. Elle aurait bien l’occasion de se faire son propre avis sur le couturier lors de leur rencontre.
« Ça fait longtemps que vous êtes à Melorn, Dahlia ? Ne le prenez pas mal surtout, c’est si rare de croiser Eliëndir en bonne compagnie. En compagnie tout court, pour être honnête. ». D’un rapide coup d’œil en arrière, la Fae s’assura de la distance risible qui la séparait de l’Elfe avant de répondre à l’assistante. « Non… Je suis arrivée hier soir. Ce n’est pas ma première fois à Melorn pour autant, j’ai longtemps vécu à Liberty en République mais… ». Un petit sourire niais s’empara de son visage encore rougi par le nom qui lui avait été attribué. « Je compte rester, indéfiniment. Je n’ai pas l’habitude me rendre chez des couturiers alors… J’essaierai de ne pas trop vous donner de fil à retordre. ». À cette remarque bien trouvée, Lamya ne put retenir un petit rire, regardant Eliëndir à son tour. « Oh, allez-y. Vous n’arriverez jamais à sa cheville. Ne vous en faites pas, Dahlia. Vous êtes au bon endroit. ». Embarrassée, elle se tritura les mains. « Vous... enfin… Nous ne sommes pas obligés d’aller déranger votre supérieur, je peux largement faire avec ce que vous avez à votre disposition. ». Lamya se mit à éventer la jeune femme qui en avait clairement besoin. « Non-sens total. On n’emmène pas une demoiselle comme vous dans un endroit pareil pour qu’elle se contente de prendre ce qu’elle a sous la main. ». Rassurée par ses douces paroles, ses quelques flatteries et sa présence chaleureuse, la Fae délia les mains qu’elle avait précédemment croisées devant son bassin, s’ouvrant un peu plus à la conversation au fur et à mesure de sa progression.
La discussion s’arrêta lorsque les mains de l’assistante se posèrent sur les deux immenses portes, les poussant d’une force insoupçonnée, libérant une douce musique qui se faufila jusqu’aux oreilles de Dahlia. Sous la surprise, le corps de la Fae s’arrêta instinctivement de bouger, s’immobilisant sur place alors que ses yeux ne savaient plus où regarder. Des aiguilles qui flottaient au-dessus de sa tête aux tissus qui virevoltaient d’un coin à l’autre de l’atelier en passant par les instruments qui s’enflammaient sous le rythme endiablé donné par le chef d’orchestre qu’elle apercevait en haut des escaliers. Comme paralysée par le spectacle, incapable de s’introduire dans cette scène surréaliste, elle resta en arrière. Durant une fraction de seconde, elle vint tourner la tête vers Eliëndir qui ne semblait guère aussi surpris qu’elle, probablement coutumier de ce genre de représentations. La Fae déglutit lentement, secouant la tête pour reprendre ses esprits alors que la musique s’arrête à l’instant où Lamya pose ses doigts sur un des archets.
En voyant le couturier aux mille apparats s’approcher d’elle, Dahlia dut retenir un mouvement de recul instinctif face à cette stature qui la dépassait d’une bonne vingtaine de centimètres. Au-delà de sa taille, Elmondo respirait l’extravagance et l’excentricité à un point tel que la Fae se sentait bien fade à ses côtés, presque passe-partout. Il s’empara de sa main pour en dessiner les lignes sans qu’elle n’ait l’opportunité de s’en défaire, entre l’intimidation et la panique qui la gagnait progressivement. Une confirmation se fit dans son esprit, elle en était maintenant sûre, avec seulement deux expériences à son compteur. Les couturiers étaient des êtres complètement fous. Alors qu’elle ouvrait la bouche pour se présenter, elle fut interrompue d’abord par la douce voix de son amour de toujours, puis par celle du professionnel qui vint la couper sèchement. Ses sourcils se froncèrent, replaçant sa main à présent libre dans son dos, une graine de méfiance germant dans son esprit. Elle n’aimait pas qu’on s’immisce dans ses pensées, encore moins qu’on devine ses origines ainsi.
À Liberty, rares étaient les élus à connaître sa nature. Les enfants l’apercevaient parfois vagabonder d’une pièce à l’autre, l’éclat de ses ailes se reflétant dans les vitraux, mais ils oubliaient bien aisément cette information. Et pour les plus bavards, quelques remontrances ou une potion de perte de mémoire, et on n’en parlait plus… Elle ne craignait pas d’être ostracisée, loin de là. Simplement elle appréciait de faire planer le doute, de laisser les autres se torturer l’esprit à son sujet. Une pointe de sadisme sans doute, et un plaisir coupable à demeurer un mystère pour son entourage. Plus d’une fois dans sa vie, on la qualifia d’elfe sans qu’elle ait les oreilles pointues, d’humaine alors que sa longévité défiait les moyennes, et enfin d’ange. Ce qui pouvait ressembler à un compliment ne l’était guère dans toutes les bouches, une créature des Titans n’étant pas mondialement appréciée.
« Navrée de vous déranger en plein travail. Si j’avais su… ». Venant frotter son poignet avec ses doigts comme si des chaînes venaient d’en tomber, Dahlia prit les devants en défaisant une lanière qui tenait sa tunique dans son dos, juste assez pour qu’elle puisse déployer ses ailes. Presque aussi grandes qu’elle, ces dernières se gorgèrent doucement de couleurs chatoyantes, oscillant d’un bleu océan à un rouge carmin progressivement, passant par toutes les nuances d’un arc-en-ciel. « Le problème, si j’ose dire, se trouve dans mon dos. ». Elle se retourna vers le mage noir pour lui accorder un petit sourire taquin. « Je viens d’arriver en ville et je n’ai pas trouvé de vêtements qui me permettraient d’étirer mes ailes comme je l’aimerais. Eliëndir avait l’air de dire que vous pourriez m’aider à ce sujet. ». Elmondo acquiesça la tête silencieusement, se mettant à tourner autour de la Fae, deux doigts tenant son menton tandis qu’il l’analysait de haut en bas. « Je ne cherche rien de compliqué. Juste une robe, de préférence blanche, avec un dos nu assez marqué pour que je sois à l’aise. ». Ce n’était à ses yeux, vraiment pas la peine de déranger le plus grand couturier de la ville. Quelques coups de ciseaux dans une tenue auraient largement fait l’affaire. D’ailleurs, c'était ce qu’elle faisait avec ses propres vêtements en République. Si le couturier l’avait su, il en serait sans doute mort de chagrin.
« Hm. Oui oui. Je vois. ». Le couturier s’arrêta à quelques centimètres de ses ailes, les toisant de son regard expert. Dahlia n’appréciait pas réellement d’être observée comme une bête de foire, néanmoins elle n’en disait pas un mot, se contentant d’attendre le jugement qui allait être rendu. « Je n’ai pas souvent l’occasion de travailler avec des créatures ailées. Vous n’êtes pas une première, mais un peu d’entraînement ne peut pas faire de mal. ». Dans son dos, Lamya commençait à s’impatienter, tapant du pied sur le plancher en soupirant assez fort pour que tout le monde puisse l’entendre. Elle finit par s’approcher du couturier, lui donnant une petite impulsion pour l’éloigner de la Fae qui commençait à peiner à cacher son malaise. « Ce n’est pas compliqué, alors je suis sûre que tu peux t’en occuper rapidement. Qu’est-ce que tu en dis, prêt à relever le challenge ? ». Levant les yeux au ciel, Elmondo se retourna passablement agacé, tapant de ses mains pour relancer la musique après avoir lancé sa baguette de chef d’orchestre dans les airs, la laissant planer à quelques mètres du sol. « Évidemment. ».
Alors que le spectacle recommençait avec encore plus d’ardeur, Dahlia recula de quelques pas jusqu’à ce que ses ailes viennent toucher le torse d’Eliëndir. Un sourire gêné sur le visage, la Fae vint à nouveau glisser ses doigts dans les interstices de sa main, poussant un soupir de soulagement en voyant que l’attention n’était plus portée sur elle. « C’est toujours comme ça, quand tu lui rends visite ? ». Elle ne se voyait pas s’habituer à… autant. Le mot était le bon. La musique reprit plus doucement, un grand tissu blanc voltigeant juste au-dessus de leurs têtes, saisi par plusieurs aiguilles qui s’agitaient dans tous les sens. En observant les fines lames se mélanger à une vitesse folle, Dahlia vint poser sa tête contre le torse de l’Elfe, des étoiles dans les yeux. « Rappelle-moi de ne jamais me mettre à dos un couturier… ».
Au-delà des mots qui lui manquaient, Dahlia ne voulait pas prendre le risque de trop s’avancer sur la nature de leur relation. Des siècles de cachotteries laissaient inévitablement des marques et dans sa propre cité, Eliëndir se devait de maintenir une certaine réputation. Par couardise, elle rejetait bien aisément la responsabilité sur le jeune homme qui l’accompagnait et qui la guidait dans la cité elfique. En voyant l’hésitation sur son visage, sa bouche entre ouverte dont aucun son ne sortait, elle se mit à regretter de l’avoir ainsi mis en difficulté. Son regard oscilla entre l’assistante et lui, masquant sa panique avec une réussite toute relative tandis que cette dernière attendait une réponse qui se faisait attendre, la tête légèrement penchée sur le côté, curieuse de savoir de qui un de ses fidèles clients avait bien pu s’enticher.
Sa femme. « Q…Qu… ». Dahlia se reprit doucement, le souffle coupé pendant quelques secondes, refusant de mettre en porte-à-faux son bien-aimé qui la regardait, un sourire rayonnant étirant ses traits. Comme à son habitude, il débordait d’assurance. Ouvrant la cage à l’intérieur de son esprit dans la panique, elle vint y rajouter toute la surprise qui accompagnait la déclaration de l’élu de son cœur, résistant à l’humiliation qui lui pendait au nez devant une inconnue. Après la stupeur vint un bonheur édifiant, une chaleur qui parcourait ses veines, remontant jusqu’à ses joues teintées de rouge. Caressant le dos de sa main avec son pouce, Dahlia s’immisça à nouveau dans les pensées d’Eliëndir. Un moyen de communication qui ne pouvait que lui plaire, la discrétion n’étant guère de mise, mais fort appréciable dans leur bulle d’euphorie qu’elle n’aurait quitté pour rien au monde. « Originale, ta demande en mariage. On ne me l’avait jamais faite celle-là, mon très cher mari. ». Oh, ce n’était guère la première fois qu’on la demandait en cette union sacrée. Néanmoins, l’Elfe serait le seul qui n’écoperait pas d’un refus catégorique. Le gratifiant d’un clin d’œil, cette petite douceur ayant gonflé son égo et enveloppé son âme dans un cocon de chaleur, la Fae entama la visite après avoir retrouvé la joie naturelle qui s’emparait d’elle en sa présence.
Elle s’avança pour se mettre au niveau de Lamya, détendue et sereine, observant les pièces adjacentes au hall de réception, s’arrêtant momentanément sur la bibliothèque qui attire indéniablement son attention. Son regard se mit à dégringoler le long des immenses étagères, saisissant quelques titres intéressants sur son passage. Majoritairement des romans, de nombreux manuels ayant dû servir au couturier dans ses débuts, mais également des ouvrages non identifiés, à la couverture rédigée en elfique. Encore novice, la Fae ne sut les déchiffrer, et se rendit bien compte que l’heure n’était pas à la lecture en voyant l’assistante se retourner vers elle, attendant qu’elle la rejoigne pour poursuivre la visite. « D... Désolée. C’est une magnifique bibliothèque que vous avez là. ». Ce qu’elle aurait fait pour en avoir ne serait-ce que la moitié à l’orphelinat. « Et encore ! Vous n’avez rien vu. J’ai été obligée de forcer la main d’Elmondo pour faire un peu de tri dans ses livres. Vous le remarquerez bien assez tôt, mais il n’est pas vraiment friand de rangement et d’organisation. ». Elle haussa les épaules. « Un vrai créatif, comme on n’en fait plus. ». Dahlia acquiesça, sans réellement comprendre la signification de ses mots. L’excentricité de certains artistes passait souvent pour la règle, plutôt que l’exception. Elle aurait bien l’occasion de se faire son propre avis sur le couturier lors de leur rencontre.
« Ça fait longtemps que vous êtes à Melorn, Dahlia ? Ne le prenez pas mal surtout, c’est si rare de croiser Eliëndir en bonne compagnie. En compagnie tout court, pour être honnête. ». D’un rapide coup d’œil en arrière, la Fae s’assura de la distance risible qui la séparait de l’Elfe avant de répondre à l’assistante. « Non… Je suis arrivée hier soir. Ce n’est pas ma première fois à Melorn pour autant, j’ai longtemps vécu à Liberty en République mais… ». Un petit sourire niais s’empara de son visage encore rougi par le nom qui lui avait été attribué. « Je compte rester, indéfiniment. Je n’ai pas l’habitude me rendre chez des couturiers alors… J’essaierai de ne pas trop vous donner de fil à retordre. ». À cette remarque bien trouvée, Lamya ne put retenir un petit rire, regardant Eliëndir à son tour. « Oh, allez-y. Vous n’arriverez jamais à sa cheville. Ne vous en faites pas, Dahlia. Vous êtes au bon endroit. ». Embarrassée, elle se tritura les mains. « Vous... enfin… Nous ne sommes pas obligés d’aller déranger votre supérieur, je peux largement faire avec ce que vous avez à votre disposition. ». Lamya se mit à éventer la jeune femme qui en avait clairement besoin. « Non-sens total. On n’emmène pas une demoiselle comme vous dans un endroit pareil pour qu’elle se contente de prendre ce qu’elle a sous la main. ». Rassurée par ses douces paroles, ses quelques flatteries et sa présence chaleureuse, la Fae délia les mains qu’elle avait précédemment croisées devant son bassin, s’ouvrant un peu plus à la conversation au fur et à mesure de sa progression.
La discussion s’arrêta lorsque les mains de l’assistante se posèrent sur les deux immenses portes, les poussant d’une force insoupçonnée, libérant une douce musique qui se faufila jusqu’aux oreilles de Dahlia. Sous la surprise, le corps de la Fae s’arrêta instinctivement de bouger, s’immobilisant sur place alors que ses yeux ne savaient plus où regarder. Des aiguilles qui flottaient au-dessus de sa tête aux tissus qui virevoltaient d’un coin à l’autre de l’atelier en passant par les instruments qui s’enflammaient sous le rythme endiablé donné par le chef d’orchestre qu’elle apercevait en haut des escaliers. Comme paralysée par le spectacle, incapable de s’introduire dans cette scène surréaliste, elle resta en arrière. Durant une fraction de seconde, elle vint tourner la tête vers Eliëndir qui ne semblait guère aussi surpris qu’elle, probablement coutumier de ce genre de représentations. La Fae déglutit lentement, secouant la tête pour reprendre ses esprits alors que la musique s’arrête à l’instant où Lamya pose ses doigts sur un des archets.
En voyant le couturier aux mille apparats s’approcher d’elle, Dahlia dut retenir un mouvement de recul instinctif face à cette stature qui la dépassait d’une bonne vingtaine de centimètres. Au-delà de sa taille, Elmondo respirait l’extravagance et l’excentricité à un point tel que la Fae se sentait bien fade à ses côtés, presque passe-partout. Il s’empara de sa main pour en dessiner les lignes sans qu’elle n’ait l’opportunité de s’en défaire, entre l’intimidation et la panique qui la gagnait progressivement. Une confirmation se fit dans son esprit, elle en était maintenant sûre, avec seulement deux expériences à son compteur. Les couturiers étaient des êtres complètement fous. Alors qu’elle ouvrait la bouche pour se présenter, elle fut interrompue d’abord par la douce voix de son amour de toujours, puis par celle du professionnel qui vint la couper sèchement. Ses sourcils se froncèrent, replaçant sa main à présent libre dans son dos, une graine de méfiance germant dans son esprit. Elle n’aimait pas qu’on s’immisce dans ses pensées, encore moins qu’on devine ses origines ainsi.
À Liberty, rares étaient les élus à connaître sa nature. Les enfants l’apercevaient parfois vagabonder d’une pièce à l’autre, l’éclat de ses ailes se reflétant dans les vitraux, mais ils oubliaient bien aisément cette information. Et pour les plus bavards, quelques remontrances ou une potion de perte de mémoire, et on n’en parlait plus… Elle ne craignait pas d’être ostracisée, loin de là. Simplement elle appréciait de faire planer le doute, de laisser les autres se torturer l’esprit à son sujet. Une pointe de sadisme sans doute, et un plaisir coupable à demeurer un mystère pour son entourage. Plus d’une fois dans sa vie, on la qualifia d’elfe sans qu’elle ait les oreilles pointues, d’humaine alors que sa longévité défiait les moyennes, et enfin d’ange. Ce qui pouvait ressembler à un compliment ne l’était guère dans toutes les bouches, une créature des Titans n’étant pas mondialement appréciée.
« Navrée de vous déranger en plein travail. Si j’avais su… ». Venant frotter son poignet avec ses doigts comme si des chaînes venaient d’en tomber, Dahlia prit les devants en défaisant une lanière qui tenait sa tunique dans son dos, juste assez pour qu’elle puisse déployer ses ailes. Presque aussi grandes qu’elle, ces dernières se gorgèrent doucement de couleurs chatoyantes, oscillant d’un bleu océan à un rouge carmin progressivement, passant par toutes les nuances d’un arc-en-ciel. « Le problème, si j’ose dire, se trouve dans mon dos. ». Elle se retourna vers le mage noir pour lui accorder un petit sourire taquin. « Je viens d’arriver en ville et je n’ai pas trouvé de vêtements qui me permettraient d’étirer mes ailes comme je l’aimerais. Eliëndir avait l’air de dire que vous pourriez m’aider à ce sujet. ». Elmondo acquiesça la tête silencieusement, se mettant à tourner autour de la Fae, deux doigts tenant son menton tandis qu’il l’analysait de haut en bas. « Je ne cherche rien de compliqué. Juste une robe, de préférence blanche, avec un dos nu assez marqué pour que je sois à l’aise. ». Ce n’était à ses yeux, vraiment pas la peine de déranger le plus grand couturier de la ville. Quelques coups de ciseaux dans une tenue auraient largement fait l’affaire. D’ailleurs, c'était ce qu’elle faisait avec ses propres vêtements en République. Si le couturier l’avait su, il en serait sans doute mort de chagrin.
« Hm. Oui oui. Je vois. ». Le couturier s’arrêta à quelques centimètres de ses ailes, les toisant de son regard expert. Dahlia n’appréciait pas réellement d’être observée comme une bête de foire, néanmoins elle n’en disait pas un mot, se contentant d’attendre le jugement qui allait être rendu. « Je n’ai pas souvent l’occasion de travailler avec des créatures ailées. Vous n’êtes pas une première, mais un peu d’entraînement ne peut pas faire de mal. ». Dans son dos, Lamya commençait à s’impatienter, tapant du pied sur le plancher en soupirant assez fort pour que tout le monde puisse l’entendre. Elle finit par s’approcher du couturier, lui donnant une petite impulsion pour l’éloigner de la Fae qui commençait à peiner à cacher son malaise. « Ce n’est pas compliqué, alors je suis sûre que tu peux t’en occuper rapidement. Qu’est-ce que tu en dis, prêt à relever le challenge ? ». Levant les yeux au ciel, Elmondo se retourna passablement agacé, tapant de ses mains pour relancer la musique après avoir lancé sa baguette de chef d’orchestre dans les airs, la laissant planer à quelques mètres du sol. « Évidemment. ».
Alors que le spectacle recommençait avec encore plus d’ardeur, Dahlia recula de quelques pas jusqu’à ce que ses ailes viennent toucher le torse d’Eliëndir. Un sourire gêné sur le visage, la Fae vint à nouveau glisser ses doigts dans les interstices de sa main, poussant un soupir de soulagement en voyant que l’attention n’était plus portée sur elle. « C’est toujours comme ça, quand tu lui rends visite ? ». Elle ne se voyait pas s’habituer à… autant. Le mot était le bon. La musique reprit plus doucement, un grand tissu blanc voltigeant juste au-dessus de leurs têtes, saisi par plusieurs aiguilles qui s’agitaient dans tous les sens. En observant les fines lames se mélanger à une vitesse folle, Dahlia vint poser sa tête contre le torse de l’Elfe, des étoiles dans les yeux. « Rappelle-moi de ne jamais me mettre à dos un couturier… ».
Invité
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
Certes, il aurait pu choisir des mots un peu moins évocateurs. Dans la précipitation, parce qu'il fallait bien trouvé quelque chose à répondre, il a simplement dit ce qu'il avait sur le cœur avec toute la sincérité dont le mage noir est capable. Peut-être pas le choix de mots le plus judicieux et bien qu'il n'ait encore formulé aucune demande officielle à l'élue de son cœur. C'est finalement assez révélateur de ce qu'il pense de leur relation ainsi que de la tournure que cela prendra très certainement, tôt ou tard. Autant s'y accoutumer dès maintenant, Eliëndir ne compte pas faire machine arrière encore moins quand il s'est mis une idée en tête. Il glisse ses deux iris violets en direction de Dahlia quand ses pensées intrusives font leur apparition dans son esprit. Malheureusement incapable de lui répondre avec la même subtilité, peut-être qu'il devrait se pencher sur le sujet un jour d'ailleurs. Pour le moment, il se contente de lui sourire car un regard vaut bien plus que mille mots.
Sur cette interaction, il n'ajoute rien et laisse les deux femmes à leur discrète petite conversation pendant le tour du propriétaire. Il ferme simplement la marche, les mains jointes dans son dos et sage comme une image. À bonne distance et pourtant jamais très loin, il n'entend que des bribes et des murmures de l'échange qui se fait un peu plus loin devant lui. Quelques regards se tournent parfois sur sa personne, lui mettant évidemment la puce à l'oreille sur le véritable sujet de ces commérages. Eliëndir n'est pas susceptible et n'y prête pas forcément une grande attention. Néanmoins, Dahlia semble avoir repris des couleurs depuis quelques instants. Un sourire joyeux arborant à nouveau ses traits pendant la visite et il ne lui en faut pas plus pour satisfaire et rassurer Eliëndir. Tant qu'elle est heureuse, alors c'est un sentiment partagé.
L'Atelier du grand Elmondo est comme à son habitude, un grand bordel. Il n'y a certainement pas de meilleure description pour ce qu'il se passe sous leurs yeux. Le mage noir n'est effectivement pas très surpris, ce n'est pas la première fois et il est bien au courant de la façon de faire très singulière du couturier en question. À croire que tous les artistes, et en particulier les couturiers, se ressemblent. Un point commun que tout ce beau monde partage, ils ont tous un pète au casque c'est une évidence. Il fléchit légèrement les genoux pour esquiver un projectile, un peu trop grand pour ce qu'il se passe dans la pièce, il manque de se faire bousculer par un pantalon de cérémonie qui voltige un peu trop près de lui. Un atelier de couture et un orchestre fantôme, réunissant les deux grandes passions de cette personnalité insolite : la musique et les beaux vêtements. Fort heureusement, Lamya sait comment gagner l'attention du maître de maison.
Eliëndir ne quitte pas Dahlia pendant les présentations qui ont plutôt l'air d'une inspection. Pour la rassurer en un sens, Elmondo peut avoir quelques manières et gestes brusques mais honnêtement il ne ferait pas de mal à une mouche. Outre ses talents indéniables dans le domaine de la Télékinésie, Elmondo a sa façon bien à lui de sonder l'âme d'une personne par un simple contact physique. Comme on peut s'en douter, il n'est guère très extraverti. Il passe tout son temps enfermé dans son atelier. Les longues conversations ne l'intéressent pas vraiment alors c'est une façon adaptée à son tempérament, pour découvrir quelqu'un sans avoir à perdre son temps avec les règles de bienséances. Découvrir la véritable nature de la jeune femme était un jeu d'enfant pour lui, simple curiosité à assouvir.
Eliëndir regarde sa bien-aimée déployer ses ailes avec une grande admiration non dissimulée. Souriant sans interrompre la Fae qui fait part de sa demande à Elmondo. Il ne se fait pas trop d'inquiétude, cet artiste là est suffisamment doué pour combler toutes les attentes de ses clients, même les plus folles. Eliëndir a déjà eu quelques demandes particulières, adepte des vêtements sophistiqués et Elmondo ne l'a jamais déçu. Il pivote légèrement le talon, pour suivre le couturier des yeux pendant qu'il s'attarde un moment sur les ailes de la Fae. Mettant au passage, Dahlia dans l'inconfort. Elmondo prend d'ailleurs, un peu trop son temps à son goût et Eliëndir vient le rappeler à l'ordre avec une pointe de jalousie dans le fond du regard. Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, Lamya intervient pour bousculer un petit peu l'artiste. Elmondo repart au quart de tour, relançant la musique pour remonter dans sa tour d'ivoire.
Tout s'est bien passé, finalement. Dahlia revient près de lui, entremêlant à nouveau leurs doigts, il enlace la jeune femme de son bras libre en resserrant tendrement son étreinte. Il lève les yeux vers Elmondo, réfléchissant un moment à la question de la jeune femme.
« Eh bien, honnêtement. Je l'ai trouvé dans un bon jour. Mais oui, c'est souvent comme ça. »
Qu'est-ce que ça doit être quand il est dans un mauvais jour alors. Un léger rire s'échappe de l'interstice de ses lèvres alors qu'il dépose un baiser sur ses cheveux blonds pendant cette proximité. Dahlia soulève un bon point, les couturiers sont peut-être les véritables antagonistes de ce monde. Evitons de se les mettre à dos. En parlant de dos, Eliëndir remonte sa main le long de celui de son âme sœur jusqu'à se saisir de cette lanière qu'elle a défait il y a quelques instants. Il attendra qu'elle rétracte ses ailes, toujours à contrecœur, pour soigneusement rattacher le haut de sa robe avant qu'ils ne réapparaissent en public. Lamya soupire en voyant le couturier n'en faire qu'à sa tête puis elle dépasse le couple avant de les attendre près de la double porte pour leur laisser quelques secondes d'intimité. Elle prendra finalement la parole.
« Elmondo travaille très vite pour des raisons assez évidentes, vous n'aurez pas à attendre plus de quelques heures. Vous pouvez revenir en fin de journée ou dans le pire des cas, demain la robe sera prête. Je vais vous raccompagner jusqu'à la sortie, si vous permettez. Si vous le voulez, je peux aussi prendre vos mesures pendant que vous êtes là Dahlia, dans une pièce à côté. Cela facilitera grandement vos prochaines visites chez nous ! »
La tête sur les épaules cette Lamya. Chaleureuse mais professionnelle. Une commerçante dans l'âme, elle anticipe déjà que le couple reviendra. Eliëndir est déjà un habitué et ça ne saurait tarder pour Dahlia quand elle constatera de l'immense talent d'Elmondo. Tous les clients finissent toujours par revenir de toute façon. Ceux qui en ont les moyens, en tout cas. D'ailleurs, personne n'a jamais mentionné le prix à payer pour cette robe ou pour les prochaines. Comme si c'était déjà implicitement acté entre le couturier et le mage noir. Pour ce qui est de la suggestion de l'assistante, Eliëndir tourne simplement le regard vers la Fae pour savoir ce qu'elle veut faire. Quoi qu'elle décide, l'assistante finira par raccompagner personnellement le couple jusqu'à la sortie. De retour dans l'avenue commerçante, là où ils peuvent à présent reprendre cette balade ensoleillée à travers les rues pavées de la cité elfique.
« Viens, allons par là. »
La journée est loin d'être terminée et d'ailleurs, ils ont encore quelques courses à faire. Mais ils peuvent bien faire un tout petit détour, empruntant une rue en pente pendant quelques minutes, de quoi faire travailler les articulations. Plus haut, ils finissent par arriver sur une grande place au sommet d'un flanc de falaise. Un endroit tout aussi bondé que le parc naturel qu'ils ont traversé un peu plus tôt. Évitant les attroupements en longeant la barrière de pierre, il y a quelques balcons fleuris, quelques postes d'observations d'où on peut avoir une vue absolument à couper le souffle sur une bonne partie de la cité. Les bâtiments et les toits en pierres blanches, les arbres qui longent les rues et les fleurs disséminées un peu partout au sein du paysage. L'horizon se dégage même sur les plaines sauvages du nord, de l'autre côté des remparts immaculées de Melorn.
« Il y a un peu moins de monde en fin de journée et le soir venu. Ou tôt le matin, j'imagine. Le panorama est absolument magnifique. Cela pourrait faire l'affaire, pour toi et Neera. »
C'est évidemment un peu plus "urbain" que le parc de tout à l'heure, mais il en faut pour tous les styles. Posant son index sur ses lèvres à lui, l'air songeur, il lève le regard vers les bâtiments qui surplombent encore un peu plus la ville derrière eux.
« J'oubliais que vous saviez voler, toutes les deux. Vous n'aurez donc pas trop de mal à trouver un endroit où le commun des mortels ne saura vous importuner. »
Il s'embête pas mal en oubliant que les deux jeunes femmes ont des capacités qu'il n'a pas et que par conséquent, il est lui aussi relégué au second plan avec le reste de ses congénères Elfes, incapablent d'explorer les cieux avec autant de facilité que les Faes ou une demi-Titan. Soupirant face à ce constat, il finira par s'en remettre. S'accoudant à la rambarde, il dépose ses lèvres sur la main de Dahlia qu'il vient ensuite caresser avec son pouce. Marquant un petit moment de réflexion, non pas sur son impuissance à utiliser des ailes imaginaires, mais sur un tout autre sujet.
« Dis-moi. Qu'est-ce que tu penses de Melorn ? Je veux dire, sincèrement. En dehors de ce que tu as sous les yeux actuellement. Ce que tu en penses, vraiment. »
La question peut paraître un peu étrange, elle l'est en réalité et il prend très certainement la jeune femme de court. C'est d'ailleurs, tout l'intérêt de son interrogation soudaine. Il n'y a pas de piège, de bonne ou de mauvaise réponse. Dahlia va s'installer ici avec lui et il veut savoir ce qu'elle pense réellement de la ville, de ses habitants et de tout ce qui tourne autour. Melorn est loin d'être parfaite surtout pour les étrangers et Eliëndir en est parfaitement conscient plus que n'importe qui d'autre dans cette ville. C'est important pour lui, que Dahlia s'y sente bien. Car de toute façon, le mage noir a prévu d'y faire quelques changements.
CENDRES
Sur cette interaction, il n'ajoute rien et laisse les deux femmes à leur discrète petite conversation pendant le tour du propriétaire. Il ferme simplement la marche, les mains jointes dans son dos et sage comme une image. À bonne distance et pourtant jamais très loin, il n'entend que des bribes et des murmures de l'échange qui se fait un peu plus loin devant lui. Quelques regards se tournent parfois sur sa personne, lui mettant évidemment la puce à l'oreille sur le véritable sujet de ces commérages. Eliëndir n'est pas susceptible et n'y prête pas forcément une grande attention. Néanmoins, Dahlia semble avoir repris des couleurs depuis quelques instants. Un sourire joyeux arborant à nouveau ses traits pendant la visite et il ne lui en faut pas plus pour satisfaire et rassurer Eliëndir. Tant qu'elle est heureuse, alors c'est un sentiment partagé.
L'Atelier du grand Elmondo est comme à son habitude, un grand bordel. Il n'y a certainement pas de meilleure description pour ce qu'il se passe sous leurs yeux. Le mage noir n'est effectivement pas très surpris, ce n'est pas la première fois et il est bien au courant de la façon de faire très singulière du couturier en question. À croire que tous les artistes, et en particulier les couturiers, se ressemblent. Un point commun que tout ce beau monde partage, ils ont tous un pète au casque c'est une évidence. Il fléchit légèrement les genoux pour esquiver un projectile, un peu trop grand pour ce qu'il se passe dans la pièce, il manque de se faire bousculer par un pantalon de cérémonie qui voltige un peu trop près de lui. Un atelier de couture et un orchestre fantôme, réunissant les deux grandes passions de cette personnalité insolite : la musique et les beaux vêtements. Fort heureusement, Lamya sait comment gagner l'attention du maître de maison.
Eliëndir ne quitte pas Dahlia pendant les présentations qui ont plutôt l'air d'une inspection. Pour la rassurer en un sens, Elmondo peut avoir quelques manières et gestes brusques mais honnêtement il ne ferait pas de mal à une mouche. Outre ses talents indéniables dans le domaine de la Télékinésie, Elmondo a sa façon bien à lui de sonder l'âme d'une personne par un simple contact physique. Comme on peut s'en douter, il n'est guère très extraverti. Il passe tout son temps enfermé dans son atelier. Les longues conversations ne l'intéressent pas vraiment alors c'est une façon adaptée à son tempérament, pour découvrir quelqu'un sans avoir à perdre son temps avec les règles de bienséances. Découvrir la véritable nature de la jeune femme était un jeu d'enfant pour lui, simple curiosité à assouvir.
Eliëndir regarde sa bien-aimée déployer ses ailes avec une grande admiration non dissimulée. Souriant sans interrompre la Fae qui fait part de sa demande à Elmondo. Il ne se fait pas trop d'inquiétude, cet artiste là est suffisamment doué pour combler toutes les attentes de ses clients, même les plus folles. Eliëndir a déjà eu quelques demandes particulières, adepte des vêtements sophistiqués et Elmondo ne l'a jamais déçu. Il pivote légèrement le talon, pour suivre le couturier des yeux pendant qu'il s'attarde un moment sur les ailes de la Fae. Mettant au passage, Dahlia dans l'inconfort. Elmondo prend d'ailleurs, un peu trop son temps à son goût et Eliëndir vient le rappeler à l'ordre avec une pointe de jalousie dans le fond du regard. Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit, Lamya intervient pour bousculer un petit peu l'artiste. Elmondo repart au quart de tour, relançant la musique pour remonter dans sa tour d'ivoire.
Tout s'est bien passé, finalement. Dahlia revient près de lui, entremêlant à nouveau leurs doigts, il enlace la jeune femme de son bras libre en resserrant tendrement son étreinte. Il lève les yeux vers Elmondo, réfléchissant un moment à la question de la jeune femme.
« Eh bien, honnêtement. Je l'ai trouvé dans un bon jour. Mais oui, c'est souvent comme ça. »
Qu'est-ce que ça doit être quand il est dans un mauvais jour alors. Un léger rire s'échappe de l'interstice de ses lèvres alors qu'il dépose un baiser sur ses cheveux blonds pendant cette proximité. Dahlia soulève un bon point, les couturiers sont peut-être les véritables antagonistes de ce monde. Evitons de se les mettre à dos. En parlant de dos, Eliëndir remonte sa main le long de celui de son âme sœur jusqu'à se saisir de cette lanière qu'elle a défait il y a quelques instants. Il attendra qu'elle rétracte ses ailes, toujours à contrecœur, pour soigneusement rattacher le haut de sa robe avant qu'ils ne réapparaissent en public. Lamya soupire en voyant le couturier n'en faire qu'à sa tête puis elle dépasse le couple avant de les attendre près de la double porte pour leur laisser quelques secondes d'intimité. Elle prendra finalement la parole.
« Elmondo travaille très vite pour des raisons assez évidentes, vous n'aurez pas à attendre plus de quelques heures. Vous pouvez revenir en fin de journée ou dans le pire des cas, demain la robe sera prête. Je vais vous raccompagner jusqu'à la sortie, si vous permettez. Si vous le voulez, je peux aussi prendre vos mesures pendant que vous êtes là Dahlia, dans une pièce à côté. Cela facilitera grandement vos prochaines visites chez nous ! »
La tête sur les épaules cette Lamya. Chaleureuse mais professionnelle. Une commerçante dans l'âme, elle anticipe déjà que le couple reviendra. Eliëndir est déjà un habitué et ça ne saurait tarder pour Dahlia quand elle constatera de l'immense talent d'Elmondo. Tous les clients finissent toujours par revenir de toute façon. Ceux qui en ont les moyens, en tout cas. D'ailleurs, personne n'a jamais mentionné le prix à payer pour cette robe ou pour les prochaines. Comme si c'était déjà implicitement acté entre le couturier et le mage noir. Pour ce qui est de la suggestion de l'assistante, Eliëndir tourne simplement le regard vers la Fae pour savoir ce qu'elle veut faire. Quoi qu'elle décide, l'assistante finira par raccompagner personnellement le couple jusqu'à la sortie. De retour dans l'avenue commerçante, là où ils peuvent à présent reprendre cette balade ensoleillée à travers les rues pavées de la cité elfique.
« Viens, allons par là. »
La journée est loin d'être terminée et d'ailleurs, ils ont encore quelques courses à faire. Mais ils peuvent bien faire un tout petit détour, empruntant une rue en pente pendant quelques minutes, de quoi faire travailler les articulations. Plus haut, ils finissent par arriver sur une grande place au sommet d'un flanc de falaise. Un endroit tout aussi bondé que le parc naturel qu'ils ont traversé un peu plus tôt. Évitant les attroupements en longeant la barrière de pierre, il y a quelques balcons fleuris, quelques postes d'observations d'où on peut avoir une vue absolument à couper le souffle sur une bonne partie de la cité. Les bâtiments et les toits en pierres blanches, les arbres qui longent les rues et les fleurs disséminées un peu partout au sein du paysage. L'horizon se dégage même sur les plaines sauvages du nord, de l'autre côté des remparts immaculées de Melorn.
« Il y a un peu moins de monde en fin de journée et le soir venu. Ou tôt le matin, j'imagine. Le panorama est absolument magnifique. Cela pourrait faire l'affaire, pour toi et Neera. »
C'est évidemment un peu plus "urbain" que le parc de tout à l'heure, mais il en faut pour tous les styles. Posant son index sur ses lèvres à lui, l'air songeur, il lève le regard vers les bâtiments qui surplombent encore un peu plus la ville derrière eux.
« J'oubliais que vous saviez voler, toutes les deux. Vous n'aurez donc pas trop de mal à trouver un endroit où le commun des mortels ne saura vous importuner. »
Il s'embête pas mal en oubliant que les deux jeunes femmes ont des capacités qu'il n'a pas et que par conséquent, il est lui aussi relégué au second plan avec le reste de ses congénères Elfes, incapablent d'explorer les cieux avec autant de facilité que les Faes ou une demi-Titan. Soupirant face à ce constat, il finira par s'en remettre. S'accoudant à la rambarde, il dépose ses lèvres sur la main de Dahlia qu'il vient ensuite caresser avec son pouce. Marquant un petit moment de réflexion, non pas sur son impuissance à utiliser des ailes imaginaires, mais sur un tout autre sujet.
« Dis-moi. Qu'est-ce que tu penses de Melorn ? Je veux dire, sincèrement. En dehors de ce que tu as sous les yeux actuellement. Ce que tu en penses, vraiment. »
La question peut paraître un peu étrange, elle l'est en réalité et il prend très certainement la jeune femme de court. C'est d'ailleurs, tout l'intérêt de son interrogation soudaine. Il n'y a pas de piège, de bonne ou de mauvaise réponse. Dahlia va s'installer ici avec lui et il veut savoir ce qu'elle pense réellement de la ville, de ses habitants et de tout ce qui tourne autour. Melorn est loin d'être parfaite surtout pour les étrangers et Eliëndir en est parfaitement conscient plus que n'importe qui d'autre dans cette ville. C'est important pour lui, que Dahlia s'y sente bien. Car de toute façon, le mage noir a prévu d'y faire quelques changements.
CENDRES
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De retour auprès de l’Elfe, Dahlia vint se blottir dans ses bras en passant une main dans son dos. Malgré le sourire qu’elle arborait et ses yeux pétillants d’excitation face à un spectacle aussi magnifique que celui-ci, elle ne réussissait décemment pas à cacher le stress qui s’emparait de chacun de ses membres, les faisant trembloter légèrement. Eliëndir n’était pas au courant de tout ce qui lui est arrivé durant leurs siècles de séparation, de tout ce qui se tramait dans sa vie qu’il imaginait probablement peu mouvementée. La vérité étant que la dernière fois que qui que ce soit avait posé des yeux aussi intéressés sur ces ailes, ce n’était pas pour les admirer, mais pour les lui retirer. Les Faes étant des êtres plutôt rares sur le Sekai, d'autant plus dans les villes, certains se mettaient en tête de dérober leurs ailes pour les revendre sur des marchés noirs et Dahlia n’était pas en reste à ce sujet. Elle ne comptait plus le nombre de fois où on l’avait arrêtée dans les bas-fonds de Liberty pour essayer de lui soustraire ce qu’elle avait de plus précieux, la seule chose qui la liait encore à ses parents décédés. Elle avait su se prémunir face à la fuite d’informations quant à sa nature, cela ne suffisait pas toujours. Fort heureusement, les brigands qui s’y tentaient perdaient la vie seulement quelques jours après leur altercation avec la demoiselle, hurlant de souffrance face à leur propre peau en décomposition et la maladie qui s’infiltrait doucement dans leurs cerveaux pour leur griller les neurones, un à un, si tant est qu’ils en possédaient à la base. Oh, Dahlia avait eu peur. Pas d’Elmondo, mais de ce qu’elle serait capable de lui faire s’il restait un peu trop longtemps dans son dos, là où elle ne pouvait deviner ses intentions.
Rappelée à la réalité par la douce voix de l’élu de son cœur, la Fae redressa la tête vers ce dernier, se refusant de lui communiquer son angoisse qui commençait de toute façon lentement à se dissiper. D’un accord silencieux, elle fit disparaître ses ailes d’un claquement de doigts pour qu’il puisse rattacher la lanière qu’elle avait défait quelques secondes plus tôt. Venant déposer à nouveau sa tête contre son épaule, Dahlia prit le temps de soupirer discrètement de soulagement, se sentant en sécurité au plus près du seul auquel elle aurait confié sa vie les yeux fermés. Face à l’insistance de Lamya pour prendre ses mesures, volonté non dissimulée de se mettre une nouvelle cliente dans la poche, la jeune femme peina à trouver les mots pour exprimer son refus. Au final, elle opta pour une formulation simple, ne désirant pas s’éterniser sur les raisons qui la poussaient à quitter les lieux le plus rapidement possible. « Une prochaine fois, si ça vous convient. ». L’assistante acquiesça, comprenant rapidement qu’il était inutile de tenter de la convaincre. Si tout ce beau monde s’amusait à ne pas mentionner le coût de la robe qu’ils venaient de commander, la Fae, elle, ne perdait pas le nord. Le plus grand couturier de la ville, une façade aussi extravagante que celle-ci, un génie créatif tel qu’Elmondo… Tout ceci avait un prix, qu’Eliëndir lui cacherait à n’en point douter. Prise au dépourvu par la situation, par sa propre décision de déménager à Melorn dans la précipitation, Dahlia ne pouvait qu’accepter, une pointe d’amertume venant obstruer tout le bonheur qui se diffusait dans ses veines. L’Elfe disposait d’une aisance financière qui la déstabilisait complètement, en plus du fait qu’elle ignorait si elle serait capable de lui rendre tout ce qu’il lui prodiguait, d’une manière où d’une autre. Elle avait passé toute son existence à donner sans jamais recevoir, elle devrait s’habituer à ce que l’inverse se produise, de temps en temps.
Une fois sortie de l’atelier puis de l’établissement, la Fae ne sut se retenir de justifier son empressement à Eliëndir alors qu’ils remontaient la rue, craignant d’avoir fait preuve d’impolitesse. « Je… Je suis désolée de ne pas être restée, j’espère qu’ils ne l’ont pas mal pris. ». Son regard remonta jusqu’aux épaules de l’Elfe qu’elle vint épousseter affectueusement, y remarquant quelques minuscules chutes de tissus venant d’une pièce qui avait dû passer dans les airs juste dans son dos. « Je ne voulais pas qu’on me voit dans cet état. Pas pour la première rencontre, en tout cas. J’aurais tout le temps de repasser une fois que les marques se seront dissipées, après tout. ». D’un doigt hésitant, elle vint pointer une des nombreuses tâches qui parcourait son épiderme, en soulevant doucement le tissu près de son bras. Pour que ses mesures soient prises, Dahlia aurait dû se défaire de la tunique qu’elle portait et par la même occasion, montrer les bleus et les quelques blessures qui ornaient encore sa peau, conséquences d’un combat bien mal mené une semaine auparavant. Lamya n’aurait probablement rien dit à ce sujet, grande professionnelle qu’elle était, mais l’ancienne directrice n’était pas préparée à assumer les traces que sa folie temporaire avaient créées, encore moins devant une inconnue.
Suivant son bien-aimé de très près, elle se laissa guider à travers la foule qui s’accumulait devant les différents points d’observation, trouvant un coin plus tranquille pour observer à son tour le paysage qui se dressait devant elle. Son regard parcourut le décor, ses doigts commençant à la démanger, plongeant dans la sacoche en cuir qu’elle portait à sa droite, pour y saisir un crayon qu’elle déposa entre ses lèvres, le temps d’attraper le carnet qui allait avec. Une fois armée, elle fit défiler les pages de ses anciens croquis rapidement : quelques enfants qui jouaient sur une balançoire, un nombre complètement surréaliste de fleurs et de plantes différentes, un portrait de Neera fait à main levée ainsi que quelques gribouillis qui n'avaient pas énormément de sens. Elle arriva à une page vierge, dessinant rapidement les contours de la cité qui se présentait à elle, laissant un espace au milieu pour s’imaginer ce que cela donnerait avec l’élémentaliste au beau milieu du tableau. Elle hocha la tête distraitement aux paroles d’Eliëndir. « Hm. Je ne sais pas si les Melorniens seraient vraiment ravis de nous voir se poser sur leurs toits. Pas sûre qu’ils nous remarquent, mais j’ignore si prendre le risque est réellement une bonne idée. ». Sans parler du fait que les plus beaux et les plus grands bâtiments de la ville appartenaient forcément aux fortunés, que Dahlia n’avait vraisemblablement pas envie de se mettre à dos. Son crayon vint s’agiter dans tous les sens sur le papier qu’elle froissait par endroit avec son poignet, oubliant temporairement la présence des autres citoyens qui la bousculaient parfois en passant dans son dos.
Quand sa main vint saisir la sienne pour la porter à ses lèvres, la Fae rangea précipitamment ses affaires, presque embarrassée de s’être laissée emporter par l’inspiration soudaine. Elle n’était pas ici pour dessiner, mais pour profiter de la présence d’Eliëndir, tant qu’il pouvait lui accorder. « Pardon. ». Elle cligna des yeux, perplexe face à la question qui venait de lui être posée. Ce qu’elle pensait de Melorn ? Le sujet était vaste, et si elle pouvait sentir que l’Elfe attendait sa plus grande sincérité, elle n’aurait pas osé parler en mal de l’endroit où il avait grandi. Pesant ses mots, prenant le temps de la réflexion, Dahlia redirigea son regard vers le ciel. « C’est… Difficile de me projeter ici. ». Un constat qui ne lui plairait guère, mais qui était criant de vérité. « Je ne vais pas t’apprendre que Melorn n’est pas ce qu’il y a de plus… accueillant envers les étrangers. En comparaison avec Liberty où tout le monde se mélange, c’est un changement considérable. ». La xénophobie existait tout autant en République, peut-être qu’avec l’habitude la Fae avait tendance à l’oublier. Ou peut-être encore était-ce à cause de son statut qui était malgré tout celui d’une privilégiée ; une républicaine née et éduquée là-bas ; elle n’était pas réellement concernée. « Je n’ai jamais été qu’une touriste à Melorn, je le suis encore aujourd'hui, une voyageuse comme les autres. Même à Liberty je ne m’impliquais pas concrètement dans les affaires autant politiques que commerciales, à ce titre, je ne peux pas vraiment me permettre de faire une comparaison avec Melorn. Je sens ton amertume sur certains points bien précis, néanmoins je ne la partage pas encore. ».
Elle s’interrompit quelques secondes avant de reprendre, poursuivant sa réflexion. « D’un point de vue extérieur, j’apprécie énormément la cité, bien que je doive encore me faire aux beaux quartiers et… ». Une pointe d’hésitation l’empêcha de poursuivre, replaçant ses mots correctement dans son esprit. « J’imagine que tu attendais une réponse plus poussée, plus construite. La vérité est telle quelle : je ne sais pas encore ce que j’en pense. J’ai besoin de temps pour me faire un avis. Et du temps, nous en avons à foison. ». Elle se retourna à nouveau vers l’Elfe, sondant sa réaction dans son regard qu’elle ne se lassait jamais d’admirer. « La cité elfique me plaît, dans son ensemble. Mais là n’est pas le cœur de ma décision, et si c’est ce que tu crains, je ne la regretterai pas. Je ne repartirai plus en République. ». S’approchant doucement de l’élu de son cœur, montant doucement sur la pointe de ses pieds, elle s’arrêta à quelques centimètres de son visage, le gratifiant d’un sourire chaleureux avant de joindre ses lèvres aux siennes. « Je me sens chez moi, tant que tu es à mes côtés. J'irai où tu iras, Eliëndir. ».
Rappelée à la réalité par la douce voix de l’élu de son cœur, la Fae redressa la tête vers ce dernier, se refusant de lui communiquer son angoisse qui commençait de toute façon lentement à se dissiper. D’un accord silencieux, elle fit disparaître ses ailes d’un claquement de doigts pour qu’il puisse rattacher la lanière qu’elle avait défait quelques secondes plus tôt. Venant déposer à nouveau sa tête contre son épaule, Dahlia prit le temps de soupirer discrètement de soulagement, se sentant en sécurité au plus près du seul auquel elle aurait confié sa vie les yeux fermés. Face à l’insistance de Lamya pour prendre ses mesures, volonté non dissimulée de se mettre une nouvelle cliente dans la poche, la jeune femme peina à trouver les mots pour exprimer son refus. Au final, elle opta pour une formulation simple, ne désirant pas s’éterniser sur les raisons qui la poussaient à quitter les lieux le plus rapidement possible. « Une prochaine fois, si ça vous convient. ». L’assistante acquiesça, comprenant rapidement qu’il était inutile de tenter de la convaincre. Si tout ce beau monde s’amusait à ne pas mentionner le coût de la robe qu’ils venaient de commander, la Fae, elle, ne perdait pas le nord. Le plus grand couturier de la ville, une façade aussi extravagante que celle-ci, un génie créatif tel qu’Elmondo… Tout ceci avait un prix, qu’Eliëndir lui cacherait à n’en point douter. Prise au dépourvu par la situation, par sa propre décision de déménager à Melorn dans la précipitation, Dahlia ne pouvait qu’accepter, une pointe d’amertume venant obstruer tout le bonheur qui se diffusait dans ses veines. L’Elfe disposait d’une aisance financière qui la déstabilisait complètement, en plus du fait qu’elle ignorait si elle serait capable de lui rendre tout ce qu’il lui prodiguait, d’une manière où d’une autre. Elle avait passé toute son existence à donner sans jamais recevoir, elle devrait s’habituer à ce que l’inverse se produise, de temps en temps.
Une fois sortie de l’atelier puis de l’établissement, la Fae ne sut se retenir de justifier son empressement à Eliëndir alors qu’ils remontaient la rue, craignant d’avoir fait preuve d’impolitesse. « Je… Je suis désolée de ne pas être restée, j’espère qu’ils ne l’ont pas mal pris. ». Son regard remonta jusqu’aux épaules de l’Elfe qu’elle vint épousseter affectueusement, y remarquant quelques minuscules chutes de tissus venant d’une pièce qui avait dû passer dans les airs juste dans son dos. « Je ne voulais pas qu’on me voit dans cet état. Pas pour la première rencontre, en tout cas. J’aurais tout le temps de repasser une fois que les marques se seront dissipées, après tout. ». D’un doigt hésitant, elle vint pointer une des nombreuses tâches qui parcourait son épiderme, en soulevant doucement le tissu près de son bras. Pour que ses mesures soient prises, Dahlia aurait dû se défaire de la tunique qu’elle portait et par la même occasion, montrer les bleus et les quelques blessures qui ornaient encore sa peau, conséquences d’un combat bien mal mené une semaine auparavant. Lamya n’aurait probablement rien dit à ce sujet, grande professionnelle qu’elle était, mais l’ancienne directrice n’était pas préparée à assumer les traces que sa folie temporaire avaient créées, encore moins devant une inconnue.
Suivant son bien-aimé de très près, elle se laissa guider à travers la foule qui s’accumulait devant les différents points d’observation, trouvant un coin plus tranquille pour observer à son tour le paysage qui se dressait devant elle. Son regard parcourut le décor, ses doigts commençant à la démanger, plongeant dans la sacoche en cuir qu’elle portait à sa droite, pour y saisir un crayon qu’elle déposa entre ses lèvres, le temps d’attraper le carnet qui allait avec. Une fois armée, elle fit défiler les pages de ses anciens croquis rapidement : quelques enfants qui jouaient sur une balançoire, un nombre complètement surréaliste de fleurs et de plantes différentes, un portrait de Neera fait à main levée ainsi que quelques gribouillis qui n'avaient pas énormément de sens. Elle arriva à une page vierge, dessinant rapidement les contours de la cité qui se présentait à elle, laissant un espace au milieu pour s’imaginer ce que cela donnerait avec l’élémentaliste au beau milieu du tableau. Elle hocha la tête distraitement aux paroles d’Eliëndir. « Hm. Je ne sais pas si les Melorniens seraient vraiment ravis de nous voir se poser sur leurs toits. Pas sûre qu’ils nous remarquent, mais j’ignore si prendre le risque est réellement une bonne idée. ». Sans parler du fait que les plus beaux et les plus grands bâtiments de la ville appartenaient forcément aux fortunés, que Dahlia n’avait vraisemblablement pas envie de se mettre à dos. Son crayon vint s’agiter dans tous les sens sur le papier qu’elle froissait par endroit avec son poignet, oubliant temporairement la présence des autres citoyens qui la bousculaient parfois en passant dans son dos.
Quand sa main vint saisir la sienne pour la porter à ses lèvres, la Fae rangea précipitamment ses affaires, presque embarrassée de s’être laissée emporter par l’inspiration soudaine. Elle n’était pas ici pour dessiner, mais pour profiter de la présence d’Eliëndir, tant qu’il pouvait lui accorder. « Pardon. ». Elle cligna des yeux, perplexe face à la question qui venait de lui être posée. Ce qu’elle pensait de Melorn ? Le sujet était vaste, et si elle pouvait sentir que l’Elfe attendait sa plus grande sincérité, elle n’aurait pas osé parler en mal de l’endroit où il avait grandi. Pesant ses mots, prenant le temps de la réflexion, Dahlia redirigea son regard vers le ciel. « C’est… Difficile de me projeter ici. ». Un constat qui ne lui plairait guère, mais qui était criant de vérité. « Je ne vais pas t’apprendre que Melorn n’est pas ce qu’il y a de plus… accueillant envers les étrangers. En comparaison avec Liberty où tout le monde se mélange, c’est un changement considérable. ». La xénophobie existait tout autant en République, peut-être qu’avec l’habitude la Fae avait tendance à l’oublier. Ou peut-être encore était-ce à cause de son statut qui était malgré tout celui d’une privilégiée ; une républicaine née et éduquée là-bas ; elle n’était pas réellement concernée. « Je n’ai jamais été qu’une touriste à Melorn, je le suis encore aujourd'hui, une voyageuse comme les autres. Même à Liberty je ne m’impliquais pas concrètement dans les affaires autant politiques que commerciales, à ce titre, je ne peux pas vraiment me permettre de faire une comparaison avec Melorn. Je sens ton amertume sur certains points bien précis, néanmoins je ne la partage pas encore. ».
Elle s’interrompit quelques secondes avant de reprendre, poursuivant sa réflexion. « D’un point de vue extérieur, j’apprécie énormément la cité, bien que je doive encore me faire aux beaux quartiers et… ». Une pointe d’hésitation l’empêcha de poursuivre, replaçant ses mots correctement dans son esprit. « J’imagine que tu attendais une réponse plus poussée, plus construite. La vérité est telle quelle : je ne sais pas encore ce que j’en pense. J’ai besoin de temps pour me faire un avis. Et du temps, nous en avons à foison. ». Elle se retourna à nouveau vers l’Elfe, sondant sa réaction dans son regard qu’elle ne se lassait jamais d’admirer. « La cité elfique me plaît, dans son ensemble. Mais là n’est pas le cœur de ma décision, et si c’est ce que tu crains, je ne la regretterai pas. Je ne repartirai plus en République. ». S’approchant doucement de l’élu de son cœur, montant doucement sur la pointe de ses pieds, elle s’arrêta à quelques centimètres de son visage, le gratifiant d’un sourire chaleureux avant de joindre ses lèvres aux siennes. « Je me sens chez moi, tant que tu es à mes côtés. J'irai où tu iras, Eliëndir. ».
Invité
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
La Fae ne semble pas vouloir s'éterniser, il peut le lire dans son regard ou le comprendre à ses bras légèrement tremblotants. Ainsi soit-il, Eliëndir acquiesce silencieusement en restant près de sa bien-aimée jusqu'à ce qu'ils retrouvent enfin la sortie de l'atelier. Saluant Lamya une dernière fois avant que la porte ne se referme dans son dos, reportant immédiatement son attention sur Dahlia qui craint d'avoir été vexante ou impolie. Il secoue calmement la tête avant de noter à son tour que ses vêtements sombres ont subi la tempête des chemises et pantalons virevoltants dans les airs. Lui qui déteste ne pas être impeccable en public, heureusement que l'être aimé est là pour assurer ses arrières.
« Tu as bien fait. Je suis sûr qu'ils ne vont pas se formaliser pour si peu, ne t'en fais pas. Nous aurons le temps de repasser pour ça, un autre jour. »
La gêne de Dahlia est tout à fait compréhensible, ses marques vont mettre un moment à disparaître et elle n'a tout simplement aucune envie de se montrer dans son état. La vérité étant qu'Eliëndir a été très naïf sur ce coup, le couple aurait pu se retrouver dans une situation très inconfortable. Quand bien même Lamya est une professionnelle et saurait faire preuve de discrétion, l'assistante se serait tout de même posée quelques questions en voyant les marques de coups. Difficile pour elle d'imaginer que Dahlia est du genre à chercher les problèmes avec des gens peu recommandables au sein des bas-fonds de Liberty. La Fae a tous les symptômes de la femme battue et bien que ce ne soit évidemment pas le cas, c'est un malentendu qui aurait pu retomber sur les épaules du mage noir. Les rumeurs circulent vite, en particulier à Melorn. Il s'en rend tout juste compte, avec une pointe d'effroi dans le regard rien qu'à l'idée qu'on aurait pu l'assimiler à ce genre d'individus détestables.
Plus de peur que de mal, le couple n'aura pas à gérer un drame dès leur premier jour de vie commune. L'air soulagé, ils reprennent leur balade main dans la main, exactement là où ils s'étaient arrêtés. Légèrement déçu de voir qu'ici aussi, il y a toujours autant de monde mais c'est bien normal. C'est un endroit prisé et il fait étonnamment beau aujourd'hui contrairement à la pluie diluvienne qui s'abattait sur Melorn hier encore. Alors les gens sortent, seuls ou en famille mais rien qui viendra vraiment les perturber pendant leurs retrouvailles. Enfermé dans cette bulle d'euphorie, Eliëndir ne fait pas vraiment attention au brouhaha environnant. Profitant du panorama époustouflant. Pas la vue de la ville, mais bien celle qui se tient juste à ses côtés. Melorn a toujours eu une place importante dans son cœur, on n'oublie pas une ville aussi majestueuse surtout quand on y est né et qu'on y a grandi pendant des centaines d'années. Et pourtant, elle passe rapidement au second plan en comparaison à la fièvre qui s'empare de lui quand il pose les yeux sur cette femme qui lui a volé son coeur, il y a plus de trois siècles.
Complètement focalisé sur l'élue de son cœur, il l'observe ouvrir sa sacoche et récupérer de quoi griffonner sur un petit calepin. Esquissant un sourire en coin et sans dire un mot, il s'attarde un moment sur le carnet en question lorsque la Fae fait défiler quelques illustrations. Il scrute minutieusement chacun de ses gestes avec beaucoup d'intérêt, de la posture de ses doigts qui tiennent le crayon, aux tracés sombres qu'elle exécute sur la feuille blanche pour commencer à dessiner le paysage. Il sourit à sa remarque. Non pour sûr que certaines personnes ne seraient pas très heureuses de voir deux étrangères s'installer sur leurs toits comme si de rien n'était. Pour Eliëndir en revanche, cette perspective est vraiment très amusante. Se mettre dans les problèmes, voilà qui correspond à merveille à Neera et qui ne changerait sûrement pas ses habitudes.
« Tu as sûrement raison. »
Il entrouvre la bouche qu'il referme aussitôt, n'osant pas rajouter quoi que ce soit pour laisser la Fae avec son inspiration du moment. Se déplaçant discrètement dans son dos pour que personne ne la bouscule maladroitement quand ils sont rejoint par quelques badauds qui eux aussi, viennent sûrement profiter de la vue. Juste avant de lui déposer ce baiser sur la main, l'interrompant presque avec des remords. À moins qu'il l'ait fait exprès pour regagner son attention, qui sait.
« Ne t'excuses pas, moi aussi j'aime te voir aussi passionnée. »
Faisant évidemment écho à une phrase presque similaire qu'elle lui a dit plus tôt dans les jardins de sa résidence. Faisant à nouveau un pas sur le côté, pour revenir près de la rambarde. Se tournant de face alors qu'il attend calmement qu'elle trouve ses mots pour lui répondre. La question est soudaine et parfaitement voulue, il n'en attend pas spécialement un exposé ou une réponse très poussée mais simplement une réponse sincère. Cela lui conviendra parfaitement. Alors c'est le regard tourné vers sa bien-aimée qu'il observe les traits de son visage, l'écoutant du début à la fin sans l'interrompre. Totalement impassible, l'Elfe laisse difficilement deviner s'il est satisfait ou non des paroles de Dahlia. Il attend sagement que la Fae termine de tout lui dire avant de se redresser en prenant quelques secondes pour réfléchir silencieusement. Il est vite rattrapé par Dahlia, qui récupère quelques centimètres sur la pointe des pieds pour réussir à l'atteindre. Il lève ses mains pour les déposer avec douceur sur ses joues, prolongeant cet échange amoureux de quelques instants supplémentaires.
« Merci d'être là. »
Restant là presque immobile à contempler ce visage qu'il tient entre ses deux paumes de mains. Il aurait beaucoup de mal à lui expliquer à quel point il avait besoin de la voir après toutes ces années, se rendant compte du trou béant qu'à laisser l'absence de Dahlia dans sa vie. Il ne peut s'en vouloir qu'à lui-même et il se réjouit que tout ceci soit enfin derrière lui. Dahlia a besoin de temps pour s'acclimater à la ville, c'était un peu présomptueux de sa part de penser qu'elle aurait déjà un avis bien tranché. Il lui faut du temps et comme elle le dit si bien, du temps ils en ont à revendre.
« Excuse-moi si je t'embête avec mes questions. Ne t'en fais pas, ce que j'ai entendu me suffit amplement. Tu as pris une décision importante pour moi. Pour nous. Et je sais que Melorn est loin d'être parfaite, derrière les apparences. Malgré tout, tu es là et pour ça je t'en suis infiniment reconnaissant. »
Déposant un baiser sur ses lèvres, un peu plus bref, il vient prendre les deux mains de la jeune femmes avec les siennes. Prenant une petite inspiration en clignant des yeux, juste avant de plonger le regard dans ses iris ambrés.
« Je comprends que ce soit difficile pour toi de te projeter, c'est encore un peu tôt. J'aimerais tout de même que l'on essaie, ensemble. Je veux faire de Melorn, un endroit où il fait bon vivre pour tout le monde, sans considération pour la race ou les origines. Un endroit où tu seras véritablement heureuse de vivre et où je serais fier de pouvoir fonder une famille. Un jour, quand ce sera le bon moment. »
Et avec la bonne personne, mais celle-là, il l'a déjà trouvé. Un projet ambitieux, relevant presque de l'utopie. Pourtant, il y croit dur comme fer et fera tout ce qui est en son pouvoir pour réaliser ses objectifs et sa vision idéale d'une Melorn telle qu'elle aurait toujours dû être : un havre de paix, un bastion de la liberté et un diamant scintillante au milieu d'un monde en guerre. Pour voir un sourire apparaître à nouveau sur ce visage angélique, il est prêt à absolument tous les sacrifices. Même les plus atroces.
CENDRES
« Tu as bien fait. Je suis sûr qu'ils ne vont pas se formaliser pour si peu, ne t'en fais pas. Nous aurons le temps de repasser pour ça, un autre jour. »
La gêne de Dahlia est tout à fait compréhensible, ses marques vont mettre un moment à disparaître et elle n'a tout simplement aucune envie de se montrer dans son état. La vérité étant qu'Eliëndir a été très naïf sur ce coup, le couple aurait pu se retrouver dans une situation très inconfortable. Quand bien même Lamya est une professionnelle et saurait faire preuve de discrétion, l'assistante se serait tout de même posée quelques questions en voyant les marques de coups. Difficile pour elle d'imaginer que Dahlia est du genre à chercher les problèmes avec des gens peu recommandables au sein des bas-fonds de Liberty. La Fae a tous les symptômes de la femme battue et bien que ce ne soit évidemment pas le cas, c'est un malentendu qui aurait pu retomber sur les épaules du mage noir. Les rumeurs circulent vite, en particulier à Melorn. Il s'en rend tout juste compte, avec une pointe d'effroi dans le regard rien qu'à l'idée qu'on aurait pu l'assimiler à ce genre d'individus détestables.
Plus de peur que de mal, le couple n'aura pas à gérer un drame dès leur premier jour de vie commune. L'air soulagé, ils reprennent leur balade main dans la main, exactement là où ils s'étaient arrêtés. Légèrement déçu de voir qu'ici aussi, il y a toujours autant de monde mais c'est bien normal. C'est un endroit prisé et il fait étonnamment beau aujourd'hui contrairement à la pluie diluvienne qui s'abattait sur Melorn hier encore. Alors les gens sortent, seuls ou en famille mais rien qui viendra vraiment les perturber pendant leurs retrouvailles. Enfermé dans cette bulle d'euphorie, Eliëndir ne fait pas vraiment attention au brouhaha environnant. Profitant du panorama époustouflant. Pas la vue de la ville, mais bien celle qui se tient juste à ses côtés. Melorn a toujours eu une place importante dans son cœur, on n'oublie pas une ville aussi majestueuse surtout quand on y est né et qu'on y a grandi pendant des centaines d'années. Et pourtant, elle passe rapidement au second plan en comparaison à la fièvre qui s'empare de lui quand il pose les yeux sur cette femme qui lui a volé son coeur, il y a plus de trois siècles.
Complètement focalisé sur l'élue de son cœur, il l'observe ouvrir sa sacoche et récupérer de quoi griffonner sur un petit calepin. Esquissant un sourire en coin et sans dire un mot, il s'attarde un moment sur le carnet en question lorsque la Fae fait défiler quelques illustrations. Il scrute minutieusement chacun de ses gestes avec beaucoup d'intérêt, de la posture de ses doigts qui tiennent le crayon, aux tracés sombres qu'elle exécute sur la feuille blanche pour commencer à dessiner le paysage. Il sourit à sa remarque. Non pour sûr que certaines personnes ne seraient pas très heureuses de voir deux étrangères s'installer sur leurs toits comme si de rien n'était. Pour Eliëndir en revanche, cette perspective est vraiment très amusante. Se mettre dans les problèmes, voilà qui correspond à merveille à Neera et qui ne changerait sûrement pas ses habitudes.
« Tu as sûrement raison. »
Il entrouvre la bouche qu'il referme aussitôt, n'osant pas rajouter quoi que ce soit pour laisser la Fae avec son inspiration du moment. Se déplaçant discrètement dans son dos pour que personne ne la bouscule maladroitement quand ils sont rejoint par quelques badauds qui eux aussi, viennent sûrement profiter de la vue. Juste avant de lui déposer ce baiser sur la main, l'interrompant presque avec des remords. À moins qu'il l'ait fait exprès pour regagner son attention, qui sait.
« Ne t'excuses pas, moi aussi j'aime te voir aussi passionnée. »
Faisant évidemment écho à une phrase presque similaire qu'elle lui a dit plus tôt dans les jardins de sa résidence. Faisant à nouveau un pas sur le côté, pour revenir près de la rambarde. Se tournant de face alors qu'il attend calmement qu'elle trouve ses mots pour lui répondre. La question est soudaine et parfaitement voulue, il n'en attend pas spécialement un exposé ou une réponse très poussée mais simplement une réponse sincère. Cela lui conviendra parfaitement. Alors c'est le regard tourné vers sa bien-aimée qu'il observe les traits de son visage, l'écoutant du début à la fin sans l'interrompre. Totalement impassible, l'Elfe laisse difficilement deviner s'il est satisfait ou non des paroles de Dahlia. Il attend sagement que la Fae termine de tout lui dire avant de se redresser en prenant quelques secondes pour réfléchir silencieusement. Il est vite rattrapé par Dahlia, qui récupère quelques centimètres sur la pointe des pieds pour réussir à l'atteindre. Il lève ses mains pour les déposer avec douceur sur ses joues, prolongeant cet échange amoureux de quelques instants supplémentaires.
« Merci d'être là. »
Restant là presque immobile à contempler ce visage qu'il tient entre ses deux paumes de mains. Il aurait beaucoup de mal à lui expliquer à quel point il avait besoin de la voir après toutes ces années, se rendant compte du trou béant qu'à laisser l'absence de Dahlia dans sa vie. Il ne peut s'en vouloir qu'à lui-même et il se réjouit que tout ceci soit enfin derrière lui. Dahlia a besoin de temps pour s'acclimater à la ville, c'était un peu présomptueux de sa part de penser qu'elle aurait déjà un avis bien tranché. Il lui faut du temps et comme elle le dit si bien, du temps ils en ont à revendre.
« Excuse-moi si je t'embête avec mes questions. Ne t'en fais pas, ce que j'ai entendu me suffit amplement. Tu as pris une décision importante pour moi. Pour nous. Et je sais que Melorn est loin d'être parfaite, derrière les apparences. Malgré tout, tu es là et pour ça je t'en suis infiniment reconnaissant. »
Déposant un baiser sur ses lèvres, un peu plus bref, il vient prendre les deux mains de la jeune femmes avec les siennes. Prenant une petite inspiration en clignant des yeux, juste avant de plonger le regard dans ses iris ambrés.
« Je comprends que ce soit difficile pour toi de te projeter, c'est encore un peu tôt. J'aimerais tout de même que l'on essaie, ensemble. Je veux faire de Melorn, un endroit où il fait bon vivre pour tout le monde, sans considération pour la race ou les origines. Un endroit où tu seras véritablement heureuse de vivre et où je serais fier de pouvoir fonder une famille. Un jour, quand ce sera le bon moment. »
Et avec la bonne personne, mais celle-là, il l'a déjà trouvé. Un projet ambitieux, relevant presque de l'utopie. Pourtant, il y croit dur comme fer et fera tout ce qui est en son pouvoir pour réaliser ses objectifs et sa vision idéale d'une Melorn telle qu'elle aurait toujours dû être : un havre de paix, un bastion de la liberté et un diamant scintillante au milieu d'un monde en guerre. Pour voir un sourire apparaître à nouveau sur ce visage angélique, il est prêt à absolument tous les sacrifices. Même les plus atroces.
CENDRES
Invité
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L’air inquiète, Dahlia attend le verdict de son bien-aimé, la boule au ventre. Même si elle se doute qu’il ne lui tendrait jamais de pièges, la Fae est tendue. Elle veut être parfaite pour lui, ne surtout jamais se défaire de l’image qu’il s’est fait d’elle dans sa tête. Comme elle aurait aimé se voir à travers le prisme des yeux d’Eliëndir, pour peut-être enfin s’accepter telle qu’elle est. Profitant de son étreinte, de la chaleur de ses doigts qui se diffusent sur ses joues rosées, elle vient passer à nouveau sa main dans sa chevelure blanche, entremêlant quelques mèches entre elles. « Tu n’as pas à me remercier. ». Son cœur bat plus vite, ses yeux s’illuminent. « C’est moi qui devrais être reconnaissante. Je n’avais rien, et tu m’as tout offert, sans jamais me demander quoi que ce soit en retour. ». Par sa simple présence, par l’amour qu’il lui portait, le mage noir avait transformé sa vie misérable en un conte de fées. Sa main glisse de ses cheveux pour se poser sur sa joue qu’elle caresse tendrement, passant doucement sur ses oreilles pointues. Le monde s’agglutine autour d’eux tout en les ignorant, la vue splendide sur Melorn les distrayant juste assez du couple qui s’aime intensément, comme s’ils étaient à nouveau seuls. « Tu ne m’embêtes pas. C’est normal que tu te poses des questions, à vrai dire, je m’en pose aussi. Mais je suis patiente. Les réponses viendront d’elles-mêmes. Et quand elles seront là, je serais toujours à tes côtés. ».
Profondément amoureuse, Dahlia regarde l’homme qui l’a fait succomber il y a plus de trois siècles, un être plein d’ambition, bien assez pour combler celle qui est inexistante chez elle. Admirative, la Fae ne s’est jamais cachée de son émerveillement pour l’Elfe, pour ses voyages, pour sa volonté sans faille de faire changer le monde qui l’entoure. Eliëndir est attaché à Melorn, à ses origines, plus que la jeune femme ne le sera jamais. Là où Liberty n’était qu’une étape dans le long cheminement de sa vie, la cité elfique est le point culminant de celle de l’Elfe. Dire qu’elle ne se projette pas du tout aurait été un mensonge. Depuis des centaines d’années, Dahlia s’imagine vivre à ses côtés, pouvoir admirer son visage au réveil plutôt que le plafond froid et humide de l’orphelinat. Un rêve qu’elle peut à présent toucher du bout des doigts, une utopie jusqu’ici irréalisable. Elle s’apprête à le couper pour lui signifier qu’elle est déjà bien assez heureuse, sans doute plus qu’elle ne le sera jamais près de lui, quand tout à coup le temps s’arrête.
En une fraction de seconde, le monde si chatoyant qui l’entourait se ternit, ne devenant plus que des nuances de blanc, de noir, de gris. Les contrastes s’accentuent et le son ambiant disparaît, laissant place à un lourd silence. Sa voix aussi douce que le chant des oiseaux se coupe en plein milieu de sa phrase, l’oxygène ne parvenant plus à trouver son chemin jusqu’à ses poumons qui se compressent autant que son cœur ne se brise. Un ultrason traverse ses oreilles, la rendant complètement sourde. Ses yeux orangés perdent leur éclat si caractéristique en la présence de l’Elfe, ce qu’il reste de son sourire n’est qu’hypocrisie et comédie qu’elle maintient avec difficulté, une centaine de lames transperçant son âme de part en part tandis que ses pensées commencent à se mélanger. Dahlia dissocie entièrement, oubliant la présence de son bien-aimé pendant une dizaine de secondes, ses sens étouffés par l’angoisse qui la submerge, par les souvenirs terrifiants qui l’assaillent. Plaçant une main devant son visage pour essuyer la sueur qui s’y accumule dangereusement, prise d’une fièvre et d’une migraine soudaine, elle vient se cacher dans les bras d’Eliëndir, priant pour que son contact l’apaise. Comment se projeter dans un si beau projet alors que seulement quelques semaines auparavant, elle implorait l’alchimiste de l’achever ?
« Ils mourront, comme les autres. ». La voix de la culpabilité qui la ronge commence à gronder, s’immisçant lentement dans son esprit, rampant tel un serpent vers sa proie affaiblie. « Tu les tueras, car tu es incapable d’aimer, incapable d’être aimée. ». D’abord murmure, elle se fait de plus en plus forte, plus insistante, plus ferme. « Pourquoi tout recommencer, quand tu sais déjà comment l’histoire va se terminer ? ». Elle n’insinue plus, elle affirme. Les mots sont durs, acérés, fruits de son propre cerveau qui sait exactement où appuyer pour que la douleur soit insoutenable. La Fae retient ses larmes et ses tremblements d’une force inouïe, masquant sa peine autant qu’elle le peut, l’odeur âcre des cadavres de ses parents s’infiltrant dans ses narines. Elle lutte contre un ennemi dont elle ne peut se défaire, qu’elle ne parviendra jamais à fuir. Le pire antagoniste qu’elle puisse rencontrer, bien plus cruel que Le Masque, bien plus odieux qu’Eliëndir ne pourra jamais l’être, bien plus fort que l’armée tout entière du Reike. Elle-même.
« Tu es complètement malade. ».
Nineveh me soigne, ce n'est qu'une question de temps.
« Personne ne t’entend crier. »
Il m’entend.
« Pourtant il ne bouge pas, il ne dit rien. ».
Parce qu’il ne sait pas.
« Parce que s’il savait, il fuirait. ».
C’est faux.
« C’est vrai, et tu te voiles la face. ».
Ça suffit.
Le silence se fait enfin dans sa tête alors qu’elle plonge à nouveau son regard dans celui de l’Elfe. Pour lui, il ne s’est écoulé qu’une trentaine de secondes, pour elle le combat est long et touche à peine à sa fin. Faire taire la voix dans sa tête est un exploit qu’elle savoure, laissant échapper un long soupir de soulagement de l’entre ouverture de ses lèvres. La peur est autant un frein qu’un moteur et Dahlia décide de prendre l’avantage. De se dire que s’il la fuit ce soir, alors elle doit profiter d’aujourd’hui. Que si leur histoire se termine, alors elle n’aura rien à regretter. « Dé… Désolée, j’ai été prise d’un petit vertige. Je pense que je ne me suis pas encore remise du voyage. ». Plongeant sa main dans sa sacoche, elle en sort un élixir et se retourne pour l’engloutir, laissant l’expertise de sa médecin faire son petit effet. « Heureusement, je ne suis pas partie les mains vides. J’irais mieux en un rien de temps, j’espère que je ne t’inquiète pas trop. ». Son jeu d’acteur est parfait, peut-être même trop lisse.
Son regard s’acclimate de nouveau à son environnement, les couleurs revenant progressivement à leur place, le doux parfum des fleurs lui parvenant enfin. Son rythme cardiaque revient à la normale et son visage se détend, affichant à nouveau un sourire sincère qu’elle n’offre qu’à l’élu de son cœur. « Merci de m’avoir emmenée ici. C’est parfait, je pense que Neera sera satisfaite. Enfin, la connaissant, elle serait satisfaite de n’importe quel panorama à Melorn. Je ne la blâme pas. ». Dahlia se fera violence pour peindre en public, la vue étant bien trop belle pour qu’elle se laisse enquiquiner. Reprenant la main de l’Elfe, elle l’invite par une petite pression à se rapprocher à nouveau d’elle pour lui voler un énième baiser avant de reprendre la route. La sensation de ses lèvres sur les siennes est unique, leur saveur addictive. La Fae respire à nouveau. Sans lui laisser le temps de formuler une quelconque inquiétude, elle enchaîne.
« Allons chercher mes ingrédients, tant qu’il fait encore bon. Je te préparerai tout ça demain, je n’ai pas envie de passer juste avant un restaurant réputé. ». Un petit rire s’échappe de sa gorge, signe final que ses doutes et sa peur s’éclipsent définitivement. « Je ne veux pas imaginer l’humiliation ! ». Revenant sur ses pas, la jeune femme se dirige vers une épicerie repérée à l’aller, une des rares qui jonchent encore les beaux quartiers. À l’intérieur, elle ne trouve que des domestiques en train de farfouiller dans les étagères, faisant le plein de provisions pour leurs employeurs. Passant d’un rayonnage à l’autre, Dahlia ne prend pas la peine de regarder une liste potentielle d’ingrédients dans son carnet. Elle a tant essayé de créer le fraisier parfait que les composants sont ancrés dans sa mémoire. « Je vais partir du principe que tu as déjà la base à la maison, la farine, le sucre, les œufs… ».
Elle lève les yeux, apercevant enfin ce qu’elle cherche, les gousses de vanille. Puis, elle s’attaque aux fraises qui l’attendent dans une cagette presque trop grande pour ses bras. Visiblement, les petites quantités ne se vendent pas très bien à Melorn. « Je pense que j’ai tout. ». Faisant à nouveau le tour de l’épicerie pour rafraîchir sa mémoire, elle finit par acquiescer en se rapprochant du comptoir après s’être saisie d’un sac en toile plié dans sa sacoche. Déposant ses articles, Dahlia se retourne vers Eliëndir, un air embarrassé encore bien présent sur le visage. Au-delà de le regarder payer une fois de plus, la Fae espère surtout que ce n’est pas un gâchis de son argent, qu’elle arrivera à faire une pâtisserie correcte, tout du moins mangeable. Dans un petit saut, elle vient à nouveau déposer un baiser sur sa joue, laissant échapper un furtif « Merci, encore. ».
Profondément amoureuse, Dahlia regarde l’homme qui l’a fait succomber il y a plus de trois siècles, un être plein d’ambition, bien assez pour combler celle qui est inexistante chez elle. Admirative, la Fae ne s’est jamais cachée de son émerveillement pour l’Elfe, pour ses voyages, pour sa volonté sans faille de faire changer le monde qui l’entoure. Eliëndir est attaché à Melorn, à ses origines, plus que la jeune femme ne le sera jamais. Là où Liberty n’était qu’une étape dans le long cheminement de sa vie, la cité elfique est le point culminant de celle de l’Elfe. Dire qu’elle ne se projette pas du tout aurait été un mensonge. Depuis des centaines d’années, Dahlia s’imagine vivre à ses côtés, pouvoir admirer son visage au réveil plutôt que le plafond froid et humide de l’orphelinat. Un rêve qu’elle peut à présent toucher du bout des doigts, une utopie jusqu’ici irréalisable. Elle s’apprête à le couper pour lui signifier qu’elle est déjà bien assez heureuse, sans doute plus qu’elle ne le sera jamais près de lui, quand tout à coup le temps s’arrête.
En une fraction de seconde, le monde si chatoyant qui l’entourait se ternit, ne devenant plus que des nuances de blanc, de noir, de gris. Les contrastes s’accentuent et le son ambiant disparaît, laissant place à un lourd silence. Sa voix aussi douce que le chant des oiseaux se coupe en plein milieu de sa phrase, l’oxygène ne parvenant plus à trouver son chemin jusqu’à ses poumons qui se compressent autant que son cœur ne se brise. Un ultrason traverse ses oreilles, la rendant complètement sourde. Ses yeux orangés perdent leur éclat si caractéristique en la présence de l’Elfe, ce qu’il reste de son sourire n’est qu’hypocrisie et comédie qu’elle maintient avec difficulté, une centaine de lames transperçant son âme de part en part tandis que ses pensées commencent à se mélanger. Dahlia dissocie entièrement, oubliant la présence de son bien-aimé pendant une dizaine de secondes, ses sens étouffés par l’angoisse qui la submerge, par les souvenirs terrifiants qui l’assaillent. Plaçant une main devant son visage pour essuyer la sueur qui s’y accumule dangereusement, prise d’une fièvre et d’une migraine soudaine, elle vient se cacher dans les bras d’Eliëndir, priant pour que son contact l’apaise. Comment se projeter dans un si beau projet alors que seulement quelques semaines auparavant, elle implorait l’alchimiste de l’achever ?
« Ils mourront, comme les autres. ». La voix de la culpabilité qui la ronge commence à gronder, s’immisçant lentement dans son esprit, rampant tel un serpent vers sa proie affaiblie. « Tu les tueras, car tu es incapable d’aimer, incapable d’être aimée. ». D’abord murmure, elle se fait de plus en plus forte, plus insistante, plus ferme. « Pourquoi tout recommencer, quand tu sais déjà comment l’histoire va se terminer ? ». Elle n’insinue plus, elle affirme. Les mots sont durs, acérés, fruits de son propre cerveau qui sait exactement où appuyer pour que la douleur soit insoutenable. La Fae retient ses larmes et ses tremblements d’une force inouïe, masquant sa peine autant qu’elle le peut, l’odeur âcre des cadavres de ses parents s’infiltrant dans ses narines. Elle lutte contre un ennemi dont elle ne peut se défaire, qu’elle ne parviendra jamais à fuir. Le pire antagoniste qu’elle puisse rencontrer, bien plus cruel que Le Masque, bien plus odieux qu’Eliëndir ne pourra jamais l’être, bien plus fort que l’armée tout entière du Reike. Elle-même.
« Tu es complètement malade. ».
Nineveh me soigne, ce n'est qu'une question de temps.
« Personne ne t’entend crier. »
Il m’entend.
« Pourtant il ne bouge pas, il ne dit rien. ».
Parce qu’il ne sait pas.
« Parce que s’il savait, il fuirait. ».
C’est faux.
« C’est vrai, et tu te voiles la face. ».
Ça suffit.
Le silence se fait enfin dans sa tête alors qu’elle plonge à nouveau son regard dans celui de l’Elfe. Pour lui, il ne s’est écoulé qu’une trentaine de secondes, pour elle le combat est long et touche à peine à sa fin. Faire taire la voix dans sa tête est un exploit qu’elle savoure, laissant échapper un long soupir de soulagement de l’entre ouverture de ses lèvres. La peur est autant un frein qu’un moteur et Dahlia décide de prendre l’avantage. De se dire que s’il la fuit ce soir, alors elle doit profiter d’aujourd’hui. Que si leur histoire se termine, alors elle n’aura rien à regretter. « Dé… Désolée, j’ai été prise d’un petit vertige. Je pense que je ne me suis pas encore remise du voyage. ». Plongeant sa main dans sa sacoche, elle en sort un élixir et se retourne pour l’engloutir, laissant l’expertise de sa médecin faire son petit effet. « Heureusement, je ne suis pas partie les mains vides. J’irais mieux en un rien de temps, j’espère que je ne t’inquiète pas trop. ». Son jeu d’acteur est parfait, peut-être même trop lisse.
Son regard s’acclimate de nouveau à son environnement, les couleurs revenant progressivement à leur place, le doux parfum des fleurs lui parvenant enfin. Son rythme cardiaque revient à la normale et son visage se détend, affichant à nouveau un sourire sincère qu’elle n’offre qu’à l’élu de son cœur. « Merci de m’avoir emmenée ici. C’est parfait, je pense que Neera sera satisfaite. Enfin, la connaissant, elle serait satisfaite de n’importe quel panorama à Melorn. Je ne la blâme pas. ». Dahlia se fera violence pour peindre en public, la vue étant bien trop belle pour qu’elle se laisse enquiquiner. Reprenant la main de l’Elfe, elle l’invite par une petite pression à se rapprocher à nouveau d’elle pour lui voler un énième baiser avant de reprendre la route. La sensation de ses lèvres sur les siennes est unique, leur saveur addictive. La Fae respire à nouveau. Sans lui laisser le temps de formuler une quelconque inquiétude, elle enchaîne.
« Allons chercher mes ingrédients, tant qu’il fait encore bon. Je te préparerai tout ça demain, je n’ai pas envie de passer juste avant un restaurant réputé. ». Un petit rire s’échappe de sa gorge, signe final que ses doutes et sa peur s’éclipsent définitivement. « Je ne veux pas imaginer l’humiliation ! ». Revenant sur ses pas, la jeune femme se dirige vers une épicerie repérée à l’aller, une des rares qui jonchent encore les beaux quartiers. À l’intérieur, elle ne trouve que des domestiques en train de farfouiller dans les étagères, faisant le plein de provisions pour leurs employeurs. Passant d’un rayonnage à l’autre, Dahlia ne prend pas la peine de regarder une liste potentielle d’ingrédients dans son carnet. Elle a tant essayé de créer le fraisier parfait que les composants sont ancrés dans sa mémoire. « Je vais partir du principe que tu as déjà la base à la maison, la farine, le sucre, les œufs… ».
Elle lève les yeux, apercevant enfin ce qu’elle cherche, les gousses de vanille. Puis, elle s’attaque aux fraises qui l’attendent dans une cagette presque trop grande pour ses bras. Visiblement, les petites quantités ne se vendent pas très bien à Melorn. « Je pense que j’ai tout. ». Faisant à nouveau le tour de l’épicerie pour rafraîchir sa mémoire, elle finit par acquiescer en se rapprochant du comptoir après s’être saisie d’un sac en toile plié dans sa sacoche. Déposant ses articles, Dahlia se retourne vers Eliëndir, un air embarrassé encore bien présent sur le visage. Au-delà de le regarder payer une fois de plus, la Fae espère surtout que ce n’est pas un gâchis de son argent, qu’elle arrivera à faire une pâtisserie correcte, tout du moins mangeable. Dans un petit saut, elle vient à nouveau déposer un baiser sur sa joue, laissant échapper un furtif « Merci, encore. ».
Invité
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Un arc-en-ciel sous la tempête
Feat Dahlia
Cet intense bonheur qu'ils partagent comme s'il n'y avait personne d'autres autour d'eux à ce moment précis. Ignorant les citoyens qui continuent de vivre, à l'extérieur de cette bulle d'intimité qu'ils sont les deux seuls à utiliser. Les mots de Dahlia touchent juste, comme bien souvent en réalité. Eliëndir se pose sûrement trop de questions, par envie de bien faire évidemment. Il en oublierait presque de vivre le moment présent. Peut-être devrait-il, de temps à autre, se concentrer sur son bonheur actuel plutôt que de toujours se tourner vers le futur. Une habitude qu'il devra prendre à partir de maintenant. Malgré cette volonté relativement subtile d'aborder leur avenir à tous les deux, sans que cela soit perçu comme quelque chose d'angoissant. L'Elfe n'aura pas la réaction escomptée et il va vite s'en rendre compte.
Eliëndir met quelques secondes à comprendre que quelque chose ne va pas malgré les tentatives de Dahlia pour lui faire croire le contraire en maintenant un sourire de façade. Il a plongé son regard dans ses yeux orangés tant de fois qu'il est parfaitement capable d'y déceler la moindre imperfection. Le silence s'installe, Dahlia perd subitement des couleurs et une chaleur fiévreuse se dégage maintenant de ses joues. D'une soudaine bouffée de chaleur, les pores de sa peau se mettent à perler de sueur. Donnant la forte impression qu'elle est sur le point de faire un malaise. Il n'est pas loin de la vérité même si en réalité, c'est bien plus grave que ça.
« Dahlia ? Tout va bien ? Parle-moi. »
Évidemment que non et de réponse, il n'en aura aucune. La confusion est grande, l'incompréhension est totale. Il sait que Dahlia n'est pas étrangère à la souffrance mais il ne suspecte pas la profondeur du mal qui la gangrène. Ses démons qui lui tournent autour et les idées noires qui l'assaillent. Une part sombre de sa personnalité qu'elle a toujours réussi à lui cacher, dans une certaine mesure. Bien loin de se douter de ce qu'il se passe réellement dans l'esprit de la Fae en ce moment même, il en vient à se demander si ce n'est pas lui qui a fait une bêtise. Est-ce de sa faute ? Il pensait bien faire pourtant. Était-ce trop tôt pour aborder le sujet ? Cette fâcheuse habitude qu'il a à n'en faire qu'à sa tête. Trois cents ans qu'il l'a fait attendre, une véritable éternité même pour deux personnes jouissant d'une grande longévité naturelle. Et du jour au lendemain, tout s'enchaîne très rapidement. Peut-être trop pour elle. Profondément égoïste car on n'échappe pas à sa nature aussi facilement, l'Elfe avance et ne prend même pas le temps de s'assurer que Dahlia puisse suivre le rythme. Ce n'est pas à elle de presser le pas mais à lui de ralentir et de s'adapter aux besoins de sa bien-aimée.
Dans cette détresse évidente, Eliëndir vient calmement l'enlacer de ses bras en la serrant près de lui, glissant les doigts d'une main dans sa chevelure blonde et laissant l'autre un peu plus bas sur sa nuque qu'il caresse affectueusement. Modérant son étreinte, pour la laisser respirer et reprendre son souffle tout en essayant de cacher son mal être au monde extérieur et aux passants qui s'entassent sur le même balcon de pierre. Espérant lui aussi, que sa simple présence puisse l'aider d'une quelconque façon dans ce combat qu'elle doit menée contre elle-même. Quelques dizaines de secondes plus tard, il croise à nouveau le regard de sa bien-aimée qui semble se remettre petit à petit de ses émotions. Pas un seul instant il ne la quitté des yeux. Eliëndir ne cache pas son inquiétude bien visible sur son visage.
« Est-ce que ça va mieux ? »
Dénouant progressivement son étreinte pour ne pas l'étouffer. Qu'est-ce qu'il déteste ce sentiment d'impuissance, incapable de lui venir en aide pendant qu'elle luttait dans ses bras. Un petit vertige dit-elle, il a beaucoup de mal à le croire. L'air dubitatif, il la regarde sortir un petit flacon de sa sacoche qu'elle avale bien rapidement en lui tournant le dos. De quoi confirmer encore un peu plus ses doutes. Eliëndir a un peu de mal à trouver les mots alors qu'elle tente de le rassurer sur son état. Il n'est pas convaincu et son jeu d'acteur, aussi douée soit-elle, ne prend pas avec lui. Malgré tout, Dahlia semble reprendre des couleurs et un sourire plus sincère que le précédent réapparaît sur son visage. S'il émet toujours des doutes, il est au moins rassuré de voir qu'elle se sent un peu mieux.
Il l'écoute mais reste silencieux de son côté. Il s'est déjà montré maladroit alors plutôt que de retenter l'expérience, il se contente d'acquiescer de la tête sans faire de vague. La voyant s'approcher, il cligne des yeux et se penche légèrement pour lui offrir ce qu'elle est venue chercher à travers ce baiser qui tente d'éteindre les doutes de l'Elfe. N'ayant pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, ils reprennent leur balade à l'initiative de la Fae. Il va devoir se faire une raison visiblement, Dahlia préfère prétendre qu'il ne s'est rien passé. Pour le moment, Eliëndir a du mal à faire de même. Il la suit pour aller faire quelques emplettes non loin, le fraisier ne va pas se faire tout seul. Le mage noir est toujours pensif pendant qu'ils cherchent les ingrédients manquants, réagissant parfois avec un peu de délai quand Dahlia s'adresse à lui.
« Hm ? Oui, oui. Il y a tout ça à la maison. »
Pour ce qui est des ingrédients et de la recette, Eliëndir s'en remet totalement à elle. Galant, il vient lui prendre la cagette de fraises des mains pour qu'elle n'ait pas à s'encombrer avec ça. Effectivement, tout n'est pas très pratique à Melorn et il est rare que les consommateurs cherchent à faire l'acquisition de petits lots aussi stupide que ça puisse paraître. Ils feront avec, ce n'est pas bien grave. Quand Dahlia aura terminé son petit tour, l'Elfe règle le tout au comptoir juste avant de récupérer le reste de leurs achats. Les fraises dans les bras, Dahlia le sort de sa torpeur en atteignant ses joues pour y déposer ses lèvres. Acceptant de sourire à nouveau, il laisse Dahlia passer devant lui en sortant de l'épicerie.
« On devrait peut-être rentrer pour déposer les affaires dans la cuisine. Ça ne nous empêche pas de sortir à nouveau si tu ne veux pas rester à la maison. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu veux faire avant ? On pourrait passer aux écuries. Ça a un peu changé depuis ta dernière visite. »
Ce n'est pas la seule chose qui a changé mais c'est vrai qu'il a commencé à agrandir ses écuries sur son domaine. Enfin, officiellement elles appartiennent toujours à son père mais en tant qu'Erudit il n'a vraiment pas le temps de s'en occuper alors il laisse son fils faire un peu ce qu'il veut avec les terres que de toute façon, il n'utilisait pas. L'Elfe récupère une fraise bien rouge et croque un morceau dedans. Ce n'est pourtant pas la saison mais c'est une donnée qui n'a aucune importance à Melorn, sous son dôme de magie. C'est un sacré avantage par rapport au reste du monde, il faut l'avouer. Constatant qu'elles ne sont vraiment pas mauvaises, il tend la fraise qu'il a déjà entamée à Dahlia pour qu'elle y goûte à son tour.
« Je suis sûr que ton fraisier sera bien meilleur que n'importe lequel que l'on peut trouver ici. J'ai déjà hâte de pouvoir y goûter, j'ai attendu si longtemps. »
CENDRES
Eliëndir met quelques secondes à comprendre que quelque chose ne va pas malgré les tentatives de Dahlia pour lui faire croire le contraire en maintenant un sourire de façade. Il a plongé son regard dans ses yeux orangés tant de fois qu'il est parfaitement capable d'y déceler la moindre imperfection. Le silence s'installe, Dahlia perd subitement des couleurs et une chaleur fiévreuse se dégage maintenant de ses joues. D'une soudaine bouffée de chaleur, les pores de sa peau se mettent à perler de sueur. Donnant la forte impression qu'elle est sur le point de faire un malaise. Il n'est pas loin de la vérité même si en réalité, c'est bien plus grave que ça.
« Dahlia ? Tout va bien ? Parle-moi. »
Évidemment que non et de réponse, il n'en aura aucune. La confusion est grande, l'incompréhension est totale. Il sait que Dahlia n'est pas étrangère à la souffrance mais il ne suspecte pas la profondeur du mal qui la gangrène. Ses démons qui lui tournent autour et les idées noires qui l'assaillent. Une part sombre de sa personnalité qu'elle a toujours réussi à lui cacher, dans une certaine mesure. Bien loin de se douter de ce qu'il se passe réellement dans l'esprit de la Fae en ce moment même, il en vient à se demander si ce n'est pas lui qui a fait une bêtise. Est-ce de sa faute ? Il pensait bien faire pourtant. Était-ce trop tôt pour aborder le sujet ? Cette fâcheuse habitude qu'il a à n'en faire qu'à sa tête. Trois cents ans qu'il l'a fait attendre, une véritable éternité même pour deux personnes jouissant d'une grande longévité naturelle. Et du jour au lendemain, tout s'enchaîne très rapidement. Peut-être trop pour elle. Profondément égoïste car on n'échappe pas à sa nature aussi facilement, l'Elfe avance et ne prend même pas le temps de s'assurer que Dahlia puisse suivre le rythme. Ce n'est pas à elle de presser le pas mais à lui de ralentir et de s'adapter aux besoins de sa bien-aimée.
Dans cette détresse évidente, Eliëndir vient calmement l'enlacer de ses bras en la serrant près de lui, glissant les doigts d'une main dans sa chevelure blonde et laissant l'autre un peu plus bas sur sa nuque qu'il caresse affectueusement. Modérant son étreinte, pour la laisser respirer et reprendre son souffle tout en essayant de cacher son mal être au monde extérieur et aux passants qui s'entassent sur le même balcon de pierre. Espérant lui aussi, que sa simple présence puisse l'aider d'une quelconque façon dans ce combat qu'elle doit menée contre elle-même. Quelques dizaines de secondes plus tard, il croise à nouveau le regard de sa bien-aimée qui semble se remettre petit à petit de ses émotions. Pas un seul instant il ne la quitté des yeux. Eliëndir ne cache pas son inquiétude bien visible sur son visage.
« Est-ce que ça va mieux ? »
Dénouant progressivement son étreinte pour ne pas l'étouffer. Qu'est-ce qu'il déteste ce sentiment d'impuissance, incapable de lui venir en aide pendant qu'elle luttait dans ses bras. Un petit vertige dit-elle, il a beaucoup de mal à le croire. L'air dubitatif, il la regarde sortir un petit flacon de sa sacoche qu'elle avale bien rapidement en lui tournant le dos. De quoi confirmer encore un peu plus ses doutes. Eliëndir a un peu de mal à trouver les mots alors qu'elle tente de le rassurer sur son état. Il n'est pas convaincu et son jeu d'acteur, aussi douée soit-elle, ne prend pas avec lui. Malgré tout, Dahlia semble reprendre des couleurs et un sourire plus sincère que le précédent réapparaît sur son visage. S'il émet toujours des doutes, il est au moins rassuré de voir qu'elle se sent un peu mieux.
Il l'écoute mais reste silencieux de son côté. Il s'est déjà montré maladroit alors plutôt que de retenter l'expérience, il se contente d'acquiescer de la tête sans faire de vague. La voyant s'approcher, il cligne des yeux et se penche légèrement pour lui offrir ce qu'elle est venue chercher à travers ce baiser qui tente d'éteindre les doutes de l'Elfe. N'ayant pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, ils reprennent leur balade à l'initiative de la Fae. Il va devoir se faire une raison visiblement, Dahlia préfère prétendre qu'il ne s'est rien passé. Pour le moment, Eliëndir a du mal à faire de même. Il la suit pour aller faire quelques emplettes non loin, le fraisier ne va pas se faire tout seul. Le mage noir est toujours pensif pendant qu'ils cherchent les ingrédients manquants, réagissant parfois avec un peu de délai quand Dahlia s'adresse à lui.
« Hm ? Oui, oui. Il y a tout ça à la maison. »
Pour ce qui est des ingrédients et de la recette, Eliëndir s'en remet totalement à elle. Galant, il vient lui prendre la cagette de fraises des mains pour qu'elle n'ait pas à s'encombrer avec ça. Effectivement, tout n'est pas très pratique à Melorn et il est rare que les consommateurs cherchent à faire l'acquisition de petits lots aussi stupide que ça puisse paraître. Ils feront avec, ce n'est pas bien grave. Quand Dahlia aura terminé son petit tour, l'Elfe règle le tout au comptoir juste avant de récupérer le reste de leurs achats. Les fraises dans les bras, Dahlia le sort de sa torpeur en atteignant ses joues pour y déposer ses lèvres. Acceptant de sourire à nouveau, il laisse Dahlia passer devant lui en sortant de l'épicerie.
« On devrait peut-être rentrer pour déposer les affaires dans la cuisine. Ça ne nous empêche pas de sortir à nouveau si tu ne veux pas rester à la maison. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu veux faire avant ? On pourrait passer aux écuries. Ça a un peu changé depuis ta dernière visite. »
Ce n'est pas la seule chose qui a changé mais c'est vrai qu'il a commencé à agrandir ses écuries sur son domaine. Enfin, officiellement elles appartiennent toujours à son père mais en tant qu'Erudit il n'a vraiment pas le temps de s'en occuper alors il laisse son fils faire un peu ce qu'il veut avec les terres que de toute façon, il n'utilisait pas. L'Elfe récupère une fraise bien rouge et croque un morceau dedans. Ce n'est pourtant pas la saison mais c'est une donnée qui n'a aucune importance à Melorn, sous son dôme de magie. C'est un sacré avantage par rapport au reste du monde, il faut l'avouer. Constatant qu'elles ne sont vraiment pas mauvaises, il tend la fraise qu'il a déjà entamée à Dahlia pour qu'elle y goûte à son tour.
« Je suis sûr que ton fraisier sera bien meilleur que n'importe lequel que l'on peut trouver ici. J'ai déjà hâte de pouvoir y goûter, j'ai attendu si longtemps. »
CENDRES
Invité
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Sur la route du retour, la Fae esquivait le regard d’Eliëndir avec grand soin, sentant qu’il voyait clair dans son jeu, bien au-delà du masque qu’elle arborait. Elle s’en voulait. De lui avoir menti, de lui mentir une fois de plus. De le laisser dans le noir complet, face aux multiples questions qui devaient parcourir son esprit. Malgré elle, Dahlia restait un mystère même pour celui-ci qui la connaissait par cœur. Une main dans son dos, elle avançait lentement dans les ruelles de Melorn, attrapant la fraise tendue par l’Elfe avec un sourire faussé. L’engloutissant d’une traite en la jetant dans sa bouche après avoir retiré le calice du fruit qu’elle plaça dans une des poches de sa sacoche, elle prit le temps de la savourer, la comparant inévitablement à celles qui poussaient dans le jardin de son enfance. Sucrée, un peu trop acide… Peut-être faudrait-il mieux attendre quelques jours pour qu’elles murissent avant de les utiliser. Un petit rire secoua la Fae qui donna une petite tape sur l’épaule de bien-aimé. « Tu n’as pas tant changé depuis notre rencontre. À l’époque, tu me mettais déjà la pression pour ce fraisier. J’espère que je serai à la hauteur. ». Après tant d’essais, ça ne pouvait pas être catastrophique. Elle acquiesça à sa proposition de visiter les écuries, voyant qu’il reprenait lui aussi des couleurs. L’inquiétude qui l’habitait ne faisait qu’empirer son cas, et il n’y était pour rien. Elle était seule, et pour ne plus l’être, il n’y avait plus qu’une seule solution.
Une fois arrivée devant l’aile qui leur appartenait, la Fae laissa l’Elfe la déverrouiller avant de s’y engouffrer dans un lourd silence. Déposant les affaires sur le comptoir pour les ranger, Dahlia semblait plus distante, fermée. En vérité, elle se perdait simplement dans ses pensées. Ses mains agissaient d’elles-mêmes par automatisme, disposant les ingrédients dans un placard et les fraises sur un rebord de fenêtre au soleil tandis que son esprit s’absentait momentanément. Une partie d’elle lui hurlait de tout avouer maintenant pour se débarrasser de cette angoisse qui la gangrenait, l’autre lui suppliait de profiter du reste de la journée et d’oublier les confidences qu’elle lui avait promis plus tôt. Entre la peur de gâcher encore un instant de pur bonheur et la crainte de ne pouvoir en profiter si Eliëndir devait encore mentionner la prochaine étape dans leur union, elle ne savait plus où donner de la tête. Leur vie commune pourrait commencer à une seule condition, même si celle-ci lui arrachait le cœur.
S’approchant lentement de son bien-aimé, elle vint passer ses mains sous ses bras pour le serrer contre elle, profitant de la douce chaleur qui se diffusait entre leurs deux corps. « Écoute... je… ». Elle ferma les yeux, la gorge serrée. Elle attendait cette chute depuis des siècles, mais aucune préparation n’aurait suffi à lui faire sauter le pas aisément. « Est-ce qu’on pourrait discuter quelques minutes, à l’intérieur ? ». Elle redressa la tête, plongeant son regard dans le sien, l’implorant d’accepter sa requête. « S’il te plaît ? Je… Je sais qu’on avait dit ce soir mais… ». Elle vint s’asseoir à côté de lui sur un canapé dans le salon adjacent à la cuisine, croisant ses jambes et ses bras sous la nervosité, le regard fuyant, les doigts tremblotants. « Je suis désolée de t’avoir menti. Tu n’es pas bête et… Je n’ai pas… ». Elle fit une petite pause avant de se reprendre en se corrigeant. « Je n’ai plus envie de te mentir. ». Il méritait son honnêteté, aussi dure soit-elle à entendre, mais surtout à dire. Tout en se mordillant l’intérieur des lèvres par anxiété, elle poursuivit. « J’aimerais... J’aimerais beaucoup fonder une famille avec toi. Je suis désolée d’avoir esquivé la question plus tôt. Je ne veux pas que tu penses le contraire. ». Une esquisse de sourire timide apparut sur ses traits à la simple idée de pouvoir, pour la première fois, concrétiser son amour de cette manière. « Rien ne me rendrait plus heureuse, à vrai dire. Tu sais à quel point j’aime les enfants et… tu sais probablement à quel point je t’aime aussi. ».
Éclairée par la lueur du soleil dessinant sa silhouette à contre-jour, Dahlia fixait maintenant l’horizon. Le moment tant redouté était enfin arrivé. D’un côté, elle ressentait un certain soulagement à l’idée de pouvoir se délester du poids qui pesait sur ses épaules. De l’autre, elle craignait que cette révélation ne modifie la dynamique de leur relation. Oh, elle n’avait pas peur qu’Eliendir cesse de l’aimer. Après trois cents ans d’amour inconditionnel, malgré ses doutes et ses craintes, la Fae accordait une confiance aveugle à l’Elfe qui partageait sa vie. Et c’est précisément pour cette raison qu’elle lui devait la vérité. Pendant une trentaine de secondes, elle s’enferma dans un mutisme, caractéristique de sa réflexion profonde, du choix des mots à employer. Puis, elle finit par hausser lentement les épaules. Aucune formulation ne rendrait sa déclaration plus douce, n’apaiserait les maux qui la tourmentaient depuis des siècles. Elle s’approcha de l’Elfe, venant s’asseoir sur ses genoux en biais, posant sa tête sur son épaule. « Je dois te dire quelque chose. J’ai juste besoin que… tu ne me lâches pas. ». Sa main vint s’agripper à sa veste, craignant qu’il ne s’éloigne brusquement d’elle. Un long soupir de désespoir et d’appréhension s’échappa de l’entre ouverture de ses lèvres, la jeune femme n’osant plus croiser son regard. Descendant les yeux vers une de ses mains, elle la fit remonter à hauteur de son propre visage, observant silencieusement les minuscules cicatrices qui la parcouraient, témoignage de sa santé mentale au bord du précipice. Ses doigts se mirent à gigoter doucement, une brume verte se glissant entre ses interstices, slalomant entre ses doigts fins inlassablement. Fixant toujours la manifestation de sa magie la plus puissante, sa voix s’éleva enfin.
« Quand j’étais enfant, mes parents ont voulu m’abandonner, me confier à des prêtres, des sages, des académiciens qui seraient capables de m’apprendre à me contrôler, à me mettre en cage. Pour une fleuriste et un médecin, je n'étais pas réellement l’enfant parfaite dont ils rêvaient. ». À nouveau, elle haussa les épaules, sans détourner le regard de cette brume qui l’hypnotisait presque. « Je me suis enfuie de la maison après les avoir entendus parler de leurs projets me concernant. Quand je suis revenue quelques heures après, ils étaient morts, gisant sur le sol de notre cuisine. La peste les avait emportés en seulement quelques heures. ». Le cœur fermé à ses propres sentiments, le ton sec et froid, Dahlia ne semblait pas même souffrir à l’évocation de la mort de ses géniteurs. Improbable pour une demoiselle qui s’effondrait à la seule vue d’une famille heureuse dans les ruelles de Liberty. « Ceux qui m’ont récupérée n’ont jamais réussi à faire le lien. Peut-être tout simplement n’ont-ils pas osé le souligner, par peur. Ou peut-être encore est-ce la raison pour laquelle je n’ai jamais été adoptée. ». Et d’un geste brusque, Dahlia vint étouffer la brume verdâtre dans sa main en l’enfermant dans son poing, la faisant disparaitre. La dernière pièce du puzzle tombait à présent entre les mains d'Eliëndir. « Ma seule famille, mes parents... sont morts à cause de moi. Je les ai tués. ».
La Fae réprima l’envie profonde de s’effondrer contre son torse pour quérir son amour et son réconfort dont elle avait tant besoin. Et lentement, elle vint retirer le cadenas sur la cage qui contenait ses émotions, les laissant sortir une à une de leur carcan. « Je… Je suis terrorisée. Je ne veux pas que ça arrive à la nôtre. Si nos enfants mouraient par ma faute, je ne me pardonnerais pas… ». Les larmes se mirent enfin à couler sur ses joues, ses mains se plaçant sur son visage pour le cacher tandis que tout son corps était secoué par ses sanglots. « Tu ne me pardonnerais pas non plus et… tu aurais raison. Je ne mérite pas le pardon, ni le tien, ni le mien, ni celui de mes parents. Je n’ai que moi à blâmer pour la souffrance qui m’habite, pour la culpabilité que je ressens. C’est… ma faute. ». Son étreinte se resserra un peu plus autour de l’Elfe, ses sanglots s’intensifièrent. Après des siècles, la douleur restait intacte, transperçant son âme violemment sous les cris de sa conscience qui la martyrisait. « Je ne voulais pas… Tu… Tu dois me croire, je… je ne voulais pas leur faire de mal… J'ai tout essayé... L'entraînement, les potions, les traitements... Je me suis approchée de la mort plus que je ne voudrais l'admettre et... je suis cruelle de te tomber dessus avec tout ça, de te forcer à porter la douleur qui est la mienne... Je suis désolée... Et si tu partais... Je comprendrai. Mais... s'il te plaît, ne pars pas... ».
Une fois arrivée devant l’aile qui leur appartenait, la Fae laissa l’Elfe la déverrouiller avant de s’y engouffrer dans un lourd silence. Déposant les affaires sur le comptoir pour les ranger, Dahlia semblait plus distante, fermée. En vérité, elle se perdait simplement dans ses pensées. Ses mains agissaient d’elles-mêmes par automatisme, disposant les ingrédients dans un placard et les fraises sur un rebord de fenêtre au soleil tandis que son esprit s’absentait momentanément. Une partie d’elle lui hurlait de tout avouer maintenant pour se débarrasser de cette angoisse qui la gangrenait, l’autre lui suppliait de profiter du reste de la journée et d’oublier les confidences qu’elle lui avait promis plus tôt. Entre la peur de gâcher encore un instant de pur bonheur et la crainte de ne pouvoir en profiter si Eliëndir devait encore mentionner la prochaine étape dans leur union, elle ne savait plus où donner de la tête. Leur vie commune pourrait commencer à une seule condition, même si celle-ci lui arrachait le cœur.
S’approchant lentement de son bien-aimé, elle vint passer ses mains sous ses bras pour le serrer contre elle, profitant de la douce chaleur qui se diffusait entre leurs deux corps. « Écoute... je… ». Elle ferma les yeux, la gorge serrée. Elle attendait cette chute depuis des siècles, mais aucune préparation n’aurait suffi à lui faire sauter le pas aisément. « Est-ce qu’on pourrait discuter quelques minutes, à l’intérieur ? ». Elle redressa la tête, plongeant son regard dans le sien, l’implorant d’accepter sa requête. « S’il te plaît ? Je… Je sais qu’on avait dit ce soir mais… ». Elle vint s’asseoir à côté de lui sur un canapé dans le salon adjacent à la cuisine, croisant ses jambes et ses bras sous la nervosité, le regard fuyant, les doigts tremblotants. « Je suis désolée de t’avoir menti. Tu n’es pas bête et… Je n’ai pas… ». Elle fit une petite pause avant de se reprendre en se corrigeant. « Je n’ai plus envie de te mentir. ». Il méritait son honnêteté, aussi dure soit-elle à entendre, mais surtout à dire. Tout en se mordillant l’intérieur des lèvres par anxiété, elle poursuivit. « J’aimerais... J’aimerais beaucoup fonder une famille avec toi. Je suis désolée d’avoir esquivé la question plus tôt. Je ne veux pas que tu penses le contraire. ». Une esquisse de sourire timide apparut sur ses traits à la simple idée de pouvoir, pour la première fois, concrétiser son amour de cette manière. « Rien ne me rendrait plus heureuse, à vrai dire. Tu sais à quel point j’aime les enfants et… tu sais probablement à quel point je t’aime aussi. ».
Éclairée par la lueur du soleil dessinant sa silhouette à contre-jour, Dahlia fixait maintenant l’horizon. Le moment tant redouté était enfin arrivé. D’un côté, elle ressentait un certain soulagement à l’idée de pouvoir se délester du poids qui pesait sur ses épaules. De l’autre, elle craignait que cette révélation ne modifie la dynamique de leur relation. Oh, elle n’avait pas peur qu’Eliendir cesse de l’aimer. Après trois cents ans d’amour inconditionnel, malgré ses doutes et ses craintes, la Fae accordait une confiance aveugle à l’Elfe qui partageait sa vie. Et c’est précisément pour cette raison qu’elle lui devait la vérité. Pendant une trentaine de secondes, elle s’enferma dans un mutisme, caractéristique de sa réflexion profonde, du choix des mots à employer. Puis, elle finit par hausser lentement les épaules. Aucune formulation ne rendrait sa déclaration plus douce, n’apaiserait les maux qui la tourmentaient depuis des siècles. Elle s’approcha de l’Elfe, venant s’asseoir sur ses genoux en biais, posant sa tête sur son épaule. « Je dois te dire quelque chose. J’ai juste besoin que… tu ne me lâches pas. ». Sa main vint s’agripper à sa veste, craignant qu’il ne s’éloigne brusquement d’elle. Un long soupir de désespoir et d’appréhension s’échappa de l’entre ouverture de ses lèvres, la jeune femme n’osant plus croiser son regard. Descendant les yeux vers une de ses mains, elle la fit remonter à hauteur de son propre visage, observant silencieusement les minuscules cicatrices qui la parcouraient, témoignage de sa santé mentale au bord du précipice. Ses doigts se mirent à gigoter doucement, une brume verte se glissant entre ses interstices, slalomant entre ses doigts fins inlassablement. Fixant toujours la manifestation de sa magie la plus puissante, sa voix s’éleva enfin.
« Quand j’étais enfant, mes parents ont voulu m’abandonner, me confier à des prêtres, des sages, des académiciens qui seraient capables de m’apprendre à me contrôler, à me mettre en cage. Pour une fleuriste et un médecin, je n'étais pas réellement l’enfant parfaite dont ils rêvaient. ». À nouveau, elle haussa les épaules, sans détourner le regard de cette brume qui l’hypnotisait presque. « Je me suis enfuie de la maison après les avoir entendus parler de leurs projets me concernant. Quand je suis revenue quelques heures après, ils étaient morts, gisant sur le sol de notre cuisine. La peste les avait emportés en seulement quelques heures. ». Le cœur fermé à ses propres sentiments, le ton sec et froid, Dahlia ne semblait pas même souffrir à l’évocation de la mort de ses géniteurs. Improbable pour une demoiselle qui s’effondrait à la seule vue d’une famille heureuse dans les ruelles de Liberty. « Ceux qui m’ont récupérée n’ont jamais réussi à faire le lien. Peut-être tout simplement n’ont-ils pas osé le souligner, par peur. Ou peut-être encore est-ce la raison pour laquelle je n’ai jamais été adoptée. ». Et d’un geste brusque, Dahlia vint étouffer la brume verdâtre dans sa main en l’enfermant dans son poing, la faisant disparaitre. La dernière pièce du puzzle tombait à présent entre les mains d'Eliëndir. « Ma seule famille, mes parents... sont morts à cause de moi. Je les ai tués. ».
La Fae réprima l’envie profonde de s’effondrer contre son torse pour quérir son amour et son réconfort dont elle avait tant besoin. Et lentement, elle vint retirer le cadenas sur la cage qui contenait ses émotions, les laissant sortir une à une de leur carcan. « Je… Je suis terrorisée. Je ne veux pas que ça arrive à la nôtre. Si nos enfants mouraient par ma faute, je ne me pardonnerais pas… ». Les larmes se mirent enfin à couler sur ses joues, ses mains se plaçant sur son visage pour le cacher tandis que tout son corps était secoué par ses sanglots. « Tu ne me pardonnerais pas non plus et… tu aurais raison. Je ne mérite pas le pardon, ni le tien, ni le mien, ni celui de mes parents. Je n’ai que moi à blâmer pour la souffrance qui m’habite, pour la culpabilité que je ressens. C’est… ma faute. ». Son étreinte se resserra un peu plus autour de l’Elfe, ses sanglots s’intensifièrent. Après des siècles, la douleur restait intacte, transperçant son âme violemment sous les cris de sa conscience qui la martyrisait. « Je ne voulais pas… Tu… Tu dois me croire, je… je ne voulais pas leur faire de mal… J'ai tout essayé... L'entraînement, les potions, les traitements... Je me suis approchée de la mort plus que je ne voudrais l'admettre et... je suis cruelle de te tomber dessus avec tout ça, de te forcer à porter la douleur qui est la mienne... Je suis désolée... Et si tu partais... Je comprendrai. Mais... s'il te plaît, ne pars pas... ».
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