année 5 le 11 janvier:

Alors que j’allais rentrer à Kyouji, après avoir inspecté certaines exploitations et participé à un séminaire très intéressant sur le thème, « le budget fonctionnement est-il une nouvelle forme d’investissement ? » , mon regard est attiré par une forge. J’ai justement un cadeau à faire à celle qui va devenir prochainement mon épouse Alyssa.

Je m’approche donc de la devanture, qui me semble assez vétuste, avec un simple panneau indiquant « Forge d’arme ». Au moins, cela a le mérite d’être explicite. Je mets pied à terre, imité par ma dizaine de gardes du corps, mais seul Robert, celui qui a été nommé sous-officier de l'escouade m’accompagne à l’intérieur. Il est, comme d’habitude très méfiant, inspectant les lieux. Pour ma part, je me déplace jusqu’aux étales parfaitement rangées où sont exposé différents types d’armes.

Il fait chaud, très chaud à l’intérieur et je peux voir au milieu de tout ceci un nain battant le fer chaud avec son marteau de taille imposante, même pour un humain. Même si je ne m’y connais pas vraiment en forge, je peux voir que ses mouvements sont parfaitement synchronisé, bref, c’est un véritable professionnel. Je le regarde travailler quelques secondes, ne voulant pas le déranger. J’espère qu’il va remarquer que je suis là rapidement, parce que j’ai l’impression de fondre littéralement à cause de cette chaleur, les hauts fourneaux sont bien visibles et il n’y a pas moyen de leur échapper.

Je suis sûr et certain que ce barbu saura réaliser ma demande qui est un peu « spéciale ». J’espère juste qu’il saura se montrer « souple », et ouvert à la discussion. Après tout, il n’y aucune raison que j’ai en face de moi une tête de mule. Peut-être qu’il sera très avenant et ouvert à la discussion, un véritable mondain adorant les interactions sociales.

La journée commence bien. J’ai assez de minerais pour forger, mes outils sont tous en bon-états et je suis dans une forme olympique ! C’est tout naturel pour moi alors que dés le matin après avoir pris un coup de blonde et un peu d’eau sur la tronche que j’attrape Marteau. C’est mon marteau pour ceux qui ont du mal à suivre. Maintenant la question c’est, quel bébé vais-je mettre au monde aujourd’hui ? J’ai bien une commande pour une lance venant d’un péquenaud, ou un chef de régiment, la même chose quoi.

Alors que je commence à mettre un lingot d’acier au four, je prépare l’attirail, fais fonctionner la soufflerie au maximum et sors ma tenaille pour récupérer le lingot une fois celui-ci en fusion. Vous savez ce qui différencie un bon forgeron d’un excellent forgeron ? Les impuretés qu’il laisse dans sa création. Les minéraux calcaire et autre forme de « terre » laissé dans le métal est pour un néophyte imperceptible. Mais plus le métal est pure, plus la création faite avec celui-ci sera robuste et en parfait accord avec son propos.

Si on reprend où j’en suis, je suis actuellement en train de battre le fer pour en dégager un maximum d’impureté. Puis on le remet à chauffer et on recommence. Je peux le jusqu’à cent fois. L’avantage c’est qu’j’ai de très bons yeux et je frappe parfaitement là où il faut.
Une fois toutes les impuretés parfaitement enlevées, je m’attaque à renforcer le métal. Pour ce faire, je plis le métal et le frappe pour le « fusionner » un peu comme une mille-feuille. Et pareil, je peux le faire un très grand nombre de fois pour avoir un métal d’une grande solidité.
C’est d’ailleurs pendant cette étape que j’entends des bruits s’approcher de la forge. Plusieurs personnes semblent venir vers mon paradis. On dirait bien que cette journée qui commençait si bien va tout de suite être moins sympathique. Quel genre de peigne-cul vais-je recevoir aujourd’hui ?

Alors qu’une dizaine de personne s’arrête devant ma forge, seulement deux rentrent. Pas besoin de regarder pour le savoir, mon ouïe est plus développée qu’une chauve-souris ! Pendant ce temps j’attends quelques secondes en continuant mon boulot. Mais les deux branleurs semblent avoir juste l’intention de me déconcentrer en me regardant…

- Bon, elles sont là pourquoi les danseuses ? Profiter du sauna ou alors elles ont l’intention de dire quelque chose ?

Après ma salutation, je fini par les regarder, et autant l’autre soldat basique j’en ai rien à foutre autant l’autre… bon j’en ai rien à foutre aussi. Mais clairement, tu vois qui est le garde du corps et qui est celui qui se fait torcher le cul par des servants. Une bien belle gueule sur un costume en saumon fumé. Je le jure, s’il me demande une chevalière ou autre truc d’apparat, je lui fou Marteau dans le cul.

- J’imagine que vous êtes pas là pour un piquenique, c’est lequel des deux qui veut une arme ? Si ce n’est pas une commande alors utilisez vos mirettes et faite votre choix dans ce qui est déjà exposé. Enfin ça c’est si mes bébés veulent bien de vous. Et si c’est pour une commande alors va falloir penser à dire quelque chose.

Je me tourne sur l’enclume histoire de continuer à renforcer mon acier mais avec eux en ligne de mire.

Des danseuses ? Ils parlent de nous ?

Je pose la question à Robert le sajenti, mais il me suffit de voir son visage qui devient tout rouge et son serrage de dent pour bien comprendre qu’il a saisis la même chose que moi. Pourtant, je n’ai pas le temps d'attendre sa réponse, même si elle semble évidente, car le nain, décidément très effronté me demande ce que je fais. Je m’approche pour lui répondre, les coups sur l’enclume n’aidant pas à une bonne compréhension :

Je m’appelle Tagar et je viens pour une commande, c’est que quelque chose d’assez particulier, alors si vous aviez la bonté de m’accorder quelques minutes de silence, cela m’arrangerait.

J’espère qu’il va m’écouter et arrêter son vacarme, mais même si ce n’est pas le cas, je lui expose le motif de ma visite :

Je vais prochainement me marier et j’aimerais offrir à ma future épouse, une dague. Que je puisse utiliser en cas de danger grâce à ma magie.

Je pense que mon interlocuteur n’en a rien à fiche des informations que je viens de lui donner, mais j’aime bien situer le contexte :

Il faut qu’elle soit intégralement en métal, y compris le manche, extrêmement acéré et solide, mais que vu de l’extérieur, elle ressemble à une simple arme de parade.

Le but est qu’elle puisse la garder sur elle, quels que soient les circonstances et le lieu. Les nobles ont le droit d’être armé dans les cérémonies, pas toute d’ailleurs et autres événements mondains, comme preuve de leur statut, c’est la même chose avec mon épée familiale.

J’attends donc la réponse du forgeron, espérant qu’elle sera positive. S’il refuse, je devrai aller voir ailleurs, mais ce serait dommage, la réputation des nains dans le monde des engins de mort n’est plus à faire et je veux une véritable arme qui puisse tuer un éventuel assassin si besoin, je serai ainsi plus tranquille car j’aurai de quoi nous défendre en cas d’attaque.