- Dans le désert, au nord d'Ikusa -

Le pourpoint porté par Zaïn :

Beaucoup pourraient s'accorder sur le fait que Zaïn Tevon-Duncan n'avait pas beaucoup vécu, il était jeune et insouciants, c'était un fait. Mais pour une espèce dont l'espérance de vie excède rarement la cinquantaine d'années, on pouvait concéder qu'il était à la moitié de sa vie. Zaïn avait déjà connu de nombreuses expériences et avait un parcours atypique, de fait, il s'était retrouvé maintes fois dans des situations improbables. Or, en ce jour, il reconnu qu'il s'était embarqué dans une expédition que peu de monde avait pu expérimenter dans sa vie. Lui, dans des tunnels souterrains ? Explorant des ruines ancestrales ? Accompagné d'un ancien garde royal et d'une brasseuse, cette journée promettait d'être unique.

Zaïn ne s'était pas trop étonné de l'atypique configuration du groupe, ayant depuis longtemps abandonné à trouver un sens en ce monde, peu de choses avaient de justification solide, rien que la magie était un exemple parlant du non-sens de ce monde. Et cela lui convenait parfaitement, ayant su tirer son épingle du jeu et comptant bien se faire sa place en ce monde, aussi étrange soit-il. Ceci-dit, il avait plus l'impression que cette expédition s'apparentait plus à un bivouac entre amis plutôt qu'autre chose. On aurait dit que Brak'Trarg, ou Tagar, peu importe : Celui qui avait composé l'équipe avait préféré s'entourer de ses amis plutôt que de professionnels inconnus. Zaïn n'y connaissait rien à l'archéologie et n'avait que des bases en histoire reikoise. Enfin, cela allait être ludique au moins, l'espérait-il.

Il avait donc revêtu pour l'occasion un pourpoint en cuir solide avec quelques poches, pour ne pas être entravé dans ses mouvements, de plus cette tenue ne posait aucun problème à être salie. Zaïn s'imaginait toujours les ruines séculaires remplies de poussière et de toiles d'araignée, il était hors de question qu'il se mette sur son trente-et-un. Il était venu à pieds, deux kilomètres étant une distance tout à fait supportable même dans le désert, de plus les journées étaient bien moins chaudes en hiver, il n'eu donc aucun soucis à rejoindre le site indiqué. En arrivant, il entendit en dessous de lui :

- ...on attend que tout le monde soit là pour les explications, c'est ça ? prononcé par une voix qui lui était familière.

Zaïn sauta donc du parapet pour atterrir lestement près du groupe qui l'attendait, au vue du regroupement il était le dernier. Il se redressa pour saluer l'assemblée.

- Envoyez les explications. Je suis le dernier. Fit-il en s'avançant, inclinant la tête à l'attention de ceux qu'il connaissait.

- Dans le désert, au nord d'Ikusa -

Voilà qui n'était absolument pas bizarre : Une ruine ancestrale se devait de contenir un fantôme ou deux. Ce qu'ils venaient d'expérimenter n'était pas spécialement dangereux, mais était assurément désagréable, et si le fantôme en question avait cherché à effrayer les aventuriers, il n'était parvenu qu'à énerver Zaïn qui déjà n'aimait guère le sable mais avait également un odorat sensible, alors les tours de passe-passe qui incluait de mauvaises odeurs lui donnait simplement envie de donner une ou deux claque au fantôme. Finalement ils avaient bien fait de faire appel à Zaïn, lui qui était si rationnel et disposé à coller quelques mandales à des esprits tapageurs. Gerda fit d'ailleurs la remarque, demandant s'ils étaient bien là pour se charger du cas des "trucs indicibles et glauques". Zaïn était son homme.

- Quelque chose dont le pouvoir est de sentir mauvais ne doit pas être bien difficile à battre ! Répondit-il, confiant.

Tant qu'à Tagar, il était forgé pour la fonction de Coeur de l'Empire, mais était sculpté pour s'aventurer de par le monde. Son pragmatisme couplé à son professionnalisme étaient parfois désamorcés par son aventurisme et sa curiosité latente. Lorsque n'importe quel gratte-papier n'aurait même pas fait le déplacement, Tagar ne partit même pas au triple gallot lorsque le souffle nauséabond les avaient traversés, et pire encore : Il resta pour enchanter leur matériel. Zaïn n'aillant emporté avec lui aucun outil, il s'intéressa plutôt à la découverte de la cartographe. Il était d'ailleurs étonnant que le garde de Tagar, Robert, si sa mémoire des noms était juste, ne cherchait pas déjà à faire quitter les lieux à son maitre, visiblement Tagar avait su le discipliner. Zaïn ne pourrait supporter d'être suivi en tout instant par une bande de bonhommes qui ne faisaient que le ralentir, Tagar avait dû les enjoindre de se faire tout petits... Surtout que Zaïn était persuadé que son ami était tout à fait capable de se défendre seul.

Pour la blague :

Zaïn les observa un instant alors qu'ils cherchaient la solution pour ouvrir cette porte. Bien évidement il savait pertinemment que Tagar n'avait aucun mal à déverrouiller la "serrure" à l'aide d'une de ses magies. Mais étrangement il jouait au modeste devant on ne savait qui, laissant visiblement le champ libre à Gerda pour s'affairer au problème. Ceci-dit, Zaïn émit l'idée qui lui tiraillait l'esprit.

- Si vous voulez je vous fait une ouverture, les serrures c'est has been. Il leva un poing pour imager son idée.

« Parfois, il faut se créer une porte plutôt que d'en chercher une »

- Vi.

- Dans le désert, au nord d'Ikusa -

Zaïn commençait sincèrement à se dire qu'il valait mieux abandonner et en rester là. Non pas parce qu'il trouvait que ce sanctuaire ne devait pas être profané, au contraire, il était certain qu'ils auraient tout à gagner à pénétrer dans un tel édifice, mais il pensait abandonner pour la raison plus prosaïque qu'ils rencontraient bien trop de peine à ouvrir une simple porte. La chandelle n'en vaudrait peut-être pas la peine, et ses pensées furent rapidement confirmées alors qu'une personne fut blessée alors qu'ils n'étaient même pas encore dans l'antre de la bête. Il n'osait imaginer les difficultés qui se présenteraient à eux, il songea un instant à la tête qu'ils feraient s'ils découvraient une seconde porte ave une nouvelle énigme derrière cette première porte. Tout cela décourageait l'hybride qui pourtant était un être respirant la confiance et l'optimisme.

De plus, Zaïn était loin d'être un intellectuel, tous ces petits tours de passe-passe autour de la mythologie reikoise ne lui parlaient absolument, et le simple fait qu'il ne maitrise aucune magie utile à résoudre cette petite énigme le rendait d'autant plus inutile à l'expédition. Si le groupe venait à échouer une seconde fois, Zaïn décida qu'il n'attendrai pas leurs consentement et foutrait une telle mandale à cette porte qu'elle partirai en orbite. Et si par quelle magie la porte résistait à ses coups, il fendrait en deux le mur déjà fissuré que Michelle avait inspectée tantôt. Et si tout s'écroulait, tant pis, au moins les couillons derrière cette porte n'auraient plus trop les moyens de se taper des barres à leurs dépens.

- L'idée de créer une patte de dragon conforme à l'empreinte sur la porte ne me paraissait pas bête, même s'il y a des méthodes plus directes. J'avoue que j'aimerai bien voir cette porte s'ouvrir, rien que pour aller donner une raclée aux petits rigolos qui se tiennent derrière.

Au bout d'un moment, si la magie ne fonctionnait pas, ils allaient devoir s'en remettre à la méthode proposée par Zaïn. Et il n'attendait que ça. Tant qu'à Tagar, heureusement qu'il était là, par chance ses gardes du corps n'avaient pas encore jugés bon de la ramener en lieu sûr. Zaïn était bien content que son ami soit toujours là, lui, sa magie et son cerveau.