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  • Dim 11 Sep - 18:50
    A la suite de : Les eaux troubles
    Courant Aout de l'an 3




    Rowena n'avait pas voulu rentré dormir chez son cousin Perceval... Voir une nouvelle fois le peu dont il se souvenait lui aurait fait trop mal. Alors c'est dans une auberge populaire, la Halte du Loup, qu'elle avait pris une chambre avec la ferme intention de vérifier le contenu du sac qu'elle et le guerrier elfe qui l'avait aidé la veille avaient trouvé dans la cachette de l'assassin qu'on avait envoyé après elle. Malheureusement, le poison qui coulait dans ses veines l'avait fatiguée plus que de raison et même si les chambres pour sirènes que la Halte tentait d'ouvrir depuis des années n'étaient toujours pas fonctionnelle, elle avait sombré à peine la tête posée sur l'oreiller.

    La nuit était chaud pourtant. Poisseuse et désagréable. Il n'y avait pas une once de vent. C'était ce genre de nuit caniculaire qui laissait espérer un orage d'été. Elle n'en avait rien vu pourtant. Profondément endormie, son corps prenant l'apparence de la mort, elle s'était réveillée au bout de cinq heures, sans avoir fait le moindre rêve et avec l'impression d'être parfaitement reposée.

    Le soleil se levait doucement au-dehors. Rowena s'était appuyée un moment sur le rebord de la fenêtre, en chemise, pour regarder le ciel par dessus les toits de Liberty. L'aube dépourvue de nuage affichait des teintes blanches et pastels étirées à l'aquarelle par une peintre de génie. Il faisait toujours aussi lourd, un fin filet de transpiration faisant luire le front de la jeune femme. En bas, les boutiques n'étaient pas ouvertes et une odeur de pain chaud flottait dans les couloirs depuis la cuisine du rez-de-chaussée.

    Un nouveau jour. De nouvelles beautés à admirer.

    Un fin sourire se dessina sur le visage de la sirène qui descendit juste le temps de demander qu'on lui monte un bain frais. Ce qui s'était passé les deux derniers jours la laissait pensive, maintenant qu'elle arrivait à enchainer deux pensées cohérentes.

    Il y avait d'abord eux l'attaque alors qu'elle voulait simplement faire visiter un lieu charmant à un homme qui aurait pu tout avoir d'un artiste s'il ne vivait pas par l'épée. Puis son ancien professeur. Le poison. La traque. Elle avait dérogé à son propre code en violant l'esprit de celle qui l'avait attaquée avec une férocité extrême. Et finalement, il n'avait rien trouvé de mieux à lui dire que des choses... Des idées selon lesquelles elle serait vide à l'intérieure, triste, creuse et utiliserait des pouvoirs de façon sadique pour essayer de se remplir à nouveau.

    Un frisson remonta le long de son dos alors qu'elle mettait un pied dans l'eau, pain de savon et huile florale en main pour se laver des pieds à la tête.

    Ce qu'il lui avait dit continuait à la travailler. Qu'il pense cela était particulièrement douloureux et révoltant, car c'était exactement ce que la jeune femme faisait attention à ne pas devenir. C'était comme s'il avait vu ses pires failles et s'était amusée à les mettre à nu. Une sensation particulièrement déplaisante et injuste alors qu'elle maintenait justement son équilibre ! ... Et l'autre chose qui la travaillait, c'était que lui n'avait pas dit ça comme si c'était un mal. Ce qu'elle avait senti dans sa voix, et elle se répétait sans cesse qu'elle avait du se tromper, était plus proche de l'admiration... ça lui faisait froid dans le dos.

    Lorsqu'il était parti, la veille au soir, refusant à mi-mot la chambre qu'elle lui offrait, la façon qu'il avait eu de la regarder lui avait semblé particulièrement triste. Elle n'avait pas eu la force de crever l'abcès. Elle était épuisée et s'il ne voulait pas sortir de sa coquille, ce n'était pas à elle de l'y forcer. Ce n'était pas son truc. Mais à présent, elle se retrouvait avec ses étranges remarques, ce regard solitaire qui lui donnait l'impression de s'enfoncer seul dans l'obscurité et le fait qu'elle ne lui avait pas dit avoir utiliser ses pouvoirs psychiques sur lui en temps de crise.

    Propre et habillée de pieds en cape, elle avisa le sac de toile et arriva enfin à l'ouvrir. Poisons. Fioles de mixtures non identifiées parfois enroulé dans du papier annoté. Et un calepin. Sur la dernière page, son nom un chiffre et une date étaient inscrits, mais comme elle le pensait, le Syndicat anonymisait efficacement ses clients. Il y avait par contre une page entre les feuillets grossier. Un papier de meilleur qualité écrit d'une plume adroite et rapide. Les lettres n'étaient pas très bien formées mais on sentait que la personne devait avoir l'habitude d'écrire beaucoup. C'était une liste de recommandation pour ne pas risquer d'endommager le sceau magique que la cible portait. Des ordres concernant la magie, mais également plusieurs interactions avec des produits courant dans des potions alchimiques... Des interactions qu'elle même ne connaissait pas.

    Non seulement les gens qui avaient essayés de l'enlever savaient parfaitement quel était son état de santé, mais ils en savaient même plus qu'elle sur les intrications magiques ? C'était... inquiétant. Elle devrait en parler à quelqu'un, mais pas à Liberty pour être protégés comme ça par le syndicat, le commanditaire était quelqu'un de puissante et elle ne savait pas à qui elle pouvait se fier pour le moment. Peut-être Vindicar s'il n'était pas trop pris et qu'il se souvenait encore d'elle. Ou... Oui, elle devrait informer sa famille et elle en profiterait pour croiser les informations du billet avec d'autres livres de leur bibliothèque personnelle. Il y aurait bien quelqu'un à Justice qui pourrait lui donner des conseils, ou au moins prendre en note ce qui lui était arrivé.

    En attendant, son estomac émit un gargouillement particulièrement sonore. ... moui. ils n'avaient pas mangé hier soir et la journée de la veille avait été mouvementée. Elle rassembla l'intégralité de ses affaires et descendit dans la grande salle où l'accueillit le couple de petits vieux qui tenaient l'endroit. Des oeufs, du poisson, de la viande, du pain et toutes sortes de marmelades et de beurre en plus d'une copieuse tourne aux légumes. il y en avait pour tous les goûts et tous les régimes alimentaires. C'était ainsi qu'ils avaient pensé à la halte lorsqu'ils l'avaient construite en prenant leur retraite de mercenaires. Un endroit où toutes les espèces humaines seraient traitées au petits oignons pour un prix honnête. Elle trainait ses guêtres dans cet endroit depuis plus de quinze ans.

    Les tenanciers lui demandèrent des nouvelles d'Azulon et elle leur raconta les dernières qu'elles avait sous le coude tout en commençant à manger, profitant de l'ambiance bonne enfant pour s'alléger un peu l'esprit.
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  • Dim 11 Sep - 23:19
    Voguant dans l'océan de la nuit, vague après vague, il dort. Son esprit rode sur les embruns, alors qu'il se laisse porter par les ombres infinies. Tout se ressemble autour de lui, et il sombre lentement dans une monotonie robotique. Ses pas se succèdent, sans objectif autre que celui d'avancer, d'oublier. Oublier quoi ?

    Sa voix, déjà. Farouche et écœuré, tournée vers lui. Pitié, qu'elle ne la dirige plus jamais contre lui. Qu'elle ne lui offre que ce sourire, ce regard pétillant, évoquant passion, joie, curiosité. Douceur chantante venant de son ventre, qu'elle laissait retentir à qui voulait l'entendre, avec toujours ce même intérêt.

    Son regard, malade, horrifié, révulsé. Il ne voulait que voir la lumière luisante de ses yeux, aussi bien du sombre que du lumineux, débordant de beauté, œuvre artistique a part entière dans un monde aux couleurs si ternes.

    Sa bouche, tordue par la colère et le dégoût, bien loin du sourire soyeux et avenant qu'elle lui avait offert à de multiple reprises, quand ils avaient évoqués toute ses passions, tout ses plaisirs, toute cette vie qui se mouvait dans le monde devant elle, qui voyait la une immense œuvre d'art découpé tel un puzzle, dont chaque entité était une pièce unique attendant d’être découverte.

    Il avait froid. Il n'avait pas eu froid depuis longtemps.

    Il suppliait, en rampant sur les pavés. Il ne voulait plus l'entendre. Ce souffle à moitié consumé, dont s'échappait la vie elle même. Ce visage tuméfié, brisé par une souffrance physique qui n’était rien vis à vis de la détresse psychologique de mois, d'années. De siècle.

    Cette forme disgracieuse, immonde, courbé, penché, armé de ses seuls poings, inflexibles et dévastateurs. Encore et encore, sans émotion, mécaniquement. Cette voix simple, cette phrase, quand le chaud avait heurté le froid, le rouge avait heurté le noir.

    Bouge, fais quelque chose, agis, sois utile, déterminant. Prend le monde et retourne le. S'il te plaît.

    Cet air vide, de souffle, de sang, de larmes. De vie. Pointé vers le plafond, sans pulsion, sans pouls. Sans bruit. Allongée, béante. Inerte.

    Parle. Parle juste une dernière fois. Dis moi quelque chose.

    La chaleur avant le droit. L'eau qui coule, simplement, le long d'une peau calcinée par la tristesse. Il n'y avait plus rien a faire. Il ne voulait plus le voir, lui.

    Ce gamin à genoux, arrivé trop tard.



    Le premier à entrer dans l'auberge fut un Zim énergique, qui lança un aboiement énergique à Rowena avant de gambader vers elle avec entrain. Il lui léchouilla gentiment la main et passa sou la table, tombant couché sur ses pieds. Shan entra quelques instants après. Il avait les traits tirés, et le front comme le torse humide. Il faisait déjà chaud dehors.

    Il avait passé une première partie de la nuit à récupérer ses affaires dans l'auberge qu'il avait prit comme pied a terre trois jours plus tôt. Il avait récupéré sa jument, tout ses sacs, et Zim, bien entendu. Puis il était revenu, avait monter ses affaires dans sa chambre, et avait dormit trois heures. Un sommeil peuplé de cauchemars terribles, dont il connaissait les secrets de la plupart par cœur, mais qui, pour une fois, avait eu des élans de modification. Une nouvelle personne y avait fait son apparition, et un nouvel élément. Il n'avait jamais autant rêvé d'eau de sa vie.

    Alors il s’était levé, et était passé a l'extérieur de l'auberge, à l’arrière, pour faire ses exercices habituels, matinaux. Basé principalement sur la souplesse et le contrôle du centre de gravité. Il avait forcé le pas, ce matin la, effectuant quasiment deux heures d’entraînement et de méditation. Méditation loin d’être fructueuse.

    Vêtu uniquement de son pantalon, avec une serviette sur l'une des épaules et son haut noircit du sueur sur l'autre, il ne s'approcha pas beaucoup, contournant plutôt la table, l'air honteux de ce présenter dans un pareil accoutrement. C’était très très loin de ses standards habituels. Lui qui était si pompeux.

    Encore plus avec cette barbe désormais bien apparente lui remontant sur les joues, dissimulant ses traits. 2 jours avait suffit. C’était d'ailleurs amusant de constater a quel point sa barbe était hirsute et dense, alors que son torse semblait vraiment peu pourvu. Les gênes de sang mêlé avaient leurs mystères. Il était définitivement taillé, musclé, mais loin d’être gonflé comme un travailleur de la force. Lui était définitivement tracé, et c’était probablement gràce a son alimentation qu'il avait si peu de gras.

    Il s’était arrêté au niveau du comptoir, et avait demandé d'une voix basse, redevenue douce par les exercices, un petit déjeuné. Semi-vétue ainsi, il était bien plus aisé de se faire une idée fixe de son age. Il précisa bien qu'il ne voulait pas de viande, sachant pertinemment que ce genre d’établissement en servait toujours. Elle avait peut etre pu remarqué que mis a part le premier repas dans la foret, il n'avait jamais mangé de viande durant les trois repas suivant qu'ils avaient partagés. Puis il effectua les deux pas qui le séparait de la table de la Sirene et inclina la tete :

    - ...Je suis content de vous voir réveillée ainsi. Vous avez bien meilleure mine. Désolé pour euh...

    Pour la tenue ? Ou encore pour ce qu'il avait dit hier ? Difficile à dire, tout comme il était difficile de savoir ce qu'il voulait faire, debout d'un air tendue, maladroit, devant la table ou elle était en train de manger. Puis il bredouilla simplement en se retournant, avec pour but de se diriger vers l'escalier :

    - Pardon, je ne voulais pas déranger votre petit-déjeuné, ma dame. Je reviendrais après.

    Il se prépara à aller enfiler quelque chose, s'éloignant de la table de sa démarche mesurée, précise, mais dont elle pouvait déceler des traces de fatigue pour la première fois.
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  • Lun 12 Sep - 2:28
    Elle riait à une vieille anecdote du vieux propriétaire, d'autant plus drôle que sa petite bouille sympathique cachait un lycan dont les jeunes années avaient été particulièrement mouvementés, lorsque la porte s'était ouverte pour laisser passer un chien particulièrement heureux... Tout le contraire de l'ombre fatiguée et trempée de sueur à sa suite. Un seul aboiement sonore fit tourné tous les yeux vers l'animal. Le vieux loup fit les gros yeux au jeune mâtin qui lui souffla sa compréhension en agitant la queue moins haut. On ne faisait pas autant de bruit de si bon matin, que diable !

    Mais aussitôt certain que le chien resterait à peu près calme, le bougre était parti en cuisine, surement pour trouver un os avec encore un peu de chair pour le machin à la langue baveuse qui semblait si bonne patte. Rowena fut encore une fois surprise de l'affection que lui montrait l'animal. Un peu mi mal à l'aise par sa truffe humide et son énergie à laquelle elle ne savait pas vraiment réagir, elle le frotta sous l'oreille avec un sourire approximatif et le laissa trouver sa place sous la table... Et sur ses pieds. Au début, elle fronça les sourcils, mais en quelques secondes, elle constata une capacité non négligeable du bon chien : tenir chaud aux orteils. Bon... étant donné la chaleur du jour ce n'était pas vraiment le bon moment, mais elle pouvait concevoir qu'n hiver ça devait être d'un rare confort.

    Derrière le comptoir, la bouille ronde d'une vielle femme tout en longueur mais de taille moyenne, fripée comme une vieille pomme, avait aussi la couleur bien verte du fruit attendant de murir. De oreilles pointues crevaient sa courte crinière poivre et sel. Dans les rides de son visage étaient gravé autant de sourires que de pleurs, donnant à son regard vert amande un petit air éternellement affectueux.

    - Bien sûr, mon petit. Asseyez vous ! On peut s'occuper de vot' lessive si vous voulez.
    - Molly ! " l'appela la voix de son mari depuis la cuisine. " Il est ou le reste du gigot ? " Elle passa la tête dans l’entrebâillement de la port, lui rouspétant quelque chose comme quoi il en avait déjà assez mangé.

    Pendant ce temps, Rowena avait réussit à ne pas le dévisager. Principalement parce qu'après la façon dont il était parti la veille, l'ambiance ne se prêtait à aucune admiration physique ou autre observation esthétique. D'abord elle avait été surprise de le voir... Finalement il avait utilisé sa chambre ? Où il était resté dehors toute la nuit ? Son sommeil était à ce point agité ? Elle ne l'avait jamais vraiment vu dormir à l'exception d'une vague sieste dans la forêt, le matin après qu'elle se soit réveiller... Et encore elle s'était demandé s'il n'était pas simplement en train d'écouter les bruits de la forêt. Mêlé à l'attention qu'elle avait pour un homme qui l'avait beaucoup aidée, ses insultes et son admiration mal-placée de la veille lui revinrent, réduisant de beaucoup l'appétit avec lequel elle avait commencé son repas.

    Puis, lorsqu'elle n'avait pas réussit à croiser son regard alors qu'il approchait jusqu'au comptoir, une pierre s'était enfoncée dans sa poitrine, coulant lentement pour écraser froidement ses poumons. ... Il l'avait oubliée. L'idée qu'il pouvait l'ignorée ne lui vint même pas. On est toujours prêt à imaginer quelque chose qu'on redoute.

    Elle avala difficilement la bouchée qu'elle était en train de mâcher et reposa son couteau. ça lui restait en travers de la gorge. Un de plus... Elle aurait du lui parler de tout ça la veille. De ce qu'il avait voulu dire. Lui faire comprendre qu'il avait tort et essayer de savoir à quoi était du cette mimique d'admiration qu'elle avait discerner lorsqu'il parlait du viol mental. Elle avait manqué de temps... Elle n'aurait jamais ce croquis finalement.

    Elle tourna la tête vers la fenêtre. Un de plus...

    Elle eut du mal à réalisé que c'était à elle qu'il s'adressait à présent. Lorsqu'elle tourna les yeux vers lui, elle était sincèrement surprise et resta complètement interdite à sa première approche, le fixant droit dans les yeux. Sans un mot. Sans un geste.

    Alors il l'avait juste... Ignorée ?

    Colère et soulagement se disputaient soudain le cœur de la jeune femme alors qu'il essayait de retraiter vers sa chambre. La chaise juste en face d'elle racla sur la pierre en s'éloignant toute seule de la table d'un bon mètre.

    - Assied-toi.

    Le ton était catégorique, bien plus proche de la voix qu'elle prenait en mission que dans sa vie courante. Elle appuya son ordre d'un long regard et s'il faisait tout de même mine de vouloir remonter, elle réitérerait sa demande en lui disant d'arrêter d'essayer de la fuir. Qu'il lui ait fait une frayeur pareille l'agaçait profondément, même s'il ne l'avait pas fait exprès.

    - Molly ! Son petit déjeuner est sur ma note. lança-t-elle à la vieille femme verte.
    - C'est noté.

    Puis elle revint au visage du jeune homme hirsute et torse nu. Toujours pas le moindre regard baladeur. Elle se demandait par quoi commencé et en profitait pour souffler l'agacement qui n'était pas du fait de son vis à vis.

    La propriétaire arriva près de la table avec un plateau chargé d'une énorme part de tourte aux légumes, de douillons aux pommes et aux poires frits dans l'huile croustillants et couvert de miels, d'un gros morceau de pain copieusement beurré, de trois œufs coque et d'un bol de porridge d'avoine cuit avec du lait, du miel et des fruits. Il y en avait objectivement pour un régiment.

    - Mange mon garçon. Quand mon Arthur était aussi maigre que toi, il se blessait bien plus facilement. Un peu de gras, ça protège des mauvais jours et c'est bien plus confortable pour les filles. " ajouta-t-elle avec un sourire complice.

    Rowena attendit qu'elle lui ait resservit de force un morceau de maquereau fumé, puis qu'elle se soit éloignée avant de reprendre une gorgée de thé glacé.

    - Je me sens en pleine forme, c'est gentil de t'en inquiéter. Mais, toi, tu as l'air épuisé. Tu as mal dormi ? Vu la façon que tu as eu de partir hier soir, je ne m'attendais pas à te revoir. J'ai l'impression que tu essaies de m'éviter.
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  • Lun 12 Sep - 23:10
    Il eu un véritable sursaut sous le ton inquisiteur, sur le véritable ordre qui frappa la salle. Son ton était frais, mais un poil sucré, dansant dans l'air jusqu'à ses longues oreilles plus apparentes que jamais. Elle aurait presque pu les voir bouger légèrement sur le coup, tel un chien a qui on adresse son prénom.

    Obéissant, tel son compagnon canin, il fit aussitôt demi-tour et se planta à coté de la chaise. Hors de question de partir, après un tel ordre de sa part. Parce que c’était elle. Il la dévisagea et se sentit soudainement rougir. Une seule nuit sans la voir. Depuis qu'ils s’étaient retrouvés sur la grande place, deux jours plus tôt, il ne l'avait plus quitté des yeux une seule seconde, a part une brève période ou elle dormait. Et la, toute la nuit avait passé. Il l'a trouva plus belle que jamais.

    - Je...ne suis pas présentable.

    Il avait bredouillé ça, confus, achevant de montrer que c’était la principale raison pour laquelle il s’était tenue a distance et avait voulu monter. Rien d'autre. Que la volonté de lui épargner une odeur de sueur désagréable, ou une vision qu'elle n'aurait pas apprécié. Quel homme bien élevé se présentait ainsi à demi dévêtu ? Pas lui, en tout cas. Mais comme si son corps était dissocié de son esprit, il se retrouva assit en face d'elle.

    Il la frappa de son regard, et détourna le regard. Non, son regard sur elle était toujours le même, celui qu'elle avait remarqué depuis le premier soir, dans la foret. Non, peut être plus brillant, même. Il débordait de sentiments insolubles pour elle, qu'elle devinait sans doute plus que lui même. Il n'eut même pas le temps de rétorquer pour le petit déjeuné qu'il était devant lui. Il marmonna un remerciement, et regarda plus chaleureusement la tenancière, comme si ça lui était bien plus facile que pour la Sirène.

    - Merci pour l'effort, je ne mange pas de viandes au quotidien.

    Il commença a manger, surtout les légumes et les fruits, faisant plus honneur au repas qu'a aucun autre qu'elle l'avait vu faire jusque la. Il l'écouta, de façon semble t'il distraite, mais intérieurement, il était entièrement braqué sur ses mots. Et il fut étonné. Comment ça elle croyait qu'il l'évitait ? Il avait juste dit ce qu'il pensait, et elle l'avait rembarré violemment. C’était retourner les choses, c’était elle qu'il avait imaginé disparaître sans plus jamais vouloir le revoir.

    - Je...je ne pensais pas que vous...auriez envie de me parler.

    C’était plus logique non ? Il s'en était voulu lui même d'avoir crée une telle réaction...mais c’était un peu elle aussi qui s’était fâchée de la sorte. Il s’était sentit idiot. Et encore plus, blessé par une telle réaction. Et encore maintenant, elle semblait énervée, alors qu'il avait tout fait pour lui permettre d’apprécier son petit-déjeuné au maximum. Il ne savait vraiment pas quoi faire de plus.

    - Ne vous inquiétez pas en tout cas. C'est juste une insomnie, ca m'arrive souvent. Je me suis levé tôt, et j'ai effectuée mon entraînement quotidien. J'ai doublé la séance puisque je n'ai pas pu la faire hier.

    A bien y réfléchir, n’était elle pas très bizarre, tout a coup ? L'énervement était il la seule raison de son attitude ? Il avait du mal à y croire. Même la veille elle n'avait pas eu l'air aussi...tendue. Même aux portes de la mort, elle n'avait pas l'air d'avoir eu aussi...peur. Elle était si en colère que ça ?
    IL posa soudainement sa fourchette, coupant court à toute conversation, et monta un peu le ton, sa voix chantante plus clair, maintenant qu'il parlait fort. Enfin, pas fort, normalement, en fait. Contrairement au quasi chuchotement habituel.

    - Je n'aurais probablement pas du dire ça, hier. Même si je n'ai aucune idée de ce qui vous à mise en colère, j'ai bien compris que c’était idiot. Je m'excuse. Sincèrement. J....j'aimerais...j'aimerais vraiment...discuter un peu plus avec vous.

    A mesure de la phrase, sa voix s’était de plus en plus assourdit, revenant à son timbre habituel, puis plus bas encore. Il avait plus prit sur lui que jamais, cette fois. Pour dire ça à voix haute. Et il rajouta finalement, littéralement cramoisie, en tapant nerveusement des doigts sur la table. Il n'avait pas de col sur lequel tirer, malheureusement.

    - Dites moi simplement si vous voulez que je m'en aille. Ce sera plus simple.
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  • Mar 13 Sep - 12:31
    - Oooh ne t'en fait pas pour ça. Mon Arthur est aussi au régime sans viande. Manger saignant, ça lui donne des humeurs. Et mange au moins les œufs. " rit la tenancière en s'éloignant sur un signe de sa main verte.

    Aux yeux de Rowena, l'elfe torse nu avait surtout l'air perdu. Il chuchotait entre ses bouchées, le visage calmement tourné vers le pantagruélique repas végétarien après l'avoir regarder plus en face qu'il ne l'avait fait depuis leur dispute... Ce qui lui avait aussi rappeler cette chose que Rowena s'était juré de lui dire pour son bien à lui. Mais elle ne l'interrompit pas. Il cherchait ses mots mais elle avait pu constater qu'en attendant un peu, il finissait par les trouver. Alors, tout en l'observant, elle reprit son propre repas. A force de papoter avec Molly et Arthur, elle avait déjà eu un bon coup de fourchette, aussi profitait-elle de chaque bouchée de ce qu'il restait sur son plateau, les reliefs des plats terminés attestant qu'il ne devait être composé que de poisson et autres produits marins.

    La fourchette marqua le début d'une tirade qui expliquait beaucoup de choses et à laquelle elle ne s'attendait pas. Dans cette tenue, mal coiffé et mal rasé, sa jeunesse rayonnait sans le moindre doute. Mais le rouge qui commença à s'emparer de son cou, de ses joue puis de ses oreilles le rendait encore plus juvénile.

    Mais elle avait ses réponses. Il essayait bien de l'évité, parce qu'il pensait que c'était le mieux à faire pour ne pas alourdir son humeur. Si elle ne l'avait pas rattrapé et était partie de cette auberge, elle était donc sûre qu'en effet, ils ne se serait probablement jamais reparlé alors que lui-même en avait envie. Par les Ast... la... Bon sang ! Il n'avait jamais eu de dispute avant aujourd'hui pour se comporté de la sorte ou il avait toujours fuit comme un lièvre apeuré ?!

    - Je veux comprendre surtout. " siffla-t-elle sèchement, ayant du mal à garder un ton doux. " Ce que tu as dit hier n'était pas idiot. Tu le pensais vraiment. Et que tu me vois comme ça, j'ai trouvé ça blessant. Le pire c'est que pour toi ça avait l'air d'être une certitude, et... J'ai eu l'impression que non seulement ça ne te gênait pas, mais qu'en plus ça te plaisait. Alors, oui, j'aimerai en parler. C'est ce qu'on fait quand on se dispute avec quelqu'un. On revient plus tard et on démêle ce qui s'est passé. ... Mais je pense qu'il vaut mieux parler de tout ça en privé. Après le repas.

    Elle porta sa tasse de thé à ses lèvres avant de poursuivre.

    - Alors comme ça tu t'entraines tous les jours ?

    Dans la famille Ironsoul, quand on était assis à table entre un juge, la petite cousine réformatrice extrémiste et les cadres de la SSG qui s'occupent en douce de rafler le pactole à Kaizoku, il fallait parfois prendre sur soi et savoir changer de sujet pour continuer à aimer les membres de sa famille. Elle entretint donc une discussion banale jusqu'à ce que Shan'ael ait fini de manger. Une fois Molly payée, elle invita simplement l'elfe, puisqu'elle doutait qu'il le fasse de lui-même.

    - Tu m'accorderais quelques instants ? Ta chambre ou la mienne, comme tu préfères.
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  • Mar 13 Sep - 19:40
    Il eu un peu l'impression qu'elle avait craché sa dernière phrase plus que parlé. Il ne l'interrompis pas. Pas idiot. C’était pour cette raison qu'elle s’était mise en colère ? Parce qu'il, avait vu juste ? Hum. Peut être. Il y avait une expression comme ça. Toucher juste...non. Il n'y a que la vérités qui blesse. Oui, celle la. Il avait entendu quelqu'un dire ça, un jour, et il avait trouvé ça carrément juste.

    Il ne leva pas les yeux de son assiette, mais continua de l'écouter. En revanche il leva un sourcil surpris. Comme ça, ça lui plaisait ? Il avait donné l'impression d'avoir un avis sur la question ? En fait, il avait juste voulu l'encourager, la trouvant triste. Au fond de son regard, il avait l'impression de s’être vu lui même.

    Est ce que finalement, ils n’étaient pas un peu les deux surfaces d'une mime pièce ? Deux entités, l'une dans l'ombre, l'autre dans la lumière, essayant de se sauver comme ils pouvaient, l'un en s'échappant des hommes, l'autre en s'y accrochant le plus possible? Jamais il n'aurait osé dire ça à voix haute, de toute façon. Trop de risque qu'elle retourne carrément la table, vu son expression.

    Une dispute. Simplement une dispute. Pour lui, il y avait catégories de gens. Ceux qui s'aimaient, et ceux qui ne s'aimaient pas. Il n'y avait pas vraiment de juste milieu. Alors imaginer qu'on puisse se disputer entre amis, chose qu'il n'avait jamais vu, c’était difficile à concevoir. En entendant ça, il devint carrément penaud, s'enfonçant dans son assiette. Il se sentit encore plus mal. Mais cette fois, c’était surtout car il avait l'impression d’être carrément ridicule.

    - Je...non ! Je ne voulais rien dire d'autre que...

    Il se stoppa, elle avait raison. Parler ici n'avait aucune signification logique. Aussi il continua à manger. Et lui qui mangeait rarement, il fit plus qu'honneur au repas. Il dévora largement plus des trois quart, sans faire de pause. Comme si il faisait littéralement des réserves pour l'hiver. Il écouta distraitement Rowena faire la conversation avec une expertise qu'il n'aurait jamais pu imiter même de loin.

    Il s’arrêta pour réfléchir à sa question. Il avait commencé sa routine d’entraînement quasiment trois-cent ans plus tôt. Quand il ne l'a faisait pas, sauf cas d’extrême urgence comme la veille, il se sentait assez mal. Il faisait beaucoup d’enchaînement de souplesse et d'étirement. Il n'avait jamais eu de maître, et ne répétait pas des coups à la chaîne jusqu'à les connaître par cœur. Son esprit travaillait, combat après combat, et s'adaptait au moment. Souvent, c’était plus une suite de réflexe qu'une mise en place d'un vrai art martial précis.

    - Oui. J’entraîne mon corps et mon esprit quotidiennement. C'est indispensable pour ma survie.

    Il avait dit ça sur le ton de la conversation, comme pour ne pas être trop en retrait et paraître naturel, mais elle faisait vraiment ça mieux que lui. Il ne serait jamais un grand bavard. A vrai dire, il préférait l'idée de lui montrer, un matin, plutôt que lui raconter maladroitement.

    Finalement, il posa ses couverts, et fit un geste de la main, comme un remerciement silencieux, avant d'incliner la tête. Puis il se leva, se préparant a monter pour se changer, quand Rowena s'approcha un peu et l'invita à monter avec elle. Il devint un peu livide, dans l’incompréhension. Puis il songea qu'elle voulait sans doute parler. Alors il répondit à voix basse.

    - Ma chambre est plus proche.

    Il passa devant, monta gentiment les marches et s’arrêta devant sa porte. Il avait complètement oublié qu'il l'avait laissé tel quelle avant de sortir, à l'aube. Le lit était défait, des draps un peu partout, comme si quelqu'un s’était débattu. Le matelas avait un peu bougé, a moitié sur le sommier et à moitié sur le sol. On se serait cru dans une chambre de passe après le passage d'un client particulièrement vorace.

    - Oh euh, désolé. Je vais remettre ça en place.

    Aussitot, il commença à ramasser les draps, pour aller refaire le lit, la laissant entrer comme elle voulait.
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  • Mar 13 Sep - 22:26
    Rowena avait suivi son ami sans un mot. Tout cela ne lui était pas familier non plus. Les personnes avec lesquelles elle s'entendait suffisamment pour se disputer se comptaient sur les doigts d'une main et elle n'était pas un être de conflit. Elle n'avait pas non plus l'habitude d'être retournée comme ça par des mots prononcé par des gens qui la connaissaient à peine. C'était plutôt elle qui faisait ça sans faire exprès ! ... Plus avant que maintenant d'ailleurs.

    Un instant, elle fut rattrapée par l'image qu'elle devait donner, remonter avec un homme torse nu. M'enfin les gérant l'avaient vu faire bien pire au fil des années.

    Elle franchit donc le seuil de la chambre du jeune homme, pas franchement détendu... Et merci le lit défait. Elle esquissa un sourire et ses épaules redescendirent de quelques centimètres. Il y avait quelque chose d'incongru à voir sa chambre autant en désordre alors que lui était toujours tiré à quatre épingles et vigilant de sa façon d'être... bon sauf quand on l'empêchait d'aller se changer. Elle y avait peut-être été un peu fort sur ce coup là.

    Elle se rendit compte qu'elle l'avait verbalement pris en otage et s'était imposé alors qu'il n'avait pas eu le temps de se laver ou de se changer en revenant de son entrainement... Pas vraiment une approche sympathique. Certes, elle était préoccupée et se demandait si elle n'était pas tombée sur une sorte de sociopathe vu sa réaction de la veille mais... Elle en faisait peut-être un peu beaucoup ? Il lui avait dit qu'il ne pensait pas à mal avec la même candeur alors soit c'était bon, soit c'était vraiment vraiment très très mauvais. Elle aurait aimé être capable de lâcher prise, mais son expérience en tant que limier et militaire lui intimait de tirer ça au clair.

    - Pas de soucis. Je sais ce que c'est une mauvaise nuit même si en ce moment ça ne m'arrive plus.

    Elle referma la porte derrière Zim qui vint se frotter contre ses rotules et le regarda s'activer un peu, jetant machinalement un regard à travers la fenêtre.

    - Ma mère faisait beaucoup d'insomnie. Je l'ai aidée tant que j'ai pu. Si tu veux un coup de main ou quelques conseils, n'hésite pas. " dit-elle pensivement sans se rendre compte de la façon dont elle proposait ses services à quelqu'un qu'elle n'était même pas certaine de vouloir revoir un jour. C'était venu naturellement comme elle l'aurait proposé à n'importe qui. Elle ne lui avait toujours pas jeté un coup d'oeil.

    Les couleurs pastelles avaient disparues pour un bleu plus net. La journée s'annonçait torride. Puis elle revint à l'elfe qui avait fini de ramasser les draps. Alors qu'il s'approchait du matelas, elle vint se placer à côté de lui, aux pieds du lit pour l'aider à soulever la lourde banquette bourrée de laine pour la remettre en place sans trop esquinter l'armature en bois qui le soutenait... Ou le dos de celui qui le bougerait seul.

    Derrière eux, l'animal battait joyeusement de la queue, mettant sa truffe dans les draps fraichement rassemblés.

    - J'ai été agressive tout à l'heure, je m'en excuse. " laissa-t-elle tomber sans le regarder, en s'asseyant sur le coin du matelas qu'ils venaient de replacer pour tapoter les vaguelette qu'il y avait encor en son milieu et répartir la masse mole.

    Puis elle se releva, visiblement décidé à l'aider à remettre les draps dans l'ordre et leurs regards se croisèrent, rien qu'un moment, avant qu'il ne se remettent à œuvrer de concert. C'était plus facile ainsi, aussi se lança-t-elle.

    - Tu as dit que j'avais mal compris ce que tu essayais de dire hier... ?
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  • Mer 14 Sep - 0:09
    Le chemin jusqu'à la chambre lui avait parut longue. La vision de son insomnie, élément physique de la pièce, l'acheva. Une boule se format dans la gorge. Si elle le trouvait bizarre, déjà, elle allait carrément le trouver malade, cette fois. Il aurait du faire le lit. Quel abruti.

    Alors qu'il commençait a essayer de faire disparaître les preuves de son agitation, à la va vite, il fut surpris de la voir l'aider. Et même...de lui parler. Sa mère ? Des insomnies ? Oh oui, il savait ce que c’était, et pouvait compatir avec la maman. Il était tout le temps concentré. Sur une corde raide. Car il était souvent épuisé. Si il se relâchait, son corps ne lui obéirait sans doute pas exactement comme il le voulait.

    - Une vie de fatigue. C'est une vie sans souffle. Sans poumons.

    Il avait juste murmuré ça, mais ca venait du cœur. Il songea a elle. Si elle ne l'avait pas prévenue, il l'aurait cru morte, les deux fois ou il l'avait vu dormir. Plus de souffle, plus de couleur. Plus de pouls. Il souffla, lui même était un peu dans le dur, actuellement. Mais c’était l'inverse, son cœur battait plus vite.

    Il eu un premier arrêt quand elle s'excusa. Il faillit la supplier de ne rien dire de plus. Il détestait ça. Les excuses. Il ne méritait rien. Pas après....rien ne pourrais l'excuser, lui. Il se refusait totalement de juger les autres. Il pouvait même aller jusqu'à tuer selon son propre libre arbitre. Mais juger les actions de quelqu'un, il se le refusait.

    Ce n’était jamais parce qu'ils étaient en tord, juste parce qu'il différait de sa morale. C’était difficile a expliquer sans paraître pour un fou. On lui aurait dit que c’était deux poids de mesures, qu'il jugeait forcément, a terme, puisque il avait sa propre conception du bien et du mal. Mais lui ne voulait pas y penser. Ne pas songer a sa propre hypocrisie.

    Il souffla encore.

    - Ce n'est pas...

    Elle lui coupa la parole. Ou alors elle ne l'avait pas entendu, tant ce qu’était un bref souffle qui était sortit de ses lèvres. Sa question le glaça. Il se redressa au milieu de la pièce, des draps pleins les bras, et la fixa, tel une statue de marbre. Incapable de parler. Pour dire quoi ? Il avait bel et bien dit ça...mais en même temps...c’était juste qu'il avait l'impression qu'elle avait cru que c’était péjoratif.
    Il avait plutôt voulu lui faire un encouragement. Un petit mot sympathique. Vu qu'il avait eu l'impression qu'elle était mal. Il n'avait absolument pas eu envie de la juger. Et encore moins de lui reprocher quelque chose.

    - Vous ne comprenez pas.

    Il avait ouvert la bouche en lui jetant quasiment ça a la figure. Il n'avait aucune idée de comment lui parler réellement. Il aurait voulu simplement lui ouvrir son cœur, sa tête. Qu'elle regarde a l'intérieur et qu'elle dise « ah, d'accord, la je comprend », et ça aurait été réglé. Mais ce n’était vraiment pas si simple.

    - Je ne sais pas parler.

    Il baissa les yeux, un peu désolé d’être aussi ridicule. Les interactions sociales étaient la base de l'humanité, et lui en était incapable. Il était beaucoup plus vieux qu'elle, comme de quasiment tout le monde, qu'il croisait. Et il était tellement en dessous d'eux sur ce point la.

    - Je n'ai jamais eu quelqu'un vraiment à qui parler. Et c'est ma faute. Je....je ne déteste pas les gens mais...je n'arrive simplement pas a....

    Il le faisait, la, pourtant ? Il s'en rendit compte et resta un peu hébété. Il se retourna subitement, et alla droit vers la fenêtre, observant dehors, comme cherchant un échappatoire mental.

    - C'est ridicule mais...vous êtes ma première...hum...la première personne que je peux considéré comme...une amie ? C'est pour ça que...j'avais vraiment envie de vous aider, hier. Et que j'en ai toujours envie.
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  • Mer 14 Sep - 18:06
    Lorsqu'il s'arrêta, immobile, elle l'observa et se rassit sur le coin de matelas dont elle venait de se lever. Elle n'était pas pressée... Plus pressée ?

    - Non, je ne comprends pas. Mais j'aimerais comprendre.

    Le ton grave et posé, rendu involontairement charmant par sa mélodie intrinsèque, flotta dans l'air alors que les yeux dépareillés de la jeune femme cherchaient ceux de Shan'ael. Zim, voyait qu'elle s'était assise, revint comme un peu plus tôt fureté autour de ses jambes et poser sa tête sur ses genoux. Bien sûr, il sentait la tension dans l'air mais il restait... Zim ? Et sa manœuvre permis à son maître d'échapper au regard intense que la sirène venait de poser à nouveau sur le gros chien. D'abord hésitante quand à la conduite à tenir, elle posa une main sur sa tête pour le gratter derrière l'oreille comme un peu plus tôt, de la même main d'ailleurs, celle qui sentait déjà le chien.

    Lorsqu'il commença à dire qu'il n'avait jamais eu personne, elle revint cependant à lui. Jusqu'ici elle ne s'était pas trompée alors. Il avait toujours l'air aussi sincère et même avec un peu de paranoïa elle ne pouvait croire qu'il soit si bon à feindre l'innocence. Elle le suivit des yeux jusqu'à la fenêtre, les lumières abruptes de l'extérieur jouaient sur la musculature tracée de son dos.

    Des émotions contraires traversaient le cœur de la Limier.

    - Je comprends, Shan'. Tu as risqué ta vie pour la mienne et crois moi ce n'est pas quelque chose que j'oublierai. Si tu as besoin de quelque chose, tu pourras compter sur moi, je ne te laisserai pas tomber. Tu es un frère d'arme. Mais nous nous connaissons à peine. Un ami, pour moi, c'est quelqu'un que le temps à éprouvé. Dont je connais la valeur mais aussi les travers et à qui je sais pouvoir faire confiance aveuglément.

    Elle avait beaucoup de connaissances, de compagnons, une grande famille, des frères d'armes, mais peu d'amis... Terriblement peu d'amis depuis la guerre.

    - J' ai besoin de comprendre pourquoi tu avait l'air... d'accord, quand tu as dit que je fouillais l'esprit de cette femme pour trouver quelque chose que je n'avais plus moi-même. Pour moi, utiliser la magie pour priver quelqu'un de son intégrité mentale est quelque chose de terriblement malfaisant. Je le fais dans le cadre de mon travail ou en danger de mort, mais ce n'est pas un acte que je prends à la légère. " Y prenait-elle du plaisir ? Il était hors de question qu'elle y réfléchisse. Elle passa une main dans ses courts cheveux blancs, cherchant les bons termes. " Après ce que j'ai fait à Galina... Je comprends que tu puisses te poser des questions. Mais ce qui me trouble vraiment, c'est qu'en décrivant de façon si... sincère un acte aussi sordide que le viole mental, tu n'avais l'air ni choqué, ni révulsé, ni énervé, ni déçu seulement... d'accord ou... Je ne sais pas ?  Encourageant ?

    Plus elle en parlait, moins elle était sûre de la scène. Mais elle ne la comprenait pas plus.
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  • Mer 14 Sep - 20:44
    Il l'écouta sans bouger, et baissa légèrement la tête quand il songea qu'il avait sans doute mit la charrue avant les bœufs. Il n’était pas un ami. Un frère d'arme. Hum. Ce n’était pas du tout ça qu'il avait eu en tête. Mais encore une fois, c’était sans doute qu'il n'y connaissait rien, juste ça.Il n'avait besoin de rien, il ne voulait rien venant d'elle. Qu'elle n'ai pas l'impression d'avoir une dette ou quelque chose du genre. Il soupira à nouveau.

    Il comprit alors que c’était vraiment cette histoire de magie qui avait l'air de la travailler. Il se retourna pour la regarder, lui présentant un air totalement dans l'incompréhension. Il ne semblait pas comprendre ce qu'elle disait. Malfaisant ? Qu'est ce qui était malfaisant ?

    - Je ne comprend pas.

    Il s'appuya contre la poutre adjacente de la fenêtre, oubliant totalement ce qu'il voulait dire à propos de l'amitié. Elle avait l'air tellement...perturbée en disant ça. Ça l'avait toucher à ce point ? Il ne pouvait pas prétendre s'y connaître en magie, ni ce que ça faisait de l'utiliser, a part une ou deux subtilités. Il la laissa finir, mais ne laissa pas le silence planer plus de cinq secondes, demandant aussitôt :

    - Pourquoi devrais-je être déçu de vous ? Parce que vous utilisez une de vos capacités ?

    Comme la dernière fois ou ils avaient parlés de combat et de capacités, il sembla s'animer, mais garda la chambre comme ligne de démarcation entre eux. Il avait croisé les bras, tapotant nerveusement sur son coude, du bout de son index.

    - Est ce qu'on en veut à un chasseur de tuer un animal pour le manger, avec son arc ? A un guerrier de combattre et tuer un ennemi en utilisant son épée ? Est ce qu'utiliser un art qui vous appartient, que vous avez probablement du travailler, entraîner, est plus malfaisant que ce que Galina, elle, a fait en mettant ses capacités en œuvre pour obtenir ou créer le poison qui a faillit vous tuer ?

    Ça lui sembla totalement stupide. Vraiment idiot, pour le coup. Et il lui trouva une étrange naïveté qu'il n'avait pas soupçonné. Il reprit une goulée d'air, comme pour alimenter ses poumons.

    - Rowena. Je ne vous ai pas encouragé. Si vous l'avez prit comme ça...ce n’était pas vraiment mon intention. Je suis...très intéressé, curieux, par les arts, comme vous le savez. L'art du combat en fait parti. La magie aussi, sans doute.  Mais je ne la connais pas aussi bien que vous. Je n'ai jamais rien appris. Mais je pense savoir une chose. Il n'y a rien de tout blanc ou tout noir, dans ce monde. J'ai été impressionné par votre courage. Votre détermination, votre abnégation. Tout ça était nécessaire pour survivre. Et utiliser votre magie aussi.

    Il s'approcha soudainement d'elle, ses quelques pas renforçant ses paroles, a chaque avancée, bravant cette ligne imaginaire qu'il avait lui même mit en place.

    - Vous ne m'avez ni choqué, ni révulsé, ni énervé, et encore moins déçu. J'aurais plutôt étais déçu que vous abandonniez une vie que vous semblez chérir.

    Il s’arrêta devant elle, debout, et se pencha un peu pour la regarder de vraiment prêt, ses yeux verts quasiment luisant semblant proche de dévorer son âme, comme elle aurait pu le faire elle même avec sa magie sur n'importe qui.

    - Je m'excuse encore de ce que j'ai dis hier. Je m'excuse de l'avoir dit à haute voix. Car il semble que cela vous blesse et je m’exècre à cette idée. Pas de l'avoir pensé, en revanche. Vous ne me devez rien, rien d'autre qu'un sourire, c'est tout ce que je demande. Je vous trouve dure avec vous même. La vie, c'est faire ce qu'il faut quand il faut. Les barrières de la morale dont vous semblez parler, c'est l'attrait de ceux qui n'ont jamais eu à faire face à la question de la braver ou non. La morale est un simple code, par une force en soi. La franchir dans certaine situation ne fait pas de vous quelqu'un de malfaisant. Juste quelqu'un de pragmatique. Et je ne veux même pas sous entendre que je pense que Galina l'a mérité. Elle l'a autant mérité que vous aviez mérité de vous prendre de dard, et cette flèche. Chacun combat sa propre vie, faisant ce qu'il faut pour avancer.

    Il s’était trop approché, et il le remarqua encore au dernier moment. Comme dans la foret ou la vision de sa main l'avait ramené à la réalité. Ici, Rowena avait vu son visage d'assez prêt pour sentir la pointe fruité de son haleine, après son petit déjeuné. Il leva aussitôt la main devant sa bouche et se retourna, pour fuir à nouveau.

    - N'a...n'ayez pas honte de ce que vous etes. Jamais.

    Il etait mal placé pour dire ça, vu que toute sa vie tournait littéralement sur le fait de détester une grosse partie de sa personne. Mais ne pas appliquer un conseil n’empêchait en rien de l'offrir à quelqu'un d'autre.

    - Mais vous avez raison sur un point...je ne vous connais pas.

    Elle pu voir son regard infiniment triste, un bref instant, en disant ça, juste avant qu'il ne tourne définitivement le visage à nouveau.
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  • Jeu 15 Sep - 2:19
    Il s'était animé. Il s'était approché. Elle avait bu chacune de ses paroles, le laissant entrer peu à peu dans son espace sans se dérober, les yeux asymétriques fixant les iris vertes. Elle n'était pas d'accord avec tout, mais cette fois, elle comprenait. Oh oui, elle comprenait même très bien son point de vue. Il était classique chez les mercenaire mais aussi chez un certain nombre de Limier. Chacun combat pour sa vie et la façon dont il a décidé de la mener. La morale. Les lois. Ce ne sont que des codes qu'il appartient de faire évoluer. On contourne une règle une fois. Puis une seconde. Et en quelques mois, il ne reste rien de la personne qui était entré dans le Razkaal la tête haute.

    Rowena avait un Code. Un Code stricte auquel elle faisait confiance bien qu'elle en oublie parfois quelques articles au point de devoir le relire. Mais elle comprenait cette logique plus arrangeante et ô combien plus tolérante. Il voulait l'encourager. La soutenir. Il se fichait de ce qu'elle avait fait, le prenant comme une nécessité sans se focaliser sur sa nature. Elle l'admettait sans mal... Et tout son intérieur se détendait au rythme des mots gorgés de conviction du jeune homme. Elle avait cessé de caresser Zim et l'énorme chien s'était éloigné sur le côté en voyant son maître approché. Elle se retrouva soudain dans la posture inverse de celle qu'ils avaient eu dans les bois, lui essayant de la convaincre que le monde n'était pas si moche et si cloisonné qu'elle le pensait.

    Elle secoua la tête lorsqu'il s'excusa d'avoir parler. Il était si proche... Lorsqu'il chercha son souffle au bout de sa tirade et qu'elle perçu dans ses yeux la réalisation subite de leur proximité, elle le trouva radieux. Si elle n'avait pas été absolument persuadé qu'il en serait bouleversé, elle l'aurait sans doute embrassé, tactile et légère comme elle l'était au naturel lorsqu'elle quittait les armures du Limier, du vétéran, de la veuve et de la survivante. Mais elle le laissa s'éloigner sans avoir levé la main pour caresser sa joue si combler l'espace entre leurs lèvres, un frisson chaud lui remontant le long du dos.

    - Merci, Shan'. " son visage s'éclaira d'un sourire amical, presque maternel.

    Il n'avait pas les codes. Il n'avait pas les mots. Mais il était sincère. Sincèrement tolérant, sincèrement brisé par son passé... et sincèrement attiré par elle.

    A le voir ainsi, il rayonnait d'une jeunesse paradoxale qui alliait le flegme d'un esprit qui en avait trop vu à la pureté de cœur d'une tourterelle du jour... Et il n'avait pas tort la veille, cela la frappa soudain... Peut-être lui manquait-il quelque chose à force ? Elle était triste, oui. Souvent. Profondément. Cela passerait un jour, pourvu qu'elle continue. Cette lumière trop vive qui éclairait l'abysse lui permettait de voir ce qu'elle préférait oublier... Et à trop regarder dans l'abime, on y tombe. C'était pour ça qu'elle agissait, qu'elle s'accrochait à ce qui viendrait en suite et qu'elle profitait de ce que chaque jour apportait de bon. Mais en cet instant précis, elle se sentit infiniment âgée, comme elle l'avait rarement été.

    Et infiniment seule... En un échos de l'image qu'il lui offrait. Là. Juste devant elle. Droit, le visage détourné. Une vie passé sur les routes sans le moindre ami.

    Cela ne dura pas bien longtemps. Quelques battements de cœur. Puis l'impression fut chassée par le visage douloureux du jeune homme. Juste avant qu'il ne remette de la distance entre eux, elle attrapa son bras nu à la volée.

    - S'il te plait... " souffla-t-elle en le retenant. Elle ne voulait pas qu'il s'éloigne à nouveau. " J'aimerai qu'on prenne le temps de se connaitre...  " C'était égoïste... Tellement égoïste. Bien sûr qu'elle aurait aimé avoir le temps, mais ce n'était pas le cas. Elle s'en rendit compte au moment même ou elle prononçait ses mots et son masque paisible se fissura un peu plus. " ... Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée et ce n'est pas faut de le vouloir, je t'assure.

    Elle lui devait des explications. Pour sa loyauté, pour son attachement, pour le béguin qu'il semblait avoir.

    - Je suis... " malade ? maudite ? " La blessure sur mon visage n'est que la partie visible de ce qui m'est arrivé. Elle cherchait ses yeux, la main toujours ancrée sur son bras même s'il tentait de se dégager. Contrairement à lui, l'idée de le dire face au vide était bien plus dérangeante. " Mon âme a été touchée. Elle... se brise petit à petit. Si je ne trouve pas de remède, j'aurais disparu d'ici quelques mois. Un an peut-être. Et d'ici là... mon existence va s'amenuiser. Concrètement, les gens m'oublient. Qu'ils soient proches ou qu'ils ne soient que de vagues connaissance ne change rien. ça peut frapper n'importe quand et de façons diverses mais la finalité est la même. Je pourrais me tenir juste là, devant toi, te toucher même, sans que tu n'aies le moindre souvenir de moi... Je serais une étrangère à tes yeux... Et ça peut arriver ce soir, demain ou dans des mois. Et même si je trouve une solution, je ne sais pas si les souvenirs perdus reviendront.

    Elle eut un sourire triste. Un sourire qui disait qu'il n'y avait rien à faire contre ça et qu'elle avait déjà essayé beaucoup de chose. Un sourire qui disait que peu importe les questions qu'il pourrait poser sur ce mal, elle y avait déjà pensé. Un sourire d'excuse aussi... Parce qu'elle avait déjà remarqué quelques signes dans les bois et qu'elle n'avait pas coupé court.

    - Je suis désolée de t'avoir entrainer là-dedans... Dans les bois je t'ai trouvé sympathique, je voulais passer un peu plus de temps avec toi, partager des découvertes et te donner un nouvel allant. Je n'ai pas réfléchi. Je t'apprécies beaucoup. Tu es un homme de bien. Quelqu'un de loyal, de serviable et de curieux. Tu mérites de pouvoir compter sur des personnes de confiances comme j'ai pu compter sur toi jusqu'ici. Tu mérites d'avoir des amis qui puissent te suivre dans les millénaires que tu as devant toi... Et si tu veux bien j'aimerai te présenter quelques personnes avec lesquelles je pense que tu t'entendrais bien. Au moins une... Je déteste l'idée que tu te retrouves seul à nouveau après tous les efforts que tu as fait.
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  • Jeu 15 Sep - 20:39
    Il avait tremblé, violemment, sous ses doigts. En sentant le contact sur son bras. Elle ne pensait pas à mal, sans doute, en faisant ça, au contraire. Elle voulait créer une proximité. Mais pour lui, c’était une sorte de torture. Pas désagréable. Juste infiniment troublant. Mais il n'essaya pas de se débattre. Non, il se retourna même. Pour la regarder et l'écouter comme elle l'avait fait deux minutes avant. Jusqu’à ce qu'elle le remercie et qu'il sente son cœur fondre dans sa poitrine.

    Elle aussi alors ? Elle voulait comme lui ? Simplement passer un instant supplémentaire en sa compagnie ? Apprécier un peu plus un moment qui pourrait s'achever aussitôt la conversation terminée ? Il essaya de garder le regard braqué sur elle, et le résultat fut son visage qui se fronça, ses sourcils, ses traits, comme lors d'une concentration intense.

    Mais il n'eut pas besoin de le rester longtemps. La suite acheva de le calmer. La main de la sirène pu descendre le long de son bras, alors qu'il s’était un peu approché, et il serra sans y penser la main de son amie dans la sienne. Car il n'avait plus d'autres pensées que ce qu'il venait d'entendre. Il était devenu blanc. Mais c’était bien le seul indice qui pouvait indiquer sa panique. Pour le reste, il était toujours aussi calme, plus calme même.

    Une...maladie ? Son ame ? Fragmenté ? Brisé, s'évanouissant petit à petit dans l’éternel ? Non...c’était impossible. Pas a elle, ça ne pouvait pas arriver. Le destin semblait lui jouer un très vilain tour. Pour une fois qu'il avait une petite chance de nouer un lien, un vrai lien, voilà qu'elle lui annonçait qu'elle allait potentiellement mourir bientôt. Pire, disparaître littéralement. Même de son esprit ? Comme si rien de tout cela n’était arrivé.

    - Arrêtez. Pas un mot de plus.

    Il l’arrêta juste sur sa dernière phrase, juste avant qu'elle ne prononce les dernières syllabes. Il avait le visage grave. La vérité c’était qu'il avait la sensation intense d'avoir envie de pleurer. Comme jamais. Si, comme une fois il l'avait vu, prêt de trois siècles plus tôt. Mais il était homme à se retenir de tout.

    - Je n'ai pas envie. Je n'ai rien contre rencontrer des amis a vous, des gens a qui vous faite confiance ou je ne sais pas qui. Mais je n'ai pas besoin d'eux. Que ce soit pour un mois ou un millénaire.

    Il lui tenait toujours la main, mais il avait gardé le bras un peu tendu, pour ne pas être trop proche, gardant toujours cette impression de ne pas vouloir s'imposer physiquement dans la pièce, dans l'espace.

    - Ce dont j'ai envie, c'est d’être avec vous, c'est tout.

    Il lui lâcha la main, mais ne recula pas. Sa lèvre inférieur eu un tremblement. C’était peut être ça, l'amour ? Cette sensation dans sa poitrine ? Dans tout les cas, c’était bien trop tôt. Il allait plutôt enfouir cette pensée pour le moment. Il allait passer pour un cœur d’artichaut. Le fameux « solitaire » qui tomba amoureux en deux jours chrono en main. Ridicule.

    - Vous n’êtes pas morte. Vous n'avez pas disparue. Et vous ne m'avez entraîné dans rien du tout. C'est moi qui est la.

    Il avait de nouveau envie, comme dans la foret, de lui caresser la joue. Cette joue meurtrie, donnant cette impression de maladie, qui semblait faire peur à la majorité des gens. Comment pouvait il se sentir triste, se plaindre, alors qu'elle devait faire avec autant sur les épaules ? Il se sentit faible. Et encore plus triste.

    - Je suis la. Je n'ai pas oublié.

    Il appuya avec la langue sur cette dernière syllabe. Comme pour renforcer ce qu'il voulait dire.

    - Je n'oublierais jamais.

    Il resta la à la fixer, debout. Sans rien dire pendant un moment.
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  • Ven 16 Sep - 2:50
    Doucement, il avait fini par se débarrasser de sa main, totalement opposé à son besoin de contact. Mais au moins il n'avait pas reculés. Ses mots et sa compassion passaient toujours sous l'armure de la jeune femme. Le dont de la sincérité surement.

    - Ce dont tu as envie ne changera pas la réalité. Tu oublieras. " répondit-elle avais autant d’aplomb qu'il venait d'y mettre et toujours le même sourire fatigué, laissant ses mots prendre la place qui leur revenait dans le silence cristallisé entre eux.

    Si elle avait pu lui enfoncer ces mots dans le crâne en lui tapant sur la tête, elle l'aurait fait. A la place, elle le lui vrillait au fond des yeux. Il avait l'air si triste... Et les deux iris d'émeraudes glissèrent vers sa sa joue, caressant affectueusement les craquelure abyssales qui fendaient sa peau pâle.

    - Ne me regarde pas comme ça. " souffla-t-elle.

    Ce n'était pas une supplique ou le souffle d'une femme prête à succomber, mais la demande posée d'une femme qui ne voyait que le malheur se profiler derrière le sentiment qui rayonnait de lui. C'était tellement criant... Tellement bon de se sentir aimée comme avant... Son envie d'être inconditionnellement soutenue à travers ce désert trouvait une source limpide à laquelle s'abreuver... Mais c'était aussi tellement douloureux. Parce qu'elle ne voulait pas qu'il se fasse d'illusions, qu'il ne méritait pas qu'elle l'utilise ainsi, qu'elle ne pouvait donc pas agir avec lui sans peser ses mots... Et surtout, parce qu'il n'était pas Elzéar.

    - C'est l'autre raison pour laquelle je ne pense pas que ce soit une bonne idée de passer du temps ensemble. Je vois bien que je t'attire. " Une fois de plus, il n'y avait pas d'agacement. " Tu n'as pas à répondre quoi que ce soit. C'est très agréable. D'autant que tu es un très bel homme. Mais pardonne moi d'être directe, je sens aussi chez toi une certaine inexpérience dans les affaires du cœur. Je ne peux pas profiter de ça. Tu es jeune. Tu mérites d'être aimé et je n'en suis pas capable, même dans l'éventualité où je survivrais plus de quelques mois.

    Elle n'avait pas versé une larme jusque là. Mais les deux billes dépareillées se mirent à luire. Tout ce qui la concernait, c'était une chose. Mais il y avait les autres aussi... un autre. Elle renifla, s'essuyant le nez plus pour s'occuper les mains qu'autre chose, et détourna les yeux pour regarder Zim qui s'était allongé, tête haute et respirait fort avec son air de chien bien heureux. Elle esquissa un demi sourire et tenta de rassembler ses mots comme elle l'avait fait avec Dactyle.

    - Mon compagnon est... il est mort ce jour là. " Sa voix avait tremblé malgré ses efforts. Elle prit quelques instants pour se reprendre. " ... Je veux dire le jour ou j'ai été blessée. Il... Je... Il n'y a pas de place pour quelqu'un d'autre. ... Tu comprends ?
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  • Ven 16 Sep - 17:11
    Il ne comprenait pas vraiment, non. Car tout ce qu'elle disait, il avait simplement l'impression que son regard hurlait l'inverse. Plus elle le repoussait, plus il avait la sensation de l'entendre appeler à l'aide. Le seul moment ou il sentit vraiment qu'elle était sincère, ce fut à propos de son compagnon. Il aurait deviné sans même qu'elle le dise. Pas qu'il était mort, mais qu'il y avait quelqu'un. C’était impossible qu'une femme aussi belle, de son point de vu, n'ai pas déjà eu quelqu'un tomber sous son charme.

    - Vous vous trompez. Je le pense vraiment.

    Il avait dit ça de façon un peu abrupte, sans vraiment préciser tout de suite de quoi il voulait parler. D'eux deux ? Ou de sa malédiction, de sa maladie ? Il voulait bien évidemment parler de la seconde possibilités. Si elle ne voulait pas de lui, il n'allait pas la forcer de toute façon.

    - Aussi étrange que ça puisse paraître...La mémoire est quelque chose qui me parle, également.

    C’était un peu l'un des centres de sa vie. Et finalement, sur ce sujet la, comme beaucoup d'autres visiblement, ils étaient encore identiques. Ils avaient presque trop en commun pour que ce soit totalement un hasard. Deux vies différentes, avec hauts et bas différents, mais dans le fond, le contour était très proche l'un de l'autre.

    - Vous voulez qu'on se souvienne de vous. Moi j'ai souvent voulu qu'on m’oublie. Plus encore. J'ai toujours rêve, depuis ma plus tendre jeunesse, de m'oublier moi même. J...j'aurais....tellement aimé...être quelqu'un d'autre, ce jour la. Mais j’étais la, c’était moi. Et si j'ai des bribes de souvenirs, des passages de mes années de vies qui s’effacent légèrement, cette image la, je pense qu'elle restera graver clairement toute ma vie.

    Il avait baissé le regard, et pour une fois, c’était l'inverse qui se produisait. C’était elle qui le lui avait demandé, et lui qui devait prendre sur lui pour résister. Elle avait mit des mots sur des sentiments qu'il ne comprenait absolument pas. Et du coup, maintenant qu'il avait dans un coin de la tête la trace d'une attirance physique et émotionnelle pour elle, il avait envie de la regarder d'avantage. De la graver encore plus nettement dans sa mémoire.

    - Je...comprend parfaitement, que vous ne vouliez pas que je soi avec vous. Et je ne souhaite pas être un remplaçant. Je ne veux pas compenser quelque chose. Je veux être....quelqu'un d’à part entière, pas une ombre qu'on superpose à un souvenir.

    Il regarda le mur, dernier allier pour contrer son désirs visuel.

    - Mais s'il vous plaît...ne me mettez pas ça sur les épaules. Ne dites pas que vous le faite pour moi. Si vous le faite pour vous....avouez le. Et surtout, dites le vous à vous même. Et si c'est une excuse que vous recherchez pour vous même, alors réfléchissez y.

    Il ne voulait pas, finalement, qu'elle s'éloigne pour « le protéger de la tristesse », ou quelque chose comme ça. C’était sa décision, à lui, et à lui seul, de se protéger ou d'affronter ce potentiel risque. En revanche, pour l'inverse...si c’était sa façon à elle de ne pas accepter une peur...alors elle devait l'accepter elle même.

    - Je ne veux absolument pas m'imposer...de quelque façon que ce soit, mais sachez une chose. Une seule. Si jamais vous voulez que nous nous quittions maintenant. Aujourd'hui, dans une heure...dans une minute....alors je ne ferais pas de commentaire, et je sortirais simplement de votre vie.

    Il ne pu s’empêcher de la regarder, finalement, le cœur battant. Pas une déclaration d'amour, mais probablement la chose la plus forte qu'il ai jamais prononcé de sa vie. La volonté claire de créer une relation qu'il n'avait jamais eu jusque la. Qu'il n'avait que rêver.

    - Mais le jour ou nous nous croiserons, de part le monde, si cela arrive....nous ne nous parlerons pas....mais nos regards se croiseront. Et vous verrez que je n'avais pas mentis.

    Il sourit faiblement, fébrilement, mais de façon vraiment sincère.

    - ….que je n'ai pas oublié. Que je n'oublierais jamais notre rencontre, et que je toi, Rowena, je ne t'oublierais jamais.
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  • Ven 16 Sep - 19:50
    Il y avait donc quelque chose dans son passé qu'il essayait de fuir au point de vouloir se fuir lui-même... Une chose qui le définissait par delà le temps, malgré tous les efforts qu'il pouvait faire pour oublier. Elle l'entendait et elle qui avait apprit à laisser chacun se battre pour sa propre vie sans éprouver de remord en était attristée. Il était un homme bien et il tenait à si peu de chose qu'il puisse être heureux et avoir une vie qui lui plaise... Oui, chacun était libre de sa vie. Elle aurait maudit celui ou celle qui aurait tenté de prendre des décisions à sa place comme elle tentait de le faire maintenant.

    Alors pourquoi s'en faire ? Il savait la vérité à présent. Elle allait disparaitre de sa vie tôt ou tard. Il n'avait aucun futur à espérer. Et il voulait tout de même l'aider et l'accompagner.

    Elle serra les mâchoires lorsqu'il lui interdit d'utiliser son bien à lui comme excuse. Elle serra les mâchoires parce qu'il avait raison et que cela l'énervait. Elle pensait sincèrement à lui avant tout depuis leur rencontre, à ne pas le brusquer ni lui donner de faux espoirs. Mais il lui disait clairement qu'il était adulte et maître de sa vie. Ha ! Et bien casse toi les dents sur les écueils mon grand !

    - Tu choisis un moment pareil pour enfin réussir à me tutoyer. " siffla-t-elle, non seulement glaciale, mais aussi moqueuse. " Crois ce que tu veux. Ce n'est pas comme si je pourrai fanfaronner d'avoir raison de toute façon. Tu sais mieux que moi ce qui se passe, visiblement.

    Il ne voulait pas qu'elle le prenne en considération, qu'elle tente de lui éviter des emmerdes. Très bien !

    Se laisser aller à profiter de sa présence et d'un réconfort simple pour en être privé comme elle était privée de chaque soutien, de chaque ami, de chaque parent... Il était hors de question qu'elle s'investisse simplement pour les grandes déclarations de ces immenses yeux verts. Il s'entêtait à lui faire miroiter l'espoir insensé qu'il saurait se souvenir. Que lui passerait au travers. Simplement parce qu'il avait eu mal quelques siècles avant ? Elle avait cru par deux fois que la Lune lui faisait un cadeau. Elle avait cru par deux fois à ce genre d’ineptie. Croire était une erreur. C'était douloureux.

    Elle se leva vivement, le contourna pour se diriger droit vers la porte. S'arrêta. Revint sur lui et le poussa dos au mur, en colère contre tout et rien et profondément agité.

    - Je déteste ta façon de-de pointer ce qui fait mal comme ça. ça rend tout tellement plus... Compliqué ! Je ne suis pas quelqu'un de compliqué d'ordinaire. Je suis hédoniste et je suis libertine. Je cherche ce qui est beau, ce qui est plaisant, j'expérimente et maintenant je ne peux vivre que le moment présent. Je déteste les complications. Et je n'ai pas le luxe de m’embarrasser de complications aujourd'hui !

    Elle recula de deux pas, incapable de rester en place, mais les yeux bien vrillés dans ceux du jeune homme.

    - Je rencontre des gens. ça se passe bien, tant mieux. ça se passe mal, tant pis. Et on repart chacun de notre côté. J'en ai marre de me prendre la tête avec toi. J'étais là pour un dessin ! Pour un peu d'art et un moment de répit à tes côtés ! Tu m'as aidé, merci. Tu as raison, je ne te dois rien de plus. Et tu as raison, je n'ai pas à choisir à ta place et essayer de t'éviter d'être mal à l'aise. Je vais faire comme toujours. Dire ce que je veux et te laisser te débrouiller avec. J'en sais rien si j'aurai envie de te revoir ou non. Tu veux me connaitre ? Je suis une bourgeoise frivole. Une citadine. Je ne m'engage pas. Je ne fais pas de promesses. Je ne fais pas de plan sur le long terme. Je profite.

    Elle martelait chaque mot avec véhémence. C'était ça son présent et merde au reste.

    - Si ça te tente toujours, sans ce-ce bordel grandiloquent, bienvenue. Moi je rentre à Justice pour m'assurer que ma famille va bien et continuer mes recherches. Et si tu veux m'y retrouver, j'en serai contente. Tu ne devrais pas avoir de mal à trouver le domaine Ironsoul.

    Elle respira enfin et un silence d'une étrangeté dont elle n'avait pas l'habitude s'étira dans l'air entre elle et lui. Elle tourna de nouveau les talons d'un mouvement brusque et se dirigea cette fois vers la porte

    - Salut, Zim. "
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