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  • Lun 29 Juil 2024 - 18:40

    J’crois que j’ai un genre de lien avec Kaizoku.

    Un lien toxique, hein, genre une ex-conquête qui s’obstine à venir taper à ma porte, jeter des cailloux sur ma fenêtre, faire semblant de me croiser par accident à la boulangerie, pour finalement déposer des têtes de chatons morts à la sortie de chez moi, mais un lien indéniable.

    Résultat, je me retrouve à nouveau sur cette île de merde, et c’est sans le moindre entrain que j’descends sur le ponton, en regardant le navire qui m’a amené du continent qui s’agite comme jamais pour vider ses marchandises, en récupérer d’autres, et s’occuper de toute la logistique qui va avec : remplir les tonneaux d’eau, charger des monceaux de ce poisson séché dégueulasse qu’ils nous ont servi tout du long, et s’assurer que tout est en ordre pour les inévitables réparations qu’il faudra mener tambour battant pour repartir avec la marée d’ici une poignée de jours.

    Avec un peu de chance, je serai à bord.

    Pas que j’aie la moindre envie de passer une seconde de plus sur ce rafiot de la SSG et ses marins cons comme des cordages, et son capitaine odieux avec le nez tellement dressé en l’air qu’il est à deux doigts de souffler lui-même dans les voiles pour propulser le navire. Mais ça voudrait dire que la mission est accomplie et que j’aurai pas besoin de rester la moindre journée de plus sur cette île de merde.

    Ce qui sous-entend que j’serai pas seul : le Divisionnaire Raymond Carrérond serait là aussi avec moi, les menottes au poignet, la mine basse et, si j’y trouve mon compte, les deux yeux au beurre noir pour lui faire passer l’envie de me faire crapahuter à travers la moitié du continent. Reste que ça sera pas si facile, pasqu’il a beau avoir la quarantaine bien tassée, il a grimpé les rangs après cinq années d’études à Magic, et les rumeurs disent que c’était en magie militaire. En tout cas, ses crises de colère sont légendaires, et les trous dans les murs les rares fois où des officiers ont tiré sur la corde jusqu’à ce qu’elle lâche laissent une place toute particulière à l’imagination.

    Puis ça sera l’occasion de savoir ce qui s’est passé, et, surtout, pourquoi un divisionnaire s’est pointé chez un sous-directeur de la SSG pour tuer tout le monde, femmes, enfants et petit personnel compris. C’est que c’est peu courant, et qu’a priori, rien ne les rapproche à part des postes à responsabilités au sein de la grande administration de la prestigieuse république. On sait juste qu’ils se sont croisés plusieurs fois dans les mois précédents, et que Orval, le type de la SSG, n’était pas là depuis très très longtemps.

    Bon, hé.

    Mais les avant-bras couverts de sang, sans parler de l’uniforme, le regard fou et les marques de piqûres à l’intérieur des coudes, ça laisse peu de place à l’imagination. Sur le coup, la surprise et la sidération l’ont emporté, et il a réussi à se faire la malle, jusqu’à ce qu’on retrouve sa trace sur l’île, grâce à un touriste en goguette qui a fait remonter l’information. Et j’dis pas qu’on est tous les jours les plus gentils ou les plus méchants, puis des jours, y’en a tous les jours, mais c’est un des nôtres, donc on va le faire rentrer dans le rang, laver notre linge sale entre nous et mettre un terme et une explication à cette sombre histoire.

    L’île, en tout cas, elle charbonne, et le mauvais jeu de mot est volontaire. Le volcan, ça met une sacrée ambiance, mais toute la partie autour du port est déjà refaite comme neuve. J’suppose que la Société des Gardiens et toute leur flottille de marchands ont poussé au cul pour prioriser ce qui leur permettrait de maintenir le commerce, et difficile de leur donner tort : même les matériaux de reconstruction qui arrivent au compte-goutte sur l’île doivent bien être déchargés quelque part, et à part le port, hein...

    Les éruptions, faut dire, c’est pas le top pour faire du bois. Des mines et des carrières, y’en avait déjà pas, et les tuiles ou autres poteries, ça se trouve difficilement sous la lave et les cendres. Donc tout ça relève de l’importation, et à part la République, faut bien reconnaître que y’a pas l’air d’y avoir grand-monde d’intéressé. Nan, la seule perte pour le monde, c’est la canne à sucre et les rhumeries.

    Le reste, c’était une pustule sur les fesses du continent qui vient d’être cautérisée. Les circonstances sont tragiques, on t’a pas filé un verre de gnôle, et une ceinture à mordre, certes. On t’a plutôt jeté une couverture sur le gueule pendant que deux martars t’immobilisent et qu’un maigrelet douteux avec un scalpel crado te fait une ablation vite fait. Reste à voir si la verrue va repousser ou si on va enfin avoir une belle peau, pas de bébé, c’est impossible, mais un truc un peu plus propre en tout cas.

    La première destination, comme il se doit, c’est la Taverne du Paon qui Pleure. Rasée pendant la rébellion, évidemment, mais déjà reconstruite de ce que je sais. C’est pas pour commencer à enquêter, on s’entend, mais c’est qu’il fait soif, que j’ai hâte de bouffer autre chose que des rations, et qu’il faut bien que je crèche quelque part. ‘Sera toujours temps de prendre la température de la ville et de commencer à sonder ce qui peut l’être à partir de ce soir ou de demain, suivant ma motivation.

    Mais, putain, j’lève mon verre à toi, Kaizoku, pour avoir ressorti la tête des cendres.
    Dragon du Razkaal
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    Kieran Ryven
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  • Jeu 8 Aoû 2024 - 14:36
    Linge Sale [Kieran] Razkaa10

    Kaizoku, encore.

    Non pas que l'idée soit déplaisante, mais j'aimerais m'y ramener un jour pour des bonnes raisons. Ce qui n'est assurément pas aujourd'hui. Du linge sale est arrivé dans un dossier il y a quelque jours au Razkaal. Les geôliers de la république, mais faut croire aussi domestiques et larbins à ses heures perdues, quand les républicains décident tout bonnement de se mettre une flèche dans le pied. Passer pour des traîtres, des meurtriers et des fomenteurs aux yeux du Sekaï n'est pas le projet de la Nation Bleue, même si j'ai le sentiment que c'est déjà le cas, aussi pour nettoyer ce bazar dans l'ombre, on envoie des gens de l'ombre.

    Un homme masqué avec des cornes, évidemment que ça marche.

    Un navire de ravitaillement pour me transporter, j'arrive pour le début des problèmes. Épluchant encore ces parchemins qui reprennent l'affaire, quelques lignes qui sont barrées en noirs, d'autres soulignées en rouge pour mettre l'accent sur les faits qu'on reproche à cette crasse qu'il faut traiter, nettoyer et enfermer. Ce n'est pas avec toute la discrétion du monde que j'arrive dans le ponton ; les voiles noires nous trahissent, la bannière également, et rapidement en rejoignant le sable, le Razkaal est murmuré aux lèvres des curieux. Flottant mollement ma queue dorsale tandis que je me dégourdis les jambes, j'avance. Toujours avec ce dossier en tête.

    Moment improbable pour profil de confiance. L'histoire est racontée comme une mauvaise blague dans une taverne. Le nom de Raymond Carrérond résonne comme une promesse de mauvaise nouvelle dans les couloirs de l’administration de notre prestigieuse république. Si les rumeurs font leur cirque comme des gamins dans une foire, il est un fait que ce divisionnaire est tout sauf un amateur. Une longue carrière, une renommée singulière, on est loin d'une première classe qui fait les latrines parce qu'il n'a pas fait son lit au carré. Il est également reconnu pour des piqûres de colères suffisamment significatives pour se mettre à couvert, faute de ne pas prendre au hasard une calamité magique dans le museau.

    Carrérond est soupçonné d’avoir joué dans un drame de haute envergure, un carnage qui a vu un sous-directeur de la SSG, Orval, et tout le personnel de son bureau, femmes, enfants et petits mains compris, tomber sous ses coups. Ce tableau sombre est loin d’être une partie de plaisir, et la question est de savoir ce qui a bien pu pousser un homme de sa trempe à semer un tel chaos. Les indices sont aussi clairs qu’une pluie d’été sur une vitrine sale. Et c'est ça qui m'embête. Trop d'évidences, trop parfait. Qu'il soit un enfoiré quand il pète un câble est une chose, qu'il fasse le ménage subitement en est une autre.

    J'attraperais d'abord un timonier qui regardait une carte, proche de son navire. Savoir s'il a des informations sur des arrivées républicaines récentes. S'il y a eu des événements étranges depuis. Mais on est sur une ville qui a essuyé un véritable carnage il y a quelques lunes. Alors, autant dire que tout ce qui se passe dedans est dilué dans les vestiges d'une baston qui a l'air de tout normaliser ici. Même topo avec le Capitaine de Port, beaucoup de navires non identifiés radinent dans les parages sans s'annoncer puis décanillent aussitôt pour prendre le large. Ajoutez à ça les pirates, les mercenaires et toute cette fanfare dans l'équation, on est bon pour raser l'île une deuxième fois.  

    La trame est mince, mais le plan est clair. C’est un des nôtres, un collègue dans la grande machinerie de l’État, et il est temps de le remettre dans le droit chemin, d’éclaircir cette affaire et de nettoyer le linge sale en famille. Il reste à savoir pourquoi un homme avec autant de ressources et de formation se retrouve dans une situation où la seule issue semble être le massacre de tout ce qui se trouve sur son chemin. Les pièces du puzzle se mettent en place, et notre boulot est de reconstituer l’ensemble, de faire parler les morts et les vivants, et de mettre un terme à cette affaire avant que le tableau ne se peigne en noir et en rouge.

    Je remonte le sable, avise de là le grand volcan qui n'a pas bougé depuis que je suis parti. Il m'a vu quand j'avais 19 ans, il a vu mon fils grandir, il a vu sa mère mourir, et maintenant il me voit revenir. Une poésie morbide dans un panorama paradisiaque. C'est pourquoi, mon seuil de patience a drastiquement baissé. Je ne compte pas rester ici éternellement et j'aurais probablement le cassage de bras facile.

    Il me reste le point de chute du coin, et là m'arrive en mémoire la dernière consigne énoncée par le gouvernement ; je ne serais pas seul. Croiser les regards entre deux corps différents de la Nation, ajoutera d'autres cordes à notre harpon pour coincer ce type. Je n'ai pas de nom, ni de visage, mais ça ne sera pas compliqué quand je vais en passer le battant.

    Mes traits se durcissent, et ma respiration bruyante résonne dans mon masque.

    Mon ombre avale le corridor naturel qui sépare les tablées jusqu'au comptoir, un homme très connu au bout. Et je ne crois pas aux coïncidences. Les dialogues qui rythment l'ambiance descendent d'une octave, le point final sera quand mon ombre avalera la silhouette du Capitaine Dosian qui a étrangement perdu des galons sur son uniforme. Bah tiens donc... Une autre affaire à éclaircir aussi ?

    « Officier Dosian. »

    Une belle scène me revient en tête à la place des héros, et j'avoue que les écailles frétillent dans le mauvais sens du poil rien qu'en y repensant.

    « Mission officielle, du coup. Le Razkaal m'envoie ici balayer les conneries d'un gradé. »

    Qui va également perdre ses galons, mais aussi perdre son boulot.

    « Il m'a parlé d'un contact de l'OR sur place, on va devoir travailler ensemble, y paraît. »

    Les Astres n'arrêtent pas de m'envoyer d'énormes vannes pour me tester on dirait, ou, ils veulent absolument que je règle tous mes problèmes ? Je finis par lever ma main lorsque le tavernier vient me proposer de commander, déclinant son offre. Il prend un ton dur. Et malheureusement pour lui je n'ai pas le temps pour les courbettes.

    « Tu commandes, ou tu sors.
    - Tu continues de faire tes commandes et tu ne finiras pas tétraplégique.  Que je rétorque pour le moment dans un calme entier.
    - Mais vous êtes qu- »

    Un serveur au loin lui demande de ne pas insister, pendant que je prends place à un tabouret qui craque doucement sous le poids sans céder. Le coude sur le comptoir, je me tourne devant notre jolie compagnie d'une Elfe qui n'a pas hésité à passer du bon temps. Mais je n'ai pas envie que ça finisse en salade de mailloche, à passer notre sainte journée à s'envoyer des marrons sous le soleil couchant, comme deux Reikois perdus dans le désert dont leur esprit à tourné la carte avant d'avoir trouvé de l'eau. Ca me lasse d'avance.  

    « Si c'est trop compliqué, je pars. Et on se retrouve ici pour aligner nos rapports. Je ne veux pas être un poids. Sinon, tu peux compter sur moi pour trouver ce type. »

    Courage, ou Dégage, Pancrace Dosian.
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  • Dim 11 Aoû 2024 - 15:01

    Y’a des nouvelles qui donnent le sourire.

    Et y’a toutes les autres.

    La dernière en date, elle prend la forme d’une armoire à glaces de deux mètres cinquante qui est obligée de se tenir de profil et de baisser un peu la tête pour passer la porte de la taverne. Elle est bleue, aussi, comme l’océan. Ça me rappelle une phrase sur la mer : « La mer est ton amie, mais elle peut te tuer. ». Ben, lui, c’est pas mon ami. J’pense que ça suffit largement comme description, mais si j’devais compléter, je dirais que si je voulais lui faire une mauvaise blague, je lui renverserai de l’encre entre les omoplates.

    C’est le genre de trucs qu’on ferait à l’Office, si on était sûr de pas s’en prendre une derrière. Et vu la taille des bras, ça serait bien la dernière. Donc, à la place, j’me contente de renifler avec dégoût quand il s’asseoit en face de moi. En plus, il refuse de commander, ce qui est quand même la base, de faire tourner le petit commerce pour tisser des liens et récupérer des informations. Mais gnagnagna on est des Limiers, on n’a pas besoin de ça, on est au-dessus de ce genre de petites magouilles pour l’intérêt supérieur de la République et on adore planter des clous dans les gens pour les faire parler après leur avoir coupé les membres.

    Ben ça doit être vachement moins rigolo quand ensuite faut leur donner la becquée et leur essuyer la raie des fesses quand ils chient. Et ça, c’est bien fait pour leur gueule.

    La tentation est forte de l’envoyer chier, et de tabler sur le fait que je vais trouver le Divisionnaire Carrérond bien avant lui, pour la simple et bonne raison que je suis meilleur. Mais une traque, c’est aussi une question de vitesse, et la vitesse, parfois, c’est une question de veine. Le simple fait que j’me retrouve à nouveau à Kaizoku montre clairement que la chance est pas de mon côté en ce moment, donc la seconde option devient subitement très intéressante.

    S’il reste collé à mon cul, j’l’aurai à l’oeil, et il sera toujours temps de filer à la shoumeienne avec Raymond le moment venu. C’est encore le meilleur moyen pour s’assurer qu’il se mette pas à torturer le divisionnaire pendant que je regarde pas. Ma décision prise, j’prends une gorgée d’une bière pas terrible, mais légère, et j’le jauge en me demandant si le tabouret va tenir toute la discussion. J’suis à deux doigts de faire durer le suspense pour le découvrir.

    « On mène l’enquête ensemble. »

    Comme j’voudrais pas avoir l’air trop enthousiasme, et que j’ai une image à tenir, en plus de celle de mon service, j’ajoute :

    « C’est pas comme si on avait le choix, sinon je te proposerais bien de prendre le premier bateau qui retourne sur le continent. Mais faut croire qu’on choisit pas sa famille, ni les... collègues... que la hiérarchie nous impose. »

    Bon, enfin, à l’office, y’a un genre de nettoyage implicite qui se fait tout seul : quand on me refile des gens trop cons, je m’arrange toujours pour qu’ils finissent par demander une mutation ailleurs. C’est p’tet la malédiction de se cogner le petit orteil tous les matins, ou les migraines persistantes, allez savoir. Toujours est-il qu’on a vite arrêté de me filer les fonds de tiroir.

    « Le travail, juste le travail, rien que le travail, si ça te va. Et pas de bricolage avec des clous et un marteau, ce coup-ci. On est pas à l’asile chez les psychopathes, ici. C’est le vrai monde, celui du dehors. »

    Rien que d’y repenser, je suis toujours mal à l’aise. La justice, c’est vraiment la justification parfaite pour toutes les saloperies qu’on veut pouvoir infliger. Là, c’est le plaisir sadique des Limiers, et ça loupe pas : quelques années plus tard, c’est eux qu’on retrouve derrière les barreaux, avec leurs anciens confrères et consoeurs qui se lèchent les lèvres à l’idée de pouvoir ‘’travailler’’ sur un nouveau jouet.

    « Bon, enfin, décale-toi un peu, j’attends quelqu’un. Tu verras, ça vaut le coup. »

    J’suis déjà venu avec Nanar et les copains pour mettre de l’ordre dans le bordel que la SSG et la GAR avaient fait ici. Y’a eu la bataille, ensuite, dont on s’est enfui la queue entre les jambes. C’est qu’arrêter des voleurs et des assassins, c’est autre chose qu’un volcan, faut bien l’admettre, et j’en ai pas honte. Même maintenant, j’pourrais rien y faire, donc chacun sa merde. Quand une silhouette encapuchonnée se met en face de moi et jauge longuement Kieran, j’la laisse prendre le temps de la réflexion. Puis son rhum arrive et elle dévoile son visage.

    « Oh, putain, que j’lâche. »

    J’dis pas que je me souviens de tout le monde, mais y’a des visages qui ressortent davantage, ou plutôt qui se sont gravés dans ma mémoire. C’est notamment le cas pour une poignée de soldats qui se sont retrouvés dans le mauvais camp et qui, pour une raison ou pour une autre, ont préféré pas revenir sur le continent. Moi, après avoir trahi, j’les comprends, j’aurais même déménagé plus loin. On avait partagé un toit pendant que l’Assemblée déchaînait sa magie, en se fixant en chiens de faïence, jusqu’à ce que la situation permette de se quitter sans devoir se planter des machins pointus dans le corps.

    Visiblement, elle m’a remis aussi.

    « Ca va paraître bizarre, mais je suis contente que vous ayiez survécu.
    - La même, que j’réponds. »

    Elle a la voix râpeuse, des cheveux bruns et un visage quelconque, mais sa façon de se tenir et la carrure de ses épaules laissent aucun doute sur l’endroit dont elle vient. Deux godets de rhum arrivent devant Kieran et moi. J’sais pas s’il va toucher le sien, mais j’hésite pas, pour ma part, et j’le renverse cul sec dans mon gosier. Il est pas très bon, mais c’est pas moi qui le paye, donc il a le bon goût du gratuit.

    « Alors, pourquoi Fredo m’a envoyée ici ? Qu’elle demande.
    - Je... On cherche un gars. »

    J’pose la main dans ma tunique pour en sortir un bout de parchemin. Quand je le déplie sur la table en essayant d’éviter les gouttes de crasse, on y voit le portrait de Carrérond, dessiné par un artiste de talent. Ça permettra largement de le reconnaître. Elle se penche sur le papier, l’examine sous toutes ses coutures.

    « Comment ça se fait ?
    - Secret défense ? »

    Le regard qu’elle me lance me fait bien comprendre que c’est un peu léger.

    « Une sale affaire de meurtres.
    - Ah. »

    Ouais. Ah.
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    Kieran Ryven
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  • Sam 17 Aoû 2024 - 19:26
    Si on doit tuer un homme, si on est obligé, est-ce que c'est mieux de le faire "proprement" d'une flèche dans la tête ? Est-ce que c'est pire si on le découpe avec une hache ? Et si on doit en tuer dix, cent ou mille. Et si en les tuant on en sauve mille, ou si on en épargne dix. Et si je veux sauver ma propre peau, combien vaut un homme, ou son assassinat. Quels genres de calculs de savant fou peuvent répondre à des questions comme ça.  

    Faut-il seulement essayer d'y répondre.

    Il y a donc deux catégories. Ceux qui pensent que c'est perdu d'avance, et les autres.

    La dernière en date, elle avait la belle gueule d'un type qui se révulse du "travail mal fait" quand le sien lui coûte manifestement une rétrogradation. Une belle gueule, qui a suffisamment de bagou et manifestement les beaux yeux pour charmer une des mercenaires les plus dangereuses que je connaisse. D'ailleurs, ça commence à remonter le temps de notre dernier contrat, et va savoir, peut-être qu'elle a trouvé un filon ailleurs. Elle ne m'a jamais réellement blairé de toute façon, mais qui n'a rien à voir avec les deux catégories énoncées plus tôt. Non monsieur, ici, c'est juste parce que j'ai servi l'Empire Reikois, et que je suis donc le reflet d'une abomination qu'elle ne veut plus regarder dans les yeux, ni entendre et ni toucher.

    A mon plus grand regret.

    Mais revenons à lui. Ça me rappelle une citation Reikoise sur le feu : "Le feu te réchauffe, mais il peut te consumer". Eh bien lui, il a réussi à consumer tout ce qu'il y a de bienveillant en moi, avec ma patience en prime. Avec la tronche qu'il tire, des traits qui déforment cet homme entre deux âges, un visage emmerdé comme un enfant invité à l'anniversaire de son oncle raciste, qui agite une serviette au-dessus du crâne avec une bière à la main. Des fois qu'en fait il y prenne son pied, le connaissant si peu. Je savais que j'allais connaître une journée dingue. On en a tous des comme ça. Ces journées où personne ne tourne rond sauf les ours en cage, où les clodos se noircissent à la limonade, où les écureuils ne retrouvent pas leurs noisettes, où les bricoleurs égarent tous les écrous de serrage, où les mages ont perdu leurs bâtons dans leurs montures.

    Où les Drakyns arrivent même plus à toucher leurs cornes sans les enfoncer dans le crâne d'une autre personne.

    Mais blablabla, je suis un officier de la république, sympathique du quartier, je me pinte la gueule dans mes heures de services, tapine des prostituées, quand je n'ai pas dépouillés des mendiants ou retaxés des personnes pas assez riches et pas assez dangereuses pour se plaindre. A vomir et tousser comme un bébé sur la manière dont je traite des criminels, mais qui jubile avec des bourses pleines de pièces qui ne lui appartiennent pas, en laissant des ecchymoses gratuites à des civils. C'est qui se siffle en tout cas dans la République et j'ose espérer que nos chers officiers ne sont pas tous comme ça, parce qu'à la seule différence de mon cher vis-à-vis, je m'interdis de généraliser. Mais je suis prêt à poser mes deux queues sur la table qu'il est aussi lisse qu'un sac postal usagé avec le goût qui va avec.

    En tout cas, sans une once de prétention, au moins, mes cibles, elles restent à terre quand je les trouve.

    Le silence va s'étirer, mes yeux se plissent derrière mon masque, et voilà qu'il bave les premiers mots qui vont passer la pommade à l'ébullition sous-jacente qu'il parvient à mijoter juste parce qu'il existe. Enfin. Un moment. De paix. Evidemment il fallait qu'il ponctue avec une réflexion, ça serait trop beau.

    « Ou comme une jambe de bois qu'on est obligé de traîner, je suis d'accord. »

    Et puis, il n'a pas l'air d'avoir imprimé que les Limiers voyagent partout, et qu'on ne traîne pas un établis de torture dans un sac sans fond, je tangue donc affectueusement la tête de côté. Avec l'envie de lui enfoncer mon poing dans sa magnifique dentition et lui restituer mon déjeuner directement dans la gorge.

    « T'en fais pas, j'ai pris des plumes et des huiles à la place, et je compte sur toi pour m'aider à découvrir le monde, j'ai sincèrement besoin d'aide. »

    Non.

    Trêves de joutes et autres ripostes sarcastiques immatures, je me décale sans demander mon reste, voyant que le troisième pied de ce tabouret commençait à pas mal fissurer. Il l'a dit, et je suis d'accord, le travail, rien que le travail. Le premier pas dans l'investigation sera avec l'arrivée de cette femme et deux verres de rhum. Inconnu pour les trois. On se toise pendant de longues secondes, ce à quoi je finis par couper court en la saluant de la tête. Ancienne connaissance, que Pancrace ne remet que maintenant, je vais laisser le verre entre mes mains, regardant la liqueur avant de me concentrer sur l'échange. Si elle parle de survie, et qu'on est à Kaizoku, soit elle parle de l'attaque qui s'est passée sur place, soit d'une affaire dans les environs.

    Fredo, a l'air d'être un tuyau du loustic, va savoir qui et pourquoi, mais apparemment c'est un soutien pour la traque. Un papier est posé sur la table, la gueule ronde du Carrérond pas si mal représenté. J'ai eu une copie équivalente au bureau, mais pas que. En tout cas, après un élan de confidentialité, l'objectif est lâché.

    J'enferme le verre entre mes mains.

    « Meurtre suffisamment contraignant pour nous mettre sur le coup.
    - Vous êtes qui vous ?
    - Razkaal, fidèle camarade de l'OR. » Que je souffle, sans vomir.

    Elle pose un blanc avant d'observer son camarade.

    « Il est d'accord. Que je coupe.
    - Va falloir creuser, là.
    - Pas qu'un peu, il a l'air de se terrer. Des informations ?
    - Un ébéniste bossant sur un chantier naval a vu du matériel militaire sortir d'un bateau sans pavillon.
    - Hm ?
    - Les bateaux qui veulent rester incognito, c'est pas rare ici.
    - Mais du matériel, ça aguiche.
    - Tout a disparu depuis.
    - Des envieux ?
    - Non, mais ça parle. Il y a aussi l'apothicaire et cabinet du Médecin Jilius, qui est un peu plus au nord du littoral, qui a fermé depuis quelques jours, on ne sait pas pourquoi. Des fois qu'il est parti se réapprovisionner dans les forêts...
    - Ou si notre homme s'est bien enfilé des substances, ou qu'il était blessé durant la fuite, avoir besoin de soin...
    - Qui sait.
    - Hm. »

    Je croise mes bras sous mon torse, laissant le silence prendre de la place pour réfléchir. Il faudrait peut-être aller sur les deux lieux et commencer à chercher des éventuelles traces. Si ça coïncide.

    Je finis par observer Dosian.

    « Des anciens soldats, ici ? Des fois qu'ils finissent dans ses filets pour les diriger et assurer sa couverture. Tu sais, de l'argent, un peu de bagou, et son autorité naturelle si attachante... »

    Si c'est ça, aller les chercher pour leurs poser quelques questions avec des plumes et des huiles, avant de leurs écarter une mèche de cheveux tendrement derrière l'oreille.

    Pour mieux arracher des réponses.    
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    Pancrace Dosian
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  • Mer 21 Aoû 2024 - 17:50

    L’ambiance va pas être au beau fixe, mais c’est la vie : on choisit pas le goût de la merde qu’on doit bouffer, juste son assaisonnement. Le colosse à côté de moi décide évidemment pas d’abandonner pour rentrer sur son caillou moisi dans sa forteresse maudite et dégénérée, ce qui est logique vu qu’il est un Limier, donc faut faire avec. Y’a au moins un bon côté à tout ça : les gens sont rarement autant chafouins quand ils savent qu’ils risquent une sanction physique assez immédiate que je semble, de prime abord, moins susceptible d’apporter.

    Quoique, même au second coup d’œil, ses poignets ont l’air de faire la taille de mes cuisses, donc le choix semble logique. C’est juste plus difficile d’avoir l’air aimable et de devenir un bon pote quand on est bleu et qu’on peut déchirer sa chemise en contractant le biceps. J’suppose qu’il a développé ses talents d’interrogateur dans une autre direction, de préférence pas uniquement basée sur des outils de bricolage insérés à des endroits incongrus, à savoir pas du bois.

    J’ai bien envie de dire que j’compense en étant plus vicieux, mais pour l’avoir vu à l’œuvre, c’est même pas garanti.

    Au moins, j’ai un joli minois.

    L’informatrice crache pas mal de choses, c’est un peu la gazette des petites annonces, par contre, et la plupart des trucs qu’elle nous donne sont probablement des trucs un peu faisandés ou qui mènent à rien. J’espère juste qu’elle a pas pour objectif de m’envoyer cueillir des fraises et qu’elle bosse pour Carrérond en parallèle. Ça serait très emmerdant, pasque j’manque singulièrement de contacts sur place. Et, autant y’avait moyen de faire quelque chose avant l’attaque de Kaizoku, autant l’absence d’implication de la République dans la reconstruction a pas dû la rendre plus sympathique aux yeux des locaux.

    Déjà qu’ils pouvaient pas vraiment nous blairer, c’est dire.

    « Du coup, t’as rien de concret sur lui ? »

    Elle baisse les yeux sur ses mains. Puis les relève sur nous deux tour à tour.

    « Non, désolée.
    - Tant pis, merci quand même. Si tu trouves quelque chose, tu sauras me contacter ?
    - Hé, c’est pas parce que j’ai rien sur Carrérond que je suis nulle à mon travail !
    - J’espère bien. »

    La bourse de pièces glisse vers son côté, elle l’empoche après en avoir négligemment vérifié le contenu, puis se lève et repart. Son verre est vide, et on déborde pas de petits secrets à examiner. J’me tourne vers Kieran en haussant les épaules.

    « Le matériel militaire, ça me semble pas coller. Carrérond est en fuite, c’est pas pour faire du grabuge et monter une bande de mercenaires ou de pirates. Ou alors je le jauge carrément mal, et il fait ça pour se filer une assurance. Ça serait un sacré changement de carrière, quand même. »

    D’un autre côté, on le voyait pas non plus tuer sauvagement tout un tas de gens avant de disparaître sans mot dire. Donc est-ce qu’on le connaissait réellement ? La question est ouverte. Puis s’il se met à monter une petite affaire illégale, ça va devenir bien plus délicat de le ramener discrètement sur le continent pour que les huiles lui posent des questions histoire de capter pourquoi il a fait ce qu’il a fait. Même avec le Limier, faudra repasser par le continent pour récupérer des renforts et lui retomber dessus. Et s’il se fait encore la malle entre-temps, ça compliquera d’autant les choses.

    « Pour ce qui est de l’apothicaire, j’pense pas qu’il soit le seul blessé un peu douteux de l’île, surtout que nos informations faisaient pas état de problèmes physiques. D’un autre côté, c’est vrai qu’il pourrait ressortir de produits un peu louches qui l’auraient rendu complètement zinzin au point de le plonger dans une folie meurtrière. Puis on sait pas ce qui lui est arrivé sur le trajet. »

    J’retourne mon verre sur la table pour pas avoir la tentation de recommander, surtout que c’est le bon moment pour avoir les idées claires et pas finir comme Carrérond.

    « Restent les soldats qui se rassemblent. Pour moi, ça va direct avec la première information qu’on a eue : des hommes, du matos, tout ce qu’il faut pour grossir une activité existante ou en lancer une nouvelle. Et c’est sûr que Carrérond devrait pas avoir trop de mal à s’attirer les faveurs de quelques personnes, étant donné qu’il avait bonne réputation. »

    J’contemple les options, j’essaie de voir si Kieran a une option qui le botte davantage qu’une autre, mais il a l’air content pour l’instant de se contenter de me suivre. Un instant, j’me demande si en réalité, il est pas en train d’enquêter sur moi. Ça serait pas la première fois que les gens viendraient foutre le nez dans mes affaires, après tout, vu que c’est ce qui m’a valu ma rétrogradation, mais j’me tiens plutôt bien depuis, donc à moins que le dossier ait subi une forme de lenteur administrative, c’est peu probable. Nan, vraiment, je pense pas.

    Mais on va faire gaffe quand même, du coup.

    « Au final, je pense qu’on peut commencer par le toubib. Ça fera une bonne première piste en douceur, la frangine nous dégotera p’tet quelque chose d’ici là si on trouve rien, et ça évite de se confronter directement à quelque chose d’un peu plus gros qui a potentiellement aucun rapport. Bref, y’a moyen de fermer une piste relativement rapidement. Ça te va ? »

    Ça lui va, donc on enchaîne.

    ****

    Il nous faut une bonne heure pour trouver et nous rendre au cabinet du dénommé Jilius. On a d’abord dû affronter les ruines de l’île, tous les détritus dont personne voulait, jusqu’à arriver dans une nature écorchée par l’éruption et qui commence à peine à s’en remettre. Un peu d’herbe qui s’accroche, des oiseaux qui volent à la recherche de poiscailles ou d’insectes, pour ce que j’en sais, et des routes dans un état lamentable. Coup de bol, il a pas plu des masses récemment, donc on patauge pas dans la boue, contrairement à Liberty, ironie du sort. Par contre, c’est plein de crevasses, qui nous dérangent pas vu qu’on est à pied.

    J’ai beau marcher d’un pas vif, j’dois faire deux enjambées pour une du Limier, ce qui me met pas particulièrement de bonne humeur : j’apprécie pas trop avoir l’impression de courir derrière mon daron. Mais s’il veut partir devant, il a qu’à le faire, c’est pas mon problème. Le cabinet tient davantage du petit cottage de campagne qu’autre chose, et j’me dis que les affaires doivent être plutôt bonnes. Toutes les portes et les volets sont fermés, pourtant. Y’a un potager devant, un truc plein d’herbes probablement médicinales sur le côté, et rien d’autre autour. Un coup de senseur dévoile même pas de piège, et j’me dis que c’est une bonne situation, apothicaire, sur une île où la majorité des pirates doivent avoir du mal à trouver un médecin fiable.

    Autant dire que sans rien faire d’illégal, il doit vivre la belle vie.

    L’écholocalisation me renvoie la présence de deux personnes dans la baraque, et c’est fini les blagues et la chicane.

    « ‘Sont deux, j’sais pas qui exactement, une personne qui bouge pas et une autre. J’propose qu’on entre ? »

    Evidemment, c’est fermé à clé, mais j’suis sûr que Ryven a du matos pour entrer subtilement. Faudra juste qu’il se mette à quatre pattes et de profil pour passer la porte. Ça serait marrant que la hauteur sous plafond soit pas terrible, tiens.
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    Kieran Ryven
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  • Mar 17 Sep 2024 - 17:03
    On piétine.

    Mais, rien d'étonnant.

    Je n'étais pas parti tête la première que nous allions trouver la localisation de notre cible alors que ça fait dix minutes que nous sommes dans les parages. Pas dit qu'il soit encore ici, mais les gens qui bougent laissent systématiquement des traces. Audibles, physiques, olfactives, l'homme qui bouge laisse forcément un espace dans son environnement lorsqu'il quitte les lieux. Écoutant mes deux nouvelles rencontres, le dos de mon doigt caresse le menton, pensif à tout ce qu'on vient de collecter. C'est-à-dire, pas grand chose. Un radis au milieu d'une salade.

    J'opine doucement de la tête. Il a raison. Quand on est un fugitif, la première réflexion n'est pas d'organiser toute une logistique jusqu'à Kaizoku. L'île est suffisamment équipée pour se servir dedans, et s'il voulait faire de la vente, c'est pas encore le moment. Pour l'heure, il doit garder ses fesses bien terrées dans le coin, attendant patiemment que ce qu'il le traque laisse tomber. Pas de chance, il est tombé sur nous.

    « Un sacré changement de carrière, tu l'as dit. »

    Mais les hommes gradés, ou de pouvoir, n'aiment pas changer leurs habitudes. L'imaginer avec quelques sbires sous sa botte ne me semble pas incohérent non plus. Plus on creuse, plus on se rend compte que nous sommes à cours de piste, et que le docteur semble être l'endroit idéal pour une première investigation. Je me donne quelques secondes pour aviser Pancrace, et me dit que c'est la deuxième fois qu'on se retrouve ensemble pour un boulot qui exige des réponses. Je me demande ce qu'il vaut là-dedans, et savoir s'il est du genre à décaniller dès le premier souci. Mais je l'ai vu balancer des espèces de projectiles extrêmement dangereux contre l'Avatar d'un Titan et ses deux hippocampes. Je suis fort, mais certainement pas autant que lui.  

    Alors, on avance, et on va voir ce Jilius.

    ***

    Marcher dans le coin, c'est comme partir dans la Jungle de sang, sans le panorama dangereux qui va avec, en tout cas beaucoup moins. Remonter jusqu'au lieu de ce médecin demande pas mal d'efforts, ce qui doit expliquer que c'est lui qui fait le voyage jusqu'au patient et pas l'inverse. Ou alors, si c'est le cas, je vois facilement le patient crever avant d'arriver jusqu'à la porte. Battants et fenêtres fermées, ça répond avec le témoignage de la jouvencelle ; il est certainement parti en cueillette.

    Ou alors, en intervention.

    Pancrace ne mettra pas longtemps pour détecter des présences dans la boutique, un pouvoir bien pratique pour débusquer les cibles en prenant l'initiative. Mais, j'ai l'habitude de faire sans, et donc les cibles s'enfuient avec la boule au ventre. La porte est fermée à clé, et la proposition d'entrer me va également. On se toise pendant quelques secondes, et je comprends finalement que c'est à moi d'intervenir. Si la porte est fermée à clef, il n'offre que deux scénarios : une intervention médicale qui demande une concentration maximum, ou deux pillards qui se font plaisir. Les secondes s'égrainent, mon épaule me démange de défoncer la porte, le crochetage me ferait perdre du temps, et vu la gueule de la serrure, la manipulation ferait un cliquetis aussi bruyant qu'un clocher Shoumeïen frappant l'heure du midi. D'un pas feutré, je pose mon oreille sur la porte.

    Avant de souffler de lassitude. Dans les clichés absurdes de la traque, défoncer tout ce qui bouge ne rentre pas dans nos méthodes. Mais, on a nos moments, bien sûr.

    « On va nous ouvrir. » Que je pouffe, en frappant par trois fois la porte.

    Des bruits de bottes s'approchent vers l'entrée. Puis la porte s'entrouvre, une chaînette liée encore au cadre du battant. Finalement, le battant s'ouvre avec un grincement de mauvais augure, et je peux enfin le toiser. Il avait l’air d’avoir été taillé dans du vieux cuir, celui qu’on laisse trop longtemps au soleil. Un nain. La cinquantaine bien passée, avec des rides aussi profondes que les fossés d’une vieille route pavée. Ses cheveux étaient grisonnants, clairsemés et tirés en arrière, comme s’il essayait désespérément de maintenir un semblant de dignité. Mais il n’y avait rien de net chez lui, ni son teint cireux, ni ses ongles jaunis, ni même son regard qui ne savait plus trop où se poser. Qui s'écarquille lorsqu'il me voit d'abord, cherchant dans mes yeux une expression joviale à travers mon masque. Et c'est raté pour le coup. Il avise enfin Pancrace, à qui il lui offre une gueule plus avenante.

    « Vous êtes ?
    - Possiblement des problèmes, sauf si vous avez des réponses. On cherche quelqu'un. On peut entrer ? »

    Il me jeta un coup d’œil de haut en bas, un regard morne, celui d’un type qui en a vu d’autres et qui se doute que je n'étais pas là pour un contrôle de routine.

    « Marcus ? Ça te dérange pas si on n'est pas tout seul ?
    - C'vous le chef, Doc. Y'en a pour longtemps ? »

    Il prend un temps d'hésitation. Son visage était marqué par de vieilles lunettes rondes, trop grandes pour son nez en bec de corbin. Elles glissaient constamment vers l’avant, le forçant à les remonter du bout de son doigt – un tic nerveux qui allait finir par le trahir. Mais ce qui attirait vraiment l’attention, c’était ses yeux. Des yeux fatigués, comme s’ils avaient trop vu et trop tolérés, mais qui gardaient une étincelle, la petite lueur d’un type qui se fiche de tout, mais qui sait exactement ce qu’il fait.

    « Évite les requins pour la prochaine fois, si tu veux mon avis. Messieurs, entrez. »  

    Me pencher pour entrer relève d'un défi physique. Au centre, une table en cuir qui nous offre la vue d'un pirate qui a perdu sa jambe, le moignon posé sur un socle en métal qui la surélève légèrement pour son chirurgien. Un pirate mutilé parmi des centaines d'autres. Comme si de rien était, il nous fait un salut marin, tandis que le toubib poursuit son intervention, à savoir faire des ligatures au membre amputé.

    « Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Drakyn, si j'étais vous, je m'assiérais. »

    Il a raison. Je trouve sans mal un tabouret qui peut supporter mon poids, enfin, je crois.

    « Il paraît que vous étiez absent quelques jours.
    - Cela même. Mes plantations ne suffisent pas, je dois partir en expédition.
    - Malgré votre âge ? Vous n'envoyez personne ?
    - Des habitants de Kaizoku ? Vous me prenez pour qui ? »

    Marcus se marre avant de grogner de douleur. Je pris une grande inspiration, et l’air de la pièce me frappa en pleine face comme un mur de fumée épaisse. Mon flair capta tout ce qui traînait dans cette salle, une véritable pharmacie clandestine à ciel ouvert. Chaque bouffée était un cocktail, un mélange bien dosé d’arômes et de poisons.

    « D’abord, l’opium. Le genre de parfum qui enveloppe un corps avant même qu’il touche le matelas. De la belladone, ensuite, le pavot. Une odeur métallique, mêlée à la sueur. Pas un truc qu’on capte d’habitude, mais ici, ça suinte des murs.
    - Pour anesthésier les douleurs. Qu'il me coupe.
    - Naturellement. »

    Je commence à me craquer les doigts, sinistre.

    « Et puis, l’aconit. Discrète, presque imperceptible, mais je la connais. L’odeur de la mort en veille. »

    Puis il y avait ce truc épicé, plus subtil, mais suffisamment distinct pour me faire froncer les sourcils.

    « Oh. De la jusquiame, peut-être ?
    - Calomnies.
    - C’est le genre d’odeur qui donne mal à la tête juste en la respirant. Du jus de folie en bouteille, n'est-ce pas. »

    L'ambiance change, et je me redresse, mes cornes tapant le plafond, oubliant que j'étais dans le trou d'un nain.

    « Et là, en fond, quelque chose de terreux, humide, qui colle à la gorge. De la mandragore. Rien de bon ne vient de cette racine-là. Si tu joues avec, t’as intérêt à connaître la danse, sinon elle te tire sous terre avec elle.
    - Qu'est-ce que vous voulez.
    - Des réponses, le vieux. Ou j'explose cette droguerie. »

    Ses mâchoires se crispent, il termine rapidement sa couture avant de lancer à un regard à son patient, qui turbine pour enfiler sa prothèse - une jambe de bois - puis ses béquilles, pour détaler en se manquant plusieurs fois de se casser la figure, avant de fermer la porte.

    « Je ne suis pas là pour que vous m'expliquiez comment en plus d'être apothicaire vous êtes passeur de drogues et de poisons. Je veux savoir si un client particulier est venu chez vous récemment. »

    Je laisse un regard à Pancrace qui dégaine le portrait. De sa hauteur, il tend le bras vers le haut, légèrement sur la pointe du pied pour saisir le document. Le visage sur le reflet de ses verres, il prend un ton grave avant de le redonner, nonchalant, avant de se rapprocher de son bureau, tirer un tiroir pour extraire une bouteille de rhum qu'il verse dans un verre en bois.

    « "Raymond". C'est comme ça qu'il est arrivé.
    - Il voulait quoi.
    - La totale.
    - Développez. »

    Je lui ai laissé un peu de silence, le genre qui appuie là où ça fait mal, et ça a fonctionné. Il s’est mis à parler, lentement, comme quelqu’un qui mesure chaque mot pour ne pas se planter.

    « Il est venu ici, c’est vrai. Mais pas pour ce que vous croyez. Il était pas là pour se soigner, non. Il avait l’air en forme, nerveux, mais en forme. »

    Une pause. Il joue avec ses lunettes, comme s’il tentait de les remettre en place, mais c’était surtout pour gagner du temps.

    « Il avait quelque chose sur lui… un paquet, un truc que je n’ai pas cherché à ouvrir. Des gens comme lui, on les interroge pas. On fait juste ce qu’on nous demande, et on reste vivant. Il a pris la plupart de mon stock et il s'est en aller.
    - Où ?
    -  Aucune idée … Il m’a dit qu’il serait peut-être de retour, qu’il avait une affaire à régler, mais il n'a pas précisé quoi. Juste que ça allait être rapide, et qu’il aurait peut-être besoin de mes "services", si les choses tournaient mal. Il a prit la route vers le Nord de l'île.
    - Hm. »

    Je finis par fixer Dosian, avant de m'asseoir de nouveau, tendre mes jambes, croisant les bras sous mon torse. Réfléchissant également à mes prochaines questions, remuant l'investigation pour y chercher des imperfections, des failles dans lesquelles on peut plonger. Et laisser à notre Officier le soin de poser les siennes. On travaille ensemble, non ?
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  • Ven 4 Oct 2024 - 19:07

    Le numéro du renifleur, y’a pas à dire, c’est toujours impressionnant, quand c’est utilisé à bon escient. C’est-à-dire pas pour deviner qui baise qui, dans quelle pièce, à quelle heure et dans quelles circonstances. Lui, vaut p’tet mieux pas renifler ses chaussettes, après tout : au Razkaal, ça doit pas être la fête tous les jours, et faut bien se détendre comme on peut après une dure journée à torturer les petits détenus qui attendent impatiemment qu’une seule chose : de crever.

    D’un autre côté, c’est comme ça qu’ils payent les erreurs qu’ils ont faites, on va pas lâcher une larme non plus.

    Et comme, visiblement, c’est mon tour de poser ma batterie de questions, j’me creuse la tête. Y’a rien de bien évident, mais toute cette histoire est quand même un peu bizarre : autant j’ai pas de doute à croire qu’il allait bien, le commissaire, autant pourquoi il aurait braqué une pharmacie ? Est-ce que ça, ça fait sens ? Il compte revendre la came ? S’en servir pour marchander un truc ? Pas la moindre idée de quoi faire de cette information, mais j’suppose que ça nous servira à comprendre la pièce manquante du casse-tête.

    « Vous dites qu’il avait l’air en forme, mais nerveux. Vous pouvez élaborer ? »

    Il hausse les épaules. J’pense qu’il sait pas trop non plus par quel bout prendre la question.

    « La mine fatiguée, ses yeux allaient toujours en direction des fenêtres et de la porte. A vue de nez, je dirais qu’il avait peur d’être poursuivi. Il n’avait pas forcément tort, à vous voir ici.
    - Pas faux.
    - Il a demandé mon stock, et m’a fait comprendre que je ne pouvais pas refuser. Donc j’ai tout donné et... j’ai dû retourner à la recherche des herbes nécessaires pour continuer à travailler.
    - Hmm... »

    Jusque-là, y’a rien à dire de particulier.

    « Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il est parti vers le nord ?
    - C’est la route qu’il a prise, on la voit de la fenêtre, là, qu’il répond en pointant du doigt.
    - Et elle va que vers le nord ? »

    Il me regarde comme si j’étais le dernier des connards.

    « Evidemment qu’il peut avoir quitté la route hors de vision de ma maison. Je dis juste que ce chemin va vers le nord. Après, ce qu’il pourrait y faire...
    - Et il a dit qu’il reviendrait peut-être ?
    - C’est ça. »

    Probablement une menace pour s’assurer que y’ait pas de débordements, j’suppose ?

    « Et c’était y’a combien de jours ?
    - Trois... quatre. C’était au milieu de la nuit.
    - Et il n’est donc pas revenu... »

    Comme c’était pas une question, il répond pas.

    « J’pense qu’on a tout ce qu’on voulait. On reviendra si on s’est fait enfumer.
    - Je n’en doute pas une seule seconde. Si vous voulez bien ? »

    C’est pas trop la peine de faire des menaces supplémentaires, vu que le siège sur lequel Kieran est installé vient de lâcher un craquement un peu triste. La mine dépitée du toubib montre bien ce qu’il en pense. J’prends plaisir à me redresser de toute ma hauteur pendant que le Limier est plié en deux, et si mes cheveux frôlent un peu le plafond, lui doit carrément se tenir plié en deux, ce qui est, je dois bien l’admettre, un petit peu rigolo. On trouve le bonheur là où on peut, et j’espère que le prochain, ce sera quand je décollerai de l’île avec mon coupable pendant qu’il marchera encore dans les champs de canne à sucre.

    On s’attarde pas à faire des ronds-de-jambe pour partir, et on trouve le chemin de la sortie sans avoir besoin de son aide, laissant le pirate à ses soins, et le chirurgien de fortune à ses petits mélanges. Moi, j’suis pas là pour empêcher le petit commerçant de cultiver dans son jardin et de faire des assemblages originaux, après tout. C’est clairement pas la mission que l’Office m’a refilée, et si la République en avait quelque chose à foutre de Kaizoku, l’île serait probablement davantage reconstruite que ça. Et je doute que des criminels de droit commun comme ça intéressent notre Limier national.

    J’me tourne vers Kieran.

    « Bon, on a deux choix. Soit on reste en planque ici, et on attend de voir s’il redescend. Soit on va voir ce qu’il y a au nord. De mémoire, c’était pas grand-chose à part une collection un peu moche de villages de pêcheurs nuls, avec l’anse occasionnelle pour faire un peu de contrebande, mais l’éruption a p’tet amélioré un peu le paysage. J’sais pas à quel point toi tu le connais ? »

    Mais ça lui évoque pas grand-chose, visiblement, les campagnes environnantes loin de la cité principale. Et, de toute façon, on va pas rester assis sur nos pouces à papoter au coin du feu, surtout vu la qualité de sa conversation. Donc il faut pas bien longtemps avant qu’on décide de reprendre notre route, cette fois vers le nord de l’île. Si le toubib nous a menti ou que Raymond est parti dans une autre direction, il sera toujours temps d’aviser sur une des autres pistes que l’informatrice nous a fournies. Et si un inconnu sur l’île commence à écouler un stock de drogue artisanale, là aussi, ça nous fera un écheveau à dévider.

    L’un dans l’autre, ça coûte rien d’aller voir, donc c’est ce qu’on va faire.

    ****

    On enquille la route en silence. Moi, je sais pas quoi lui raconter qui serait pas désagréable, donc je ferme ma gueule. De toute façon, il a pas trop l’air porté sur la parlotte, même pour faire semblant d’avoir l’air sympa. J’suppose que c’est pas trop des talents qu’on est amené à développer quand on bosse au Razkaal. J’essaie de pas penser à la Princesse, et j’me concentre plutôt sur ce dont j’me souviens à propos de Raymond, de comment on va le chopper, et de la façon dont je vais fausser compagnie à mon grand ami bleu.

    Quelques heures plus tard, on arrive à un village côtier, le genre de hameau amélioré de pêcheurs qui se lèvent à trois heures du mat’ pour jeter des filets et des lignes, puis rentrent bouffer des soles, des thons y compris leurs femmes, et vendre le reste à la criée ou à la ville la plus proche, qui est même pas forcément Kaizoku. J’suppose que les plus courageux partent plus longtemps qu’une nuit pour décharger sur le continent, voire trouver des baleines ou que sais-je. J’en ai pas grand-chose à foutre.

    Le bon côté de tout ça, c’est qu’avec l’heure tardive... ou matinale ? Ils sont tous en train de sortir de leurs huttes, harpons et filets sur l’épaule, pour se diriger vers leurs barcasses moisies. On se dirige vers le premier qu’on avise, et il nous regarde avec un air inquiet tout en raffermissant sa prise sur son arme. La taille de Kieran attire aussi l’attention des autres, qui commencent à se rapprocher avec l’air de dire que si on cherche la bagarre, on va la trouver. J’fais un sourire amical.

    « Holà, holà. Ca va ? »

    J’reçois de vagues grognements en réponse. ‘Sont pas du matin, visiblement, les gonzes ?

    « On se demandait si vous aviez vu passer un type qui ressemble à ça dans le coin, récemment ? »

    J’montre le parchemin avec la trogne de Carrérond dessus. Puis j’agite une bourse remplie de menue monnaie qui émettent le clinquement de la bonne humeur.

    « Récompense à la clé, évidemment, on n’est pas des sauvages. »
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  • Dim 13 Oct 2024 - 13:04
    « Ça fait treize ans que je n'y ai pas foutu les pieds. »

    Si ça peut donner une idée de ma capacité à reconnaître l'île, et je ne pense pas que Pancrace soit le castor le moins affuté du barrage. Carrérond a laissé ses traces ici, c’est sûr, même si ça pue l'embrouille. Le médecin nous dit qu'il était en forme, mais tendu, comme un type qui sait qu'il est suivi. Il passait son temps à scruter les fenêtres, la porte, guettant le moindre mouvement. Un gars qui a la trouille, c’est jamais bon signe, surtout à son niveau.

    Ce qui me turlupine, c'est le braquage. Il a forcé le médecin à lui filer tout son stock de drogues et d’herbes. Pourquoi un divisionnaire s’abaisserait à ça ? Soigner quelque chose, troquer du matériel contre des informations, ou peut-être qu'il est juste en manque de quelque chose. En tout cas, ce n'est pas anodin.

    D'après le médecin, il a pris la route vers le nord. Là-bas, c’est des villages de pêcheurs, des anses idéales pour la contrebande. Si Carrérond cherche à se faire oublier, c'est l’endroit parfait. Ça fait donc trois ou quatre jours qu'il est parti, en pleine nuit. Il a aussi laissé entendre qu’il pourrait revenir, histoire de garder notre nain sous contrôle.

    La piste du nord, ce n'est pas grand-chose, mais c’est mieux que de rester planté là. On va aller voir de quoi il retourne.

    ***

    On a pris la route en silence, Pancrace et moi. Ça m’allait bien, je ne suis pas du genre à causer pour combler les trous. Lui non plus, apparemment. Je marche, je pense. À quoi ? À ce qu’on va trouver en bout de piste, à Carrérond, à comment tout ça va finir. Et puis, sans le vouloir, je me mets à cogiter sur Pancrace. On a bossé ensemble deux fois, mais au fond, je ne le connais pas vraiment. Juste un type qui fait son boulot, un OR qui joue la carte du détachement, mais ça ne veut pas dire qu’il est aussi tranquille qu’il le montre. Y’a toujours un truc derrière les façades, toujours. Il marche à côté de moi, le regard dans le vide, sûrement en train de réfléchir lui aussi. Peut-être qu’il se pose des questions sur moi, peut-être pas. Quelque chose me dit qu'il fait clairement fausse route me concernant, que les évènements nous ont toujours séparés dans nos besognes respectives et que c'est surement le fossé de nos métiers qui doit faire une différence notable.

    Je suis du Razkaal, tout le monde se méfie du Razkaal.

    On a choisi nos carrières, c'est pour cela qu'on rejette probablement celle de l'autre. Un peu idiot et enfantin pour le coup, mais c'est propre aux corps différents de l'armée, et pire, ceux qui ont des patrons différents, et donc peuvent envoyer l'autre bouler sans représailles hiérarchiques. Qu'est-ce que le garde des sceaux peut bien en avoir à quelque chose à secouer de me faire enquiquiner par un OR ?

    Les collines défilent, la poussière s’infiltre dans nos godasses, et toujours pas un mot. Pourtant, j’ai cette drôle de sensation dans le crâne. Comme si, malgré le silence, y’avait quelque chose à dire. Pas que nous devions devenir amis, loin de là. Mais sur une affaire comme celle-ci, il est toujours bon de savoir à quoi s’en tenir. A quel moment, il va enfin montrer ses vraies couleurs.

    Et puis on arrive au village. Un trou paumé en bord de mer, des pêcheurs qui nous regardent de travers.

    La routine, en somme.

    Dosian tire son parchemin, leur montre le visage de Carrérond comme si c’était le portrait d’un vieil ami perdu. Ça les calme un peu, mais pas trop. Quand il secoue la bourse pleine de pièces, j’entends le clinquement qui résonne dans l’air frais du matin. Ça, ça parle à tout le monde, et là, je vois les regards changer, se faire plus attentifs. Pancrace sait exactement comment appâter ces types. Et moi, je me tiens là, les bras croisés, observant la scène, me disant que, malgré son attitude de vieux renard, il s’y connaît pour parler aux gens. Il joue à l’enquêteur détendu, mais sous le sourire, il est aussi froid qu’une lame.

    Évidemment, un énorme silence. Les gens s'approchent, pour aviser en détail le merveilleux coup de crayon sur le papelard. Je note aussi les mouvements discrets des autres pêcheurs, ceux qui raffermissent leur prise sur leurs outils, au cas où ça tournerait mal. Mais Pancrace garde son calme. Moi, je suis là en arrière-plan, prêt à intervenir si ça dégénère. Un homme s'avance, faisant chuinter une lime à bois. Chauve, une balafre sur le crâne, habillé de braies rayées rouge et blanc. Enfin, quelque chose qui dit que ça devait être blanc, avant.  

    « On peut aussi s'occuper de vous, et prendre l'argent.
    - Et vous battre ensuite pour partager, si vous arrivez à nous refroidir. Et après, c'est quoi ? Dix personnes mortes pour quelques pièces d'argent ? »

    Tout le monde se toise, comme si d'un coup, chaque personne pouvait effectivement être le traitre de l'autre. Rah, bienvenue à Kaizoku. Il crache par terre, résigné.

    « Je le connais pas votre loustic.
    - D'autres ? »

    J'extirpe également un peu d'argent de ma besace. Ca commence à s'agglutiner davantage, et ainsi comme un brouhaha d'informations difficiles à récolter, la plupart qui n'ont rien à avoir avec Carrérond. Tout pour essayer d'avoir une pièce ; un coup Raymond est un jeune voleur, puis une femme de joie, puis un oncle emmerdant qui doit du fric, un hybride Homard, un cousin Reikois, un Shouméïen réfugié qui n'est finalement pas Shoumeïen, et même un  pirate. Puis un "taisez-vous" vient couvrir tout le monde, et les silhouettes se dispersent pour nous montrer un triton d'âge mûr, posant son filet de pêche plein sur une caisse. Habillé un peu mieux que d'autres, ajustant un tricorne abîmé et mordant dans une pipe si longue qu'elle pourrait servir de barreau de chaise.

    « Un homme a été tué y'a deux jours. On l'appelait "le bidon", pour des raisons évidentes. Qu'il termine en faisant un rond avec les bras, devant son ventre.
    - Où. Et comment.
    - Dans un entrepôt qui contient du matériel de pêche. A la bâtisse que vous pouvez voir, juste là-bas. Il se disputait avec un type. C'était le mec de votre dessin.
    - Vous étiez là ?
    - Oui.
    - Et vous n'avez rien fait.
    - Effectivement. Ce type était... Terrifiant. » Qu'il avoue, sans me regarder dans les yeux.

    Je m'approche doucement dans sa direction, les gens se séparent comme si j'étais une frégate fendant l'océan. Mais, pas d'intimidations cette fois. Parce que je sais voir un homme qui a peur, qui n'a rien demandé, quand j'en vois un. Ma voix tombe d'une octave, comme un murmure amical qui ne veut pas brusquer.  

    « Vous avez entendu quelque chose ? »
    - Ils parlaient de l'achat d'une chaloupe et d'un espace pour dissimuler de la marchandise. Le mec m'a vu, et pensé que Bidon m'avait envoyé en témoin, c'est monté en pression, j'ai réussi à me cacher, et j'ai vu... Merde. C'était pas joli.
    - Du genre ?
    - Du genre que ses yeux ont changé de couleurs, et d'un geste du bras, une lame d'air a tranché not' bidon national, ses tripes sont tombées comme une cascade de viandes. Il m'a ensuite traqué, mais, je suis un triton, personne peut me chercher une fois à 50 mètres de profondeur. »

    Je croise les bras, pensifs.

    « On peut aller à cet entrepôt ?
    - C'était à Bidon. Il est déjà sur place, si vous voulez lui demander.  
    - Aucun brave pour honorer ses funérailles.
    - On préfère rester en vie, désolé.
    - Hm. »  

    Je lui tend son argent, et laisse Pancrace en faire de même, ou se raviser. En approchant de l’entrepôt, une sensation familière de malaise s'insinue dans mon esprit. L’odeur qui flottait dans l’air était un mélange d’algues et de décomposition, et puis évidemment, c’était cette note de fer. Le sang et la chair pourrie. En ouvrant la porte...

    Bidon était là. Dévoré partiellement par des rats et des mouches.

    « Carrérond a l'air d'être un vrai paranoïaque. »

    Tout d'un homme en cavale, persuadé que tout le monde veut sa peau. Il n'a pas peut-être pas tort au final.
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