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Attente...
La Présidente n'était pas patiente. Elle savait son temps précieux et elle même n'avait pas la prétention de pouvoir le gâcher à sa guise. Pour autant, elle savait aller contre son tempérament naturel, contre cette facilité qu'elle pourrait avoir à s'énerver pour le retard d'une de ses subalternes. Car même au sein de cette chair immaculée, battait un cœur, un cœur certes fait de marbre mais ayant aussi ses faiblesses. Contre toute attente, la Dame savait apprécier les choses et les gens, bien qu'elle ne faisait que rarement la distinctions entre ces deux catégories. Méprisante, elle était aussi avant tout une mère qui avait apprit à aimer. Désormais que l'Ange avait quittait son nid, bien qu'encore incapable de marcher la tête haute comme sa génitrice, elle pouvait s'interroger et distribuer son peu d'humanité à d'autres.
Comme à son habitude, elle avait convoqué la Mairesse de Courage. Un oiseau qui faisait le malheurs de beaucoup mais qui avait fait la satisfaction de la Présidente jusqu'ici. Depuis qu'elle avait été placé là, au pouvoir, par les mains habiles et expertes de Mirelda, elle lui avait offert un contrôle certains et grandissant sur sa nation. Les sénateurs pouvaient se perdre en prétention, s'enorgueillir de bâtir les fondations de Demain, ils ne possédaient concrètement que trop peu de pouvoirs face à la toute puissance Goldheart.
Des pions, serviles mais habiles. C'était là les plus grands atouts du réseau tentaculaire que possédait la Matriarche. Un réseau qui compromettait chaque sphère de la République, dépassant même parfois ses frontières. Un Empire du Vice qui ferait pâlir de jalousie le plus vil des Titans.
Mais dans cet échiquier immense, il fallait parfois s'assurer que le pion ne se rebelle pas contre sa Reine. Qu'il ne se sente pas suffisamment en confiance pour croire qu'il était en mesure de prendre les armes impunément. Ainsi, c'était le rôle de la Dirigeante de s'assurer que son armée de l'ombre ne perde jamais son objectif premier. Elle pouvait apprécier les frasques de grandeur du Corbeau, mais à aucun elle moment, elle ne devait s'imaginer que cela ne pourrait être autres choses que des chimères.
Mirelda connaissait parfaitement ces gens ambitieux. Elle s'était construite dans ce milieu compétitif et en était ressortie Grande Championne. Cela n'en serait être autrement, et tant qu'elle serait au pouvoir, elle saurait perpétuellement ce servir des compétences de ses prétendants à son service. Paradoxalement, il n'y avait pas d'ambition sans Mirelda, mais elle était aussi celle qui en définissait les limites. Telle une divinité mortelle, capable de donner aussi bien que de prendre.
Alors elle attendait...
Elle faisait passer devant ses yeux quelques papiers, quelques rapports. Complaisante ? Elle pouvait l'être. Pour autant, elle n'était jamais ignorante. Idiot celui se pensant capable de cacher des choses à Mirelda. Tel un œil omniscient, elle savait que son pouvoir passait avant tout par l'information. Quiconque gérant l'information étant à même de décider de l'avenir lui même. Telle était une des principales raison pour laquelle elle avait convoqué sans lui laisser le choix, sa Mairesse préférée.
En échange d'un morceau d'influence, elle lui avait prêté allégeance, et désormais, elle devait lui rendre des comptes. Il n'y avait pas besoin de se mentir sur leurs relations, même si elle pouvait apprécier le tempérament de l'Exousia, il ne faudrait que d'une déception, un échec de sa part pour s'en débarrasser. Elle exigeait la perfection de ses subalternes, de ses personnes de "confiances". Si Koraki échouait dans le rôle que la Présidente lui avait confié, alors aucun bon sentiment à son égard ne pourrait la sauver de son sort.
Et l'attente commençait à être longue.
- Madame la Présidente, la Mairesse de Courage est arrivée.
Un léger soupir, de satisfaction mais aussi d'ennui. La Matriarche n'affichait cependant rien de plus sur son faciès froid. Elle jaugeait d'un simple regard son employée avant de finalement céder quelques mots.
- Faites la parvenir jusqu'à mon bureau personnellement. Assurez vous qu'elle ne se perde pas davantage. J'ai déjà bien assez attendu.
Car après tout, comment justifier son retard envers la Présidente si ce n'était à travers quelques excuses. Un accident en route, un contretemps imprévu. Qu'importe si le Corbeau devait se perdre en mensonge, il était bien plus prudent de se soumettre ainsi que de simplement afficher sa négligence manifeste. Faire attendre volontairement la Présidente, c'était affichée ouvertement sa position contraire à la sienne. Une erreur que les gens les plus intelligents ne faisaient généralement pas.
CENDRES
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Info personnage
Race: Hybride (Femme/Corbeau)
Vocation: Mage Noire
Alignement: Neutre Mauvais
Rang: D
Message 1
30 Avril de l'An 4 - Palais Présidentiel de Liberty.
Avançant avec précaution et sérénité dans le bureau de la Présidente, une légère tension pouvait se sentir, flottant de manière palpable dans l'air. Ce n'était pas là le genre de considérations capables de faire reculer la Mairesse. Il en avait toujours été ainsi. Le Bureau de Mirelda avait toujours eu cette ambiance et cette lourdeur, s'abatant sur quiconque en pénétrait le sein, le vouant à n'être qu'un pion dans la paume de fer de la dirigeante. Cependant, avec le temps, on en prenait l'habitude et on apprenait à composer tant avec que contre. Ainsi Koraki savait parfaitement comment se comporter en présence de la vieille femme acariâtre. C'était certes une danse délicate, un équilibre subtil entre le respect formel et la distance calculée, mais pour des êtres comme elle, ce n'était pas très difficile. Il suffisait de savoir ce que désirait son hôte et de lui apporter, de la manière qu'elle le souhaitait, à l'heure où elle le souhaitait, au lieu qu'elle souhaitait. C'était aussi simple que cela et pourtant, nombreux étaient ceux à avoir échouer dans ce si facile exercice. C'était ainsi que les faibles et les inutiles disparaissaient de l'entourage présidentielle et que les administrateurs efficaces se démarquaient.
Bien entendu, la Reine des Catins était de ceux-là.
- Madame la Présidente, déclara t-elle en entrant, inclinant légèrement de torse.
Son sourire était poli, bien que teinté d'une ironie discrète marquant son caractère bien trempé. Elle se releva avec une grâce feinte, comme elle l'avait si bien appris de la part de ces professeurs particuliers qu'elle avait engagés, sitôt l'appui de Mirelda obtenue pour sa candidature, 4 années plus tôt. Koraki pouvait à présent s'enorgueillir de bien connaitre Mirelda depuis cette époque. Leurs échanges étaient nombreux, leurs rencontres fréquentes et, avec le temps, peut-être pouvait-on aller jusqu'à prétendre qu'une certaine sympathie c'était noué entre les deux femmes. Bien sûr, cela ne pouvait aller au delà de l'ambition qui les consumaient toutes deux, mais la Mairesse aimait à croire qu'il y'avait quelque chose d'un peu plus tangible avec sa la dirigeante de la République autre qu'un vague lien de subordination. Certes, il n'était pas exclue qu'elle se fourvoie de la plus pure des façon, mais jusqu'à présent, rien n'avait été contredire ce sentiment. Cela faisait longtemps qu'elle avait appris à naviguer dans les eaux troubles de la politique, la présidente à ses côtés. Elles avaient des intérêts communs, mais aussi des différences marquées dans leur approche des choses. Cependant, la Grande Putain était prête à jouer le jeu, à se plier aux règles fixées par une autre, dans le bût d'obtenir ce qu'elle désirait. Et jusqu' à présent, elle avait obtenue satisfaction. Pourquoi les choses devraient-elle changer ?
L'impatience et de la colère qui animaient le visage de la Présidente Mirelda serait une réponse appropriée. Même un être privé de la vue ne pourrait l'ignorer, tant les sentiments de la vieille femme pouvait s'appesantir dans l'atmosphère et oppresser les pauvres âmes qui y pénétraient.
Cependant, au lieu de réagir par la peur ou de montrer son étonnement, la nouvelle arrivante resta parfaitement calme et confiante. Elle ignorait encore les raisons de la froide colère de son hôte et savait très bien qu'elle n'avait rien à se reprocher. Son regard se tourna vers l'horloge attenante au mur droit. Sortant une montre à gousset de sa poche, Koraki la consulta brièvement, puis jeta un nouveau coup d'œil vers la droite, résultant un léger froncement de sourcils. Aussitôt sa main s'agrippa t-elle au domestique qui l'avait mené jusqu'ici, le retenant d'une poigne ferme et inflexible, exigeant sa propre montre. Il obtempéra, non sans jeter un regard étonné à son employeuse. La Catin l' observa brièvement, puis esquissa un sourire, comprenant ce qui responsable du trouble qui s'emparait de la Présidente.
- Vos domestiques ne font pas efficacement leur travail, Madame la Présidente. Votre horloge affiche un retard de 8 minutes.
Les dites 8 minutes qu'avait attendue la dirigeante. A l'heure de la diplomatie et de la politique, surtout quand il s'agissait de la Présidente, c'était une faute en tout point impardonnable. C'était le genre d'erreur qui n'arrivait pas au sein du palais municipal de Courage. Peut-être les rumeurs étaient-elles vraies ? Peut-être la grande, puissante et orgueilleuse Mirelda Goldheart c'était-elle amollie avec le temps ? Quelque chose dans le regard de la Présidente hurlait le contraire, arrachant un sourire tendre et admiratif à la Mairesse. Ô que non, la vieille était toujours là et plus présentes que jamais ! Cette réunion promettait d'être des plus ... Distrayante. Enrichissante, serait peut-être le terme le plus approprié. Cependant, une chose était clair : il allait falloir renouveler le personnel qui, lui, c'était assoupi.
- Comme vous le l'avez demandé, voici le rapport concernant l'affaire Phtonia. Déclara t-elle en posant la liasse de document sur le bureau, devant la vieille femme, puis de reculer de trois pas et de croiser ses mains devant elle, restant debout. Après tout, si elle avait suivi personnellement cette affaire, allant jusqu'à s'installer dans les jardins de la villa consulaire durant la totalité des évènements, ce n'était certainement pas par curiosité malsaine. Pas uniquement. C'était également sur les ordres de la Présidente. J'ai prit la liberté d'y adjoindre les rapports du SCAR sur mademoiselle d'Oreithye, ainsi que les miens propres. L'avantage d'être liée à la Pègre, c'est que l'on pouvait obtenir des informations échappant aux services plus "officiels". Elle n'attends plus que votre aval pour prendre la place désormais vacante de Sénatrice. Et puis ce que l'on parlait justement de l'auguste assemblée ... Le Sénat c'est prononcé cet après-midi et à acté la destitution de Phtonia. Le temps que la procédure suive son cours, un nouveau vote de confiance devrait avoir lieu d'ici à juillet. Comment désirez-vous procéder ?
Et question subsidiaire, comment Mirelda souhaitait-elle que cette affaire soit commentée dans la presse ? L'Hebdo Républicain, sous la direction de Koraki, n'attendait plus que les "Conseils Particuliers de la Maison Bleue", comme ils étaient appelés, avant que les copistes ne se mettent au travail.
Donner les informations, attendre l'avis de la matriarche, réagir à ses propos. Telle était la façon dont avait toujours fonctionné le couple Exousia/Goldheart. Son regard, toutefois, ne laissait aucun doute sur le fait qu'elle était loin d'être dupe des jeux politiques qui se jouaient dans ce bureau. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait ainsi confronté à une Présidente de mauvaise humeur et, il fallait bien l'avouer, d'une légère mauvaise foi. Seulement, telles étaient les règles du jeu. Lorsque l'on se confrontait à un être qui avait littéralement pouvoir de vie et de mort sur autrui, on faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Après tout, courber l'échine ne blessait l'égo. Elles étaient présentes pour discuter de questions importantes, des enjeux qui touchaient profondément la République, et l'une comme l'autre étaient déterminées à faire avancer leurs intérêts, peu importe les obstacles. Que ces intérêts corrèlent avec ceux de la République, cela, c'était une toute autre histoire.
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Amusée... ?
Comme un chat face à une souris. Prédatrice silencieuse, elle observait son invitée se débattre en excuse habile qu'elle lui accorderait volontiers sur l'instant. Tournant légèrement son regard pour fixer l'horloge, il était culotté d'attester ainsi d'une quelconque forme de négligence provenant de la Présidente. Après tout, celle-ci ne laissait rien au hasard et répugnait l'imprévu. Qu'une telle faute soit commise sous sa surveillance, cela était impossible. Mais soit... Koraki avait le mérite d'être une compagnie plaisante pour la Dame, une compagnie qui reflétait sur certains aspects celle qu'elle avait été autrefois. Culottée et impudente mais non sans malice et intelligence pour assumer ce comportement.
- Allons, asseyez-vous avant toute chose.
Naviguant entre la mauvaise humeur et la curiosité, la Matriarche ne manquait cependant pas de rappeler à l'impertinente que c'était elle qui dirigeait, simplement en l'invitant à s’asseoir. Une invitation ? Plutôt une obligation. Les jeux de pouvoir ce jouaient dans les détails et il n'y avait pas plus méticuleuse que la Goldheart ayant guidé sa vie avec une main de fer. Il faudrait un peu plus qu'une rhétorique improvisée pour l'impressionner, mais cela avait eu le mérite de ne pas condamner immédiatement la Mairesse.
De sa main gracieuse, parée de plusieurs bijoux, elle venait à saisir les rapports avant de légèrement les feuilleter. Ce qui était dit, elle le savait sans doute déjà. Et ce qu'elle ne savait pas, elle l'avait sans doute déjà théorisé. Les politiciens étaient tels des serpents se mangeant la queue, se trouvant toujours un moyen de se blesser dans leurs ambitions. L'affaire Phtonia n'était qu'un exemple parmi tant d'autre. Dire que la Dame respecter cette femme était un mensonge, mais elle avait eu le mérite d'attirer son attention pendant quelques temps.
Le parcours des deux femmes pouvaient impressionner, mais l'une s'était perdue au passage, alors que l'autre trônait désormais au sommet de ce monde. L'une avait cédé à la facilité en trahissant la République, l'autre l'avait transformé à son image. Pour autant, pourquoi convoquer l'Exousia dans son bureau ? Car elle aussi était une femme ambitieuse qui avait réussi à se frayer un chemin dans la cours des grands. Désormais, il fallait qu'elle choisisse qu'elle finalité elle voulait pour ses ambitions.
Être une Mirelda ou une Phtonia.
- Vous me connaissez Koraki. Je ne suis pas du genre à me précipiter dès qu'une opportunité s'offre à moi.
Un nouveau rappel, une nouvelle leçon. Saisir le plaisir à court terme pouvait coûter l'échec sur le long terme. La destitution de Phtonia rabattait quelques cartes au Sénat. Évidemment cela avait pu l'agacer aux premiers abords, mais à l'image de ses jeunes années, la Présidente n'était pas du genre à mettre ses œufs dans le même panier. Ayant une main à peu près dans chaque domaine, dans chaque département constituant la République, il était difficile d'imaginer qu'elle n'allait pas trouver une manière de retourner cela à son avantage.
Quitte à jeter quelques personnes dans la gueule du requin au passage. Ainsi était la démocratie sous le régime Goldheart. Mais Koraki ? Non... Elle était plus précieuse que les autres tant qu'elle se savait fidèle à Mirelda.
- D'autant qu'il n'est pas rare qu'une possibilité en cache une autre.
Léger sourire en coin, la Mirelda qui menaçait d’exécuter l'ensemble de son personnel quelques minutes auparavant n'était désormais plus là face à la myriade d'idée qui émergeait à nouveau dans son esprit rodé.
- Évidemment nous allons condamner ses actes publiquement et nous la soumettrons aux jugements populaires. Le peuple doit comprendre que le venin de ceux qui cherchent à renverser la République peut frapper à chaque étage de celle-ci. Et il doit comprendre que nous sommes là pour empêcher cela.
Un moment de pause, suspendu dans le temps alors qu'elle venait à poser ses deux coudes sur le bureau avant d'y appuyer sa tête, comme pensive, pour enfin poser ses yeux perçant dans ceux de la catin. Un venin qui peut s'introduire dans chaque esprit et corrompre ses fidèles, ses partisans. Personne n'avait jamais trompé la vigilance de la Goldheart, et sa préférée du moment ne devait pas l'oublier. De toutes les personnes, ce serait sans doute de la Mairesse qu'elle serait le plus déçue si celle-ci venait à la trahir. Après tout. Le temps de Mirelda était la chose la plus précieuse de ce monde et elle en accordait une grande partie à Koraki.
Parfois même plus qu'à son échec de fils.
- Quant au Sénat vous en saurez davantage le moment venu. Laissons les s'amuser quelques temps avant que je ne prenne position ouvertement à leurs égards.
Son visage trahissait ses pensées. Elle savait déjà parfaitement ce qu'elle voulait faire et elle avait convenu que Koraki n'avait pas besoin de le savoir pour l'instant. Elle et d'éventuelles oreilles baladeuses qui auraient réussi à trouver un chemin jusqu'à son bureau. Une prouesse impensable mais pas impossible.
Ne rien laisser au hasard.
- Mais je ne vous ai pas uniquement fait venir pour avoir des détails sur des choses que je sais déjà. Vous ne le savez que trop bien Koraki.
Mirelda était avare, gourmande, orgueilleuse... Elle n'était jamais satisfaite même par le plus zélote de ses fidèles. Pour la contenter, il fallait la surprendre, lui permettre de rajouter des pions à son échiquier immense. Koraki n'était pas uniquement la Mairesse, elle était bien plus. Du haut de son trône, la Présidente ne pouvait pas elle même tremper ses pieds dans certains domaines. Et pour pallier à cela, il y avait entre autre l'hybride.
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