Description physique :
Trentenaire au yeux marrons et aux cheveux bruns, Jean Bressac est un homme d’apparence peu marquante.
De constitution moyenne, son faciès est suffisamment commun pour qu’il soit difficile de se remémorer visuellement son visage a posteriori. Utile pour passer inaperçu dans les foules, cette banalité devient une bénédiction pour échapper aux avis de recherche. Les visages similaires au sien sont si fréquents que, lorsqu’un innocent n’est pas attrapé à sa place, leur ressemblance est généralement suffisante pour les faire relâcher tous les deux, grâce à l’hésitation des témoins oculaires.

De son récent passé d’acrobate, Bressac a gardé une constitution robuste et vigoureuse, ainsi qu’une flexibilité utile à l’escalade et à la dissimulation.

Description mentale :
La lâcheté est la vertu des hommes prudents, lirait-on un jour sur la tombe de Jean Bressac s’il avait droit à une sépulture. La chose est cependant mal engagée.

Beau-parleur à la main légère qui n’hésite pas à vous faire les poches sitôt le dos tourné, Bressac est un menteur pathologique. La flatterie, la séduction, ainsi que la pure fabulation sont ses instruments privilégiés et son gagne-pain quotidien. Son aisance à mêler le vrai et le faux semble à ce point naturelle qu’on devine difficilement s’il ne croit pas lui-même à ses inventions.

Bressac n’est pas connu pour utiliser la violence. Doué d’une cupidité naturelle et d’une infinie patience, il attendra toujours le moment opportun pour subtiliser quelque effet personnel sans jamais s’impliquer dans une confrontation physique. Il est en effet bien plus aisé de dérober subrepticement une montre à gousset que de se battre en duel. C’est risqué, ça attire l’attention, et ça nécessite en plus de savoir manier une arme. La dague qui l’accompagne est donc principalement dissuasive et n’a généralement pas vocation à sortir de son fourreau.

Parfaitement imperméable au ridicule, Bressac n’hésite pas à fuir un combat et cherchera toujours à s’extirper des situations qui tournent au vinaigre.

Les rares témoignages d’altercations physiques impliquant Bressac décrivent des situations si ridicules qu’il n’est pas possible de les entendre sans se tenir les côtes.

Sa faiblesse pour la gent féminine et son appétit pour les jeux et la boisson n’aident en rien les finances de Bressac, qui se retrouve chaque jour plus désargenté que la veille.

N'ayant bourlingué que dans les régions reculées de la République, Jean a toujours côtoyé des hommes et des femmes rompus au travail des champs, de la pierre et des métaux. Dans ses terres natales, la mana et la sorcellerie n'étaient que des rumeurs venues des grandes villes et de vieilles légendes passées de génération en génération. Evidemment, des grand-mères lisaient l'avenir dans la soupe et les os aux passants impressionnables, quelque badaud accourait de temps à autre après avoir vu une wyvern survoler son pâturage, et de vieux fous juraient changer le plomb en or. Mais tout ce bruit ne relevait pour Jean que de l'imagination fertile qu'excitent ces terres reculées, nourries par la tradition, l'ennui et l'analphabétisme.
Et s’il fut par le passé témoin de quelque sorcellerie bien réelle, il l’eût certainement interprétée comme un savant subterfuge. Son scepticisme était manifestement renforcé par le fait que sa propre troupe prétendait régulièrement détenir des pouvoirs magiques dans le cadre de leurs spectacles. Ils employaient à cet effet divers artifices pour amuser et ébahir des publics trop crédules.

A l'aube de ses 34 ans, il lui était donc toujours bien difficile d'imaginer la vie des grandes villes avec leur opulence, leurs érudits et leurs mages, et leurs créatures toutes plus fabuleuses les unes que les autres.

Jean est né d’une famille pauvre, dans un quartier en proie aux émeutes et à l’abandon social. Sans éducation ni perspective d’avenir, il a été élevé à l’école de la rue, où il apprit la débrouille, c’est-à-dire principalement à commettre des larcins et à prendre ses jambes à son cou.

Vers l’âge de sept ans, il intégra une troupe de forains qu’il suivit jusqu’à ses seize ans, au sein de laquelle il fut formé à divers arts du cirque. Au sein de la troupe, un avaleur de sabres qui l’avait pris en affection lui enseigna l’art de la lecture. Selon une autre version, moins probable, il aurait appris à lire par l’entremise de précepteurs qu’il payait via des pièces chapardées ici et là.

Tour à tour acrobate, jongleur, amuseur de foules, cracheur de feu, mendiant et escroc, Jean a exercé nombre d’activités lui permettant de faire les poches à des auditoires peu vigilants.

Passé ses seize ans, Jean quitta la troupe tout en conservant son style de vie nomade. Il est à partir de là difficile de retracer l’ensemble de son parcours, en raison de preuves fragmentaires et de l’impossibilité de distinguer les témoignages – souvent contradictoires – de la fiction.

Se présentant tantôt comme danseur, ouvrier, marchand ambulant, riche héritier, avocat… multipliant les identités et noms d’emprunt au besoin, Jean possède un curriculum qu’il est objectivement impossible de vérifier. On y trouve par exemple : contrebandier, alchimiste, bretteur (peu probable à en juger par sa quasi-incapacité à manier une arme), médecin (si avéré, le rendrait coupable de charlatanisme), pyromancien, hypnotiseur, diseur de bonne aventure, etc...

Certaines allégations sont toutefois corroborées par des témoignages cohérents. Deux villages recherchent au demeurant bien un individu correspondant à sa description pour s’être fait remarquer en prétendant détenir des pouvoirs magiques qui se sont révélées n’être que de grossières supercheries.

Conscient de l’importance du savoir et de l’art de manier les mots, Jean n’a pas seulement dérobé argent et bijoux, mais également de nombreux livres. Il ne ménagea pas ses efforts pour élargir son vocabulaire et sa culture, notamment sur des sujets qui lui permettaient d’étoffer et de donner corps à ses mensonges.
Au fil des années, il s’était nourri de tout ce qu’il était parvenu à trouver, principalement des grands poètes de son temps et, à l’occasion, de quelques traités d’Histoire et de politique. Ces lectures assidues lui permirent de repousser peu à peu son illettrisme tout en développant sa curiosité et son talent théâtral. Pour le reste, c’étaient son imagination et ses prédispositions à l’improvisation qui suppléaient à son défaut d’instruction.
Fort de ces lectures et de nombreuses années d’observation, Bressac devint maître dans l’art d’imiter les codes sociaux des classes les plus aisées, imitait leurs démarches, leur habit et leurs coutumes. De ville en village et de déguisement en personnage, il s’attirait la confiance des plus fortunés et disparaissait en même temps que leurs bijoux.

A la suite d’une fâcheuse péripétie qui le laissa une fois de plus désargenté - et accessoirement en danger de mort - Jean décida courageusement de fuir.
A l’aide de ses dernières pièces, il embarqua dans une caravelle qui partait le jour-même en direction de la ville portuaire la plus proche. Par une de ces curieuses ironies dont le Destin se réjouit, le nom de cette ville était Courage.

La pègre - Bressac a été en lien avec quelque sbires de la pègre par le passé mais ne souhaite pas particulièrement rejoindre une organisation. La tentation de détrousser ses propres employeurs serait probablement trop forte pour sa propre sécurité.