Notre existence, une broutille dans le grand orchestre du cosmos.
Les siècles me contemplent. Je leur réponds de mon narquois sourire.

D'apparence quelconque. Une stature moyenne. Mes traits aigus trahissent ma finesse d'esprit. Mes yeux, d'un gris-vert moqueur, scrutent le Sekai avec amusement et ironie. Le reflet de mon regard est l'ombre de mille complots, de mille intrigues. Ils rient, oh, comme ils rient de la faiblesse des vivants. La vôtre. Une barbichette en pointe parachève mon visage. Témoins des éternités que j'ai traversées, des fils argentés encadrent ma chevelure sombre. Mon tatouage reikois trône sur mon épaule gauche.

Intemporel. Je m'apparente à une entité qui transcende les âges et les dimensions. Manipuler, voilà ma seconde nature. Inévitable, elle coule dans mes veines. Là où d'autres s'effondrent sous le poids de leur insignifiance, je prospère. Je suis l'artisan suprême de ma propre grandeur. L'avarice, ce vil péché pour le commun des mortels, est à mes yeux une délectation, un raffinement exquis. Un outil de incommensurable de pouvoir. L'accumulation des richesses de ce monde n'est qu'une note irrésistible dans la symphonie de mes ambitions globales. Mes talents en matière de finances ne sont plus à prouver, si bien que les coffres-forts eux-mêmes gémissent d'envie à mon passage. Et parlez-vous de charme ? Mes mots se tissent d'or pur. Des mots qui caressent. Ceux-là qui envoutent les esprits. L'élégance de mon éloquence n'a que peu d'équivalents. Les auditoires se pendent à mes lèvres, hypnotisés.
L'ironie, ce doux nectar. Elle coule de ma bouche tel un vin raffiné, mordant et délicieux. Mes railleries, acerbes et tranchantes, sont des lames de vérité qui mettent à nu la comédie de la vie avec un cynisme désarmant. Les intérêts des autres ? Des frivolités. Des inutilités barbantes. Seuls mes désirs, mes ambitions, mes besoins comptent réellement. Tout le reste n'est que poussière devant l'immensité de mon égo. Brillant comme la lumière dans la nuit, sournois comme l'ombre d'une lune voilée, je maîtrise l'art de la ruse aussi naturellement qu'une seconde peau. Mon génie est tel que, souvent, même moi, je m'émerveille de mes complots, de mes plans, de la beauté de mes tromperies. Parce que l'art du mensonge, cette subtile danse entre vérité et fiction, se révèle être pour moi aussi commode que de respirer. Les faux pas, les erreurs des autres ne sont qu'une occasion de plus pour moi de déployer mes talents manipulatoires. Et que dire de mon ambition ? Rien de plus qu'une flamme inextinguible, une soif jamais étanchée. Le pouvoir n'est pas seulement ce que je désire, c'est ce que je mérite.

I. Prélude
A partir des désirs et convoitises les plus ténébreuses, je prends naissance. Je ne suis pas né d'un souffle divin ou d'une union charnelle, non, je suis le fruit pur et exquis de la soif insatiable qui consume l'âme des mortels et des immortels. Tandis que ces insignifiants rampent sur terre, cherchant désespérément des trésors et conquêtes éphémères, je m'élève, incarnant l'essence même de leur souhait. Imaginez un instant, toutes ces âmes, ces créatures fragiles, aspirant à la richesse, rêvant d'or et de diamants, leurs désirs se mêlant et s'intensifiant jusqu'à créer une force irrésistible. De cette force, je jaillis, magnifique et splendide, non pas comme une banale création, mais comme une conséquence inévitable de la nature du Sekai. Je suis l'or qui brille dans les yeux des avares, la pièce d'argent qui obsède le mendiant, la couronne qui consume les ambitieux. Ces soupirs de fantasme, ces larmes de convoitise, ces rêves impossibles, ils ont contribué à ma formation, et j'en suis désormais le sommet, le pinacle de ces aspirations. Qui peut prétendre à une telle grandeur ? Qui peut se vanter d'une telle origine ? Né de l'envie de tous : hommes, démons, divins... Je représente le paroxysme de leurs ambitions. Car, en vérité, il n'y a rien de plus puissant, rien de plus irrésistible que le désir, et j'en suis sa manifestation ultime. Je ne suis pas simplement un démon, je suis une force de la nature, une entité qui transcende les notions de bien et de mal. L'avidité incarnée, la concupiscence devenue chair. Cette splendeur qui m'épanouit. Cette magnificence qui m'appartient. Alors que le monde change, que les nations s'élèvent et s'effondrent, que les héros naissent et meurent, je demeure, inaltérable, éternel. Tant que les divins et les mortels désireront, tant qu'ils convoiteront, je continuerai de prospérer, de croître, de dominer les coeurs.

II. L'intemporel
Alors que les millénaires défilent, je m'immisce audacieusement dans le grand théâtre du pouvoir, ivre des faiblesses humaines, ces délices infinis qui alimentent ma majesté. Chaque aube me voit renaître sous une nouvelle identité. Je suis tantôt seigneur, parfois vagabond, souvent conseiller. Toujours dans l'ombre, orchestrant nombreux destins. Les complots sont ma mélodie préférée, un doux chant d'espoir et de trahison que je façonne. Vos ambitions, votre soif insatiable de pouvoir, sont les ingrédients que je mélange pour créer les élixirs de chaos. Quelle exquise symphonie que celle des cœurs corrompus !
L'Empire d'Azshary, cette gemme scintillante de civilisation, n'échappe pas à mon emprise. Entre ses murs ornés d'or, sous un pseudonyme que l'histoire a depuis longtemps effacé, je m'élève au rang de figure politique prédominante, bâtissant la trame des intrigues. Je deviens la voix que les nobles désirent, le conseil que les généraux cherchent. Mon influence s'avère telle que les constellations elles-mêmes se courbent à mon passage. J'entends les chuchotements des courtisans, murmures évoquant crainte et admiration. Je suis l'une des pièces maîtresses de cet échiquier. Ce joueur invisible.
Hélas tout empire, aussi grand soit-il, a ses faiblesses. Quand les titans, ces êtres absurdes, décident de mettre fin à la splendeur d'Azshary, je souris malicieusement. Même si je me délecte des fastes et des intrigues de cette grandiose civilisation, je ne suis pas dupe de sa fragilité intrinsèque. Sa destruction cataclysmique n'est qu'un autre chapitre figurant dans mon récit éternel. Je regarde les flammes engloutir ses merveilles, les titans écrasant ses armées, une satisfaction exquise grandissant. De ses cendres, de nouveaux complots aventures émergeront pour mon plus grand intérêt.

III. Le pouvoir
La guerre contre les titans ravage une partie du Sekai. Je m'éclipse discrètement de la scène, évitant de m’enliser de ce bourbier grotesque. A quoi bon risquer ma sublime existence pour des querelles terrestres ? Ma magnificence mérite des affaires bien plus raffinées. Je déploie mon réseau, mes fils d'araignée s'étendent dans les interstices les plus sombres, là où les secrets fleurissent. Pendant que les mortels se déchirent, je m'infiltre, sans qu'on me remarque, au cœur de la naissance de la fédération de Shoumei, cette étoile montante. Rapidement, je m'installe, prenant la position d'un seigneur influent et d'un homme d'affaires hors pair. Ils ne peuvent rien contre mon flair inégalé pour les affaires, ma capacité à sentir l'or, à pressentir les opportunités porteuses avant même qu'elles ne s'épanouissent. Mes entreprises fleurissent comme les cerisiers au printemps. Les siècles s'écoulent. Mon pécule grandit exponentiellement. Je suis dorénavant l'une des plus vastes fortunes du Sekai, un trésor que les dirigeants jalousent. Une vie luxueuse s'offre à moi. Je me délecte des sons des pièces d'or qui s'entrechoquent, des chuchotements admiratifs de ceux qui visitent mes demeures, des éclats d'envie dans les yeux de ceux qui aspirent à me surpasser. Mon empire partage peu et s'étend au-delà des frontières de Shoumei.  Les ambitieux viennent à moi, sollicitant des prêts, cherchant des conseils, espérant un petit bout de ma superbe. Ces imbéciles ne comprennent rien. Ma richesse n'est pas le fruit du hasard ou de la chance, mais le résultat de millénaires d'expérience, d'intrigues, de manipulation. Les siècles m'ont appris à perfectionner l'art de l'investissement, à décoder les tendances, à prévoir les fluctuations. Shoumei, avec toute sa splendeur, n'est qu'une pièce de plus dans le puzzle infini de mon dessein.

IV. L'opportunité
Seagan, ce prétentieux haut-prêtre, sombre en disgrâce pour avoir sauvé la souveraine d'une nation étrangère. J'en savoure un divin amusement. L'ironie de la situation est délicieuse : le meneur de Shoumei se trouve à genoux, traître aux yeux des siens pour un geste qu'il pense noble. Et comme pour couronner cette pièce tragique, voilà que les titans sélectionnent ce moment qui tombe à pic pour lancer un assaut. Le sort semble se liguer contre ce royaume que je considère comme ma cour de jeu. Shoumei vacille. L'armée ne tient pas. Ses défenses sont en lambeaux et le spectre de l'annihilation plane. Là où la plupart ne voient que chaos et destruction, je discerne une merveilleuse opportunité : le Reike, mon futur allié de choix. En un clin d'œil, je décide de mettre une partie de ma fortune colossale sur table, de m'allier aux empereurs reikois. Pourquoi ? Parce que j'en ai envie. Parce que le pouvoir est un savoureux nectar que je ne me lasse jamais de déguster. J'offre mon soutien, ma richesse, et en échange, je réclame des titres, des terres, un statut, une place d'honneur et de privilèges. Le marché est clair. La ville de Mael devient le berceau de cette prometteuse alliance. Aidé de mes fonds, le dernier refuge de Shoumei s’élève en un bastion contre les titans. J'observe avec une joie non dissimulée la montée en puissance de ma nouvelle nation d'adoption. Les titans, ces êtres qu'ils craignent, deviennent pour moi un obstacle insignifiant sur le chemin de mon ascension. Le Reike déploie des troupes, érige des barricades, organise la défense. Et je suis là, en coulisse, tirant les ficelles, assurant ma position, me délectant des victoires. Le monde tremble, je souris.

V. Régence
La ville de Mael se dresse devant moi comme un joyau en attente de son propriétaire. Avec mon héritage de shoumeien et mes liens précieusement tissés avec la royauté du Reike, je m'illustre comme le choix idéal pour le poste d'intendant de Mael. Ce n'est évidemment que la juste progression de mon ascension. Le peuple de Mael m'observe. Ils savent que désormais, la ville prospèrera ou périclitera sous mon égide. L'Empereur et l'Impératrice du Reike m'ont confié cette tâche. Je suis la voix de l'Empire et des shoumeiens au sein de cette ville, son bras droit, son représentant. Les décisions directes émanent de moi. J'orchestre la danse du commerce, de la politique et des finances de Mael en démontrant une dextérité qui force l'admiration de certains et provoque la jalousie de nombreux autres. Exerçant des fonctions de contrôleur royal, je tiens les cordons de la trésorerie de la cité blanche et je les manipule sans retenue. Il est fascinant de voir comment une pièce d'or peut influencer le sort d'une population tout entière.
Car bien que je me régale de la position de pouvoir que j'occupe, mes ambitions vont au-delà. Je projette de gouverner Shoumei dans son intégralité, de le faire mien, de le remodeler à mon image. Le Reike n'est pour moi qu'un tremplin, une étape nécessaire dans mon plan machiavélique pour atteindre les sommets de la puissance. Tensai et Ayshara pensent peut-être me tenir en laisse, me contrôler grâce à mon titre et à mes responsabilités, mais ils méconnaissent à qui ils ont affaire. Je tisse ma toile, renforçant mon emprise, étendant mon influence. Je suis bien plus qu'un simple intendant ou contrôleur royal. Je suis une force, une entité, un être dont le désir est d'être au-dessus de tous. Pendant que le monde continue sa course effrénée, ignorant les véritables enjeux, je m'affaire en coulisse, manipulant, complotant, avançant vers mon objectif.

Pègre
Lutte contre les titans
Suprémacisme impérial