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  • Mer 21 Juin - 15:28
    Assise sur le rebord d'une des fenêtres en arc de cercle du salon, Dahlia fixait l'horizon. Il était tôt, trop tôt pour que ce soit raisonnable d'être levée, encore plus quand on savait le voyage qui l'attendait. Les poings serrés et les doigts tremblants, la Fae restait silencieuse, craignant de réveiller son bien-aimé qui dormait paisiblement à l'étage. Depuis la nuit dernière la jeune femme dormait extrêmement peu, perturbée par les jours qui avançaient sans qu'elle ne réussisse à suivre le rythme. Cela faisait déjà plus d'un mois qu'elle vivait à Melorn, nageant dans le bonheur avec Eliëndir, mais cela voulait également dire que la date de son retour à Liberty approchait. Cette simple pensée lui ôtait toute positivité, la plongeant dans un stress qui la paralysait de la tête aux pieds. Elle ne pouvait qu'imaginer ce qui l'attendrait sur la route et dans la capitale républicaine. Elle sentait la rancoeur jusque dans sa demeure dans la cité elfique, telle une fragrance puissante qui s'accrochait à ses vêtements et à sa peau de porcelaine. Les yeux cernés par la fatigue, son coeur tambourinant contre sa poitrine à une vitesse folle, elle n'entendit pas tout de suite les domestiques qui se bousculaient dans la cuisine.


    Le bruit d'une assiette contre le comptoir la fit sortir de ses songes dans un sursaut. Elle tourna la tête, constatant qu'elle n'était plus seule tandis que la jeune elfe qui lui faisait face s'inclinait autant pour la saluer que pour s'excuser de l'avoir surprise. Dahlia quitta son poste d'observation, étirant ses ailes ainsi que ses jambes avant de venir prêter main forte aux domestiques comme elle avait l'habitude de le faire. « Ce n'est rien. Vous ne faites que votre travail, j'étais dans la lune, je suis à blâmer. ». Un doux sourire étirant ses traits, la Fae s'appliqua en suivant son personnel dans sa tournée habituelle et ce même s'ils lui demandaient de retourner se reposer, autant pour arrêter de les ralentir dans leur travail que par nécessité d'être utile à ses yeux. Elle finit par coopérer lorsque l'horloge tiqua sur les huit heures du matin, comprenant que d'un instant à l'autre Eliëndir pouvait descendre les escaliers pour la retrouver. Si l'élu de son coeur se doutait probablement que retourner à Liberty provoquait une angoisse chez la Fae, il n'imaginait sans doute pas l'ampleur des sentiments qui faisaient rage dans son esprit pris en pleine tempête entre l'anxiété et la crise de panique qui la guettait.


    Ses mains se dirigèrent naturellement vers un des tiroirs du bureau qu'elle avait honteusement piqué à l'Elfe, fouillant dans les tiroirs pour en ressortir la missive écrite par Davina quelques semaines auparavant, fixant cette date précise pour qu'elles se retrouvent au grand portail de l'orphelinat. Elle craignait le pire tout en espérant le meilleur et alors qu'un long soupir s'échappait de l'entre ouverture de ses lèvres, des pas se mirent à résonner sur les escaliers en bois, l'homme de sa vie les dévalant lentement. Son regard croisa le sien et comme à chaque fois, toutes ses peines s'évanouirent, bien faibles face à cette perfection qui faisait valser son coeur et danser son âme. « C'est.. C'est déjà l'heure. »


    *** Quelques jours plus tard ***



    La diligence qui transportait le couple marqua son arrêt final, l'ombre de l'établissement dans lequel Dahlia avait travaillé toute sa vie planant sur la carriole. Soudainement intimidée par ce lieu qui avait pourtant été son refuge et son unique foyer durant plus de trois cents ans, la Fae hésitait à mettre le pied dehors. A travers la fenêtre, elle reconnaissait la silhouette si particulière de Davina, l'Elfe rousse l'attendant sagement, un large sourire sur les lèvres. Son étreinte se resserra sur Eliëndir auquel elle était accrochée depuis le début du voyage, ne se défaisant de lui que lorsque la situation l'obligeait pour se détendre les jambes lors des nombreuses pauses de leur long voyage. Son regard vint chercher le sien, d'abord bordé de larmes puis lentement, passant d'une tornade d'émotions à une impassibilité qu'il ne lui connaissait guère. Une main sur la poignée, la Fae remit son masque qui la réconfortait tant, érigea à nouveau les barrières qui la protégeaient du monde, rabattit ses ailes sous ses vêtements et ouvrit la porte de la diligence avec une assurance feinte à la perfection.


    A peine le pied à terre, Davina se précipita sur sa vieille amie, l'attrapant par les épaules pour la secouer gentiment, débordant de joie et d'allégresse. « Oh j'ai l'impression que ça fait des années que je ne t'ai pas vu Dahlia ! Tu ne t'es jamais absentée si longtemps, j'étais si inquiète, dieu merci à celui qui a inventé le service de correspondances dans le Sekai ! ». Elle lui rendit son affection par une petite tape sur l'épaule, suffisante pour que l'Elfe comprenne que quelque chose clochait dans l'attitude de son ancienne supérieure. Plutôt que de l'accabler de questions, elle redressa la tête vers celui qui lui avait honteusement volé sa collègue, lui tendant la main avec un sourire toujours aussi radieux. « Eliëndir ! Je ne vous avais pas croisé depuis un bout de temps non plus. Comment allez-vous, comment le voyage s'est-il passé? Dahlia ne vous a pas trop embêté ? ». « Davina… ». « Oh ça va, je plaisante, Melorn ne t'a pas fait gagner un sens de l'humour. J'ai réussi à mettre les petits bouts à la sieste juste avant que vous n'arriviez, ça c'est du timing. Bon je ne peux rien te promettre pour les plus âgés, mais je ferais de mon mieux pour qu'on ne soit pas dérangés. ». La Fae baissa les yeux, réalisant une fois de plus que ses enfants ne seraient plus jamais les siens, un crève-coeur auquel elle ne serait jamais assez préparée. « Je dois le dire, vous en avez mis du temps à vous décider. ». Et sa voix se fit plus basse alors qu'elle s'approchait de l'oreille de la Fae. « Ne t'inquiète pas, j'ai caché ce dont tu ne voulais plus. Tu es libre comme l'air. ». Dahlia avala sa salive, montant les quelques marches qui la séparaient du grand hall de l'orphelinat qui l'avait vue grandir. Elle se retourna, adressant un regard que seul Eliëndir connaissait. Un appel à l'aide, un silencieux cri de détresse. Seule, elle n'y arriverait pas.
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    Anonymous
  • Dim 25 Juin - 2:00
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    Enveloppé dans de fins draps blancs et allongé sur le ventre dans son coin du lit, Eliëndir s'éveille lentement de sa nuit de sommeil. Les premières lueurs du jour envahissent avec bienveillance la chambre à coucher, traversant les nombreuses vitres de la pièce en caressant le visage de l'Elfe de leur chaleur naturelle. Il remue lentement et sans bruit, inspirant longuement par le nez et sortant complètement de sa torpeur passagère. Sa main glisse doucement sur le matelas, cherchant naturellement sa bien-aimée sans pouvoir la trouver et constatant que la couverture est légèrement tirée de son côté du lit. Visiblement, Dahlia n'a pas aussi bien dormi que lui mais ce n'est pas vraiment surprenant. Cela fait quelques jours que son retour à Liberty l'angoisse, il le sait sans qu'elle n'ait eu le besoin de clairement l'exprimer. Évidemment, il était hors de question de la laisser repartir toute seule surtout après sa dernière mésaventure dans la capitale Républicaine. De plus, il lui a fait une promesse qu'il compte bien tenir. En espérant que leur passage en République ne soit pas uniquement source de stress car s'ils n'ont que quelques affaires à récupérer à l'orphelinat, le couple a aussi prévu de rester un moment dans le sud pour prendre des vacances bien méritées. Une opportunité qui ne se représentera sûrement pas de si tôt alors autant en profiter.

    C'est avec paresse qu'Eliëndir finit par ouvrir une paupière, non sans difficulté, puis la deuxième. Les yeux dans le vague pendant quelques instants, le temps de s'acclimater à la lumière qui réfléchit sur les murs blancs typique de l'architecture locale. Il se retourne dans le lit en tirant sèchement la couverture vers lui et profitant d'être seul pour s'étaler sur presque toute la largeur. Bien décidé à fermer les yeux pour dormir quelques minutes de plus, son regard dévie sur l'horloge dont l'emplacement des aiguilles lui signifient très clairement que ce n'est pas une bonne idée. Il soupire bruyamment en récupérant un oreiller qu'il place sur son visage pour se protéger de la lumière du jour qui tente cruellement de rappeler au mage noir qu'il va bientôt devoir descendre et se préparer pour le voyage. Cela peut bien attendre encore cinq minutes, non ? Pas plus...

    ... Un quart d'heure plus tard donc. Eliëndir daigne enfin tirer la couette et s'extirper de son lit douillet. Il fait un saut dans la salle de bain pour se laver rapidement à l'eau claire et se préparer convenablement. Il enfile quelque chose de léger sur le dos et sort enfin de la chambre pour se diriger vers les escaliers qu'il descend avec précaution en partant à la recherche de la maîtresse de maison qui est certainement debout depuis bien trop tôt ce matin. Il ne tarde pas à retrouver Dahlia car il commence à bien connaître les habitudes de cette Fae si cher à son cœur. Déposant son épaule contre l'embrasure de la porte ouverte, les bras croisés devant lui. Il croise les yeux ambrés de la Fae qui ne sauraient lui cacher la vérité car il peut y lire comme dans un livre ouvert.

    « C'est l'heure, oui. Tout ira bien, fais-moi confiance. »

    Un sourire sincère vient illuminer son visage, comme à chaque fois que ses yeux se posent sur la seule et unique qui éblouit chacune de ses journées par sa simple présence.


    *** Quelques jours plus tard ***


    Le voyage vers Liberty se passe vraisemblablement sans accroc si ce n'est évidemment la longueur abrutissante du trajet de base. Et encore, ils ne sont pas passés par le territoire du Reike et donc la chaleur étouffante du désert. Sans parler du fait qu'à cause des relations relativement froides entre les deux grandes nations et la vigilance accrue, passer la frontière aurait été une épreuve particulièrement déplaisante même avec son passe-droit d'ambassadeur. Vérifier les papiers... Les affaires des voyageurs... Attendre les autorisations... "Pourquoi vous voulez passer la frontière déjà?"... Quel calvaire. Un grand classique de l'administration donc. Non, en quittant Melorn, ils ont fait route vers le Lac Rebirth où ils ont pu monter sur un bateau qui fait régulièrement la navette vers Liberty. C'était plus simple et cet itinéraire leur a fait gagner un temps précieux.

    La diligence s'arrête donc une toute dernière fois, juste devant le portail de l'orphelinat, leur destination finale dans ce long périple. Le regard tourné vers la petite fenêtre qui leur permet d'observer la vieille bâtisse mais toujours très imposante. D'ailleurs, l'orphelinat n'était pas aussi grand dans ses souvenirs. À moins qu'il y ait des travaux d'agrandissements, peut-être après le tragique incendie qui a frappé le bâtiment ? Ce n'est peut-être qu'une fausse impression, faut dire que sa dernière visite commence à pas mal remonter. Devant la cour principale, il remarque la présence de l'ancienne assistante de Dahlia qu'il reconnaît par son apparence et ses cheveux roux caractéristiques mais dont il a honteusement oublié le prénom depuis le temps. Ça finira par lui revenir. Il tourne la tête et vient croiser le regard soucieux et paniqué de sa bien-aimée alors qu'il sent son étreinte se faire plus forte autour de son bras. Il dépose un baiser sur le front de la jeune femme, posant sa main sur la sienne en hochant calmement de la tête sans dire un seul mot. Tout simplement parce qu'un regard en vaut plus que mille. Eliëndir patiente avec Dahlia jusqu'à ce qu'elle trouve le courage d'affronter le monde, enfilant le masque de la gentille directrice que tout le monde connaît dans un spectacle tout à fait glaçant. Ce changement drastique d'émotions sur son visage avant de virer complètement à la neutralité la plus totale comme si de rien n'était. C'est un talent que certains comédiens lui jalousent assurément et Eliëndir lui, est complètement fasciné face à tant d'aisance. S'il ne la connaissait pas aussi bien, elle serait sûrement capable de lui mentir droit dans les yeux sans qu'il ne se doute de rien. Peut-être qu'elle en est toujours capable.

    Eliëndir emboîte le pas derrière la Fae, quittant à son tour leur fiacre pour arborer un petit sourire de circonstance devant les retrouvailles des deux amies. Se faisant le plus discret possible malgré sa faculté à détoner partout où il passe. Les vieilles habitudes ont la vie dure pour un Eliëndir constamment sur ses gardes et c'est d'autant plus vrai qu'il est accompagné de Dahlia dont la sécurité est primordiale. Il prête une oreille attentive à la conversation des deux femmes mais son regard dévie immédiatement sur la rue passante devant l'orphelinat, observant les quelques passants comme s'il cherchait le moindre comportement suspect. Et justement, Le mage noir reporte immédiatement son attention sur les deux femmes quand il est interpellé par son nom. Il rend un sourire sincère à l'Elfe rousse quoi qu'assez gêné de constater que son nom ne lui est toujours pas revenu en tête. Encore une fois, c'est bien cette Fae resplendissante qui vient lui sauver la mise sans même le faire exprès, simplement en ayant mentionné le nom de son assistance à haute voix.

    Ah... Davina, c'était donc ça ! Ça lui revient maintenant. Avant de paraître grossier, Eliëndir s'empresse de se saisir de la main de la jeune femme pour plier légèrement le buste et, dans un élan de galanterie et de bienséance, déposer un baiser éphémère sur le dos de sa main comme le veut son éducation. Certainement qu'elle ne cherchait qu'une poignée de main mais Eliëndir ne fais jamais les choses à moitié.

    « Il est vrai que ma dernière visite n'est pas récente, vous m'en voyez sincèrement navré. Et je me porte à merveille, merci. Ça me fait plaisir de vous revoir, Davina. Toujours aussi radieuse. »

    Il se permet d'ignorer le reste des questions, préférant s'en amuser sans pour autant relever sérieusement la chose. Tout comme il a un petit rire nerveux quand même Davina vient leur rappeler à quel point ils ont traîné pour officialiser les choses. Décidément, la terre entière va leur faire la réflexion. Est-ce qu'on peut leur en vouloir pour ça ? Le mage noir acquiesce de la tête et suit les deux femmes de très près alors qu'ils entrent dans la cour avant de gravir les quelques marches devant l'accueil de l'aile centrale. À nouveau, Eliëndir croise le regard de sa bien-aimée, la détresse dans le fond des iris, avant de se poster à ses côtés en s'arrêtant une seconde. Il glisse ses doigts pâles entre les siens et déposant un baiser bien plus prononcé sur le dos de la main de celle dont il est éperdument amoureux depuis toutes ces années. Lui signifiant qu'il sera là, quoi qu'il arrive à partir de maintenant. Sans dire un mot, il saisit lui-même la poignée de la porte de l'orphelinat qu'il ouvre en grand pour laisser les deux femmes passer devant lui. Même si Dahlia en doute, Eliëndir s'attend déjà à subir une invasion d'orphelins en joie, peut-être légèrement inquiets, de retrouver leur ancienne directrice.

    « Je suis là, tout ira bien. Prête ? »

    D'ailleurs, il se demande bien comment il va réagir personnellement face à autant d'enfants. Il n'a clairement pas l'habitude de Dahlia ni sa facilité à communiquer avec les plus jeunes. Pour le coup, ce sera très nouveau pour Eliëndir mais qui sait, ce sera peut-être un bon test puisqu'il semble déterminé à agrandir sa propre famille, ce qui arrivera tôt ou tard. Plus tôt que tard.

    CENDRES
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    Anonymous
  • Mar 27 Juin - 14:47
    Si à leur première rencontre Davina avait fortement été impressionnée par la prestance d'Eliëndir, elle y était aujourd'hui un peu moins sensible. La faute à son ancienne supérieure qui rêvassait à voix haute à son sujet, à ses visites régulières, aux missives où elle apercevait parfois quelques mots d'amour. Cette idylle, elle l'avait autant aimée que détestée. Pour le bonheur qu'elle apportait à Dahlia, pour le malheur qui la frappait lorsque les échanges épistolaires prenaient du retard ou qu'ils ne se voyaient pas pendant plusieurs années. Pour autant la sagesse des Elfes coulait dans ses veines, aussi elle ne cherchait pas un responsable à blâmer pour le temps qu'ils avaient mis pour s'installer ensemble. S'ils étaient là aujourd'hui, alors elle ne pouvait que s'en réjouir et mettre le passé à sa place : au fin fond d'un placard, là où plus personne ne daignerait le regarder. Devant son congénère à la chevelure argentée, Davina plaça son visage entre ses joues et fit mine de rougir en exagérant volontairement son trait de comédie. « Toujours aussi flatteur Eliëndir ! Heureusement que Dahlia n'est pas jalouse, vous devez en avoir des courtisanes ! ». Si n'importe qui se demandait pourquoi il avait fait un tel choix, la future directrice de l'orphelinat n'était pas dupe. Derrière ce masque d'impassibilité se cachait un coeur tendre et s'il avait réussi à voir à travers la statue de glace qu'incarnait la Fae, sa place en devenait immuable. Une chance que le destin les aient réunis aussi jeunes, à l'époque lointaine où Dahlia s'ouvrait encore un peu aux autres. « Ne vous excusez pas, vous n'aurez plus à le faire à présent… Enfin si, vous pouvez vous excuser car vous me volez le meilleur élément de l'orphelinat. Et à cause de son départ, je vais devoir me rendre aux banquets et aux réceptions à sa place. ». L'air faussement vexée, Davina laissa les tourtereaux passer devant elle, retenant un petit cri d'excitation alors que leurs mains se liaient. Une main sur ses lèvres, elle se tut définitivement pour leur donner l'espace dont ils avaient intimement besoin.



    Les yeux rivés dans ceux de son bien-aimé, Dahlia peinait à résister à la panique qui s'emparait de son corps, lui titillant jusqu'au bout des doigts. Son corps tout entier s'était tendu à l'approche de cet immense bâtiment qu'elle avait pourtant aimé et porté de toute son âme durant des centaines d'années. Elle sentait ses membres se raidir, sa respiration se couper à intervalles réguliers alors que l'odeur si particulière de l'endroit qui l'avait vue grandir s'engouffrait dans ses narines. Un mélange surprenant de bergamote, quelques touches subtiles de citron et une pointe de pomme, une odeur de propre qui régnait en permanence sur ces lieux qui accueillaient plus de trois cents enfants à l'année. La Fae prit une grande inspiration lorsque les doigts d'Eliëndir vinrent caresser les siens avec toute la tendresse dont il était capable, lui insufflant le courage qu'il lui manquait pour franchir les portes de cet établissement afin de lui faire ses adieux en bonnes et dues formes. Les yeux plissés et la bouche entrouverte, la Fae se ravisa lorsque l'envie de répondre par la négative aux mots de l'Elfe lui vint. Prête, elle ne le serait jamais vraiment. Néanmoins ce n'était guère une raison pour reculer où pour repousser l'inévitable. Si Liberty continuait de faire son bout de chemin dans son esprit chaque jour, elle ne pourrait espérer une vie sereine dans la cité elfique. Son choix était fait, il n'y avait plus qu'à l'appliquer.


    Les grandes portes en chêne s'ouvrirent dans ce grincement caractéristique qu'elle connaissait par coeur et elle s'engouffra à l'intérieur à pas rapide, ses habitudes revenant au galop plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Toute sa vie, Dahlia avait couru d'un bout à l'autre de ces immenses couloirs, se démenant pour apporter son aide à son personnel, pour prendre en charge chaque enfant qui la réclamait. Elle ignorait ses propres limites, ses besoins vitaux qui venaient la cueillir au moindre répit et toute cette folie, elle allait finir par s'en mordre les doigts. Ses yeux parcoururent les premières pièces qu'elle pouvait apercevoir à travers des petites fenêtres d'intérieur. A sa droite, une salle de classe aménagée avec les moyens du bord, parfaitement organisée et d'une propreté qui aurait pu faire rougir les domestiques d'Eliëndir. Ensuite, son infirmerie, une grande pièce qui pouvait contenir jusqu'à une centaine de lits, l'avantage d'avoir bâti un orphelinat sur un ancien hôpital, les travaux avaient à ce titre été plutôt minimes. Puis enfin le hall de réception qui n'était séparé du reste que par une grande arche de plus de deux mètres sous laquelle la Fae passa silencieusement, renforçant sa prise sur la main de l'Elfe. Si jusqu'ici les seuls bruits étaient ceux de leurs pas et quelques rires au détour des escaliers qui se trouvaient dans leur dos, sur la gauche du couloir qu'ils venaient de parcourir, tout allait changer en une fraction de seconde.


    Habituée au capharnaüm qui se précipitait sur eux, Dahlia eut juste le temps de réagir en se postant devant Eliëndir, Davina se glissant à ses côtés alors qu'une ruée d'enfants déboulait les escaliers à une vitesse folle. Rien de bien méchant, simplement une vingtaine de gamin.es entre six et huit ans, tout du moins physiquement. Les petits s'arrêtèrent à mi-chemin, les yeux grands ouverts, écarquillés de surprise devant la présence de leur directrice qu'ils n'avaient pas vue depuis plus d'un mois, un temps d'absence anormalement long pour elle. S'en suivit un silence d'une seconde avant que le brouhaha ne s'intensifie et qu'ils reprennent leur course, se dirigeant tout droit dans les bras de la Fae qui manqua de tomber à la renverse, soutenue par son assistante qui lui tenait le dos et tentait tant bien que mal d'en éloigner certains par la même occasion. « Doucement. Je ne vous ai pas appris à être brusques. L'un après l'autre. ». L'Elfe fronça les sourcils et mit ses mains sur sa taille dans une tentative vouée à l'échec de s'imposer aux garnements par sa simple présence. Un sourire naquit sur les traits de la Fae qui s'agenouilla lentement, venant se mettre au même niveau que les enfants. Quand son regard croisa le leur, toute leur agitation sembla s'évanouir petit à petit et ils vinrent chacun leur tour quérir une étreinte de leur directrice. « Phiva, tu as fait des progrès avec ta magie ? Éloïse est revenue te voir ? ». La petite sirène acquiesça avant de céder sa place. « Et toi, Antoine ? Tu t'es remis de ta petite escapade de la dernière fois ? Tu te souviens de ce dont nous avions parlé, n'est-ce pas ? ». Il hocha la tête en se retenant de rire avant de s'éclipser à son tour, et ainsi de suite jusqu'à ce que la file ne soit plus.


    Une fois chacun à sa place, Dahlia se releva en s'agrippant au bras d'Eliëndir, sa force lui manquant soudainement alors qu'une nausée la faisait vaciller. « Ca va m'dame la directrice ? ». Elle rouvrit les yeux et secoua la tête. « Je vais bien Luka, merci. Tu peux suivre les autres, la cantine ne va pas rester ouverte éternellement. ». Puis elle tapa dans ses mains avant de se les frotter, attirant pour la dernière fois l'attention du troupeau d'enfants qui peinait à contenir son excitation. « Je viendrais vous voir après. En attendant, vous serez adorables de ne pas causer trop de tort à Davina. Vous n'aimiez pas me voir en colère et depuis mon départ, rien n'a changé. Soyez sages. ». Et en les voyant s'éloigner en riant, son coeur se serra encore, son regard se redirigeant dans celui de l'Elfe qui la toisait. Le sacrifice en valait largement la peine, il n'en était pas pour autant moins difficile. Elle chercha la force de lui sourire puis reprit la marche vers son bureau qui l'attendait au fond du couloir qui leur faisait face, en parfaite symétrie par rapport à la porte d'entrée. « Je suis les enfants, on se recroisera plus tard. Je ne peux pas les laisser sans surveillance, sinon il n'y aura plus rien ni pour les autres… ni pour moi ! ». La rousse se mit à courir après le groupe, le rattrapant au bout de quelques secondes. Ils étaient enfin seuls et ils allaient enfin pouvoir rentrer dans son bureau, une étape de plus, probablement une étape de trop. Dahlia s'arrêta devant les portes, s'assurant de plusieurs coups d'oeils que personne ne traînait dans les parages avant d'ouvrir les portes. Une fois à l'intérieur, elle se précipita dans les bras d'Eliëndir pour y enfouir sa tête, la respiration forte et rapide, le corps tremblant. Elle refusait de pleurer, néanmoins l'effet restait le même. « Tu… Tu penses qu'ils vont m'en vouloir ? Je… Je ne sais pas comment leur dire… J'aurais dû y réfléchir avant de revenir à Liberty mais j'ai préféré profiter de mon arrivée à Melorn et… ». Un long soupir s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres rosées. « Je ne sais pas s'ils arriveront à me pardonner… ». Car elle, après tout, n'avait jamais pardonné ses propres parents. Même après la mort qu'elle leur avait infligés…
    Invité
    Invité
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  • Mer 28 Juin - 23:49
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    Repoussant les portes de l'orphelinat, Eliëndir s'empresse de suivre sa bien-aimée au rythme étonnamment rapide depuis quelques secondes. De son côté, il a l'impression de redécouvrir ce bâtiment qu'il connaissait si bien fut un temps, malgré qu'il n'ait jamais été résident. L'orphelinat a bien changé depuis sa dernière visite, encore plus en comparaison à sa toute première alors qu'il n'était qu'un adolescent euphorique rendant visite à ce qui aurait dû n'être qu'un amour de jeunesse. Enivrant et éphémère. À l'époque, il était bien loin de se douter que ses sentiments allaient perdurer après toutes ces années et malgré la distance. Trois siècles et demi plus tard, le revoilà dans le hall principal des Jardins du Destin pour accompagner celle qui obsède ses pensées depuis le premier jour. Il se remémore ses visites régulières, des autres orphelins qu'il a eu l'occasion de côtoyer de temps à autre et comment ne pas mentionner l'ancienne directrice de l'établissement dont leurs escapades se faisaient parfois sans son consentement. Il se souvient qu'elle ne l'appréciait guère, au début du moins. Naturellement protectrice envers ses enfants et certainement dubitative sur les raisons qui poussent un enfant de bonne famille à s'intéresser autant à sa petite protégée.

    Des doutes parfaitement justifiés qui ont mis du temps à s'estomper mais difficile de lui en vouloir. Il y a tout simplement des choses qu'on ne contrôle pas et Eliëndir ne s'est jamais découragé. Il passait à l'orphelinat dès qu'il en avait la possibilité, le moindre prétexte était bon pour quitter Melorn et se rendre en République, suppliant même son père de pouvoir l'accompagner lors de ses voyages à Liberty. Une chance qu'Aradhel était régulièrement invité par ses pairs de Magic ou par des amis de la famille. Tout était bien plus simple avant, les choses ont bien changé maintenant. Outre l'odeur très spécifique mais pas moins agréable qui plane dans l'air, Eliëndir constate que l'orphelinat n'a pas tant changé que ça en dehors de la décoration. C'est toujours l'endroit très chaleureux et accueillant qu'il a connu par le passé. Tout est parfaitement ordonné et soigneusement entretenu, une véritable prouesse pour un endroit où vivent des centaines d'enfants dont certains sont très jeunes. Il reconnaît la porte qui mène à la très grande infirmerie et si sa mémoire est bonne, un peu plus loin se trouve le réfectoire derrière cette grande arche qu'ils traversent rapidement. Quelques bruits ambiants symbole d'un lieu plein de vie, ce qui empêche un silence pesant de s'installer.

    Eliëndir ne comprend ce qui arrive qu'au dernier moment, quand leurs mains se séparent soudainement et que le bruit de fond commence à rapidement se rapprocher d'eux. Clignant des yeux devant cette armée de petits monstres qui dévalent les escaliers à toute vitesse et se ruent sur Dahlia sans aucune modération. Visiblement très heureux de retrouver cette figure maternelle qui berçait leur quotidien jusqu'à encore très récemment. Tellement heureux qu'ils manquent de renverser la belle Fae soutenue par Davida et Eliëndir jusqu'à ce que la petite troupe se calme un peu. Honnêtement, il ne s'attendait pas à une autre réaction de la part des orphelins en venant ici alors il n'est pas si surpris que ça de la tournure des événements. Pendant que les deux femmes faisaient office de figures d'autorité, Eliëndir s'effaça légèrement dans leur dos pour ne pas interrompre les retrouvailles aussi importantes pour les enfants que pour Dahlia elle-même. En réalité, l'Elfe semble complètement amorphe, presque intimidé devant la scène qui se déroule devant ses yeux. Ne sachant pas où se mettre et ce qu'il doit faire face à autant d'enfants qui de toute façon, ne sont pas là pour lui. Il y a quelques minutes à peine, il se demandait comment il allait réagir dans cette situation. Alors voilà : il ne fait absolument rien. Finalement, c'est plus difficile qu'on pourrait le croire.

    Joignant ses mains dans son dos pendant que Dahlia échangent quelques mots avec chacun des enfants, Eliëndir finit par croiser le regard d'une petite humaine qui le regarde très fixement dans les yeux depuis quelques secondes déjà ce qui le met passablement mal à l'aise. Mince. Qu'est-ce qu'il est censé faire à ce moment-là ? Puisqu'il n'a aucune idée de la démarche à suivre, le mage noir se contente de sourire à l'enfant avant de lui glisser un petit clin d'oeil discret. Suite à quoi, la petite fille en question se mit à sourire en retour sans pour autant détourner le regard comme si elle venait de voir un ange en chair et en os. Ce petit moment plein d'innocence sera interrompu par l'intervention de Dahlia qui vient s'accrocher à son bras pour se relever, Eliëndir pose sa main sur celle de sa bien-aimée soudainement prise d'un coup de chaud. Une pointe d'inquiétude dans le fond des iris, jusqu'à ce qu'elle le rassure lui et les enfants sur son état. Alors que les enfants s'éloignent pour rejoindre la cantine, les deux amants s'échangent un regard complice relativement explicite. Il a bien conscience que c'est difficile pour elle, bien plus qu'elle ne le laisse paraître et son sourire de façade ne saurait le tromper.

    Il hoche la tête en direction de Davina avant que celle-ci se mette à courir derrière les enfants.

    « Merci Davina. À tout à l'heure. »

    Ils empruntent le long couloir qui les mène directement devant la porte du bureau de la Fae. Ils s'engouffrent à l'intérieur et Eliëndir a tout juste le temps de fermer la porte derrière lui avant que Dahlia se jette dans ses bras en faisant tomber le masque qu'elle arborait depuis sa sortie de la diligence. Les bras de l'Elfe viennent immédiatement enlacer la jeune femme, une main dans son dos et l'autre glissant doucement sur sa nuque pour la serrer près de lui. Ça aussi, il s'y attendait un peu. Lui prêtant une épaule sur laquelle se reposer et une oreille attentive, il dépose un baiser dans ses cheveux blonds. Il peut entendre le doute dans sa voix et sentir son corps trembler contre lui.

    « Tu as vu à quel point ils étaient heureux de te revoir ? Comment pourraient-ils t'en vouloir après tout ce que tu as fait pour eux et l'orphelinat ? Certains seront peut-être déçus de te voir partir mais c'est parce qu'ils t'apprécient. Ce sont des enfants intelligents et je suis sûr qu'ils comprendront ou finiront par le faire en leur laissant un peu de temps. Mon amour. Dis-moi ce que je peux faire pour t'aider. »

    Il desserre momentanément son étreinte pour venir chercher le regard de la Fae, déposant doucement les paumes de ses mains sur ses deux joues roses qu'il caresse amoureusement du bout de son pouce. Un sourire étirant légèrement les lèvres du Melornois.

    « Tout va bien ? Tu avais l'air un peu fatigué, tout à l'heure avec les enfants. La route a été longue et le trajet épuisant, tu devrais te reposer. Est-ce que tu veux t'asseoir ou t'allonger un peu ? »

    Il lève enfin les yeux pour observer la pièce un peu plus en détail. Le bureau de Dahlia étant sûrement la pièce qu'il connaît le mieux de tout l'établissement et ironiquement, c'est peut-être ici qu'il y a eu le plus de changement à cause de l'organisation du déménagement. Dahlia ayant demandé à Davina de préparer ses affaires personnelles et quelques meubles qu'ils ramèneront à Melorn. Ils ne devraient donc pas avoir trop de mal à trouver un canapé ou un lit si sa bien-aimée souhaite se reposer avant le moment fatidique et tant redouté. Ça ne peut pas lui faire de mal, bien au contraire.

    Il reste silencieux pendant quelques instants, reportant finalement son attention sur l'élue de son cœur alors que son sourire s'efface peu à peu.

    « Tu es sûre que c'est bien ce que tu veux ? »

    Ils en ont déjà discuté, tous les deux. Ils ont déjà eu cette conversation et pourtant, l'orphelinat est une grande partie de sa vie qu'il lui demande très égoïstement de laisser derrière elle. Bien sûr, il est ravi de pouvoir commencer une nouvelle vie avec Dahlia, rien ne le rend plus heureux actuellement. Malgré tout, il ne peut s'empêcher de se demander si elle a pris cette décision parce que c'est sa volonté ou est-ce uniquement parce qu'il le lui a demandé ?

    CENDRES
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  • Jeu 29 Juin - 22:52
    « Il… il n'y a rien que tu puisses faire, mon ange. Si ce n'est être là, être toi-même. Je ne sais pas si j'aurais réussi à franchir ces portes sans ta présence à mes côtés… Je pensais qu'en me détachant de cet endroit, qu'en ignorant le problème, mes peurs s'en iraient. J'avais tort et… je ne suis pas habituée à… ». Elle avala sa salive, son visage pâlissant à vue d'oeil. « Je suis celle qu'on abandonne, pas celle qui abandonne… ». Profitant de cette étreinte, de ses bras réconfortants qui l'entouraient et de ce doux baiser qu'il déposait dans sa chevelure dorée, Dahlia se sentait en sécurité et lentement ses angoisses s'apaisèrent, sa présence réconfortante faisant fuir ses démons ne serait-ce qu'un instant. Elle releva la tête en suivant son mouvement, déposant un baiser rapide sur ses doigts qui parcouraient ses joues rosies. « Tu… Tu dois avoir raison… Je suis désolée, j'aimerais être plus forte, tout serait plus simple mais… ». Rien n'était jamais simple pour elle. Sa voix se brisa doucement sous ces paroles lourdes de sens. « Je.. Je vais y arriver. ». Pour lui, pour elle, pour eux. La Fae ne voulait plus reculer ou se cacher derrière de minables excuses. Sortir de sa zone de confort représentait un défi de taille, néanmoins quitter l'orphelinat ne serait pas l'épreuve la plus difficile à surmonter dans les mois à venir. Fort heureusement, elle l'ignorait.


    « Je… Je me sens un peu malade, pour être honnête avec toi. J'ignore s'il s'agit du stress, du mal du pays mais… J'ai un peu la nausée depuis quelques jours. J'irais voir Nineveh à notre retour à Melorn, elle aura sans doute quelque chose pour moi si le problème persiste. ». Elle secoua la tête, se rappelant soudainement qu'Eliëndir n'avait probablement jamais entendu parler de son amie avant aujourd'hui. Si Dahlia avait férocement gardé secret la thérapie de choc qu'elle avait enduré pour améliorer sa condition, sa médecin était à ce titre devenue un sujet tabou qu'elle venait pourtant d'aborder sans broncher. Le regard fuyant, elle glissa sa main dans la sienne en se dirigeant vers un des canapés en tissu bleu turquoise qui ornaient son bureau, une des nombreuses touches de couleurs qui avaient été rajoutées par le nouveau mobilier. Elle souleva les pans de sa robe avant de s'asseoir et de poser sa tête sur l'épaule de l'Elfe, un long soupir s'échappant de l'entre ouverture de ses lèvres. « Nineveh est ma médecin. Elle a été d'une grande aide ces derniers mois et elle a fait la route depuis Melorn pour venir à Liberty quand j'avais besoin d'aide. J'aimerais que tu la rencontres, dans d'autres circonstances que les miennes cela va de soi, c'est également une amie… Enfin… Je… Je crois. Je la considère comme une amie, je n'ai jamais su déterminer si je n'étais qu'une patiente pour elle. Elle est compliquée à cerner. Le fait est qu'elle sait tout soigner alors quelques nausées ne lui poseront pas problème. ». Un sourire timide s'empara de ses traits tandis que ses pensées allaient tout droit vers l'armée de garnements qui leur avait foncé dessus quelques minutes plus tôt, le désir de changer de sujet se faisant de plus en plus oppressant. « J'espère que ça ne t'a pas trop surpris. Ils peuvent être brusques et un peu trop curieux mais ils ne pensent pas à mal. J'y suis habituée aujourd'hui mais j'ai conscience que ce genre d'arrivée peut être un peu…. impressionnante. ». Le terme était faible, la horde d'enfants dont elle s'occupait au quotidien pouvant passer d'un beau rêve au plus terrible des cauchemars en une fraction de seconde. Une imprévisibilité qui avait permis à la Fae de travailler sur ses capacités d'adaptations qui paradoxalement ne lui étaient d'aucune utilité lorsqu'il s'agissait de changer de vie, d'être pour la première fois égoïste.


    Et lorsque la question fatidique franchit enfin les lèvres d'Eliëndir, la Fae s'approcha dans la précipitation et passa ses bras autour de son cou pour le serrer contre elle tendrement, d'un élan d'amour débordant de sincérité. « C'est ce que je veux, je... je te l'assure. C'est ce que j'ai toujours voulu, j'avais simplement trop peur de le demander. Je ne voulais pas prendre le risque de perdre ce que nous avions déjà... ». Une réaction humaine, la crainte d'enfermer l'Elfe dans une vie qu'il ne désirait point, de le cantonner à Melorn alors que d'autres contrées attendaient sa venue. Les yeux brillants, elle desserra son étreinte pour plonger son regard dans le sien, se perdant dans ses iris violacés qui lui donnaient le vertige. « Je t'aime Eliëndir. Depuis le premier jour, depuis le premier regard. Depuis trois cents ans, mes sentiments envers toi n'ont fait que grandir et chaque jour, je tombe un peu plus amoureuse de toi. Je pourrais te parler pendant des heures de ce que je ressens pour toi mais les mots ne sont tout simplement pas à la hauteur, ils sont bien trop faibles. J'aimerais que tu puisses te voir comme je te vois, que tu réalises que ma vie est plus parfaite avec toi à Melorn qu'elle ne l'a jamais été entre ces murs. ». Elle posa son front contre le sien alors que ses doigts jouaient avec sa chevelure argentée en bas de son dos. « Et peu importe où je me trouve, tant que tu es avec moi, je serais heureuse même en vivant sous les ponts. Tu es mon refuge, mon foyer. L'orphelinat va terriblement me manquer et je n'oublierai jamais les heures passées ici, encore moins les enfants dont j'ai pris soin. Et même si cette décision me déchire, je ne veux pas qu'elle te fasse douter de ma volonté, de mon engagement, de l'amour que je te porte. Il n'y a rien de plus important à mes yeux que toi. ». Dahlia déposa un doux baiser sur ses lèvres, ne se détachant de lui que de quelques centimètres avant de se mettre à chuchoter. « Je remercie le destin de m'avoir fait te rencontrer mais aujourd'hui je ne me fie plus à la chance pour t'avoir dans ma vie. En me demandant de venir avec toi, tu as fait de moi la femme la plus heureuse du monde et je n'aurais jamais assez de temps dans le Sekai pour te rendre le bonheur que tu m'as donné. Je t'aime, plus que de raison. A la folie. ».


    Elle resta ainsi lovée dans ses bras durant plusieurs minutes, profitant de ce contact dont elle ne se lassait jamais, de son corps contre le sien, de son parfum qui l'enivrait, de sa présence qui faisait rayonner tout son univers. Posant sa tête sur son épaule dans une étreinte qui se resserrait encore et encore, elle ouvrit les yeux, un sourire béat sur le visage, observant ce bureau qui ne serait plus jamais le sien. Ces fenêtres qui donnaient sur les jardins du destin, ces nombreux tableaux qui ornaient les murs, ce fauteuil en cuir sur lequel elle pouvait à présent lire ses propres initiales et non plus celles de l'ancienne directrice… Un soupir d'apaisement franchit ses lèvres avant de se couper net, les yeux écarquillés autant sous la surprise que la terreur. La Fae se recula à contrecoeur, se relevant doucement en passant une main distraite sur l'épaule d'Eliëndir avant de s'approcher de son bureau en chêne et d'y saisir une des missives qui trainaient, marquée par un sceau rouge orné d'une tête de corbeau. Les sourcils froncés, Dahlia attrapa une paire de ciseaux pour l'ouvrir proprement sans dire un mot, ses yeux parcourant les lignes à une vitesse phénoménale, s'arrêtant sur une d'entre elles en particulier. Une date, celle d'aujourd'hui. Son regard se posa à nouveau sur l'Elfe et l'hésitation la frappa. Il connaissait ses affiliations avec la pègre et les mensonges entre eux ne devaient plus exister. Elle se pinça les lèvres, considérant ses options avant de baisser les bras et de lâcher le parchemin sur le bois, l'air renfrognée. « Je… Je vais devoir aller m'occuper de quelque chose avant de pouvoir leur dire au revoir. ». Elle ferma les yeux et posa ses mains sur ses coudes, une vague de stress parcourant son épiderme dans un frisson qui la fit trembler. « Tu.. Tu ne vas pas apprécier mais… Je ne peux pas partir tant que les liens avec la pègre locale n'ont pas été rompus. Davina n'est pas au courant et je ne peux pas la mettre en danger à cause de mes erreurs. ». Elle reprit la missive qu'elle lui tendit, les doigts tremblants. « Je… Je t'avais promis de ne plus me mettre en danger et… après ça, je le ferai. Je ne te demande pas de venir avec moi, tout ceci ne te concerne pas et... C'est.. la dernière fois, je l'espère. ».


    Contenu de la lettre:
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  • Dim 2 Juil - 0:11
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    À nouveau réduit à un simple état de spectateur dans cette épreuve importante que doit traverser Dahlia, il se déteste sincèrement d'être incapable de l'aider comme il le devrait. Outre sa seule présence se voulant réconfortante au possible et son soutien indéfectible déjà acquis par la femme qui partage sa vie, il n'a pas grand-chose de plus à lui offrir malheureusement. Un constat pénible assurément alors qu'un bref soupire s'échappe discrètement de ses lèvres, resserrant encore un peu plus son étreinte autour de Dahlia pour continuer de profiter de cette proximité fusionnelle qu'ils partagent. Bercé par les battements de son cœur qui s'apaisent et par son parfum naturel qui émane de sa douce peau. Elle est la seule à pouvoir trouver la force de faire ce qu'il faut pour que ce future qu'ils entrevoient ensemble puisse se réaliser mais plus jamais elle n'aura à se battre seule.

    « Je ne t'abandonnerai pas. On surmontera cette épreuve ensemble et je sais que tu vas y arriver car tu es la femme la plus forte que je connaisse. »

    Peu importe à quel point elle doute d'elle-même, Eliëndir ne cessera jamais de lui accorder sa confiance pour compenser. Par ailleurs, ce ne sont pas des paroles en l'air. Dahlia a toujours eu cette force mentale et cette détermination inébranlable face aux nombreuses difficultés qu'elle a rencontrées depuis son plus jeune âge. Honnêtement, d'autres à sa place auraient sûrement craqué en chemin. Mais pas elle même si certaines périodes étaient plus difficiles que d'autres. Pourtant, Eliëndir ne lui a pas toujours facilité la tâche trop longtemps inconscient de ce qui se tramait réellement derrière ce sourire bienveillant et ce visage angélique qu'elle arbore face au reste du monde. Il est en partie responsable de ne pas avoir ouvert les yeux plus tôt face à l'évidence et il n'a tout simplement aucune excuse.

    Le voyage a été éprouvant et même si de son côté il a l'habitude des longs trajets, en particulier celui qui relie Melorn et Liberty qu'il connaît maintenant sur le bout des doigts pour l'avoir emprunté des dizaines, que dis-je, des centaines de fois par le passé. Tout le monde n'a pas son goût
    pour l'aventure, alors il songe déjà à s'éclipser un peu plus tard pour aller chercher des médicaments. Quoi que l'infirmerie de l'orphelinat devrait avoir le nécessaire si ce n'est rien de plus que quelques nausées. Il tique légèrement à la mention de Nineveth, pour la simple et bonne raison que ce nom ne lui évoque rien. De toute évidence, il y a encore une partie de l'entourage de sa bien-aimée lui est encore très inconnue, notamment en ce qui concerne les individus peu fréquentables. Il suit la Fae et va s'installer à ses côtés sur ce canapé turquoise qui détonne largement dans le paysage. Enlaçant ses doigts entre les siens, acquiesçant de la tête à la brève présentation de son amie et médecin traitant qu'il devra effectivement rencontrer un jour, peut-être.

    « D'accord, je vois. Alors c'est une Melornoise ? Ce nom ne me dit rien. Il faudra que je lui rende visite, au moins pour la remercier de t'avoir aider. »

    Le sujet change rapidement de conversation mais l'Elfe ne relève pas particulièrement la chose. Ici, les enfants sont au centre de l'intrigue et pour le moment, Eliëndir n'a pas encore tout à fait trouvé sa place dans cet environnement singulier mais ils viennent tout juste d'arriver, il lui faut juste un peu de temps pour s'accoutumer. Un sourire un peu timide apparaît sur ses lèvres alors qu'il secoue calmement la tête.

    « C'était assez impressionnant, je l'admets. Ils ne m'ont pas embêté, ne t'en fais pas. Ils avaient l'air tous très gentils et surtout très heureux de te revoir, j'ai simplement préféré vous laisser un peu d'espace. »

    Il ne s'habituera sûrement jamais à la présence d'autant d'enfants, il n'a pas l'aisance naturelle des Faes ni la pédagogie de Dahlia mais il ne déteste pas pour autant l'idée d'être entouré de ces petits monstres. Eliëndir a besoin que tout soit sous contrôle et parfaitement organisé alors le mettre face au comportement imprévisible d'une dizaine d'enfants, c'est l'angoisse. Cela prendra sûrement du temps mais il fera des efforts ne serait-ce que pour lui faire plaisir, il sait à quel point ça lui tient à cœur.

    Sa soudaine interrogation n'est que le fruit d'un doute qui trotte depuis un moment dans sa tête et qu'il n'a pas su réprimer plus longtemps. Il ne doute pas réellement de l'ampleur des sentiments qu'elle éprouve envers lui, pas plus qu'il ne doute du bonheur dans lequel ils sont plongés depuis leurs retrouvailles à Melorn. Pourtant, il n'arrive pas à se détacher de l'idée que Dahlia a peut-être accepté en partie pour lui faire plaisir à lui plutôt qu'à elle. C'est absurde quand il y pense mais il a besoin de savoir que Dahlia est réellement en phase avec cette situation et cet avenir qu'ils cherchent à construire à deux. Eliëndir a besoin d'entendre que c'est ce qu'elle souhaite vraiment pour elle, pour eux. Il l'écoute du début à la fin, sans l'interrompre une seule fois. L'enlaçant à nouveau avant de poser amoureusement son front contre le sien. Il plonge son regard dans ses iris ambrés alors qu'il est complètement suspendu à ses lèvres. Dans tous les sens du terme. Un sourire béat apparaît sur le visage de l'Elfe et étire ses traits un peu plus à chacune de ses déclarations car il ne saurait feindre l'indifférence devant l'élue de son cœur.

    Dahlia le laisse littéralement sans voix et les mots lui manquent pour exprimer tout ce qu'il ressent à ce moment précis. Transporté par ce sentiment de pur bonheur, intense et grisant. Il ne s'attendait pas à toutes ces déclarations et elle n'aurait pas pu le rassurer d'une meilleure façon. Plutôt que de garder cet air d'amoureux transi sur le visage, il joint avec entrain leurs lèvres dans un baiser langoureux débordant d'un amour éternel et passionnel. Les paupières closes pendant ces quelques secondes qui lui paraissent être délicieusement interminables et ce n'est qu'à contrecœur qu'il met fin à leur échange en déposant à nouveau son front contre le sien.

    « Tu ne sais pas à quel point cela me réjouit de te l'entendre dire. C'est stupide de ma part j'en ai conscience mais je crois que j'en avais besoin. Pardonne-moi d'avoir été aussi aveugle, d'être passé à côté de l'évidence, cela fait bien longtemps que j'aurais dû m'en rendre compte et que j'aurais dû te demander de rester avec moi. Rien ne m'aurait rendu plus heureux. Pardonne-moi d'avoir été aussi égoïste, d'avoir délaissé tes sentiments pendant tout ce temps. Ce n'était pas mon intention. Pardonne-moi de t'avoir fait souffrir de mon absence et de tout ce que tu as dû supporter sans jamais te plaindre. Cela n'arrivera plus jamais. »

    Se saisissant d'un autre baiser pendant qu'il en a encore l'occasion, rouvrant finalement les paupières pour venir capter son regard et y distinguer tout l'éclat de ses iris scintillants.

    « Tu es mon phare dans la nuit, la seule dont j'ai besoin en ce bas-monde. Tant que tu es à mes côtés, le reste n'a plus d'importance parce qu'il n'y a que toi à mes yeux. Tu me pousses à être un homme meilleur au quotidien et tu fais de moi un homme comblé un peu plus à chaque instant que je passe avec toi. »

    Enlaçant ses bras autour de sa bien-aimée, dans cette douce étreinte dont il ne veut plus se défaire.

    « Merci pour toutes tes attentions. Merci pour ta présence et d'être là pour moi en toute circonstance. Merci pour ton amour inconditionnel que je ne mérite certainement pas. Merci d'être toi. Merci pour tout, mon amour. Je suis chanceux de t'avoir dans ma vie. Je t'aime plus que la vie elle-même, n'en doute jamais. »

    Il restera ainsi aussi longtemps qu'il le faudra, incapable de se résigner à s'éloigner et profitant d'un moment privilégié auprès de la femme qu'il aime et qui s'accapare la moindre de ses pensées. Cette douce quiétude qui vient enfin s'imposer à eux après un voyage aussi éreintant. Quelques minutes de calme bien mérité, tant qu'Eliëndir en profite pour fermer à nouveau les yeux pour se reposer du moins jusqu'à ce que Dahlia décide de mettre fin à leur étreinte et à se relever pour déambuler dans la pièce. Visiblement attirée par quelque chose d'inhabituel sur le bureau, l'Elfe rouvre les yeux au moment où la Fae récupère une lettre scellée dont le sceau, qu'il ne reconnaît pas, attire immédiatement son attention. Cela ressemble à une lettre officielle et même si ça n'est pas vraiment le cas, le mage noir se demande bien qui en est l'expéditeur. D'ailleurs, qui a déposé cette lettre sur le bureau ? Davina ? Elle aurait dû l'ouvrir en sachant que Dahlia était absente. C'est étrange. Il croise à nouveau le regard de la Fae pendant l'espace d'une seconde et elle n'a pas l'air très ravi, ce qui vient confirmer ses doutes naissants. Il soupire discrètement en s'appuyant sur le canapé pour se redresser à son tour, rejoignant Dahlia près du bureau en récupérant la missive qu'elle finit par lui tendre. Voilà même pas une heure qu'ils sont de retour à Liberty et les problèmes surgissent sans crier gare.

    L'air impassible, le mage noir prend connaissance du contenu de la lettre et au contraire de Dahlia, il prend tout son temps pour analyser chaque mot et chaque tournure de phrase. Une seule lecture lui suffit à se faire un descriptif plus ou moins précis des gens à qui ils ont à faire à travers cette lettre. Une organisation disposant d'un réseau d'espions ou au moins de quelques informateurs dans la ville. Il a immédiatement pensé au Syndicat mais la mention des bas-fonds et de "territoire" lui indique le contraire. Trop explicite, manque de discrétion. Il y a même l'adresse où retrouver ce "Aarhy". Soit ils sont assez confiants pour ne même pas essayer de cacher leurs traces, soit ce sont clairement des amateurs. Le genre de petite frappe qui se croit important parce qu'il fait chanter une pauvre directrice d'orphelinat. Dans tous les cas, il va falloir que quelqu'un s'en occupe.

    « Tu n'as pas besoin de me le demander, je t'ai déjà dit que je comptais m'en occuper. Ne me dis pas que ça ne me concerne pas alors que ce déchet a osé te menacer. Évidemment que ça me concerne. D'abord, j'ai besoin que tu m'en dises plus. Qui est ce "Aarhy" ? Il ou elle, appartient à un gang ? C'est quoi cette histoire de contrepartie exactement. Qu'est-ce que tu lui dois ? Il sait pour Oliver. Cela a un rapport avec le Masque ? Dahlia, tu dois tout me dire. C'est important. »

    Mince. Il pensait sincèrement avoir plus de temps avant de s'occuper de ça. Il a mis Yéléna sur le coup mais il n'a pas encore eu son rapport et ses informations sur le Masque notamment. De toute évidence, il ne peut plus attendre et il va se pencher sur le cas de la pègre locale un peu plus tôt que prévu. Quelqu'un doit faire le ménage. Il aurait quand même préféré faire une sieste avant mais bon, tant pis.

    CENDRES
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  • Lun 3 Juil - 23:11
    Logée dans ses bras, au plus proche de son cœur qu'elle entendait battre la chamade autant que le sien, Dahlia oubliait complètement que le monde autour d'eux continuait de tourner. Face à ses yeux transis d'amour, à ce sourire sublime, la Fae fondait de bonheur, incapable de contenir les émotions qui jaillissaient en elle chaque fois que leurs regards se croisaient. Son amour à son égard était le plus pur et le plus doux qu'il soit, inconditionnel, imbrisable. Depuis des centaines d'années, le destin qui les avait réunis s'acharnait à les séparer, les ambitions d'Eliëndir l'emmenant toujours plus loin, la dépression qui gagnait l'ancienne directrice la poussant dans ses retranchements jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une seule issue qu'elle se bénissait aujourd'hui de ne pas avoir franchie. Que serait devenu la vie de l'Elfe, si elle avait disparu de son sillage ? Une partie d'elle se disait encore, dans un coin de son esprit, qu'il en aurait trouvé une autre. Qu'il se serait remis de son absence, qu'il l'aurait oubliée rapidement. Mais, l'Elfe savait lire en elle, dans ce cœur meurtri qu'il comblait par sa simple présence, par la chaleur qu'il lui apportait en la réconfortant, en la rassurant autant de fois que nécessaire. Alors que pour une fois les rôles étaient inversés, qu'il devenait devant elle vulnérable, Dahlia resserrait doucement son étreinte. « Ce n'est pas stupide, je comprends. J'ai eu peur, moi aussi. Je ne pense pas que nous devrions nous le cacher. ». Jamais de son amour, plus de leurs obligations respectives qui rendaient leur relation impossible. Quant à ses excuses, la Fae ne savait quoi en faire, car elle ne lui en avait jamais voulu. Incapable d'avoir du ressentiment à son égard, pire, de la rancœur, Dahlia s'estimait chanceuse, bénie d'avoir réussi à accaparer son attention ne serait-ce que le jour de leur rencontre. « Je n'ai rien à te pardonner, et tu n'as pas à t'excuser. Tu es ici, avec moi aujourd'hui. Je ne pense à rien d'autre, et à vrai dire, je ne me souviens plus vraiment à quoi la vie ressemblait avant que nous la partagions. Tu es tout ce qu'il me faut, dans cette vie et dans la prochaine. ».



    Eliëndir la voyait encore et toujours comme une sainte et elle craignait la descente aux enfers qui l'attendait, encore plus quand ses doigts se refermaient autour de cette lettre qui la faisait bouillir de rage. Les mains croisées devant son bassin, la Fae l'observait décrypter la missive avec attention, se demandant bien ce qu'il pouvait y déceler. Elle, n'y voyait que les conséquences de ses actes irréfléchies, de cette tendance vicieuse à agir et à penser après. Dans la précipitation, Dahlia s'enterrait sous une montagne de choix douteux, s'acoquinant avec la pègre lorsque le besoin s'en faisait ressentir, ou tout du moins que ses autres options diminuaient à vue d'œil. Le regard fuyant, les doigts tremblants, Dahlia craignait malgré tout le jugement de l'Elfe, ses yeux améthyste parcourant les lignes avec un sérieux qu'elle reconnaissait entre mille. Un sentiment d'angoisse parcourut son corps, le faisant frissonner alors qu'elle prenait une grande inspiration pour essayer de se calmer. Une tentative vaine, sa peur ne faisant que croître. Le souffle court, sa peau pâlissant à une vitesse ahurissante, une vague d'angoisse la saisissant alors que les questions de l'Elfe s'enchaînaient sans qu'elle n'ait le temps de répondre. Elle recula d'un pas, manquant de trébucher sur une pile de livres qui traînait sur le sol, la peur de la chute la faisant reprendre conscience de la réalité durant une maigre seconde. « Je… Je suis désolée Eliëndir, j'aurai dû revenir seule à Liberty je… ». Une respiration, puis une autre, la Fae tentait tant bien que mal d'appliquer les conseils de Nineveh pour maîtriser ses émotions. Elle avait promis de tout lui dire, de n'avoir plus aucun secret pour lui, pourtant la pratique était bien plus complexe que la théorie. Dahlia connaissait l'image que le jeune homme se faisait d'elle, ce souvenir d'enfance qui n'avait jamais terni. Elle avait peur de tout briser. Que ce bonheur qu'elle ressentait enfin ne devienne qu'une illusion de plus. Qu'il parte une fois qu'elle aurait craché le morceau.


    Incapable de venir se blottir dans ses bras alors que l'envie la tiraillait et que sa gorge se serrait un peu plus à chaque mot qu'elle prononçait, la Fae se força tant bien que mal à donner les indications qui lui étaient demandées, des larmes venant border ses yeux malgré tous ses efforts. « Je… Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, au tout début. Cela fait un peu plus de cinquante ans que… ». Elle avala sa salive, honteuse. « Que je fais affaire avec lui. ». Si l'envie de lui dire qu'elle ne se souvenait plus pourquoi elle s'était dirigée vers Aarhy était séduisante, elle sut s'en défaire, secouant la tête pour en retirer les pensées intrusives qui s'y faufilaient. Elle lui devait bien des explications après tant de mystère. « On peut appeler ça comme ça. Je crois que c'est une organisation qui cherche à faire tomber le syndicat, je ne suis pas sûre. J'essaie de rester la plus éloignée des informations qui peuvent mettre en danger l'orphelinat. Moins j'en sais, moins je suis susceptible d'être prise pour cible. ». Dahlia se sentait telle une petite souris entourée de chats prêts à lui sauter à la gorge à chaque instant, transie de peur chaque fois qu'un regard s'attardait un peu trop sur elle dans les ruelles de Liberty. « Pour la contrepartie… je… ». Elle ne voulait pas lui dire. Pas tout de suite. Pas maintenant, alors qu'elle se sentait enfin à sa place. Le risque était trop grand.


    Ses mains vinrent serrer les pans de sa robe qu'elle souleva légèrement, la pression montant inlassablement dans son corps affaibli. Et de nulle part, une nausée la saisit et elle se rattrapa tant bien que mal à son fauteuil pour s'éviter de tomber à la renverse. La Fae cligna des yeux puis prit une grande inspiration, se forçant une fois de plus à poursuivre. « Pour Oliver je… j'imagine que l'information a tourné. Ssisska m'avait promis de le retrouver avant mon retour mais… je… je n'ai pas pris de nouvelles d'elle quand j'étais à Melorn et… ». Sa main se posa sur son coude, qu'elle serra à son tour, le griffant presque. « Elle… Elle doit tellement m'en vouloir… Et elle aurait raison d'être vexée… ». Remplie de culpabilité, Dahlia perdait de vue l'essentiel et lorsque son regard croisa à nouveau celui d'Eliëndir, elle respira longuement. À ses côtés, le danger n'existait plus. Il la protégerait. Elle le croyait. Alors pourquoi était-ce si difficile ? « Je lui dois de l'argent… Entre autres. Je… ». Ses yeux se fermèrent, libérant quelques larmes qui coulèrent sur ses joues rosies. « Tu… Tu dois promettre de ne pas… De ne pas partir, d'accord ? ». Elle s'approcha timidement, venant prendre ses mains dans les siennes, la voix brisée et suppliante. « Je… J'étais envoyée, parfois, en… disons que… lorsqu'il fallait délivrer un message et qu'ils n'avaient pas envie d'envoyer leurs propres hommes ou que… qu'ils essayaient de tendre une embuscade, j'ai… j'ai tendance à attirer l'attention dans les bas-fonds alors… ». La Fae décrivait avec douleur son statut d'appât, sa facilité à se plier en quatre pour correspondre aux exigences de ses commanditaires. « Ils… Ils protègent l'orphelinat depuis tellement d'années je… je n'ai pas envie que toute cette histoire retombe sur les épaules de Davina mais… je ne peux pas non plus la laisser sans protection… ». Elle s'affala dans le canapé, prenant sa tête entre ses mains en se recroquevillant sur elle-même, quelques sanglots s'échappant des quelques ouvertures qu'elle laissait dans sa carapace de chair. « Qu'est-ce que j'ai fait Eliëndir… »
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  • Mar 4 Juil - 23:17
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    Cinquante ans. Cinquante très longues années que Dahlia est empêtrée dans les affaires de la pègre locale et en comparaison, Eliëndir n'est au courant que depuis un petit mois, tout juste. Du moins, de ce qu'elle en dit car pour le moment, rien ne lui prouve que ses activités ne sont pas plus anciennes que ça. Après tout, maquiller la vérité, c'est un peu ce qu'ils ont fait toute leur vie. Néanmoins, ce serait très osé de sa part de lui reprocher ses erreurs passées alors qu'il s'est absenté si longtemps. Incapable d'en vouloir à Dahlia pour quoi que ce soit, c'est envers lui-même qu'il dirige cette rancoeur grandissante tout simplement parce qu'il a failli à sa tâche quand sa bien-aimée avait sûrement le plus besoin de lui. Il n'était pas là quand il le fallait et il devra vivre avec, pour le restant de ses jours. Il a besoin d'une minute pour prendre une grande inspiration, d'abord pour garder son calme. Ils auront tout le temps de discuter de certaines choses bien précises une fois qu'ils en auront terminé avec tout ça. Ceci dit, il ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ? Qu'est-ce que ces criminels avaient de si intéressants pour qu'une simple directrice d'orphelinat s'implique autant dans des affaires aussi sordides ? Pour l'heure, il lui laisse le bénéfice du doute à ce sujet. Il préfère penser, peut-être à tort, que ce n'était pas volontaire et qu'elle s'est retrouvée dans cette situation par dépit.

    L'Elfe écoute toujours d'une oreille très attentive les quelques bribes d'informations dont il a le droit et que la Fae lui donne dans le désordre. Il finit par déposer calmement la missive sur la table, essayant de remettre un peu d'ordre dans son esprit pendant que son regard s'assombrit légèrement. Réfléchissant déjà à la suite. Avant d'agir dans la précipitation, il doit être certain de connaître tous les détails de cette histoire avant de s'en mêler personnellement, il doit savoir dans quel bourbier il va mettre les pieds. Il veut la vérité, tout simplement. Et même si rien de ce qu'elle lui dira à partir de maintenant ne l'empêchera de se rendre en personne dans les bas-fonds, il a besoin qu'elle lui dise tout ce qu'elle sait pour qu'il puisse l'aider du mieux qu'il le peut. Ssisska, encore ce nom. Décidément, quelqu'un n'a pas tenu sa promesse et n'a pas fait sa part du boulot. Quel manque de professionnalisme. Et bien sûr, c'est Dahlia qui en fait encore les frais. Cela devient fatiguant.

    « Oublie-là. Ce n'est pas de ta faute, tu n'y es pour rien. Elle n'a pas tenu parole et c'est exactement pour ça que la pègre n'est pas digne de confiance. Elle ne mérite pas que tu culpabilises à sa place. »

    Est-ce qu'il va devoir s'occuper d'elle aussi ? Chaque chose en son temps mais il garde l'idée dans un coin de sa tête. Eliëndir se tourne complètement face à Dahlia, cherchant le regard plein de désarroi de la Fae alors que derrière son visage légèrement renfrogné, il a toutes les peines du monde à rester insensible devant la détresse de sa bien-aimée. Pourtant, il n'a pas le choix car la situation est grave et si pour le commun des mortels il suffirait sûrement de prévenir les autorités compétentes, Eliëndir sait qu'ils n'ont de compétent que le nom. En réalité, ça ne ferait qu'empirer une situation déjà bien critique. Il ne suffit pas d'endiguer la menace, il faut arracher le mal à la racine pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute et c'est bien ce qu'il compte faire. Impassible seulement en apparence alors que Dahlia vient se saisir de ses deux mains, il se contente de répondre d'un petit hochement de tête et d'un « Je te le promets. » discret comme un murmure au creux de l'oreille. Il n'a aucune intention de s'enfuir, bien au contraire.

    Entamant un très long soufflement du nez jusqu'à ce que l'oxygène commence à lui manquer, fermant les yeux à son tour alors qu'il prend enfin conscience de ce que faisait, entre autres, Dahlia avec la pègre pendant tout ce temps. À quel point elle se mettait en danger de manière complètement irresponsable, jusqu'à se retrouver au milieu de règlements de comptes qui ne la concernent en rien. C'est un miracle qu'il ne lui soit rien arrivé et il enrage rien qu'à l'idée que Dahlia ait été utilisé comme un outil et qu'il aurait pu la perdre à cause de quelques personnes mal intentionnés mais surtout par sa faute à lui et ses absences répétées. Mais tout ça pourquoi, exactement ? Une protection ? Pourquoi l'orphelinat aurait besoin d'être protégé exactement ? Il finit par rouvrir les yeux, comme s'il venait de comprendre et de relier tous les éléments entre eux. Un soupir las s'échappe de l'interstice de ses lèvres alors qu'il suit la Fae du regard jusqu'au canapé, la rejoignant aussitôt alors qu'il souffre ouvertement de voir la femme dont il s'est épris dans cet état déplorable. Incapable de jouer l'impassible une seconde de plus.

    « C'est à cause de l'incendie ? Tu as eu peur, je comprends. C'est pour ça que tu avais besoin d'une protection pour l'orphelinat ? Dahlia, j'ai besoin de savoir s'il y a autre chose. Il faut que tu me dises la vérité. De qui devaient-ils te protéger ? Ces gens-là sont des arnaqueurs. Ils ne protègent pas, c'est seulement ce qu'ils veulent te faire croire. Tu comprends ? »

    Quelle idée, franchement. Mais il ne peut pas lui en vouloir, elle pensait sûrement bien faire car plus important encore que le bâtiment en lui-même, Eliëndir connaît assez bien cette femme pour savoir qu'elle aurait tout fait pour protéger les orphelins dont elle avait la charge. Le Melornois vient poser les deux genoux au sol et il enlace ses deux bras autour de la Fae pour partager sa peine ne serait-ce que l'espace d'un instant. Pour qu'elle n'ait pas à se sentir seule dans cette épreuve. Elle ne l'est pas et elle ne le sera plus jamais.

    « Pardonne-moi, c'est ma faute. J'aurais dû être là pour toi. Je suis tellement désolé. »

    Il reste ainsi pendant quelques secondes avant de finalement desserrer son étreinte et déposer ses mains sur ses joues, profitant de l'occasion pour essuyer ses larmes du bout de ses doigts. Plongeant son regard dans les iris ambrés de Dahlia, cherchant à capter toute son attention et faisant son possible pour la rassurer et calmer un tant soit peu sa crise d'angoisse par sa simple présence, se refusant volontairement d'utiliser sa magie sur sa bien-aimée à moins qu'il n'ait pas le choix.

    « Écoute-moi. Je comprends. Tu n'es pas seule, d'accord ? Je vais m'en occuper. Fais-moi confiance, tout va s'arranger, je te le promets. Dis-moi simplement où je peux trouver ce Aarhy ? Où se trouve la taverne exactement ? »

    CENDRES
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  • Mer 5 Juil - 13:59
    Anéantie dans les bras de celui qu'elle aime, perdue entre la culpabilité et la rage contagieuse de l'Elfe qui la soutenait, Dahlia peinait à reprendre pied avec la réalité. Ses paroles étaient dures, chaque mot la frappait avec une force telle qu'elle sentait son estomac se retourner et réfuter ses paroles semblait inutile. La Fae avait été stupide et se retrouvait à ramasser les morceaux d'un empire bâti sur des fondations vacillantes et pourries, ayant tenté durant bien trop d'années de panser une plaie ouverte avec de simples bandages. Elle avait ignoré le poison qui gangrenait sa vie et son établissement, ce loup qu'elle avait laissé entrer dans la bergerie, ce… Ses pensées s'arrêtèrent soudainement, un vide béant s'installant dans son esprit qui faisait petit à petit le lien entre les éléments. Avait-elle toujours été si fragile ? Une fleur aux pétales fins, une entité si aisée à briser et à manipuler ? Durant les absences d'Eliëndir, Dahlia arborait des traits de confiance, oubliait les principes et les valeurs qu'elle défendait pourtant avec tant d'ardeur. Une de ses mains vint errer dans la chevelure immaculée de l'Elfe, lui massant délicatement le crâne alors que ses bras l'entouraient amoureusement. Qui était-elle vraiment ? Qui était la réelle Dahlia ? Celle qui tenait son orphelinat d'une main de fer dans un gant de velours ou celle qui s'effondrait à la moindre contrariété ? Elle se sentait stupide. Terriblement sotte. Tout ceci n'était qu'une mascarade qu'elle avait aidé à orchestrer et elle agissait comme une victime.


    « Elle… Elle n'a rien fait. Elle voulait m'aider et j'ai fui Liberty, je l'ai abandonnée pour s'occuper du Masque seule. J'avais promis de revenir, mais je n'ai pensé qu'à moi, qu'à mon petit confort, qu'à nous… J'ai été égoïste et je devrais l'être, pour une fois, alors pourquoi… ». Elle avala sa salive, sa gorge se serrant. « Pourquoi j'ai le sentiment d'avoir encore tout fait de travers ? Peu importe ce que je décide de faire, quelqu'un finira toujours blessé. C'est un cercle vicieux, je ne sais plus que penser… ». Profondément fataliste, la Fae portait sur ses épaules le poids de tous les malheurs du Sekai. Responsable des maux de l'univers, de ce qui se passait sans même qu'elle n'en ait connaissance, Dahlia se considérait autant bourreau que victime, les fesses vissées entre deux chaises, entre deux rôles qui ne parvenaient plus à cohabiter. Elle devait en supprimer une pour glorifier l'autre et si le choix pouvait paraître aisé au premier abord, il ne l'était guère. La Fae s'était attachée à cette version inatteignable d'elle-même, à ce bloc de marbre que nul ne faisait faillir.


    Aux côtés de l'Elfe elle redevenait la jeune femme fragile et dominée par ses émotions qu'elle avait toujours été, et elle continuait à se demander pourquoi il avait jeté son dévolu sur un des êtres les plus névrosés du Sekai. Il méritait mieux, elle le pensait encore. Simplement, elle ne le disait plus. Elle prit une grande inspiration, le courage nécessaire pour avouer la vérité lui tordant les tripes et poursuivit. « L'incendie n'était… qu'une fois parmi tant d'autres. Écoute-moi, je… Ces personnes ont du poids sur moi, des informations, des… Je ne peux pas me permettre de les défier sans que les conséquences ne ruinent l'orphelinat. Quand je serai partie, ils pourront dire ce qu'ils veulent, je ne serai plus là pour les entendre et les Jardins du Destin ne seront plus associés à ma personne. Ma magie a causé bien plus de dégâts que tu peux l'imaginer, les épidémies s'enchaînent depuis que j'ai quitté les forêts républicaines et… tout finit par se savoir, un jour où l'autre. ». Davina s'en sortirait-elle seule face aux rumeurs, face aux allégations faites à l'égard de son ancienne supérieure ? Dahlia en doutait, cependant elle n'était pas véritablement en position de négocier.



    « Les futurs adoptants ne peuvent pas voir le sang que j'ai sur les mains, ils ne peuvent pas entendre les atrocités que j'ai commises, peu importe quand, peu importe pourquoi. Je n'ai jamais été adoptée, jamais été voulue et je ne supporterais pas de faire subir le même sort aux centaines d'enfants qui vivent entre ces murs… ». L'image de l'orphelinat était parfaite, méticuleusement travaillée par ses mains fatiguées par tant de labeur. Perdre tous ces efforts en une fraction de seconde marquerait la fin de toute une vie et si elle acceptait de mettre derrière elle cette époque pour marquer un renouveau avec Eliëndir, elle ne pouvait décemment pas saborder le navire et ne plus se préoccuper de ce qui arriverait aux orphelins. Son grand cœur la tuerait un jour. « Ils sont au courant pour Oliver, ce qui veut dire qu'ils savent pour le Masque et s'ils savent pour lui alors… ». Son poing se resserra après qu'elle ait retiré ses doigts des cheveux de l'Elfe. « Ils savent aussi… Pour moi et pour mes parents. ». Un long soupir s'échappa de l'entre-ouverture de ses lèvres. Elle était piégée, elle refusait simplement de l'admettre. « Je… Je comprends, je sais que j'ai été… dupée et j'ai toujours su que cette protection n'était en fait que du chantage mais… ». La Fae renifla un bon coup, sa crise d'angoisse s'apaisant progressivement chaque fois que ses yeux se posaient sur l'élu de son cœur. « Ce n'est pas ta faute, tu n'en savais rien, je ne t'ai rien dit et… et j'aurais peut-être mieux fait de continuer à garder le secret, je… je ne voulais pas te faire de mal ou t'énerver, je veux juste que tout s'arrête… ».


    Elle ferma les yeux, respirant longuement avant de les rouvrir, la rage grondant dans son esprit malade, la haine faisant bouillir ses veines. Dahlia en avait assez de subir. Elle allait frapper. « Je ne te laisserai pas y aller seul. C'est moi qu'ils veulent, alors c'est moi qu'ils auront. ». Apposant une légère pression sous les épaules de l'Elfe, elle l'invita à revenir à son niveau, posant délicatement son front contre le sien. « Je… je te suis reconnaissante de vouloir m'aider et… j'ai conscience que rien ne t'oblige à porter mon fardeau, pourtant tu le fais quand même et… ». Un minuscule sourire, à peine perceptible, s'empara de ses traits. « Tu es merveilleux. Je vais régler ce problème, je te le promets et… après tout ça, nous pourrons partir aux îles paradisiaques. Je pourrais commencer cette nouvelle vie avec toi sans jamais avoir à me retourner. ». Paralysée par la peur, mais galvanisée par le désir d'en finir avec la pègre locale, Dahlia vacillait entre ses deux facettes avec une aisance effrayante. Elle plongea son regard dans les améthystes envoûtantes de l'amour de sa vie, son cœur fondant de bonheur, sa colère grandissante ne devenant plus qu'une détermination, qu'une force qu'elle se devait de saisir avant qu'elle ne s'évanouisse dans la nature.


    Elle l'aimait, assez pour détruire tout ce qui se mettait en travers de leur chemin, pour anéantir ceux qui menaçaient cette stabilité qu'elle avait cherchée toute sa vie. Elle connaissait assez Eliëndir pour savoir qu'il ne ferait plus machine arrière et que la meilleure défense était aujourd'hui l'attaque. « La taverne se trouve dans les bas-fonds, non loin du puits aux… aux cadavres. Je connais l'endroit, nous pouvons l'atteindre en une petite demi-heure, en espérant qu'il ne soit pas trop tard... ». Le même où elle avait retrouvé le deuxième message de celui qui avait ôté la vie d'Oliver. Si les deux affaires n'étaient reliées que par un orphelin, Dahlia savait qu'Aarhy était trop faible pour attirer l'attention du Masque. L'information avait fuité et il jouait avec ses nerfs. « J'ai… J'ai juste besoin de quelques minutes pour me calmer et nous pourrons y aller si… si tu veux toujours venir avec moi. Je suis désolée pour… pour tout ça… pour ce que je te fais subir, pour ce que tu devras entendre, je… je veux juste que tu te souviennes que… je resterai toujours la même pour toi. Je t'aimerai jusqu'à la fin de mes jours, peu importe ce qui doit se passer aujourd'hui. ». Elle tourna la tête vers un des tiroirs de son bureau dans lequel se trouvaient les remèdes de Nineveh, refusant de céder à la facilité de les engloutir pour se défaire de sa peur envahissante. Elle devrait faire sans, elle voulait faire sans. Elle le devait aux enfants, mais surtout à Eliëndir. Elle ne se laisserait plus marcher dessus.
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  • Ven 7 Juil - 20:10
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    L'Elfe dépose calmement sa main devant sa bouche, l'air de réfléchir à la meilleure façon d'aborder la situation. Dahlia souligne un bon point en précisant que la pègre a des informations sensibles à son sujet et personne, si ce n'est lui et quelques rares personnes proches de la Fae, ne devrait être au courant. Il secoue péniblement la tête. Eliëndir a toujours beaucoup de mal à croire que les dons de Dahlia sont responsables de certaines épidémies qui sévissent à Liberty. Certes, ses dons sont puissants et il y a un passif douloureux qui fait qu'elle n'a jamais totalement maîtrisé sa magie mais pour lui, c'est tout simplement inconcevable que Dahlia se soit rendue responsable de ces méfaits. Du moins, pas intentionnellement. Peut-être qu'il est encore un peu naïf lorsqu'il est question de l'image parfaite qu'il se fait de sa bien-aimée mais Eliëndir a énormément voyagé et même s'il n'a pas participé en personne à la dernière guerre, il a eu de nombreuses occasions de faire face aux conséquences de celle-ci sur le reste du monde. Pas seulement à Liberty, dans le reste du pays, mais aussi au Reike et même à Maël, seule survivante du paysage désolé de Shoumei. Les Titans, voilà le véritable fléau de ce monde car tout n'a fait qu'empirer depuis leur réveil. Depuis le temps que Dahlia a quitté sa forêt à la mort de ses parents, quelqu'un aurait sûrement fini par découvrir la vérité si la Fae était bel et bien responsable comme elle le pense.

    « Tu n'es pas responsable des malheurs du monde. Pas plus ici, qu'à Melorn ou dans le reste du monde. »

    Il sait aussi que c'est peine perdue d'essayer de la résonner alors qu'elle est convaincue du contraire. Peu importe toute sa bonne volonté, quelques mots ne suffiront pas à apaiser ses maux et à faire disparaître cette psychose qui gangrène son esprit depuis bien trop longtemps. Il n'insiste pas plus car pour le moment, ils ont un autre problème bien plus urgent à gérer. Cette situation ne peut plus durer et même si Dahlia n'aurait qu'à s'enfuir et se réfugier à Melorn, il lui est impossible d'abandonner Davina et les orphelins à un sort bien funeste. C'est une chose qu'Eliëndir peut comprendre évidemment et si c'est important pour Dahlia, alors c'est aussi important pour lui. Aarhy et Le Masque sont donc deux personnes bien distinctes et qui n'ont, jusqu'à preuve du contraire, pas spécialement de rapport entre eux si ce n'est qu'ils détiennent tous deux des informations très compromettantes sur la Fae. Eliëndir n'est pas sûr de tout à fait comprendre mais d'une manière ou d'une autre, Le Masque a fait fuiter les informations concernant Olivier et ses parents. Comment sont-ils au courant et pourquoi faire ça ?

    Il se pose trop de questions. Ce Aarhy a les réponses dont il a besoin alors il suffit d'aller interroger le principal concerné puisqu'ils savent où le trouver. L'Elfe se mordille nerveusement les lèvres, l'idée que Dahlia l'accompagne ne lui plait pas du tout, de la même façon qu'il redoute déjà cette lueur de détermination qui vient tout juste de s'allumer dans le fond de ses iris ambrés. Il se redresse légèrement pour pouvoir poser son front contre le sien. Il est tenté de lui faire part de sa désapprobation mais finalement, il ne s'y risque même pas. Ce serait une perte de temps. Il ne le fera pas changer d'avis tout comme elle ne l'empêchera pas de s'impliquer dans cette histoire maintenant qu'il en a décidé ainsi. Pourquoi sont-ils aussi têtus, ces deux-là ? Ils se sont bien trouvés, aucun doute là-dessus. D'un autre côté, l'avoir à ses côtés lui permettra de garder un œil sur Dahlia en toute circonstance car sa sécurité passe avant tout.

    « Ton fardeau est le mien, je partagerai ta peine jusqu'à rendre mon dernier souffle. Ce qui est important pour toi, est important pour moi. Nous allons régler cette affaire, ensemble. Ensuite, on pourra enfin profiter l'esprit tranquille sans penser à autre chose, seulement nous. Juste toi et moi. »

    Cette perspective le galvanise au plus haut point, celle de pouvoir vivre aux côtés de celle qu'il aime sans avoir à craindre les problèmes, les complots et les guerres d'égos. Il est fatigué de cette vie là, plus qu'il ne veut bien l'admettre. Il aimerait simplement profiter, au moins une fois dans sa vie, du bonheur qui lui tend les bras sans avoir à penser au lendemain. C'est peut-être trop en demander pendant que leurs regards complices se croisent à nouveau et alors que leurs lèvres se joignent à nouveau dans le plus tendre des échanges, les dés sont jetés et il n'y aura donc pas de retour en arrière possible. Eliëndir est déterminé à aller jusqu'au bout et de toute évidence, Dahlia l'est tout autant.

    Il l'écoute lui parler de leur future destination. La Taverne de Puantrus, près du puits aux cadavres. Charmant. Vraiment les vacances de rêves pour tous les amoureux transis, ça donne vraiment envie en tout cas. D'ailleurs, il ne sait pas s'il doit être plus surpris de ces sobriquets très particuliers ou du fait que Dahlia connaît parfaitement l'endroit. Il se retient d'émettre le moindre commentaire, ce n'est vraiment pas le moment alors il se contente simplement d'acquiescer de la tête quand la Fae lui indique avoir besoin de quelques minutes. Ses bras glissent à nouveau dans le dos de la jeune femme pour réaffirmer son étreinte autour de sa bien-aimée. Déposant un baiser sur sa joue, il vient finalement murmurer au plus près de son oreille.

    « Je sais, mon amour. Tu n'as pas besoin de t'excuser. Je serai toujours là pour toi. On va surmonter ça, ensemble. »

    Il laissera tout le temps nécessaire à Dahlia pour reprendre son calme puis Eliëndir finira par se relever, libérant enfin ses pauvres genoux sur lesquels il est resté assis un peu trop longtemps. Prenant une grande inspiration en prenant la main de Dahlia dans la sienne qu'il ne lâchera plus à partir de maintenant et jusqu'à être arrivée dans les bas-fonds. À pieds ou en faisant une partie du chemin avec la diligence qui les attend toujours devant l'orphelinat. Quand Dahlia sera prête, le couple pourra se mettre en route pour régler cette affaire une bonne fois pour toute.

    CENDRES
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  • Sam 8 Juil - 19:02
    Lovée contre son futur mari, Dahlia respirait longuement, prenant de grandes inspirations pour les expirer tout aussi lentement, priant pour que les méthodes de sophrologie et de méditation puissent suffire à provoquer une accalmie dans la tempête qui se déchaînait en elle. Elle aussi, se serait bien passée d'une excursion dans les bas-fonds à peine rentrée à Liberty. Pourtant, elle s'y attendait, car il ne se passait pas un jour où le soleil se reflétait sur sa chevelure dorée sans qu'une averse ne vienne gâcher son éclat. À la moindre étincelle de bonheur, la Fae attendait patiemment la sentence, la contrepartie qu'elle devait céder afin de mériter un moment de répit. Victime d'injustice profonde tout au long de sa vie, la Fae ne considérait plus la vie comme un fleuve tranquille, comme une forêt calme qu'elle se contentait d'arpenter. Les obstacles s'enchaînaient et les temps de repos se raccourcissaient un peu plus chaque jour, ne laissant place qu'à un état de survie constant qui la poussait à prendre des décisions irrationnelles et à se mettre dans des situations plus que dangereuses. Depuis son arrivée à Melorn, elle dormait sur ses deux oreilles, ce sentiment de sécurité qu'Eliëndir lui prodiguait en toutes circonstances lui permettant de récupérer ce sommeil qui lui manquait tant. Elle était prête à tout pour protéger cette vie qui les attendait, cette tranquillité qu'elle attendait depuis des centaines d'années. Cet homme, le seul et l'unique, la plus belle rencontre de sa vie. « Je t'aime. ». Un murmure au creux de son oreille, un constat simple pourtant si flagrant. Une envie de déployer ses ailes commença à la démanger alors qu'elle lui souriait, le regard embrumé par l'amour qui lui aurait fait abandonner tous ses principes, toutes ses valeurs, en un seul claquement de doigts.


    Sans même qu'il n'en dise un mot, la Fae fut capable de saisir l'appréhension qui gagnait l'élu de son cœur, sa crainte de la voir se promener dans les bas-fonds. Elle ferma les yeux, sa respiration devenant plus courte, plus saccadée. Elle ne pouvait éternellement lui mentir, ne lui montrer qu'une facette d'elle-même, celle qui lui plaisait. Cette Dahlia au sourire d'ange, au regard empli de mélancolie, à l'empathie débordante. En République, en son absence, elle n'existait guère, et remettre ce masque qu'elle avait promis de ne plus jamais utiliser la décontenançait plus que de raison. L'impression de n'avoir fait des progrès que pour les annihiler, d'avoir fait un pas en avant pour trois en arrière. L'âme en peine, la Fae caressait les mèches de la chevelure argentée d'Eliëndir qui retombaient au creux de ses épaules, tentant d'endiguer ses pensées intrusives qui se frayaient une fois de plus un chemin jusqu'à son esprit troublé. Le doute s'installait et il ne s'agissait plus d'un luxe qu'elle pouvait se permettre d'avoir. Quand elle descendra dans ces ruelles sordides, dans ces lieux étranges et nauséabonds, elle n'aurait plus le droit à l'erreur, encore moins avec l'Elfe à ses côtés. Elle n'osait plus parler, incapable d'exprimer autre chose que des regrets ou des excuses, considérant qu'il en avait bien assez entendu pour l'instant. Il allait découvrir bien plus qu'elle n'aurait voulu lui montrer, toutefois un minuscule espoir subsistait : celui que son amour à son égard ne dépérisse pas à la vue de ce que sa future femme était capable de faire. Elle croyait en lui, bien plus qu'elle ne croyait en quiconque. Ainsi, c'est avec cette confiance nouvellement acquise qu'elle se redressa, logeant ses doigts dans les interstices des siens, s'approchant de la porte de son bureau avant de la franchir, ses boucles dorées dansant au creux de ses reins.


    Un pied devant l'autre, sagement, la jeune femme entreprit la route à pied une fois déchaussée de ses talons pour se munir de chaussures plates. Elle se délesta également de sa sacoche et fit glisser sa dague sur l'attache au niveau de sa cuisse, fuyant le regard inquisiteur de l'Elfe qui pouvait l'observer. Elle espérait ne pas avoir à s'en servir, pour la simple et bonne raison que si quiconque arrivait aussi près d'elle, elle pouvait se considérer comme morte. Sans prendre la peine de se vêtir d'une cape, elle entama leur marche, ses yeux parcourant les ruelles de la capitale avec une amertume non dissimulée. Tout ceci ne lui manquait pas, et revenir en ces lieux lui donnait la nausée. Une sensation étrange qui finirait bien par lui passer, lorsqu'elle aura fini d'en vouloir à la terre entière pour une attente qui ne dépendait que d'eux. Elle tourna dans une ruelle étroite, les obligeant à se tenir l'un derrière l'autre, Dahlia prenant les devants, avant de descendre une myriade d'escaliers qui les emmenaient, les paroles d'Eliëndir résonnant dans sa tête alors qu'elle avançait en vérifiant précautionneusement leurs arrières et les moindres recoins qui pouvaient abriter un ennemi. Bien plus à l'aise qu'elle n'aurait dû l'être, la Fae s'arrêta momentanément devant une fontaine au liquide que nul ne voudrait boire, les souvenirs affluant dans sa tête à une vitesse phénoménale. Elle s'accrocha un peu plus au bras de l'Elfe avant de poursuivre sa route, croisant quelques badauds, certains la saluant d'un doux sobriquet. « La petite fleur » revenait souvent, un terme que Dahlia abhorrait au plus haut point, une sorte de tentative de l'humilier qui lui laissait un goût amer sur le palais. Elle en salua quelques-uns d'un signe de tête rapide, se retournant à chaque fois pour tenter de capter la moindre émotion qui pouvait s'afficher sur le visage de l'Elfe, cette longue excursion lui pesant considérablement sur le moral.  


    « On y est. ». Le puits dont s'échappait une odeur infecte était enfin en ligne de vue, les pavés résonnant sous les pas pourtant légers de la Fae qui s'en approchait en lâchant momentanément la main du jeune homme qui l'accompagnait. Elle s'y pencha doucement, comme pour vérifier que le cauchemar qu'elle avait vécu quelques semaines auparavant ne se perpétuerait point à nouveau et quand elle se retourna… Plus rien. Elle était seule. « E… Eliëndir ? ». Elle secoua la tête, le cherchant avec un air affolé, incapable de mettre la main sur l'amour de sa vie qui venait de se volatiliser. Elle fronça les sourcils, ses lèvres se mettant à trembler alors qu'elle poursuivait ses recherches, sa voix se brisant un peu plus chaque fois qu'elle l'appelait. Puis, après la tristesse, ce fut la colère qui la gagna et rapidement la brume verte autour de ses mains commença à s'épaissir, brouillant la vision de quiconque s'approchant de la taverne dans laquelle elle était censée entrer quelques secondes plus tôt. « P… Pourquoi tu es parti, est-ce que… j'ai fait quelque chose de mal ? On… On peut en parler je t'assure je… Pourquoi est-ce que… » Son esprit commençait à flancher, sa magie reprenant son aspect absolument incontrôlable qui la caractérisait tant et cette aura morbide glissait sous les portes, rendant malade les pauvres âmes qui y séjournaient tandis qu'elle continuait à chercher inlassablement l'élu de son cœur. De l'extérieur, l'Elfe ne voyait que sa dulcinée perdre la raison, passer devant lui sans le voir, ignorer ses paroles et ses gestes, absorbée par une illusion alors qu'un mage les regardait du coin d'une fenêtre, observant un piège stupide dans lequel la Fae venait de tomber. Et si les tourtereaux restaient ainsi trop longtemps, les habitants de Liberty finiraient tous avec la peste ou le choléra, au choix…  

    Potim potam:
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  • Dim 9 Juil - 21:22
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    C'est dans un long silence et lourd de sens qu'ils quittent l'orphelinat et s'aventurent à l'extérieur de ses murs pour arpenter les grandes rues pavés de la capitale de Dangshuan dont la propreté reflète parfaitement l'image que la ville souhaite se donner aux yeux du reste du monde. Du moins, dans les beaux quartiers, vitrine officielle de Liberty, où vivent la population la plus aisée. Fierté de la République. Œcuménopole incontournable du Sekai. Derrière son apparence grandiloquente, se cache pourtant une sombre réalité que nul ne peut plus ignorer et encore moins dans une période aussi trouble de l'histoire. Les quartiers populaires se multiplient et c'est d'autant plus vrai depuis la guerre qui a apporté son lot de réfugiés en provenance de Shoumei. Parquer là où il y a de la place, souvent dans des camps de fortune insalubres et forcés d'entamer des démarches administratives interminables dans le maigre espoir de pouvoir rebâtir leur vie dans des logements sociaux prévus à cet effet. Si jusqu'à aujourd'hui la République a toujours su maintenir un certain équilibre stable et prospère entre les différentes classes sociales, c'est une nouvelle crise sans précédent que doit affronter la nation. Les épidémies s'enchaînent, la criminalité a considérablement augmenté et pour toutes ces raisons, la précarité est omniprésente dans le quotidien d'une bonne partie des habitants.

    Pauvreté et misère, voilà tout ce qu'ils trouvent en s'enfonçant toujours plus profondément dans les entrailles invisibles de la ville. Les bas-fonds, abjects et repoussants par définition. Véritable nid de vipères pour les gangs, malfrats et pour la pègre de manière générale. Plaque tournante d'un commerce illicite qui officie toute l'année en sous-marin car pour les petites gens qui n'ont pas tous eu la chance de venir au monde avec un titre et des privilèges, tous les moyens sont bons, même les plus horribles, pour s'élever dans la société. C'est quelque chose que les personnes de bonnes familles ne pourront jamais comprendre car la plupart n'ont jamais côtoyé ce milieu impitoyable. Les gens ont naturellement peur des requins de par tous les à priori qui existent sur ces animaux. À raison ou à tort. Et il faut se mettre à l'eau et vivre avec eux pour pouvoir comprendre l'origine de leurs instincts les plus primaires. Eliëndir a frôlé la noyade à plusieurs reprises, tellement de fois qu'il serait bien incapable de se souvenir de tous ce qu'il a vécu en apprenant à nager avec les prédateurs jusqu'à lui-même en devenir un. Il ne connaît pas les bas-fonds de Liberty aussi bien que Dahlia, voilà bien longtemps qu'il n'y a plus mis les pieds pour être honnête. Pour autant, il est loin d'être étranger à cet environnement car finalement, que ce soit à Liberty ou dans n'importe quelle autre grande ville du Sekai, la détresse dans le regard des gens est exactement la même.

    Encore une fois, Eliëndir n'a pas beaucoup de mal à détonner dans le paysage et même si cette fois ce n'est pas forcément volontaire de sa part, n'ayant tout simplement pas pris le temps de se changer en amont. Pourquoi faire ? Une perte de temps. L'Elfe est un diamant radieux au milieu des bas-quartiers, une rose déposée sur un tas de fumier. Il n'a vraisemblablement rien à faire ici et pourtant, il y est et il n'a pas l'intention de partir avant d'avoir réglé cette affaire une bonne fois pour toute. Autant dire qu'il n'est pas bien bavard sur la route et c'est un regard désintéressé qui se pose sur cette fontaine remplit d'une eau à la couleur très équivoque. Le mage noir apparaît parfaitement calme mais en apparence seulement, presque détaché de tous ce qui l'entoure à l'exception de sa bien-aimée qui le guide sur le bon chemin. Comme elle l'a toujours fait, d'ailleurs. Il n'a pas plus de réaction que ça en entendant le surnom que donnent certains passants à la Fae. Outre le fait qu'il comprend bien vite que Dahlia n'est pas une parfaite inconnue dans le coin, ce qu'il suspectait déjà de part son aisance à trouver son chemin dans ces ruelles sombres et dégradées. Forcé de prendre son mal en patience, cette conversation va devoir attendre encore un peu.

    Ils arrivent enfin à destination, le puits est juste devant eux et donc la taverne des malfrats est toute proche. Eliëndir était déjà sur ses gardes mais il redouble de vigilance à partir de maintenant, à tel point qu'il se met immédiatement à fermer son esprit avec une barrière psychique. Simple précaution. On est jamais trop prudent et la suite va lui donner raison. Pendant que Dahlia s'éloigne pour jeter un œil au puits, Eliëndir scrute les moindres recoins mal éclairés de la petite place dans laquelle ils ont débouché. Chaque bâtiment et chaque fenêtre sont passés aux cribles avec un sérieux exemplaire et il n'y a que la douce voix de sa partenaire féérique qui parvient à gagner son attention, en prononçant simplement son nom.

    « Hm ? On ne devrait pas rester là, c'est très exposé... Dahlia ? Tout va bien ? »

    Il ne croyait pas si bien dire. Déposant immédiatement ses améthystes sur le visage désemparé de la Fae, d'abord sans vraiment comprendre ce qui se passe et pour cause. Il voit sa bien-aimée complètement perdue et déboussolée, refusant de lui répondre et l'appelant sans arrêt comme s'il avait soudainement disparu. Pourtant, il n'a pas bougé d'un centimètre. Les sourcils froncés, il observe un moment en étant totalement impuissant. Évidemment, cela n'a rien d'une mauvaise blague entre eux et il met quelques secondes à percuter et à enfin réagir. Il fait un pas en direction de Dahlia et entreprend de lui prendre la main dans l'espoir de lui faire sentir sa présence mais se ravise aussitôt en constatant avec stupeur l'apparition de cette brume verte, menaçante et mortelle, qui se met rapidement à s'épaissir autour de la jeune femme. Honnêtement, Eliëndir n'est pas passé loin de la catastrophe sur ce coup et après avoir fait un pas en avant, il doit en faire au moins deux en arrière pour ne pas être immédiatement emporté par cette magie incontrôlable. À défaut de pouvoir s'approcher sans risquer sa vie, Eliëndir tente de se frayer un chemin dans l'esprit de sa bien-aimée pour diminuer un tant soit peu les émotions néfastes qui la submergent, réduissant sa tristesse et surtout sa colère pendant qu'il en a encore la possibilité. Avant que la situation ne dégénère complètement.

    Le mage noir a compris qu'ils sont victimes d'une attaque extérieure. Peut-être une illusion même s'il n'en est pas certain, ça y ressemble beaucoup. En y réfléchissant bien, cela s'est manifesté quand elle lui a lâché la main et qu'elle s'est approchée du puits. De toute évidence, c'est peu probable qu'un puits en pierre soit capable d'utiliser une quelconque magie alors en agissant par élimination, il en vient rapidement à la conclusion qu'il y a quelqu'un d'autre dans les environs. Tout en continuant de maintenir une certaine stabilité émotionnelle dans l'esprit de la Fae, Eliëndir se met à chercher le responsable en usant de son senseur. Concrètement, il cherche des traces de toutes les sources de magies actives dans les environs et il ne tarde pas à en remonter la source du mal. Alors que la Pestilence gagne du terrain, l'Elfe s'entoure entièrement d'une brume, comme celle de Dahlia, à la différence que la sienne est complètement noire et opaque. D'une unique impulsion, le mage noir s'envole dans les airs dans un amalgame d'ombre pour s'éloigner de la zone de danger et surtout pour fondre brutalement sur sa proie, dans l'espoir qu'il s'agisse bien de l'illusionniste.

    Eliëndir traverse et brise la fenêtre du bâtiment à toute vitesse en percutant brutalement le petit curieux qui les observait depuis leur arrivée. Imposant tout son poids sur le mage, il n'a pas de mal à le faire tomber à la renverse, à le plaquer et l'immobiliser sur le sol en bloquant ses bras avec ses pieds et ses genoux. Il vient saisir l'homme à la gorge en resserrant fermement ses doigts sur sa trachée, les iris d'Eliëndir ayant déjà viré à l'orange, il toise le mage avec tout le mépris qu'il a pour sa petite personne mais malheureusement, il n'a pas le temps de le faire souffrir plus que nécessaire. Ce n'est pas l'envie qui lui manque.

    « Libère Dahlia de ton emprise, tout de suite. Et dis-moi où est Aarhy. »

    Eliëndir ne pose pas de questions. Il exige des réponses sans aucune contrepartie, s'infiltrant dans l'esprit du mage pour le soumettre à un contrôle mental et l'obliger à se soumettre à ses exigences, sans délai. Une fois que ce sera fait, il songera très certainement à mettre fin à sa pitoyable existence sans autre forme de procès. Le premier d'une longue liste de déchets dont il va devoir s'occuper.

    CENDRES
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  • Ven 14 Juil - 20:44
    Le souffle court, ses yeux s'agitant dans tous les sens à la recherche de l'élu de son coeur qui manquait à l'appel, Dahlia peinait à contenir toutes les émotions qui se bousculaient en elle. Elle n'arrivait plus à distinguer la peur de la colère tant elles se mélangeaient, donnant un résultat catastrophique qui ne faisait qu'accentuer la vitesse à laquelle sa brume se propageait, glissant dans les serrures, dans les creux des encadrures de fenêtres, sous les habits des badauds qui dormaient dans les rues sombres et humides des bas-fonds de la capitale. Un pied devant l'autre, sans jamais entendre ou sentir la présence d'Eliëndir, la Fae semblait flancher. Tantôt prise de regrets, oscillant d'une tristesse profonde à une colère noire, elle mit un temps considérable à réaliser qu'elle était victime d'une illusion. Tout semblait si réel, si parfait. Elle aurait reconnu ces lieux entre milles, se souvenait de l'odeur du sang, du fer, de la moisissure qui ornait les murs… Elle se mit à remuer et elle arrêta de faire les cents pas dans le vide, se rendant enfin compte de la supercherie. Si l'illusion était parfaite, elle ne trompait pas l'odorat de Dahlia, encore moins lorsqu'il s'agissait de la fragrance toute particulière de son bien aimé.


    Elle fronça les sourcils avant de fermer les yeux, se concentrant pour mettre un terme à ce sort qui avait bien trop duré, pour autant elle n'en eut pas l'occasion car celui-ci se défit par lui-même. Sonnée, la Fae se rattrapa au puits d'une main tremblante, regardant à gauche puis à droite dans la panique. Elle était bel et bien seule, toutefois l'atmosphère semblait différente. Et quand elle baissa enfin les yeux, elle ne put que constater l'horreur. La brume verte, partout, tel un épais nuage, brouillant sa vision en dessous de ses mollets. Elle ne put retenir un petit cri de surprise et d'horreur avant de la dissiper en reprenant pied avec la réalité, contenant à peine la crise d'angoisse qui lui pendait au nez. Elle avait été si concentrée sur le fait d'en finir avec la pègre qu'elle avait mis de côté sa propre dangerosité, se laissant manipuler tel un pantin dans ces quartiers qui ne lui avaient jamais fait le moindre cadeau. Une fois la situation maîtrisée, elle aperçut des bouts de verre sur les pavés et en bougeant un avec son pied, un bruit attira son attention à l'étage d'une bâtisse non loin. Un affrontement se déroulait au-dessus d'elle, plus à sens unique, si seulement elle avait pu le voir.


    Dans la chambre, une toute autre scène se déroulait. Pris au dépourvu par l'arrivée soudaine de l'Elfe, le mage se retrouvait plaqué au sol, se débattant de toutes ses forces pour récupérer une once d'air qui se fraya un chemin difficile jusqu'à ses poumons. Complètement tétanisé, l'inconnu ne parvenait pas à articuler la moindre phrase, soumis au déferlement de haine d'Eliëndir qui le maintenait contre le plancher sale, le menaçant de ses yeux orangés. Bientôt, son esprit lâcha et il manqua de s'évanouir, tenu en haleine par le contrôle mental qui lui était imposé. D'une voix suffocante, toussant à plusieurs reprises, il s'exprima enfin. « C'est… C'est bon elle… elle est libre… ». Il n'avait ni la force ni la concentration nécessaire pour s'occuper de la Fae. De plus, elle n'était plus dans son champ de vision. « Je ne… je ne travaille pas pour lui je te l'assure, je… je voulais seulement empêcher Dahlia de rentrer dans cette taverne… c'est… c'est un piège… ». A ce moment précis, un bruit caractéristique de battement d'ailes s'éleva dans leur dos, signalant l'arrivée de la jeune femme dans ces lieux sordides. « Aarhy n'est pas à l'intérieur, il ne l'a jamais été, il est bien au chaud dans ses quartiers, il voulait seulement… seulement en finir avec la petite fleur… ». Incapable de mentir, le mage commençait à perdre connaissance sous la pression qui était maintenue sur sa gorge et lorsque la Fae s'approcha enfin, elle posa une main affectueuse sur l'épaule d'Eliëndir, l'invitant silencieusement à relâcher son emprise. Quant à celui qui venait de l'attaquer…


    Dahlia planta son regard dans le sien, le gratifiant d'un sourire aussi doux que terrifiant, et si le mage était déjà terrorisé, il ne put qu'avaler sa salive en croisant les yeux emplis de rage de la Fae. « Tu… Tu me reconnais pas.. pas vrai ? ». Elle acquiesça silencieusement. « Alors tu.. tu peux tout lui expliquer, non ? ». Elle secoua la tête de gauche à droite. « Mais pourquoi ? Je voulais juste t'aAAAAAAA ». Pris de convulsions, l'inconnu se mit à baver, se débattant de toutes ses forces sous les coups d'une attaque mentale puissante, dévoilant ses deux oreilles d'elfe qui jusqu'ici ne dépassaient guère de sa capuche. Frappé de plein fouet, il se mit à pleurer entre ses hurlements de douleur alors que Dahlia lui tournait le dos, reportant son attention sur Eliëndir. « J'ai… j'ai cru que… ça n'a pas d'importance, tu es là. ». Alors que son coeur s'apaisait d'enfin le retrouver, la torture prenait fin. Elle se retourna à peine pour constater l'état pathétique du jeune mage qu'elle connaissait bel et bien, se rendant compte qu'elle devait des explications, quand bien même il n'était plus lui-même en état de les donner. « Ce n'est pas un ami. Mais il dit vrai, il ne travaille pas pour Aarhy. Par contre, j'aurais aimé savoir comment il savait que j'allais venir aujourd'hui et ce qui m'attendait à l'intérieur de ces murs. ». Après avoir déposé un doux baiser sur la joue de l'Elfe, elle se pencha sur son congénère qui éprouvait de sérieuses difficultés à reprendre son souffle et à organiser ses pensées correctement. « Si tu veux vraiment te rendre utile, tu peux rentrer avant nous dans la taverne, tu ne penses pas ? ». Il hocha la tête, essuyant les larmes qui coulaient inlassablement sur ses joues, pris au dépourvu par ses plus gros traumatismes qui refaisaient surface.


    Sans tenter la moindre négociation, le mage se releva et sauta de la fenêtre brisée pour se retrouver devant les portes de la taverne. Derrière lui, Dahlia se tenait fièrement, l'épaule collée à celle d'Eliëndir, lui offrant un regard amoureux qui contrastait brutalement avec toute la violence dont elle avait fait preuve. Tremblotant, le jeune Elfe posa sa main sur la poignée et l'enclencha silencieusement, la porte grinçant sous son propre poids avant de s'ouvrir complètement et qu'une nuée de flèche ne s'envole vers lui. L'une d'entre elles se nicha dans son épaule, lui arrachant un cri de douleur alors qu'il s'affaissait et qu'une nouvelle nuée de flèches se déclenchait. Prise de panique, l'une d'entre elle se dirigeant tout droit vers le cœur de son bien-aimé, Dahlia se plaça devant, prête à la prendre à sa place. Elle ferma les yeux, leva la main et attendit que le projectile ne traverse sa peau… Ce qu'elle ne fit jamais. Après une petite seconde, elle rouvrit les yeux et constata qu'une gerbe de glace avait immobilisé toutes les armes qui fusaient en leur direction, un mur s'érigeant devant eux. Perplexe et déstabilisée, elle se retourna vers Eliëndir. « C'est… C'est toi qui a fait ça ? ». Les yeux ronds, son coeur frappant contre les parois de sa cage thoracique, Dahlia mit un temps considérable à remarquer que la taverne était entièrement vide, parsemée de messages écrits au sang sur les murs. « Traîtresse », « monstre », « parricide »… Tant de mots qui caractérisaient Dahlia, tous les plus atroces les uns que les autres. Et au fond de la pièce, caché sous une table, un de ses orphelins en larmes qui fonça sous sa jupe tandis qu'il reconnaissait enfin sa directrice. Une main sur sa tête, caressant affectueusement ses cheveux bruns, elle le serra contre elle, sommant Davina par télépathie d'envoyer quelqu'un pour le récupérer. « Je… Je n'ai aucune idée de comment le retrouver Eliëndir je… ». Et une nausée la prit, encore, la Fae reculant d'un pas avant de s'appuyer sur son bien-aimé. « Je ne me sens pas très bien… ».

    Utilisation de pouvoirs:
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  • Dim 16 Juil - 23:36
    Danse sous la pluie
    Feat Dahlia
    Imposant tout son poids sur sa victime plaquée contre le plancher poussiéreux, Eliëndir ne lui laisse aucune chance de pouvoir s'échapper par des moyens conventionnels et ce n'est pas ses petits tours de passe-passe avec ses illusions qui vont lui sauver la vie. Le mage se débat en vain et l'Elfe resserre encore un peu plus l'étreinte de ses doigts sur son cou jusqu'à ce qu'il cède à son contrôle mental et à ses exigences. Il aurait simplement pu le tuer pour mettre fin à son illusion, il aurait même gagné du temps mais ce mage encapuchonné sait sûrement quelque chose sur le dénommé Aarhy alors autant l'obliger à parler pendant qu'il en est encore capable. Quoi qu'il en soit, il n'attend pas bien longtemps avant d'avoir les premières réponses à ses nombreuses interrogations mais jamais il ne relâche son emprise, pas même une seconde. C'est maintenant un regard perplexe, les sourcils légèrement froncés, qui apparaît sur le visage du Mélornois. Il comprend que l'illusionniste, quel que soit son identité véritable, connaît Dahlia d'une manière ou d'une autre. Par ailleurs, le rendez-vous à la taverne serait donc un piège ? Prévisible mais au moins, ils en ont la confirmation.

    « Drôle de façon de venir en aide à quelqu'un. Tu aurais simplement pu te montrer pour l'avertir. »

    À moins qu'il y ait quelque chose qu'il ne sait pas encore. Même en lui laissant le bénéfice du doute, en admettant que son intention était bonne, l'illusion était une idée stupide et la réaction de la Fae parle pour lui. Une chance qu'Eliëndir ait mis fin à l'illusion et surtout que Dahlia ait réussi à remettre de l'ordre dans son esprit avant qu'il ne soit trop tard. Les dégâts auraient pu être bien plus importants qu'ils ne le sont déjà, certaines personnes ont été exposé à la brume et peut-être qu'ils sont déjà condamnés. Tout ça pourquoi ? Aarhy n'est même pas là et Eliëndir déteste perdre son temps. Il songeait sérieusement à abréger ses souffrances et ça aurait sûrement été un sort bien plus enviable en comparaison à ce qui va suivre pour lui. L'Elfe se ravise finalement quand la Fae pose sa main sur son épaule, tournant le regard vers sa bien-aimée et relâchant lentement sa prise autour du cou du mage. Soulagé, il pose sa deuxième main sur celle de la Fae. Plus de peur que de mal mais les pauvres habitants des logements alentour ne peuvent pas tous en dire autant. Pourtant, c'est le cadet de ses soucis. Tant que Dahlia va bien, son monde peut continuer de tourner.

    Toujours dans une certaine incompréhension, le mage noir alterne calmement entre la Fae et l'illusionniste pour suivre leur échange. Ces deux-là se connaissent même s'il a encore un peu de mal à déterminer la nature de leur relation et il n'en est que plus surpris de voir le mage se tordre brutalement de douleur. De toute évidence, la situation semble sous contrôle et Eliëndir en profite pour se redresser sur ses deux jambes en faisant un peu de place. Spectateur impassible devant les hurlements du mage qui se révèle être lui aussi un elfe, il est donc bien placé pour savoir le calvaire que le pauvre illusionniste est en train de vivre. Néanmoins, il n'aura point d'aide ni de pitié de sa part et le Mélornois se détourne rapidement de la séance de torture pour venir chercher le regard de Dahlia. L'esquisse d'un sourire qui se dessine sur ses lèvres alors que leurs inquiétudes s'évaporent.

    « Je sais. Je suis là. »

    Mais ils ne sont pas encore sortis d'affaire et même si Dahlia à la situation bien en main, Eliëndir lui est toujours dans le flou. Ça ne lui plaît pas du tout d'avoir des questions sans réponses et il ne peut que prendre son mal en patience ce qui est d'autant plus agaçant. Il ne sait toujours pas qui est réellement l'illusionniste, ils ne savent pas où est ce Aarhy et pour le moment, ils n'ont pas l'ombre d'une piste concrète. Si ce n'est la taverne et c'est justement là, de l'autre côté de la rue, qu'ils se rendent en espérant trouver une piste. Derrière ses airs de petite princesse, Dahlia a aussi ce quelque chose de terrifiant. Cette partie bien plus sombre de sa personnalité qui contraste considérablement avec la femme qu'il a longtemps idéalisé d'une tout autre façon. Aussi surprenant que ça puisse paraître, cette "nouvelle" facette n'est pas si déplaisante que ça. En tout cas, l'illusionniste s'empresse d'exécuter les consignes de la Fae dans son intérêt et le couple emboîte le pas derrière lui, bien décidé à entrer dans la taverne même si tout porte à croire que c'est un piège. Il profite du bref chemin vers la taverne pour entrelacer ses doigts avec ceux de la Fae, lui adressant un regard complice alors qu'une ou deux questions lui brûlent les lèvres depuis tout à l'heure.

    « Qui est-il ? Comment vous vous connaissez ? »

    Il a tout simplement besoin de savoir à qui il a à faire, la nature de leur relation évidemment. Eliëndir ne peut que spéculer à ce sujet et il n'aime pas beaucoup les différentes conclusions qu'il se fait de tout ça. Ils n'en ont pas pour longtemps avant d'enfin atteindre la taverne, déterminés à entrer même s'ils savent que c'est un piège.

    Précautionneux, Eliëndir cligne des yeux en posant son regard sur la poignée de la porte.

    « Attends. Si c'est un piè...- »

    Quel imbécile. L'elfe ouvre la porte sans prendre de précaution et sans attendre d'en recevoir l'ordre. C'est lui-même qui a prévenu le couple que c'était un piège, pourtant. Comme quoi, un con reste un con jusqu'au bout et la suite n'est qu'une réaction en chaîne du piège d'Aarhy. La porte grande ouverte, leur appât encaisse la première nuée de flèches comme un bon bouclier humain mais lorsqu'il s'effondre, il n'y a plus personne pour les protéger de la deuxième qui arrive dans la foulée. Parfaitement calme, Eliëndir est parfaitement capable de réagir et canalise immédiatement le mana autour de lui dans l'optique de se protéger lui et Dahlia mais la Fae n'est pas de cet avis. Dans un acte inconsidéré qui lui ressemble bien, Dahlia le prend complètement de vitesse en se mettant devant lui et en s'exposant au danger à sa place. Les yeux écarquillés, surpris par son initiative et pris d'une frayeur fulgurante, Eliëndir en a le souffle coupé alors qu'il s'imagine déjà faire face au pire des scénarios possibles. Dans la panique, il a tout juste le temps de passer un bras par-dessus l'épaule de la Fae dans l'infime espoir qu'avec un peu de chance, il puisse se prendre la flèche à sa place. Cela n'arrivera pas pour la simple et bonne raison que la flèche n'atteindra jamais sa cible.

    Contrairement à Dahlia, le mage noir complètement ébahi avait les yeux grands ouverts du début à la fin et il n'a absolument rien raté de l'inattendue manifestation magique des capacités de la Fae. La bouche entrouverte, un air complètement stupide sur le visage, il ne peut que constater qu'absolument toutes les flèches se sont figées dans les airs au contact du mur de glace. De son côté, il met un moment à vraiment réaliser ce qui vient de se passer et alors qu'il reporte son attention sur Dahlia.

    « Tu n'as rien ?! Qu'est-ce qui t'as pris de te mettre devant moi ! Tu as mal quelque part ? Dis-moi. Tu es sûre que ça va ? »

    Il vient poser ses mains sur ses épaules, descendant sur ses bras puis remontant sur ses joues. Il s'assure immédiatement que sa bien-aimée n'est pas bléssée avant de plonger son regard dans le sien. Tiraillé par son immense soulagement et l'envie de l'engueuler sérieusement pour s'être encore mise en danger comme une imprudente. Il n'en fera rien, préférant simplement enlacer ses bras autour de l'élue de son cœur en la serrant contre lui, aussi fort que possible et aussi longtemps qu'il en a envie. Un très long soupir s'échappe de l'interstice de ses lèvres avant d'enfin daigner lui répondre.

    « Je n'ai rien fait. C'était toi. »

    Décidément, Dahlia arrive encore à le surprendre après tout ce temps. Quoi qu'elle s'est sûrement elle-même surprise, elle n'avait pas l'air plus au courant que lui qu'elle était capable de faire ça. Une découverte des plus surprenante et qui tombe à pic, il faut bien l'avouer. Eliëndir dépose un baiser sur sa joue puis un deuxième sur son front pendant qu'il est là et il finit par reporter son attention sur la taverne complètement vide dont les murs ont été utilisés pour laisser quelques messages très sympathiques à l'attention de Dahlia. Ce Aarhy ne sait pas encore ce qui arrive mais quand ça va lui tomber dessus, il va le sentir passer bien comme il faut. Qu'il profite de ses derniers instants de répit, son calvaire sera son petit plaisir de la journée. Pour le moment, il faut rester vigilant. Il y a peut-être d'autres pièges même si c'est peu probable. Des flèches, pour abattre une simple directrice d'orphelinat ? Ce lâche n'est même pas capable de venir faire le sale boulot lui-même. Le mage noir remarque la présence de l'orphelin dès qu'il quitte sa cachette pour se jeter dans les bras de la Fae et dans le doute, il passe l'enfant sous son senseur magique comme pour s'assurer que ce n'est pas un autre piège. Il est davantage préoccupé par l'état de sa bien-aimée qui vient s'appuyer contre lui. Il glisse un bras dans son dos pour l'empêcher de flancher et se précipite près d'une table pour tirer une chaise en l'aidant à s'installer dessus.

    « Prends ton temps, ça va aller. Inspire et expire, concentre-toi sur ta respiration. Je vais te chercher un peu d'eau, j'en ai pas pour longtemps. Repose-toi un moment, d'accord ? Je m'occupe de tout. »

    Il dépose un autre baiser sur sa joue avant de tourner les talons. Il se dirige vers l'illusionniste avant qu'il n'ait la très mauvaise idée d'essayer de s'enfuir, Eliëndir n'est pas d'humeur à lui courir derrière. En fait, il n'est pas de bonne humeur tout court. Il l'attrape sèchement par le col avec les deux mains pour le relever et le pousser brutalement contre le mur. D'une main, il lui plaque le visage contre le mur et de l'autre, il attrape fermement la flèche qui est plantée dans son épaule tourner la pointe dans sa plaie ouverte qui se met à saigner toujours plus abondamment. La douleur doit être assez insoutenable pour le faire hurler de plus belle. Parfait, il est donc prêt à répondre à ses questions maintenant.

    « Comment est-ce que tu savais que Dahlia allait venir et comment tu étais au courant pour le piège ? Est-ce qu'il y a d'autres pièges ? Réponds. »

    S'il met un peu trop de temps à répondre à son goût, il refera quelques tours avec la flèche plantée dans son épaule, juste pour le réveiller un peu et s'assurer qu'il est toujours bien concentré. D'ailleurs, juste au cas où l'illusionniste tenterait quelque chose de stupide, il se retrouve immobilisé par sa propre ombre qui se déplace sur le mur, indépendamment de sa personne. Des liens apparaissent autour de ses poignets et de ses chevilles pour sagement le maintenir jusqu'à ce qu'il ait terminé.

    « Tout à l'heure, tu as dit qu'Aarhy est bien au chaud dans ses quartiers. J'ose espérer que tu sais où ça se trouve et que tu pourras nous guider sur place, n'est-ce pas ? Dans le cas contraire, tu ne m'es plus d'aucune utilité. Réfléchis bien avant de me répondre. »

    Le verre d'eau va peut-être devoir attendre un peu, au moins jusqu'à la fin de son interrogatoire.

    CENDRES
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  • Sam 22 Juil - 21:57
    Les yeux plissés, le regard fuyant, la Fae refusait de s'expliquer. Sur ses liens avec la pègre, sur la raison de la présence du mage l'ayant menée tout droit dans une illusion, sur la raison qui l'empêchait de le mettre hors d'état de nuire ici et maintenant. Tout semblait si flou, ses pensées se mélangeaient, au point que durant un bref instant, elle ne se sentit plus véritablement maîtresse de ses mouvements. Les vertiges la gagnaient progressivement, endiguant ses capacités physiques et mentales, donnant une fenêtre ouverte à ses assaillants sur sa plus grande faiblesse : lui. Bercée d'amour par le regard qu'Eliëndir lui portait, galvanisée par ses bras qui l'entouraient tendrement, Dahlia oubliait à tort qu'elle ne se trouvait pas en terrain conquis et que la présence de son bien-aimé ne lui accordait pas l'invincibilité dont elle se pensait pourvu. Tout ici n'était que manipulation et cachotteries, et si la jeune femme savait qu'elle devait des explications, elle tentait par tous les moyens de glisser ses problèmes sous le tapis, espérant ne pas y trébucher lorsqu'elle les aurait oubliés. « Nous nous sommes rencontrés il y a plusieurs années. Je.. Je ne saurais plus te dire quand exactement. ». Le voulait-elle seulement ? « Il m'a aidée à récupérer des orphelins qui avaient été enlevés après l'incendie. Je n'ai pas voulu ébruiter l'affaire, après tout ils sont revenus mais… Il est… de notre côté, je crois ? Je… Je ne sais plus qui croire… ». Là-dessus, elle ne mentait pas.


    Prise au dépourvu, quittant à peine son état léthargique sous l'impulsion de l'Elfe qui s'agitait autour d'elle en lui demandant une énième fois pourquoi elle s'était mise en danger, la Fae ne put retenir un petit sourire faiblard. « Je… je voulais te protéger… Je vais bien, je n'ai rien ! Mais… ». Elle cligna des yeux devant l'épais mur de glace, incrédule face à sa magie qui venait de lui sauver la vie sans qu'elle n'en ait conscience. « C'est… C'est forcément quelqu'un d'autre, je ne manipule pas les éléments Eliëndir, je n'ai aucun entraînement et… ». Son doigt se mit à glisser sur la paroi froide, s'assurant que tout ceci était bien réel et un soupir s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres rosées. « Ça n'a aucun sens… M... Merci mon amour, je... Je vais rester un peu ici et me reposer... ». Elle voyait dans la glace son reflet qui la toisait en retour, l'air tout aussi perdu que l'originale. Sa magie sauvage ne cessait de la surprendre, elle qui ne souhaitait plus qu'une vie douce et sans embûches, se retrouvait toujours le nez dans le pétrin.


    Son attention se reporta aisément sur l'enfant qui pleurait dans ses bras et quand l'Elfe vint l'asseoir sur une chaise quand une nausée vint la saisir, elle le serra un peu plus contre elle. « Tu.. Tu veux m'en parler? ». Le petit bougea la tête de gauche à droite. Elle soupira. Elle avait échoué, encore. « Je suis désolée mon enfant, tout est ma faute… ». Et quelques instants plus tard, une ange s'arrêta devant la taverne, venant récupérer le petit en l'extorquant des bras de Dahlia. Son coeur se serra. Elle espérait que le traumatisme ne serait pas trop profond, qu'il ne grandirait pas brisé par tout ce qu'il avait pu voir aujourd'hui. Une larme unique coula le long de sa joue. Qu'était-elle, si ce n'est une incapable ? Alors qu'Eliëndir s'éloignait lentement, la Fae entreprit de calmer ses bouffées de chaleur, la sueur perlant sur son front, son visage devenant de plus en plus pâle. Un milliard de questions se bousculaient dans son esprit, allant de la simple supposition à l'éclair de génie. Sa pestilence avait-elle fini par atteindre sa propriétaire. Elle secoua la tête, tentant d'empêcher cette idée de germer. C'était impossible… n'est-ce pas ?


    L'illusionniste, criblé de flèches, peinait à se relever. Il rampait sur le plancher de la taverne, haletant, essayant tant bien que mal de penser à autre chose que la douleur qui l'handicapait sérieusement. Une main accrochée à un tabouret, il commença à se relever quand il sentit une emprise sur son col dans son dos, avant d'être soulevé dans les airs et plaqué contre le mur. « Mais t'es complètement taré, lâch.. lâche-moi ! ». Gigotant autant qu'il le pouvait, médiocrement donc, le mage remuait en grimaçant, ses plaintes étant vite remplacées par des hurlements de douleur alors qu'Eliëndir faisait tourner le bout de la flèche enfoncé dans sa chair. « C'est bon c'est bon j'ai compris ! J'ai compris, s'il te plaît, arrête, je… je vais parler. ». Sa chevelure blonde criblée de sang et de sueur se plaqua contre son visage déformé par la souffrance. « Tout le monde savait que Dahlia allait revenir aujourd'hui, j'suis pas un espion, ou peu importe ce que tu penses que je suis. L'orphelinat a toujours été surveillé. Elle s'est taillée un beau jour et le lendemain, la moitié des hommes d'Aarhy ont contracté la peste obscure. C'était sa signature magique, y'a aucun doute là-dessus. ». Il se mit à tousser bruyamment. « Pour le piège, j'ai vu les gars d'Aarhy rentrer dans la taverne sans lui, et très tôt dans la matinée. Y'a aucune raison de se pointer autant en avance si c'est pas pour préparer quelque chose de louche. »


    Les yeux rivés sur la flèche qui restait par chance immobile, le mage ne s'arrêtait plus de parler, paralysé par la peur de mourir et le regard dévastateur que lui adressait son congénère. « J'en sais rien pour les autres pièges, je le jure sur ma vie, sur tout ce que tu veux ! Et si j'ai pas prévenu Dahlia, c'est parce que si tu la connais autant que t'as l'air de la connaître, tu sais très bien que des pièges ça ne l'arrête pas ! Elle est… ». Timbrée était le mot qu'il recherchait, mais quelque chose lui disait qu'il valait mieux le garder pour lui. « Elle a tué tellement de gens, tout le monde va lui tomber dessus, ils détestent les déserteurs dans le coin. Je voulais juste lui faire croire que tu étais parti pour qu'elle fasse demi-tour. J'ai pas parié sur le fait qu'elle allait vriller et ça c'est ma faute. Pour Aarhy, je sais où sont ses quartiers, je vous y emmènerais dès que… ». Il grimaça encore une fois. « Dès que j'aurais repris mon souffle je… je viendrais avec vous, de toute façon vu la façon dont la petite fleur me regarde, dans trois jours je s'rais plus de ce monde… La p'tite fleur saura reconnaître le coin, c'est pas loin du bordel où elle s'est perdue avec sa copine serpent la dernière fois. ». De l'autre côté de la pièce, Dahlia fixait son assaillant, des dagues dans les yeux, les membres tremblants. « Elle… Elle a pas l'air bien… ». La Fae se releva, marchant faiblement jusqu'à la porte, s'arrêtant au niveau d'un caniveau pour vomir, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. « Tant qu'elle est loin, on se connaît parce qu'elle a tué toute ma famille. J'ai récupéré quelques marmots qui s'étaient échappés lors de l'incendie par hasard, en retour je lui ai demandé de se débarrasser d'eux. Notre relation s'arrête là, et je sais que tu la vois pas comme une mercenaire, c'est pas ce que j'ai envie de voir non plus. ». Il ferma les yeux, à deux doigts de s'évanouir à son tour. « Je… je vais dormir un petit peu je crois… ».
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