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Invité
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Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Des réponses incomplètes, voilà tout ce qu'il aura de la part de sa bien-aimée à ses nombreuses questions pour le moment. S'exprimant volontairement à demi-mot, il apprend tout de même qu'il y a eu une suite à l'affaire de l'incendie. Il s'en doutait évidemment mais ce n'est pas exactement le même discours qu'il a eu il y a quelques semaines lors de leurs retrouvailles à Melorn. Cela ne fait que renforcer un peu plus l'agacement de l'Elfe sans pour autant relancer le sujet. Il a bien plus urgent à gérer dans l'immédiat et d'ailleurs, il espère sincèrement que l'illusionniste sera plus loquace que la Fae. Dans son intérêt à lui. Il constate l'état déplorable de l'elfe qui a encaissé la première salve de flèches à leur place. Piège qu'il a lui-même déclenché en toute connaissance de cause. Au moins, il n'aura pas été complètement inutile dans cette histoire mais ce n'est pas Eliëndir qui éprouvera la moindre compassion à son égard et il n'a pas l'intention de le ménager.
Sous la menace bien réelle que représente Eliëndir et sous son regard inquisiteur, l'illusionniste se met rapidement à déballer toute l'histoire sans qu'il n'ait à se montrer plus sévère dans sa démarche. Tant mieux, ça lui fait gagner du temps. Il plisse légèrement des yeux en écoutant le début du récit, visiblement quelqu'un était au courant pour le retour de Dahlia à l'orphelinat mais comment ? Les personnes mises dans la confidences sont peu nombreuses et font toutes parties de l'entourage plus ou moins proche du couple. Eliëndir s'est assuré de la fidélité de son cercle proche, que ce soit Yéléna ou plus simplement les domestiques et employés de son domaine. Même s'il ne peut pas en être certain, il doute sincèrement que l'information ait fuité à Melorn. Peu probable que quelques malfrats de Liberty aient des yeux et des oreilles aussi loin dans le nord. Sans incriminer personne, la théorie la plus plausible voudrait que quelqu'un de l'orphelinat ait parlé puisque l'établissement est constamment sous surveillance. Mais qui ? Cela vaut sûrement la peine de mener sa petite enquête une fois qu'il en aura terminé dans les bas-fonds.
Pour le reste, il ignore volontairement le passage sur la peste obscure qui a décimé la moitié des hommes d'Aarhy. C'est parfaitement mérité. En fait, il est même plutôt satisfait de l'apprendre et il ne peut que regretter que Dahlia n'ait pas réussi à tous les tuer d'un seul coup. Cela leur aurait évité quelques désagréments, tant pis. Eliëndir va devoir s'occuper de la seconde moitié des rescapés. Il ne leur laissera pas le temps de s'attaquer à nouveau à Dahlia, c'est lui qui va leur tomber dessus et il compte bien régler cette affaire une bonne fois pour toute de manière à ne plus jamais avoir à entendre parler de cette histoire. Le Masque est le prochain sur sa liste, le grand ménage s'impose. À la simple mention du surnom de la Fae, son sang bouillonne mais il se ravise quand le mage l'interpelle au sujet de l'état de Dahlia. Le regard inquiet, Eliëndir tourne la tête vers sa bien-aimée pour la voir passer la porte d'entrée et chercher un endroit où se vider l'estomac. Ce qu'il pensait n'être qu'un coup de chaud n'en était peut-être pas un, finalement. Serait-ce un contrecoup de la pestilence ? C'est possible, jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais eu l'occasion de voir la magie de Dahlia en action. Il n'est pas sûr d'avoir envie de retenter l'expérience, d'ailleurs. Pas tant qu'elle ne sera pas capable de se contrôler. Son état est préoccupant et il serait plus raisonnable pour elle de retourner à l'orphelinat. Ce qu'elle refusera catégoriquement de faire, il s'en doute déjà.
Eliëndir écoute la fin du récit d'une oreille distraite. Honnêtement ? Il n'en a pas grand-chose à faire qu'il ait aidé Dahlia à récupérer ses orphelins après l'incendie. Pas plus qu'il en a quelque chose à faire de la mort de sa famille et de ses problèmes familiaux. Par contre, si Dahlia s'est effectivement rendue coupable d'un tel crime alors tant qu'il sera en vie, l'illusionniste sera un témoin compromettant pour la sécurité de la Fae. Peu importe qu'il ait l'intention ou non de révéler ses méfaits passés, Eliëndir ne compte pas prendre de risque à ce sujet. Pour le moment, il a besoin de lui vivant mais ce ne sera pas toujours le cas. Alors que le mage est sur le point de s'évanouir, Eliëndir lui assène une attaque mentale assez douloureuse pour le maintenir éveillé.
« Ne t'avise pas de t'endormir tant que je ne t'en ai pas donné l'autorisation. »
D'un bon coup sec, le mage noir casse la flèche en deux en jettant un bout sur le sol et en retirant l'autre de l'épaule de son congénère. Il vérifie sa blessure, cela saigne donc rien de très encourageant mais au moins la flèche ne semble pas avoir touché l'artère. Tant qu'il est capable de le guider jusqu'au bordel et aux quartiers d'Aarhy, ce sera amplement suffisant. Lui adressant un dernier regard noir, la poigne du Mélornois vient sèchement se saisir de la gorge du mage.
« La petite fleur. Plus jamais tu ne l'appeleras comme ça. Je me suis bien fais comprendre ? »
Il est certain que son message est bien passé et il n'attend pas vraiment de réponse de sa part tant la pression de ses doigts sur sa trachée est importante. Sur le chemin, Dahlia ne semblait pas aimer ce petit sobriquet que lui donnaient les habitants du quartier. Si elle ne l'apprécie pas alors Eliëndir ne l'aime pas non plus, c'est aussi simple que ça. Il doit se résoudre à relâcher sa prise pour ne pas le tuer, son heure n'est pas encore venue. Le mage noir se retourne pour observer la taverne complètement vide et en désordre. Il pourrait prendre la peine de fouiller le bâtiment mais est-ce vraiment utile alors qu'ils savent où trouver Aarhy et sa bande ? Autant aller droit au but. Poussant l'illusionniste vers la sortie, il n'a aucune envie de traîner plus que nécessaire dans ce coin fétide.
« Avance. Guide-nous jusqu'à Aarhy. »
Eliëndir emboîte le pas derrière le mage et en passant le pas de la porte de la taverne, les ombres à l'intérieur du bâtiment se mettent à complètement recouvrir l'espace en arrachant les murs tachés de sang et en détruisant complètement les fondations de l'immeuble. Tout va très vite. Dans le dos du mage noir et dans une réaction en chaine, le bâtiment commence à s'écrouler sur lui-même dans un fracas assourdissant. Un épais nuage de poussière s'élève au-dessus du sol sur plusieurs mètres autour des ruines du bâtiment. Une fois son oeuvre terminée, Eliëndir retrouve Dahlia à l'extérieur de la taverne pour poser une main sur sa joue et l'autre sur son front, voulant s'assurer de l'état de sa bien-aimée et vérifiant par la même occasion qu'elle n'ait pas de la fièvre.
« Est-ce que ça va mieux ? Tu es malade ? On devrait retourner à l'orphelinat. Tu n'as pas l'air bien. Je peux m'occuper de ça moi-même, tu devrais te reposer. Je n'en ai pas pour longtemps, ce sera vite terminé. »
Ce qui en dit long sur ce qu'il a l'intention de faire lorsqu'il aura enfin mis la main sur les petits malins qui se sont attaqués à la mauvaise Fae. Il jette un coup d'œil en direction de l'illusionniste qui les attend pour les mener tout droit chez Aarhy. Eliëndir connaît d'avance la réponse de Dahlia mais il se doit de lui suggérer de rentrer se reposer si elle ne se sent pas de poursuivre. Ce serait sûrement la bonne chose à faire. Entrelaçant ses doigts dans les siens, il attendra le temps qu'il faut et quand Dahlia sera prête à repartir, ils se mettront à suivre la vieille connaissance de la Fae qui se met péniblement à guider le chemin à défaut d'avoir le choix.
Ils finissent par atteindre le fameux bordel à la devanture tape-à-l'oeil, contrastant complètement avec le reste du paysage morose. Certainement que cela fonctionne pour attirer le plus de client possible et c'est sûrement l'objectif. Difficile à dire si l'établissement est ouvert en pleine journée, une partie du personnel doit être sur place pour préparer l'ouverture en début de soirée. Mais techniquement, ce n'est pas le bordel en lui-même qui les intéresse. Alors Eliëndir se tourne vers son congénère.
« Tu as dis que c'était pas loin. Montre-moi. »
CENDRES
Sous la menace bien réelle que représente Eliëndir et sous son regard inquisiteur, l'illusionniste se met rapidement à déballer toute l'histoire sans qu'il n'ait à se montrer plus sévère dans sa démarche. Tant mieux, ça lui fait gagner du temps. Il plisse légèrement des yeux en écoutant le début du récit, visiblement quelqu'un était au courant pour le retour de Dahlia à l'orphelinat mais comment ? Les personnes mises dans la confidences sont peu nombreuses et font toutes parties de l'entourage plus ou moins proche du couple. Eliëndir s'est assuré de la fidélité de son cercle proche, que ce soit Yéléna ou plus simplement les domestiques et employés de son domaine. Même s'il ne peut pas en être certain, il doute sincèrement que l'information ait fuité à Melorn. Peu probable que quelques malfrats de Liberty aient des yeux et des oreilles aussi loin dans le nord. Sans incriminer personne, la théorie la plus plausible voudrait que quelqu'un de l'orphelinat ait parlé puisque l'établissement est constamment sous surveillance. Mais qui ? Cela vaut sûrement la peine de mener sa petite enquête une fois qu'il en aura terminé dans les bas-fonds.
Pour le reste, il ignore volontairement le passage sur la peste obscure qui a décimé la moitié des hommes d'Aarhy. C'est parfaitement mérité. En fait, il est même plutôt satisfait de l'apprendre et il ne peut que regretter que Dahlia n'ait pas réussi à tous les tuer d'un seul coup. Cela leur aurait évité quelques désagréments, tant pis. Eliëndir va devoir s'occuper de la seconde moitié des rescapés. Il ne leur laissera pas le temps de s'attaquer à nouveau à Dahlia, c'est lui qui va leur tomber dessus et il compte bien régler cette affaire une bonne fois pour toute de manière à ne plus jamais avoir à entendre parler de cette histoire. Le Masque est le prochain sur sa liste, le grand ménage s'impose. À la simple mention du surnom de la Fae, son sang bouillonne mais il se ravise quand le mage l'interpelle au sujet de l'état de Dahlia. Le regard inquiet, Eliëndir tourne la tête vers sa bien-aimée pour la voir passer la porte d'entrée et chercher un endroit où se vider l'estomac. Ce qu'il pensait n'être qu'un coup de chaud n'en était peut-être pas un, finalement. Serait-ce un contrecoup de la pestilence ? C'est possible, jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais eu l'occasion de voir la magie de Dahlia en action. Il n'est pas sûr d'avoir envie de retenter l'expérience, d'ailleurs. Pas tant qu'elle ne sera pas capable de se contrôler. Son état est préoccupant et il serait plus raisonnable pour elle de retourner à l'orphelinat. Ce qu'elle refusera catégoriquement de faire, il s'en doute déjà.
Eliëndir écoute la fin du récit d'une oreille distraite. Honnêtement ? Il n'en a pas grand-chose à faire qu'il ait aidé Dahlia à récupérer ses orphelins après l'incendie. Pas plus qu'il en a quelque chose à faire de la mort de sa famille et de ses problèmes familiaux. Par contre, si Dahlia s'est effectivement rendue coupable d'un tel crime alors tant qu'il sera en vie, l'illusionniste sera un témoin compromettant pour la sécurité de la Fae. Peu importe qu'il ait l'intention ou non de révéler ses méfaits passés, Eliëndir ne compte pas prendre de risque à ce sujet. Pour le moment, il a besoin de lui vivant mais ce ne sera pas toujours le cas. Alors que le mage est sur le point de s'évanouir, Eliëndir lui assène une attaque mentale assez douloureuse pour le maintenir éveillé.
« Ne t'avise pas de t'endormir tant que je ne t'en ai pas donné l'autorisation. »
D'un bon coup sec, le mage noir casse la flèche en deux en jettant un bout sur le sol et en retirant l'autre de l'épaule de son congénère. Il vérifie sa blessure, cela saigne donc rien de très encourageant mais au moins la flèche ne semble pas avoir touché l'artère. Tant qu'il est capable de le guider jusqu'au bordel et aux quartiers d'Aarhy, ce sera amplement suffisant. Lui adressant un dernier regard noir, la poigne du Mélornois vient sèchement se saisir de la gorge du mage.
« La petite fleur. Plus jamais tu ne l'appeleras comme ça. Je me suis bien fais comprendre ? »
Il est certain que son message est bien passé et il n'attend pas vraiment de réponse de sa part tant la pression de ses doigts sur sa trachée est importante. Sur le chemin, Dahlia ne semblait pas aimer ce petit sobriquet que lui donnaient les habitants du quartier. Si elle ne l'apprécie pas alors Eliëndir ne l'aime pas non plus, c'est aussi simple que ça. Il doit se résoudre à relâcher sa prise pour ne pas le tuer, son heure n'est pas encore venue. Le mage noir se retourne pour observer la taverne complètement vide et en désordre. Il pourrait prendre la peine de fouiller le bâtiment mais est-ce vraiment utile alors qu'ils savent où trouver Aarhy et sa bande ? Autant aller droit au but. Poussant l'illusionniste vers la sortie, il n'a aucune envie de traîner plus que nécessaire dans ce coin fétide.
« Avance. Guide-nous jusqu'à Aarhy. »
Eliëndir emboîte le pas derrière le mage et en passant le pas de la porte de la taverne, les ombres à l'intérieur du bâtiment se mettent à complètement recouvrir l'espace en arrachant les murs tachés de sang et en détruisant complètement les fondations de l'immeuble. Tout va très vite. Dans le dos du mage noir et dans une réaction en chaine, le bâtiment commence à s'écrouler sur lui-même dans un fracas assourdissant. Un épais nuage de poussière s'élève au-dessus du sol sur plusieurs mètres autour des ruines du bâtiment. Une fois son oeuvre terminée, Eliëndir retrouve Dahlia à l'extérieur de la taverne pour poser une main sur sa joue et l'autre sur son front, voulant s'assurer de l'état de sa bien-aimée et vérifiant par la même occasion qu'elle n'ait pas de la fièvre.
« Est-ce que ça va mieux ? Tu es malade ? On devrait retourner à l'orphelinat. Tu n'as pas l'air bien. Je peux m'occuper de ça moi-même, tu devrais te reposer. Je n'en ai pas pour longtemps, ce sera vite terminé. »
Ce qui en dit long sur ce qu'il a l'intention de faire lorsqu'il aura enfin mis la main sur les petits malins qui se sont attaqués à la mauvaise Fae. Il jette un coup d'œil en direction de l'illusionniste qui les attend pour les mener tout droit chez Aarhy. Eliëndir connaît d'avance la réponse de Dahlia mais il se doit de lui suggérer de rentrer se reposer si elle ne se sent pas de poursuivre. Ce serait sûrement la bonne chose à faire. Entrelaçant ses doigts dans les siens, il attendra le temps qu'il faut et quand Dahlia sera prête à repartir, ils se mettront à suivre la vieille connaissance de la Fae qui se met péniblement à guider le chemin à défaut d'avoir le choix.
Ils finissent par atteindre le fameux bordel à la devanture tape-à-l'oeil, contrastant complètement avec le reste du paysage morose. Certainement que cela fonctionne pour attirer le plus de client possible et c'est sûrement l'objectif. Difficile à dire si l'établissement est ouvert en pleine journée, une partie du personnel doit être sur place pour préparer l'ouverture en début de soirée. Mais techniquement, ce n'est pas le bordel en lui-même qui les intéresse. Alors Eliëndir se tourne vers son congénère.
« Tu as dis que c'était pas loin. Montre-moi. »
CENDRES
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Sous la menace perpétuelle de l’Elfe qui le toisait de son regard inquisiteur, l’illusionniste regrettait chacune de ses actions. De sa rencontre avec la Fae jusqu’à sa tentative de la faire reculer en constatant qu’elle se jetait dans la gueule du loup avec un grand sourire sur le visage, tout lui semblait parfaitement aberrant. Il ferma les yeux en grimaçant, se souvenant avec douleur que les rumeurs à son propos disaient vrai et que si la jeune femme paraissait aussi douce qu’une fleur, elle n’en restait pas moins recouverte d’épines. Pourtant, ses informateurs n’avaient jamais mentionné la présence d’un être aussi puissant qu’Eliëndir dans son entourage proche, encore moins d’un lien aussi fort entre ces deux individus. La respiration saccadée par la douleur qui le parcourait, le mage suait à grosses gouttes, à deux doigts de l’endormissement tant la fatigue le gangrène, l’empêchant de garder un esprit clair et concentré sur cette situation qu’il ne contrôlait absolument pas. L’ambassadeur de Melorn restait une figure reconnue en République et s’il avait effectivement été remarqué en ville auprès de Dahlia, depuis son départ à Melorn tout était devenu brouillé. Les grands noms de la pègre devaient tout savoir, néanmoins pour un énième pion sur l’échiquier, l’aventure s’arrêtait là.
Alors qu’il pensait que le plus dur était derrière lui, il fut secoué par une brutale attaque mentale qui lui scia le cerveau, le poussant à hurler de plus belle, ses cris déchirant les cieux. Son regard passa de la peur à la haine, une rage profonde envers l’Elfe qui le maltraitait, parfaitement conscience de ses faiblesses, car il les partageait. « J’ai… J’ai compris… ». Si ses émotions lui hurlaient de se débattre et de passer à l’offensive, sa raison et son instinct de survie l’en empêchaient. Il espérait survivre, trouver un moyen de passer sous le radar. Son vœu ne serait pas exaucé, mais pour l’heure, il l’ignorait. Le mage se releva péniblement une fois la douleur devenue supportable, une main sur sa plaie qui saignait encore, gouttant sur le plancher à intervalles réguliers. Se rendre jusqu’aux quartiers d’Aarhy est probablement la dernière chose qu’il fera, car si son congénère n’en finit pas avec son existence, les hommes de main du commanditaire de l’attaque s’en chargeraient. Sans un mot, avec une rapidité toute relative, l’illusionniste s’éclipsa du bâtiment avant de le voir s’effondrer sur son passage, une sueur froide lui parcourant l’échine. Il avancera sans faire d’histoires, sans tenter de s’enfuir, car maintenant que son regard se posait sur Dahlia en bien mauvais état, il n’imaginait pas les horreurs qu’il allait devoir traverser.
Penchée en avant, essoufflée, la Fae peinait à se remettre de la nausée qui l’avait violemment secouée. Ses doigts tremblants vinrent replacer sa chevelure dorée en arrière tandis que son dos courbé revenait lentement à sa position initiale, ses bras se croisant sous sa poitrine pour lui offrir un peu plus de stabilité. Dahlia prit une lente inspiration avant d’expirer longuement quand elle sentit la chaleur de la peau de l’Elfe contre la sienne. Son corps tressaillit et elle posa amoureusement sa tête contre son épaule, se reposant quelques instants sur lui, nageant dans une béatitude qui lui manquait grandement. Durant une dizaine de secondes, elle se sentit presque de retour à Melorn, dans ces murs épais qui la protégeaient de tous les maux, dans ses bras aimants qui lui donnaient la force d’avancer. Son épiderme était froid, quasiment glacé, indiquant tout le contraire d’une potentielle fièvre. Doucement, la jeune femme passa ses bras contre les cotes de l’Elfe, venant se lover dans une étreinte dont la douceur contrastait profondément avec la violence dont Eliëndir venait de faire preuve. « Non, non… Je ne peux pas te laisser t’occuper de tout à ma place. C’est pour moi que nous sommes revenus, j’aurais simplement pu te demander de faire déplacer mes affaires, mais j’ai préféré prendre le risque. ». Son regard se plongea dans le sien dans un mélange de désespoir et de pardon. « Si j'avais su, nous serions restés à Melorn. Je suis désolée de te mêler à tout ça. Ce sont… Ce sont les vestiges d'une époque à laquelle je ne souhaite plus revenir, les conséquences de décisions que j'ai dû prendre dans la précipitation pour protéger mon orphelinat, pour me protéger. ». Elle en vint elle-même à se demander si elle se cachait derrière ces excuses ou s'il s'agissait de la vérité. Si Dahlia n'avait guère eu le choix dans certaines circonstances, elle aurait pu se défaire de l'emprise de la pègre bien avant ce jour. Pourtant, elle se complaisait dans le confort apporté par une protection viscérale, par cet échange de bons procédés qui faisait plus de bien que de mal… Tout du moins c'est ce qu'elle se répétait, afin de se rassurer.
La Fae suivit l'illusionniste, tenant toujours fermement le bras de son bien-aimé contre elle, autant par peur de vaciller encore une fois que par nécessité de sentir son contact si particulier. Plus ils avançaient, plus la santé mentale de la jeune femme se détériorait, en proie aux souvenirs qui l'assaillaient en repensant au bordel et à ce qui s'était passé en son sein. Alors que le mage se trouvait à quelques mètres devant eux, Dahlia sentit le besoin d'offrir quelques explications à l'élu de son cœur, sa vulnérabilité la poussant à faire un pas dans sa direction. « Je… J'ai déjà été vue dans ce bordel, mais ce n'est pas ce que tu crois. Avant de me rendre à Melorn, j'ai dû m'occuper de l'enlèvement d'Oliver et mes pas ainsi que les différentes… énigmes, si l'on peut appeler ça comme ça… m'ont mené jusqu'ici en compagnie de Ssisska. C'est dans une de ces chambres que j'ai affronté le Masque et… la suite, tu la connais déjà. ». Une moue coupable et dépitée sur le visage, elle poussa un long soupir de frustration, témoin de la culpabilité qui la tiraillait. « Je te dois des explications, j'en suis consciente et je sais aussi que tu détestes tourner autour du pot. Je te dirais tout, mais pas ici, pas maintenant. ». Elle déposa un doux baiser sur la joue d'Eliëndir, espérant que ses mots parviennent à apaiser le torrent de colère qui se déferlait dans l'esprit de son futur mari avant de le gratifier d'un doux sourire. Bientôt, ils retrouveraient une vie tranquille. Elle y croyait, sans doute un peu trop.
Le mage s'arrêta au croisement de deux petites ruelles adjacentes au bordel, cherchant de son regard exténué la présence des hommes de main d'Aarhy. Le silence planait sur les bas-fonds de la capitale républicaine, ne laissant que leurs pas résonner sur les pavés froids et trempés de la pluie de la veille. Certes, les activités de la pègre grouillaient plus la nuit que le jour, pour autant l'Elfe ne semblait pas véritablement tranquille à l'idée d'avancer vers l'inconnu. Il se racla la gorge, se retournant vers le couple qui le fusillait du regard avant de poursuivre sa route à contre-cœur, s'appuyant sur un des murs pour compenser son épaule douloureuse. Il montra de la tête un escalier menant à une porte en contrebas. « C'est sa planque principale. Je ne peux pas vous garantir qu'il y sera aujourd'hui, mais ce n'est pas son genre d'avoir la bougeotte. ». Il descendit les marches avant de toquer cinq fois à intervalles réguliers, formant un petit rythme avant que la porte ne s'ouvre en grinçant. « Bon… Bonjour, c'est Eredil. Je… Aarhy est là ? ».
Une voix rauque résonna juste au-dessus de lui. « Je suis là. Et tu n'es pas venu seul, quelle délicate attention. ». L'ange aux ailes noircies se pourvoit d'un large sourire éclatant, la porte s'ouvrant dans le vide pour les inviter à entrer. Aarhy descendit les marches lentement, les mains dans les poches de son costume, entouré par une dizaine d'hommes. Il tendit la main à la jeune femme pour la lui serrer, sans que le geste lui soit rendu. « Bonjour Dahlia, petite fleur. Je ne t'attendais pas si tôt, voire pas du tout. Encore moins accompagnée. Cela doit être la cause de ton départ. ». Plantant son regard dans celui d'Eliëndir, il n'eut que peu de difficulté à le reconnaître. Sa main fouilla en dessous du bureau qui jouxtait la fenêtre, et il en ressortit quelques parchemins pour les agiter. « Tu as quelque chose qui m'appartient, alors je me suis permis de te dérober également quelques biens à l'orphelinat. Tu sais, tes potions de perte de mémoire sont toujours dans ton bureau. Il n'a pas été très difficile de les faire avaler à ta chère Davina. ». Les doigts de la Fae se mirent à trembler, plus de haine que de peur. « Je n'ai pas envie d'avoir ton sang sur les mains, avec la chance que j'ai, cela me rendrait malade. Je te rendrai tes registres et par conséquent ta liberté, à condition que notre petit marché se poursuive, même en ton absence. ». Dahlia se mordit les lèvres. « Je ne peux pas demander à Davina d'honorer un contrat qu'elle n'a pas signé et... et je ne peux plus te laisser les enfants qui sortent de l'orphelinat. C'était une... une décision stupide. ». Il haussa les épaules, ses yeux se fixant sur le ventre de la jeune Fae, sentant une autre présence magique que la leur. « Je ne te le fais pas dire. Alors, nous sommes dans une impasse. Tu me fournis de la main d'œuvre, j'assure ta protection. Si tu n'as rien à m'offrir, dans ce cas, tu ne m'es d'aucune utilité. Pire, tu deviens un témoin gênant. Peut-être que ton prince charmant a quelque chose à proposer, après tout, l'ambassadeur de Melorn, tu es allée le chercher bien loin et vous êtes bientôt trois, ce serait dommage que tout s'arrête ici… ».
Alors qu’il pensait que le plus dur était derrière lui, il fut secoué par une brutale attaque mentale qui lui scia le cerveau, le poussant à hurler de plus belle, ses cris déchirant les cieux. Son regard passa de la peur à la haine, une rage profonde envers l’Elfe qui le maltraitait, parfaitement conscience de ses faiblesses, car il les partageait. « J’ai… J’ai compris… ». Si ses émotions lui hurlaient de se débattre et de passer à l’offensive, sa raison et son instinct de survie l’en empêchaient. Il espérait survivre, trouver un moyen de passer sous le radar. Son vœu ne serait pas exaucé, mais pour l’heure, il l’ignorait. Le mage se releva péniblement une fois la douleur devenue supportable, une main sur sa plaie qui saignait encore, gouttant sur le plancher à intervalles réguliers. Se rendre jusqu’aux quartiers d’Aarhy est probablement la dernière chose qu’il fera, car si son congénère n’en finit pas avec son existence, les hommes de main du commanditaire de l’attaque s’en chargeraient. Sans un mot, avec une rapidité toute relative, l’illusionniste s’éclipsa du bâtiment avant de le voir s’effondrer sur son passage, une sueur froide lui parcourant l’échine. Il avancera sans faire d’histoires, sans tenter de s’enfuir, car maintenant que son regard se posait sur Dahlia en bien mauvais état, il n’imaginait pas les horreurs qu’il allait devoir traverser.
Penchée en avant, essoufflée, la Fae peinait à se remettre de la nausée qui l’avait violemment secouée. Ses doigts tremblants vinrent replacer sa chevelure dorée en arrière tandis que son dos courbé revenait lentement à sa position initiale, ses bras se croisant sous sa poitrine pour lui offrir un peu plus de stabilité. Dahlia prit une lente inspiration avant d’expirer longuement quand elle sentit la chaleur de la peau de l’Elfe contre la sienne. Son corps tressaillit et elle posa amoureusement sa tête contre son épaule, se reposant quelques instants sur lui, nageant dans une béatitude qui lui manquait grandement. Durant une dizaine de secondes, elle se sentit presque de retour à Melorn, dans ces murs épais qui la protégeaient de tous les maux, dans ses bras aimants qui lui donnaient la force d’avancer. Son épiderme était froid, quasiment glacé, indiquant tout le contraire d’une potentielle fièvre. Doucement, la jeune femme passa ses bras contre les cotes de l’Elfe, venant se lover dans une étreinte dont la douceur contrastait profondément avec la violence dont Eliëndir venait de faire preuve. « Non, non… Je ne peux pas te laisser t’occuper de tout à ma place. C’est pour moi que nous sommes revenus, j’aurais simplement pu te demander de faire déplacer mes affaires, mais j’ai préféré prendre le risque. ». Son regard se plongea dans le sien dans un mélange de désespoir et de pardon. « Si j'avais su, nous serions restés à Melorn. Je suis désolée de te mêler à tout ça. Ce sont… Ce sont les vestiges d'une époque à laquelle je ne souhaite plus revenir, les conséquences de décisions que j'ai dû prendre dans la précipitation pour protéger mon orphelinat, pour me protéger. ». Elle en vint elle-même à se demander si elle se cachait derrière ces excuses ou s'il s'agissait de la vérité. Si Dahlia n'avait guère eu le choix dans certaines circonstances, elle aurait pu se défaire de l'emprise de la pègre bien avant ce jour. Pourtant, elle se complaisait dans le confort apporté par une protection viscérale, par cet échange de bons procédés qui faisait plus de bien que de mal… Tout du moins c'est ce qu'elle se répétait, afin de se rassurer.
La Fae suivit l'illusionniste, tenant toujours fermement le bras de son bien-aimé contre elle, autant par peur de vaciller encore une fois que par nécessité de sentir son contact si particulier. Plus ils avançaient, plus la santé mentale de la jeune femme se détériorait, en proie aux souvenirs qui l'assaillaient en repensant au bordel et à ce qui s'était passé en son sein. Alors que le mage se trouvait à quelques mètres devant eux, Dahlia sentit le besoin d'offrir quelques explications à l'élu de son cœur, sa vulnérabilité la poussant à faire un pas dans sa direction. « Je… J'ai déjà été vue dans ce bordel, mais ce n'est pas ce que tu crois. Avant de me rendre à Melorn, j'ai dû m'occuper de l'enlèvement d'Oliver et mes pas ainsi que les différentes… énigmes, si l'on peut appeler ça comme ça… m'ont mené jusqu'ici en compagnie de Ssisska. C'est dans une de ces chambres que j'ai affronté le Masque et… la suite, tu la connais déjà. ». Une moue coupable et dépitée sur le visage, elle poussa un long soupir de frustration, témoin de la culpabilité qui la tiraillait. « Je te dois des explications, j'en suis consciente et je sais aussi que tu détestes tourner autour du pot. Je te dirais tout, mais pas ici, pas maintenant. ». Elle déposa un doux baiser sur la joue d'Eliëndir, espérant que ses mots parviennent à apaiser le torrent de colère qui se déferlait dans l'esprit de son futur mari avant de le gratifier d'un doux sourire. Bientôt, ils retrouveraient une vie tranquille. Elle y croyait, sans doute un peu trop.
Le mage s'arrêta au croisement de deux petites ruelles adjacentes au bordel, cherchant de son regard exténué la présence des hommes de main d'Aarhy. Le silence planait sur les bas-fonds de la capitale républicaine, ne laissant que leurs pas résonner sur les pavés froids et trempés de la pluie de la veille. Certes, les activités de la pègre grouillaient plus la nuit que le jour, pour autant l'Elfe ne semblait pas véritablement tranquille à l'idée d'avancer vers l'inconnu. Il se racla la gorge, se retournant vers le couple qui le fusillait du regard avant de poursuivre sa route à contre-cœur, s'appuyant sur un des murs pour compenser son épaule douloureuse. Il montra de la tête un escalier menant à une porte en contrebas. « C'est sa planque principale. Je ne peux pas vous garantir qu'il y sera aujourd'hui, mais ce n'est pas son genre d'avoir la bougeotte. ». Il descendit les marches avant de toquer cinq fois à intervalles réguliers, formant un petit rythme avant que la porte ne s'ouvre en grinçant. « Bon… Bonjour, c'est Eredil. Je… Aarhy est là ? ».
Une voix rauque résonna juste au-dessus de lui. « Je suis là. Et tu n'es pas venu seul, quelle délicate attention. ». L'ange aux ailes noircies se pourvoit d'un large sourire éclatant, la porte s'ouvrant dans le vide pour les inviter à entrer. Aarhy descendit les marches lentement, les mains dans les poches de son costume, entouré par une dizaine d'hommes. Il tendit la main à la jeune femme pour la lui serrer, sans que le geste lui soit rendu. « Bonjour Dahlia, petite fleur. Je ne t'attendais pas si tôt, voire pas du tout. Encore moins accompagnée. Cela doit être la cause de ton départ. ». Plantant son regard dans celui d'Eliëndir, il n'eut que peu de difficulté à le reconnaître. Sa main fouilla en dessous du bureau qui jouxtait la fenêtre, et il en ressortit quelques parchemins pour les agiter. « Tu as quelque chose qui m'appartient, alors je me suis permis de te dérober également quelques biens à l'orphelinat. Tu sais, tes potions de perte de mémoire sont toujours dans ton bureau. Il n'a pas été très difficile de les faire avaler à ta chère Davina. ». Les doigts de la Fae se mirent à trembler, plus de haine que de peur. « Je n'ai pas envie d'avoir ton sang sur les mains, avec la chance que j'ai, cela me rendrait malade. Je te rendrai tes registres et par conséquent ta liberté, à condition que notre petit marché se poursuive, même en ton absence. ». Dahlia se mordit les lèvres. « Je ne peux pas demander à Davina d'honorer un contrat qu'elle n'a pas signé et... et je ne peux plus te laisser les enfants qui sortent de l'orphelinat. C'était une... une décision stupide. ». Il haussa les épaules, ses yeux se fixant sur le ventre de la jeune Fae, sentant une autre présence magique que la leur. « Je ne te le fais pas dire. Alors, nous sommes dans une impasse. Tu me fournis de la main d'œuvre, j'assure ta protection. Si tu n'as rien à m'offrir, dans ce cas, tu ne m'es d'aucune utilité. Pire, tu deviens un témoin gênant. Peut-être que ton prince charmant a quelque chose à proposer, après tout, l'ambassadeur de Melorn, tu es allée le chercher bien loin et vous êtes bientôt trois, ce serait dommage que tout s'arrête ici… ».
Invité
Invité
Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Son congénère semblait savoir où aller au sein du dédale urbain des bas-fonds de Liberty. Eliëndir est constamment sur ses gardes dans cet environnement qu'il ne connaît pas assez bien et par acquis de conscience, il ne quitte que très rarement son guide des yeux. Le paysage n'est de toute façon guère très ravissant, ils n'ont le droit qu'à des rues sales et très peu entretenues. Des bâtiments détériorés dont l'aspect très morne trahit aisément l'insalubrité qui règne au sein des quelques habitations servant à parquer une partie de la population qualifiée comme "indésirable" par le gouvernement. Les plus démunis évidemment. Ceux que l'on ne veut pas voir ailleurs, dans les beaux quartiers de la ville, vitrine officielle d'une nation fière de sa richesse culturelle et de ses mœurs progressistes. Ceux qui n'ont de toute manière, leur place nulle part. Cet écart si flagrant entre les différentes classes sociales que l'on pourrait simplement réduire en deux catégories bien distinctes. Eliëndir a déjà côtoyé ce genre d'endroit et à de nombreuses reprises par le passé. Pour la simple et bonne raison qu'il faut le voir pour le croire, il faut le vivre pour prendre conscience de la triste réalité de ce monde.
Lui qui est né en tant que privilégié, avec un nom et surtout un don exceptionnel pour le domaine magique qui n'attendait qu'à se développer avec le temps. L'avenir lui était promis et il n'a eu qu'à tendre le bras pour s'en saisir. Tout le monde n'a pas cette chance dans la vie. Devant la façade du bordel qui n'a pas beaucoup de mal à se démarquer du reste du paysage, l'Elfe se montre totalement impassible, presque désintéressé par le bâtiment en lui-même. Il écoute calmement les explications de la Fae qui l'accompagne, toujours accrochée à son bras. Hochant simplement la tête, récoltant de nouveaux fragments d'informations, des bribes d'explications qui lui permettent de reconstituer un tant soit peu les événements passés qui se sont déroulés pendant sa trop longue absence. Cette histoire, celle du Masque, il l'a connaît déjà et il peut enfin se faire une image du fameux établissement duquel le mystérieux criminel a dû s'enfuir après son opposition avec les deux femmes. Il se contentera de ce que la Fae daigne lui révéler dans l'instant, jusqu'à ce qu'il soit enfin mis dans la confidence la plus totale. Si ce n'est pas elle qui le fait, peut-être que ce Aarhy se montrera plus loquace, s'il ne meurt pas trop vite. Ça c'est encore un autre débat.
Eliëndir va devoir revenir, c'est une certitude. Pas pour le plaisir car il n'en trouverait aucun dans un tel endroit mais bien pour mener sa petite enquête, quitte à détruire chaque étage de cet endroit sordide si cela lui permet de faire sortir sa proie de sa petite cachette. Sûrement qu'il rendrait un grand service aux quelques âmes damnées et attachées malgré elles à cet endroit malsain. Le Masque n'est qu'un nom, un pseudonyme en l'occurrence mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il doit déjà s'occuper d'un autre fauteur de troubles sur sa liste. Eliëndir poursuit sa route, toujours quelques pas dans le dos de l'illusionniste sans le lâcher d'une semelle. Il les mène à un escalier qui descend sur une porte discrète, leur indiquant qu'ils sont arrivés à destination. C'est curieux, ils n'ont pas croisé qui que ce soit sur le chemin ou à l'extérieur de la petite ruelle humide. Soit il n'y a plus personne, soit ils sont déjà attendus à l'intérieur. Eliëndir a déjà sa petite idée sur la question et sa théorie se vérifie assez rapidement, quand une voix vient les accueillir alors qu'ils entrent tout juste à l'intérieur de la planque.
D'un geste de la tête, il fait signe à son congénère, Eredil de son nom, d'entrer avant eux. Il ne comptait pas rester à l'intérieur pour s'enfuir quand même ? Et puis, on n'est jamais trop prudent. Aarhy était là, propre sur lui et bien entouré par ses chiens de gardes, trahissant par la même occasion le semblant de confiance et d'assurance qu'il tentait de se donner. Autant de monde pour accueillir deux invités ? Outre ce constat assez simpliste, Eliëndir s'arrête un moment sur les ailes très distinctives du malfrat et appartenant à une race beaucoup trop rare au sein du Sekai. Un ange dans les bas-fonds ? En voilà un drôle d'oiseau, celui-là est tombé très loin de son nid. Quoi qu'en comparaison à la servitude éternelle envers les Titans créateurs, le monde du crime doit être une perspective bien plus satisfaisante. Le mage noir tique légèrement quand l'ange déchu mentionne le surnom de Dahlia devant lui et une deuxième fois à sa menace dissimulée derrière de belles paroles, sans pour autant l'interrompre. En réalité, les deux hommes se jaugent déjà à la différence qu'Eliëndir doit aussi prendre en compte les gros bras qui attendent sagement de recevoir un ordre de leur patron pour régler la situation dans la violence.
Sans jamais lâcher la main de sa bien-aimée, il écoute leur échange d'une oreille très attentive tout en observant méticuleusement la pièce et la position des nombreux malfrats. Quelle voix agaçante d'ailleurs, comment arrive-t-il à s'écouter parler sans avoir envie de s'arracher la langue ? C'est insupportable. «Mains d'oeuvres», «Protection», «Témoins gênant». Quelques mots qui lui font hausser un sourcil. Tant d'arrogance et de suffisance pour une petite frappe qui se prend pour ce qu'il n'est pas. Un poisson nageant dans un bassin bien trop pour lui. Eliëndir reporte donc son attention sur le maître chanteur, qu'il toise avec tout le mépris qu'il a pour ce misérable personnage, tant qu'il ne relève même pas l'élément le plus important de sa dernière phrase.
« Tu sais ce qui est amusant ? Tu parles d'assurer une protection alors que tu n'es même pas capable d'assurer la tienne. »
Les rares lumières de la pièce provenant de pierres magiques se mettent à clignoter anormalement comme si elles perdaient soudainement leurs lueurs, jusqu'à l'extinction totale. Les torches allumées s'il y en a, s'éteignent toutes simultanément comme si un puissant courant d'air venait de faire irruption dans la pièce. D'abord, le noir complet et un silence de mort qui s'installe.
« Je n'ai jamais dit que j'étais venu négocier. »
Puis, un hurlement de douleur suivi d'un cri d'effroi à en glacer le sang, à l'opposé de la pièce. Celles et ceux qui ne sont pas accoutumés au voile sombre que le mage noir impose à toutes les personnes présentes dans la pièce, ne verront pas grand-chose de ce qui se passe réellement autour d'eux. Ce qui a pour conséquence de renforcer rapidement la panique grandissante dans le cœur des malfrats car le nombre de survivants diminue à chaque seconde. Eliëndir de son côté, ne rate rien du triste spectacle qu'il a provoqué dans un élan de colère qu'il n'a pas su réfréner. Ambassadeur de profession, il fait un sacré diplomate en tout cas. Il tire Dahlia pour glisser sa bien-aimée dans son dos, lui évitant par conséquent d'être prise pour cible. Partout dans la pièce, s'élève des formes indistinctes aux traits grossiers ayant vaguement l'apparence d'un humanoïde. Émergeant directement des ombres sur le sol, les murs et même le plafond. Créations malicieuses et malfaisantes semi-intelligentes n'obéissant qu'aux ordres de leur créateur qui commande sans avoir à élever la voix. Ces monstres difformes, dont une apparaît dans les escaliers pour couper toute possibilité de retraite aux potentiels fuyards, s'en prennent à Aarhy et à ses hommes comme des bêtes sauvages sans faire la moindre distinction, déchirants et tranchants la chair jusqu'à ce que les cadavres des malfrats recouvrent entièrement le sol en se baignant dans une mare de sang.
Le seul qui peut espérer avoir un traitement de faveur différent, serait Aarhy lui-même pour l'unique raison que Dahlia et Eliëndir n'en ont pas fini avec lui. Si l'ange n'est pas capable de se défendre convenablement, les ombres ne le laisseront pas indemnes pour autant. Il souffrira bien plus que ses hommes, c'est une certitude. Son calvaire ne fait que commencer.
CENDRES
Lui qui est né en tant que privilégié, avec un nom et surtout un don exceptionnel pour le domaine magique qui n'attendait qu'à se développer avec le temps. L'avenir lui était promis et il n'a eu qu'à tendre le bras pour s'en saisir. Tout le monde n'a pas cette chance dans la vie. Devant la façade du bordel qui n'a pas beaucoup de mal à se démarquer du reste du paysage, l'Elfe se montre totalement impassible, presque désintéressé par le bâtiment en lui-même. Il écoute calmement les explications de la Fae qui l'accompagne, toujours accrochée à son bras. Hochant simplement la tête, récoltant de nouveaux fragments d'informations, des bribes d'explications qui lui permettent de reconstituer un tant soit peu les événements passés qui se sont déroulés pendant sa trop longue absence. Cette histoire, celle du Masque, il l'a connaît déjà et il peut enfin se faire une image du fameux établissement duquel le mystérieux criminel a dû s'enfuir après son opposition avec les deux femmes. Il se contentera de ce que la Fae daigne lui révéler dans l'instant, jusqu'à ce qu'il soit enfin mis dans la confidence la plus totale. Si ce n'est pas elle qui le fait, peut-être que ce Aarhy se montrera plus loquace, s'il ne meurt pas trop vite. Ça c'est encore un autre débat.
Eliëndir va devoir revenir, c'est une certitude. Pas pour le plaisir car il n'en trouverait aucun dans un tel endroit mais bien pour mener sa petite enquête, quitte à détruire chaque étage de cet endroit sordide si cela lui permet de faire sortir sa proie de sa petite cachette. Sûrement qu'il rendrait un grand service aux quelques âmes damnées et attachées malgré elles à cet endroit malsain. Le Masque n'est qu'un nom, un pseudonyme en l'occurrence mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il doit déjà s'occuper d'un autre fauteur de troubles sur sa liste. Eliëndir poursuit sa route, toujours quelques pas dans le dos de l'illusionniste sans le lâcher d'une semelle. Il les mène à un escalier qui descend sur une porte discrète, leur indiquant qu'ils sont arrivés à destination. C'est curieux, ils n'ont pas croisé qui que ce soit sur le chemin ou à l'extérieur de la petite ruelle humide. Soit il n'y a plus personne, soit ils sont déjà attendus à l'intérieur. Eliëndir a déjà sa petite idée sur la question et sa théorie se vérifie assez rapidement, quand une voix vient les accueillir alors qu'ils entrent tout juste à l'intérieur de la planque.
D'un geste de la tête, il fait signe à son congénère, Eredil de son nom, d'entrer avant eux. Il ne comptait pas rester à l'intérieur pour s'enfuir quand même ? Et puis, on n'est jamais trop prudent. Aarhy était là, propre sur lui et bien entouré par ses chiens de gardes, trahissant par la même occasion le semblant de confiance et d'assurance qu'il tentait de se donner. Autant de monde pour accueillir deux invités ? Outre ce constat assez simpliste, Eliëndir s'arrête un moment sur les ailes très distinctives du malfrat et appartenant à une race beaucoup trop rare au sein du Sekai. Un ange dans les bas-fonds ? En voilà un drôle d'oiseau, celui-là est tombé très loin de son nid. Quoi qu'en comparaison à la servitude éternelle envers les Titans créateurs, le monde du crime doit être une perspective bien plus satisfaisante. Le mage noir tique légèrement quand l'ange déchu mentionne le surnom de Dahlia devant lui et une deuxième fois à sa menace dissimulée derrière de belles paroles, sans pour autant l'interrompre. En réalité, les deux hommes se jaugent déjà à la différence qu'Eliëndir doit aussi prendre en compte les gros bras qui attendent sagement de recevoir un ordre de leur patron pour régler la situation dans la violence.
Sans jamais lâcher la main de sa bien-aimée, il écoute leur échange d'une oreille très attentive tout en observant méticuleusement la pièce et la position des nombreux malfrats. Quelle voix agaçante d'ailleurs, comment arrive-t-il à s'écouter parler sans avoir envie de s'arracher la langue ? C'est insupportable. «Mains d'oeuvres», «Protection», «Témoins gênant». Quelques mots qui lui font hausser un sourcil. Tant d'arrogance et de suffisance pour une petite frappe qui se prend pour ce qu'il n'est pas. Un poisson nageant dans un bassin bien trop pour lui. Eliëndir reporte donc son attention sur le maître chanteur, qu'il toise avec tout le mépris qu'il a pour ce misérable personnage, tant qu'il ne relève même pas l'élément le plus important de sa dernière phrase.
« Tu sais ce qui est amusant ? Tu parles d'assurer une protection alors que tu n'es même pas capable d'assurer la tienne. »
Les rares lumières de la pièce provenant de pierres magiques se mettent à clignoter anormalement comme si elles perdaient soudainement leurs lueurs, jusqu'à l'extinction totale. Les torches allumées s'il y en a, s'éteignent toutes simultanément comme si un puissant courant d'air venait de faire irruption dans la pièce. D'abord, le noir complet et un silence de mort qui s'installe.
« Je n'ai jamais dit que j'étais venu négocier. »
Puis, un hurlement de douleur suivi d'un cri d'effroi à en glacer le sang, à l'opposé de la pièce. Celles et ceux qui ne sont pas accoutumés au voile sombre que le mage noir impose à toutes les personnes présentes dans la pièce, ne verront pas grand-chose de ce qui se passe réellement autour d'eux. Ce qui a pour conséquence de renforcer rapidement la panique grandissante dans le cœur des malfrats car le nombre de survivants diminue à chaque seconde. Eliëndir de son côté, ne rate rien du triste spectacle qu'il a provoqué dans un élan de colère qu'il n'a pas su réfréner. Ambassadeur de profession, il fait un sacré diplomate en tout cas. Il tire Dahlia pour glisser sa bien-aimée dans son dos, lui évitant par conséquent d'être prise pour cible. Partout dans la pièce, s'élève des formes indistinctes aux traits grossiers ayant vaguement l'apparence d'un humanoïde. Émergeant directement des ombres sur le sol, les murs et même le plafond. Créations malicieuses et malfaisantes semi-intelligentes n'obéissant qu'aux ordres de leur créateur qui commande sans avoir à élever la voix. Ces monstres difformes, dont une apparaît dans les escaliers pour couper toute possibilité de retraite aux potentiels fuyards, s'en prennent à Aarhy et à ses hommes comme des bêtes sauvages sans faire la moindre distinction, déchirants et tranchants la chair jusqu'à ce que les cadavres des malfrats recouvrent entièrement le sol en se baignant dans une mare de sang.
Le seul qui peut espérer avoir un traitement de faveur différent, serait Aarhy lui-même pour l'unique raison que Dahlia et Eliëndir n'en ont pas fini avec lui. Si l'ange n'est pas capable de se défendre convenablement, les ombres ne le laisseront pas indemnes pour autant. Il souffrira bien plus que ses hommes, c'est une certitude. Son calvaire ne fait que commencer.
CENDRES
Invité
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Les bras croisés et le menton relevé, l'ange toisait le couple qui s'aventurait dans ses quartiers avec un air légèrement dédaigneux. Ce n'était pas tant de les voir se jeter dans la gueule du loup de cette manière qui l'amusait mais plutôt l'idée que la Fae ne soit pas venue seule à ce rendez-vous. Après de nombreuses années de collaboration, Aarhy connaissait les méthodes de la petite fleur des bas-fonds et rien ici ne concordait avec ses informations. Dahlia était une jeune femme discrète, gardant ses secrets pour elle férocement de peur qu'ils n'éclatent au grand jour, une cible facile à manipuler et à perturber en un claquement de doigt, en une disparition malheureuse d'un orphelin parmi tant d'autre. Ses yeux se plissèrent alors qu'il observait l'Elfe qui l'accompagnait, se doutant qu'il se préparait à un affrontement peu nécessaire à son goût. Alors que les ombres commençaient à danser dans son dos, l'ange put sentir toute la magie qui émanait de l'ambassadeur et son sourire se fit plus prononcé. La démonstration de puissance d'Eliëndir provoqua un frisson désagréable dans son échine et doucement, alors que ses hommes tombaient comme des mouches autour de lui, ses ailes furent recouvertes de lumière avant qu'il ne les referme sur lui-même, se concoctant un abri de fortune. Une fois la cacophonie terminée, les derniers hurlements de ses mercenaires touchant à leur fin, l'homme poussa un long soupir. « La violence, tout de suite. Moi qui pensait qu'un ambassadeur trouverait les mots justes pour me convaincre, je constate qu'il est aussi radical que toi, Dahlia. ».
La Fae, toujours cachée dans le dos de son bien-aimé, s'accrochait aux pans de ses vêtements en gardant les yeux fermés, les membres tremblants. Un ultrason parcourait ses oreilles, l'empêchant d'entendre ce que son interlocuteur racontait quand soudainement le sol se souleva sous ses pieds. Dans un cri de surprise, la jeune femme recula de quelques pas avant de constater que le sol ne bougeait pas. C'était elle qui bougeait. Soulevée dans les airs sur un bout de plancher branlant, elle manqua de tomber à la renverse avant d'être transportée juste à côté d'Aarhy qui la gratifia d'un sourire alors que tous ses hommes baignaient dans leur sang, agonisant de douleur. Sans leur accorder la moindre attention, il plongea ses mains dans ses poches avant de reprendre la discussion qui avait été interrompue. « Tu as un bon garde du corps Dahlia, je dois le reconnaître. C'est dommage, je vais encore perdre un peu plus de temps dans le recrutement mais après tout, j'ai déjà dû le faire à cause de toi il y a quelques mois, on ne change pas les bonnes habitudes. ». Hermétique aux morts atroces de ses hommes, l'ange restait parfaitement immobile, toisant la Fae puis l'Elfe à tour de rôle. « J'ai cru comprendre que la négociation n'était pas ton fort, néanmoins nous n'en sommes plus au stade où la barbarie est une solution viable. ». Il tourna la tête vers l'ancienne directrice toujours suspendue dans les airs qui le dévisageait. « Je sais très bien ce que tu prépares, et j'ai déjà de quoi te contrer. Dans notre intérêt à tous les deux, ne dépense pas ta mana dans une tentative vouée à l'échec Dahlia. ». Puis il prit son menton entre son index et son pouce, se mettant à réfléchir quelques instants, sa lumière contrant toujours les lames d'ombre de l'ambassadeur de Melorn avec une efficacité faiblissante, Aarhy ne faisant manifestement pas le poids face à Eliëndir. « J'ai une idée, mais elle ne va pas te plaire. Je pourrais te rendre tes registres, te donner ma parole qu'aucune de ces informations ne sortira d'ici, néanmoins la vérité se trouve ailleurs. Plus précisément, chez quelqu'un d'autre. ».
Les doigts de la Fae se mirent à trembler, son cerveau à carburer, sa tête oscillant de gauche à droite pour formuler un refus que ses mots ne parvenaient à exprimer. L'ange posa ses doigts sur sa nuque, y apposant une légère pression pour confirmer sa demande. « Si si, tu as bien compris. Ton amie la serpente contre le silence, ce sera mon prix. Après tout, elle et moi avons toujours été un peu en concurrence, elle te fait confiance mais surtout… ». Son regard se posa à nouveau sur l'Elfe. « Même si tu parviens à me tuer, son "amie" si je puis la qualifier ainsi, dispose des mêmes informations. Un petit oiseau m'a conté qu'elle n'était pas ravie que sa chère Dahlia quitte Liberty sans la prévenir, encore moins qu'elle ait déménagé à l'autre bout du monde. ». Son emprise sur la gorge de la Fae cessa. « Par amour, en plus. Quelle hérésie. Ses mots, pas les miens. Au demeurant je trouve votre ... association... Charmante. Enfin, ce n'est plus de mon ressort. Si le cœur t'en dit, Elfe, le combat peut continuer, tu en connais l'issue. J'aurais tendance à penser que ta priorité est ailleurs, mais ce n'est peut-être que moi. ». Le teint blême, la Fae avait sauté de sa plateforme faites de planches volées pour se retrouver sur le sol, une crise d'angoisse énorme lui pendant au nez. En pleine hyperventilation, Dahlia cherchait dans les yeux d'Eliëndir une solution, un miracle, un moyen de se sortir de ce pétrin. Elle ne voulait plus être ici, elle ne voulait plus entendre la voix d'Aarhy résonner dans ses oreilles, elle voulait prendre ses jambes à son cou et disparaître. Ce dernier s'agenouilla à son niveau, lui tendant la main. « Marché conclu ? ». Et dans un soubresaut de sanglot, la Fae la serra. Les yeux toujours fermés, sa voix alla s'immiscer dans l'esprit de son bien-aimé, un dernier supplice avant qu'elle ne cède à la folie. « Je m'occuperai de Ssisska avant de partir, seule. Je… ». Elle marqua une pause, formuler sa rage étant bien plus difficile que de la ressentir. « Je ne veux plus entendre parler d'Aarhy. ». Une simple phrase, qui déclencherait bien plus qu'un cataclysme. Car si Dahlia ne croyait aucunement aux déités, aux forces de ce monde, elle croyait en cet homme qui la faisait complètement chavirer. En sa puissance phénoménale, en ces yeux améthystes qui la désarmaient. Folle à lier, victime d'une obsession insatiable, Dahlia brûlait autant d'amour envers Eliëndir que d'impatience. Que sa vie lui appartienne. Que leurs vies leur appartiennent. Quitte à ce que d'autres arrivent à leur fin prématurément.
La Fae, toujours cachée dans le dos de son bien-aimé, s'accrochait aux pans de ses vêtements en gardant les yeux fermés, les membres tremblants. Un ultrason parcourait ses oreilles, l'empêchant d'entendre ce que son interlocuteur racontait quand soudainement le sol se souleva sous ses pieds. Dans un cri de surprise, la jeune femme recula de quelques pas avant de constater que le sol ne bougeait pas. C'était elle qui bougeait. Soulevée dans les airs sur un bout de plancher branlant, elle manqua de tomber à la renverse avant d'être transportée juste à côté d'Aarhy qui la gratifia d'un sourire alors que tous ses hommes baignaient dans leur sang, agonisant de douleur. Sans leur accorder la moindre attention, il plongea ses mains dans ses poches avant de reprendre la discussion qui avait été interrompue. « Tu as un bon garde du corps Dahlia, je dois le reconnaître. C'est dommage, je vais encore perdre un peu plus de temps dans le recrutement mais après tout, j'ai déjà dû le faire à cause de toi il y a quelques mois, on ne change pas les bonnes habitudes. ». Hermétique aux morts atroces de ses hommes, l'ange restait parfaitement immobile, toisant la Fae puis l'Elfe à tour de rôle. « J'ai cru comprendre que la négociation n'était pas ton fort, néanmoins nous n'en sommes plus au stade où la barbarie est une solution viable. ». Il tourna la tête vers l'ancienne directrice toujours suspendue dans les airs qui le dévisageait. « Je sais très bien ce que tu prépares, et j'ai déjà de quoi te contrer. Dans notre intérêt à tous les deux, ne dépense pas ta mana dans une tentative vouée à l'échec Dahlia. ». Puis il prit son menton entre son index et son pouce, se mettant à réfléchir quelques instants, sa lumière contrant toujours les lames d'ombre de l'ambassadeur de Melorn avec une efficacité faiblissante, Aarhy ne faisant manifestement pas le poids face à Eliëndir. « J'ai une idée, mais elle ne va pas te plaire. Je pourrais te rendre tes registres, te donner ma parole qu'aucune de ces informations ne sortira d'ici, néanmoins la vérité se trouve ailleurs. Plus précisément, chez quelqu'un d'autre. ».
Les doigts de la Fae se mirent à trembler, son cerveau à carburer, sa tête oscillant de gauche à droite pour formuler un refus que ses mots ne parvenaient à exprimer. L'ange posa ses doigts sur sa nuque, y apposant une légère pression pour confirmer sa demande. « Si si, tu as bien compris. Ton amie la serpente contre le silence, ce sera mon prix. Après tout, elle et moi avons toujours été un peu en concurrence, elle te fait confiance mais surtout… ». Son regard se posa à nouveau sur l'Elfe. « Même si tu parviens à me tuer, son "amie" si je puis la qualifier ainsi, dispose des mêmes informations. Un petit oiseau m'a conté qu'elle n'était pas ravie que sa chère Dahlia quitte Liberty sans la prévenir, encore moins qu'elle ait déménagé à l'autre bout du monde. ». Son emprise sur la gorge de la Fae cessa. « Par amour, en plus. Quelle hérésie. Ses mots, pas les miens. Au demeurant je trouve votre ... association... Charmante. Enfin, ce n'est plus de mon ressort. Si le cœur t'en dit, Elfe, le combat peut continuer, tu en connais l'issue. J'aurais tendance à penser que ta priorité est ailleurs, mais ce n'est peut-être que moi. ». Le teint blême, la Fae avait sauté de sa plateforme faites de planches volées pour se retrouver sur le sol, une crise d'angoisse énorme lui pendant au nez. En pleine hyperventilation, Dahlia cherchait dans les yeux d'Eliëndir une solution, un miracle, un moyen de se sortir de ce pétrin. Elle ne voulait plus être ici, elle ne voulait plus entendre la voix d'Aarhy résonner dans ses oreilles, elle voulait prendre ses jambes à son cou et disparaître. Ce dernier s'agenouilla à son niveau, lui tendant la main. « Marché conclu ? ». Et dans un soubresaut de sanglot, la Fae la serra. Les yeux toujours fermés, sa voix alla s'immiscer dans l'esprit de son bien-aimé, un dernier supplice avant qu'elle ne cède à la folie. « Je m'occuperai de Ssisska avant de partir, seule. Je… ». Elle marqua une pause, formuler sa rage étant bien plus difficile que de la ressentir. « Je ne veux plus entendre parler d'Aarhy. ». Une simple phrase, qui déclencherait bien plus qu'un cataclysme. Car si Dahlia ne croyait aucunement aux déités, aux forces de ce monde, elle croyait en cet homme qui la faisait complètement chavirer. En sa puissance phénoménale, en ces yeux améthystes qui la désarmaient. Folle à lier, victime d'une obsession insatiable, Dahlia brûlait autant d'amour envers Eliëndir que d'impatience. Que sa vie lui appartienne. Que leurs vies leur appartiennent. Quitte à ce que d'autres arrivent à leur fin prématurément.
Invité
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Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Aarhy a commis une grossière erreur en sous-estimant Eliëndir et en se trompant sur ses véritables intentions. Non effectivement, le Mélornois n'est pas venu négocier et ça n'a même jamais été dans ses projets. Le malfrat aux ailes d'ange aurait pu se servir intelligemment de son avantage numérique tout comme il aurait pu profiter de l'effet de surprise à l'instant même où le mage noir a fait son apparition aux côtés de Dahlia. Aarhy avait toutes les cartes dans ses mains, les opportunités étaient nombreuses et pourtant, il n'en a rien fait pour prendre l'avantage. Il ne peut que s'en mordre les doigts, réduit à la quasi-impuissance alors que ses hommes meurent un à un tout autour de lui. L'ange est bien le seul à avoir les capacités nécessaires pour repousser les ténèbres voraces et insidieuses de l'ambassadeur qui tentent de se frayer un chemin dans ses défenses. Aarhy tient bon, même si ce n'est que temporaire. Cela reste une prouesse assez marquante pour être soulignée. Tant mieux s'il résiste, ça ne fait que prolonger son supplice et Eliëndir prendra un malin plaisir à piétiner ses maigres espoirs. À chacune de ses prises de paroles, Eliëndir le déteste un peu plus qu'à la précédente tant ses bavardages incessants sont des nuisances pour ses délicats tympans.
Convaincu que la Fae ne risque rien maintenant qu'il s'est débarrassé de la majorité des gêneurs, pleinement focalisé sur Aarhy et ses hommes qui rendent enfin leur dernier souffle, l'Elfe est tout simplement distrait et quand il s'en rend compte c'est déjà trop tard. Eliëndir tend le bras dans la précipitation mais n'est pas assez rapide pour rattraper Dahlia avant qu'elle ne rejoigne l'ange déchu des bas-fonds. Une manœuvre audacieuse qui a porté ses fruits, Eliëndir ne peut qu'observer le visage renfrogné car intervenir pourrait s'avérer dangereux pour la Fae, bien trop proche de son ravisseur. Malgré tout, l'Elfe n'offre aucun répit à son opposant qui, à l'instant même où il montrera un signe de fatigue et de faiblesse, subira un supplice pire que la mort. Alors pour le moment, le mage noir ravale sa fierté et troque sa témérité fracassante pour agir avec la plus grande prudence, dans l'intérêt de sa bien-aimée mais prêt à réagir à tout moment si nécessaire. Aarhy pense encore pouvoir négocier le prix de sa vie après tout ce qu'il a fait, maniant les mots comme un serpent crachant son venin car c'est là tout ce qui lui reste. La violence ne serait plus une option ? Eliëndir n'est pas de cet avis.
Impassible ou presque, il alterne régulièrement du regard entre l'Ange et la Fae. En réalité, il attend patiemment qu'une opportunité se présente à lui pour intervenir et mettre fin à cette petite scène qui n'a déjà que trop durée à son goût. Ses nerfs et sa patience sont mis à rude épreuve quand les doigts du malfrat se posent sur la nuque de Dahlia, un culot qui l'enrage profondément au point d'en grincer des dents. Aarhy fait preuve d'une grande naïveté s'il pense pouvoir rediriger l'attention de l'ambassadeur sur quelqu'un d'autre, lui qui avait déjà l'intention de s'occuper de tous les éléments perturbateurs et des différents témoins de cette histoire sordide. Pour Eliëndir, ce n'est pas un simple règlement de compte. C'est une purge. Quelqu'un doit faire le ménage et Aarhy n'est que le premier nom sur sa liste. Ses menaces, cette tentative d'assassinat à la taverne... Et maintenant il veut discuter ? Non, c'est impardonnable et l'heure n'est plus à la négociation. L'Ange en sait trop et le couple ne sera jamais tranquille tant que ce déchet sera encore en vie. Face à l'immense détresse de la jeune femme, ses sanglots lui provoque un pincement au coeur qui fait définitivement taire la voix de la raison qui tentait tant bien que mal de canaliser sa colère grandissante.
La voix de Dahlia qu'il jurerait entendre trembloter dans sa tête, se frayant un chemin jusqu'à son esprit embrumé par une haine viscérale. C'était un appel à l'aide. Elle souffrait pendant que lui perdait son temps à trop réfléchir, se cherchant des excuses. C'était aussi une mise à mort car en cet instant, les mots de la Fae ont eu pour effet de sceller définitivement le destin des protagonistes. Le sort en est maintenant jeté, ainsi soit-il. C'est toujours sans un mot qu'Eliëndir se met à l'œuvre car la mort ne prévient pas avant de frapper. Les ombres envahissantes redoublent soudainement en intensité alors que l'atmosphère se fait plus lourde presque suffocante tant que le bouclier élémentaire de l'Ange faiblit en perdant de sa lueur éclatante. Tout ceci n'est qu'une diversion car son objectif est ailleurs. Profitant d'un moment d'inattention alors qu'une vague d'ombre aux propriétés tranchantes, presque imperceptible dans la pénombre de la pièce, vient sectionner le poignet du malfrat pour libérer la Fae de l'emprise de son ravisseur. Ensuite, tout s'enchaîne à une vitesse ahurissante. La jeune femme se met à nouveau à se déplacer sans qu'elle n'ait besoin de faire quoi que ce soit. Comme les planches il y a quelques secondes, ce sont maintenant les ombres sous ses pieds qui transporte la jeune femme jusqu'à Eliëndir en glissant sur le sol. Une fois à sa portée, l'Elfe pose immédiatement un genoux sur le sol en enlaçant ses deux bras autour des épaules de sa bien-aimée pour tenter de la réconforter. Ainsi, elle n'échappera plus à sa vigilance et il va pouvoir s'en assurer.
« Ferme les yeux. » Ajoute-t-il, au milieu de l'agitation.
Maintenant qu'Aarhy n'a plus aucun argument à faire valoir, Eliëndir peut se lâcher sans craindre de faire du tort à la seule personne qui compte vraiment à ses yeux. Une importante quantité de magie s'abat sur les épaules de l'Ange, lui faisant l'effet d'une masse colossale qui tenterait de l'écraser et de le clouer sur le sol. Les muscles de son corps se crispent pour tenter de résister mais c'est peine perdue. D'abord, ce sont ses jambes qui flanchent et avant même de comprendre ce qui lui arrive, Aarhy se retrouve à genoux et les mains sur le sol dans une position lamentable. Cette barrière de lumière qui faisait sa fierté s'éteint progressivement comme l'espoir dans le fond de ses yeux. Pendant ces longues secondes à lutter pour sa vie, la fatigue gagne progressivement du terrain et atrophie ses muscles jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus soutenir son effort dérisoire à s'accrocher à la vie. Cette douleur qui parcourt tout son corps et qui se grave dans son esprit tant elle est violente, ce sont ses os qui menacent de céder sous cette matière écrasante. Et comme si ce n'était pas suffisant, il se rend compte qu'il manque subitement d'oxygène et que ses respirations se font plus courtes puis plus rares. Incapable d'articuler le moindre mot ne serait-ce que pour supplier qu'on l'épargne et au bord du précipice de l'inconscience, c'est la douleur qui le maintient éveillé à son grand dam.
On pourrait croire qu'Eliëndir prend un plaisir malsain à contempler son œuvre macabre et quelque part, ce n'est peut-être pas totalement faux. Seul un esprit dérangé serait capable d'infliger les pires tourments sans sourciller et ce, même si ce déchet a bien mérité son sort. Hélas, Eliëndir n'est pas connu pour être miséricordieux. Et puis, il y eut quelques crépitements très prononcés, un gémissement de douleur étouffé. Enfin, un dernier craquement d'une violence inouïe et suffisamment explicite qui ne laisse que très peu de place au doute sur le dénouement de toute cette histoire. Resserrant ses bras autour de la Fae, Eliëndir semble tout juste reprendre sa respiration. Le soulagement indescriptible qui le gagne alors que sa bien-aimée est saine et sauve. Le silence revenu dans la pièce, ils profitent de quelques instants de calme dans les bras l'un de l'autre.
« Est-ce que ça va ? C'est fini. » Susurre-t-il, dans le creux de son oreille.
Quoi que, pas tout à fait. Aarhy est mort mais il avait raison sur un point, se débarrasser d'un témoin n'est pas suffisant car tant que quelqu'un sera au courant pour les secrets inavouables de Dahlia, elle ne sera jamais totalement en sécurité. Même loin de cette ville décadente, dans le confort d'un foyer aimant au sein de la lointaine Melorn. Eliëndir vient de rayer un nom sur sa liste mais sa tâche n'est pas encore terminée. La gorgone et le Masque sont des problèmes dont il va devoir s'occuper et le plus tôt sera le mieux. Pour l'heure, le couple n'en a pas tout à fait fini avec la planque de l'Ange. Celui-ci détenait les registres de la Fae ainsi que des preuves potentiellement compromettantes qu'il devait garder précieusement quelque part dans son bureau. Cela vaut le coup de fouiller avant de partir.
« Viens, finissons-en. »
Prenant sa main dans la sienne en l'aidant à se relever. C'est alors que l'obscurité ambiante se dissipe complètement en l'espace d'un battement de cil. Les torches et les pierres de mana toujours éteintes, il fait toujours relativement sombre mais au moins, il est possible de voir où on met les pieds sans craindre de trébucher. Eliëndir passe devant en empruntant l'escalier qui mène à l'étage, supposant qu'ils trouveront le bureau d'Aarhy là-haut. Le chemin est encombré par les cadavres qui jonchent le sol et baignent dans leur propre sang, qu'Eliëndir enjambe dans la plus grande indifférence après n'avoir fait aucun survivant. Pas un seul, pas même le pauvre Eredil qui s'est retrouvé au milieu de la tempête. Il a tenu son rôle jusqu'au bout, on ne peut pas lui reprocher ça. Néanmoins, lui aussi était un témoin embêtant pour la jeune femme. Il en savait trop et Eliëndir ne prend aucun risque. La puanteur des bas-fonds commence déjà à devenir insoutenable alors pas de temps à perdre, ils ont tout intérêt à récupérer rapidement les documents de l'orphelinat et à filer d'ici en vitesse.
CENDRES
Convaincu que la Fae ne risque rien maintenant qu'il s'est débarrassé de la majorité des gêneurs, pleinement focalisé sur Aarhy et ses hommes qui rendent enfin leur dernier souffle, l'Elfe est tout simplement distrait et quand il s'en rend compte c'est déjà trop tard. Eliëndir tend le bras dans la précipitation mais n'est pas assez rapide pour rattraper Dahlia avant qu'elle ne rejoigne l'ange déchu des bas-fonds. Une manœuvre audacieuse qui a porté ses fruits, Eliëndir ne peut qu'observer le visage renfrogné car intervenir pourrait s'avérer dangereux pour la Fae, bien trop proche de son ravisseur. Malgré tout, l'Elfe n'offre aucun répit à son opposant qui, à l'instant même où il montrera un signe de fatigue et de faiblesse, subira un supplice pire que la mort. Alors pour le moment, le mage noir ravale sa fierté et troque sa témérité fracassante pour agir avec la plus grande prudence, dans l'intérêt de sa bien-aimée mais prêt à réagir à tout moment si nécessaire. Aarhy pense encore pouvoir négocier le prix de sa vie après tout ce qu'il a fait, maniant les mots comme un serpent crachant son venin car c'est là tout ce qui lui reste. La violence ne serait plus une option ? Eliëndir n'est pas de cet avis.
Impassible ou presque, il alterne régulièrement du regard entre l'Ange et la Fae. En réalité, il attend patiemment qu'une opportunité se présente à lui pour intervenir et mettre fin à cette petite scène qui n'a déjà que trop durée à son goût. Ses nerfs et sa patience sont mis à rude épreuve quand les doigts du malfrat se posent sur la nuque de Dahlia, un culot qui l'enrage profondément au point d'en grincer des dents. Aarhy fait preuve d'une grande naïveté s'il pense pouvoir rediriger l'attention de l'ambassadeur sur quelqu'un d'autre, lui qui avait déjà l'intention de s'occuper de tous les éléments perturbateurs et des différents témoins de cette histoire sordide. Pour Eliëndir, ce n'est pas un simple règlement de compte. C'est une purge. Quelqu'un doit faire le ménage et Aarhy n'est que le premier nom sur sa liste. Ses menaces, cette tentative d'assassinat à la taverne... Et maintenant il veut discuter ? Non, c'est impardonnable et l'heure n'est plus à la négociation. L'Ange en sait trop et le couple ne sera jamais tranquille tant que ce déchet sera encore en vie. Face à l'immense détresse de la jeune femme, ses sanglots lui provoque un pincement au coeur qui fait définitivement taire la voix de la raison qui tentait tant bien que mal de canaliser sa colère grandissante.
La voix de Dahlia qu'il jurerait entendre trembloter dans sa tête, se frayant un chemin jusqu'à son esprit embrumé par une haine viscérale. C'était un appel à l'aide. Elle souffrait pendant que lui perdait son temps à trop réfléchir, se cherchant des excuses. C'était aussi une mise à mort car en cet instant, les mots de la Fae ont eu pour effet de sceller définitivement le destin des protagonistes. Le sort en est maintenant jeté, ainsi soit-il. C'est toujours sans un mot qu'Eliëndir se met à l'œuvre car la mort ne prévient pas avant de frapper. Les ombres envahissantes redoublent soudainement en intensité alors que l'atmosphère se fait plus lourde presque suffocante tant que le bouclier élémentaire de l'Ange faiblit en perdant de sa lueur éclatante. Tout ceci n'est qu'une diversion car son objectif est ailleurs. Profitant d'un moment d'inattention alors qu'une vague d'ombre aux propriétés tranchantes, presque imperceptible dans la pénombre de la pièce, vient sectionner le poignet du malfrat pour libérer la Fae de l'emprise de son ravisseur. Ensuite, tout s'enchaîne à une vitesse ahurissante. La jeune femme se met à nouveau à se déplacer sans qu'elle n'ait besoin de faire quoi que ce soit. Comme les planches il y a quelques secondes, ce sont maintenant les ombres sous ses pieds qui transporte la jeune femme jusqu'à Eliëndir en glissant sur le sol. Une fois à sa portée, l'Elfe pose immédiatement un genoux sur le sol en enlaçant ses deux bras autour des épaules de sa bien-aimée pour tenter de la réconforter. Ainsi, elle n'échappera plus à sa vigilance et il va pouvoir s'en assurer.
« Ferme les yeux. » Ajoute-t-il, au milieu de l'agitation.
Maintenant qu'Aarhy n'a plus aucun argument à faire valoir, Eliëndir peut se lâcher sans craindre de faire du tort à la seule personne qui compte vraiment à ses yeux. Une importante quantité de magie s'abat sur les épaules de l'Ange, lui faisant l'effet d'une masse colossale qui tenterait de l'écraser et de le clouer sur le sol. Les muscles de son corps se crispent pour tenter de résister mais c'est peine perdue. D'abord, ce sont ses jambes qui flanchent et avant même de comprendre ce qui lui arrive, Aarhy se retrouve à genoux et les mains sur le sol dans une position lamentable. Cette barrière de lumière qui faisait sa fierté s'éteint progressivement comme l'espoir dans le fond de ses yeux. Pendant ces longues secondes à lutter pour sa vie, la fatigue gagne progressivement du terrain et atrophie ses muscles jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus soutenir son effort dérisoire à s'accrocher à la vie. Cette douleur qui parcourt tout son corps et qui se grave dans son esprit tant elle est violente, ce sont ses os qui menacent de céder sous cette matière écrasante. Et comme si ce n'était pas suffisant, il se rend compte qu'il manque subitement d'oxygène et que ses respirations se font plus courtes puis plus rares. Incapable d'articuler le moindre mot ne serait-ce que pour supplier qu'on l'épargne et au bord du précipice de l'inconscience, c'est la douleur qui le maintient éveillé à son grand dam.
On pourrait croire qu'Eliëndir prend un plaisir malsain à contempler son œuvre macabre et quelque part, ce n'est peut-être pas totalement faux. Seul un esprit dérangé serait capable d'infliger les pires tourments sans sourciller et ce, même si ce déchet a bien mérité son sort. Hélas, Eliëndir n'est pas connu pour être miséricordieux. Et puis, il y eut quelques crépitements très prononcés, un gémissement de douleur étouffé. Enfin, un dernier craquement d'une violence inouïe et suffisamment explicite qui ne laisse que très peu de place au doute sur le dénouement de toute cette histoire. Resserrant ses bras autour de la Fae, Eliëndir semble tout juste reprendre sa respiration. Le soulagement indescriptible qui le gagne alors que sa bien-aimée est saine et sauve. Le silence revenu dans la pièce, ils profitent de quelques instants de calme dans les bras l'un de l'autre.
« Est-ce que ça va ? C'est fini. » Susurre-t-il, dans le creux de son oreille.
Quoi que, pas tout à fait. Aarhy est mort mais il avait raison sur un point, se débarrasser d'un témoin n'est pas suffisant car tant que quelqu'un sera au courant pour les secrets inavouables de Dahlia, elle ne sera jamais totalement en sécurité. Même loin de cette ville décadente, dans le confort d'un foyer aimant au sein de la lointaine Melorn. Eliëndir vient de rayer un nom sur sa liste mais sa tâche n'est pas encore terminée. La gorgone et le Masque sont des problèmes dont il va devoir s'occuper et le plus tôt sera le mieux. Pour l'heure, le couple n'en a pas tout à fait fini avec la planque de l'Ange. Celui-ci détenait les registres de la Fae ainsi que des preuves potentiellement compromettantes qu'il devait garder précieusement quelque part dans son bureau. Cela vaut le coup de fouiller avant de partir.
« Viens, finissons-en. »
Prenant sa main dans la sienne en l'aidant à se relever. C'est alors que l'obscurité ambiante se dissipe complètement en l'espace d'un battement de cil. Les torches et les pierres de mana toujours éteintes, il fait toujours relativement sombre mais au moins, il est possible de voir où on met les pieds sans craindre de trébucher. Eliëndir passe devant en empruntant l'escalier qui mène à l'étage, supposant qu'ils trouveront le bureau d'Aarhy là-haut. Le chemin est encombré par les cadavres qui jonchent le sol et baignent dans leur propre sang, qu'Eliëndir enjambe dans la plus grande indifférence après n'avoir fait aucun survivant. Pas un seul, pas même le pauvre Eredil qui s'est retrouvé au milieu de la tempête. Il a tenu son rôle jusqu'au bout, on ne peut pas lui reprocher ça. Néanmoins, lui aussi était un témoin embêtant pour la jeune femme. Il en savait trop et Eliëndir ne prend aucun risque. La puanteur des bas-fonds commence déjà à devenir insoutenable alors pas de temps à perdre, ils ont tout intérêt à récupérer rapidement les documents de l'orphelinat et à filer d'ici en vitesse.
CENDRES
Invité
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Les yeux fermés, ses phalanges serrées si forts qu'elles en devenaient aussi blanches que son teint blafard, Dahlia perdait pied avec la réalité. Son esprit errait d'une démence à une autre, d'un blâme à une colère noire en se perdant dans les méandres d'une incompréhension qui ne faisait que grandir. Les questions jaillissaient en elle à une vitesse phénoménale, s'enchaînant sans laisser le temps à son cerveau de les assimiler, encore moins de formuler une réponse correcte. Elle qui se targuait dans les ruelles de Liberty de pouvoir se débarrasser des nuisibles qui menaçaient son établissement depuis des centaines d'années n'était finalement que petite souris face à un chat affamé qui n'attendait qu'un instant de faiblesse, qu'une fenêtre sur la liberté de sa proie pour l'en priver. Ses doigts enserrant sa chevelure dorée qui tombait devant elle, les pointes se teintant du sang des hommes d'Aarhy, la Fae remettait en question le moindre de ses choix, la plus minime des décisions l'ayant amené jusqu'à cette situation bien précise. Ses épaules commençaient à s'affaisser sous le poids d'une culpabilité trop forte pour être vaincue, trop précise dans les coups qu'elle assainit violemment sur son esprit névrosé. Elle voulait disparaître. Ne plus entendre la voix de l'ange résonner dans son esprit, ne plus sentir le regard pesant de la pègre à chacun de ses mouvements. Elle voulait oublier que sa collaboration avec cette dernière ait un jour existé, cette erreur qui lui avait coûté et lui coûterait bien plus qu'elle ne lui avait apporté. L'espace d'un instant, le souvenir d'une Dahlia souveraine et puissante lui revint en tête. Cette confiance en soi, ce sourire narquois, cette supériorité… Elle secoua la tête. Ce n'était pas elle. Ce n'était plus elle. Cela n'avait jamais été elle.
Une douce chaleur émana autour d'elle, les bras de son bien-aimé venant la cueillir dans sa vulnérabilité la plus profonde et un discret soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres rosées. Tandis que les ombres dansaient dans son dos dans une chorégraphie harmonieuse, détruisant la moindre once de résistance qu'opposait l'ange, un ultrason parcourait les oreilles de la Fae. Sans oser ouvrir les paupières, elle se concentra sur le son de la respiration d'Eliëndir au plus proche d'elle, calquant son rythme sur le sien dans le maigre espoir de réussir à retrouver un semblant de calme, découvrant à sa grande surprise que l'Elfe avait le souffle coupé. Derrière elle, les gémissements étouffés d'Aarhy retentissaient, exprimant une souffrance colossale, ses yeux révulsés en arrière témoignant du supplice que l'Elfe lui faisait subir. Alors que la mort approchait à grand pas, il voulut adresser un dernier sourire à la Fae, sans parvenir à croiser son regard qu'il devinait embrumé de larmes. Il n'était pas le premier pion sur l'échiquier, il ne serait pas le dernier. Un craquement brusque mit un terme à ses tentatives de jérémiades et son dernier souffle s'envola dans les airs avant que son corps ne tombe brusquement sur le plancher. Blottie contre l'élu de son coeur, Dahlia retrouvait lentement des couleurs alors que le silence retombait sur la pièce, lui confirmant qu'un des nombreux problèmes sur sa route venait d'être éliminé. Ses yeux ambrés vinrent croiser ceux d'Eliëndir, bordés de larmes qui ne demandaient qu'à rouler sur ses joues rougies par le froid qui l'avait secouée tout entière durant leur altercation. Elle acquiesça doucement, sa voix tremblotante à peine perceptible, chuchotée là où seul lui pourrait l'entendre. « Je… je suis… ». Désolée, encore et toujours. Elle l'était tant qu'elle ne savait plus de quoi elle devait s'excuser. Les accusations étaient nombreuses, quant à leur pertinence… La Fae se racla la gorge, une larme singulière prenant enfin sa liberté sur son épiderme. « Je suis si heureuse que tu sois là… ». Sa prise sur l'Elfe se resserra, la Fae se perdant dans la chevelure argentée de celui qui se promenait inlassablement dans ses songes, respirant son parfum, cette drogue dont elle ne pourrait jamais se lasser.
Un pas après l'autre, sa main verrouillée dans celle de son bien-aimé, la Fae prit les escaliers à sa suite en tentant de faire abstraction de la montagne de cadavres qu'elle devait esquiver. Si la vue du sang ou l'odeur de la mort ne lui faisaient plus aucun effet psychologique, elle ne pouvait en dire autant de son ventre qui se retournait encore et encore, lui provoquant des hauts le coeur qui la firent s'arrêter régulièrement dans sa montée des marches. Une fois arrivée au bureau de l'Ange, une hésitation sembla la gagner. Figée sur ses pieds, ancrée dans le sol, Dahlia marqua quelques secondes de pause avant de s'approcher du bureau en chêne sur lequel elle fit glisser ses doigts. Son regard s'arrêta sur le fond d'un tiroir qu'elle souleva aisément, révélant les dossiers qu'elle était venue cherchée. Et lorsqu'elle releva la tête, croisant à nouveau les améthystes envoûtantes d'Eliëndir, son coeur loupa un battement. Ses yeux partirent dans le vide, son âme semblant quitter son corps momentanément alors qu'un énième vertige s'emparait d'elle, la faisant valser en arrière pour atterrir tout droit dans le fauteuil d'Aarhy. Elle devait la vérité à son futur bien mari. Après tous ces sacrifices, toutes ces années, ils s'étaient tout pardonnés. Sans dire un mot, Dahlia tendit le dossier à l'élu de son coeur, le laissant le parcourir s'il le désirait, lui confiant les vestiges d'une époque à laquelle il avait malgré lui assisté, lors de leurs rencontres enfantines. Derrière ce sourire qu'elle érigeait en sa présence, ses yeux rêveurs qui s'agitaient dès que la silhouette de l'Elfe passait la porte de l'orphelinat, résidait une vérité bien plus sombre, plus complexe. Et si Eliëndir n'avait cure du nombre de personnes mortes de la main de la Fae, elle craignait qu'autre chose n'attire son attention dans cette pile de papiers qui citait les plus grands événements de sa vie comme de vulgaires annotations, révélant par ailleurs pour la première fois son nom de famille.
« Nom : Dahlia Armant
Âge d'arrivée à l'orphelinat : Approximativement une centaine d'années, véritable âge inconnu
Race : Fae
Lieu : Forêts de Liberty
Parents : Mariette et Erik Armant, Faes.
Raison : Mort des parents. Ramenée par les voisins de la famille.
Refus de communiquer durant les deux premières années. Profond déni.
Séquelles puissantes, culpabilité d'avoir tué ses propres parents évidente. Tentative de discussion vouée à l'échec.
Refus de s'alimenter, mise en isolement pour déterminer l'origine du problème.
Sortie d'isolement quinze jours. Tentative de vol dans l'infirmerie de l'orphelinat. Ne semble pas éprouver de regrets.
Dahlia a refusé de se présenter à une présentation pour une possible adoption. Les adoptants se sont rétractés et ont décidé de choisir un autre enfant.
Dahlia ne sort pas de sa chambre depuis plus de six mois à part pour se sustenter. Suspicion d'épisode dépressif suite à l'adoption d'Orion.
La disparition d'une de ses camarades semble l'avoir affectée, programmer un rendez-vous avec le psychologue.
Le psychologue n'a pas été en mesure de donner satisfaction à notre demande. Dahlia demeure muette.
Tentative de suicide, suite directe de la mort d'Abel de la peste.
Dahlie est retirée des potentielles adoptions à sa demande.
Tentative de suicide à l'aide de mélange de potions. Les potions ont été mises en sécurité et le cabinet verrouillé. Suite directe à la disparition d'Andréas.
Rapprochement de Dahlia à mon égard, intéressement par rapport à la gestion de l'orphelinat.
Tentative de suicide dans le réfectoire. Interdiction pour Dahlia d'y retourner, ses repas seront surveillés. Lien possible avec l'épidémie de variole ?
Notre psychologue a démissionné après un dernier entretien avec Dahlia. En retrouver un autre de toute urgence.
Tentative de suicide dans les bains. Pas de commentaire.
Surpris Dahlia dans le bureau en train de fouiller dans les registres. Punition adaptée.
Tentative de suici… »
Le rapport suit la même lancée durant plusieurs années avant de se conclure sobrement par l'écriture de Dahlia tâchée de sang séché.
« Remplacement de la direction des Jardins du Destin. Cloture définitive du dossier. »
Les yeux de la Fae s'orientaient naturellement vers le sol, sa voix chevrotante peinant à se faire entendre. Tout son corps tremblait, sa respiration saccadant chaque fois qu'une syllabe tentait de sortir de sa gorge serrée. Bientôt un torrent de larmes vint l'envahir, son visage se crispant sous la douleur qui l'envahissait, son esprit imaginant pour elle les conséquences de ses actes, son masque qui tombait encore un peu plus devant les yeux d'Eliëndir. Et dans un sursaut de sanglot, la voix brisée, elle parla enfin. « Je serais toujours comme ça Eliëndir, toujours ! Je.. J'ai tout essayé, je te le promets, tout, je ne sais plus vers qui me tourner, je ne sais plus où aller et… je... je n'y arrive plus... ». Ses larmes s'intensifièrent. « Si Aarhy a dit vrai, s'il ne m'a pas encore une fois menti, s'il a pu… ». Sa main alla se poser sur son ventre par réflexe. « Je… je t'ai promis une famille et… ». Lentement, elle tomba à genoux, se laissant glisser sur le sol. « Je la veux mais… Je… Je ne sais même pas si c'est vrai, je ne sais pas si j'ai… » Envie que cela soit vrai ? Dahlia désirait une famille depuis qu'elle avait décimé la sienne. Pourtant la peur l'empêchait de l'exprimer, planant sur son bonheur tel un vautour prêt à se repaître de ses angoisses. La crise ne fit que s'amplifier, ses mots devenant presque incompréhensibles tant ils étaient déchirés par les sanglots. « J'ai … j'ai si peur.. si tu savais… si tu savais à quel point j'ai peur… J'ai peur que tu partes… J'ai peur de partir… J'ai peur de tout gâcher, j'ai peur de te faire du mal, j'ai peur de me faire du mal, j'ai peur de lui faire du mal… Je déteste Liberty, je hais la République, je veux partir, je ne veux plus… Je ne veux plus rien… Plus rien à part toi. ». Ses yeux ambrés larmoyants finirent enfin par croiser les siens et durant un bref temps d'accalmie, Dahlia sentit le poids de la culpabilité s'élever juste assez de ses épaules pour la laisser respirer. Sa peur de l'abandon paralysant le moindre de ses mouvements, elle restait ainsi immobile, se recroquevillant un peu plus sur elle-même chaque seconde.
« Est-ce que tu m'aimes encore ?... »
Une douce chaleur émana autour d'elle, les bras de son bien-aimé venant la cueillir dans sa vulnérabilité la plus profonde et un discret soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres rosées. Tandis que les ombres dansaient dans son dos dans une chorégraphie harmonieuse, détruisant la moindre once de résistance qu'opposait l'ange, un ultrason parcourait les oreilles de la Fae. Sans oser ouvrir les paupières, elle se concentra sur le son de la respiration d'Eliëndir au plus proche d'elle, calquant son rythme sur le sien dans le maigre espoir de réussir à retrouver un semblant de calme, découvrant à sa grande surprise que l'Elfe avait le souffle coupé. Derrière elle, les gémissements étouffés d'Aarhy retentissaient, exprimant une souffrance colossale, ses yeux révulsés en arrière témoignant du supplice que l'Elfe lui faisait subir. Alors que la mort approchait à grand pas, il voulut adresser un dernier sourire à la Fae, sans parvenir à croiser son regard qu'il devinait embrumé de larmes. Il n'était pas le premier pion sur l'échiquier, il ne serait pas le dernier. Un craquement brusque mit un terme à ses tentatives de jérémiades et son dernier souffle s'envola dans les airs avant que son corps ne tombe brusquement sur le plancher. Blottie contre l'élu de son coeur, Dahlia retrouvait lentement des couleurs alors que le silence retombait sur la pièce, lui confirmant qu'un des nombreux problèmes sur sa route venait d'être éliminé. Ses yeux ambrés vinrent croiser ceux d'Eliëndir, bordés de larmes qui ne demandaient qu'à rouler sur ses joues rougies par le froid qui l'avait secouée tout entière durant leur altercation. Elle acquiesça doucement, sa voix tremblotante à peine perceptible, chuchotée là où seul lui pourrait l'entendre. « Je… je suis… ». Désolée, encore et toujours. Elle l'était tant qu'elle ne savait plus de quoi elle devait s'excuser. Les accusations étaient nombreuses, quant à leur pertinence… La Fae se racla la gorge, une larme singulière prenant enfin sa liberté sur son épiderme. « Je suis si heureuse que tu sois là… ». Sa prise sur l'Elfe se resserra, la Fae se perdant dans la chevelure argentée de celui qui se promenait inlassablement dans ses songes, respirant son parfum, cette drogue dont elle ne pourrait jamais se lasser.
Un pas après l'autre, sa main verrouillée dans celle de son bien-aimé, la Fae prit les escaliers à sa suite en tentant de faire abstraction de la montagne de cadavres qu'elle devait esquiver. Si la vue du sang ou l'odeur de la mort ne lui faisaient plus aucun effet psychologique, elle ne pouvait en dire autant de son ventre qui se retournait encore et encore, lui provoquant des hauts le coeur qui la firent s'arrêter régulièrement dans sa montée des marches. Une fois arrivée au bureau de l'Ange, une hésitation sembla la gagner. Figée sur ses pieds, ancrée dans le sol, Dahlia marqua quelques secondes de pause avant de s'approcher du bureau en chêne sur lequel elle fit glisser ses doigts. Son regard s'arrêta sur le fond d'un tiroir qu'elle souleva aisément, révélant les dossiers qu'elle était venue cherchée. Et lorsqu'elle releva la tête, croisant à nouveau les améthystes envoûtantes d'Eliëndir, son coeur loupa un battement. Ses yeux partirent dans le vide, son âme semblant quitter son corps momentanément alors qu'un énième vertige s'emparait d'elle, la faisant valser en arrière pour atterrir tout droit dans le fauteuil d'Aarhy. Elle devait la vérité à son futur bien mari. Après tous ces sacrifices, toutes ces années, ils s'étaient tout pardonnés. Sans dire un mot, Dahlia tendit le dossier à l'élu de son coeur, le laissant le parcourir s'il le désirait, lui confiant les vestiges d'une époque à laquelle il avait malgré lui assisté, lors de leurs rencontres enfantines. Derrière ce sourire qu'elle érigeait en sa présence, ses yeux rêveurs qui s'agitaient dès que la silhouette de l'Elfe passait la porte de l'orphelinat, résidait une vérité bien plus sombre, plus complexe. Et si Eliëndir n'avait cure du nombre de personnes mortes de la main de la Fae, elle craignait qu'autre chose n'attire son attention dans cette pile de papiers qui citait les plus grands événements de sa vie comme de vulgaires annotations, révélant par ailleurs pour la première fois son nom de famille.
« Nom : Dahlia Armant
Âge d'arrivée à l'orphelinat : Approximativement une centaine d'années, véritable âge inconnu
Race : Fae
Lieu : Forêts de Liberty
Parents : Mariette et Erik Armant, Faes.
Raison : Mort des parents. Ramenée par les voisins de la famille.
Refus de communiquer durant les deux premières années. Profond déni.
Séquelles puissantes, culpabilité d'avoir tué ses propres parents évidente. Tentative de discussion vouée à l'échec.
Refus de s'alimenter, mise en isolement pour déterminer l'origine du problème.
Sortie d'isolement quinze jours. Tentative de vol dans l'infirmerie de l'orphelinat. Ne semble pas éprouver de regrets.
Dahlia a refusé de se présenter à une présentation pour une possible adoption. Les adoptants se sont rétractés et ont décidé de choisir un autre enfant.
Dahlia ne sort pas de sa chambre depuis plus de six mois à part pour se sustenter. Suspicion d'épisode dépressif suite à l'adoption d'Orion.
La disparition d'une de ses camarades semble l'avoir affectée, programmer un rendez-vous avec le psychologue.
Le psychologue n'a pas été en mesure de donner satisfaction à notre demande. Dahlia demeure muette.
Tentative de suicide, suite directe de la mort d'Abel de la peste.
Dahlie est retirée des potentielles adoptions à sa demande.
Tentative de suicide à l'aide de mélange de potions. Les potions ont été mises en sécurité et le cabinet verrouillé. Suite directe à la disparition d'Andréas.
Rapprochement de Dahlia à mon égard, intéressement par rapport à la gestion de l'orphelinat.
Tentative de suicide dans le réfectoire. Interdiction pour Dahlia d'y retourner, ses repas seront surveillés. Lien possible avec l'épidémie de variole ?
Notre psychologue a démissionné après un dernier entretien avec Dahlia. En retrouver un autre de toute urgence.
Tentative de suicide dans les bains. Pas de commentaire.
Surpris Dahlia dans le bureau en train de fouiller dans les registres. Punition adaptée.
Tentative de suici… »
Le rapport suit la même lancée durant plusieurs années avant de se conclure sobrement par l'écriture de Dahlia tâchée de sang séché.
« Remplacement de la direction des Jardins du Destin. Cloture définitive du dossier. »
Les yeux de la Fae s'orientaient naturellement vers le sol, sa voix chevrotante peinant à se faire entendre. Tout son corps tremblait, sa respiration saccadant chaque fois qu'une syllabe tentait de sortir de sa gorge serrée. Bientôt un torrent de larmes vint l'envahir, son visage se crispant sous la douleur qui l'envahissait, son esprit imaginant pour elle les conséquences de ses actes, son masque qui tombait encore un peu plus devant les yeux d'Eliëndir. Et dans un sursaut de sanglot, la voix brisée, elle parla enfin. « Je serais toujours comme ça Eliëndir, toujours ! Je.. J'ai tout essayé, je te le promets, tout, je ne sais plus vers qui me tourner, je ne sais plus où aller et… je... je n'y arrive plus... ». Ses larmes s'intensifièrent. « Si Aarhy a dit vrai, s'il ne m'a pas encore une fois menti, s'il a pu… ». Sa main alla se poser sur son ventre par réflexe. « Je… je t'ai promis une famille et… ». Lentement, elle tomba à genoux, se laissant glisser sur le sol. « Je la veux mais… Je… Je ne sais même pas si c'est vrai, je ne sais pas si j'ai… » Envie que cela soit vrai ? Dahlia désirait une famille depuis qu'elle avait décimé la sienne. Pourtant la peur l'empêchait de l'exprimer, planant sur son bonheur tel un vautour prêt à se repaître de ses angoisses. La crise ne fit que s'amplifier, ses mots devenant presque incompréhensibles tant ils étaient déchirés par les sanglots. « J'ai … j'ai si peur.. si tu savais… si tu savais à quel point j'ai peur… J'ai peur que tu partes… J'ai peur de partir… J'ai peur de tout gâcher, j'ai peur de te faire du mal, j'ai peur de me faire du mal, j'ai peur de lui faire du mal… Je déteste Liberty, je hais la République, je veux partir, je ne veux plus… Je ne veux plus rien… Plus rien à part toi. ». Ses yeux ambrés larmoyants finirent enfin par croiser les siens et durant un bref temps d'accalmie, Dahlia sentit le poids de la culpabilité s'élever juste assez de ses épaules pour la laisser respirer. Sa peur de l'abandon paralysant le moindre de ses mouvements, elle restait ainsi immobile, se recroquevillant un peu plus sur elle-même chaque seconde.
« Est-ce que tu m'aimes encore ?... »
Invité
Invité
Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Après toutes ces années à s'efforcer de marcher dans les pas de celui qui fut longtemps son modèle, réalisant un nombre incalculable d'expériences douteuses et malsaines sous la supervision d'un mentor toujours plus exigeant. Un rôle qu'Aradhel prenait très au sérieux, souvent au détriment de son rôle de père. Même lorsqu'Eliëndir a quitté Melorn officiellement pour parfaire son art et voir le monde, officieusement pour s'émanciper de l'influence néfaste et de l'emprise d'Aradhel, la mort n'était jamais très loin. Toujours dans son sillage car inhérente à sa personne. Finalement la pègre, n'est qu'une activité répréhensible parmi toutes celles dont il s'est rendu coupable au fil des siècles. Il a depuis longtemps atteint un point de non-retour, gangréné par la dépravation du corps et de l'esprit. Marqué quelque part, par la perte de son humanité. La vue du sang ne lui fait plus le moindre effet, pas plus que l'odeur nauséabonde et nécrotique qui se dégage des cadavres en décomposition. Longtemps source d'une fascination malsaine, maintenant la mort l'indiffère au plus haut point tant qu'il ne ressent ni tristesse, ni remords pour les vies qu'il prend.
Le bureau d'Aarhy est relativement classique sans fioritures ni ornements, dans un style très rustique détonnant un peu du reste de l'endroit. Le sous-sol dans lequel ils se trouvent est une planque discrète, plutôt qu'une véritable maison de réception vouée à impressionner quelques rares invités. Il y a le strict minimum, de quoi s'asseoir pour se reposer et quelques bouteilles d'alcool de mauvaise qualité, entreposées dans une armoire à la vitrine dont la propreté laisse à désirer. Eliëndir se désintéresse rapidement des éléments du décor sans importance car ce qu'ils sont venu chercher est ailleurs. Emboitant le pas derrière sa bien-aimée, l'Elfe s'approche à son tour du bureau d'Aarhy dans un silence pesant qui s'est installé peu après avoir fait le ménage au rez-de-chaussée. Sans dire un mot car parfois, il n'y a rien de plus expressif qu'un regard entre deux âmes éprises l'une de l'autre. Il se saisit juste à temps de la main de la Fae lorsqu'elle bascule en arrière, au moins pour l'empêcher de se faire mal et pour l'aider à s'installer sur le fauteuil. Pour Dahlia, c'est beaucoup de poids qui retombe sur ses épaules depuis leur retour à Liberty et tout s'est enchaîné très vite dans la même journée. Ils n'ont pas eu un seul instant pour souffler alors avec l'adrénaline qui retombe et l'angoisse etouffante que doit ressentir la jeune femme, c'est normal d'avoir un instant de faiblesse. Ceci dit, son état est d'autant plus inquiétant que ce n'est pas la première fois qu'elle vacille aujourd'hui. Soucieux, il pose à nouveau sa main sur sa joue puis sur son front mais comme tout à l'heure devant la taverne, aucun signe d'une fièvre fulgurante c'est même tout l'inverse. Sa peau est froide et malheureusement, ses compétences en matière de médecine sont trop limitées pour pouvoir faire un diagnostic précis.
Enfin, Eliëndir récupère le dossier que lui tend la jeune femme. Ces quelques pages qu'utilisait Aarhy pour faire chanter Dahlia en s'assurant qu'elle ne ferait rien de stupide à son encontre. La raison de leur venue dans les bas-fonds, cette volonté d'arranger la situation et en finir définitivement avec cette histoire pour qu'ils puissent enfin profiter de cette nouvelle vie ensemble, loin de la pègre de Liberty. L'Elfe vient poser un genoux sur le sol tout en restant tout près de sa bien-aimée. Un dernier regard puis un baiser déposé sur le dos de sa main, inspirant longuement avant de se mettre à parcourir les différentes pages du dossier dont le nom de la Fae apparaît en évidence dans l'en-tête. Dans l'immobilisme absolu, pleinement concentré sur sa courte lecture, il n'y a que les yeux du mage noir qui glissent sur chaque lettre, de chaque mot, de chaque ligne du dossier qu'il a dans les mains sans omettre le moindre détail jusqu'à même relever les tâches de sang du dernier commentaire. Eliëndir était déjà au courant pour la disparition tragique de ses parents, tout comme il avait déjà conscience des séquelles physiques et psychologiques que cet événement a laissé sur la jeune femme. Il savait. Du moins, il pensait savoir à quel point l'état de Dahlia était grave jusqu'à il y a encore quelques secondes. Même s'ils se disent tout ou presque, Dahlia a toujours été très secrète au sujet de sa santé mentale ou du mal-être qu'elle renfermait, elle n'en parlait quasiment pas malgré ses quelques tentatives d'aborder difficilement un sujet aussi sensible. Elle ne se confiait pas vraiment. Pas à lui en tout cas.
Au contraire, Dahlia arborait toujours ce même sourire de façade en sa présence, pas par hypocrisie mais plutôt par volonté de ne pas l'inquiéter, peut-être aussi par peur que ses cicatrices le fasse fuir. Cette fille toujours heureuse et rayonnante qu'il a rencontré un peu par hasard il y a plus de trois siècles, dans les rues de la capitale. Celle dont il est profondément tombé amoureux et qui, encore aujourd'hui, s'accapare toutes ses pensées. Un masque qu'elle porte pour se protéger du monde extérieur. Eliëndir ferme les yeux en interrompant brièvement sa lecture intensive, la tête baissée et plaçant la paume de sa main devant ses paupières. Il aurait tant aimé qu'elle lui dise la vérité plus tôt, qu'elle partage avec lui toutes ses souffrances. Ce n'est pas Dahlia qu'il blâme pour ça, c'est envers lui-même qu'il est en colère. Elle souffrait en silence et il n'a pas su s'en rendre compte alors que c'était devant ses yeux pendant tout ce temps. Il s'en veut tellement et ça le ronge de l'intérieur. La main devant ses yeux, Eliëndir tente honteusement de cacher son visage crispé de douleur mais les sanglots de Dahlia sont des coups de poignards qui lui transpercent le cœur. D'une réaction incontrôlée, une larme solitaire s'écoule lentement le long de sa joue comme si cela paraissait anodin en comparaison des pleurs de la Fae. La vérité, c'est qu'il ne se souvient plus de la dernière fois qu'il a pleuré, surtout pour quelqu'un d'autre. Eliëndir dépose son deuxième genoux sur le sol, se tournant face à sa bien-aimée en rouvrant les yeux et en prenant ses deux mains dans les siennes. Trouvant le courage de venir soutenir son regard larmoyant en l'écoutant jusqu'à la fin sans l'interrompre.
À sa dernière question, Dahlia obtiendra la seule réponse possible, sans la moindre once d'hésitation.
« Toujours. Aujourd'hui et à jamais. Jusqu'à ce que mon coeur cesse de battre. Rien ni personne ne changera ça. »
D'un geste d'une tendresse incomparable, entrelaçant amoureusement leurs lèvres dans un baiser d'une langueur toute particulière. Peu importe les épreuves qu'ils traversent, tant qu'ils sont ensembles alors rien n'est insurmontable et il ne saurait en être autrement. Profitant d'une brève accalmie, celle qui apparaît après le passage d'une tempête, pour passer délicatement ses mains sur les joues trempées de sa bien-aimée afin d'essuyer ses larmes du bout de ses doigts.
« Rien de tout ceci n'est de ta faute. C'est moi qui aurait dû m'en rendre compte plus tôt, j'ai été sourd à ton malheur pendant si longtemps. Tu souffrais et je n'étais pas là quand tu avais le plus besoin de moi, comment pourrais-je me faire pardonner ? Si tu savais comme je m'en veux... »
Secouant la tête, il va devoir vivre avec ses fautes et en assumer les conséquences toute sa vie car aussi doué soit-il dans le maniement de la magie, il ne peut pas remonter le temps pour rattraper ses erreurs. Même si Dahlia trouve un jour la force de lui pardonner, il doute de pouvoir en faire autant. Néanmoins, c'est à lui de la rassurer et pas l'inverse.
« N'aie pas peur, mon amour. Je suis là. Mon cœur t'appartient et je n'irai nulle part. Tu es la seule personne en qui je peux avoir vraiment confiance, tu le sais. Tout va s'arranger, je te le promets. On va trouver une solution, ensemble. Tout ira bien à partir de maintenant, je vais m'occuper de tout. Reste avec moi, je t'en prie. »
Déposant à nouveau ses lèvres sur les siennes, l'Elfe enlace ses bras dans le dos de la seule et unique, celle qui fait battre son cœur chaque jour un peu plus que le précédent. Il pourrait profiter de ce moment de calme et de cette proximité qu'ils partagent pendant des heures sans se lasser. Malheureusement, le temps est un luxe qu'ils n'ont pas aussi ironique que cela puisse être pour une Fae et un Elfe. Autant ne pas trop s'attarder dans le coin, avant qu'un petit fouineur ne trouve les cadavres qu'ils ont laissé dans leur sillage. Pas avare en marque d'affection, Eliëndir dépose à nouveau un baiser dans le cou de la Fae avant de s'immobiliser complètement l'espace d'un bref instant.
« ... Lui ? Tu as dit que tu as peur de lui faire du mal. De qui est-ce que tu parlais ? »
Deux neurones qui se touchent, pris d'une soudaine et violente illumination malgré qu'il ait complètement ignoré les paroles de l'Ange un peu plus tôt sous le coup de la colère. Eliëndir est complètement passé à côté de l'information importante et il recolle tout juste les morceaux. Se redressant légèrement pour revenir planter ses yeux dans les iris ambrés de Dahlia, dégageant son visage en déplaçant sur le côté quelques-unes de ses mèches blondes qui tombaient sur son visage.
« Qu'est-ce que t'as dit l'Ange ? Qu'est-ce qu'il a fait exactement ? »
CENDRES
Le bureau d'Aarhy est relativement classique sans fioritures ni ornements, dans un style très rustique détonnant un peu du reste de l'endroit. Le sous-sol dans lequel ils se trouvent est une planque discrète, plutôt qu'une véritable maison de réception vouée à impressionner quelques rares invités. Il y a le strict minimum, de quoi s'asseoir pour se reposer et quelques bouteilles d'alcool de mauvaise qualité, entreposées dans une armoire à la vitrine dont la propreté laisse à désirer. Eliëndir se désintéresse rapidement des éléments du décor sans importance car ce qu'ils sont venu chercher est ailleurs. Emboitant le pas derrière sa bien-aimée, l'Elfe s'approche à son tour du bureau d'Aarhy dans un silence pesant qui s'est installé peu après avoir fait le ménage au rez-de-chaussée. Sans dire un mot car parfois, il n'y a rien de plus expressif qu'un regard entre deux âmes éprises l'une de l'autre. Il se saisit juste à temps de la main de la Fae lorsqu'elle bascule en arrière, au moins pour l'empêcher de se faire mal et pour l'aider à s'installer sur le fauteuil. Pour Dahlia, c'est beaucoup de poids qui retombe sur ses épaules depuis leur retour à Liberty et tout s'est enchaîné très vite dans la même journée. Ils n'ont pas eu un seul instant pour souffler alors avec l'adrénaline qui retombe et l'angoisse etouffante que doit ressentir la jeune femme, c'est normal d'avoir un instant de faiblesse. Ceci dit, son état est d'autant plus inquiétant que ce n'est pas la première fois qu'elle vacille aujourd'hui. Soucieux, il pose à nouveau sa main sur sa joue puis sur son front mais comme tout à l'heure devant la taverne, aucun signe d'une fièvre fulgurante c'est même tout l'inverse. Sa peau est froide et malheureusement, ses compétences en matière de médecine sont trop limitées pour pouvoir faire un diagnostic précis.
Enfin, Eliëndir récupère le dossier que lui tend la jeune femme. Ces quelques pages qu'utilisait Aarhy pour faire chanter Dahlia en s'assurant qu'elle ne ferait rien de stupide à son encontre. La raison de leur venue dans les bas-fonds, cette volonté d'arranger la situation et en finir définitivement avec cette histoire pour qu'ils puissent enfin profiter de cette nouvelle vie ensemble, loin de la pègre de Liberty. L'Elfe vient poser un genoux sur le sol tout en restant tout près de sa bien-aimée. Un dernier regard puis un baiser déposé sur le dos de sa main, inspirant longuement avant de se mettre à parcourir les différentes pages du dossier dont le nom de la Fae apparaît en évidence dans l'en-tête. Dans l'immobilisme absolu, pleinement concentré sur sa courte lecture, il n'y a que les yeux du mage noir qui glissent sur chaque lettre, de chaque mot, de chaque ligne du dossier qu'il a dans les mains sans omettre le moindre détail jusqu'à même relever les tâches de sang du dernier commentaire. Eliëndir était déjà au courant pour la disparition tragique de ses parents, tout comme il avait déjà conscience des séquelles physiques et psychologiques que cet événement a laissé sur la jeune femme. Il savait. Du moins, il pensait savoir à quel point l'état de Dahlia était grave jusqu'à il y a encore quelques secondes. Même s'ils se disent tout ou presque, Dahlia a toujours été très secrète au sujet de sa santé mentale ou du mal-être qu'elle renfermait, elle n'en parlait quasiment pas malgré ses quelques tentatives d'aborder difficilement un sujet aussi sensible. Elle ne se confiait pas vraiment. Pas à lui en tout cas.
Au contraire, Dahlia arborait toujours ce même sourire de façade en sa présence, pas par hypocrisie mais plutôt par volonté de ne pas l'inquiéter, peut-être aussi par peur que ses cicatrices le fasse fuir. Cette fille toujours heureuse et rayonnante qu'il a rencontré un peu par hasard il y a plus de trois siècles, dans les rues de la capitale. Celle dont il est profondément tombé amoureux et qui, encore aujourd'hui, s'accapare toutes ses pensées. Un masque qu'elle porte pour se protéger du monde extérieur. Eliëndir ferme les yeux en interrompant brièvement sa lecture intensive, la tête baissée et plaçant la paume de sa main devant ses paupières. Il aurait tant aimé qu'elle lui dise la vérité plus tôt, qu'elle partage avec lui toutes ses souffrances. Ce n'est pas Dahlia qu'il blâme pour ça, c'est envers lui-même qu'il est en colère. Elle souffrait en silence et il n'a pas su s'en rendre compte alors que c'était devant ses yeux pendant tout ce temps. Il s'en veut tellement et ça le ronge de l'intérieur. La main devant ses yeux, Eliëndir tente honteusement de cacher son visage crispé de douleur mais les sanglots de Dahlia sont des coups de poignards qui lui transpercent le cœur. D'une réaction incontrôlée, une larme solitaire s'écoule lentement le long de sa joue comme si cela paraissait anodin en comparaison des pleurs de la Fae. La vérité, c'est qu'il ne se souvient plus de la dernière fois qu'il a pleuré, surtout pour quelqu'un d'autre. Eliëndir dépose son deuxième genoux sur le sol, se tournant face à sa bien-aimée en rouvrant les yeux et en prenant ses deux mains dans les siennes. Trouvant le courage de venir soutenir son regard larmoyant en l'écoutant jusqu'à la fin sans l'interrompre.
À sa dernière question, Dahlia obtiendra la seule réponse possible, sans la moindre once d'hésitation.
« Toujours. Aujourd'hui et à jamais. Jusqu'à ce que mon coeur cesse de battre. Rien ni personne ne changera ça. »
D'un geste d'une tendresse incomparable, entrelaçant amoureusement leurs lèvres dans un baiser d'une langueur toute particulière. Peu importe les épreuves qu'ils traversent, tant qu'ils sont ensembles alors rien n'est insurmontable et il ne saurait en être autrement. Profitant d'une brève accalmie, celle qui apparaît après le passage d'une tempête, pour passer délicatement ses mains sur les joues trempées de sa bien-aimée afin d'essuyer ses larmes du bout de ses doigts.
« Rien de tout ceci n'est de ta faute. C'est moi qui aurait dû m'en rendre compte plus tôt, j'ai été sourd à ton malheur pendant si longtemps. Tu souffrais et je n'étais pas là quand tu avais le plus besoin de moi, comment pourrais-je me faire pardonner ? Si tu savais comme je m'en veux... »
Secouant la tête, il va devoir vivre avec ses fautes et en assumer les conséquences toute sa vie car aussi doué soit-il dans le maniement de la magie, il ne peut pas remonter le temps pour rattraper ses erreurs. Même si Dahlia trouve un jour la force de lui pardonner, il doute de pouvoir en faire autant. Néanmoins, c'est à lui de la rassurer et pas l'inverse.
« N'aie pas peur, mon amour. Je suis là. Mon cœur t'appartient et je n'irai nulle part. Tu es la seule personne en qui je peux avoir vraiment confiance, tu le sais. Tout va s'arranger, je te le promets. On va trouver une solution, ensemble. Tout ira bien à partir de maintenant, je vais m'occuper de tout. Reste avec moi, je t'en prie. »
Déposant à nouveau ses lèvres sur les siennes, l'Elfe enlace ses bras dans le dos de la seule et unique, celle qui fait battre son cœur chaque jour un peu plus que le précédent. Il pourrait profiter de ce moment de calme et de cette proximité qu'ils partagent pendant des heures sans se lasser. Malheureusement, le temps est un luxe qu'ils n'ont pas aussi ironique que cela puisse être pour une Fae et un Elfe. Autant ne pas trop s'attarder dans le coin, avant qu'un petit fouineur ne trouve les cadavres qu'ils ont laissé dans leur sillage. Pas avare en marque d'affection, Eliëndir dépose à nouveau un baiser dans le cou de la Fae avant de s'immobiliser complètement l'espace d'un bref instant.
« ... Lui ? Tu as dit que tu as peur de lui faire du mal. De qui est-ce que tu parlais ? »
Deux neurones qui se touchent, pris d'une soudaine et violente illumination malgré qu'il ait complètement ignoré les paroles de l'Ange un peu plus tôt sous le coup de la colère. Eliëndir est complètement passé à côté de l'information importante et il recolle tout juste les morceaux. Se redressant légèrement pour revenir planter ses yeux dans les iris ambrés de Dahlia, dégageant son visage en déplaçant sur le côté quelques-unes de ses mèches blondes qui tombaient sur son visage.
« Qu'est-ce que t'as dit l'Ange ? Qu'est-ce qu'il a fait exactement ? »
CENDRES
Invité
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Complètement brisée, Dahlia se tenait fébrilement devant le seul homme capable de la comprendre, d'entendre ses maux et de panser ses blessures. La Fae se sentait vulnérable, attaquée de toutes parts par ses émotions incontrôlables et ses démons qui lancinaient son âme à répétition tandis que les larmes continuaient de couler sur ses joues rosées. Que ferait-elle si Eliëndir venait à la priver de ce doux rêve dans lequel il l'avait plongée ? Où irait-elle, alors que toute sa vie n'avait été que dans le but de le retrouver, de s'épanouir à ses côtés ? Ses yeux ambrés plongés dans ses améthystes envoûtantes, la jeune femme se surprit à imaginer à quoi ressemblerait sa vie si elle n'avait jamais croisé son chemin. Si ce matin, à la sortie de l'orphelinat, Dahlia était restée avec le groupe. Si elle ne s'était pas perdue. S'ils ne s'étaient pas percutés. Si son livre n'avait pas volé jusqu'à atterrir dans une flaque d'eau. Une myriade de souvenirs imaginaires passa dans son esprit névrosé et elle se rendit compte non sans stupeur qu'ils s'arrêtaient très rapidement, se concluant de la même manière : sa mort, encore et encore. Car si l'Elfe se sentait responsable de n'être pas venu en aide à son bien-aimée, il était sa lueur d'espoir, son phare dans la nuit noire, le seul élément qui la poussait chaque jour à être la meilleure version d'elle-même. La voix douce de son bien-aimé résonna dans son esprit, enveloppant son coeur qui battait la chamade dans un cocon de chaleur. Il promettait de l'aimer pour toujours, pouvait-elle le croire ? Elle le voulait, plus qu'elle ne voulait vivre. Être à ses côtés, respirer le même air, entendre son rire s'envoler vers la cîme des arbres de son domaine, de leur domaine. Un sourire à peine perceptible sur ses traits fatigués, Dahlia peinait à comprendre que la vie qu'elle venait de retrouver ne serait plus qu'un vestige du passé. Melorn l'attendait et avec elle, une sérénité certaine. Ses larmes trouvèrent enfin une fin lorsqu'il la prit contre lui, l'enlaçant dans une étreinte douce dont seul lui avait le secret. La tempête était passée, la pluie avait lavé le sol de ses péchés et emporté avec elle la mélancolie.
« Je t'ai toujours aimé, depuis le premier jour, la première seconde de la première minute. Je… J'aurais voulu te le dire avant, j'aurais du tout te dire mais… ». Elle baissa les yeux, coupable. « Je n'ai pas osé. Tu étais si parfait, tu l'es encore, tu le seras toujours. J'ai eu si peur de te perdre, si peur qu'après chacun de tes départs tu ne reviennes jamais. ». La souffrance n'en était que plus grande. Elle redressa la tête après leur doux baiser, son sourire s'élargissant lentement. « Et tu m'as prouvé que j'avais tort, à chaque fois. Tu es revenu. Tu ne m'as jamais abandonnée, malgré les années, malgré les épreuves. ». Là ou tant avaient traversé son sillage, lui promettant monts et merveilles avant de disparaître dans le paysage, Eliëndir était l'exception. Son exception. « Rien n'est ta faute. Si je te cachais mes malheurs, ce n'était pas par plaisir de te mentir mais tout simplement car… ». Elle avala sa salive, plantant son regard dans le sien. « Quand tu étais, quand tu es près de moi, la moindre once de souffrance disparaît. Je n'entends plus ces pensées qui me chagrinent, je ne vois plus le bout du chemin comme une damnation. J'ignore quand ces sentiments ont commencé à émerger, je sais seulement qu'ils ne m'ont jamais quittée. ». Elle entrelaça ses doigts avec les siens avec tendresse, priant pour que son message lui parvienne malgré sa maladresse. « Je ne voulais pas ouvrir une porte à mes malheurs, je ne pouvais pas les autoriser à gâcher ces moments que je partageais avec toi. Je ne peux pas t'offrir mon pardon car il n'y a rien à pardonner. ». Le front de la Fae alla se déposer contre celui de l'Elfe, amoureusement. « Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée et qui m'arrivera dans cette vie, ainsi que dans les prochaines. Je sais que je t'en demande énormément, j'en ai conscience et si tu me noies sous les promesses, sache qu'elles sont réciproques. Jamais je ne m'en irais loin de toi. Merci pour tout, pour toi, pour ton soutien, pour ton amour que je ne mérite point. Je t'aime. ».
Après une énième embrassade, le contact des lèvres d'Eliëndir sur son cou la faisant légèrement frissonner, Dahlia prit conscience de ses mots et alla enfouir son dossier chiffonné dans sa sacoche. Les yeux écarquillés, elle se mit de nouveau à bredouiller quelques phrases, la tête penchée sur le côté dans l'interrogative. « Je.. Je ne… Je ne sais pas si c'est la vérité Eliëndir je… Je ne voudrais pas te faire de faux espoirs. ». Se pourrait-il ? « L'espace d'un instant j'ai eu l'impression qu'il était dans ma tête, dans mon esprit, dans mon corps et… J'ai… J'ai senti quelqu'un d'autre. Cela semblait si... si réel... Je… C'est sans doute une illusion. Je… Allons vérifier, d'accord ? Avant de… De prendre des décisions hâtives. » Calmant l'angoisse qui lui pendait au nez en respirant plus profondément, la Fae prit la main de l'Elfe dans la sienne pour s'échapper du quartier général d'Aarhy. Une fois à l'extérieur elle vérifia qu'ils n'étaient guère suivis avant de déployer ses ailes multicolores dans son dos, venant par sa simple pensée les transformer en une nuée sombre afin d'éviter de se faire repérer dans le ciel. Elle traversa ainsi les bas-fonds en se tenant au bras de l'ambassadeur, évitant de regarder ailleurs que devant elle par crainte d'être aspirée par le vide si elle commençait à lui prêter attention. Incapable d'articuler le moindre mot tant la peur et la pression s'emparaient à nouveau d'elle, Dahlia ne s'arrêta que sur les toits de l'orphelinats, ouvrant une fenêtre pour s'y faufiler, montrant à son bien-aimé les nombreuses façons par lesquelles elle s'était échappée du bâtiment pour le retrouver en dehors du couvre-feu. Elle s'approcha de l'infirmerie, s'arrêtant quelques secondes avant de taper sur la porte, adressant un regard apeuré à son bien-aimé. « Tu penses que ?... ». Déjà ? Si tôt ? Etaient-ils prêts ? Pouvait-on un jour être préparé à un tel événement ? La Fae se racla la gorge avant de pénétrer dans l'enceinte de l'infirmerie, traduisant rapidement son angoisse à la médecin à la longue chevelure rousse enfermée dans un chignon fait à la va-vite qui se contenta d'hocher la tête avant d'approcher sa main de son ancienne directrice. Son visage s'illumina immédiatement, un large sourire étirant ses traits vieillis. « Oh je pensais que cela n'arriverait jamais ! Vous êtes enceinte Dahlia. C'est encore tôt, à peine perceptible, mais je ne me trompe pas. Félicitations ! ». Les jambes tremblantes, le teint blême, la Fae ne put que se retourner vers son bien-aimé, la bouche entrouverte sous le choc. Les mots ne suffiraient pas. Ils ne suffisaient plus. Ils n'étaient plus seuls. Ils ne le seraient plus jamais.
« Je t'ai toujours aimé, depuis le premier jour, la première seconde de la première minute. Je… J'aurais voulu te le dire avant, j'aurais du tout te dire mais… ». Elle baissa les yeux, coupable. « Je n'ai pas osé. Tu étais si parfait, tu l'es encore, tu le seras toujours. J'ai eu si peur de te perdre, si peur qu'après chacun de tes départs tu ne reviennes jamais. ». La souffrance n'en était que plus grande. Elle redressa la tête après leur doux baiser, son sourire s'élargissant lentement. « Et tu m'as prouvé que j'avais tort, à chaque fois. Tu es revenu. Tu ne m'as jamais abandonnée, malgré les années, malgré les épreuves. ». Là ou tant avaient traversé son sillage, lui promettant monts et merveilles avant de disparaître dans le paysage, Eliëndir était l'exception. Son exception. « Rien n'est ta faute. Si je te cachais mes malheurs, ce n'était pas par plaisir de te mentir mais tout simplement car… ». Elle avala sa salive, plantant son regard dans le sien. « Quand tu étais, quand tu es près de moi, la moindre once de souffrance disparaît. Je n'entends plus ces pensées qui me chagrinent, je ne vois plus le bout du chemin comme une damnation. J'ignore quand ces sentiments ont commencé à émerger, je sais seulement qu'ils ne m'ont jamais quittée. ». Elle entrelaça ses doigts avec les siens avec tendresse, priant pour que son message lui parvienne malgré sa maladresse. « Je ne voulais pas ouvrir une porte à mes malheurs, je ne pouvais pas les autoriser à gâcher ces moments que je partageais avec toi. Je ne peux pas t'offrir mon pardon car il n'y a rien à pardonner. ». Le front de la Fae alla se déposer contre celui de l'Elfe, amoureusement. « Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée et qui m'arrivera dans cette vie, ainsi que dans les prochaines. Je sais que je t'en demande énormément, j'en ai conscience et si tu me noies sous les promesses, sache qu'elles sont réciproques. Jamais je ne m'en irais loin de toi. Merci pour tout, pour toi, pour ton soutien, pour ton amour que je ne mérite point. Je t'aime. ».
Après une énième embrassade, le contact des lèvres d'Eliëndir sur son cou la faisant légèrement frissonner, Dahlia prit conscience de ses mots et alla enfouir son dossier chiffonné dans sa sacoche. Les yeux écarquillés, elle se mit de nouveau à bredouiller quelques phrases, la tête penchée sur le côté dans l'interrogative. « Je.. Je ne… Je ne sais pas si c'est la vérité Eliëndir je… Je ne voudrais pas te faire de faux espoirs. ». Se pourrait-il ? « L'espace d'un instant j'ai eu l'impression qu'il était dans ma tête, dans mon esprit, dans mon corps et… J'ai… J'ai senti quelqu'un d'autre. Cela semblait si... si réel... Je… C'est sans doute une illusion. Je… Allons vérifier, d'accord ? Avant de… De prendre des décisions hâtives. » Calmant l'angoisse qui lui pendait au nez en respirant plus profondément, la Fae prit la main de l'Elfe dans la sienne pour s'échapper du quartier général d'Aarhy. Une fois à l'extérieur elle vérifia qu'ils n'étaient guère suivis avant de déployer ses ailes multicolores dans son dos, venant par sa simple pensée les transformer en une nuée sombre afin d'éviter de se faire repérer dans le ciel. Elle traversa ainsi les bas-fonds en se tenant au bras de l'ambassadeur, évitant de regarder ailleurs que devant elle par crainte d'être aspirée par le vide si elle commençait à lui prêter attention. Incapable d'articuler le moindre mot tant la peur et la pression s'emparaient à nouveau d'elle, Dahlia ne s'arrêta que sur les toits de l'orphelinats, ouvrant une fenêtre pour s'y faufiler, montrant à son bien-aimé les nombreuses façons par lesquelles elle s'était échappée du bâtiment pour le retrouver en dehors du couvre-feu. Elle s'approcha de l'infirmerie, s'arrêtant quelques secondes avant de taper sur la porte, adressant un regard apeuré à son bien-aimé. « Tu penses que ?... ». Déjà ? Si tôt ? Etaient-ils prêts ? Pouvait-on un jour être préparé à un tel événement ? La Fae se racla la gorge avant de pénétrer dans l'enceinte de l'infirmerie, traduisant rapidement son angoisse à la médecin à la longue chevelure rousse enfermée dans un chignon fait à la va-vite qui se contenta d'hocher la tête avant d'approcher sa main de son ancienne directrice. Son visage s'illumina immédiatement, un large sourire étirant ses traits vieillis. « Oh je pensais que cela n'arriverait jamais ! Vous êtes enceinte Dahlia. C'est encore tôt, à peine perceptible, mais je ne me trompe pas. Félicitations ! ». Les jambes tremblantes, le teint blême, la Fae ne put que se retourner vers son bien-aimé, la bouche entrouverte sous le choc. Les mots ne suffiraient pas. Ils ne suffisaient plus. Ils n'étaient plus seuls. Ils ne le seraient plus jamais.
Invité
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Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Profitant d'un instant d'une douceur insoupçonnée après tout le remue-ménage qu'ils ont causé dans leur sillage. Un contraste fort d'autant plus après cette scène d'une rare violence, un peu plus tôt, pour se débarrasser d'Aarhy et de ses sous fifres. Un acte odieux qui aurait pu sans aucun doute être évité par le dialogue et pourtant, Eliëndir ne regrette pas un seul instant d'avoir succombé à la colère. Si c'était à refaire, il referait exactement la même chose. En réalité, il mettrait les bas-fonds à feu et à sang si Dahlia en faisait la demande. Submergé par un sentiment de culpabilité incommensurable car quoi qu'en dise Dahlia, absolument toute cette histoire aurait pu être évitée si Eliëndir n'avait pas été aussi égoïste. À courir aux quatre coins du monde pour ses ambitions personnelles, il a trop longtemps délaissé l'essentiel. La personne la plus importante à ses yeux, la seule pour qui il finissait toujours par retrouver son chemin qui le menait irrémédiablement jusqu'à l'étreinte doucereuse de ses bras. Après toutes ces années, Eliëndir n'est même plus capable d'imaginer sa vie sans Dahlia tant cette perspective lui semble tellement absurde et irréaliste. Aussi loin qu'il s'en souvienne, la Fae a toujours été là, quelque part dans ses pensées, ses souvenirs et à se frayer un chemin jusque dans ses songes. Elle fait partie intégrante de sa vie, complétant le vide de son existence par sa simple présence. Deux âmes éprises l'une de l'autre et réunies par le destin, dans cette vie comme dans la prochaine.
« Je comprends pourquoi tu ne m'as rien dit. Je ne suis pas contrarié, je t'assure. Tu n'avais pas à le faire. C'est moi qui aurait dû m'en rendre compte bien plus tôt. Tu n'as pas à t'en vouloir, le passé est derrière nous. L'important, c'est que nous soyons ensemble aujourd'hui. »
Secouant légèrement la tête en marquant une pause dans sa réflexion. Tiraillé par la culpabilité d'avoir été un parfait idiot et l'envie de devenir un homme meilleur aux yeux de sa bien-aimée. Déposant un baiser sur les doigts délicats de la Fae, réussissant malgré tout à faire apparaître un sourire sur son visage car ses mots sont tant de sources d'apaisements. Il n'a pas le pouvoir d'effacer ses erreurs et Eliëndir souhaite plus que tout au monde aller de l'avant, volonté sincère de se rattraper de ses fautes passées après tout ce que Dahlia a traversé par ses absences répétées. C'est son rôle à présent, de prendre soin d'elle car elle est son unique famille.
« Tu te trompes. C'est moi qui ne te mérites pas et chaque jour passé à tes côtés, fais de moi l'homme le plus heureux au monde. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans toi. Je ne partirais plus et où que tu sois, je te retrouverai toujours. Tu es tout ce dont j'ai besoin en ce bas-monde alors en retour, laisse-moi t'offrir la vie que tu mérites. Je t'aime. »
Malheureusement, ce moment bien que nécessaire et des plus agréables dans sa finalité, n'était pas voué à durer. Le temps presse et chaque minute passée dans cet endroit sordide est un risque important de se faire repérer. Ce qui est arrivé à Aarhy et sa bande va bientôt se savoir, l'information sera diffusée partout dans les bas-fonds et les gangs rivaux ne tarderont pas à venir réclamer leurs droits sur les propriétés de l'Ange. Rien qui ne les concernent vraiment car en l'absence de témoins, le mage noir s'est assuré de ne pas laisser de traces, cela semble difficile pour ne pas dire impossible de remonter jusqu'à eux. Eliëndir observe la jeune femme ranger le dossier dans son sac sans rien dire car pour le moment, son attention est ailleurs. Relativement perplexe, l'Elfe peine à faire le lien tant cela lui semble insensé ainsi qu'à trouver du sens dans les élucubrations de sa bien-aimée. Cela semble tellement... Prématuré ? Une mauvaise blague de l'Ange, pense-t-il dans un premier temps. Une tentative désespérée de semer le trouble au milieu du couple. C'était bien tenté de sa part mais manque de chance, Eliëndir n'était pas très ouvert à la discussion aujourd'hui. Toutefois, Dahlia semble y croire et elle marque un point : pas de décisions hâtives. Et puis, ça ne leur coûte rien d'aller vérifier auprès d'un médecin, au moins par acquis de conscience. Eliëndir acquiesce simplement de la tête sans surenchérir, laissant la jeune femme prendre les devants et le guider jusqu'à la sortie du bâtiment.
Prudent, le mage noir vérifie constamment qu'ils ne sont pas suivis avant d'accompagner la Fae dans le ciel de Liberty. Pas aussi gracieux qu'elle, puisque complètement dénué d'ailes, l'Elfe peut compter sur ses capacités magiques pour se déplacer librement dans les airs. Enveloppé dans un linceul brumeux dont la discrétion est toute relative mais l'efficacité avérée. La route est tout de suite plus rapide en survolant les bâtiments et habitations des quartiers défavorisés. Ils ne tardent pas à retrouver l'orphelinat, se posant calmement sur l'un des toits donnant accès à plusieurs fenêtres du bâtiment. Eliëndir faisant mine de ne pas connaître les anciennes astuces de sa bien-aimée pour sortir en cachette, du temps où ils étaient encore deux adolescents en pleine découverte de leurs sentiments, bravant l'autorité pour se retrouver dans le plus grand secret. Décidément, les vieilles habitudes ont la vie dure. Ils auront tout le temps de se remémorer quelques-uns de ces moments, plus tard. Ils traversent donc une partie de l'orphelinat jusqu'à l'infirmerie, croisant le regard de la Fae lorsque celle-ci tape à la porte pour annoncer leur présence. Eliëndir entrouvre les lèvres mais aucun son n'en sort. Il ne sait pas vraiment quoi répondre, en réalité. Il avait encore du mal à réaliser il y a quelques secondes à peine et maintenant, ils se retrouvent bel et bien devant la porte du médecin de l'orphelinat pour éclaircir leurs doutes. C'est absurde. Alors pourquoi est-il aussi anxieux ?
Eliëndir entre dans la pièce à la suite de Dahlia, fermant la porte derrière eux. Il salue respectueusement l'infirmière puis, très silencieusement, entreprend de se trouver une chaise non loin pour patienter le temps d'effectuer les premiers tests. Il s'avère que l'infirmière ne se tracasse pas avec la médecine conventionnelle et elle a bien raison, la magie est un don miraculeux dans bien des domaines. À sa grande surprise, à peine a-t-il le temps de s'installer près de sa future femme qu'ils obtiennent déjà les premiers résultats. Eliëndir tombe des nues, figé sur place. Son cœur loupe un battement ou deux en adressant un regard stupéfait à sa bien-aimée. Ils ont l'air malin maintenant, tous deux paralysés par la nouvelle avec leurs visages ahuris. C'est un choc autant pour lui que pour elle. L'Elfe finit par se redresser sur ses deux jambes, passablement bouleversé en s'adressant à l'infirmière.
« Vous êtes sûre ? Vous venez de dire que c'était à peine perceptible. Enfin, c'est assez soudain pour nous, vous comprenez. Quand vous dîtes "tôt"... De combien de temps est-ce qu'on parle exactement ? »
L'Elfe ne peut s'empêcher d'exprimer ses doutes et comment lui en vouloir ? L'incompréhension est forte dans son esprit. C'est arrivé si vite alors qu'ils viennent tout juste de se retrouver, même si la pratique ne leur a jamais fait défaut, ça n'en reste pas moins inattendu. Eliëndir a bien conscience que les Elfes ne sont pas connus pour leur grande fertilité, ni les Faes d'ailleurs. C'est un fait attesté depuis la nuit des temps, ce qui rend la scène complètement surréaliste. Alors c'est très logiquement qu'il s'interroge. Comment ? Parfois, il n'y a pas d'explication. Le destin frappe quand on s'y attend le moins et il est bien placé pour le savoir. Pourtant, Eliëndir a encore du mal à y croire. Il n'est pas croyant mais quand l'improbable devient réalité, comment ne pas se mettre à croire aux miracles.
Il s'approche de sa bien-aimée, glissant lentement sa main dans la sienne. Un sourire naissant sur son visage alors qu'il réalise que bientôt, ils ne seront plus seuls. C'est un changement drastique dans leur vie. C'est ce qu'il voulait et cette nouvelle le plonge dans un immense bonheur. Il est heureux mais est-ce que Dahlia l'est autant que lui ?
CENDRES
« Je comprends pourquoi tu ne m'as rien dit. Je ne suis pas contrarié, je t'assure. Tu n'avais pas à le faire. C'est moi qui aurait dû m'en rendre compte bien plus tôt. Tu n'as pas à t'en vouloir, le passé est derrière nous. L'important, c'est que nous soyons ensemble aujourd'hui. »
Secouant légèrement la tête en marquant une pause dans sa réflexion. Tiraillé par la culpabilité d'avoir été un parfait idiot et l'envie de devenir un homme meilleur aux yeux de sa bien-aimée. Déposant un baiser sur les doigts délicats de la Fae, réussissant malgré tout à faire apparaître un sourire sur son visage car ses mots sont tant de sources d'apaisements. Il n'a pas le pouvoir d'effacer ses erreurs et Eliëndir souhaite plus que tout au monde aller de l'avant, volonté sincère de se rattraper de ses fautes passées après tout ce que Dahlia a traversé par ses absences répétées. C'est son rôle à présent, de prendre soin d'elle car elle est son unique famille.
« Tu te trompes. C'est moi qui ne te mérites pas et chaque jour passé à tes côtés, fais de moi l'homme le plus heureux au monde. Je ne sais pas ce que je serais devenu sans toi. Je ne partirais plus et où que tu sois, je te retrouverai toujours. Tu es tout ce dont j'ai besoin en ce bas-monde alors en retour, laisse-moi t'offrir la vie que tu mérites. Je t'aime. »
Malheureusement, ce moment bien que nécessaire et des plus agréables dans sa finalité, n'était pas voué à durer. Le temps presse et chaque minute passée dans cet endroit sordide est un risque important de se faire repérer. Ce qui est arrivé à Aarhy et sa bande va bientôt se savoir, l'information sera diffusée partout dans les bas-fonds et les gangs rivaux ne tarderont pas à venir réclamer leurs droits sur les propriétés de l'Ange. Rien qui ne les concernent vraiment car en l'absence de témoins, le mage noir s'est assuré de ne pas laisser de traces, cela semble difficile pour ne pas dire impossible de remonter jusqu'à eux. Eliëndir observe la jeune femme ranger le dossier dans son sac sans rien dire car pour le moment, son attention est ailleurs. Relativement perplexe, l'Elfe peine à faire le lien tant cela lui semble insensé ainsi qu'à trouver du sens dans les élucubrations de sa bien-aimée. Cela semble tellement... Prématuré ? Une mauvaise blague de l'Ange, pense-t-il dans un premier temps. Une tentative désespérée de semer le trouble au milieu du couple. C'était bien tenté de sa part mais manque de chance, Eliëndir n'était pas très ouvert à la discussion aujourd'hui. Toutefois, Dahlia semble y croire et elle marque un point : pas de décisions hâtives. Et puis, ça ne leur coûte rien d'aller vérifier auprès d'un médecin, au moins par acquis de conscience. Eliëndir acquiesce simplement de la tête sans surenchérir, laissant la jeune femme prendre les devants et le guider jusqu'à la sortie du bâtiment.
Prudent, le mage noir vérifie constamment qu'ils ne sont pas suivis avant d'accompagner la Fae dans le ciel de Liberty. Pas aussi gracieux qu'elle, puisque complètement dénué d'ailes, l'Elfe peut compter sur ses capacités magiques pour se déplacer librement dans les airs. Enveloppé dans un linceul brumeux dont la discrétion est toute relative mais l'efficacité avérée. La route est tout de suite plus rapide en survolant les bâtiments et habitations des quartiers défavorisés. Ils ne tardent pas à retrouver l'orphelinat, se posant calmement sur l'un des toits donnant accès à plusieurs fenêtres du bâtiment. Eliëndir faisant mine de ne pas connaître les anciennes astuces de sa bien-aimée pour sortir en cachette, du temps où ils étaient encore deux adolescents en pleine découverte de leurs sentiments, bravant l'autorité pour se retrouver dans le plus grand secret. Décidément, les vieilles habitudes ont la vie dure. Ils auront tout le temps de se remémorer quelques-uns de ces moments, plus tard. Ils traversent donc une partie de l'orphelinat jusqu'à l'infirmerie, croisant le regard de la Fae lorsque celle-ci tape à la porte pour annoncer leur présence. Eliëndir entrouvre les lèvres mais aucun son n'en sort. Il ne sait pas vraiment quoi répondre, en réalité. Il avait encore du mal à réaliser il y a quelques secondes à peine et maintenant, ils se retrouvent bel et bien devant la porte du médecin de l'orphelinat pour éclaircir leurs doutes. C'est absurde. Alors pourquoi est-il aussi anxieux ?
Eliëndir entre dans la pièce à la suite de Dahlia, fermant la porte derrière eux. Il salue respectueusement l'infirmière puis, très silencieusement, entreprend de se trouver une chaise non loin pour patienter le temps d'effectuer les premiers tests. Il s'avère que l'infirmière ne se tracasse pas avec la médecine conventionnelle et elle a bien raison, la magie est un don miraculeux dans bien des domaines. À sa grande surprise, à peine a-t-il le temps de s'installer près de sa future femme qu'ils obtiennent déjà les premiers résultats. Eliëndir tombe des nues, figé sur place. Son cœur loupe un battement ou deux en adressant un regard stupéfait à sa bien-aimée. Ils ont l'air malin maintenant, tous deux paralysés par la nouvelle avec leurs visages ahuris. C'est un choc autant pour lui que pour elle. L'Elfe finit par se redresser sur ses deux jambes, passablement bouleversé en s'adressant à l'infirmière.
« Vous êtes sûre ? Vous venez de dire que c'était à peine perceptible. Enfin, c'est assez soudain pour nous, vous comprenez. Quand vous dîtes "tôt"... De combien de temps est-ce qu'on parle exactement ? »
L'Elfe ne peut s'empêcher d'exprimer ses doutes et comment lui en vouloir ? L'incompréhension est forte dans son esprit. C'est arrivé si vite alors qu'ils viennent tout juste de se retrouver, même si la pratique ne leur a jamais fait défaut, ça n'en reste pas moins inattendu. Eliëndir a bien conscience que les Elfes ne sont pas connus pour leur grande fertilité, ni les Faes d'ailleurs. C'est un fait attesté depuis la nuit des temps, ce qui rend la scène complètement surréaliste. Alors c'est très logiquement qu'il s'interroge. Comment ? Parfois, il n'y a pas d'explication. Le destin frappe quand on s'y attend le moins et il est bien placé pour le savoir. Pourtant, Eliëndir a encore du mal à y croire. Il n'est pas croyant mais quand l'improbable devient réalité, comment ne pas se mettre à croire aux miracles.
Il s'approche de sa bien-aimée, glissant lentement sa main dans la sienne. Un sourire naissant sur son visage alors qu'il réalise que bientôt, ils ne seront plus seuls. C'est un changement drastique dans leur vie. C'est ce qu'il voulait et cette nouvelle le plonge dans un immense bonheur. Il est heureux mais est-ce que Dahlia l'est autant que lui ?
CENDRES
Invité
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La tête légèrement penchée sur le côté, ses deux mains jointes dans une expression d'allégresse intense, l'infirmière rayonnait de bonheur de voir enfin son ancienne directrice obtenir un de ses souhaits si chers à son cœur. La fin d'un mythe, l'avènement d'une existence passée à chérir les enfants d'autrui, car après tout si Dahlia devenait officiellement mère aujourd'hui, la vérité était qu'elle en assumait le rôle depuis plus de deux cents ans. Prête à ouvrir la porte pour clamer la nouvelle à Davina, une main sur la poignée sans possiblement saisir le malaise qui s'installait dans la pièce, la jeune femme fut arrêtée dans son mouvement par l'interrogation du bien-aimé de la Fae. Une moue dubitative sur son visage vieilli, elle prit son menton entre son pouce et son index, le doute l'assaillant momentanément quant à ses capacités de diagnostic. Elle se devait d'être honnête avec le couple, autant par loyauté envers Dahlia que par professionnalisme car si elle s'avérait être une bonne soigneuse, elle n'en demeurait pas moins une mage tout juste médiocre. « Sire Eliëndir, je comprends votre inquiétude et encore plus votre surprise. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'un couple à votre longévité et à votre fertilité réussit à concevoir, d'autant plus dans un laps de temps aussi court. ». Le destin semblait définitivement s'amuser de ses deux pantins, les faisant danser dans une valse sans fin, d'une surprise à l'autre. « Je n'ai que de piètres capacités magiques pour être honnête avec vous. Mon expertise porte bien plus sur des faits que sur des intuitions, néanmoins… ». Ses doigts s'approchèrent doucement du ventre de la Fae sans pour autant le toucher, craignant de la brusquer une fois de plus. « Il existe bel et bien deux signatures magiques, et s'il peut s'agir de tout autre chose, l'option la plus plausible reste celle d'une petite progéniture en chemin. ».
L'Elfe recula d'un pas, constatant l'effarement de son ancienne directrice qui ne bougeait plus un doigt, complètement sous le choc de cette nouvelle inattendue. Pour autant, si elle avait vu juste, les deux tourtereaux ne disposaient pas d'énormément de temps pour se préparer à ce chamboulement dans leur vie et elle devait absolument ramener Dahlia à la réalité. Sa main passa devant le visage de la Fae et rapidement, elle claqua des doigts pour la faire sursauter. « Allons Dahlia, je m'occupe de vous depuis que vous êtes haute comme trois pommes, réveillez ce cerveau et réfléchissons ensemble. Il y a bien longtemps que l'aménorrhée n'est absolument pas fiable dans votre cas, néanmoins l'information reste toujours bonne à prendre. D'autres symptômes comme les nausées, les vomissements, les bouffées de chaleur, les envies soudaines de mets particuliers… ». La jeune femme reprit possession de ses moyens soudainement, le souffle court et se contenta d'acquiescer aux propositions de l'infirmière qui la toisait. Bien qu'elle refusait de l'admettre, les astres s'alignaient pour indiquer l'arrivée d'un nouvel être sur le Sekai, un parfait mélange d'une Fae névrosée et d'un Elfe de grande renommée, qu'elle considérait comme parfait. Si son coeur fracassait les parois de sa cage thoracique à grande vitesse, son cerveau répondait moins bien à l'information. Son visage restait vide d'expression, peinant à répondre au sourire que son bien-aimé lui adressait chaleureusement, la sensation de ses doigts contre les siens lui provoquant de légers picotements.
« Je pense pouvoir affirmer que vous êtes à un… non, deux mois. ». Elle se tourna vers Eliëndir un instant. « Les grossesses chez les Faes durant six mois, vous devriez vous attendre à un accouchement fin août. Etant donné la surprise que vous manifestez tous les deux, j'imagine que rien n'a été prévu dans ce sens. ». Puis elle posa une main douce et réconfortante sur l'épaule de Dahlia, son emprise sur Eliëndir se raffermissant automatiquement. « Tout va bien se passer. Vous serez de bons parents. Le tout est de se reposer à présent, d'encaisser la nouvelle, je vais aller vous faire une liste de ce à quoi vous devez porter attention dans les prochains mois. ». Et sur ces mots, l'infirmière quitta la pièce pour se diriger dans un bureau adjacent, donnant l'occasion au couple de se retrouver et de faire le point. Toujours prise de court, Dahlia semblait ne plus respirer, le temps s'étant arrêté autour d'elle. Etait-elle prête ? Pouvait-on seulement l'être ? Paralysée par la simple possibilité de se retrouver responsable d'un enfant, elle ne pouvait que constater l'ironie du sort d'avoir été directrice d'orphelinat durant des centaines d'années et de paniquer ainsi quand il lui incombait de prendre soin du sien. Août arriverait à une vitesse fulgurante, bien plus vite qu'elle ne l'aurait souhaité et ils avaient encore tant à faire avant de se lancer dans la parentalité. La Fae se racla la gorge, relevant doucement la tête pour croiser le regard d'Eliëndir dont la joie ne laissait aucune place au doute.
Elle se rappela à quel point il était rare pour les Elfes de concevoir, ce qui était également vrai pour les Faes. Elle se souvenait des nombreuses années de souffrance qu'avaient endurés ses parents pour lui donner la vie, tout ça pour qu'elle mette un terme à la leur prématurément. Des larmes d'appréhension et de culpabilité vinrent border ses yeux ambrés sous la pression qui s'accumulait inlassablement et elle se retourna, venant joindre leurs mains en lui faisant face, tentant de saisir la confiance que son âme soeur exacerbait en permanence. « Je… Je ne… Je ne sais pas quoi dire… ». Les mots manquaient pour exprimer le capharnaüm d'émotions qui se déclenchait en elle. « C'est tellement soudain… ». Dahlia se retrouvait prise en étau entre la joie intense et la peur de l'échec et lentement, elle se laissa glisser dans les bras de son cher et tendre, poussant un long soupir alors que ses bras se resserraient autour de son torse. « Je… Je ne peux pas te promettre d'être une mère parfaite… je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l'être. ». Et enfin un sourire naquit sur ses traits tremblants, illuminant son visage. « Nous avons tant à faire et … à préparer. Je… Je suis terrorisée Eliëndir mais… ». Elle prit une grande inspiration, saisissant ce qui lui manquait de courage pour poursuivre. « C'est ce que tu voulais, c'est ce que nous voulions. C'est plus tôt que prévu, c'est un fait. ». Sa main alla se balader dans sa chevelure immaculée, gratifiant sa nuque de quelques caresses tendres. « Tu feras un père merveilleux, j'ai… j'ai confiance en toi. J'ai confiance en nous. Félicitations, mon amour. ». Et elle maman, avec tout ce que cela incluait comme responsabilités. Soudainement, l'euphorie vint la cueillir et ses ailes se mirent à changer de couleur, dansant d'une nuance à l'autre de l'arc en ciel, battant dans son dos doucement. Ce bonheur ne serait pas le plus facile, néanmoins Dahlia sentait qu'il serait le plus fort qu'ils n'aient jamais ressenti.
L'Elfe recula d'un pas, constatant l'effarement de son ancienne directrice qui ne bougeait plus un doigt, complètement sous le choc de cette nouvelle inattendue. Pour autant, si elle avait vu juste, les deux tourtereaux ne disposaient pas d'énormément de temps pour se préparer à ce chamboulement dans leur vie et elle devait absolument ramener Dahlia à la réalité. Sa main passa devant le visage de la Fae et rapidement, elle claqua des doigts pour la faire sursauter. « Allons Dahlia, je m'occupe de vous depuis que vous êtes haute comme trois pommes, réveillez ce cerveau et réfléchissons ensemble. Il y a bien longtemps que l'aménorrhée n'est absolument pas fiable dans votre cas, néanmoins l'information reste toujours bonne à prendre. D'autres symptômes comme les nausées, les vomissements, les bouffées de chaleur, les envies soudaines de mets particuliers… ». La jeune femme reprit possession de ses moyens soudainement, le souffle court et se contenta d'acquiescer aux propositions de l'infirmière qui la toisait. Bien qu'elle refusait de l'admettre, les astres s'alignaient pour indiquer l'arrivée d'un nouvel être sur le Sekai, un parfait mélange d'une Fae névrosée et d'un Elfe de grande renommée, qu'elle considérait comme parfait. Si son coeur fracassait les parois de sa cage thoracique à grande vitesse, son cerveau répondait moins bien à l'information. Son visage restait vide d'expression, peinant à répondre au sourire que son bien-aimé lui adressait chaleureusement, la sensation de ses doigts contre les siens lui provoquant de légers picotements.
« Je pense pouvoir affirmer que vous êtes à un… non, deux mois. ». Elle se tourna vers Eliëndir un instant. « Les grossesses chez les Faes durant six mois, vous devriez vous attendre à un accouchement fin août. Etant donné la surprise que vous manifestez tous les deux, j'imagine que rien n'a été prévu dans ce sens. ». Puis elle posa une main douce et réconfortante sur l'épaule de Dahlia, son emprise sur Eliëndir se raffermissant automatiquement. « Tout va bien se passer. Vous serez de bons parents. Le tout est de se reposer à présent, d'encaisser la nouvelle, je vais aller vous faire une liste de ce à quoi vous devez porter attention dans les prochains mois. ». Et sur ces mots, l'infirmière quitta la pièce pour se diriger dans un bureau adjacent, donnant l'occasion au couple de se retrouver et de faire le point. Toujours prise de court, Dahlia semblait ne plus respirer, le temps s'étant arrêté autour d'elle. Etait-elle prête ? Pouvait-on seulement l'être ? Paralysée par la simple possibilité de se retrouver responsable d'un enfant, elle ne pouvait que constater l'ironie du sort d'avoir été directrice d'orphelinat durant des centaines d'années et de paniquer ainsi quand il lui incombait de prendre soin du sien. Août arriverait à une vitesse fulgurante, bien plus vite qu'elle ne l'aurait souhaité et ils avaient encore tant à faire avant de se lancer dans la parentalité. La Fae se racla la gorge, relevant doucement la tête pour croiser le regard d'Eliëndir dont la joie ne laissait aucune place au doute.
Elle se rappela à quel point il était rare pour les Elfes de concevoir, ce qui était également vrai pour les Faes. Elle se souvenait des nombreuses années de souffrance qu'avaient endurés ses parents pour lui donner la vie, tout ça pour qu'elle mette un terme à la leur prématurément. Des larmes d'appréhension et de culpabilité vinrent border ses yeux ambrés sous la pression qui s'accumulait inlassablement et elle se retourna, venant joindre leurs mains en lui faisant face, tentant de saisir la confiance que son âme soeur exacerbait en permanence. « Je… Je ne… Je ne sais pas quoi dire… ». Les mots manquaient pour exprimer le capharnaüm d'émotions qui se déclenchait en elle. « C'est tellement soudain… ». Dahlia se retrouvait prise en étau entre la joie intense et la peur de l'échec et lentement, elle se laissa glisser dans les bras de son cher et tendre, poussant un long soupir alors que ses bras se resserraient autour de son torse. « Je… Je ne peux pas te promettre d'être une mère parfaite… je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l'être. ». Et enfin un sourire naquit sur ses traits tremblants, illuminant son visage. « Nous avons tant à faire et … à préparer. Je… Je suis terrorisée Eliëndir mais… ». Elle prit une grande inspiration, saisissant ce qui lui manquait de courage pour poursuivre. « C'est ce que tu voulais, c'est ce que nous voulions. C'est plus tôt que prévu, c'est un fait. ». Sa main alla se balader dans sa chevelure immaculée, gratifiant sa nuque de quelques caresses tendres. « Tu feras un père merveilleux, j'ai… j'ai confiance en toi. J'ai confiance en nous. Félicitations, mon amour. ». Et elle maman, avec tout ce que cela incluait comme responsabilités. Soudainement, l'euphorie vint la cueillir et ses ailes se mirent à changer de couleur, dansant d'une nuance à l'autre de l'arc en ciel, battant dans son dos doucement. Ce bonheur ne serait pas le plus facile, néanmoins Dahlia sentait qu'il serait le plus fort qu'ils n'aient jamais ressenti.
Invité
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Danse sous la pluie
Feat Dahlia
Ainsi le verdict tombe de manière incontestable. Ils ont six mois voire moins puisque selon l'infirmière, Dahlia en serait déjà à deux. Ce qui est encore plus déconcertant car cela coïncide plus ou moins avec les premières semaines de leurs retrouvailles à Melorn. C'est un délai vraiment minuscule et absurde compte tenu du contexte presque miraculeux de cette révélation. L'infirmière s'en est déjà rendue compte mais le couple est totalement pris de court et n'a absolument rien prévu pour préparer l'arrivée d'un bébé. Sont-ils prêts à accepter cette nouvelle responsabilité ? Il va bien falloir, ils n'ont plus vraiment le choix. C'est très soudain et ce n'est que maintenant qu'Eliëndir fait le lien avec avec les nausées et les étourdissements répétés dont souffrait Dahlia ces derniers temps. Cela a au moins le mérite d'expliquer certaines de ses réactions les plus préoccupantes. Le mage noir s'accroche aux indications de l'infirmière comme si celle-ci avait la science infuse puis acquiesce de la tête quand elle quitte la pièce en les laissant seul pendant un moment.
« D'accord. Nous vous remercions pour votre aide. »
Cherchant à capter le regard de sa bien-aimée très mutique depuis le début, tant qu'elle n'a toujours pas dit un mot de tout l'échange avec l'infirmière. Il peut lire sans aucun mal la consternation qui règne sur son visage et les inquiétudes qui s'emparent d'elle. C'est assez ironique d'ailleurs, les rôles devraient être inversés étant donné que c'est plutôt Eliëndir qui s'aventure en terre inconnue. Il n'a pas le moindre doute concernant la future mère de son enfant, malgré la nature imprévisible de sa magie. Il lui fait aveuglément confiance car c'est à ses côtés qu'il souhaite finir ses jours et de toute évidence, Dahlia a une aisance naturelle et une expérience avec les enfants qu'il n'aura jamais de toute sa vie. Elle s'est occupée de plusieurs centaines d'orphelins pendant près de deux siècles, elle est donc bien plus qualifiée que lui pour ce rôle. Néanmoins, donner la vie à son propre enfant est sûrement très différent et Eliëndir craint surtout d'avoir imposé son envie de fonder une famille à sa partenaire sans qu'elle ne soit véritablement emballée par cette idée. Ses gestes hésitants et ses yeux humides sont autant de signes qui vont dans ce sens. La confusion de Dahlia est contagieuse et à présent il redoute d'avoir, peut-être, mal compris les signaux que lui envoyait la jeune femme.
« Est-ce que tu es heureuse ? Est-ce... trop tôt ? »
Il vient lentement enlacer ses bras autour des épaules de la Fae pour tenter de dissiper ses doutes et ses peurs. Ceux de Dahlia mais aussi les siens. C'est assez tôt, c'est un fait indéniable. Pas en comparaison de la date de leur rencontre, dans ce cas ce serait même assez tard dû à leur longévité naturelle mais plutôt en comparaison du temps qu'ils ont mis pour enfin ouvrir les yeux sur la nature de leur relation. Ces deux-là ont bien pris leur temps avant de se décider de s'engager définitivement et ce fut certainement la meilleure décision de sa vie. Une décision qu'il aurait dû prendre il y a déjà bien longtemps. S'occuper d'un enfant sera difficile, bien plus qu'il ne le pense en réalité et Eliëndir est peut-être encore un peu insouciant à ce sujet. Il a encore un peu de mal à croire que bientôt sa vie va drastiquement changer en devenant père.
« Tu n'as pas besoin de promettre quoi que ce soit. Je sais déjà que tu seras la meilleure mère possible pour notre enfant. »
Un sourire béat naissant se met à étirer les traits de son visage. Eliëndir sait exactement ce qu'il veut et aucune incertitude ne viendra troubler l'intense bonheur dans lequel il est plongé depuis cette merveilleuse annonce. La femme qu'il aime s'apprête à lui faire le plus beau cadeau qu'un homme puisse convoiter, absolument rien ne le rendrait plus heureux en ce moment même. Ils ont tant à faire et à préparer, c'est vrai mais à présent ils peuvent compter l'un sur l'autre pour avancer en toute sérénité. Tant qu'ils sont ensembles, aucun défi n'est insurmontable. Finalement, ses derniers doutes se dissipent instantanément en voyant sa bien-aimée sourire et ses ailes se teindre dans une myriade de couleurs chatoyantes. Un spectacle unique à ses yeux dont il ne se lassera jamais. Incapable de réfréner ses émotions les plus fortes, ses bras glissent le long de sa taille avant d'enserrer ses hanches. Alors qu'il dépose à nouveau ses lèvres sur les siennes dans un baiser débordant de passion, c'est d'une légère impulsion qu'il vient lui faire momentanément quitter le sol en prenant la Fae dans ses bras. Virevoltant sur eux-mêmes dans un moment d'innocence et de pure complicité en s'arrêtant de faire les idiots avant que leurs têtes ne se mettent à tourner.
Le menton légèrement surélevé, plongeant son regard dans les iris ambrés de son âme sœur. Dahlia pourra y voir les yeux d'un homme éperdument amoureux et ceux-ci ne mentent jamais.
« N'attendons pas d'être de retour à Melorn. Allons dans les îles comme convenu et... »
Il n'avait pas prévu de devenir père cette année, pas plus qu'il n'avait prévu de presser autant les choses mais ce n'est pas plus mal comme ça. Dahlia a cette tendance à bousculer toutes ses priorités depuis le jour où elle est entrée dans sa vie et cet enfant à naître va aussi devenir sa plus importante responsabilité. Certes, ce n'est pas très traditionnel comme demande mais il aura tout le temps de se rattraper un peu plus tard.
« Épouse-moi, mon amour. » Susurre-t-il dans un élan de spontanéité.
CENDRES
« D'accord. Nous vous remercions pour votre aide. »
Cherchant à capter le regard de sa bien-aimée très mutique depuis le début, tant qu'elle n'a toujours pas dit un mot de tout l'échange avec l'infirmière. Il peut lire sans aucun mal la consternation qui règne sur son visage et les inquiétudes qui s'emparent d'elle. C'est assez ironique d'ailleurs, les rôles devraient être inversés étant donné que c'est plutôt Eliëndir qui s'aventure en terre inconnue. Il n'a pas le moindre doute concernant la future mère de son enfant, malgré la nature imprévisible de sa magie. Il lui fait aveuglément confiance car c'est à ses côtés qu'il souhaite finir ses jours et de toute évidence, Dahlia a une aisance naturelle et une expérience avec les enfants qu'il n'aura jamais de toute sa vie. Elle s'est occupée de plusieurs centaines d'orphelins pendant près de deux siècles, elle est donc bien plus qualifiée que lui pour ce rôle. Néanmoins, donner la vie à son propre enfant est sûrement très différent et Eliëndir craint surtout d'avoir imposé son envie de fonder une famille à sa partenaire sans qu'elle ne soit véritablement emballée par cette idée. Ses gestes hésitants et ses yeux humides sont autant de signes qui vont dans ce sens. La confusion de Dahlia est contagieuse et à présent il redoute d'avoir, peut-être, mal compris les signaux que lui envoyait la jeune femme.
« Est-ce que tu es heureuse ? Est-ce... trop tôt ? »
Il vient lentement enlacer ses bras autour des épaules de la Fae pour tenter de dissiper ses doutes et ses peurs. Ceux de Dahlia mais aussi les siens. C'est assez tôt, c'est un fait indéniable. Pas en comparaison de la date de leur rencontre, dans ce cas ce serait même assez tard dû à leur longévité naturelle mais plutôt en comparaison du temps qu'ils ont mis pour enfin ouvrir les yeux sur la nature de leur relation. Ces deux-là ont bien pris leur temps avant de se décider de s'engager définitivement et ce fut certainement la meilleure décision de sa vie. Une décision qu'il aurait dû prendre il y a déjà bien longtemps. S'occuper d'un enfant sera difficile, bien plus qu'il ne le pense en réalité et Eliëndir est peut-être encore un peu insouciant à ce sujet. Il a encore un peu de mal à croire que bientôt sa vie va drastiquement changer en devenant père.
« Tu n'as pas besoin de promettre quoi que ce soit. Je sais déjà que tu seras la meilleure mère possible pour notre enfant. »
Un sourire béat naissant se met à étirer les traits de son visage. Eliëndir sait exactement ce qu'il veut et aucune incertitude ne viendra troubler l'intense bonheur dans lequel il est plongé depuis cette merveilleuse annonce. La femme qu'il aime s'apprête à lui faire le plus beau cadeau qu'un homme puisse convoiter, absolument rien ne le rendrait plus heureux en ce moment même. Ils ont tant à faire et à préparer, c'est vrai mais à présent ils peuvent compter l'un sur l'autre pour avancer en toute sérénité. Tant qu'ils sont ensembles, aucun défi n'est insurmontable. Finalement, ses derniers doutes se dissipent instantanément en voyant sa bien-aimée sourire et ses ailes se teindre dans une myriade de couleurs chatoyantes. Un spectacle unique à ses yeux dont il ne se lassera jamais. Incapable de réfréner ses émotions les plus fortes, ses bras glissent le long de sa taille avant d'enserrer ses hanches. Alors qu'il dépose à nouveau ses lèvres sur les siennes dans un baiser débordant de passion, c'est d'une légère impulsion qu'il vient lui faire momentanément quitter le sol en prenant la Fae dans ses bras. Virevoltant sur eux-mêmes dans un moment d'innocence et de pure complicité en s'arrêtant de faire les idiots avant que leurs têtes ne se mettent à tourner.
Le menton légèrement surélevé, plongeant son regard dans les iris ambrés de son âme sœur. Dahlia pourra y voir les yeux d'un homme éperdument amoureux et ceux-ci ne mentent jamais.
« N'attendons pas d'être de retour à Melorn. Allons dans les îles comme convenu et... »
Il n'avait pas prévu de devenir père cette année, pas plus qu'il n'avait prévu de presser autant les choses mais ce n'est pas plus mal comme ça. Dahlia a cette tendance à bousculer toutes ses priorités depuis le jour où elle est entrée dans sa vie et cet enfant à naître va aussi devenir sa plus importante responsabilité. Certes, ce n'est pas très traditionnel comme demande mais il aura tout le temps de se rattraper un peu plus tard.
« Épouse-moi, mon amour. » Susurre-t-il dans un élan de spontanéité.
CENDRES
Invité
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Prise entre deux émotions à la puissance dévastatrice, Dahlia ne savait plus sur quel pied danser. Si la joie déferlait dans son esprit tel un tsunami écrasant tous ses doutes sur son passage, la peur, paralysante, omniprésente, ne la quittait guère. Dans les yeux d'Eliëndir, la Fae ne lisait qu'une confiance aveugle en elle, en eux, une foi qu'elle jalousait farouchement, un trésor sur lequel elle ne pensait jamais mettre la main. Quant à ses inquiétudes, pourtant légitimes, la Fae ne put s'empêcher de rire doucement. Quelques mois auparavant, la réponse à une question telle que celle-ci n'aurait engendré qu'un torrent de larmes, qu'une recrudescence d'un état psychologique aussi fragile qu'un château de cartes. En témoignait son dernier entretien avec Perséis, celle qui avait tout tenté pour empêcher son amie de sombrer, une de ces bonnes âmes que Dahlia ne pensait absolument pas mériter, tout comme la béatitude qui prenait possession de son corps à l'instant présent. Son sourire s'élargit doucement, rayonnant d'un bien-être dont elle n'aurait pas même osé rêver et son coeur battit de plus en plus fort, fracassant les parois de sa cage thoracique à une vitesse effrénée. Sa voix, tremblante autant par l'excitation que l'angoisse, ne sut trouver son chemin jusqu'aux oreilles pointues de son bien-aimé et elle laissa sa magie répondre à sa place. « Je n'ai jamais été aussi heureuse qu'aujourd'hui, à tes côtés. Chaque jour en ta présence est une véritable bénédiction, un cadeau que tu me fais. ».
Submergée par l'allégresse qui parcourait ses veines, Dahlia taisait son appréhension, passant sous silence les nombreuses questions qui se bousculaient dans sa tête. Tant d'interrogations qui ne faisaient que peu de sens étant donné son passé et ses compétences, sa capacité à faire plier n'importe quel enfant à sa volonté. Pourtant, dans ce moment empli de doutes, la Fae n'avait jamais été aussi sûre d'elle et de ce qu'elle désirait. Lui. Sous toutes ses formes, dans tous ses états. Aussi beau qu'un clair de lune dans une nuit éternelle, aussi faible qu'un homme comme lui pouvait l'être. Elle était née pour lui, pour entendre sa voix douce se glisser dans son esprit, pour s'émerveiller de chaque instant passé en sa compagnie. Pour le voir disparaître à l'autre bout du Sekai, inlassablement, mais sans cesse lui revenir car ici était sa place. Tout entre eux allait à une vitesse folle, tant que n'importe qui aurait nécessité une pause, une accalmie. Dahlia ne voulait plus attendre après des centaines d'années à se terrer dans son orphelinat à Liberty, priant pour que son cœur reste sien, espérant qu'elle traversait parfois ses songes lors de ses voyages. Eliëndir lui avait offert son vœu le plus cher et elle avait aujourd'hui reçu le droit de lui rendre la pareille, pour rien au monde elle ne s'y serait soustraite. Son étreinte se resserra un peu plus autour de son torse, chérissant cet instant hors du temps, ce secret qui n'appartenait qu'à eux, au point que l'infirmière n'osa faire un retour en constatant les deux tourtereaux dans leur bulle d'amour.
Avant qu'elle n'ait l'occasion de s'en rendre compte, ses pieds furent décollés du sol et ses lèvres prises dans une tornade d'un amour passionnel. Durant quelques secondes, la Fae s'oublia au plaisir enivrant de sentir son bien-aimé contre elle, dans un contact délicieux dont elle ne se lasserait jamais. Depuis leur premier baiser sur ce banc à Liberty jusqu'à cette déclaration de l'amour le plus sincère que deux êtres puissent se porter, son amour n'avait jamais failli, même face à la myriade de doutes qui s'y acharnaient. Ils étaient invincibles, impossible à séparer, même les dieux n'auraient su s'y risquer. Un rire cristallin s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres dès lors qu'elles furent libres et ses ailes se mirent à battre de plus en plus fort dans son dos, dévoilant un arc-en-ciel instable et rayonnant de lumière. Les bras enroulés autour de son cou, la Fae plongea son regard empli d'étoiles dans celui de son bien-aimé, prête à entamer cette nouvelle étape de leur vie quand bien même il s'agirait probablement d'une des plus difficiles. Et lorsque son dernier murmure arriva à ses oreilles, le coeur de Dahlia loupa un battement.
Complètement sous le choc, elle se mit à bredouiller quelques syllabes, les mots lui manquant cruellement pour exprimer sa surprise face à cette demande qu'elle attendait pourtant depuis si longtemps. D'ordinaire, sa conscience se serait immédiatement mise à lui marteler qu'il ne la demandait en mariage maintenant pour éviter la disgrâce de mettre au monde un enfant hors d'une union officielle. Mais elle se tut. Elle se tut pour laisser place au plus grand, au plus tonitruant « Oui ! » que Dahlia n'ait jamais prononcé. Des larmes de joies se mirent à couler sur ses joues rosées et elle alla se blottir dans ses bras, dans cette étreinte qu'elle connaissait par coeur, submergée de bonheur. Devenir l'épouse d'Eliëndir dépassait ses rêves les plus fous, l'entendement même. « J'irais où tu iras, mon cher… ». Son visage se pourvut d'un rouge vif et elle apparut tout à coup plus intimidée. « Fi.. Fiancé.. ». Sans réaliser ce que sa vie venait de devenir, Dahlia reposa ses pieds sur le sol et commença à emmener Eliëndir dans ses quartiers, ceux qui lui appartenaient encore malgré sa démission, croisant le regard de l'infirmière qui leur priait silencieusement de quitter son cabinet. « Nous avons tant de choses à prévoir, à décider, tant de sujets que nous n'avons jamais abordé mais… J'ai confiance. Tout ira… Tout ira bien. Tant que je suis avec toi, tout ira bien. ». Surréaliste, cette scène lui paraissait tout droit sorti d'un conte de Faes. Car c'était ce qu'elle vivait, avec l'homme le plus mirifique du Sekai.
Submergée par l'allégresse qui parcourait ses veines, Dahlia taisait son appréhension, passant sous silence les nombreuses questions qui se bousculaient dans sa tête. Tant d'interrogations qui ne faisaient que peu de sens étant donné son passé et ses compétences, sa capacité à faire plier n'importe quel enfant à sa volonté. Pourtant, dans ce moment empli de doutes, la Fae n'avait jamais été aussi sûre d'elle et de ce qu'elle désirait. Lui. Sous toutes ses formes, dans tous ses états. Aussi beau qu'un clair de lune dans une nuit éternelle, aussi faible qu'un homme comme lui pouvait l'être. Elle était née pour lui, pour entendre sa voix douce se glisser dans son esprit, pour s'émerveiller de chaque instant passé en sa compagnie. Pour le voir disparaître à l'autre bout du Sekai, inlassablement, mais sans cesse lui revenir car ici était sa place. Tout entre eux allait à une vitesse folle, tant que n'importe qui aurait nécessité une pause, une accalmie. Dahlia ne voulait plus attendre après des centaines d'années à se terrer dans son orphelinat à Liberty, priant pour que son cœur reste sien, espérant qu'elle traversait parfois ses songes lors de ses voyages. Eliëndir lui avait offert son vœu le plus cher et elle avait aujourd'hui reçu le droit de lui rendre la pareille, pour rien au monde elle ne s'y serait soustraite. Son étreinte se resserra un peu plus autour de son torse, chérissant cet instant hors du temps, ce secret qui n'appartenait qu'à eux, au point que l'infirmière n'osa faire un retour en constatant les deux tourtereaux dans leur bulle d'amour.
Avant qu'elle n'ait l'occasion de s'en rendre compte, ses pieds furent décollés du sol et ses lèvres prises dans une tornade d'un amour passionnel. Durant quelques secondes, la Fae s'oublia au plaisir enivrant de sentir son bien-aimé contre elle, dans un contact délicieux dont elle ne se lasserait jamais. Depuis leur premier baiser sur ce banc à Liberty jusqu'à cette déclaration de l'amour le plus sincère que deux êtres puissent se porter, son amour n'avait jamais failli, même face à la myriade de doutes qui s'y acharnaient. Ils étaient invincibles, impossible à séparer, même les dieux n'auraient su s'y risquer. Un rire cristallin s'échappa de l'entre ouverture de ses lèvres dès lors qu'elles furent libres et ses ailes se mirent à battre de plus en plus fort dans son dos, dévoilant un arc-en-ciel instable et rayonnant de lumière. Les bras enroulés autour de son cou, la Fae plongea son regard empli d'étoiles dans celui de son bien-aimé, prête à entamer cette nouvelle étape de leur vie quand bien même il s'agirait probablement d'une des plus difficiles. Et lorsque son dernier murmure arriva à ses oreilles, le coeur de Dahlia loupa un battement.
Complètement sous le choc, elle se mit à bredouiller quelques syllabes, les mots lui manquant cruellement pour exprimer sa surprise face à cette demande qu'elle attendait pourtant depuis si longtemps. D'ordinaire, sa conscience se serait immédiatement mise à lui marteler qu'il ne la demandait en mariage maintenant pour éviter la disgrâce de mettre au monde un enfant hors d'une union officielle. Mais elle se tut. Elle se tut pour laisser place au plus grand, au plus tonitruant « Oui ! » que Dahlia n'ait jamais prononcé. Des larmes de joies se mirent à couler sur ses joues rosées et elle alla se blottir dans ses bras, dans cette étreinte qu'elle connaissait par coeur, submergée de bonheur. Devenir l'épouse d'Eliëndir dépassait ses rêves les plus fous, l'entendement même. « J'irais où tu iras, mon cher… ». Son visage se pourvut d'un rouge vif et elle apparut tout à coup plus intimidée. « Fi.. Fiancé.. ». Sans réaliser ce que sa vie venait de devenir, Dahlia reposa ses pieds sur le sol et commença à emmener Eliëndir dans ses quartiers, ceux qui lui appartenaient encore malgré sa démission, croisant le regard de l'infirmière qui leur priait silencieusement de quitter son cabinet. « Nous avons tant de choses à prévoir, à décider, tant de sujets que nous n'avons jamais abordé mais… J'ai confiance. Tout ira… Tout ira bien. Tant que je suis avec toi, tout ira bien. ». Surréaliste, cette scène lui paraissait tout droit sorti d'un conte de Faes. Car c'était ce qu'elle vivait, avec l'homme le plus mirifique du Sekai.
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