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  • Lun 6 Mar - 20:34
    - "Tu n'aurais jamais du proposer cet endroit. Elle voulait te rencontrer, elle pouvait faire l'effort de venir sur ton territoire. On ne sait pas à quoi s'attendre ici."

    L'Ombra était agitée, presque nerveuse, alors que Perséis, elle-même, et trois hommes de main à leur suite, approchaient de la devanture du lieu de rendez-vous. De grandes vitres, hautes et fines, laissaient l'atmosphère chaude et accueillante du restaurant se déverser dans la petite rue baignée de la lueur pâle des lanternes dans la nuit tombante et fraiche de cette fin d'hiver.

    - "Il ne s'agit pas d'effort, Hviskr. Il s'agit d'égalité. Ici, nous sommes en terrain neutre, en dehors de son influence comme de la mienne. C'est une femme de pouvoir; la recevoir en la contraignant à une position de faiblesse serait une insulte."

    La voix de la sirène, bien qu'un brin moralisatrice, semblait distante. Elle était calme, mais concentrée. Elle s'apprêtait à rencontrer celle qu'elle considérait comme l'une des femmes les plus importantes de Liberty. Pas une politicienne ou une riche femme d'affaires, non, il en existait des dizaines dans cette ville. Ce soir, qu'elle soit déjà établie ou encore en devenir, il s'agissait bien d'une reine qu'elle rencontrait. Et son royaume était l'un des plus puissants d'une ville comme Liberty. De la même voix posée et imperturbable, elle reprit après un bref silence :

    - "Bien, nous y sommes. Elle devrait arriver dans une dizaine de minutes. Tenez-vous en retrait, je ne veux pas qu'elle pense que j'essaie de l'intimider. Inutile de vous dissimuler, elle vous verrait quoi qu'il advienne, et je préfère ne pas instaurer un climat de méfiance. Préviens moi de son approche."


    Sur ces mots, la sirène se détourna et ouvrit la porte de bois massif qui la séparait du hall d'entrée de l'établissement. En attirant l'attention d'une réceptionniste d'un petit geste de la main, elle fit quelque pas en parcourant des yeux la salle qui se présentait à elle. Une dizaine de tables rondes entourées de riches fauteuils de bois et de tissu beige garnissaient l'espace situé face à une scène sur laquelle trônaient quelques instruments que la voix forte d'une femme accompagnait à merveille. La lumière jaune des lampes qui se réverbérait sur le sol de pierre taillée aux motifs gris et sable, et sur les murs beiges élégamment ornés donnait à l'ensemble une ambiance à la fois chic et chaleureuse. Quelques touches d'un bois clair, de grandes poutres plus sombres finement taillées en une forme anguleuse évoquant des arbres, et une poignée de plantes judicieusement placées venaient sublimer la pièce. Les murs formaient par endroit des alcôves semi-circulaires dans lesquelles se lovaient des banquettes vermeil pour offrir un peu plus d'intimité aux clients plus exigeants.


    Mais vu ses acteurs, la rencontre de ce soir en nécessitait davantage encore. Alors que Perséis donnait son nom à la réceptionniste, celle-ci s'empressa de guider sa fortunée cliente en direction d'un large escalier de marbre recouvert d'un épais tapis. A chaque marche que les deux femmes montaient, la mélodie qui emplissait le rez-de-chaussée disparaissait progressivement, étouffée par les murs imposants de la bâtisse, jusqu'à s'éteindre entièrement. Au terme d'un couloir, la jeune réceptionniste ouvrit une porte sculptée, sur une pièce privée au centre de laquelle se trouvait une table déjà dressée.


    Dans le même goût, plutôt appréciable d'ailleurs, que la salle principale, le salon privé ne faisait pas pâle figure. L'esthétique très travaillée de l'établissement s'y retrouvait dans le choix des matériaux, des couleurs, et de la décoration; assez pour satisfaire les clients les plus pointilleux, pas trop pour ne pas tomber dans le mauvais goût. Un âtre venait réchauffer à la fois l'air et l'atmosphère de son léger crépitement plaisant, devant lequel un grand canapé et deux fauteuils aux allures très confortables venaient encadrer une table basse du même bois pâle qu'au rez-de-chaussée. Sur le mur opposé, une grande baie vitrée circulaire, composée d'une multitude de petites vitres enchâssées dans de fines barlotières d'un métal à la couleur du bronze, offrait une vue plongeante sur le quartier assoupi dans la nuit naissante ponctuée des halos bleus des lanternes.


    Perséis se tourna vers la réceptionniste, qui semblait attendre un signe d'approbation de la part de sa cliente pour s'assurer de sa satisfaction.

    - "Parfait. J'attends sous peu une invitée de marque, traitez-la avec les plus grands égards, et menez-la jusqu'à moi. Vous la reconnaitrez."


    La Sirène se planta face à la grande baie vitrée, contemplant la vue sans réellement la voir. Comme à son accoutumée, elle était calme et impassible. Concentrée, il lui faudrait analyser et réagir de manière vive et juste. Elle avait choisi le cadre de cette rencontre, mais elle en ignorait toujours la teneur. Leurs seuls échanges jusqu'alors s'étaient limités à une poignée de missives, et à un approvisionnement en certaines substances à la légalité discutable. Si la Gorgone s'était tournée vers elle aujourd'hui, cela ne pouvait présager que deux choses : une opportunité, ou des ennuis. Quoiqu'il en soit, il fallait bien que cette rencontre se fasse un jour. Si elles n'entraient pas directement en compétition par la nature très différente de leurs quartiers respectifs, leurs influences grandissaient chaque jour, presque aussi vite que leurs ambitions. Que cette soirée soit sous le signe de la collaboration ou de la rivalité, le statu quo ne pouvait durer éternellement, et les conséquences, profitables ou préjudiciables, seraient colossales.
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  • Lun 6 Mar - 22:06
    Je déteste m’extraire des bas-fonds de Liberty. Cela peut sembler paradoxal tant j’y aie souffert par le passé, mais, quoique je fasse, c’est là que je suis née, là que j’ai grandi et là que je suis devenue ce que je suis, la Gorgone, cet être de cauchemar qui étend peu à peu son ombre difforme sur cette ville. C’est pour cette raison que je me montre rarement à l’extérieur, sans compter que le mystère qui m’entoure alimente les rumeurs les plus folles. Je préfère passer par des intermédiaires qui mettent en relation les gangs qui sont tombés sous ma coupe avec des fournisseurs à même de faire prospérer des trafics en tout genre.

    Le mortier qui maintient cet amas hétéroclite de bandes et de voyous, ce sont mes petits moineaux, leurs oreilles et leurs yeux, le fondement même de mon pouvoir, des petits moineaux qui viennent chuchoter à mon oreille lorsque quelqu’un ose me trahir ou remettre en cause ma légitimité. Et la sentence est terrible pour les outrecuidants qui défient mon autorité, on retrouve leurs corps boursouflés, leurs peaux portant d'ignobles marques à la teinte violacée, des blessures suintantes de sang et de bile séchés, exposés à même le sol d’une rue sordide, le regard encore ouvert et empli d’une terreur indicible. C’est ainsi que j’ai gagné la fidélité de mes sujets forcés qui jettent souvent des coups d’œil apeurés par-dessus leurs épaules de peur de voir le monstre surgir derrière eux…

    Pourtant, parfois nécessité fait loi, et j’ai besoin de quelqu’un pour poursuivre mon grand œuvre, pour que ma main griffue puisse s’étendre au-delà des bas-fonds de Liberty et atteindre les lieux de pouvoir en vue de précipiter la chute de la fière capitale de la République. Un projet grandiose qui nécessite des connaissances rares et le soutien d’une personne dont les scrupules passent après ses intérêts pécuniers.

    Celle que je m’apprête à voir ne vit pas dans le même monde que moi. Rien que son nom en témoigne, Perséis d'Oreithye, une noble républicaine, entrepreneuse honnête le jour qui révèle sa vraie nature lorsque vient la nuit. Son catalogue de substances psychotropes ne connaît aucun égal à Liberty, de la médication à même de vous soulager de vos maux, à la drogue euphorisante hautement addictive. Une alchimiste de génie qui n’hésite pas à monnayer ses merveilleux talents à la Pègre pour faire fructifier son patrimoine. Et c’est exactement ce qu’il me faut.

    Le lieu de rendez-vous n’est pas anodin. Un terrain neutre, à la fois loin des bas-fonds, mais aussi de l’aire d’influence de la sirène, un endroit où nous pourrons échanger d’égale à égale.

    Je me tiens devant la façade luxueuse du restaurant. Il est tout ce que je déteste le plus au monde, car pour celle qui n’a connu que les ruelles boueuses et puantes des bas-fonds, l’existence d’un tel endroit est une véritable insulte. Mais un jour les ors se terniront et le marbre se fissurera, victimes expiatoires de la colère et de la fureur qui bouillonnent chez les pauvres et les miséreux. Et à leur tête se tiendra leur reine…

    Je suis apparemment seule, mais de multiples paires d’yeux dissimulés dans les ombres de la nuit m’espionnent et me protègent. Un dernier regard en arrière et j’entre dans l’établissement.

    ***************************

    La réceptionniste me regarde de travers, ne semblant pas apprécier le lourd manteau qui couvre mes épaules et un homme en queue de pie à l’attitude obséquieuse m’observe lui aussi. Je déteste le froid, il engourdit mon corps incapable de se réguler thermiquement et j’ai l’impression de me mouvoir comme une vieille perclus d’arthrose. D’où cet épais manteau fourré délavé et tâché à la lourde capuche qui me couvre de la tête aux pieds.

    Le ton est cassant et hautain.

    - Puis-je faire quelque chose pour vous ?

    En réponse, ma voix se fait sifflante et sinistre.

    - Je sssuis attendue.

    Un moment de latence, avant que je ne rabatte ma capuche en arrière, libérant la masse grouillante des tentacules qui remplacent ma chevelure. La jeune femme a un mouvement de recul, accompagné d’un hoquet de surprise et j’ai l’impression un instant qu’elle va s’évanouir sur le sol. L’homme en costume accourt alors pour la retenir et me jette un regard étrange et si commun. Un regard où se mêlent la peur et le dégoût…

    Le réceptionniste semble se reprendre glissant quelques mots inaudibles à l’homme qui balbutie des excuses ridicules qui ne font qu’attiser ma haine de mon prochain.

    - Madame d'Oreithye est arrivée, elle vous attend dans le petit salon. Puis-je vous débarrasser de votre manteau ?

    Je dois dire que je suis impressionnée. Passée la surprise légitime, le personnel semble retrouver son professionnalisme, faisant fi de mon apparence pour me traiter, presque, comme une cliente comme les autres.

    Je me défais alors de mon manteau, le lui tendant et révélant ma morphologie si particulière aux regards curieux. J’ai haï mon corps pendant tant d'années, enviant celui de femmes aux formes voluptueuses, maudissant le destin d’avoir fait de moi ce que je suis, un monstre, une abomination contre nature. Pourtant j’ai découvert que certaines personnes étaient capables de percevoir une beauté étrange dans ce corps filiforme aux formes féminines peu marquées.  Alors je ne crains plus de l’exhiber dans une robe mordorée très près du corps jusqu’à mi-cuisse qui s’écarte jusqu’au sol en un tombé souple et vaporeux. Mes bras et mes épaules sont nues, et les écailles qui ornent mes avant-bras et mon dos sont bien visibles. Des écailles verdâtres tachetées d’un brun profond qui brillent d’un reflet doré à la lueur des candélabres.

    Cette tenue semble rassurer le personnel et un autre homme engoncé dans un costume trop serré s’incline respectueusement avant de me guider jusqu’à l’endroit où m’attend mon rendez-vous.

    Certaines personnes dégagent une aura écrasante, une présence intimidante qui occupe l’espace vous faisant oublier ce qui vous entoure. Je suis une de ses personnes et la femme qui m’accueille en est une elle aussi. La question est alors de savoir si ces deux puissantes auras qui s’entrechoquent parviendront à occuper l’espace ensemble, à se mêler pacifiquement, ou si elles n’arriveront pas à cohabiter.

    C’est souvent en quelques secondes que tout se joue, ce moment fugace où les regards se croisent, où l’on se jauge sans rien dire.

    Quelques minuscules secondes qui peuvent tout changer…
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  • Mer 8 Mar - 21:42
    Quelques minutes s'étaient écoulées depuis l'arrivée de Perséis dans cette pièce qui serait le théâtre d'une rencontre cruciale sur bien des aspects. Peu importe les ambitions, les plans et les intérêts de chacun, les premiers instants donnent toujours le ton d'une relation naissante, et s'ils prennent une tournure tragique, il est ardu, sinon impossible, d'en revenir. Les minutes qui approchaient inexorablement seraient un premier pas sur une voie qui pouvait mener aussi bien à une alliance forte, avec un potentiel si grand qu'elles pourraient mettre toute la pègre de Liberty à leur botte, qu'à une guerre ouverte qui remplirait ses rues de sang, en passant par toutes les innombrables nuances se situant entre ces deux extrêmes. Une voix familière résonnant dans l'esprit de Perséis vint interrompre sa préparation mentale à la rencontre imminente.

    - "Elle est là."
    - "Combien ?" demanda-t-elle, également par télépathie.
    - "A priori, seule. Mais les ombres ne manquent pas... Elle rentre."


    Des premières informations.
    La Gorgone était donc bien venue, si loin de son territoire, pas tant par la distance que par sa nature.
    Ponctuelle, elle arrivait juste avant l'heure convenue.
    Seule, en apparence. Nul doute que les recoins et les ruelles grouillaient de ses marionnettes, mais elle ne s'adonnait pas à une démonstration inutile de force. Soit elle savait que la sirène la respectait, soit elle ne s'en souciait guère.


    Des pas résonnèrent juste derrière la porte, malgré l'épais tapis qui couvrait le sol du couloir. Une voix faussement obligeante, en ouvrant la porte, invita la reine des bas-fonds à pénétrer dans ce sanctuaire d'opulence, de raffinement et de distinction où serait servi un repas exceptionnel, aux enjeux qui l'étaient encore davantage. En entendant un premier pas, puis un second dans la pièce, Perséis, toujours immobile face à l'immense baie vitrée, se retourna dans la direction de son invitée. Dans un mouvement de bienvenue qui lui donnait presque une sorte de grandeur écrasante, avec sa silhouette qui se découpait à la lueur chaude du foyer et de quelques chandeliers sur la ville derrière elle plongée dans une nuit noire, elle écarta légèrement les bras vers la Gorgone qui entrait dans le salon privé.

    - "Dame Ssisska ! Nous nous rencontrons enfin. J'attendais ce jour avec une grande impatience."


    Naturellement, la sirène connaissait la nature de son invitée, mais n'ayant jamais eu l'occasion de poser les yeux sur elle, elle s'était contentée jusqu'alors de rumeurs et de descriptions à l'origine plus ou moins douteuses. Dans l'écrin or sombre d'une robe légère qui venait enserrer son corps fin, aux courbes subtiles, mais qui laissait paraître ses épaules et ses longs bras sur lesquels naissaient des écailles d'un vert profond tirant sur le brun, la silhouette de la Gorgone, coiffée de ses légendaires serpents, s'offrait enfin à sa vue. Prenant soin de ne pas dévisager Ssisska d'une manière impudente dont elle devait être hélas bien souvent gratifiée, Perséis laissa son regard glisser le long de la belle hybride qui se tenait face à elle; ce n'était évidemment pas la première qu'elle croisait, mais celle-ci était aussi fascinante que dotée d'une beauté unique, probablement pas au goût de tous, certes, mais à laquelle la sirène était sensible.

    - "Avant toute chose, si je puis me permettre, vous êtes absolument ravissante. Votre réputation vous précède, je ne vous l'apprends pas, mais elle est loin de vous faire l'hommage que vous méritez. Je suis navrée d'avoir choisi un lieu qui ne soit pas à la hauteur de ma compagnie de ce soir, mais mon choix, vous le comprendrez, était restreint."


    La voix de la sirène, même si elle n'avait pas perdu une certaine froideur qui lui était caractéristique, sonnait d'une sincérité dont il était difficile de douter; aucun des mots qu'elle avait prononcés jusque là n'était le fruit d'une volonté de flatter la Gorgone. Elle pensait chacun d'eux, et plus important encore, elle n'était pas assez stupide pour sous-estimer son interlocutrice, et essayer de la manipuler d'une quelconque façon. Une oreille avisée aurait même pu y percevoir ce qui pouvait s'apparenter à un soupçon d'enthousiasme. Peu importe l'issue de cette soirée, elle aimait rencontrer une personne forte, une femme de pouvoir qui ne manquait ni d'ambition ni de finesse.


    Se dirigeant vers la table dressée de couverts argentés, d'assiettes de porcelaine et de verres de cristal, elle invita d'un geste grâcieux Ssisska à s'y installer, avant de s'y asseoir elle-même.

    - "Si je ne m'abuse, j'ai cru comprendre que mes services pourraient vous être profitables. J'ai hâte d'en entendre davantage à ce sujet, cette perspective pique grandement ma curiosité."


    La Gorgone avait fait un geste conséquent en acceptant de la rencontrer dans son domaine, car même s'il ne s'agissait pas du territoire de la sirène, ce milieu là était le sien. La moindre des choses était de ne pas abuser de sa patience en la noyant de mondanités qui repousseraient encore et encore le moment fatidique où le motif même de leur rencontre serait amené. L'idée de passer quelques heures attablée en cette compagnie, aussi charmante que captivante, ne lui déplaisait pas le moins du monde, mais elle tenait à laisser une ouverture à la Gorgone pour qu'elle puisse, si tel était son souhait, aborder sans détours ce qui l'amenait en ces lieux.
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  • Jeu 9 Mar - 0:09
    Certaines femmes sont lumineuses et flamboyantes, parfois extravagantes, mais ce n’est pas le cas de celle qui se trouve devant moi. Même la lueur chaude d’un feu crépitant qui souligne une silhouette aux courbes délicates semble s’incliner devant le charme froid de celle qui me fait face, et j’ai l’impression étrange que tout son être absorbe la lumière pour magnifier sa glaciale élégance.

    Dire qu’elle capte mon regard d’or fendu de noir est un euphémisme, tant l’aura de cette beauté à la peau de nacre est intense et troublante. Je n’ai aucun mal à imaginer que son azur pâle peut faire frémir même la volonté la plus forte lorsqu’il se pose sur vous avec la dureté de l’acier le plus pur.

    Ses paroles sont de miel et mon instinct m’intime de prendre garde à la flatterie excessive, artifice courant et souvent grossier qu’utilisent les indélicats pour tenter de s’attirer maladroitement vos faveurs. Pourtant je perçois de la sincérité dans sa voix et dans ses mots teintés d’un enthousiasme apparemment non feint. Aucune trace de fausseté ce qui rendrait presque ses compliments à mon égard gênants, moi qui suis habitué à un tout autre discours. Les tentacules sur ma tête trahissent d’ailleurs mon état d’esprit, exprimant ce que mon visage se refuse à faire, et ils ondulent calmement sur ma tête, visiblement séduit par celle qui me fait face.

    L’ambiance est chaude, ce qui est un délice pour mon corps qui déteste le froid et cela me met dans des dispositions favorables. Mon regard navigue dans la pièce, s’imprégnant des ors, des bois précieux et des matériaux luxueux. Dans ce « petit » salon réservé à nos deux seules personnes combien d’orphelins pourraient loger ? Et combien d’autres pourrait-on nourrir en revendant ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’il contient. Je me sens brusquement étrangère à ce lieu, à ces richesses indécentes pour qui sort des bas-fonds sordides de cette ville.

    Et je mesure en quelques instant le gouffre social qui me sépare de celle qui me fait face. Malgré tout quelque chose nous unit, quelque chose de suffisamment rare pour faire fi de toute autre considération. Nous sommes toutes deux des femmes de pouvoir, deux reines à la tête d’organisations redoutables et redoutées. Et malgré toutes nos différences, nous appartenons l'une et l'autre à la caste des puissants.

    Elle m’invite à prendre place près de la table dressée avec grand soin. Tout dans ses gestes est mesuré, soigneusement calculé pour respecter cet art de recevoir que l’on nomme étiquette et qui m’est presque inconnu. J’ai brusquement l’impression d’être une intruse ne maîtrisant pas tous les codes de cet endroit.

    J’imagine qu’elle le perçoit alors que je prends un peu trop de temps pour répondre à son invitation. Heureusement, la nature m’a doté d’une grâce naturelle et étrange qui s’exprime pleinement alors que j’approche de cette démarche ondulante et reptilienne qui n’appartient qu’à moi. Sans compter que l’on m’a inculqué quelques rudiments de bonnes manières bien utiles lors des années forcées que j’ai passé dans un bordel.

    Ma voix aussi est unique, lente et sifflante. Elle peut se faire stridente et sinistre pour intimider, mais aussi douce et soyeuse pour séduire. Pour elle, ce sera un entre-deux respectueux.

    - Mersssi d’avoir accepté de me resssevoir.

    Je prends place sur une des chaises confortables.

    - Me permettez-vous de vous appeler Perssséisss ?

    Un léger sourire s’inscrit sur mes lèvres.

    - Je trouve que ssse prénom sssonne magnifiquement bien à l’oreille.

    Un prénom tout en S délicats et doux que je prends véritablement plaisir à prononcer. Mais nous ne sommes pas là pour échanger des compliments et des mondanités. Ce que la sirène comprend très vite pour mon plus grand plaisir.

    - Vos ssservices me sssont déjà profitables.

    Ses produits sont qualitatifs et surtout addictifs à souhait. Mais surtout je ne me serai pas déplacée uniquement pour négocier un nouveau contrat. J’ai des gens qui en sont parfaitement capable. Je glisse alors mes griffes dans mon décolleté pour en extraire un petit flacon coincé entre mes seins menus. À l’intérieur un liquide trouble d’un jaune doré à la teinte étrangement proche de celle de mes yeux.

    Je le pose sur la table du bout des griffes et le fais glisser lentement jusqu’à mon hôte en observant avec attention sa réaction. Si mes informations sont correctes, une alchimiste telle que la sirène ne pourra pas rester insensible à ce qu’il contient.

    Un produit d’autant plus rare et précieux qu’il est simplement unique.

    Mon venin.
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  • Ven 10 Mar - 1:58
    Non sans une once de surprise, Perséis remarqua que la Gorgone la regardait avec presque autant d'intensité qu'elle ne le faisait quelques secondes plus tôt. Elle était pleinement consciente de son apparence et d'être d'une certaine beauté, quoique pas aux yeux de tous, mais elle ne possédait pas ce charme unique qui exhalait de la belle hybride, et s'attendait donc à plus d'indifférence de sa part... La raison la plus probable qui se dessinait dans l'esprit de la sirène était tout simplement que Ssisska, trop souvent confrontée à des réactions moins flatteuses venant d'individus incapables de reconnaitre la vraie beauté qui était la sienne, n'était pas pleinement consciente de cette qualité. Et pourtant, même si Perséis ignorait la nature exacte de ce qui les animait, les serpents qui coiffaient la Gorgone avaient, aux yeux de la sirène, un je-ne-sais-quoi qui la laissait penser qu'ils entendaient et appréciaient ses compliments, plus conscients que leur maitresse de ce corps qu'ils ornaient.


    Ce même regard, cependant, se durcit significativement alors qu'il balayait la pièce et en détaillait le mobilier. Ce qui traversait son esprit face à toutes ces richesses n'était pas bien difficile à comprendre venant de quelqu'un qui, malgré la fortune qu'elle avait certainement amassée par ses activités véreuses et son influence étendue, demeurait dans les bas-fonds qui l'avaient vu naître et grandir : un dégoût, voire une indignation devant une telle opulence. Ce n'est pas un sentiment que Perséis partageait. Bien sûr, les fondations mêmes de toute cette ville, y compris de ses quartiers luxueux, baignaient dans la fange de l'inégalité sociale qu'elle engendrait, elle ne le savait que trop bien pour en avoir parcouru tous les échelons. Mais si cette nation offrait une chose, celle qui l'avait poussée à la rejoindre, c'est la possibilité de s'extirper de la poigne souvent bien trop ferme de la misère. Au prix, certes, d'un travail acharné, d'une volonté de fer, d'un certain talent, et parfois aux dépens d'autres personnes, mais c'était bien là un chemin qu'il était possible de suivre; les deux femmes ici présentes en étaient des preuves vivantes, et Perséis aiguillaient même certains élus sur cette voie, en échange de leur loyauté inébranlable.


    Et si elle avait tant lutté pour ce statut qu'elle avait aujourd'hui, elle ne voyait aucune raison de s'en priver. Perséis ne se refusait rien. Et Ssisska, face à elle, en méritait tout autant. Quelque part en elle s'éveilla un désir curieux, qu'elle ne s'expliquait pas réellement, de montrer à cette magnifique femme-serpent les délices et les raffinements dont elle s'abstenait alors qu'elle en était plus digne que toute la noblesse oisive et imbue de leur seule qualité, qui n'en était qu'un mirage: leur sang.


    Perséis chassa cette idée, ou plutôt la relégua dans un petit coin de son esprit jusqu'à un moment plus opportun. Elle aurait, du moins l'espérait-elle, bien d'autres occasions de céder à cette pulsion initiatique. D'une démarche qui trahit une légère hésitation, très largement compensée par une grâce ophique, presque dansante, la Gorgone s'installa face à elle. Ses gestes, même s'ils n'étaient pas ceux d'une femme qui aurait passé toute son existence dans ce monde et ses normes, étaient empreints de l'influence indubitable d'un apprentissage au moins rudimentaire de l'étiquette. Et maintenant, elle le prouvait de ses mots plutôt que de ses actes.

    - "Je vous en prie, Dame Ssisska, le plaisir est mien. Faites-donc, bien sûr." Elle se fendit d'un petit sourire face au compliment de son invitée. "Vous me flattez, mais c'est votre voix qui le rend plus doux qu'il ne l'est."


    Il fallait avouer que, même si Perséis n'avait ni affinité ni haine pour son nom, aux lèvres de la Gorgone il sonnait presque chantant, dans ces intonations sifflantes. Mais malgré tout, il était assez aisé d'imaginer ce qu'elles pourraient inspirer si ce qui était presque de la sensualité ce soir se muait en hostilité ou en aversion, et le résultat en serait glaçant. Pour l'heure, l'alchimiste comptait bien faire en sorte qu'elles demeurent telles qu'elles étaient, et le meilleur moyen d'y parvenir était d'initier un semblant de coopération entre ces deux Dames de l'ombre; et par chance, celle des bas-fonds semblait sur le point d'offrir cette aubaine à celle des hauts-quartiers, alors que ses doigts fins se glissaient sous le tissu de sa robe pour en extraire une petite fiole emplie autant d'un liquide pernicieux que d'opportunités et de promesses.


    Tendant la main pour saisir le minuscule flacon avec une précaution infinie, et le portant en direction d'une flamme pour en observer la nature à sa lueur, la voix de Perséis se fit momentanément plus distante, comme si, alors qu'elle poursuivait la discussion, une part de son esprit était ailleurs, à envisager toutes les possibilités qui découleraient de ce qu'elle tenait entre les doigts.


    - "Bien sûr, et je suis ravie de vous en pourvoir, mais j'entendais par là mes services ... personnels."

    Elle interrompit un instant sa réponse et son inspection pour tourner son regard d'un mouvement vif vers la Gorgone, et plus précisément vers ses yeux dans lesquels elles se plongea un bref instant. Un sourire, plus large que le précédent, se dessina sur son visage. Cette couleur, ce ne pouvait pas être une coïncidence.

    - "Pardonnez-moi si je fais preuve d'outrecuidance en présumant d'une telle chose, mais ce que je tiens entre les doigts... Il s'agit du vôtre, n'est-ce-pas ? J'ai déjà travaillé avec des venins bien sûr, mais celui-ci ne peut être qu'unique..." Son regard se tourna à nouveau vers la fiole. "Je peine à imaginer tous les usages plus fascinants les uns que les autres qui pourraient en être faits. Dites-m'en plus sur ses effets, sa puissance, son dosage... L'envie est grande de constater de tout ceci de mes propres yeux, mais je ne vous ferais pas l'affront d'en gâcher la moindre goutte par pure curiosité."


    Comme pour chaque situation à laquelle elle était confrontée, la sirène avait exploré tous les scénarios qu'elle avait pu concevoir sur les raisons et les dénouements possibles de cette rencontre, mais la tournure qu'elle venait de prendre était inédite pour elle. Ce devrait être une source de d'inconfort, voire de méfiance pour celle qui prenait peine à prévoir méticuleusement l'issue du moindre événement autour d'elle et de son activité, mais ce n'était absolument pas le cas ce soir.
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  • Sam 11 Mar - 17:42
    Un léger sourire mystérieux alors que je me penche légèrement vers elle, joignant mes mains sous mon menton. Les tentacules sur ma tête suivent le même mouvement, s’agitant lentement dans sa direction.

    La flamme de l’intérêt qui vient d’illuminer le regard glacé de l’alchimiste me rend subitement fière. Fière d’être ce que je suis, fière de ce venin unique que la jolie brune fait tourner entre ses doigts. Durant de longues années j’ai eu honte de moi, de mon corps, de ces attributs serpentins qui faisaient de moi une abomination, une créature qui ne devrait pas être, un cobaye, une chose dont l’on peut abuser à l’envie. J’ai failli sombrer, emplie de honte, détruite à petit feu par le regard empli de dégoût et de rejet des autres, par les sévices, tous plus ignobles les uns que les autres. Pourtant j’ai réussi à me relever, nourrie par la colère et la haine jusqu’à devenir celle que l’on nomme aujourd’hui la Gorgone. Une créature fantasmée sur laquelle on ne crache plus, une créature dont on a peur. Cette ville, dans son indifférence crasse de ceux qui souffrent dans l’ombre de ses ors flamboyants a accouché d’un fléau qui fait trembler ses fondations.

    Malgré tout, j’ai encore du mal parfois à accepter mon corps, enviant les formes généreuses de femmes voluptueuses, convoitant le corps aux formes délicates de celle qui me fait face. Et même les compliments sincères de la sirène sur ma beauté ophique ne suffisent pas pour effacer ce sentiment profondément ancré en moi.

    Mais l’intérêt que cette femme porte à mon venin me remplit véritablement de joie. Elle renforce le sentiment qui grandit en moi depuis quelques années. Le sentiment grisant d’être unique et ce venin est comme un symbole, un symbole de pouvoir et de domination capable de donner la mort à tous ceux qui ont un jour osé me traiter comme un animal, comme une chose inutile.

    Ma voix est délicieusement soyeuse.

    - Sss’est bien mon venin que vous tenez entre vos doigts.

    Un venin qui est devenu une forme de mythe dans les bas-fonds. Lorsque les autorités ont découvert les premiers cadavres boursouflés de mes victimes, ils ont inventé une histoire à dormir debout. La ménagerie serpentine d’un noble excentrique se serait échappée dans les rues de Liberty, provoquant cette vague d’étranges décès. Mais les morts ont continué à joncher les rues, leurs veines emplies d’un poison qui avait détruit leur système nerveux en une lente et insupportable agonie. Et aujourd’hui plus personne n’est vraiment dupe…

    - Et vous êtes la première persssonne à poser le regard dessssus.

    Un privilège qui, je l’espère, l’emplira d’une forme de joie.

    - Quant à ssses effets…

    Je me redresse légèrement.

    - J’imagine que vous avez eu vent de sssette recrudessssenssse étrange de morts violentes par empoisonnement dans les ruelles sssordides des bas-fonds de Liberty. Mon venin agit sur les fonctions vitales de mes victimes, il brouille les sssens, provoque des paralysies des fonctions motrissses, mais sssurtout du sssyssstème ressspiratoire et du cœur.

    Un sourire sinistre étire mes lèvres fines.

    - La mort est alors lente et très douloureuse.

    Je la regarde intensément pour observer sa réaction devant la meurtrière que je suis et qui ne le cache même pas.

    - J’ai remarqué aussssi qu’il était de plus en plus virulent. Quand j’étais enfant, il me ssservait à chasssser, à empoisonner les rats qui venaient me grignoter les pieds alors que je dormais à même le sssol de caves humides et sordides.

    Manger ou être mangée…

    - Ssses imbésssiles de l’Académie ont essssayé de comprendre ssse que j’étais à travers ssson étude. Mais ils n’ont jamais rien compris, croyant que ssse venin est une malédiction ayant donné naissssance à l’abomination.

    Un sifflement sinistre glisse entre mes lèvres.

    - J’ai eu du mal à l’acsssepter moi-même après sssa. Mais ssse venin n’est pas une malédiction. Sss’est un don, unique et présssieux.

    De nouveau je me penche vers elle, emplie de cette sensualité ophique et troublante.

    - Un don que j’aimerai que vous m’aidiez à exploiter.

    Les tentacules sur ma tête s’agitent, comme excités par les perspectives qui s’ouvrent subitement.

    - Je sssouhaite que vous fassssiez de mon venin une drogue, puissssante et addictive. Une drogue à la hauteur de ssse que vous tenez entre vos doigts…
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  • Lun 13 Mar - 21:37
    Trop absorbée par l'observation du liquide dont seul le potentiel surpassait la toxicité, Perséis ne remarqua pas la fierté grandissante qui se dégageait de son interlocutrice, de ses gestes, de sa posture, de ses mots, et même de sa voix. Une erreur qu'elle ne se pardonnerait pas si elle venait à en prendre conscience, car il s'agissait à la fois d'une entorse à la politesse qu'elle s'efforçait de conserver avec ses – rares – égales, et à sa vigilance constante. Mais les mots de la Gorgone la rappelèrent à la réalité. C'était à son tour de ressentir une certaine fierté.

    - "C'est un immense honneur que vous me faites..."

    En replongeant son regard dans celui de Ssisska, elle se fendit d'un petit rire en ajoutant :

    - "Et plus encore de l'offrir à mes yeux et non à mes veines."


    Elle n'avait nul besoin de la description, délicieusement précise et détaillée, que Ssisska lui dressa, pour être sûre qu'elle ne voulait pas la moindre goutte de ce poison à l'intérieur de son corps. Son attention et son intérêt, néanmoins, étaient déjà plus que piqués par ses mots. Elle avait bien eu vent de ces cadavres retrouvés à travers Liberty depuis peu, et, moyennant quelques pots-de-vin, elle avait même eu l’opportunité de mettre la main sur deux d’entre eux. Mais ses efforts, quelques peu macabres, pour mettre la main sur la toxine à l’origine de ces morts répugnantes étaient restés vains; la faute à des dégâts étendus à plusieurs systèmes et à une concentration de poison infinitésimale dans le sang des victimes, qui témoignaient de son effrayante virulence.


    Ironie du sort, quelques semaines plus tard, la voilà, attablée face à la splendide créature à l’origine de ces méfaits, avec dans la main suffisamment de ce venin pour abattre une vingtaine d’hommes. La sirène buvait les mots de celle qui avouait sans équivoque être la responsable de ces brusques décès.

    - "J’ai en effet entendu parler de ces mystérieux décès, à l’explication officielle quelque peu fumeuse. J’ai eu l’occasion d’en voir le résultat, et je mentirais si je prétendais être surprise que votre venin puisse avoir un effet aussi puissant." Percevant dans le regard de la Gorgone qu’elle sondait son visage à la recherche d’un signe trahissant une quelconque réaction à ce sujet, elle choisit d’en parler sans détours. "Je connais ce sentiment particulier, gratifiant parfois selon l’individu concerné, de voir une vie s’éteindre par quelque chose qu’on a créé soi-même. J’imagine qu’il doit être d’autant plus vivace quand la substance provient de son propre corps, et non de son art."


    Perséis marqua une courte pause, semblant de nouveau plongée dans une profonde réflexion.

    - "Je suis tout particulièrement intriguée par sa virulence croissante… L’expérience m’a appris que le venin des serpents pouvaient évoluer avec l’âge, mais votre cas est plus complexe que celui d'un simple reptile. Je me demande s’il s’agit du fruit d’une évolution de votre corps, ou si la source de cette variation est d’origine magique…


    Alors qu’elle réfléchissait à cette nouvelle problématique, la mention de l’académie arracha à Perséis un soupir d’exaspération qu’elle ne put retenir. Elle avait eu affaire à Magic, elle y avait même passé quelques années, et quand il avait fallu faire un choix sur la manière dont elle mettrait à profit ses connaissances et son talent, Magic s’était avérée être une bien piètre option.

    - "Voilà qui ne me surprend guère de leur part. Il y a chez eux une rigidité, et une distance vis-à-vis du monde et de ses réalités qui ont suffi à me faire quitter ses bancs, et à ne même pas envisager une seule seconde l’option d’y faire carrière. Leurs vues ne contaminent pas tous ceux qui y étudient, par chance, mais son “élite” en est, à mon sens, gangrénée. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai un esprit bien plus ouvert que ces vieux idiots étriqués et moralisateurs… Ils n’ont pas abordé la question par la bonne approche. Laissez-moi juste un instant…"


    Sur ces mots, Perséis enferma la fiole dans sa main droite, qu’elle vint couvrir de la gauche. Après un dernier regard en direction de Ssisska, elle ferma les yeux, et se concentra intensément. Après quelques secondes, une infime lueur dorée commença à émaner du creux de ses mains. Progressivement, elle s’intensifia, jusqu’à émettre de légères volutes couleur or qui s’écoulaient d’entre ses doigts et se dispersaient dans l’air en une fine poussière brillante à une dizaine de centimètres de ses mains. Elle maintint sa concentration pendant presque une minute, pendant laquelle son esprit, abreuvé de dizaines et de dizaines d’informations sur ce venin si particulier qu’elle tenait, les traitait et les emmagasinait une à une, car toutes avaient son importance. Et une information particulière l’intriguait. Elle ouvrit subitement les yeux et riva son regard dans celui de la Gorgone, avant de poser les yeux sur sa main droite, aux griffes acérées.

    - "Vous avez tout à fait raison, c'est un don, aussi puissant que fascinant. J'entends vos attentes. Votre venin a le potentiel de les assouvir, et plus encore... Hmm, je me demande…"

    Elle posa la fiole sur la table et, d’un geste gracieux et mesuré, tendit la main vers celle de l’hybride.

    - "Me permettez-vous de prendre votre main un bref instant ? Je vous assure que ce sera indolore et parfaitement inoffensif."


    Arrachant de nouveau son attention du venin entre ses doigts, sa voix redevint plus présente, comme revenue à la réalité. Elle avait fait venir la Gorgone dans un des restaurants les plus raffinés de la ville, et elle ne lui avait même pas proposé ne serait-ce qu’un apéritif. Et outre la politesse élémentaire, c’était là une occasion de tenter son invitée à goûter aux délices de la bonne chère.

    - "Et j’en oublie mes manières, je vous présente mes excuses. Désirez-vous quoi que ce soit ? Souhaitez-vous dîner, ou préférez-vous que nous nous concentrions sur l’essentiel ce soir ? Dans tous les cas, laissez-moi au moins nous faire servir quelque chose de décent à boire. Aimez-vous le vin ? Ils devraient avoir ici un excellent vin de Kaizoku, de loin mon favori pour tout vous dire." La sirène lui adressa un sourire tentateur. "Il n’y a rien de tel que de discuter ambitions et desseins, un verre de bon vin à la main."
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  • Jeu 16 Mar - 21:45
    J’ai le sentiment d’avoir fait le bon choix en confiant à la sirène un échantillon de mon venin. Pourtant ce ne fut pas une décision aisée à prendre, d’autant plus pour moi qui vit la plupart du temps recluse et secrète. Mais je n’avais pas d’autres choix pour continuer à tisser ma toile sur cette ville et étendre mon influence au-delà des bas-fonds.

    L’enthousiasme de la brune fait en tout cas plaisir à voir, mais surtout il adoucit ses traits et je dois dire qu’elle n’en est que plus belle lorsqu’elle abandonne la façade austère et froide qu’elle arbore habituellement. Mais plus encore, elle semble me comprendre, évoquant le plaisir malsain que l’on peut ressentir en ôtant la vie, ou l’imbécilité crasse de ceux qui n’ont de savants que le nom. Ce face à face glisse alors lentement vers quelque chose d’assez troublant, du ressort de l’intime alors que la sirène referme ses mains fines sur le flacon qui contient mon précieux venin.

    Je ne peux empêcher une forme d’appréhension de s’emparer de moi alors qu’une lueur dorée pulse entre ses doigts. La brune l’aurait surement remarqué, mais elle a fermé les yeux et semble se concentrer intensément. Mais bien vite, cette peur se mue en une forme de fascination alors que j’observe la lueur envoutante qui semble s’écouler de ses mains vers le haut. Je n’ai jamais vu une telle magie de toute ma vie et cela n’a en tout cas rien à voir avec les expériences abjectes que m’ont fait subir les soi-disant érudits de l’Académie.

    J’attends alors son verdict tandis qu’elle ouvre les yeux, mon cœur battant sensiblement plus fort dans ma poitrine. Un don… elle aussi considère que ce venin est un don, que je suis bien plus qu’une monstruosité contre-nature qui ne devrait pas exister ou un simple sujet d’études. Après avoir tant souffert du regard des autres, cela m’emplit d’une joie étrange qui m’emplit d’émotion.

    Mais sa main qui glisse dans ma direction attire mon regard. Il y a un an je n’aurai jamais osé la toucher, trouvant répugnant tout contact avec une autre personne. Mais cela a changé subtilement, certaines personnes ayant réussi à me rendre une forme de confiance en moi compatible avec ce genre de familiarité. Des personnes qui ont perçu, comme celle qui me fait face, une forme de beauté dans mes traits hybrides et uniques.

    J’hésite cependant, vraiment surprise par cette demande imprévue avant qu’elle ne s’excuse de faire une bien piètre hôte, me proposant de déguster un verre de vin pour nous mettre en appétit. Je ne peux m’empêcher d’émettre un gloussement avant d’approcher ma main pour venir griffer délicatement sa paume ouverte.  

    - Je crains fort d’être une très mauvaise invitée. Voyez-vous ma nature reptilienne ne ssse résume pas à mon apparenssse ou au venin que vous avez pu admirer.

    Brusquement, je pose ma paume écailleuse bien à plat sur la sienne. Ma main est froide, car mon corps ne régule pas thermiquement, s’adaptant à la température extérieure en toutes circonstances. C’est pour cette raison que le froid est un piège mortel pour moi et, la chaleur moite et brûlante de mon hammam une véritable bénédiction.

    Je me penche vers elle, posant mon menton sur ma main libre, mon regard jaune crochetant son azur et mes tentacules ondulant lentement sur ma tête, comme animés d’une vie propre.

    - Mon corps est incapable de ssse réchauffer ssseul.

    Ma main enveloppe la sienne, mes doigts glissant sur la peau douce de son poignet en un lent mouvement. Le contact de mes écailles sans aspérités est étrangement doux pour qui n’a jamais eu l’occasion de toucher un reptile.

    - Quant à la nourriture, je mange ssseulement deux fois par sssemaine et j’ai bien peur que sssela ne sssoit pas très…

    Une grimace étire mes lèvres.

    - … élégant à voir.

    Observer une proie entière descendre lentement le long de mon œsophage alors qu’elle se fait digérer a de quoi donner la nausée. Surtout que cela me plonge dans une forme de torpeur peu compatible avec des mondanités.

    - Par ailleurs, mon palais est incapable de persssevoir les sssaveurs comme le fait le vôtre, ssse qui me prive de ssse genre de petits plaisirs.

    De nouveau un gloussement joyeux.

    - N’oubliez pas que je sssuis à moitié ssserpente.

    J’ajoute, plus bas, dans un doux sifflement.

    - Ssss. Mais ne vous privez sssurtout pas pour moi.
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  • Dim 19 Mar - 1:07
    Aux mots de la Gorgone, Perséis réalisa que sa nature ophique était bien plus profonde qu'elle ne l'imaginait. Elle se sentait presque stupide de n'y avoir pas pensé par elle-même, et pendant une fraction de seconde, on pouvait le lire dans son regard, comme un fugace éclair de confusion. Si elle était d'une exigence intransigeante avec ses subordonnés, elle n'était pas plus clémente envers elle-même, et son jugement était sévère pour avoir négligé une information de la sorte, pour ne l'avoir pas exploitée à son plein potentiel, et avoir commis une erreur de jugement. Mais avant même qu'elle n'ait l'occasion de s'arracher d'elle-même à son procès intérieur, le contact presque sensuel d'une griffe sur sa paume laissa place à celui plus franc d'une main glaciale qui vint remonter le long de son poignet et de son avant-bras.


    La sensation des écailles lisses glissant lentement sur la peau nue de son bras était presque aussi singulière qu'elle était étonnamment agréable. Ce contact était très différent de celui des écailles que Perséis portait sous sa vraie forme, et elle dut réprimer un sourire devant l'ironie de la situation : pour une des rares fois où Ssisska se retrouvait face à quelqu'un qui partageait cette spécificité anatomique, elle devait certainement l'ignorer. Sous cette caresse inhabituelle, sa peau se hérissa légèrement; et même si ce n'était pas uniquement à cause du froid surprenant qui se dégageait de la peau de la belle hybride, sa réaction fut rapide : elle était gelée, et la moindre des politesses était de l'emmener se réchauffer.

    - "A nouveau, je vous présente toutes mes excuses, j'aurais du l'envisager plus tôt. Vous êtes glacée, venez avec moi près de l'âtre, nous y serons plus à l'aise pour continuer cette discussion."


    Sans lâcher la main de Ssisska, la sirène se leva et l'invita à la suivre. Alors que les deux femmes marchaient vers le foyer, elle fit un geste délicat de sa main encore libre en direction de la table basse, qui glissa lentement là où son doigt impérieux l'ordonnait. D'un second, elle approcha le canapé des flammes, avant de s'y installer, aux côtés de son invitée qui s'y sentirait certainement bien plus délassée.

    Elle s'empara d'une clochette qui reposait sur la table basse, et en sonna deux fois. Dans les quelques secondes qui suivirent, quelqu'un frappa doucement à la porte avant de l'entrouvrir.

    - "Que puis-je faire pour vous ?"

    - "Une bouteille de vin de Kaizoku. Cuvée des Affranchis... Ah, et millésime -6 ou -7, idéalement. De grâce, pas le -5."

    - "Très bien Madame."


    Alors que le serveur quittait discrètement l'encadrement de la porte, elle tourna toute son attention vers celle qui n'en méritait pas moins.

    - "Pardonnez cette interruption. Si vous êtes curieuse, joueuse, et que vous n'avez pas peur de ma magie, j'ai possiblement en mon pouvoir un recours, quant à ce vin qui ne devrait tarder à nous être amené. Je suis pleine de surprises vous savez, et je me sentirais mal de goûter devant vous à un plaisir qui vous est interdit, sans même tenter de rectifier cette injustice. Mais bien sûr il ne s'agit que d'une simple invitation, je ne voudrais pas vous contraindre à quoi que ce soit qui vous rendrait mal à l'aise."


    Elle baissa les yeux sur sa main, toujours dans la sienne. Ce qui devait être un contact fugace s'était finalement bien allongé, et même si ce n'était pas pour déplaire à la sirène, qui appréciait la compagnie et le charme de sa belle invitée, il était temps d'en retourner à sa raison initiale.

    - "Mais en attendant, revenons au sujet principal. Puisque j'ai là votre main, permettez moi d'ôter un doute de mon esprit quant à votre venin. Comme je vous le disais, soyez rassurée, c'est sans danger et vous ne sentirez absolument rien."


    Couvrant de sa main droite celle de l'hybride, et l'enserrant avec une infinie délicatesse, Perséis ferma à nouveau les yeux et répéta le rituel effectué précédemment sur la fiole de venin. Ce fut significativement plus court cette fois, cependant, et après quelques brèves secondes, elle ouvrit les yeux et planta son regard dans celui de la Gorgone avec un léger sourire satisfait.

    - "C'est bien ce qu'il me semblait... Fascinant. Votre venin ne contient pas qu'un assemblage de quelques toxines comme ceux des serpents ordinaires, il est constitué non seulement d'une variété considérable de composants, pas tous toxiques par ailleurs, mais plus important encore : il porte une magie qui vous est propre. Comme une marque unique, une signature."


    L'alchimiste prit à nouveau quelques secondes pour réfléchir, pour recouper les informations qu'elle avait pu obtenir de son examen sommaire du venin, et les aspirations de ce qui deviendrait bientôt, elle l'espérait, sa nouvelle partenaire.

    - "Comme je le disais, il est possible d'en obtenir une substance psychotrope. Sans trop de modifications, qui plus est. Une certaine addiction sera naturellement présente. La difficulté concerne les toxines. Plusieurs possibilités s'offrent à nous. Je peux les isoler et les extraire, ne laisser que les composants inoffensifs." Elle marqua un léger temps d'arrêt, comme un effet dramatique pour souligner l'autre option qui lui paraissait bien plus intéressante. "Ou alors, je pourrais altérer magiquement leur fonctionnement, pour que les effets de votre venin ne s'appliquent pas au moment de l'inoculation...." Son sourire s'élargit davantage. "Mais plutôt progressivement au fur et à mesure que le manque se manifeste et s'étend, en amoindrissant les plus létaux."


    Elle affermit légèrement sa prise sur la main de la Gorgone, en se penchant lentement dans sa direction, avant de continuer d'une voix plus suave.

    - "Mais ce n'est même pas ce que j'ai de plus alléchant à vous proposer, avec cette merveille de venin que vous me donnez là... Et je pense que la suite va vous plaire bien plus encore..."



    Utilisation de pouvoir:
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  • Lun 20 Mar - 15:04
    Elle s’excuse et je trouve cela assez charmant venant d’une femme comme elle. J’imagine aisément qu’elle n’aime pas être prise en défaut, appréciant de pouvoir tout contrôler dans les moindres détails. Pourtant, comment aurait-elle pu deviner les caractéristiques si particulières de mon anatomie ophidienne ? Des caractéristiques que je garde secrètes et je me rends brusquement compte que je viens de les révéler à cette presque inconnue. J’imagine aisément que la femme en face de moi pourrait soutirer bon nombre d’informations à n’importe qui, pourtant je me suis confiée sans contraintes. Pourquoi ? La raison est pourtant si évidente. Jamais personne n’a montré un intérêt aussi marqué pour ma personne, pas seulement d’un point de vue physique, mais aussi physiologique, pour tenter d’appréhender dans toute sa complexité l’hybride mi-femme, mi-serpente que je suis vraiment.

    Les gens s’attachent avant tout à ce qu’ils voient, à ces serpents qui s’agitent sur ma tête, à ces écailles qui scintillent sous la lumière des candélabres, à ce regard jaune fendu de noir dénué de paupières. Pas elle, elle a mesuré tout de suite la potentialité de mon venin et la façon dont elle me propose maintenant de la suivre jusqu’au feu pour me réchauffer montre qu’elle prend pleinement conscience de ma nature reptilienne.

    Et c’est particulièrement troublant pour moi qui ait du si souvent affronter la haine et le rejet.

    Je la suis, ma main toujours prisonnière de la sienne. Je pourrai m’en détacher, mais, étrangement, je n’en aie pas envie. Car malgré son apparence froide et austère, sa peau est chaude, délicieusement chaude en comparaison de la mienne.

    Je m’installe confortablement en ramenant mes jambes sur l’assise pour pouvoir lui faire face. Je sens la chaleur agréable de l’âtre brûlant sur ma peau et mes écailles brillent de mille-feux au rythme des flammes qui dansent.

    L’arrivée du domestique n’est qu’un intermède qui ne parvient pas à me détourner de mes pensées alors que je tente de comprendre pourquoi, pourquoi cette femme dont la réputation de froideur hautaine est parvenue jusqu’à moi est aussi chaleureuse et prévenante en ma présence. Pur intérêt, curiosité, calcul politique, attirance… ? Mais sa voix me tire de mes réflexions, sans qu’une réponse évidente ne m’apparaissent.

    Et sa proposition de me permettre d’apprécier le vin qu’elle a commandé ne fait qu’ajouter à mon trouble, jusqu’à en oublier que ma main est toujours prisonnière de la sienne. Non, rectification, des siennes alors qu’elle l’enveloppe délicatement dans un cocon de chaleur.

    Elle se trompe en disant que je ne sentirai rien. Oh, c’est subtil, presqu’imperceptible, mais mon corps est très sensible aux moindres changements de température et ses mains sont encore plus chaudes… et agréables alors que son pouvoir s’exprime.  

    Magie… De l’incrédulité dans mon regard alors qu’elle annonce que je porte en moi une magie unique expliquant la nature de mon venin et sa capacité à muter pour s’adapter. Je porte instinctivement ma main libre sur ma poitrine, alors que cette annonce me touche en plein cœur. Je n’ai jamais su qui était mon père et ma mère est morte en me mettant au monde. Les érudits de l’Académie m’ont étudiée, cherchant à découvrir le mystère caché derrière mes origines. La tentation était si forte de pouvoir étudier une hybride dont personne ne voulait pour pouvoir en apprendre plus sur cette espèce si étrange d’êtres mi-hommes, mi-animaux. En vain, car ils étaient avant tout guidé par une soif de savoir cruelle, oubliant qu’ils avaient affaire à un être conscient et sensible. Leur conclusion ? Ma mère avait été empoisonnée, expliquant mes « malformations » et le venin qui courrait dans mes veines en était la preuve. Ils avaient tenté de reproduire l’expérience en l’inoculant à de pauvres souris enceintes, puis à des guenons, sans autres résultats que de faire souffrir de pauvres bêtes. Et lorsqu’ils en ont eu assez, ils ont décrété que j’étais inoffensive, mon venin n’était pas assez virulent pour être un danger pour l’homme et j’étais infertile comme tous les hybrides. Finalement, ils n’ont fait qu’ajouter de nouvelles souffrances et des questions à celles qui me taraudaient déjà.

    A vrai dire cela semble tellement évident. L’union de deux espèces si éloignées que le serpent et l’humain ne peut être que le fruit de la magie. La nature, dans toute sa complexité magnifique, n’a jamais été capable de réaliser seule de telles prouesses. Et mon venin est imprégné de cette magie, mon corps aussi, ce qui expliquerait tant de choses.

    Je ne sais pas si elle se rend compte vraiment de la portée de ces révélations dans ma quête de mes origines alors qu’elle énumère les propriétés de mon venin et ce qu’elle envisage d’en faire. Son enthousiasme est presque enfantin, comme celui d’une gamine à qui on vient d’offrir un nouveau jouet.

    Ses mains qui serrent plus fort la mienne, je relève les yeux… Elle est si proche que je peux presque sentir son souffle chaud sur ma peau, son sourire adoucit ses traits dans des proportions remarquables et son regard pétillant crochète le mien. Habituellement c’est moi, la Gorgone, si redoutable et redoutée, qui met les autres mal à l’aise. Mais la Gorgone semble avoir laissé la place à la Ssisska fragile d’un lointain passé, une Ssisska qui croyait encore que le monde était prêt à l’accepter et qui trouve dans l’azur un étrange réconfort. Même mes serpents semblent figés, comme charmés par la voix chantante de la sirène, tels des Ulysse séduits par ce qu’ils entendent.

    Les mots sortent sans crier gare d’entre mes lèvres, ma voix est basse, précipitée, mais la sirène est si proche…

    - La sssuite ?
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  • Mer 22 Mar - 19:33
    Les expressions, plus ou moins subtiles, se succédaient sur le visage de la Gorgone au fil des révélations de la sirène sur la teneur et les propriétés de son venin. Toute captivée qu'elle était par cet être unique et son venin hors du commun, elle ne manqua pas pour autant ces signes. Elle semblait ne savoir que peu de choses sur la nature précise de son venin, ce qui n'est guère surprenant compte tenu de la manière dont les savants de l'académie l'ont traitée, et la probable absence de personne qualifiée pour lui en apprendre davantage dans les milieux où elle évoluait habituellement. Mais il y avait sur son visage une surprise et un trouble plus profond, liés à quelque chose de plus ... personnel. La quête de ses origines, peut-être ? Perséis ignorait ce que l'hybride savait ou non sur son ascendance, mais l'absence d'un de ses géniteurs, celui dont provenait sa nature reptilienne, pourrait expliquer que le fruit de son propre corps contienne encore tant de secrets pour elle... Il s'agissait là encore d'une autre problématique qu'elle garderait en mémoire, pour s'y concentrer plus tard. Le moment présent était déjà bien assez riche.

    - "Imaginez que..."


    Derrière elle, la porte s'ouvrit à nouveau, interrompant la sirène en pleine phrase. Sans même s'annoncer, la jeune femme qui avait accueillie Perséis à son arrivée dans l'établissement, entra dans la pièce et fit quelques pas vers la table, en laissant ses yeux, trop fureteurs, et surtout trop peu furtifs pour son propre bien, errer à plusieurs reprises en direction de Ssisska et de ses divers attributs. L'alchimiste la fusilla d'un regard qui aurait presque pu la geler sur place, et l'admonesta d'un ton si glacial que l'âtre aurait pu s'en éteindre.

    - "Quelle partie de « salon privé » dépasse les capacités de votre cognition ? Disparaissez."


    Parmi tout ce que Perséis abhorrait, l'impolitesse et le manque de respect n'étaient surpassés que par la trahison. Chaque mot était presque scandé d'une manière qui exprimait un mépris intense pour celle qui semblait ignorer quelle était sa place. N'importe laquelle des deux femmes présentes dans cette pièce pouvait mettre d'un simple mot, voire même moins, un terme à son insignifiante existence. Qu'elle se permette d'entrer librement, et pire encore, de dévisager son invitée, était absolument aberrant à ses yeux.


    Alors que la porte se refermait sur la réceptionniste tremblante, qui se hâtait de quitter le salon après avoir déposé la bouteille de vin sans oser prononcer la moindre syllabe, Perséis se retourna vers Ssisska.

    - "J'espère que cette vaurienne impertinente ne s'est pas montrée indélicate à votre arrivée."


    Lâchant délicatement la main de la Gorgone et la déposant doucement sur le canapé, elle se leva, alla prendre la bouteille et remplit deux des verres qui reposaient toujours sur la table où elles étaient installées quelques minutes plus tôt. Elle revint d'une démarche grâcieuse vers sa belle invitée, avant de déposer un des verres sur la table basse, exilée d'un côté du salon, près de son invitée, et de s'asseoir à nouveau en tenant le sien à la main.

    - "J'aurais ses yeux, si je les vois à nouveau s'égarer ainsi. Mais j'en étais à aborder des perspectives plus réjouissantes, n'est-ce-pas ?"


    Un léger sourire pointant à nouveau sur son visage, même si l'intrusion avait quelque peu refroidi son ardeur, elle s'adossa confortablement en faisant face à Ssisska, sa jambe gauche repliée sur l'assise du canapé sous la droite.

    - "Imaginez que le manque ne soit pas juste une simple souffrance physique. Imaginez plutôt que la victime de votre piège soit troublé par certaines visions... Quelques serpents, ça et là, errant autour de lui alors que les effets de la drogue commencent à peine à s'estomper. Puis, peu après, apparaîtrait une silhouette, élégante, fine, qui se tient juste en périphérie de son champ de vision, insaisissable, mais toujours présente autour de lui."


    Elle tendit une main vers Ssisska, et posa l'extrémité de son majeur sur le dos de la sienne, avant de le faire lentement glisser en une douce caresse, pour remonter le long de son poignet, de son avant-bras.

    - "Une voix délicieusement sifflante, dans le creux de son oreille..."

    Puis de son bras, de son épaule.

    - "Juste derrière lui, qui l'appelle..."

    Sur le haut de sa poitrine.

    - "qui se voudrait... tentatrice..."

    Avant de remonter lentement le long de son cou.

    - "Pour l'inviter à céder à nouveau..."

    Son majeur vint appuyer légèrement sous son menton, comme pour le relever un peu dans sa direction.

    - "Puis menaçante. Dangereuse..." Son ton se durcit faussement à ces mots.

    Après quelques secondes, son doigt finit sa course sur sa joue, avant de la quitter définitivement alors que la sirène reprenait sa position.

    - "Les visions lascives laissent peu à peu place à une angoisse, qui devient une terreur, car la Gorgone se dissimule dans le moindre recoin sombre, ses yeux dorés perçant l'obscurité pour se river sur lui, partout autour de lui. Il la voit quand il ferme les yeux, et quand son image disparait enfin, il sent son souffle contre la peau de son visage alors qu'elle est penchée sur lui... Il est obsédé par la belle hybride, il est incapable de défaire son image de son esprit, il l'entend constamment, et maintenant qu'il se prive de ce doux nectar, elle est furieuse... Il n'y a qu'un moyen de faire cesser cet enfer, et de retrouver l'extase... Céder à nouveau."


    Elle se délectait de ces instants, à imaginer la torture qu'elles pourraient infliger à ces misérables victimes, et plus encore à la conter à la Gorgone.

    - "Vous devez admettre qu'adjoindre de telles visions aux effets purement physiques du manque rendrait cette drogue unique... et indissociable de votre personne. Quel meilleur moyen de contrôler quelqu'un, que de l'obséder de la sorte ? Tout ceci est possible grâce à cette magie qui réside dans votre venin. Il porte en quelque sorte la signature de votre être, et c'est tout ce dont j'ai besoin pour suggérer à son esprit affecté par la substance, des images qui viendront peupler ses hallucinations, enchanter ses rêves, puis hanter ses cauchemars."
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  • Mer 22 Mar - 22:59
    - Imaginez que…

    La phrase de la sirène s’interrompt brusquement lorsque la jeune femme qui tenait la réception à mon arrivée entre sans daigner s’annoncer. Un sifflement contrarié s’échappe d’entre mes lèvres fines, tandis que mes serpents s’agitent en direction de l’outrecuidante.

    La jeune femme amène la bouteille que mon hôte a commandé, mais ses yeux ne cessent de se poser sur moi. J’y lis des choses trop communes, une forme de peur, de dégoût, de rejet envers ce que je suis. Malgré le temps, je me rends compte que je n’arrive pas à me faire à ces regards, surtout quand ils sont aussi peu discrets…

    Mais je n’ai pas à agir, car la sirène se charge de prendre ma défense. Je vois alors la Perséis dont tout le monde parle et que beaucoup craignent, hautaine, cassante, méprisante et glaciale comme la banquise alors qu’un souffle froid semble geler l’impudente qui s’esquive sans demander son reste. Une démonstration d’autorité qui ne me laisse pas indifférente.

    Je ne peux retenir un sifflement ravi.

    - Ssss. Elle a été absssolument ignoble à mon arrivée. Mais je crois qu’elle n’osera plus jamais me regarder en votre présenssse.

    Je dois dire que je suis sensible à ce qu’elle vient de faire et j’ajoute, plus bas.

    - Mersssi.

    En tout cas, la possibilité de voir la sirène jouer avec les globes oculaires de la jeune femme a un je-ne-sais-quoi d’étrangement excitant, malgré la cruauté brute de ces paroles. Le pire c’est que j’ai le sentiment qu’elle serait parfaitement capable de lui arracher ses jolis yeux. En cela nous nous ressemblons, prêtes à tout pour nous faire respecter du haut de nos trônes respectifs.

    Mais la perspective d’enfin savoir à quoi pense mon hôte accapare de nouveau toute mon attention et je suis littéralement accrochée à ses lèvres dans l’attente de ce qu’elle envisage pour mon venin. Sa voix est délicieusement envoutante alors qu’elle évoque une forme d’addiction superbement imagée. Je ne suis pourtant pas au bout de mes surprises, lorsqu’à la voix se mêlent les gestes, mesurés, lents, sensuels. Je sens son doigt qui courre sur ma peau nue, une peau lisse dénuée de toute pilosité, provoquant d’étranges frissons là où il passe. Pourtant, je suis l’animal à sang froid, même si mon corps se réchauffe peu à peu sous l’action des flammes qui brûlent dans l’âtre pour mon plus grand plaisir.

    L’addiction serait attirance, attraction, fascination, désir, des émotions positives plongeant l’esprit dans une volupté béate et sensuelle. Mais cette obsession ne viendrait pas uniquement des effets purement psychotropes de la drogue, mais aussi des hallucinations inspirées de celle qui secrète ce puissant venin à travers des images fantasmées se surimposant dans l’esprit de la victime. Une obsession qui, à son paroxysme, laisserait brutalement la place au manque, terrible manque qui se traduisant par l’angoisse, la hantise, la psychose de voir surgir la monstrueuse et courroucée Gorgone. Je serai à la fois le désir incarné et envoutant, et la terreur féroce et avide, laissant la victime à la merci de mes moindres caprices.

    Une drogue unique, puissante et rare, un concentré de ce que je suis.

    Magnifique.

    Mon visage semble rester de marbre, mais comme souvent les tentacules sur ma tête trahissent ce que je ressens. Ils s’agitent lentement en d’étranges arabesques hypnotiques comme s’il se retrouvait parfaitement dans le rôle qu’on veut leur faire jouer pour subjuguer leurs proies. Puis mon visage s’anime enfin, un sourire énigmatique s’inscrivant sur mes lèvres fines. Ma voix de fait délicieusement sifflante, sensuelle et soyeuse.

    - Je me demandais…

    Je me glisse alors vers elle dans un mouvement étrangement reptilien, sorte de lente reptation, mon corps souple frôlant le sien tandis qu’un de mes bras vient se reposer sur le haut du dossier tout près de sa tête. Mon visage est encore à distance raisonnable du sien, mais mes serpents se dirigent vers elle, dansant comme s’ils étaient animés d’une vie propre.

    - Croyez-vous vraiment que je puisssse être sssette créature si délisssieusement obsssédante dont vous parlez ?

    Le serpent est souvent associé à une forme de peur, mais aussi dans beaucoup de culture, de fascination. Il est à la fois crains et vénéré. Je n’ai jamais vraiment envisagé que ma nature ophidienne puisse provoquer une quelconque attirance, comme si mon esprit était uniquement focalisé sur les expressions de peur et de rejet que je percevais chez les autres. Pourtant, certains individus étaient prêts à payer des fortunes pour passer une nuit avec moi lorsque j’étais l’esclave du bordel de Gilda. Mais jamais personne n’avait jusqu’alors su exprimer avec des mots aussi charmeurs le désir étrange que je peux provoquer chez autrui.

    Je viens caresser à mon tour sa joue du dos de la griffe de l’index de ma main libre. Griffe qui descend délicatement jusqu’à la courbe de sa mâchoire, pour glisser sur son cou, rencontrant rapidement l’étoffe de sa robe qui en dévoile bien peu de sa peau de nacre.

    Le feu me chauffe délicieusement le dos, et la proximité de son corps me permet de percevoir la chaleur enivrante qui s’en dégage. Ma nature ophidienne est particulièrement sensible à la température, le froid m’engourdit et me paralyse, mais à l’inverse, le chaud exacerbe mes sens et mes sensations.

    Ma griffe descend lentement entre ses seins, menaçant soudain de déchirer le fin tissu de sa robe avant que ma main se pose bien à plat sur son ventre comme pour en absorber toute la chaleur.

    - J’adore ssse que vous proposez. Attiser le désir jusqu’à ssse qu’il ssse fasssse obsssessssion est délisssieusement pervers et exsssitant.

    Mes tentacules commencent à frôler ses joues, certains osant même perdre leur pointe dans les cheveux noirs comme la nuit.

    - Quant à la peur et la terreur.

    Ma voix se fait étrangement intime et basse.

    - J’essspère ne pas vous inssspirer ssse genre de sssentiments…
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    Anonymous
  • Jeu 23 Mar - 21:39
    La colère froide que l'impertinente avait engendrée, reflua de nouveau à l'esprit de Perséis aux mots de la Gorgone, qui avait donc déjà fait face à son regard de jugement et de curiosité malsaine lors de son arrivée. Il était absolument intolérable que la reine des bas-fonds se voie bafouée de la sorte par une minable employée de ce restaurant, où la sirène elle-même l'avait invitée. Cela aurait pu être évité dans un établissement assujetti à son influence, mais l'étiquette, si tant est qu'on puisse utiliser ce terme au sujet d'une rencontre entre deux baronnes du crime, l'interdisait pour une première rencontre.

    - "J'en suis navrée, et vous ayant invitée en ces lieux, j'en prends la responsabilité. L'établissement cherchera une nouvelle réceptionniste dès demain."


    Mais les mots de l'alchimiste, et les gestes les accompagnant, semblaient avoir effacé bien vite de l'esprit de son invitée le désagrément causé par celle qui ne serait bientôt plus la réceptionniste du restaurant. Si son visage ne trahissait aucune émotion, les tentacules qui la coiffaient étaient loin d'être impassibles. Il était bien difficile, pour quelqu'un habitué à chercher dans le langage corporel de ses interlocuteurs de quelconques signes à exploiter, d'en faire de même avec cette chevelure vivante, car si elle était pour le moins expressive, leur danse ne ressemblait en rien aux réactions habituelles du commun des mortels. Toutefois, leur harmonie captivante tendait à rassurer la sirène sur la justesse de ses paroles, et plus important encore, sur le fait qu'elle avait su viser juste quant aux désirs et aux fantasmes de la puissante Gorgone avec ce nouveau jouet qu'elle voulait mettre au point.


    Alors qu'un sourire qui en révélait peu sur ses intentions venait orner délicieusement son visage, Ssisska s'approcha doucement de la sirène dans un mouvement hypnotisant qui lui était propre, jusqu'à ce que seuls quelques millimètres viennent séparer son corps élancé du sien. Perséis n'était pas insensible au charme d'une belle femme, loin de là, mais celui de la Gorgone était plus envoutant encore, et la sirène, qui ne se privait pas pour jouer du sien sur la belle hybride depuis le début de cette entrevue, commençait à y succomber. D'un mouvement presque imperceptible, son visage, son cou et son torse venaient légèrement à l'encontre de la caresse légère de la griffe, et à celles entreprenantes et singulières des serpents. Elle retint un léger soupir d'anticipation, avant d'ouvrir les lèvres, à une dizaine de centimètres de celles de la belle serpente, les yeux rivés dans les siens.

    - "Comment pourrais-je en douter maintenant que je vous ai face à moi ? Je suis ravie que ces perspectives vous plaisent, et plus encore d'avoir vu juste dans le cœur de l'énigmatique et fascinante Gorgone..."


    Les caresses de ses tentacules s'enhardirent alors que sa voix changea de ton pour sa dernière question.  La sirène ferma les yeux quelques brèves secondes, comme pour apprécier le contact de la main de la Gorgone, et de ses serpents qui s'aventuraient dans sa chevelure, tout en songeant à sa réponse, et à une manière de reprendre les choses en main. Cette question n'était pas anodine, elle était même très pertinente pour un être qui inspirait autant le désir que la crainte, à juste titre d'ailleurs.

    - "Je sais que je ne vous offenserai pas en vous disant que vous êtes assurément capable d'inspirer la terreur quand vous le désirez... Parmi beaucoup d'autres choses. Et ce n'est pas de la terreur que je ressens actuellement..."


    Elle laissa ses longs doigts fins jouer avec un serpent, errant sur sa joue et s'approchant quelque peu de la commissure de ses lèvres.

    - "Après tout, existe-t-il un charme plus subjuguant que celui subtilement teinté de danger ? Malgré les apparences et ma réputation, je suis une femme qui ne se prive d'aucun plaisir." souffla-t-elle alors que sa main droite vint agripper légèrement celle qui reposait sur son ventre, en l'appuyant un peu plus contre sa robe. "Laissez-moi vous surprendre avec celui-ci..."


    Après quelques secondes de ce contact envoutant, elle en détourna son attention pour porter à ses lèvres le verre qu'elle tenait toujours. Pendant quelques courts instants, elle se délecta de la richesse des arômes du vin, son attaque finement minérale, son corps plus rond et fruité, sa longueur délicate... Elle analysa et décomposa chaque saveur, chaque sensation, chaque variation, comme s'il s'agissait de composants alchimiques d'une décoction qu'elle étudiait, pour en graver le moindre détail dans sa mémoire. Avant d'avaler ce doux nectar, elle tendit son verre aux lèvres de son invitée. Ses yeux ne quittant pas les siens, elle inclina lentement le verre en la voyant entrouvrir les lèvres, jusqu'à ce que la surface du liquide grenat les atteignent enfin.


    Quand quelques gouttes les eurent franchies, elle en éloigna le verre, et posa très légèrement, presque imperceptiblement, ses lèvres sur les siennes.
    Profitant de ce contact inattendu, elle fit appel à son talent pour la magie d'illusion, et se remémora chaque bribe du plaisir qu'elle venait de ressentir à cette première gorgée, pour les instiller à la belle Gorgone, trompant ses sens comme si pendant un court instant, elle partageait ceux de la sirène.


    Elle mit fin à ce court mais audacieux rapprochement après une poignée de secondes qu'elle savoura intensément. Autant que les lèvres singulières de la serpente, que le goût du vin, elle se délectait de la manière insoupçonnée dont elle venait de retourner l'approche son invitée contre elle, de la surprise qu'avait du provoquer en elle, à la fois cette intimité soudaine, et cette découverte d'un sens jusqu'alors inconnu. Fière d'elle-même, elle sonda le visage, les yeux dorés, et les nombreux serpents de la Gorgone, à la recherche d'une réaction dont se repaître.

    - "Que pensez-vous de cette première ... expérience ?" lui demanda-t-elle, d'une manière volontairement ambigüe.


    Utilisation de pouvoirs:
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    Anonymous
  • Dim 26 Mar - 20:13
    Je bois quelques gouttes du nectar que la sirène verse entre mes lèvres. Mon palais est incapable de percevoir la subtilité des arômes de ce grand cru, sa rondeur, son équilibre ou sa persistance. Cela est légèrement frustrant, surtout après avoir pu observer le plaisir qu’a ressentie mon hôte en le dégustant. Pour moi, il ne s’agit que d’un liquide comme les autres, à l’acidité plus marquée, mais je ne peux pas l’envisager dans toute sa complexité.

    Ma surprise n’est que plus grande lorsque ses lèvres viennent rejoindre brusquement les miennes, et ses mots me reviennent instantanément en mémoire.

    …j'ai possiblement en mon pouvoir un recours…

    Je comprends alors ce qu’elle voulait dire par là, tandis que des sensations étrangères s’immiscent en moi et je ressens son plaisir à travers les odeurs, le goût, la texture de ce vin dont elle me fait le don à travers ce contact trop court et si intense. Même les tentacules sur ma tête se figent brusquement comme s’ils ne voulaient pas perturber la magie de cet instant.

    Lorsque les douces lèvres s’éloignent des miens, mon premier réflexe est de poser mes doigts sur mes propres lèvres. Comme pour me convaincre qu’il ne s’agissait pas d’un rêve. Une magie d’illusion, sans doute, qui a leurré mes sens avec les souvenirs de la dégustation appartenant à la sirène. D’un certain côté, cela aurait pu m’agacer de me savoir manipulée par une autre, d’imaginer qu’elle ait pu duper mon cerveau et, d’une certaine façon, s’immiscer dans mon intimité. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une intrusion hostile, non, juste d’une volonté de partager avec moi quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant.

    Un présent. Précieux.

    Ma main s’envole alors et une griffe vient se glisser dans le col de sa robe. Ma voix est emplie d’une sensualité sifflante qui laisse peu de doute sur la nature de mes actes futurs.

    - Tout le monde redoute la mosssure du ssserpent.

    Ma griffe déchire alors le fin tissu, de la base de son cou à son épaule droite, mettant la peau de nacre à nue.

    - Mais le danger ne transssende-t-il pas aussssi le plaisir ?

    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Ven 31 Mar - 1:56
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