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Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Parfois, les endroits où on est envoyé sont à chier. On se retrouve avec des partenaires de merde, sous la pluie, à l’aube, à regarder un crime scabreux pour lequel on sait qu’on va juste devoir faire du porte-à-porte pendant plusieurs jours sans rien avoir à remonter, et classer l’affaire sans suite. On le sent rien qu’en arrivant sur les lieux, quand on a un peu de bouteille, et quand ça arrive, on peut juste serrer les dents et les fesses, et prier pour que le beau blond pointe le bout de son tarin histoire de faire passer le temps de façon un peu plus sympa.
Et, parfois, c’est l’inverse : une affaire comme la route qui relie Liberty à Courage, bien entretenue, sous un beau soleil printanier avec un p’tit vent frais et en compagnie qui, à défaut d’être franchement charmante, est tout à fait agréable.
J’jette un coup d’œil à mon voisin de gauche, Gunnar Bremer, qui marche d’un bon train du haut de ses deux mètres, et j’allonge un peu ma foulée histoire de pas me retrouver comme un con à trotter derrière. On va en direction des docks, et quand le chef a dit qu’on devait y aller fissa pour faire ce qu’il y avait à faire, avec un p’tit papier en prime, j’ai bien compris que c’était comme s’il venait de nous donner notre matinée.
Il est même pas si tard, à bien y penser, donc on a pu se réveiller tranquillement et descendre une boisson chaude avec l’équipe avant de partir.
Y’a déjà un attroupement qui s’est formé, et un p’tit jeune essaie d’empêcher la foule de rentrer dans le bâtiment ou de s’agglutiner à la fenêtre du rez-de-chaussée pour mater à l’intérieur. Le grand classique, ça, ils font pareil quand y’a un accident de charrette et que tout le monde ralentit pour voir les détails les plus dégueu et les raconter, au dîner, au reste de la famille.
J’siffle d’un coup sec.
« Hé, l’Office Républicain est là, nous allons faire toute la lumière sur cette affaire pour continuer d’assurer la sécurité de la population de Courage. Par conséquent, nous vous demandons d’en faire preuve, de courage, et de retourner à vos affaires, à moins que vous ayez des éléments à communiquer à notre collègue ci-présent, à l’entrée. D’acc’ ? »
Toute la lumière, ouais, grave.
On entre dans la chambre, et on tire la tenture qui vise à bloquer vaguement les rayons du soleil devant la vitre sale, et on regarde la déco du nouvel architecte d’intérieur. Deux chaises sont brisées en morceaux, à peine plus que des fagots de bois maintenant, au milieu de la pièce, et y’a des morceaux partout.
« Gaffe aux échardes, faudrait pas finir à l’infirmerie, hé ? »
Gunnar rigole. Du bout du pied, il retourne le macchabée, dont la tête repose dans une petite mare de sang après qu’un gourdin ou les chaises lui aient fracassé le crâne.
« Erol Graven, c’est, dit Gunnar.
- Tu l’connais ?
- Vite fait. Un traîne-patin des quais, le genre à tremper dans ce qui est louche. »
Voilà qui explique pas mal de choses, y compris notre présence ici.
« Bon allez, on va pas y passer des plombes non plus. »
Le placard est vide de tout ce qui pourrait être précieux, si tant est qu’il ait contenu quoi que ce soit du genre dans les dix dernières années. J’tape au fond, pour déloger un panneau de bois qui masquait un p’tit compartiment, vide évidemment. Dommage, on aurait pu aller boire un coup, mais ça rend la thèse du vol un peu plus crédible. Y’a une forme bizarre tracée dans la poussière, par contre, qu’on voit mieux à la lumière du jour, un genre de forme de « F » ou de « S » peut-être. Un objet artistique précieux ou un artefact magique, p’tet ? De son côté, Gunnar vérifie le plafond, et la tringle pendant que j’éventre la literie. Y’a une bourse avec quelques piécettes sans valeur, que j’empoche sans sourciller. Fauché comme il l’était, c’est déjà un miracle que j’ai dégoté quoi que ce soit.
Par contre, ça a foutu de la paille partout, dont une partie qui rosit visiblement au contact du sang qu’on évite soigneusement depuis le début. Et ça m’fait remarquer que, juste à côté, sous ce qui servait de canapé, y’a un truc. Et des lattes du sol qu’ont été remuées, visiblement, d’où le fait que le meuble soit décalé. Visiblement, les coupables cherchaient sérieusement quelque chose, dans cette piaule daubée.
« Tiens, y’a une trace de semelle, là, que j’pointe du doigt. Des panards énormes, à tous les coups ça va être une saloperie d’oni ou de géant, putain. »
Le genre qui fait davantage briseur de crâne que de genoux, en tout cas. Mais jamais dans la subtilité, vu le gabarit.
Et, parfois, c’est l’inverse : une affaire comme la route qui relie Liberty à Courage, bien entretenue, sous un beau soleil printanier avec un p’tit vent frais et en compagnie qui, à défaut d’être franchement charmante, est tout à fait agréable.
J’jette un coup d’œil à mon voisin de gauche, Gunnar Bremer, qui marche d’un bon train du haut de ses deux mètres, et j’allonge un peu ma foulée histoire de pas me retrouver comme un con à trotter derrière. On va en direction des docks, et quand le chef a dit qu’on devait y aller fissa pour faire ce qu’il y avait à faire, avec un p’tit papier en prime, j’ai bien compris que c’était comme s’il venait de nous donner notre matinée.
Il est même pas si tard, à bien y penser, donc on a pu se réveiller tranquillement et descendre une boisson chaude avec l’équipe avant de partir.
Y’a déjà un attroupement qui s’est formé, et un p’tit jeune essaie d’empêcher la foule de rentrer dans le bâtiment ou de s’agglutiner à la fenêtre du rez-de-chaussée pour mater à l’intérieur. Le grand classique, ça, ils font pareil quand y’a un accident de charrette et que tout le monde ralentit pour voir les détails les plus dégueu et les raconter, au dîner, au reste de la famille.
J’siffle d’un coup sec.
« Hé, l’Office Républicain est là, nous allons faire toute la lumière sur cette affaire pour continuer d’assurer la sécurité de la population de Courage. Par conséquent, nous vous demandons d’en faire preuve, de courage, et de retourner à vos affaires, à moins que vous ayez des éléments à communiquer à notre collègue ci-présent, à l’entrée. D’acc’ ? »
Toute la lumière, ouais, grave.
On entre dans la chambre, et on tire la tenture qui vise à bloquer vaguement les rayons du soleil devant la vitre sale, et on regarde la déco du nouvel architecte d’intérieur. Deux chaises sont brisées en morceaux, à peine plus que des fagots de bois maintenant, au milieu de la pièce, et y’a des morceaux partout.
« Gaffe aux échardes, faudrait pas finir à l’infirmerie, hé ? »
Gunnar rigole. Du bout du pied, il retourne le macchabée, dont la tête repose dans une petite mare de sang après qu’un gourdin ou les chaises lui aient fracassé le crâne.
« Erol Graven, c’est, dit Gunnar.
- Tu l’connais ?
- Vite fait. Un traîne-patin des quais, le genre à tremper dans ce qui est louche. »
Voilà qui explique pas mal de choses, y compris notre présence ici.
« Bon allez, on va pas y passer des plombes non plus. »
Le placard est vide de tout ce qui pourrait être précieux, si tant est qu’il ait contenu quoi que ce soit du genre dans les dix dernières années. J’tape au fond, pour déloger un panneau de bois qui masquait un p’tit compartiment, vide évidemment. Dommage, on aurait pu aller boire un coup, mais ça rend la thèse du vol un peu plus crédible. Y’a une forme bizarre tracée dans la poussière, par contre, qu’on voit mieux à la lumière du jour, un genre de forme de « F » ou de « S » peut-être. Un objet artistique précieux ou un artefact magique, p’tet ? De son côté, Gunnar vérifie le plafond, et la tringle pendant que j’éventre la literie. Y’a une bourse avec quelques piécettes sans valeur, que j’empoche sans sourciller. Fauché comme il l’était, c’est déjà un miracle que j’ai dégoté quoi que ce soit.
Par contre, ça a foutu de la paille partout, dont une partie qui rosit visiblement au contact du sang qu’on évite soigneusement depuis le début. Et ça m’fait remarquer que, juste à côté, sous ce qui servait de canapé, y’a un truc. Et des lattes du sol qu’ont été remuées, visiblement, d’où le fait que le meuble soit décalé. Visiblement, les coupables cherchaient sérieusement quelque chose, dans cette piaule daubée.
« Tiens, y’a une trace de semelle, là, que j’pointe du doigt. Des panards énormes, à tous les coups ça va être une saloperie d’oni ou de géant, putain. »
Le genre qui fait davantage briseur de crâne que de genoux, en tout cas. Mais jamais dans la subtilité, vu le gabarit.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
Messages : 210
crédits : 535
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Ou un grand gaillard.
J’ai un sourire énigmatique pour Pancrace, dans le genre à vouloir dire que ça pourrait être un type comme moi. Mais c’est une blague, évidemment, tout le monde sait que je suis un honnête officier Républicain. Gunnar du moins. Géant ou Oni, ça vend tout de suite moins du rêve. Si on s’attend à coincé deux couillons dans une ruelle pour leur apprendre à partager les gains avec les forces de l’ordre, ça devient tout de suite une autre paire de manches quand il s’agit de ce genre de créature. Des fois, je me dis, ces trucs là, on devrait pas les accepter. Ils ne sont pas comme nous. Qui sait ce qu’ils pensent ? On est clairement moins solide qu’eux et un de ces jours, ils en auront marre d’être traités en égal et voudront qu’on s’incline devant eux. Pour sûr. Faudrait réagir avant. Mais c’est aux politicards d’avoir les couilles de prendre les bonnes décisions et tout ce qu’on peut attendre d’eux à l’heure d’aujourd’hui, c’est de s’en mettre plein les poches en prétextant faire ça pour l’intérêt commun pendant que les gens simples comme moi trimont pour une maigre solde. Faut pas s’étonner si on cherche ailleurs d’autres sources de revenus. On est peut-être pas si blanc que ça, plutôt couleur boue, mais on est plus propres que les bourgeois, c’est clair.
Tandis qu’on dézingue le plancher à la recherche d’une planque, j’ai un autre regard pour Pancrace, façon jugement. Un bon gars par certains aspects. Un bon camarade dans l’Office, avec ces grandes qualités comme la procrastination et le détournement de preuves, surtout quand elles sont sonnantes et trébuchantes. Un peu escroc sur les bords. On s’entend bien. En creusant un peu, c’est un sale type. Particulièrement odieux. D’autres diraient taquins. Faut aimer. Je ne suis pas un grand humaniste, mais Pancrace, il n'a probablement jamais appris ce mot.
-Putain, vide.
Là, sous les lattes, un espace servant à stocker des trucs qu’on aimerait pas qu’on lui vole. A la couleur de la crasse sur le bois, il y avait là une boite, très clairement. Retiré, évidemment. Quelque chose de précieux qui auraient probablement conduit Erol au cimetière. ça lui pendait au nez, les raisons ne manquaient pas de l’emmener à abréger sa vie pourrie. Je fais le tour de la pièce du regard, avisant la table. Je me mets à la place du type qui a fait le coup. Je sais, c’est un petit talent caché. Une fois la boite sortie, je me serais dirigé vers la table pour l’ouvrir et m’assurer du contenu. On fouille dans le coin et on trouve un couvercle, justement, balancé contre un mur.
-Tu peux sentir quelque chose ?
-Je vais essayer.
Un autre petit talent, bien plus utile cette fois. Que tout le monde ne peut pas s’offrir. Un cadeau du paternel avant qu’il ne crève bien plus salement que Erol. Difficile de ne pas y penser quand j’utilise l’odorat augmenté. Je renifle. Je fais la grimace.
-Alors ?
-ça sent la pisse.
-Et encore ?
-La pisse et la merde.
Quelle infection. C’est clairement pas toujours un cadeau. Les effluves vous emplissent les narines aux points d’avoir l’impression que l’odeur vous imprègne la peau et l’esprit. J’ai envie de me prendre un gros broc d’eau dans la gueule pour me retirer ce fumé urinaire. Fallait s’attendre à ce que Erol ne fasse pas son ménage de manière hebdomadaire, mais avec l’odeur rance insistante, je dirais même qu’il n’a jamais passé un coup d’eau sur le sol.
-Tu sais rien d’autre sur ce Erol ?
J’hausse un sourcil. J’ai une tête à connaître les traines-savates du port ? Peut-être un peu. Je cogite histoire de me rappeler le peu que je sais.
-C’était un minable. Il n'a jamais réussi grand-chose. Même pas la peine qu’on le chope, si ce n’est pour balancer ces collègues. Il se mettait à table plus vite qu’un perv’ a baissé son fut’. De là à le saigner chez lui, mon avis est qu’il a mis la main sur un truc qu’il aurait pas dû. Histoire de se refaire.
Ce disant, je m’approche du corps, faisant gaffe à ne pas mettre mes chausses dans le sang. De plus près, c’est encore plus dégueu. Le type qui a fait ça ne lui a laissé aucune chance. J’avise les chaises à côté. J’ai une bonne vue, du genre à remarquer les petits détails, alors je remarque quand il y’en a pas.
-Pas de sang sur les chaises. Je pense qu’il s’est fait chopé par surprise et qu’on lui a pas laissé l’occasion de se justifier. Puis les gars maquillent ça en cambriolage qu’a mal tourné.
-Peut-être bien. Mais on a rien pour remonter jusqu’à ce type.
-Ouai. C’est bien dommage. C’est pas bon pour les chiffres.
A moins d’avoir du succès dans l’enquête de voisinage, mais soyons sérieux. Est-ce que les enquêtes de voisinage servent souvent ? Pas vraiment. Entre ceux qui ne voient jamais rien alors qu’ils habitent à côté d’un dégénéré en apparence sans histoire et ceux qui ne veulent pas se mêler du moindre problème même si la bagarre s’était entendu jusqu’au bout de la rue, on a plus de chance de choper l’adresse de tous les endroits où l’on trouvera surement un “type qui doit connaître quelque chose” que de les voir baver un signalement utile. L’avantage, avec ce genre d’enquête, c’est qu’on peut dire qu’on y a passé la journée alors qu’on finit à la taverne dans l’heure. C'est les petits avantages du métier.
J’ai un sourire énigmatique pour Pancrace, dans le genre à vouloir dire que ça pourrait être un type comme moi. Mais c’est une blague, évidemment, tout le monde sait que je suis un honnête officier Républicain. Gunnar du moins. Géant ou Oni, ça vend tout de suite moins du rêve. Si on s’attend à coincé deux couillons dans une ruelle pour leur apprendre à partager les gains avec les forces de l’ordre, ça devient tout de suite une autre paire de manches quand il s’agit de ce genre de créature. Des fois, je me dis, ces trucs là, on devrait pas les accepter. Ils ne sont pas comme nous. Qui sait ce qu’ils pensent ? On est clairement moins solide qu’eux et un de ces jours, ils en auront marre d’être traités en égal et voudront qu’on s’incline devant eux. Pour sûr. Faudrait réagir avant. Mais c’est aux politicards d’avoir les couilles de prendre les bonnes décisions et tout ce qu’on peut attendre d’eux à l’heure d’aujourd’hui, c’est de s’en mettre plein les poches en prétextant faire ça pour l’intérêt commun pendant que les gens simples comme moi trimont pour une maigre solde. Faut pas s’étonner si on cherche ailleurs d’autres sources de revenus. On est peut-être pas si blanc que ça, plutôt couleur boue, mais on est plus propres que les bourgeois, c’est clair.
Tandis qu’on dézingue le plancher à la recherche d’une planque, j’ai un autre regard pour Pancrace, façon jugement. Un bon gars par certains aspects. Un bon camarade dans l’Office, avec ces grandes qualités comme la procrastination et le détournement de preuves, surtout quand elles sont sonnantes et trébuchantes. Un peu escroc sur les bords. On s’entend bien. En creusant un peu, c’est un sale type. Particulièrement odieux. D’autres diraient taquins. Faut aimer. Je ne suis pas un grand humaniste, mais Pancrace, il n'a probablement jamais appris ce mot.
-Putain, vide.
Là, sous les lattes, un espace servant à stocker des trucs qu’on aimerait pas qu’on lui vole. A la couleur de la crasse sur le bois, il y avait là une boite, très clairement. Retiré, évidemment. Quelque chose de précieux qui auraient probablement conduit Erol au cimetière. ça lui pendait au nez, les raisons ne manquaient pas de l’emmener à abréger sa vie pourrie. Je fais le tour de la pièce du regard, avisant la table. Je me mets à la place du type qui a fait le coup. Je sais, c’est un petit talent caché. Une fois la boite sortie, je me serais dirigé vers la table pour l’ouvrir et m’assurer du contenu. On fouille dans le coin et on trouve un couvercle, justement, balancé contre un mur.
-Tu peux sentir quelque chose ?
-Je vais essayer.
Un autre petit talent, bien plus utile cette fois. Que tout le monde ne peut pas s’offrir. Un cadeau du paternel avant qu’il ne crève bien plus salement que Erol. Difficile de ne pas y penser quand j’utilise l’odorat augmenté. Je renifle. Je fais la grimace.
-Alors ?
-ça sent la pisse.
-Et encore ?
-La pisse et la merde.
Quelle infection. C’est clairement pas toujours un cadeau. Les effluves vous emplissent les narines aux points d’avoir l’impression que l’odeur vous imprègne la peau et l’esprit. J’ai envie de me prendre un gros broc d’eau dans la gueule pour me retirer ce fumé urinaire. Fallait s’attendre à ce que Erol ne fasse pas son ménage de manière hebdomadaire, mais avec l’odeur rance insistante, je dirais même qu’il n’a jamais passé un coup d’eau sur le sol.
-Tu sais rien d’autre sur ce Erol ?
J’hausse un sourcil. J’ai une tête à connaître les traines-savates du port ? Peut-être un peu. Je cogite histoire de me rappeler le peu que je sais.
-C’était un minable. Il n'a jamais réussi grand-chose. Même pas la peine qu’on le chope, si ce n’est pour balancer ces collègues. Il se mettait à table plus vite qu’un perv’ a baissé son fut’. De là à le saigner chez lui, mon avis est qu’il a mis la main sur un truc qu’il aurait pas dû. Histoire de se refaire.
Ce disant, je m’approche du corps, faisant gaffe à ne pas mettre mes chausses dans le sang. De plus près, c’est encore plus dégueu. Le type qui a fait ça ne lui a laissé aucune chance. J’avise les chaises à côté. J’ai une bonne vue, du genre à remarquer les petits détails, alors je remarque quand il y’en a pas.
-Pas de sang sur les chaises. Je pense qu’il s’est fait chopé par surprise et qu’on lui a pas laissé l’occasion de se justifier. Puis les gars maquillent ça en cambriolage qu’a mal tourné.
-Peut-être bien. Mais on a rien pour remonter jusqu’à ce type.
-Ouai. C’est bien dommage. C’est pas bon pour les chiffres.
A moins d’avoir du succès dans l’enquête de voisinage, mais soyons sérieux. Est-ce que les enquêtes de voisinage servent souvent ? Pas vraiment. Entre ceux qui ne voient jamais rien alors qu’ils habitent à côté d’un dégénéré en apparence sans histoire et ceux qui ne veulent pas se mêler du moindre problème même si la bagarre s’était entendu jusqu’au bout de la rue, on a plus de chance de choper l’adresse de tous les endroits où l’on trouvera surement un “type qui doit connaître quelque chose” que de les voir baver un signalement utile. L’avantage, avec ce genre d’enquête, c’est qu’on peut dire qu’on y a passé la journée alors qu’on finit à la taverne dans l’heure. C'est les petits avantages du métier.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Y’a des fois, faut faire des vraies enquêtes de voisinage. Du coup, tu tapes à la porte de tous les voisins, peu importe l’heure du jour ou de la nuit, tu les asticotes pour qu’ils finissent par te raconter que l’autre jour, ça criait chez la victime, que y’avait des créanciers moyennements contents, ou qu’il avait tendance à foutre ses cochonneries dans la poubelle d’à côté. Bref, que des histoires passionnantes.
Quand ça arrive sur le cul, en général, on rigole un peu plus, genre toutes ces mystérieuses jeunes femmes, bien sapées, carrément jolies, jamais la même, qui passent plusieurs fois par semaine et repartent dans la nuit après quelques heures. Ou le peintre qui vient faire des raccords pendant que le mari est au turbin, c’est un grand classique aussi. Parfois, ça dérape dans le scabreux, mais, hé, officier républicain, c’est aussi accepter de fouiller la merde pour éviter qu’elle déborde des égoûts. Donc on touille, et on s’assure que y’ait pas de remontées.
Mais ça, c’est pour les crimes sérieux.
Là, on a un pedzouille des docks, le genre qu’a jamais dû avoir un travail honnête de sa vie, un perdant professionnel qui aura, inévitablement, fini par froisser la mauvaise personne. Faut laisser ce genre de milieux s’auto-réguler pour pas que ça vienne dégénérer sur la place publique, et, pour être tout à fait honnête, Erol va jamais manquer à qui que ce soit.
« Ouais, traînons pas, demandons juste au voisin s’il lui connaissait un lieu de picole privilégié. C’est la piste la plus sérieuse, de toute façon. »
Vingt minutes plus tard, on est accoudé au zinc du Vieux Daron, qui était bien nommé y’a dix piges, moins maintenant que ça a été repris par un p’tit jeune aux bras comme mes cuisses, oreilles en chou-fleur et nez plusieurs fois cassé. Le bouge a pas changé de genre, en tout cas : sol en terre battue qui finit généralement la soirée de façon un peu boueuse, beaucoup de marins qui vont et viennent au gré des marées, et une odeur de moule et de bière de mauvaise qualité. Le genre de coin qui attend pas forcément avec impatience la présence d’officiers républicains fringants et responsables tels que nous, mais on a nos entrées, surtout Gunnar, qui s’est toujours bien entendu avec les gars de la mer.
Ce qui fait qu’on nous lance des regards pas forcément amènes, mais pas non plus trop agressifs. Un genre de patibulaire méfiant, quoi.
On descend en quelques gorgées la première moitié de nos bières, histoire de se désaltérer. Gunnar a de la mousse dans la moustache, et il adresse un grand sourire au taulier.
« Alors, Gunnar, qu’est-ce qui t’amène aussi tôt ? Demande le patron.
- Ah, le crime ne dort jamais, et, par conséquent, nous non plus. Tu sais comment c’est.
- Pas tellement, mais je te crois sur parole. S’est passé quoi ?
- On a retrouvé Erol Graven, canné chez lui, que j’lâche.
- Oh, merde.
- Plutôt, ouais. Donc on essaie de se renseigner sur les coins où il zonait, les gens à qui il causait, des fois que.
- Des fois que ?
- Des fois que y’ait un truc.
- Ah, c’pour ça que vous êtes là.
- Plus ou moins. Après l’effort, le réconfort, aussi, ajoute Gunnar.
- Ca, c’est jamais moi qui dirai autre chose, ça serait pas bon pour les affaires.»
On s’arrête quelques instants pour descendre encore davantage la bière. L’enquête continue fort, là, on le sent bien. C’est juste que y’a pas forcément des trucs à trouver.
« Et du coup, en parlant d’affaires, elles allaient comment, celles d’Erol ?
- Comment ça ?
- Oh, est-ce qu’il avait beaucoup de dettes en ce moment, par exemple…
- Les gars comme Erol, ils ont des ardoises un peu partout, qu’ils payent au fur et à mesure, plus ou moins difficilement. Lui, ça faisait des années qu’il s’accrochait comme ça, et j’avais pas trop de raison de m’en plaindre, personnellement. Il lui fallait un coin de repli, et le Vieux Daron collait à ça.
- Donc y’a des gens qui venaient le chercher ?
- Bah, depuis toujours.
- Et c’était un peu différent, ces derniers temps ? Des types plus méchants qu’avant, ou alors il serait subitement tombé en veine ? Genre une hausse de sa consommation ? »
Il hausse les épaules.
« Pas ici, en tout cas. Mais on le voyait moins, ces derniers temps. Je me suis dit qu’il était tellement en rade qu’il montrait pas le bout de son nez. Peut-être qu’il était ailleurs, si c’est ce que vous pensez. »
Et c’est comme ça que l’enquête s’arrête, j’suppose. Il a pas envie de servir d’indic aux bourres, ça serait mauvais pour ses affaires, et il a pas l’air d’en savoir bien davantage dans tous les cas. On finit de sécher nos pintes, et on sort tranquillement. J’adresse un clin d’oeil à un marin qui fronce les sourcils, mon côté charmeur et provocateur, et on retrouve la lumière du soleil qui s’lève tranquillement.
« Une idée, Gunnar ? »
Quand ça arrive sur le cul, en général, on rigole un peu plus, genre toutes ces mystérieuses jeunes femmes, bien sapées, carrément jolies, jamais la même, qui passent plusieurs fois par semaine et repartent dans la nuit après quelques heures. Ou le peintre qui vient faire des raccords pendant que le mari est au turbin, c’est un grand classique aussi. Parfois, ça dérape dans le scabreux, mais, hé, officier républicain, c’est aussi accepter de fouiller la merde pour éviter qu’elle déborde des égoûts. Donc on touille, et on s’assure que y’ait pas de remontées.
Mais ça, c’est pour les crimes sérieux.
Là, on a un pedzouille des docks, le genre qu’a jamais dû avoir un travail honnête de sa vie, un perdant professionnel qui aura, inévitablement, fini par froisser la mauvaise personne. Faut laisser ce genre de milieux s’auto-réguler pour pas que ça vienne dégénérer sur la place publique, et, pour être tout à fait honnête, Erol va jamais manquer à qui que ce soit.
« Ouais, traînons pas, demandons juste au voisin s’il lui connaissait un lieu de picole privilégié. C’est la piste la plus sérieuse, de toute façon. »
Vingt minutes plus tard, on est accoudé au zinc du Vieux Daron, qui était bien nommé y’a dix piges, moins maintenant que ça a été repris par un p’tit jeune aux bras comme mes cuisses, oreilles en chou-fleur et nez plusieurs fois cassé. Le bouge a pas changé de genre, en tout cas : sol en terre battue qui finit généralement la soirée de façon un peu boueuse, beaucoup de marins qui vont et viennent au gré des marées, et une odeur de moule et de bière de mauvaise qualité. Le genre de coin qui attend pas forcément avec impatience la présence d’officiers républicains fringants et responsables tels que nous, mais on a nos entrées, surtout Gunnar, qui s’est toujours bien entendu avec les gars de la mer.
Ce qui fait qu’on nous lance des regards pas forcément amènes, mais pas non plus trop agressifs. Un genre de patibulaire méfiant, quoi.
On descend en quelques gorgées la première moitié de nos bières, histoire de se désaltérer. Gunnar a de la mousse dans la moustache, et il adresse un grand sourire au taulier.
« Alors, Gunnar, qu’est-ce qui t’amène aussi tôt ? Demande le patron.
- Ah, le crime ne dort jamais, et, par conséquent, nous non plus. Tu sais comment c’est.
- Pas tellement, mais je te crois sur parole. S’est passé quoi ?
- On a retrouvé Erol Graven, canné chez lui, que j’lâche.
- Oh, merde.
- Plutôt, ouais. Donc on essaie de se renseigner sur les coins où il zonait, les gens à qui il causait, des fois que.
- Des fois que ?
- Des fois que y’ait un truc.
- Ah, c’pour ça que vous êtes là.
- Plus ou moins. Après l’effort, le réconfort, aussi, ajoute Gunnar.
- Ca, c’est jamais moi qui dirai autre chose, ça serait pas bon pour les affaires.»
On s’arrête quelques instants pour descendre encore davantage la bière. L’enquête continue fort, là, on le sent bien. C’est juste que y’a pas forcément des trucs à trouver.
« Et du coup, en parlant d’affaires, elles allaient comment, celles d’Erol ?
- Comment ça ?
- Oh, est-ce qu’il avait beaucoup de dettes en ce moment, par exemple…
- Les gars comme Erol, ils ont des ardoises un peu partout, qu’ils payent au fur et à mesure, plus ou moins difficilement. Lui, ça faisait des années qu’il s’accrochait comme ça, et j’avais pas trop de raison de m’en plaindre, personnellement. Il lui fallait un coin de repli, et le Vieux Daron collait à ça.
- Donc y’a des gens qui venaient le chercher ?
- Bah, depuis toujours.
- Et c’était un peu différent, ces derniers temps ? Des types plus méchants qu’avant, ou alors il serait subitement tombé en veine ? Genre une hausse de sa consommation ? »
Il hausse les épaules.
« Pas ici, en tout cas. Mais on le voyait moins, ces derniers temps. Je me suis dit qu’il était tellement en rade qu’il montrait pas le bout de son nez. Peut-être qu’il était ailleurs, si c’est ce que vous pensez. »
Et c’est comme ça que l’enquête s’arrête, j’suppose. Il a pas envie de servir d’indic aux bourres, ça serait mauvais pour ses affaires, et il a pas l’air d’en savoir bien davantage dans tous les cas. On finit de sécher nos pintes, et on sort tranquillement. J’adresse un clin d’oeil à un marin qui fronce les sourcils, mon côté charmeur et provocateur, et on retrouve la lumière du soleil qui s’lève tranquillement.
« Une idée, Gunnar ? »
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Il va falloir rentrer histoire de classer cette affaire, du moins, de manière officielle…
Je laisse traîner ma phrase dans l’air et je sens Pancrace me couler un regard par en dessous de celui qui comprend bien qu’il y a quelque chose d'autre qui doit suivre et que généralement, ça joue dans le domaine de l’officieux. C’est que je vous ai peut-être pas tout dit, mais je cherchais à avoir des informations. Que j’ai fini par avoir. Ya une demi-heure, sous prétexte d’avoir une envie pressante parce qu’on sait tous qu’une pinte, c’est une pisse ; et deux tartines, mais là n’est pas la question ; j’ai retrouvé un indic’ dans les chiottes. Dans l’Office Républicain, on a tous ces petits contacts avec des crapules du même gabarit que Erol. Du genre à accepter de baver une information contre un peu de monnaie puis on se sépare. Le type est entré dans le rade et a failli faire demi-tour en me voyant. Je l’ai capté avant. Il s’est immobilisé et je lui ai bien fait comprendre qu’il tombait à pic. Le hasard direz-vous ? Quand il se passe des choses pas très nettes, il y a toujours les mouches qui s’agitent autour. Le voir débouler dans la taverne, j’ai tout de suite reniflé qu’il savait quelque chose, le tout sans utiliser de pouvoir. C’est ce qu’on appelle l’instinct du Limier. Alors, je l’ai plaqué contre un mur et j’ai eu ce que je voulais avant de le relâcher et de lui filer de quoi boire quelques coups à ma santé. Faut prendre soin de ces indics, mais pas trop. Ils sont sûrement les indics de bien d’autres officiers républicains et il va vendre ses informations à tout le monde. Faut pas les enrichir, ces balances.
Du coup, je me retrouve avec Pancrace dans le dos, attendant que je finisse ce que j’ai à dire. On pourrait croire que c’est dangereux, mais je sais que mon collègue est plutôt pragmatique et qu’il n’est pas du genre à faire de l’excès de zèle.
-J’ai eu un tuyau.
-Ah ouai ? Je me disais que t’étais bien que t’étais long à pisser.
-Il voulait pas causer vite.
-Pas très sympa, ça.
-Ouai, y’a plus de respect pour l’uniforme de nos jours.
-Et c’est quoi donc ?
On perd pas le nord.
-A priori, Erol a mis la main sur des bijoux de familles pirates, sortis de l'île de Kaizoku en profitant de la loi martiale. Le genre de truc précieux hérité sur des générations qui valent une certaine somme, une grosse valeur affective et la haine éternelle du clan pirate en question.
-Ca serait eux qui l’aurait suriner ?
-Je penche plus pour ceux qui ont sorti les bijoux de l'île. Surtout parce que si c’est les pirates, ils doivent avoir mis les voiles depuis le temps.
-Et adieu nos suspects.
J’ai un petit sourire. Que Pancrace s’inquiète de la fuite de nos suspects, c’est assez comique. Un sorte de jeu pour se donner une bonne image d’officier républicain alors que déjà, il commence à cogiter pour son propre compte. J’aurais fait pareil.
-Dans tous les cas, on ne pourra jamais coffrer les coupables. Faut une bonne enquête, des preuves, des témoins, tout ça.
-Une denrée rare.
-Exactement. On pourra que classer l’affaire.
-Mais…
-Il y a toujours moyen de mettre la main sur cette cargaison.
-ça ne serait que Justice de retirer des mains de ces brigands ces objets précieux.
-C’est là où je voulais en venir, oui.
On se regarde. Dans l’imaginaire collectif, on rendrait les biens et tout le monde serait content. Dans la vraie vie de la véritable, on partagerait les bénéfices. En même temps, il est question de pirates, alors, ces bijoux, ils ont probablement été volé un jour. voler à un voleur, est-ce vraiment voler ?
C’est un coup à essayer. ça tombe, on arrivera à rien. Puis, on peut aussi tabler sur nos amis de l'île de Kaizoku. Pour sûr qu’ils vont vouloir récupérer leur héritage, quitte à zigouiller les coupables en chemin. Et clairement, il faut pas se mettre en travers du chemin d’une bande de pirates passablement énervée par s’être fait voler et par l’obligation de poser le pied sur la terre de la République. On pourrait se retrouver entre deux feux. peut-être même qu’ils sont déjà dans la ville. Pancrace sera pas de trop. je sais qu’il a quelques talents qu’il veut pas forcément montrer, jouant bien la vierge effarouchée.
-T’as pas des oreilles dans le milieu du recel de ce genre de truc ?
C’est qu’il s’agit de faire bosser tous les indics.
Je laisse traîner ma phrase dans l’air et je sens Pancrace me couler un regard par en dessous de celui qui comprend bien qu’il y a quelque chose d'autre qui doit suivre et que généralement, ça joue dans le domaine de l’officieux. C’est que je vous ai peut-être pas tout dit, mais je cherchais à avoir des informations. Que j’ai fini par avoir. Ya une demi-heure, sous prétexte d’avoir une envie pressante parce qu’on sait tous qu’une pinte, c’est une pisse ; et deux tartines, mais là n’est pas la question ; j’ai retrouvé un indic’ dans les chiottes. Dans l’Office Républicain, on a tous ces petits contacts avec des crapules du même gabarit que Erol. Du genre à accepter de baver une information contre un peu de monnaie puis on se sépare. Le type est entré dans le rade et a failli faire demi-tour en me voyant. Je l’ai capté avant. Il s’est immobilisé et je lui ai bien fait comprendre qu’il tombait à pic. Le hasard direz-vous ? Quand il se passe des choses pas très nettes, il y a toujours les mouches qui s’agitent autour. Le voir débouler dans la taverne, j’ai tout de suite reniflé qu’il savait quelque chose, le tout sans utiliser de pouvoir. C’est ce qu’on appelle l’instinct du Limier. Alors, je l’ai plaqué contre un mur et j’ai eu ce que je voulais avant de le relâcher et de lui filer de quoi boire quelques coups à ma santé. Faut prendre soin de ces indics, mais pas trop. Ils sont sûrement les indics de bien d’autres officiers républicains et il va vendre ses informations à tout le monde. Faut pas les enrichir, ces balances.
Du coup, je me retrouve avec Pancrace dans le dos, attendant que je finisse ce que j’ai à dire. On pourrait croire que c’est dangereux, mais je sais que mon collègue est plutôt pragmatique et qu’il n’est pas du genre à faire de l’excès de zèle.
-J’ai eu un tuyau.
-Ah ouai ? Je me disais que t’étais bien que t’étais long à pisser.
-Il voulait pas causer vite.
-Pas très sympa, ça.
-Ouai, y’a plus de respect pour l’uniforme de nos jours.
-Et c’est quoi donc ?
On perd pas le nord.
-A priori, Erol a mis la main sur des bijoux de familles pirates, sortis de l'île de Kaizoku en profitant de la loi martiale. Le genre de truc précieux hérité sur des générations qui valent une certaine somme, une grosse valeur affective et la haine éternelle du clan pirate en question.
-Ca serait eux qui l’aurait suriner ?
-Je penche plus pour ceux qui ont sorti les bijoux de l'île. Surtout parce que si c’est les pirates, ils doivent avoir mis les voiles depuis le temps.
-Et adieu nos suspects.
J’ai un petit sourire. Que Pancrace s’inquiète de la fuite de nos suspects, c’est assez comique. Un sorte de jeu pour se donner une bonne image d’officier républicain alors que déjà, il commence à cogiter pour son propre compte. J’aurais fait pareil.
-Dans tous les cas, on ne pourra jamais coffrer les coupables. Faut une bonne enquête, des preuves, des témoins, tout ça.
-Une denrée rare.
-Exactement. On pourra que classer l’affaire.
-Mais…
-Il y a toujours moyen de mettre la main sur cette cargaison.
-ça ne serait que Justice de retirer des mains de ces brigands ces objets précieux.
-C’est là où je voulais en venir, oui.
On se regarde. Dans l’imaginaire collectif, on rendrait les biens et tout le monde serait content. Dans la vraie vie de la véritable, on partagerait les bénéfices. En même temps, il est question de pirates, alors, ces bijoux, ils ont probablement été volé un jour. voler à un voleur, est-ce vraiment voler ?
C’est un coup à essayer. ça tombe, on arrivera à rien. Puis, on peut aussi tabler sur nos amis de l'île de Kaizoku. Pour sûr qu’ils vont vouloir récupérer leur héritage, quitte à zigouiller les coupables en chemin. Et clairement, il faut pas se mettre en travers du chemin d’une bande de pirates passablement énervée par s’être fait voler et par l’obligation de poser le pied sur la terre de la République. On pourrait se retrouver entre deux feux. peut-être même qu’ils sont déjà dans la ville. Pancrace sera pas de trop. je sais qu’il a quelques talents qu’il veut pas forcément montrer, jouant bien la vierge effarouchée.
-T’as pas des oreilles dans le milieu du recel de ce genre de truc ?
C’est qu’il s’agit de faire bosser tous les indics.
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Pancrace Dosian
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« Ca doit se trouver. Un gars, notamment, un peu en retrait des docks, à qui j'ai rendu service y'a quelques temps, et depuis, on s'entend bien. »
Une manière bien polie de dire que j'lui suis tombé dessus comme la misère sur le pauvre monde quand il s'est avéré qu'il avait en sa possession des bijoux dérobés le matin-même à une bourgeoise en visite, mais la daronne avec les bons amis, ceux sur les panards desquels on évite de marcher. J'ai plus ou moins maquillé le truc pour qu'il passe au travers des mailles du filet, moyennant quelques... retours sur investissement.
« Du coup, j'passe régulièrement le voir, il est toujours ravi : un officier républicain dans son boui-boui, ça fait prestige.
- Evidemment, abonde Gunnar. »
On pousse la porte du mont-de-piété, et j'lui adresse un large sourire, celui du gars content de retrouver un de ses meilleurs potes, rien que ça.
« Bordel, mais t'es encore là, toi ?
- Hé ouais ! Toujours ouvert, on t'a pas encore fait fermer, à ce que j'vois. »
C'est l'amitié virile et vache, bien entendu.
Il baisse d'un ton.
« J'ai déjà payé ce mois-ci et...
- T'inquiète, c'est pas pour ça. »
Gunnar fait mine de rien entendre par politesse -ça se fait pas d'espionner les affaires des copains, et observe attentivement une longue-vue avec une baleine sculptée dessus, présentée comme une oeuvre rare originaire de Kaizoku. A tous les coups, c'est un menuisier du Reike qu'a jamais vu la mer qu'a fait ça, à voir comme le poiscaille est difforme, mais j'veux faire de la peine à personne.
« On se demandait si y'avait des cargaisons de bijoux qui traînaient en ce moment. Plutôt originaires de coins récemment admis dans le grand giron aimant de la République.
- Mmmh... »
Klaus se mâche la moustache, et à voir comme il cogite, on sait déjà que c'est pas lui. La question, c'est de savoir s'il sait quoi que ce soit, dans l'absolu.
« S'pourrait que des gars soit à la recherche de la p'tite caisse, eux aussi. Genre assez bronzés, assez salés, aussi, pas forcément hyper recommandables.
- Pas recommandables à quel point ?
- Pas pires que des officiers républicains sur la piste du crime, il va sans dire. »
On croise nos regards, et derrière moi, Gunnar fait comme une ombre qu'est forcément menaçante avec son gabarit. Klaus soupire.
« A mon avis, faut aller voir au tripot du Siméon, dans l'arrière-salle. Dites pas que vous venez de ma part, hein ?
- Surtout pas. On voudrait pas être mal reçu. Allez, on file. »
Cette cargaison de bijoux, si tout le monde sait vraiment où elle est, ça va devenir sacrément puant de l'avoir, surtout si les pirates sont vraiment aussi teigneux que Gunnar semble le croire. Appeler les renforts ? C'est risquer de faire une croix dessus, et j'sens bien qu'aucun de nous deux est bien chaud. C'est qu'on a beaucoup de choses à faire avant de bouffer les pissenlits par la racine, et que le temps nous file entre les doigts.
Dehors, on voit que l'heure a bien tourné. J'me tourne vers mon camarade.
« On y va maintenant ? C'est à deux pas et y'a des chances que ce soit pas encore ouvert. Si on veut une chance d'élucider cette affaire au clair avant que ça soit trop le bordel, c'est plutôt le bon moment.
- La Justice n'attend pas, pas vrai ?
- Toujours vrai. »
Au judas, on montre nos gueules, et le gorille de l'entrée nous fait entrer avant de grommeller qu'il va aller chercher son patron. On s'pose tranquillement dans la salle, au milieu des bonneteaux et des cartes écornées. J'colle les pieds sur la table sous le regard désapprobateur d'un barman qui essuie quelques verres avec un torchon sale, et j'commence à me curer les ongles, avant de trouver le temps salement long. C'est que ça doit bien faire dix minutes qu'on est là, et que ni le vigile ni son chef se sont radinés. C'est pas que j'ai pas l'habitude qu'on me fasse attendre d'habitude, mais c'est rarement comme ça. Si ça arrive, c'est qu'il se passe forcément un truc et...
Gunnar est le premier debout, et en deux enjambées, il est à la porte qui mène à la cave. L'escalier est pas terrible, mais il suffit à nous emmener là où on veut aller : un sous-sol au plancher de bois, murs en pierre de taille, avec des tables plus larges, p'tet pour les grosses mises, un bar encore plus fourni qu'en haut, et des couloirs qui en partent. Personne ici.
On enfile l'entrée de service, et un coude pour arriver à une autre pièce, plus spacieuse, avec une estrade, un rideau un peu mité maintenant, et un gros coffre derrière, le genre bardé d'acier. Ahah. Si y'a un machin précieux, j'ose parier que ce sera ici. Le seul souci, c'est qu'on est pas seul : si y'a le vieux Siméon et ses deux casseurs de genoux, y'a aussi Bran, le pâlichon, pas l'autre, un glandu d'un gang qui trempe dans pas mal de p'tits trafics.
« Hé bah alors, fallait nous inviter plus tôt. A plusieurs, la fête est plus folle, non ? »
On attire tous les regards, et maintenant, l'est temps de faire le récital.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Il y a différents types de récitals. Il y a celui qu’on connait pas coeur, celui du Code Civil qu’on respecte presque parfaitement, mais que ça ne cause pas trop de problèmes parce que ceux en face de nous ont rarement pris le temps de le lire, et encore moins de le retenir, alors qu’ils seront les premiers à gueuler “je connais mes droits” une fois à plat ventre d’un chariot direction l’Office. Un récital à base de déposition, de prise de témoignages et de pleins d’invitations à garder son calme pour que la justice puisse faire son travail et que plus ils y metteront du leur, mieux ça se passera ; vous connaissez l’outrage à agent ? Et puis, il y a l’autre. Celui qu’on a dans le sang. Celui qui fait battre l’adrénaline en frappant vite et fort. Parce qu’il faut dire qu'on n'est pas arrivé avec nos gueules d’Officier Républicain, oh que non. Vous imaginez ce genre d’établissement ouvrir à deux membres des forces de l’ordre, même si c’est nous ? Impossible. Du moins, sans avoir cinq gros pour vous empêcher de vagabonder dans les étages réservés à une clientèle plus apte à dilapider des petites fortunes et pas juste de l’argent devant servir à nourrir les gosses. On est personne. Et ce n'est pas le froncement de sourcil de Siméon qui va changer les choses.
-Mais… j’vous connais non ?
Peut-être bien qu’il connaît plus la maréchaussée qu’on aimerait le croire. Pancrace gagne du temps.
-Tu dois me confondre avec un autre, même si je suis plutôt beau gosse.
J’ai la capuche sur la tête, mais on peut me reconnaître. C’est le souci à friser avec le crime, c’est qu'il ne faut jamais trop se mouiller. Si les pires crevures savent que vous êtes un vendu, ils ont ce contrôle sur vous. Faut pas laisser la moindre pogne vous retenir par le col, ou alors, vous serez à jamais un de leur sbire. Et qui veut être un sbire ? L’entrée en scène n’est, en tout cas, pas du goût de Bran qui éructe de colère, la main dans sa veste, sûrement sur son canif.
-Qu’est ce que c’est que cette histoire, Siméon ? Tu veux nous doubler ?
-Non mais t’es con.
Il y a un instant de flottement. Les deux bourrins n’attendent qu’un ordre pour faire ce pourquoi ils sont payés : obéir. C’est important de respecter les ordres. Faudrait pas écraser un client parce qu’il a voulu être subtil, trop subtil pour Jean et José. La subtilité, c’est pour des gens comme nous, Siméon et peut-être Bran, même s’il a l’air quand même un peu con. Cet instant de flottement, il faut en profiter avec que les esprits se calment et viennent se mettre d’accord que les deux gus dans notre genre n’ont rien à faire ici, surtout quand on n’a pas été invité, pour une histoire qui sent bon les emmerdes si on n’y fait pas gaffe.
Je deviens invisible.
ça prend deux secondes et on me regarde disparaître en grimaçant. Surtout Pancrace. peut-être que ça ne lui plait pas de rester le seul visible ici. Heureusement, je pense à lui. C’est important de penser aux collègues. D’un bond, j'atterris à côté du comptoir servant à alimenter les futurs enchérisseurs en alcool divers, parce que c’est bien connu, l’ivresse vous fait faire les pires choses. Je prends les godets à disposition, affectueusement rendu plus propre que ceux de l’étage ; le fruit d’un travail consciencieux qui va être réduit à nénat ; je les balance avec une grande précision sur les sur les lanternes éclairant le sous-sol. ça se brise et en une poignée de seconde, on se retrouve dans le noir complet.
-STOPPEZ LES !
Tout de suite, faut que ça gueule. Je profite de ma nyctalopie pour aviser la scène tandis que Jean et José entre en action, avançant dans nos positions approximatives, balayant l’air de leur bras massif et fracassant des chaises sur leur passage. Se faire choper par ces bras, c’est un allé simple vers de gros ennuis. Je préfère les laisser à un homme plein de talent comme Pancrace et je bondis vers le coffre. Je veux l’ouvrir, mais rien ne bouge. Fallait bien que la clé ne soit pas dessus, hein. Je me retourne et j’ai un bref échange de regard avec mon collègue dont le visage s'est métamorphosé subtilement ; histoire d'être pas reconnu ; au milieu de ce qu’il a à faire. J’ai pensé à partir avec le magot sans lui. Je sais qu’il a pensé à ce que j’ai pensé. C’est de bonne guerre. Il aurait fait pareil. Mais ce n'est certainement pas l’idée du siècle de faire de ce genre de coup à son collègue de casier à l’Office. C’est une occasion à ce qu’il le prenne mal et qu’il l'abîme. ça ne serait vraiment pas très gentil.
Je balaie la pièce du regard, pile au moment de voir débouler trois autres types qui attendaient à côté, alertés par les cris. Surement les copains de Bran qui patientaient sagement à côté. La porte ouverte laisse passer un peu de lumière, à mon plus grand désarroi. Quelle ironie pour ces gens qui aiment bien rester dans l’ombre, ils sont en train de chercher la lumière. L’un des nouveaux arrivant tente même de rallumer une lampe, histoire d'éclairer le fond de la pièce, là où je suis, typiquement. ça peut devenir compliqué, dans les instants à venir, surtout qu’il y a aussi du personnel à l’étage. Alors je me saisis du coffre, qui porte son poids, il faut bien le dire, mais il n’est pas fixé au sol, ce qui est bien à mon avantage. Il est temps de se barrer. On regardera ce qu’il a dedans plus tard, à tête reposée.
-Mais… j’vous connais non ?
Peut-être bien qu’il connaît plus la maréchaussée qu’on aimerait le croire. Pancrace gagne du temps.
-Tu dois me confondre avec un autre, même si je suis plutôt beau gosse.
J’ai la capuche sur la tête, mais on peut me reconnaître. C’est le souci à friser avec le crime, c’est qu'il ne faut jamais trop se mouiller. Si les pires crevures savent que vous êtes un vendu, ils ont ce contrôle sur vous. Faut pas laisser la moindre pogne vous retenir par le col, ou alors, vous serez à jamais un de leur sbire. Et qui veut être un sbire ? L’entrée en scène n’est, en tout cas, pas du goût de Bran qui éructe de colère, la main dans sa veste, sûrement sur son canif.
-Qu’est ce que c’est que cette histoire, Siméon ? Tu veux nous doubler ?
-Non mais t’es con.
Il y a un instant de flottement. Les deux bourrins n’attendent qu’un ordre pour faire ce pourquoi ils sont payés : obéir. C’est important de respecter les ordres. Faudrait pas écraser un client parce qu’il a voulu être subtil, trop subtil pour Jean et José. La subtilité, c’est pour des gens comme nous, Siméon et peut-être Bran, même s’il a l’air quand même un peu con. Cet instant de flottement, il faut en profiter avec que les esprits se calment et viennent se mettre d’accord que les deux gus dans notre genre n’ont rien à faire ici, surtout quand on n’a pas été invité, pour une histoire qui sent bon les emmerdes si on n’y fait pas gaffe.
Je deviens invisible.
ça prend deux secondes et on me regarde disparaître en grimaçant. Surtout Pancrace. peut-être que ça ne lui plait pas de rester le seul visible ici. Heureusement, je pense à lui. C’est important de penser aux collègues. D’un bond, j'atterris à côté du comptoir servant à alimenter les futurs enchérisseurs en alcool divers, parce que c’est bien connu, l’ivresse vous fait faire les pires choses. Je prends les godets à disposition, affectueusement rendu plus propre que ceux de l’étage ; le fruit d’un travail consciencieux qui va être réduit à nénat ; je les balance avec une grande précision sur les sur les lanternes éclairant le sous-sol. ça se brise et en une poignée de seconde, on se retrouve dans le noir complet.
-STOPPEZ LES !
Tout de suite, faut que ça gueule. Je profite de ma nyctalopie pour aviser la scène tandis que Jean et José entre en action, avançant dans nos positions approximatives, balayant l’air de leur bras massif et fracassant des chaises sur leur passage. Se faire choper par ces bras, c’est un allé simple vers de gros ennuis. Je préfère les laisser à un homme plein de talent comme Pancrace et je bondis vers le coffre. Je veux l’ouvrir, mais rien ne bouge. Fallait bien que la clé ne soit pas dessus, hein. Je me retourne et j’ai un bref échange de regard avec mon collègue dont le visage s'est métamorphosé subtilement ; histoire d'être pas reconnu ; au milieu de ce qu’il a à faire. J’ai pensé à partir avec le magot sans lui. Je sais qu’il a pensé à ce que j’ai pensé. C’est de bonne guerre. Il aurait fait pareil. Mais ce n'est certainement pas l’idée du siècle de faire de ce genre de coup à son collègue de casier à l’Office. C’est une occasion à ce qu’il le prenne mal et qu’il l'abîme. ça ne serait vraiment pas très gentil.
Je balaie la pièce du regard, pile au moment de voir débouler trois autres types qui attendaient à côté, alertés par les cris. Surement les copains de Bran qui patientaient sagement à côté. La porte ouverte laisse passer un peu de lumière, à mon plus grand désarroi. Quelle ironie pour ces gens qui aiment bien rester dans l’ombre, ils sont en train de chercher la lumière. L’un des nouveaux arrivant tente même de rallumer une lampe, histoire d'éclairer le fond de la pièce, là où je suis, typiquement. ça peut devenir compliqué, dans les instants à venir, surtout qu’il y a aussi du personnel à l’étage. Alors je me saisis du coffre, qui porte son poids, il faut bien le dire, mais il n’est pas fixé au sol, ce qui est bien à mon avantage. Il est temps de se barrer. On regardera ce qu’il a dedans plus tard, à tête reposée.
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Pancrace Dosian
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J'peux pas dire que le noir me dérange. Une pensée me suffit à lancer un sort de nyctalopie, et tout devient plus clair, ce qu'est pas forcément le cas de mes petits camarades. Ma pogne se tend vers le gourdin, par la force de l'habitude, mais j'suis pas tant là en tant qu'officier républicain, à bien y réfléchir.
Et j'suis pas certain qu'un coup de massue, même sur le crâne, fasse quelque chose aux deux bourrins au vu de leur gabarit. Donc j'prends mon couteau, et j'recule prudemment pendant que Gunnar fait des trucs, dont faire disparaître le coffre en l'attrapant sous invisibilité. Il se démerdera sûrement pour sortir, donc vaut mieux que j'traîne pas trop dans le coin, des fois qu'ils trouvent une lanterne ou une torche, ce qui devrait pas tarder.
Un des gorilles est de dos, alors il récolte deux coups de surin sous les côtes et s'effondre au sol en gueulant, alors j'bondis par-dessus une chaise renversée tandis que ça se précipite vers lui. Pas pour l'aider, bien évidemment : ils supposent juste que quelqu'un est dans le coin et essaient de l'attraper par le col. Plié en deux, j'laisse un bras passer au-dessus de moi en retenant mon souffle, puis j'marche à pas mesurés vers l'escalier.
J'me souviens plus s'il avait grincé quand on était descendu, donc y'a plus qu'à espérer que le vacarme fera le travail, à moins que... J'choppe un tabouret qui traîne, et j'le lance en cloche du côté du bar, où il va s'éclater dans les verres et les bouteilles, avec un beau fracas de faux cristal et de liquide renversé. Presqu'envie de lancer une étincelle pour parachever l'ouvrage, mais ça ferait p'tet un peu trop désordre. Après tout, on a eu ce qu'on voulait, pas de raison de s'éterniser.
On reste purement professionnel.
L'escalier grince bien, plus qu'un peu, même, donc j'espère qu'ils ont pas trop entendu, mais on dirait pas. En haut, j'tape un mur et j'cligne des yeux.
« Fais gaffe ! Chuchote Gunnar.
- T'es invisible et dans le chemin, fais un effort, merde, que j'rétorque sur le même ton.
- Oui, bon. Je vais rester comme ça pour le coffre. Tu sais où on pourrait le stocker ?
- Pas de planque. Chez le macchab' ?
- Hm, oui, ça devrait le faire. »
Pas question que je rapporte ça chez moi, et j'pense que c'est la même pour le collègue.
J'coupe à travers les passants en arborant fièrement mon insigne, et on retourne vers les docks et la piaule d'Erol. Dans mon sillage, Gunnar suit tant bien que mal en portant le coffre, et quand j'pousse la porte, j'lui laisse le temps de rentrer derrière moi avant de refermer. Les croque-morts sont déjà passés, donc le cadavre a disparu. Par contre, pas encore eu de nouvelles de la femme de ménage ou du proprio, donc c'est toujours un sacré bordel, avec une belle flaque de sang, maintenant séché, au milieu de la pièce.
On vérifie que les volets sont bien fermés, on met le loquet à la porte, le genre qui retiendrait pas bien longtemps un pickpocket de douze ans ou quelqu'un d'un peu énervé avec une paire de chaussures. Puis le coffre apparaît, du bois classique, bien poncé et vernis, même si ça s'écaille visiblement. Clairement un coffre de marin, en prime, alors on peut pas retenir un sourire complice.
Ca fait toujours chaud au coeur, de voir un travail honnête récompensé, après tout.
Y'a plus de verrou dessus, donc on vire les crochets et on ouvre le couvercle. A l'intérieur, ça rate pas, y'a quelques babioles sans grande valeur. Mais, habitués des fouilles, on tape direct le double-fond pour sortir enfin quelque chose d'un peu plus intéressant : chaînes en or, quelques pierres semi-précieuses, pas mal d'argent et de la perle. Voilà qui devrait nous mettre à l'abri quelques temps, en tout cas jusqu'à ce que ce soit flambé.
« J'peux prendre la grosse chaîne en or ? »
Un peu voyante, mais j'aime bien son style, et j'pense qu'elle se revendra bien d'ici quelques semaines.
« D'accord si tu me laisses les perles, qu'il répond.
- Vendu. Le lapis ?
- Je prends ces deux chaînes en argent.
- Moi celles-là, alors.
- J'aurais bien pris celle-là, cela dit.
- Hm... Contre le topaze ?
- Tope là. »
On négocie comme des putains de marchands, et à la fin, j'pense qu'on s'en sort à des butins équivalents. Le critère différenciant si c'était un concours, c'est à combien les revendeurs vont nous les prendre, et ça se voit qu'on a des contacts différents : on a vraiment des catégories de biens différents, plutôt or et pierres pour moi, argent et perles pour lui. Marrant, ça, quand même. Ou alors c'est nos sensibilités, j'sais pas trop.
On s'serre la pogne, satisfaits, quand on s'met à entendre du bruit à la porte, genre plus de cinq personnes. Les gars qu'on a braqués ? Nan, dirait pas...
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Gunnar Bremer
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Les nouveaux venus commencent à trifouiller la serrure de façon à faire ça de manière tout à fait discrète, mais quand ils s’apercevront que le loquet est mis et que, par conséquent, il doit avoir quelqu’un de vivant à l’intérieur, ils ne vont pas tarder à user de la manière forte. ça, on y pense tous les deux. Et même si on est des partenaires d’aventures, pour ne pas dire “crime”, car s’en est pas un ; voler les voleurs, est-ce un vol ? Je vous laisse penser à ça. Pancrace se dirige vers un volet annexe et l’entrouvre. ça commence déjà à frapper contre la porte. Les gars vont surveiller les fenêtres s’ils ont deux sous de jugeote et je pense qu’ils en ont. On va se faire cueillir à passer de manière traditionnelle. Sauf qu’on a l’habitude des méthodes peu conventionnelles et alors que Pancrace fixe les hauteurs, moi, je passe en invisible avec l’espoir de passer entre les gouttes. Au cinquième coup d’épaules, la porte souffre, mais elle tient suffisamment longtemps pour que Pancrace se téléporte à l’extérieur, sur le toit d’en face, dans un endroit qu’ils ne penseront sûrement pas à regarder, et puis ils auront bien du mal à le suivre. Pas de regard en arrière, en même temps, il ne me voit pas et on n'est pas des sentimentaux de toute façon.
La porte saute et les gars rentrent, fouillant les lieux du regard. Comme Pancrace l’avait deviné, ce n’est pas ceux qu’on a volé, mais des gueules de marins bien marquées par le sel et l'effort. Moi aussi, je m’y attendais. Je l’espérais même. ça allait faciliter les choses. Adossé au mur, je fais tomber le pouvoir d’invisibilité. Instantanément, j’ai quatre coupe-choux qui sortent dans la pénombre, prêts à me refaire le portrait que je cache sous ma capuche. Les bras croisés, j’ai pas l’air d’être une menace, alors le chef du petit groupe s’avance, me dévisageant par en-dessous, ça gueule se fendant d’un sourire qui oscille avec la grimace.
-Eustache, c’est ça ?
-Lui-même.
Je vous ai peut-être pas tout dit. Et encore moins à Pancrace. On ne dit jamais tout, faut pas être dupe. Juste ce qu’il faut au moment les plus opportuns. Est-ce que Pancrace s’est retrouvé dans la mouise parce que je lui ai omis de dire des trucs ? Evidemment que non.
C’est que l’histoire de l’indic, dans le rade tout à l’heure, c’était pas totalement vrai. Le tuyau, je l’avais déjà. C’est que les affaires pourries qui tournent autour de Kaizoku, ça m’intéresse grandement, notamment à cause des cousins. alors, j’étais déjà au courant pour le vol avant même qu’on nous prévienne que Erol avait rendu l’âme. Je savais qu’ils avaient perdu la marchandise comme des guignols, mais je ne savais pas qui était le con qui aurait pu faire le coup. J’avais justement mis mes indics au parfum pour qu’ils renifflent la merde des rues et me rapportent ce que je veux rapidement. Jusqu’à ce qu’on trouve Erol et que la façon dont il s’est fait buter, le timing et sa capacité à être suffisamment con pour avoir fait l’erreur de voler plus gros que lui m’ont tout de suite mis sur la piste que c’était lui que je cherchais. Trop tard. Malheureusement. Pas dit qu’il aurait mieux fini si je l’avais croisé en premier et c’était pas le genre à se rapprocher de l’Office Républicain, même des braves types conciliants comme moi. L’histoire retiendra que c’était une erreur.
Non, mon indic, il m’a juste dit que les pirates étaient arrivés il y a moins d’une heure. Et que j’avais donc une fenêtre très réduite pour mener à terme mon boulot. Ce sont les cousins qui m’on rencardé sur le vol. Les pirates concernés ne sont pas forcément des amis, mais on ne crache jamais sur des dettes d’honneur à faire payer un jour ou l’autre, sûrement en ces moments difficiles. Je devais leur refiler la marchandise, ou au pire leur servir d’intermédiaire, mais c’est tout de suite moins glorieux.. Pour ça que je me permets de leur apparaître sous les yeux, dans un endroit où je suis tout à fait en droit d’être vu le boulot que j’étais censé faire. Le chef, qui répond au ridicule nom de Kurn, me tend une paluche massive, paume vers le haut.
-J’espère pour toi que tu as ce que je veux.
-Exactement.
J’ai le petit sourire modeste de celui qui a bien fait son travail tandis que je sors de ma poche intérieure les perles que j’ai récupérées assez facilement. Les subtiles gravures à leur surface font de ces perles les porte-bonheur ancestraux des raids de Kurn et ces hommes. Les rares fois dans l’histoire de sa famille où ils n’ont pas usé de ces perles dans des rituels bien à eux, ça s’est très mal passé. Du genre ou le bateau a coulé la première nuit. Le fait que Kurn et ses sbires soient venus via un navire marchand en dit long sur leur capacité à croire à ces superstitions. Les perles passent de ma main à la sienne et il les regarde avec un sourire avant de revenir vers moi avec l’étrange attitude d’attendre autre chose. J’ai un frétillement de sourcil de celui qui a l’impression d’avoir fait une bêtise sans arriver à mettre le doigt dessus. Je tente une défense flegmatique.
-J’ai juste cherché à récupérer ce qui était important.
Kurn a un sourire crispé.
-Et le collier ?
-Le collier ?
-Le collier est tout aussi important que les perles.
-Le collier…. Hum…
-Le collier.
-Hum… Je crois voir de quoi tu parles.
-J’espère bien, Eustache.
-ça ne devrait pas poser trop de problème.
-Non Eustache. Car c’est nous les problèmes si on ne récupère pas ce collier. Et je sais que tu l’as vu, Eustache. Tu ne devrais pas mettre longtemps à mettre la main dessus.
-Oui. Le collier. En or hein ?
-En or.
-Exactement. Ce n’est qu’une question d’une heure ou deux. Restez là et…
-On va t’accompagner. C’est plus sûr. Si tu as besoin d’aide. On sera là.
-Ahah, merci. C’est gentil.
Je souris. Et derrière ce sourire, je fais la gueule. Je vois pas encore trop comment je vais m’en sortir, mais je sais que je vais devoir recroiser rapidement la route de Pancrace et qu’il va falloir être très convaincant pour récupérer le collier avant que Kurn ne s’énerve. Faut le comprendre, il est sûrement un peu à cran.
La porte saute et les gars rentrent, fouillant les lieux du regard. Comme Pancrace l’avait deviné, ce n’est pas ceux qu’on a volé, mais des gueules de marins bien marquées par le sel et l'effort. Moi aussi, je m’y attendais. Je l’espérais même. ça allait faciliter les choses. Adossé au mur, je fais tomber le pouvoir d’invisibilité. Instantanément, j’ai quatre coupe-choux qui sortent dans la pénombre, prêts à me refaire le portrait que je cache sous ma capuche. Les bras croisés, j’ai pas l’air d’être une menace, alors le chef du petit groupe s’avance, me dévisageant par en-dessous, ça gueule se fendant d’un sourire qui oscille avec la grimace.
-Eustache, c’est ça ?
-Lui-même.
Je vous ai peut-être pas tout dit. Et encore moins à Pancrace. On ne dit jamais tout, faut pas être dupe. Juste ce qu’il faut au moment les plus opportuns. Est-ce que Pancrace s’est retrouvé dans la mouise parce que je lui ai omis de dire des trucs ? Evidemment que non.
C’est que l’histoire de l’indic, dans le rade tout à l’heure, c’était pas totalement vrai. Le tuyau, je l’avais déjà. C’est que les affaires pourries qui tournent autour de Kaizoku, ça m’intéresse grandement, notamment à cause des cousins. alors, j’étais déjà au courant pour le vol avant même qu’on nous prévienne que Erol avait rendu l’âme. Je savais qu’ils avaient perdu la marchandise comme des guignols, mais je ne savais pas qui était le con qui aurait pu faire le coup. J’avais justement mis mes indics au parfum pour qu’ils renifflent la merde des rues et me rapportent ce que je veux rapidement. Jusqu’à ce qu’on trouve Erol et que la façon dont il s’est fait buter, le timing et sa capacité à être suffisamment con pour avoir fait l’erreur de voler plus gros que lui m’ont tout de suite mis sur la piste que c’était lui que je cherchais. Trop tard. Malheureusement. Pas dit qu’il aurait mieux fini si je l’avais croisé en premier et c’était pas le genre à se rapprocher de l’Office Républicain, même des braves types conciliants comme moi. L’histoire retiendra que c’était une erreur.
Non, mon indic, il m’a juste dit que les pirates étaient arrivés il y a moins d’une heure. Et que j’avais donc une fenêtre très réduite pour mener à terme mon boulot. Ce sont les cousins qui m’on rencardé sur le vol. Les pirates concernés ne sont pas forcément des amis, mais on ne crache jamais sur des dettes d’honneur à faire payer un jour ou l’autre, sûrement en ces moments difficiles. Je devais leur refiler la marchandise, ou au pire leur servir d’intermédiaire, mais c’est tout de suite moins glorieux.. Pour ça que je me permets de leur apparaître sous les yeux, dans un endroit où je suis tout à fait en droit d’être vu le boulot que j’étais censé faire. Le chef, qui répond au ridicule nom de Kurn, me tend une paluche massive, paume vers le haut.
-J’espère pour toi que tu as ce que je veux.
-Exactement.
J’ai le petit sourire modeste de celui qui a bien fait son travail tandis que je sors de ma poche intérieure les perles que j’ai récupérées assez facilement. Les subtiles gravures à leur surface font de ces perles les porte-bonheur ancestraux des raids de Kurn et ces hommes. Les rares fois dans l’histoire de sa famille où ils n’ont pas usé de ces perles dans des rituels bien à eux, ça s’est très mal passé. Du genre ou le bateau a coulé la première nuit. Le fait que Kurn et ses sbires soient venus via un navire marchand en dit long sur leur capacité à croire à ces superstitions. Les perles passent de ma main à la sienne et il les regarde avec un sourire avant de revenir vers moi avec l’étrange attitude d’attendre autre chose. J’ai un frétillement de sourcil de celui qui a l’impression d’avoir fait une bêtise sans arriver à mettre le doigt dessus. Je tente une défense flegmatique.
-J’ai juste cherché à récupérer ce qui était important.
Kurn a un sourire crispé.
-Et le collier ?
-Le collier ?
-Le collier est tout aussi important que les perles.
-Le collier…. Hum…
-Le collier.
-Hum… Je crois voir de quoi tu parles.
-J’espère bien, Eustache.
-ça ne devrait pas poser trop de problème.
-Non Eustache. Car c’est nous les problèmes si on ne récupère pas ce collier. Et je sais que tu l’as vu, Eustache. Tu ne devrais pas mettre longtemps à mettre la main dessus.
-Oui. Le collier. En or hein ?
-En or.
-Exactement. Ce n’est qu’une question d’une heure ou deux. Restez là et…
-On va t’accompagner. C’est plus sûr. Si tu as besoin d’aide. On sera là.
-Ahah, merci. C’est gentil.
Je souris. Et derrière ce sourire, je fais la gueule. Je vois pas encore trop comment je vais m’en sortir, mais je sais que je vais devoir recroiser rapidement la route de Pancrace et qu’il va falloir être très convaincant pour récupérer le collier avant que Kurn ne s’énerve. Faut le comprendre, il est sûrement un peu à cran.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Globalement, il s’agit d’une affaire rondement menée de bout en bout. J’me redresse sur le toit et j’m’écarte rapidement, des fois qu’un des poursuivants décide de jeter un coup d’œil par la fenêtre. Ça serait drôlement con que ma téléportation soit déjouée comme ça, alors que j’viens de me donner de la peine. La trappe pour redescendre est verrouillée, mais j’la fais sauter d’un savant mélange de coups de tatane et en glissant la lame de mon couteau dans l’interstice. J’salue les occupants en descendant l’escalier et, une fois dans la rue, les poches bien pleines, j’repars en sifflotant.
Le seul truc qu’il reste à déterminer, c’est si j’essaie de vendre fissa la marchandise, histoire de m’assurer qu’on vienne pas me chier dans les bottes, ou si j’l’écoule petit à petit sur les mois à venir. Mais, franchement, avec toute la tension qu’il y a autour, ça brûle un peu les doigts actuellement, et j’suis prêt à parier que les prêteurs sur gages et autres receleurs professionnels savent dans quoi ça mouille. A partir de là, c’est sûr que le prix risque de baisser un peu… en échange de la tranquillité d’esprit : c’est plus sympa d’avoir des espèces sonnantes et trébuchantes en poche que de la bijouterie.
J’passe au poste de police pour faire mon rapport, sans que qui que ce soit y trouve grand intérêt : globalement, tout le monde s’en cogne d’Erol, donc la thèse du cambriolage qui a mal tourné passe toute seule. Si y’a besoin d’améliorer les chiffres, on le collera à un voleur qu’on attrapera à l’occasion et ce sera marre. J’discute un brin avec les collègues, puis j’me mets en quête d’un coin où bouffer.
Pas le port : c’est pas cher mais plutôt mal famé en ce moment. J’remonte vers le centre-ville jusqu’à trouver un troquet avec une belle pièce de cochon qui rôtit sur la broche. Bien usée, déjà, vu l’heure, mais il reste largement de quoi faire, alors j’me fais servir ça avec des patates, une miche de pain et une pinte de bière brune. Autour de moi, ça discute de tout et de rien, principalement du temps, super beau pour la période, comme quoi y’a plus de saison ou je sais pas quoi.
Bordel, si on pouvait plus parler de la météo, on n’aurait rien à se raconter, ça fait pas un pli.
Finalement, l’estomac bien rempli, c’est que c’est l’heure d’aller se faire une bonne sieste : j’reprends le service dans la nuit, alors faudra être en forme. Administratif, cette fois, donc ce sera un peu plus reposant, en vrai. J’vais pour me rentrer, à une vingtaine de minutes à pinces de marche digestive. Dans la rue en bas de chez moi, j’vois tout à coup deux malabars qui sortent d’une rue transversale, avec une dégaine qui laisse peu de place au doute : couleurs vives, pantalon court, foulards, sûrement des musiciens errants. Derrière eux, j’vois juste un bras se tendre dans l’ombre et pointer dans ma direction.
Ah, voilà qui laisse assez peu place au doute.
J’pique une accélération pour entrer dans mon immeuble et j’monte quatre à quatre jusqu’au dernier étage. Qu’est-ce qu’ils foutent en bas de chez moi ? Ils m’attendaient ? Ils avaient l’air de connaître ma gueule en tout cas, ou suffisamment pour me reconnaître. Comment, putain ?
Ça pourrait être les mafieux, ou le vendeur que j’ai secoué. Normalement, il sait qu’il doit pas… lui rendre une p’tite visite quand j’serai sorti de ma mouise…
J’fais pas de fioritures avec de la magie ou j’sais pas quoi. Je prends juste mon élan et j’saute par-dessus le mètre qui nous sépare de l’immeuble voisin. J’continue comme ça sur les quelques toits qui s’enchaînent, et j’remercie les titans, les dieux, ma maman et le commissaire qu’il ait pas plu aujourd’hui : les tuiles sont toujours horribles glissantes dans ses cas-là, et mes bottes sont clairement pas adaptées au contexte.
Quand j’arrive à la Gouleyante, une taverne du quartier, j’saute de palier en palier jusqu’à revenir au rez-de-chaussée. Un coup d’œil dans la salle commune, mais elle est quasiment vide. La ruelle, alors.
L’endroit le plus sûr, c’est le poste, mais clairement pas envie de tout mélanger, des fois que ça me retombe dessus. J’me creuse les méninges en soufflant comme un bœuf, et j’trouve rien. Bordel, la panique. Donc j’cours en zigzagant dans les rues et avenues de la ville, en misant sur le fait que j’connais Courage comme ma poche, à force de l’arpenter et de patrouiller, contrairement aux touristes qui me courent après.
J’ai pu voir leur dégaine de pirates.
J’pense enfin les avoir semés en entrant dans une énième ruelle, du côté du commissariat. J’vais pas rentrer à l’intérieur, mais j’espère que l’agitation des officiers républicains va suffire à les refroidir. Et si j’croise des collègues, au pire, je leur dirai que j’ai oublié un truc ou que j’passais dans le coin. Nan, la priorité, c’est de savoir la marge de manœuvre que j’ai : ils savent p’tet pas qui j’suis ni si je crèche là, mais ils peuvent aussi demander au voisinage, ou juste glander dans le coin à en devenir vieux, ou…
Brusquement, les bibelots me brûlent vachement plus les doigts.
Maintenant que ça se calme, j’me demande ce que fout Gunnar. Est-ce qu’on va le retrouver demain matin à flotter dans l’eau du port, est-ce qu’il s’est fait secouer, ou est-ce qu’il fait profil bas ?
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
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C’est sympa de se demander ça maintenant quand j’ai passé les deux dernières heures à le retrouver avec le regard insistants de plusieurs loubards posés sur ma nuque qui ne demandaient qu’à me coller sur une chaise pour me faire cracher un nom à coups de poings, histoire d’aller plus vite. C’est que j’ai pas donné l’impression de faire tous les efforts du monde pour retrouver leur putain de collier. Déjà, je suis toujours resté évasif sur comment j’allais le retrouver et pleins d’autres questions sur ce qu’on a fait avant de les rencontrer là, maintenant, mais ça voulait dire les informer de beaucoup trop de choses et ça ne finit jamais très bien de trop lâcher d’informations. Heureusement, Kurn dirige le groupe et me fait un minimum confiance. Merci aux cousins. C’est bien pour ça qu’on ne me retrouvera pas demain à flotter dans le port.
Pour l’instant.
Rester à retrouver Pancrace. Dans la panique, je me suis dit qu’il allait revendre fissa ces trouvailles et que si c’était le cas, impossible de retrouver la chaîne. Alors, j’ai fait le tour de plusieurs receleurs de confiance que le collègue serait capable d’aller voir, pas très loin, de plus, histoire d’en finir le plus rapidement possible. Sauf que, vous vous en doutez sûrement, il n’y a pas mis les pieds, le gus n’ayant pas la propriété de se dédoubler, à ce qu’on sache. On a cramé une heure comme ça avec différents gars de Kurn à surveiller les entrées et à indisposer les autres clients au point que les différents receleurs ont commencé à montrer les muscles. Voyant que ça ne portait pas ses fruits, j’ai pris l’option de l’office républicain. J’aurais pas cru que Panpan soit si consciencieux dans son travail, mais le travail bien fait, c’est quand même un certain plaisir. Là-bas, j’ai appris que je l’avais manqué de peu. Prétextant une banalité, j’ai obtenu son adresse de la part du chef et on l’a attendu là. A ce moment-là, je peux vous dire que la confiance de Kurn à mon égard s’était pas mal étiolée. Je le surprenais souvent à me lancer des regards mauvais de travers. Peut-être parce que mes actes ne montraient pas que j’étais maître de la situation. Et qu’à ne rien expliquer, ça donnait l’impression que je les menais en bateau.
Ce qui est assez ironique pour des pirates, avouez.
Je vous cache pas que les réserves de patience étaient pas loin d’être épuisées quand le collègue à montrer sa bouille, nonchalant alors que je crains pour ma peau depuis qu’on s’est séparé. Je leur ai dit de me laisser faire, j’aurais réglé ça en deux-deux. Je lui refile toute ma quincaillerie contre la chaîne et on parle plus. Plutôt pauvre que mort. Mais non. Plutôt que de me laisser aller seul, Kurn m’a posé une main ferme sur l’épaule.
-On va faire ça à notre façon. C’est plus sûr.
C’est là que j’ai su que je n’avais plus sa confiance. Et que ça allait compliquer les choses.
La suite, vous connaissez. Ils ont échoué. Sur ce coup, j’ai su me racheter un poil de sursis. Il n'a pas fallu longtemps pour se dire qu’il trouverait refuge du côté de l’office. J’ai failli y passer en expliquant ma théorie, la perspective de zoner du côté de l’office une fois, c’était déjà beaucoup, mais y retourner, ça ne les enchantait pas du tout. Je suis peut-être leur seule solution, mais ça ne plait à personne.
C’est comme ça que je me retrouve devant le commissariat et je mire rapidement Pancrace zoner dans les ruelles à proximité, profitant des ombres pour se faire discret. Derrière sa gueule de collègue pragmatique et amusé, on sent qu’il cogite beaucoup. Il parait que c’est parce qu’il réfléchit beaucoup qu’il tient la ligne. J’obtiens de Kurn qu’il intervienne pas. Si y’a pas d’embrouilles, dans cinq minutes, l’histoire est réglée et je pourrais enfin mettre mes tripes dans le bon sens. Kurn grogne, mais il ne bouge pas quand je m’éloigne. D’un pas qui se veut nonchalant, je m’approche, comme si j’étais ici chez moi, ce qui est un peu vrai, mais je suis assez nerveux là pour rester naturel. Après un temps de pause à observer autour de moi, je m’engouffre dans la ruelle visée. Je rase les murs avant de capter la posture du collègue qui fronce les sourcils dans ma direction.
-Gunnar ?
-Pancrace. C’est moi.
-Bordel, Gunnar. On m’a suivi jusqu’à chez moi. Toi aussi ?
-Pas exactement. C’était moi.
-Quoi ?
Je sens qu’il prépare de quoi me tuer dans la seconde, sans aucune pitié pour notre camaraderie républicaine. Je lève les mains en signe d’apaisement. je serais à sa place, je ferais pareil, mais je taperais pas un type qui lève les mains. J’espère qu’il est comme moi.
-Les pirates m'ont choppé. Ils veulent juste la chaine. Tiens, prends ma part. Ils repartent. T’as ta part, on est quitte. Désolé pour le dérangement;
-Elle est ou l’entourloupe ?
-Y’en a pas.
-Et c’est qui ces gars derrière toi ?
Mon sang se glace et je me retourne aussitôt, m’attendant à voir Kurn et ses sbires.
Et non, c’est pas eux. Le type à gauche me fait penser à l’un des gros bras de Siméon avec ce je-ne-sais-quoi dans le regard qui indique qu’il veut une revanche. Pancrace lache l’évidence.
-On t’a suivi.
Peut-être qu’à trop surveiller les receleur, on s’est fait griller.
-Allez, messieurs, passez-nous la marchandise tranquillement et tout se passera bien. On ne vous cassera que les deux jambes.
Pour l’instant.
Rester à retrouver Pancrace. Dans la panique, je me suis dit qu’il allait revendre fissa ces trouvailles et que si c’était le cas, impossible de retrouver la chaîne. Alors, j’ai fait le tour de plusieurs receleurs de confiance que le collègue serait capable d’aller voir, pas très loin, de plus, histoire d’en finir le plus rapidement possible. Sauf que, vous vous en doutez sûrement, il n’y a pas mis les pieds, le gus n’ayant pas la propriété de se dédoubler, à ce qu’on sache. On a cramé une heure comme ça avec différents gars de Kurn à surveiller les entrées et à indisposer les autres clients au point que les différents receleurs ont commencé à montrer les muscles. Voyant que ça ne portait pas ses fruits, j’ai pris l’option de l’office républicain. J’aurais pas cru que Panpan soit si consciencieux dans son travail, mais le travail bien fait, c’est quand même un certain plaisir. Là-bas, j’ai appris que je l’avais manqué de peu. Prétextant une banalité, j’ai obtenu son adresse de la part du chef et on l’a attendu là. A ce moment-là, je peux vous dire que la confiance de Kurn à mon égard s’était pas mal étiolée. Je le surprenais souvent à me lancer des regards mauvais de travers. Peut-être parce que mes actes ne montraient pas que j’étais maître de la situation. Et qu’à ne rien expliquer, ça donnait l’impression que je les menais en bateau.
Ce qui est assez ironique pour des pirates, avouez.
Je vous cache pas que les réserves de patience étaient pas loin d’être épuisées quand le collègue à montrer sa bouille, nonchalant alors que je crains pour ma peau depuis qu’on s’est séparé. Je leur ai dit de me laisser faire, j’aurais réglé ça en deux-deux. Je lui refile toute ma quincaillerie contre la chaîne et on parle plus. Plutôt pauvre que mort. Mais non. Plutôt que de me laisser aller seul, Kurn m’a posé une main ferme sur l’épaule.
-On va faire ça à notre façon. C’est plus sûr.
C’est là que j’ai su que je n’avais plus sa confiance. Et que ça allait compliquer les choses.
La suite, vous connaissez. Ils ont échoué. Sur ce coup, j’ai su me racheter un poil de sursis. Il n'a pas fallu longtemps pour se dire qu’il trouverait refuge du côté de l’office. J’ai failli y passer en expliquant ma théorie, la perspective de zoner du côté de l’office une fois, c’était déjà beaucoup, mais y retourner, ça ne les enchantait pas du tout. Je suis peut-être leur seule solution, mais ça ne plait à personne.
C’est comme ça que je me retrouve devant le commissariat et je mire rapidement Pancrace zoner dans les ruelles à proximité, profitant des ombres pour se faire discret. Derrière sa gueule de collègue pragmatique et amusé, on sent qu’il cogite beaucoup. Il parait que c’est parce qu’il réfléchit beaucoup qu’il tient la ligne. J’obtiens de Kurn qu’il intervienne pas. Si y’a pas d’embrouilles, dans cinq minutes, l’histoire est réglée et je pourrais enfin mettre mes tripes dans le bon sens. Kurn grogne, mais il ne bouge pas quand je m’éloigne. D’un pas qui se veut nonchalant, je m’approche, comme si j’étais ici chez moi, ce qui est un peu vrai, mais je suis assez nerveux là pour rester naturel. Après un temps de pause à observer autour de moi, je m’engouffre dans la ruelle visée. Je rase les murs avant de capter la posture du collègue qui fronce les sourcils dans ma direction.
-Gunnar ?
-Pancrace. C’est moi.
-Bordel, Gunnar. On m’a suivi jusqu’à chez moi. Toi aussi ?
-Pas exactement. C’était moi.
-Quoi ?
Je sens qu’il prépare de quoi me tuer dans la seconde, sans aucune pitié pour notre camaraderie républicaine. Je lève les mains en signe d’apaisement. je serais à sa place, je ferais pareil, mais je taperais pas un type qui lève les mains. J’espère qu’il est comme moi.
-Les pirates m'ont choppé. Ils veulent juste la chaine. Tiens, prends ma part. Ils repartent. T’as ta part, on est quitte. Désolé pour le dérangement;
-Elle est ou l’entourloupe ?
-Y’en a pas.
-Et c’est qui ces gars derrière toi ?
Mon sang se glace et je me retourne aussitôt, m’attendant à voir Kurn et ses sbires.
Et non, c’est pas eux. Le type à gauche me fait penser à l’un des gros bras de Siméon avec ce je-ne-sais-quoi dans le regard qui indique qu’il veut une revanche. Pancrace lache l’évidence.
-On t’a suivi.
Peut-être qu’à trop surveiller les receleur, on s’est fait griller.
-Allez, messieurs, passez-nous la marchandise tranquillement et tout se passera bien. On ne vous cassera que les deux jambes.
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Pancrace Dosian
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crédits : 2614
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Putain mais comment il a pu les amener chez moi ? Une floppée d'autres questions, et une palanquée d'insultes tournent dans mon bocal, mais c'est p'tet pas le moment, quand on retrouve nos criminels préférés, et j'me dis que Gunnar est p'tet pas fait pour les coups d'envergure, entre les pirates et les suiveurs.
Mais il s'agit d'oublier rapidement tous ces problèmes, pour régler le plus important de tous, qui est de rester en vie.
« Vous savez qu'on est juste à côté du poste de l'Office Républicain ?
- On compte justement sur vous pour pas faire de bruit si vous voulez pas plus d'ennuis que vous en avez déjà. »
J'me rends compte qu'ils savent pas qu'on bosse pour la République. Faut dire, ça apparaît pas évident, de prime abord, étant donné qu'on les a braqués dans leur arrière-boutique pour les dépouiller avec partir avec les bijoux. Moi, refiler juste la chaîne et récupérer la part de Gunnar, pourtant, ça m'allait pas si mal.
Pas le droit au bonheur, hein.
J'tends ce que j'ai, pasqu'eux, ils tendent leurs armes dans notre direction, et qu'à choisir, j'pourrais toujours faire de la thune plus tard. Et, surtout, j'dispose d'une quantité de moyens de leur pourrir méchamment la vie, à commencer par un contrôle sanitaire, suivi d'un contrôle fiscal. M'est avis qu'on va trouver des trucs rigolos, mais qu'ils auront rudement moins le sens de l'humour que nous. Ne jamais sous-estimer le potentiel de nuisance d'un bureaucrate hargneux, c'est quelque chose qu'on apprend vite, ici.
« C'est obligé, les deux jambes ?
- Voyez le bon côté des choses, vos cris devraient rapidement alerter l'Office qui vous prendra en charge. »
Faut être rudement naïf pour croire qu'ils vont s'arrêter là, et prendre le risque qu'on puisse les identifier et leur foutre les officiers au cul, quand même. J'laisse tout tomber par terre, de sorte à ce que le sac se répande, et mon butin roule sur les pavés inégaux de la ruelle, avec un bruit de clinquant qui me perce le coeur. Mieux vaut ça que canner, mais...
On échange un regard avec Gunnar, et on se met à gueuler :
« Au vol ! A l'assassin ! Au meurtre ! A l'aide ! »
Dans les trucs qu'ont l'air inutiles à l'armée mais qu'on apprend quand même, y'a crier comme un cochon qu'on égorge qui arrive en bonne position, pour se faire entendre des camarades et du sergent-chef, qui doit être sourd comme un pot à demander à tout le monde de s'époumoner en permanence, même avec le visage à deux centimètres du tien. Et pourtant, quand il s'agit de rétablir l'ordre, une voix de stentor fait souvent davantage qu'un insigne d'Officier Républicain.
A croire que personne s'affranchit jamais totalement de papa, je sais pas.
Dans le même temps, on a reculé de quelques mètres, donc ils ont beau agiter leurs armes, préoccupés qu'ils sont par les babioles au sol, y'en a aucune qu'a la moindre chance de nous toucher. Le gorille en chef pousse un juron, et s'baisse pour ramasser le maximum, sans doute avant de se faire la malle. Mais v'là qu'un autre groupe débarque, et à voir leur dégaine à défaut de reconnaître leurs visages, j'me rends compte que c'est les potes pirates de Gunnar.
Jamais ça s'arrête, hein ?
Evidemment, quand les marins voient les criminels commencer à empocher le pactole, ça les rend pas particulièrement jouasse, surtout après plusieurs heures à courir dans toute la ville pour me mettre les pognes dessus. Direct, ça sort les surins, gourdins, et autres coups-de-poings. Et ça se fout sur la gueule, alors même qu'on se tait, avec Gunnar. Pas besoin de se regarder, cette fois, pour comprendre qu'on va juste les laisser faire, et espérer que les collègues arrivent pas trop vite.
P'tet que le mieux serait simplement de se faire la malle, et d'ailleurs, c'est ce qu'on fait. Courageux mais pas téméraires, et on n'a pas envie de devoir expliquer aux chefs pourquoi on avait des sacs de perlouzes et de joncs sur nous. Pas qu'on n'ait pas le droit de préparer les vieux jours, mais ça fait partie des trucs pour lesquels des p'tits merdeux pourraient vouloir nous chercher des noises, alors qu'on fait bien notre taf, avec quelques petits à-côtés.
Y'a des pète-sec partout.
Ils nous voient partir, évidemment, mais ils sont davantage préoccupés par le reste, et j'pense que y'en a bien une poignée qui va rester sur le carreau, alors même que les sifflets de l'Office se mettent à retentir. Ouais, l'était bien temps qu'on soit à quelques rues de là, et on continue à se tailler jusqu'à être dans un quartier totalement différent, et certains de pas avoir été suivis.
« Bordel, quelle merde, que j'entame en reprenant mon souffle.
- Ne m'en parle pas. C'est dommage, quand même.
- Ouais, enfin on peut pas gagner à tous les coups, et j'suis pas sûr que quiconque gagne aujourd'hui.
- C'était qui, le Capitaine, à cette heure ?
- Pas moyen de m'en souvenir... Attends, c'était pas Patoche ?
- Sérieusement ? Donc ça veut dire...
- ... Que demain on retrouve le tout chez les brocanteurs de la rue des merveilles, ouais. »
Une rue nommée pour sa concentration impressionnante de refourgueurs de tout poil. Inutile de préciser que la majorité sont pas tout à fait honnêtes, évidemment. Ca serait une insulte, pour eux, après tout. On hausse les épaules.
« Par contre, les zozios savent où je crèche, pas moyen que j'y refoute les panards tout de suite.
- Je dois pouvoir t'arranger un coup. Je te dois bien ça.
- Tope alors. Ca fait plaisir, des collègues pareils. »
On échange un salut tout à fait républicain, teinté d'ironie.
Hé, chienne de vie, mais on s'en sort toujours.
Mais il s'agit d'oublier rapidement tous ces problèmes, pour régler le plus important de tous, qui est de rester en vie.
« Vous savez qu'on est juste à côté du poste de l'Office Républicain ?
- On compte justement sur vous pour pas faire de bruit si vous voulez pas plus d'ennuis que vous en avez déjà. »
J'me rends compte qu'ils savent pas qu'on bosse pour la République. Faut dire, ça apparaît pas évident, de prime abord, étant donné qu'on les a braqués dans leur arrière-boutique pour les dépouiller avec partir avec les bijoux. Moi, refiler juste la chaîne et récupérer la part de Gunnar, pourtant, ça m'allait pas si mal.
Pas le droit au bonheur, hein.
J'tends ce que j'ai, pasqu'eux, ils tendent leurs armes dans notre direction, et qu'à choisir, j'pourrais toujours faire de la thune plus tard. Et, surtout, j'dispose d'une quantité de moyens de leur pourrir méchamment la vie, à commencer par un contrôle sanitaire, suivi d'un contrôle fiscal. M'est avis qu'on va trouver des trucs rigolos, mais qu'ils auront rudement moins le sens de l'humour que nous. Ne jamais sous-estimer le potentiel de nuisance d'un bureaucrate hargneux, c'est quelque chose qu'on apprend vite, ici.
« C'est obligé, les deux jambes ?
- Voyez le bon côté des choses, vos cris devraient rapidement alerter l'Office qui vous prendra en charge. »
Faut être rudement naïf pour croire qu'ils vont s'arrêter là, et prendre le risque qu'on puisse les identifier et leur foutre les officiers au cul, quand même. J'laisse tout tomber par terre, de sorte à ce que le sac se répande, et mon butin roule sur les pavés inégaux de la ruelle, avec un bruit de clinquant qui me perce le coeur. Mieux vaut ça que canner, mais...
On échange un regard avec Gunnar, et on se met à gueuler :
« Au vol ! A l'assassin ! Au meurtre ! A l'aide ! »
Dans les trucs qu'ont l'air inutiles à l'armée mais qu'on apprend quand même, y'a crier comme un cochon qu'on égorge qui arrive en bonne position, pour se faire entendre des camarades et du sergent-chef, qui doit être sourd comme un pot à demander à tout le monde de s'époumoner en permanence, même avec le visage à deux centimètres du tien. Et pourtant, quand il s'agit de rétablir l'ordre, une voix de stentor fait souvent davantage qu'un insigne d'Officier Républicain.
A croire que personne s'affranchit jamais totalement de papa, je sais pas.
Dans le même temps, on a reculé de quelques mètres, donc ils ont beau agiter leurs armes, préoccupés qu'ils sont par les babioles au sol, y'en a aucune qu'a la moindre chance de nous toucher. Le gorille en chef pousse un juron, et s'baisse pour ramasser le maximum, sans doute avant de se faire la malle. Mais v'là qu'un autre groupe débarque, et à voir leur dégaine à défaut de reconnaître leurs visages, j'me rends compte que c'est les potes pirates de Gunnar.
Jamais ça s'arrête, hein ?
Evidemment, quand les marins voient les criminels commencer à empocher le pactole, ça les rend pas particulièrement jouasse, surtout après plusieurs heures à courir dans toute la ville pour me mettre les pognes dessus. Direct, ça sort les surins, gourdins, et autres coups-de-poings. Et ça se fout sur la gueule, alors même qu'on se tait, avec Gunnar. Pas besoin de se regarder, cette fois, pour comprendre qu'on va juste les laisser faire, et espérer que les collègues arrivent pas trop vite.
P'tet que le mieux serait simplement de se faire la malle, et d'ailleurs, c'est ce qu'on fait. Courageux mais pas téméraires, et on n'a pas envie de devoir expliquer aux chefs pourquoi on avait des sacs de perlouzes et de joncs sur nous. Pas qu'on n'ait pas le droit de préparer les vieux jours, mais ça fait partie des trucs pour lesquels des p'tits merdeux pourraient vouloir nous chercher des noises, alors qu'on fait bien notre taf, avec quelques petits à-côtés.
Y'a des pète-sec partout.
Ils nous voient partir, évidemment, mais ils sont davantage préoccupés par le reste, et j'pense que y'en a bien une poignée qui va rester sur le carreau, alors même que les sifflets de l'Office se mettent à retentir. Ouais, l'était bien temps qu'on soit à quelques rues de là, et on continue à se tailler jusqu'à être dans un quartier totalement différent, et certains de pas avoir été suivis.
« Bordel, quelle merde, que j'entame en reprenant mon souffle.
- Ne m'en parle pas. C'est dommage, quand même.
- Ouais, enfin on peut pas gagner à tous les coups, et j'suis pas sûr que quiconque gagne aujourd'hui.
- C'était qui, le Capitaine, à cette heure ?
- Pas moyen de m'en souvenir... Attends, c'était pas Patoche ?
- Sérieusement ? Donc ça veut dire...
- ... Que demain on retrouve le tout chez les brocanteurs de la rue des merveilles, ouais. »
Une rue nommée pour sa concentration impressionnante de refourgueurs de tout poil. Inutile de préciser que la majorité sont pas tout à fait honnêtes, évidemment. Ca serait une insulte, pour eux, après tout. On hausse les épaules.
« Par contre, les zozios savent où je crèche, pas moyen que j'y refoute les panards tout de suite.
- Je dois pouvoir t'arranger un coup. Je te dois bien ça.
- Tope alors. Ca fait plaisir, des collègues pareils. »
On échange un salut tout à fait républicain, teinté d'ironie.
Hé, chienne de vie, mais on s'en sort toujours.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
Messages : 210
crédits : 535
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
J’aurais pu en rester là, mais il fallait bien préciser quelques petites choses pour que cette mésaventure se clôture comme il faut. On ne s’épanchera pas sur les détails de l’altercation entre les malfrats, les pirates et la troupe du Capitaine Patoche qui ne rechigne jamais à envoyer ses gars faire respecter la loi et surtout la sienne, parfois tempéré d’un peu de magouilles, mais on l’aime bien, même s’il est particulièrement dur en affaire. Heureusement qu’on peut compter sur le vétéran Gégé, grand fabricant de gnôles divers dans une cabane de son jardin ; gnôles qui finissent souvent réquisitionnés par le Capitaine pour son plus grand malheur. Le mal de crâne qu’il se tape régulièrement suffit à le tenir éloigner de nos petites affaires d’humbles officiers républicains. Gégé, il est plus que honnête, mais difficile pour lui de voir nos petites incartades quand on est en permanence à trois grammes.
Bref, on retiendra surtout que les gars de Kurn sont plus rapides à poinçonner que les gros bras de Siméon et qu’il a laissé du petit personnel sur le carreau, ainsi que tout le butin. Kurn, lui, est reparti avec son bien. Je l’ai croisé au port avant son départ et si la méthode pour récupérer ses biens n’ont pas été des plus orthodoxes, le résultat est là. Si le pirate continuait à me regarder d’un œil mauvais, il admit qu’il en devait une aux cousins et c’est tout ce qui importe dans l’histoire. J’ai pas été mécontent de les voir dégager. Les pirates sur les mers, on les connaît. Sur la terre ferme, c’est imprévisible. Je lui ai dit de ne pas perdre ses bijoux de famille la prochaine fois. Il n’a pas ri. J’ai préféré en rester là.
L’important restait à faire. Gérer les soucis de Pancrace. Parce que les bonnes relations entre collègues, c’est important. Si dans l’affaire, je lui ai refilé la part du butin que j’avais pas daigné balancer au sol, au titre du préjudice subi, il y avait cette histoire d’appartement qui était un peu gênante. J’ai passé la journée à guetter Siméon jusqu’à ce que je lui tombe dessus alors qu’il essayait de se faire discret tout en fulminant de ces pertes récentes. Je me suis assuré qu’il ne savait rien que c’était l’appartement du collègue. Lui et ses gars, il m’a suivi avec Kurn, se doutant qu’on savait quelque chose. Qu’on surveille dans ce coin là, il en avait rien à foutre du pourquoi. Je l’ai relâché sans lui faire trop mal, lui conseillant de se terrer dans son arrière salle ces prochaines semaines. Avec un peu de chance, il manigancera des saloperies qui feront un peu tâche lors de la perquisition administratif que Pancrace rêve de lui coller au coin de la gueule.
Parce que dans le fond, on aime faire notre métier.
Bref, on retiendra surtout que les gars de Kurn sont plus rapides à poinçonner que les gros bras de Siméon et qu’il a laissé du petit personnel sur le carreau, ainsi que tout le butin. Kurn, lui, est reparti avec son bien. Je l’ai croisé au port avant son départ et si la méthode pour récupérer ses biens n’ont pas été des plus orthodoxes, le résultat est là. Si le pirate continuait à me regarder d’un œil mauvais, il admit qu’il en devait une aux cousins et c’est tout ce qui importe dans l’histoire. J’ai pas été mécontent de les voir dégager. Les pirates sur les mers, on les connaît. Sur la terre ferme, c’est imprévisible. Je lui ai dit de ne pas perdre ses bijoux de famille la prochaine fois. Il n’a pas ri. J’ai préféré en rester là.
L’important restait à faire. Gérer les soucis de Pancrace. Parce que les bonnes relations entre collègues, c’est important. Si dans l’affaire, je lui ai refilé la part du butin que j’avais pas daigné balancer au sol, au titre du préjudice subi, il y avait cette histoire d’appartement qui était un peu gênante. J’ai passé la journée à guetter Siméon jusqu’à ce que je lui tombe dessus alors qu’il essayait de se faire discret tout en fulminant de ces pertes récentes. Je me suis assuré qu’il ne savait rien que c’était l’appartement du collègue. Lui et ses gars, il m’a suivi avec Kurn, se doutant qu’on savait quelque chose. Qu’on surveille dans ce coin là, il en avait rien à foutre du pourquoi. Je l’ai relâché sans lui faire trop mal, lui conseillant de se terrer dans son arrière salle ces prochaines semaines. Avec un peu de chance, il manigancera des saloperies qui feront un peu tâche lors de la perquisition administratif que Pancrace rêve de lui coller au coin de la gueule.
Parce que dans le fond, on aime faire notre métier.
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