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Les Masques Tombent
Feat. Rowena
Alors que Rowena s’apprêtait à poser une question, jusqu’à ce que l’un des instruments de musique de la scène devint fou, attrapant l’attention des invités pour des affaires liés aux raisons qui avaient conduit à ces festivités. Kirig ne les connaissait pas, mais il n’en avait pas grand-chose à faire non plus. Rowena cependant semblait avoir eue son attention captée, elle libéra son épaule, et il libéra sa taille, mais ils restèrent proches encore quelques instants dans une tension familière, la jeune femme aux yeux si uniques souriant. Après ces quelques secondes, elle lui fit un mouvement discret vers Hombourg, semblant sombrer de plus en plus dans l’alcool. Ce poison pouvait transformer le plus noble des nobles en prostituée de bas étage, alors le drakyn n’imaginait pas ce qu’il pouvait faire à un homme à la maîtrise de soi déjà très approximative sobre. S’inclinant très légèrement devant Rowena en écoutant ses paroles, il releva la tête pour lui faire un petit clin d’œil espiègle à ses mots. Il nota la forme de ses lèvres délicates formant son sourire, ainsi que le ton charmeur de sa voix. « A notre futur tango, alors. C’était un plaisir Rowena. » Mais il sentit une pierre au creux de son estomac.
Si tout se passait bien, le drakyn ne la reverrait plus. Cette petite danse avait été bien plus agréable qu’il n’aurait pu le croire, mais ce n’était pas réel. Rien dans toute cette fête n’avait été vrai. Il lui offrit un dernier sourire, avant de marcher l’air décidé vers Hombourg, afin de pouvoir éviter une catastrophe pour sa mission et ses futures pièces d’or.
Hombourg ne roulait pas tout à fait sous les tables, mais l’alcool avait dégradé ses fonctions motrices et psychiques assez pour que ce soit embarrassant. Il avait été aussi particulièrement difficile de le faire arrêter de boire, et l’autre homme difficile à faire partir. Après cette petite aventure, Kirig maintint sa fonction de garde du corps, regardant l’heure défilé, ses pensées revenant souvent aux pas de la valse, le sourire de la belle. Quand il vit minuit approcher, sa concentration refit son apparition, et Kirig annonça le début de la mission à Hombourg dans un chuchotement, espérant qu’il ne fasse pas tout capoter. Il quitta ensuite la salle principale de la demeure Hawkeye, regardant les couloirs se ressemblant, observant les serviteurs se presser pour accomplir les désirs de leurs maîtres. Il prit les escaliers comme s’il vivait au sein de la demeure, accédant au second niveau, cherchant dans de nouveaux couloirs la salle qui l’intéressait. Quand Kirig la trouva, il ouvrit la porte pour y voir un homme debout encapuchonné. Ils se trouvaient dans une chambre classique, probablement pour un invité. Il lui tendit une malle en cuir qui pouvait tout à fait se faire passer pour les effets personnels de Hombourg, et le drakyn le récupéra sans accroc.
Ayant son bien, Kirig sortit de la chambre pour redescendre les escaliers, et prendre le chemin de la sortie. Hombourg et lui se retrouveraient plus tard dans la soirée sur un sentier éloigné d’une route peu fréquentée, mais pour le moment il fallait sécuriser la marchandise en quittant les lieux. Les couloirs de la demeure se ressemblaient tous, et Kirig prit un peu plus de temps que prévu pour se rendre à la sortie. Quand il y fut, il récupéra son manteau pour le mettre, prenant son temps. Quand le garde lui demanda ce qu’était cette malle, le drakyn prétexta des effets personnels de Hombourg à ramener à sa voiture. Le regard suspicieux du garde fit monter un peu de tension, mais Kirig réussit à faire rire l’homme, abaissant sa vigilance, parlant quelques minutes avec lui pour lui montrer qu’il n’était pas spécialement pressé dans son entreprise. Après une petite discussion et quelques commérages, Kirig fut enfin libéré de cette fête de nobliaux. Il lui restait encore le jardin à dépasser, éclairé faiblement par les lumières de torches. Quelques nobles avaient décidé de s’y échouer pour discuter ou accomplir certains désirs alcoolisés, mais le drakyn tout à fait sobre était focalisé sur sa mission.
Le prochain rendez-vous était dans environ trois heures : Kirig pouvait le voir grâce nuit claire dévoilant la lune à son apogée. Il retira son masque de son visage, espérant que l’illusion sur son corps tiendrait encore quelque temps. Le mana du sort semblait s'évanouir petit à petit dans la nature malheureusement. CENDRES
Si tout se passait bien, le drakyn ne la reverrait plus. Cette petite danse avait été bien plus agréable qu’il n’aurait pu le croire, mais ce n’était pas réel. Rien dans toute cette fête n’avait été vrai. Il lui offrit un dernier sourire, avant de marcher l’air décidé vers Hombourg, afin de pouvoir éviter une catastrophe pour sa mission et ses futures pièces d’or.
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Hombourg ne roulait pas tout à fait sous les tables, mais l’alcool avait dégradé ses fonctions motrices et psychiques assez pour que ce soit embarrassant. Il avait été aussi particulièrement difficile de le faire arrêter de boire, et l’autre homme difficile à faire partir. Après cette petite aventure, Kirig maintint sa fonction de garde du corps, regardant l’heure défilé, ses pensées revenant souvent aux pas de la valse, le sourire de la belle. Quand il vit minuit approcher, sa concentration refit son apparition, et Kirig annonça le début de la mission à Hombourg dans un chuchotement, espérant qu’il ne fasse pas tout capoter. Il quitta ensuite la salle principale de la demeure Hawkeye, regardant les couloirs se ressemblant, observant les serviteurs se presser pour accomplir les désirs de leurs maîtres. Il prit les escaliers comme s’il vivait au sein de la demeure, accédant au second niveau, cherchant dans de nouveaux couloirs la salle qui l’intéressait. Quand Kirig la trouva, il ouvrit la porte pour y voir un homme debout encapuchonné. Ils se trouvaient dans une chambre classique, probablement pour un invité. Il lui tendit une malle en cuir qui pouvait tout à fait se faire passer pour les effets personnels de Hombourg, et le drakyn le récupéra sans accroc.
Ayant son bien, Kirig sortit de la chambre pour redescendre les escaliers, et prendre le chemin de la sortie. Hombourg et lui se retrouveraient plus tard dans la soirée sur un sentier éloigné d’une route peu fréquentée, mais pour le moment il fallait sécuriser la marchandise en quittant les lieux. Les couloirs de la demeure se ressemblaient tous, et Kirig prit un peu plus de temps que prévu pour se rendre à la sortie. Quand il y fut, il récupéra son manteau pour le mettre, prenant son temps. Quand le garde lui demanda ce qu’était cette malle, le drakyn prétexta des effets personnels de Hombourg à ramener à sa voiture. Le regard suspicieux du garde fit monter un peu de tension, mais Kirig réussit à faire rire l’homme, abaissant sa vigilance, parlant quelques minutes avec lui pour lui montrer qu’il n’était pas spécialement pressé dans son entreprise. Après une petite discussion et quelques commérages, Kirig fut enfin libéré de cette fête de nobliaux. Il lui restait encore le jardin à dépasser, éclairé faiblement par les lumières de torches. Quelques nobles avaient décidé de s’y échouer pour discuter ou accomplir certains désirs alcoolisés, mais le drakyn tout à fait sobre était focalisé sur sa mission.
Le prochain rendez-vous était dans environ trois heures : Kirig pouvait le voir grâce nuit claire dévoilant la lune à son apogée. Il retira son masque de son visage, espérant que l’illusion sur son corps tiendrait encore quelque temps. Le mana du sort semblait s'évanouir petit à petit dans la nature malheureusement. CENDRES
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Suite de la Mascarade
La soirée avait été de toute beauté. Un moment de grâce comme il en avait peu. Sans compter l'absence totale de fausse note, Rowena avait profiter de chaque danse, de chaque discussion et de chaque éclat grotesque des gens de son rang avec le regard plein de tendresse de ceux dont le temps est compté. Oh, elle ne compterait pas mourir, mais d'ici quelques semaines, si les choses se poursuivaient dans la même direction, elle quitterait la République pour trouver son salut ailleurs.
Mais son cœur était bien là.
Il dansait dans le faste des plus grandes fortunes de ce monde, comblé par les ornements passés à la feuille d'or, bercé par les musiciens les plus chevronnés et caressé de la soie la plus fine. Si le hasard en avait décidé autrement, c'est ainsi qu'elle aurait put passé sa vie. En mécène, en indolente, en dame patronnesse des arts drapant un peu partout l’étendard de sa famille. Peut-être un jour... Lorsque le Razkaal serait trop insupportable ou que l'adrénaline et l'exploration à laquelle elle avait prit goût laisseraient place à un profond besoin de paix. Peut-être un jour, oui... lorsque son devoirs serait trop lourd et qu'elle devrait trouver une autre façon pour rendre le monde plus beau.
Lorsque le froid qui la rongeait de l'intérieur aurait été chassé et qu'elle pourrait envisager l'avenir sans porter de masque.
Les lumières des cristaux et des bougies en cire d'abeille dansaient au rythme des convives. Les bouteilles étaient bien plus vides que pleines. Les plateaux de petits fours, de canard à l'orange, de paon farci et de choux à la crème scintillaient de miettes et sur la terrasse, le pyromancien avait fait place à un illusionniste d'une finesse effarante. Entre deux danses en fort bonne compagnie, elle avait rit avec de vieilles connaissances croisées ça et là. Elle avait joué au carte avec un magistrat et aux échecs avec un vieil homme qui s'était révélé être un vieux grigou d'une autre des Six.
Le ventre presque aussi plein que le cœur, ayant même eu l'insigne privilège de partager une danse tout à fait correcte avec son cousin Odéon, elle s'était éclipsée sans procéder à la traditionnelle tourné d'au-revoir que demandait un tel évènement. Pourquoi ? Parce qu'elle voulait garder cette ambiance festive sans la voir s'étioler. Il était près de minuit et ceux qui ne voulaient pas passer la nuit sur place commençaient à peine à faire appeler leurs carrosses, tirant les serviteurs de leur propre salon.
S'étant discrètement éloignée vers le hall d'entrée, Rowena saisit au passage un serviteur auquel elle demanda poliment de faire prévenir son cocher. Dehors, sur l'espace de gravier qui bordait le large perron couvert, elle inspira profondément. Le calme et la joie sereine qu'elle ressentait étaient sans doute aidé par la boisson - dont elle avait un peu abusée, soyons honnête - mais elle marchait encore droit malgré son équilibre plus fragile. A peine avait-elle cette sensation grisante de légèreté et de simplicité des choses.
L'air frais de cette nuit d'été lui fit le plus grand bien et en attendant son carrosse, elle fit quelques pas parmi les gens et les cochers. Tout ce petit monde parlait à voix basse, s'arrêtant pour la saluer dès qu'elle approchait de trop. Heureusement, elle savait quoi dire et trouvant un galant pour allumer sa bouffarde, elle partagea une pipe de tabac avec deux palefreniers de la maison qui se trouvèrent assez enhardis pour discuter à bâton rompu, peut-être rassurés par sa gaité bavarde.
Mais alcoolisée ou non, en robe ou en armure, on ne se défaisait pas si facilement de ses réflexes. Le Front et les missions les avaient gravés dans sa chair, pétris par son instinct de survie. Les oreilles trainent. Les sens se laissent aller. Les yeux, même peu fiables, surveillent les coins d'ombre et les mouvements suspects. L'esprit, lui, fini par rassembler les bribes de détails incongrus lorsque ses interlocuteurs parlent du cocher de Hombourg qui s'est endormi en demandant qu'on ne le réveille pas avant trois-heure moins le quatre et de lui préparer un casse-croute... alors qu'elle était persuadée de ne pas avoir vu la chevelure rose de son garde du corps en partant. Elle était certaine qu'il n'aurait pas été invité à rester pour la nuit et Kaï ne semblait parler que d'une soirée, pas d'un week-end à la campagne... Et la magie d'illusion autre de Kaï d'ailleurs...
Elle tenta bien de reprendre sa conversation, mais l'idée lui revenait sans cesse ou non... Finalement, Hombourg était-il à la fête ou non... Et si ce n'était pas le cas, quel genre de mauvais coup pouvait-il bien préparer ?
Paranoïaque ? Oui... sans aucun doute. L'alcool exacerbe les traits de caractères et pas toujours les bons.
Elle s'était donc excusée pour refaire un tour dans la salle et sur la terrasse histoire d'en avoir le cœur net. De toute façon, il lui suffirait de se laisser guider par l'aura de Kaï. Elle n'avait pas fait exprès de la sentir, mais le Limier l'avait dans la truffe et parmi toutes les sensations et les couleurs diaphanes que la magie poudraient sur l'assemblée, il n'était pas difficile à retrouver... Enfin...
En arrivant dans le halle, elle fronça les sourcils. La trace la plus récente qu'elle percevait ne venait pas de la grande salle, mais d'un autre couloir. Elle s'y enfonça, mais le ballet des serviteurs l'arrêta rapidement. On lui signala que la fête était dans l'autre sens après s'être assuré qu'elle n'avait besoin de rien et elle préféra ne pas insister. Son esprit, moins vif qu'à l'accoutumé ne trouva ni quoi répondre ni quoi faire pour assouvir cette nouvelle curiosité. Dépitée, elle passa tout de même dans la grande salle, comme si elle avait pu se tromper... Et aperçu Hombourg.
Donc, elle s'était bien trompée. Sa réflexion n'allait même pas jusqu'à penser que Kaï pouvait avoir été envoyé seul faire les astres savaient quoi.
Alors elle ress...
Une nouvelle impression de présence lui sauta à la peau lorsqu'elle passa à nouveau dans le hall. Cette fois le magnétisme l'entraina dehors. Et dehors dehors. Droit vers la route qui menait hors du domaine. Il ne pouvait pas être si loin que ça, si ?
Tout cela était bien trop louche et l'adrénaline la poussait à se glisser à la suite de l'étrange garde du corps sur le chemin de terre bien dégagé. Un cocher l'appela, près du perron, mais elle se désintéressa de lui avec un signe de la main. Dans ses bottines de soirée, avec un léger talon, elle marchait bien moins vite que dans ses chaussures de marche, mais elle ne chavirait pas non plus. Une main soutenant son lourd jupon noir, elle s'enfonça sans peine dans l'obscurité. Ses yeux se changèrent rapidement en deux billes d'obsidienne dépourvues d'iris ou de pupille, faisant disparaitre l'assymétrie de son regard. Le paysage nocturne lui paraissant aussi clair qu'en pleine journée avec ses tons bleus et argentés aux couleurs difficilement exprimables.
Et là, non loin, une silhouette aux longs cheveux vif et à l'aura dense. Elle n'était pas encore assez près pour que le sort lui gratte la peau, mais elle ne pouvait le confondre... Et elle ne pouvait non plus ignorer cette mallette en cuir.
Et maintenant ?
Euh.... Elle était curieuse et aurait préféré se tromper, mais son devoir était clair - surtout à travers un verre de vin rouge - elle devait tirer cette affaire au clair avant que cela ne s'envenime. Elle n'avait pas le droit d'arrêter quelqu'un hors d'une mission, mais rien ne l'empêchait de le remettre aux gardes en bonne samaritaine.
- Kaï. " lança la voix mélodieuse de la sirène d'une façon parfaitement paisible et détachée qu'il ne lui connaissait pas encore. " J'imagine que vous avez une explication parfaitement plausible à cette sortie seul, à pied et avec un sac ? "
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Les Masques Tombent
Feat. Rowena
Au début, étant particulièrement concentré sur les prochaines étapes du plan, le drakyn ne se souvint pas que ‘Kaï’ avait brièvement été son nom, et donc qu’on l’appelait. Il se rappelait de cette voix mélodieuse aussi, mais il ne put pas tout de suite la placer, tant son ton sortait de celui qu’il avait entendu lors de leur danse. Quand il comprit, Kirig s’arrêta soudainement, la nuit obscurcissant grandement sa vision, mais ses yeux étaient assez restés dans l'obscurité pour deviner légèrement la forme qui le suivait alors. « Rowena ? » Questionna-t-il d’abord, un peu surpris à vrai dire. Était-ce parce qu’elle avait pu sentir son mana qu’elle avait pu le suivre jusque-là ? Ce n’était pas important, et il eut dû mal à chasser la petite partie de lui tout à fait réjouie. Une explication quant à sa promenade nocturne avec la malle ? Le drakyn regarda son paquet, pensant aux pièces d’or qui l’attendaient, puis dans l’obscurité où se trouvait son interlocutrice. « Hombourg me l’a demandé. » Répondit-il alors, son ton particulièrement détaché aussi, malgré la tension dans ses épaules. Après quelques secondes, Kirig ajouta, sa voix faisant mine de douter « … A vrai dire, je ne sais pas pourquoi, mais je sais cependant que je ne serai pas payé si je ne fais pas ce qu’il dit. »
C’était techniquement vrai. Son client été resté particulièrement vague sur ce que le paquet contenait, et le drakyn n’avait aucune envie de regarder à l’intérieur pour savoir. Il y avait des choses en République, ou ailleurs, qu’il fallait mieux ignorer. Ces nobles ne savaient pas quoi faire de leurs vies, et étaient parfois capables des pires crimes. Que ce fut un objet volé particulièrement précieux, ou le membre d’une victime découpée gardé comme trophée, Kirig n’avait aucun intérêt à le savoir, la paie lui faisant fermer les yeux. Baissant le regard vers la malle à nouveau, il recula un peu, plissant ses lèvres. « Je pense que tu ne devrais pas t’impliquer, je n’aimerai pas qu’il t’arrive quelque chose, Hombourg n’est pas réputé pour être tendre. » Kirig regretterait presque cette fin de soirée. Tout aurait été bien plus simple et plus agréable de simplement finir son travail, d’être payé, et de vaquer à ses aventures sans ne plus jamais repenser à Rowena. Mais elle était là, suspicieuse, la voix détachée comme si elle était prête à le vendre aux gardes. Tachant cette petite soirée qu’ils avaient eu. Kirig se sentit d’autant plus conscient du poids de son sabre à sa taille, regrettant encore plus le fait d’entretenir l’idée de l’utiliser contre sa partenaire de danse.
« S’il te plaît. » Murmura-t-il.
S’il y avait eu des mensonges lors de cette soirée, et il y en avait eu des milliers, cette phrase n’en n’était pas un. Kirig entretint même l’idée de simplement vendre Hombourg aux autorités. Après tout, si le noble avait déjà eu une mauvaise réputation, quoi que fut dans cette malle ne l’aiderait certainement pas à en avoir une meilleure. Le drakyn n’avait même pas forcément besoin de la donner lui-même, Rowena étant parfaitement capable de la remettre de ses mains plus propres que les siennes, protégée par sa fortune et sa famille. Sans son physique presque passe partout créé par l’illusion de Luna, Kirig en revanche serait une cible trop facile pour les autorités. Son interlocutrice n’avait pas ce type de problèmes, bien qu’il y aurait toujours le risque de subir le courroux de Hombourg. Un risque qu’une guerrière comme elle prendrait. Mais cela signerait l’arrêt de la paie grasse du noble, et le pirate avait besoin d’argent. Il se fichait bien de quel genre de client il avait, ou ce qu’il y avait dans cette malle.
CENDRES
C’était techniquement vrai. Son client été resté particulièrement vague sur ce que le paquet contenait, et le drakyn n’avait aucune envie de regarder à l’intérieur pour savoir. Il y avait des choses en République, ou ailleurs, qu’il fallait mieux ignorer. Ces nobles ne savaient pas quoi faire de leurs vies, et étaient parfois capables des pires crimes. Que ce fut un objet volé particulièrement précieux, ou le membre d’une victime découpée gardé comme trophée, Kirig n’avait aucun intérêt à le savoir, la paie lui faisant fermer les yeux. Baissant le regard vers la malle à nouveau, il recula un peu, plissant ses lèvres. « Je pense que tu ne devrais pas t’impliquer, je n’aimerai pas qu’il t’arrive quelque chose, Hombourg n’est pas réputé pour être tendre. » Kirig regretterait presque cette fin de soirée. Tout aurait été bien plus simple et plus agréable de simplement finir son travail, d’être payé, et de vaquer à ses aventures sans ne plus jamais repenser à Rowena. Mais elle était là, suspicieuse, la voix détachée comme si elle était prête à le vendre aux gardes. Tachant cette petite soirée qu’ils avaient eu. Kirig se sentit d’autant plus conscient du poids de son sabre à sa taille, regrettant encore plus le fait d’entretenir l’idée de l’utiliser contre sa partenaire de danse.
« S’il te plaît. » Murmura-t-il.
S’il y avait eu des mensonges lors de cette soirée, et il y en avait eu des milliers, cette phrase n’en n’était pas un. Kirig entretint même l’idée de simplement vendre Hombourg aux autorités. Après tout, si le noble avait déjà eu une mauvaise réputation, quoi que fut dans cette malle ne l’aiderait certainement pas à en avoir une meilleure. Le drakyn n’avait même pas forcément besoin de la donner lui-même, Rowena étant parfaitement capable de la remettre de ses mains plus propres que les siennes, protégée par sa fortune et sa famille. Sans son physique presque passe partout créé par l’illusion de Luna, Kirig en revanche serait une cible trop facile pour les autorités. Son interlocutrice n’avait pas ce type de problèmes, bien qu’il y aurait toujours le risque de subir le courroux de Hombourg. Un risque qu’une guerrière comme elle prendrait. Mais cela signerait l’arrêt de la paie grasse du noble, et le pirate avait besoin d’argent. Il se fichait bien de quel genre de client il avait, ou ce qu’il y avait dans cette malle.
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Il... Ne cherchait pas à se disculper...
Le premier étonnement passé, Rowena s'était un peu redressée. S'attendait à une réaction potentiellement violente et... Et non. Il semblait surpris et tendu, mais lui balançait son employeur comme ça. Et bien... Tant mieux ? Elle continua à s'approcher, restant cependant à deux bons pas et portant toujours le loup argenté qui cachait ses traits. Elle n'y pensait pas vraiment, comme elle ne pensait pas à son accoutrement ni à son manque de matériel. Il venait d'avouer prêter la main à un commerce on ne pouvait plus louche sans avoir posé aucune question. La bonne pomme tien... A d'autres. Une illusion, une soirée noble, il s'était même surement servit d'elle pour avoir le temps de repérer les lieux. Bien sûr. Comme si ce masque seul pouvait suffire à cacher les ténèbres rampantes qui se cachaient dessous ? Au moins elle ne l'avait pas embrassé ! Parce qu'elle en aurait été capable sur la piste, elle se connaissait assez bien.
Sobre, elle aurait froidement procédé à l'arrestation et n'aurait posé les questions qu'après, mais remuée par l'alcool et l'impression de s'être faite avoir, la moutarde lui montait au nez... Brusquement coupé par une supplique.
" S'il te plait. "
Pas de vous. Pas de justification. Sa voix soudain plus basse. Un frisson lui remonta le long des bras malgré elle. Alors ça, ça ne lui était pas arrivé souvent. Un criminel qui ne suppliait pas pour sa vie à lui mais pour qu'elle, elle ne s'en mêle pas. Il la prenait vraiment pour une tanche ? ... Ou il n'avait vraiment pas envie de l'affronter ?
Hé ! La soularde ! Prend pas tes désires pour une réalité ! Bien sûr qu'il te roule dans la frangipane !
Après un instant de flottement pendant lequel sa posture s'était faite plus indécise, elle leva soudainement le bras. D'un tour de poignet, le sabre de l'homme sorti de sa gaine en une vague gracieuse et la lame s'immobilisa à un souffle de son cou.
- Moi non plus je ne suis pas commode, Kaï... Si c'est vraiment ton nom. " La voix à la ligne mélodieuse presque surnaturelle n'était pas montée, restant parfaitement posée. Son court régulier n'était que troublé par les émotions sincère qu'on y percevait sans peine. Déception. Assurance. A présent gênée par le masque qui frottait contre l'objet de son ressentiment, elle le retira d'une main. Autour de son œil obscurci, des craquelures d'encre apparaissaient sur son visage de porcelaine. Si ses traits étaient aussi élégant que ce que le reste de son visage laissait penser, les cicatrices, elles, étaient sans conteste les témoins d'une magie particulièrement immonde. " ça a du te faire bien rire quand je t'ai mis en garde contre la réputation de Hombourg. " Elle souriait jaune, un goût amère en bouche. Cette soirée était parfaite jusque là. Elle aurait pouvoir emmener ce souvenir dans son prochain voyage. " Pose cette mallette et recule de deux pas.
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Les Masques Tombent
Feat. Rowena
Kirig ne bougea pas lorsqu’elle prit son sabre pour le mettre juste en dessous de son cou. S’immobilisant parfaitement, il regarda la forme sombre qu’il discernait tant bien que mal dans la nuit, une pierre au creux de son estomac. Elle douta de la véracité de son nom, le prévenant qu’elle non plus n’était pas commode, et cela, le drakyn pouvait tout à fait l’imaginer. Ils pensaient différemment. Les nobles avaient la possibilité de penser au bien et au mal de chaque action qu’ils entreprenaient, mais cela n’avait jamais pu être le cas pour Kirig. Toute sa vie, les actions qui ont été entrepris sur lui, lui avaient montré que la seule loi ici-bas était de se battre ou mourir, de prendre ou de se faire voler. C’était le seul langage qui marchait, et on ne s’embarrassait pas des mots doux ou des piques, ni des jeux de la noblesse pour prendre l’ascendant sur un autre. Le masque de la jeune femme tomba lorsqu’elle le retira, révélant son visage blanc craquelé comme une porcelaine inestimable, perlé de deux obsidiennes fuyantes, maudit par une main immanquablement corrompue. C’était à peu près au même moment que l’illusion affectant Kirig prit fin aussi, révélant dans la nuit sa véritable apparence.
Le drakyn n’avait pas la possibilité de voir plus de détail sur le visage maintenant découvert de Rowena, à cause de la faible luminosité, mais ce n’était de toute manière pas le moment de satisfaire sa curiosité. A son ton particulièrement amer, Kirig conclu qu’elle se sentait complètement trahie, et il y avait eu de quoi. Baissant les yeux comme si le coup lui avait déjà été porté à la gorge, la pointe de la lame tenant bien sur son cou, il lâcha la malle dans un bruit sourd, avant de reculer comme elle lui avait ordonné. « Je connais la réputation d’Hombourg, oui. » Souffla-t-il, mais il ne put s’empêcher de sentir l’injustice de sa condition crépiter au creux de son cœur, et son ton se fit plus dur. « Je n’ai pas le luxe de me demander si ce que je fais est bien ou non. » Contrairement à ces abrutis de puritains dans leur grande demeure qui aurait pu abriter milles pauvres, milles esclaves, et tous les nourrir à leur faim. Elle a grandi dans le luxe le plus abject, et toi, on t'a contraint à une vie d’esclave ou de pirate. Il fronça les sourcils, essayant de calmer sa respiration qui était devenue un peu plus rapide.
Même s’il expliquait, elle ne comprendrait pas. Ils étaient incapables de comprendre ce que c’était ici-bas. Kirig pensa à la danse, à ce bref moment, et il sentit la jalousie et l’envie dégouliner le long de son cœur, et il détestait cela aussi. Déglutissant difficilement, le drakyn se rendit compte à cet instant de la violence de ses sentiments négatifs, et il se sentit perdre brièvement pieds avec la réalité. Vann lui susurrait de simplement se rendre à la colère, comme un démon sur son épaule, de profiter de la délicieuse joie de se battre et de tuer. C’était un raccourci facile, qui entacherait sa mémoire pour toujours, mais il n’aurait plus qu’à ignorer le reste, et ne jamais regarder ses sentiments en face. Prendre la malle, tuer les gêneurs, amener la malle, récolter l’argent, ne plus jamais regarder en arrière. Son regard se posa sur Rowena quelques instants de plus, considérant la possibilité, mais il pensa à la dernière phrase qu’il lui avait dite. Non, il ne pouvait pas. Tu n’es qu’un lâche. « J'ai pas été tout à fait honnête ce soir oui. » Admit-il. « … Mais je me suis pas moqué de toi. » Peut-être prendrait-elle ce tutoiement pour un nouveau manquement de respect, mais si loin de la demeure Hawkeye et sans masque, Kirig n’avait pas la foi de continuer ce petit manège.
Il suffit qu’un républicain te fasse les yeux doux pour que tu te transformes en agneaux. Elior aurait dû mourir, elle devrait mourir. Combien de fois comptes-tu faire les mêmes conneries ? Toutes ces vies que tu as détruites, écrasées, et tu n’es pas capable de le faire ici ? Le rire de Vann le harcelait de toute part, et Kirig serra un poing, visiblement perturbé. Hypocrite. Hypocrite ! C’était un hypocrite au fond oui. Une bête immonde. Chaque mot lui donnait l'impression de traverser des sables mouvants dans son esprit. « Mon vrai nom est Kirig… Je suis pas… garde du corps. » Fixant le visage craquelé de sa partenaire de danse, le drakyn tenta de relaxer son corps malgré les insultes dégradantes de Vann comme un écho dans sa tête. Après tout ce qu’il avait fait, Kirig regardait la lame du sabre comme s'il la voyait pour la première fois et se sentit mériter l’exécution. Il souffla, résigné. « Si tu veux me tuer, fais-le maintenant. »
Il n'aurait plus jamais à se sentir si mal.
Il n'aurait plus jamais à entendre Vann l’enfoncer en enfer.
Il n'aurait plus jamais à détruire les autres.
Le drakyn n’avait pas la possibilité de voir plus de détail sur le visage maintenant découvert de Rowena, à cause de la faible luminosité, mais ce n’était de toute manière pas le moment de satisfaire sa curiosité. A son ton particulièrement amer, Kirig conclu qu’elle se sentait complètement trahie, et il y avait eu de quoi. Baissant les yeux comme si le coup lui avait déjà été porté à la gorge, la pointe de la lame tenant bien sur son cou, il lâcha la malle dans un bruit sourd, avant de reculer comme elle lui avait ordonné. « Je connais la réputation d’Hombourg, oui. » Souffla-t-il, mais il ne put s’empêcher de sentir l’injustice de sa condition crépiter au creux de son cœur, et son ton se fit plus dur. « Je n’ai pas le luxe de me demander si ce que je fais est bien ou non. » Contrairement à ces abrutis de puritains dans leur grande demeure qui aurait pu abriter milles pauvres, milles esclaves, et tous les nourrir à leur faim. Elle a grandi dans le luxe le plus abject, et toi, on t'a contraint à une vie d’esclave ou de pirate. Il fronça les sourcils, essayant de calmer sa respiration qui était devenue un peu plus rapide.
Même s’il expliquait, elle ne comprendrait pas. Ils étaient incapables de comprendre ce que c’était ici-bas. Kirig pensa à la danse, à ce bref moment, et il sentit la jalousie et l’envie dégouliner le long de son cœur, et il détestait cela aussi. Déglutissant difficilement, le drakyn se rendit compte à cet instant de la violence de ses sentiments négatifs, et il se sentit perdre brièvement pieds avec la réalité. Vann lui susurrait de simplement se rendre à la colère, comme un démon sur son épaule, de profiter de la délicieuse joie de se battre et de tuer. C’était un raccourci facile, qui entacherait sa mémoire pour toujours, mais il n’aurait plus qu’à ignorer le reste, et ne jamais regarder ses sentiments en face. Prendre la malle, tuer les gêneurs, amener la malle, récolter l’argent, ne plus jamais regarder en arrière. Son regard se posa sur Rowena quelques instants de plus, considérant la possibilité, mais il pensa à la dernière phrase qu’il lui avait dite. Non, il ne pouvait pas. Tu n’es qu’un lâche. « J'ai pas été tout à fait honnête ce soir oui. » Admit-il. « … Mais je me suis pas moqué de toi. » Peut-être prendrait-elle ce tutoiement pour un nouveau manquement de respect, mais si loin de la demeure Hawkeye et sans masque, Kirig n’avait pas la foi de continuer ce petit manège.
Il suffit qu’un républicain te fasse les yeux doux pour que tu te transformes en agneaux. Elior aurait dû mourir, elle devrait mourir. Combien de fois comptes-tu faire les mêmes conneries ? Toutes ces vies que tu as détruites, écrasées, et tu n’es pas capable de le faire ici ? Le rire de Vann le harcelait de toute part, et Kirig serra un poing, visiblement perturbé. Hypocrite. Hypocrite ! C’était un hypocrite au fond oui. Une bête immonde. Chaque mot lui donnait l'impression de traverser des sables mouvants dans son esprit. « Mon vrai nom est Kirig… Je suis pas… garde du corps. » Fixant le visage craquelé de sa partenaire de danse, le drakyn tenta de relaxer son corps malgré les insultes dégradantes de Vann comme un écho dans sa tête. Après tout ce qu’il avait fait, Kirig regardait la lame du sabre comme s'il la voyait pour la première fois et se sentit mériter l’exécution. Il souffla, résigné. « Si tu veux me tuer, fais-le maintenant. »
Il n'aurait plus jamais à se sentir si mal.
Il n'aurait plus jamais à entendre Vann l’enfoncer en enfer.
Il n'aurait plus jamais à détruire les autres.
La liberté.
Le vide.
L'apaisement.
CENDRESLe vide.
L'apaisement.
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Le cœur des Limiers était proverbialement inflexible. L'âme des Ironsoul est réputé pour être plus dur et froide qu'une barre d'acier.
Pour Rowena, ça avait été le cas. Avant, elle avait été une soignante, une assistante et une protectrice. Puis elle avait choisi de remettre les mains dans le sang pour sauver sa propre vie. Elle avait apprit. Elle avait combattu. Elle avait torturé et brisé. Elle avait regardé en face la plus abjecte déchéance de l'humanité et la corruption la plus insidieuse envoyée par les titans. Elle n'avait jamais renoncé, même à travers des épreuves qui en avaient brisé des milliers d'autres. Mentalement et physiquement, on ne pouvait pas être une survivante et continuer à avoir une telle soif de vivre sans fait preuve d'une volonté implacable. Aujourd'hui, a force de coups, il ne lui restait qu'une moitié de cœur broyé et une âme brisée.
Lorsque l'image de l'homme se révéla dans toute sa vérité, le bleu et le blanc tranchant comme une lame sur le velours de son manteau, la soudaineté avait bandé tous ses réflexes magiques. Ses perception s'était faites plus larges. Son mental s'était focalisé sur son adversaire, frôlant sa psyché pour gouter ses émotions et son état d'esprit. Instinctivement, elle s'était légèrement baissée sur ses appuis. L'adrénaline lui était monté au cerveau en un éclair... Mais il n'avait pas bougé. Il s'était retrouvé là, face à elle avec son dépit, la colère brulante qui lui labourait les entrailles... et sa fatigue.
Face aux deux grand yeux noirs, il était mis à nu de bien plus d'une façon.
Un homme grand et taillé par l'effort, ça n'avait pas changé. Sa peau pâle était devenue de cuivre. La couleur venait de couler de sa chevelure, la laissant aussi immaculée que la courte crinière de la jeune femme. Deux cornes tirant du bleu au violet la couronnait fièrement. Ses traits passe-partout avaient quelque chose de bien plus exotiques à présent. Ses yeux surtout. Deux yeux en amandes, au regard aiguë et à la magnifique couleur bleue, rendue encore plus vive par la vision nocturne de la sirène née dans les abysses dépourvue de lumière. Au au-dessus, juste entre ses sourcils sévères, un étrange symbole cabalistique qui attirait irrémédiablement le regard. Et puis il y avait ces mains qu'elle avait sentit contre elle. L'une à la paume douce et lisse, au revers rugueux, faite d'écaille et de griffes. L'autre de peau, caleuse et épaissie par un mode de vie rude.
Elle l'avait trouvé bel homme pendant la mascarade. Elle le trouvait bien plus beau ici, sous la lune.
Sa voix basse n'était audible que grâce au relatif silence qui les entourait. Il y avait bien des rires et des voix plus loin, mais le bruit le plus prenant était un saule pleureur à quelques pas, dont les branches tombantes sifflotaient sous la brise nocturne. L'homme obéit, sans discuter. Menacé par sa propre lame, il n'y avait pas de peur en lui. Aucune. La colère, la rancœur, le dégoût, oui. Pas la peur.
Elle avait vu bien des criminels. De vrais criminels. Beaucoup des fous du Razkaal avaient commis des actes impardonnables par conviction ou par envie. Rares étaient ceux qui étaient envoyés au Razkaal en pensant avoir seulement seulement fait leur job, et ceux là étaient généralement des assassins de haut vol. Mais ceux qui en arrivaient là avaient fait le choix de poursuivre dans leur voie. Parce qu'avec des talents pareils, ils auraient tout aussi bien pu entrer dans l'armée ou dans le SCAR. Elle n'avait aucune pitié pour ceux qui en arrivaient au point d'être condamnés à franchir les portes de la forteresse noire.
Mais elle savait aussi, de quoi était pavé le chemin glissant des ombres. Elle avait accompagné bien des gens qui avaient fauté, gardé bien des secrets et aider bien des personnes en perdition à garder le cap pour leur éviter d'être happé par le vide. Elle avait elle-même trébuché bien des fois et il s'en était fallu de peu. L'affection d'un cœur de fer qui avait choisi de lui offrir le monde. Le reflet aguicheur d'une pair d'yeux noirs lui rappelant qu'elle n'était pas qu'un nom. Un sourire malicieux qui lui murmure qu'elle ne doit pas essayé de ressembler aux autres. Le sourire doux d'une vieille âme qui l'avait ramenée aux plaisirs de la vie. Des choses infimes qui avaient tout changé... Parce qu'elle les avait faites fructifier. Parce qu'elle avait voulu se relever.
- Faire des choix n'est pas un luxe. C'est la vie. " avait-elle répondu aussi durement qu'il avait parlé. " Bien sûr que tu peux faire autre chose. Tu as la ruse, le charme et le talent à l'épée. Tu sais ce que tu vaux. Ne te moque pas encore de moi.
Ceux qui passaient leur temps à pleurer sur leur triste vie en maudissant leur sort au lieu d'agir pour le changer de lui inspiraient rien d'autre que du dégoût. Cet homme là, ne lui faisait pas l'effet de quelqu'un qui avait réellement sauté le pas. Les plaintes de ce style l'horripilait. " c'est pas moi c'est le destin". " j'y peux rien. ". " Moi, je n'ai pas eu la chance de naitre dans des draps de soies. " Tss ! Il avait de la chance, elle ne connaissait pas l'existence du mandat concernant le Démon des Mers. La situation aurait été encore plus vite réglée. Elle l'aurait ficelé dans un coin et ça aurait été bouclé !
Un geste d'elle et la mallette de cuir glissa d'elle même jusqu'à la jeune femme et quelques pas derrière elle. Du moment qu'il témoigne contre son maître, elle pouvait lui obtenir une décharge pour cet acte en particulier. Elle allait ouvrir la bouche pour lui proposer le marcher mais il avait... Non.
Les yeux posés sur la lame du sabre, elle ne sentait en lui qu'un gouffre... Un gouffre d'espoir obscur. Même la colère ne semblait plus avoir prise. L'impression la frappa si fort le morceau à vif qui lui servait de cœur, qu'elle retraita derrière les limites de son propre esprit, laissant la magie filer entre ses doigts pour s'éparpiller dans la nature. Elle avait tressailli des pieds à la tête.
Elle ne voulait pas ressentir ça. Elle ne pouvait pas. Ce renoncement. Cette... Ce gouffre final... Ce repos qu'elle avait imploré.
Il n'y a pas si longtemps, entre les murs de sa cellule, la magie lui rongeant le corps et l'esprit, elle avait ressenti quelque chose de semblable. L'espoir funeste qu'on lui accorde la fin de souffrances qui avaient pris la place de tout le reste. C'était... La même impression qui venait de lui sauter à la gorge, l'empêchant de respirer. On ne pouvait pas mentir sur un tel ressenti.
Elle prit une conscience plus aiguë de la lame scintillant contre la gorge mâte. Elle traversa en trois pas l'espace qui les séparait encore pour poser la main sur la poignée de l'arme, l'attrapant par le col. Alcool ou non, elle n'aurait su le dire, mais sa réaction n'avait rien de rationnelle. Elle ne sauvait pas les gens malgré eux. Chacun était libre de sa vie et d'en assumer les conséquences. Et pourtant... se retrouver à être le couperet d'un homme à terre libérait la fureur qui couvait dans sa poitrine.
- Comment oses-tu me demander ça ?!
C'était injuste ! Il n'avait pas le droit de céder à cette tentation. Elle n'en avait pas le droit ! Et lui, lui avait toute la vie devant lui !
- Réduit à voler ou à mourir, hein ?! Tu n'as aucune idée de la valeur de ta propre vie. De chacun de tes choix ! Du bonheur que tu pourrais vivre si seulement tu te bougeais le cul pour faire autre chose que de la merde ! " Sa voix si mélodieuse n'était pas faite pour porter l'émotion brute et l'agressivité qu'elle aurait du dégager. Son timbre était mon monté et son débit rapide lui retirait beaucoup de la solennité qu'aurait pu avoir ses mots. Elle ne se laissait jamais aller ainsi. Surtout sur un inconnu qui n'avait rien à voir avec sa propre vie. Mais il était devenu en un instant, l'emblème de toute l'injustice qu'elle vivait depuis des mois. La raison en berne, elle crachait un ressenti brut.
- Putain ! Si ça avait une chance de me donner la moitié des années qui te restent à vivre, je te trancherai la gorge ! Là ! Maintenant ! Et on verrait si c'est si paisible que ça de crever !
La tête levée vers son visage triangulaire, il n'y avait que le sabre entre eux. Toute proche, elle respirait fort et dans un grondement de fureur que son timbre rendait aussi convainquant que celui d'un chaton, elle balança la sabre au loin dans les bosquets.
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Les Masques Tombent
Feat. Rowena
Evidemment, ceux qui étaient nés dans un certain luxe ne se rendaient pas compte qu’il n’était pas aussi aisé que faire des choix pour changer de vie. La nature même de Kirig avait été altéré par cette vie, et, même si on lui mettait un costume et lui donnait un château, son instinct lui redemanderait d’abattre ceux sur son passage, et de voler ce qui lui semblait précieux. Comme un animal sauvage, le pirate ne serait jamais fait pour une autre vie que celle-ci, et les nobles ne le regarderaient jamais comme autre chose qu’une bête sur le point de renverser les meubles tuer les gêneurs. Ils auraient raisons. Ses mains étaient bien trop ensanglantées, leurs morales bien trop consciencieuses et le gouffre les séparant était bien plus grand que la distance physique séparant le drakyn de la femme. Kirig fixa la malle glisser près de Rowena hors de ses doigts, et il contempla pleinement cette frontière entre eux. Entre ceux qui n’avaient qu’à choisir qui faisaient la leçon à ceux qui n’avaient pas le choix, les héros capturant et mettant à mort antagonistes, les librespersécutant les prisonniers, les esclaves servant les maîtres.
Au final, il était clair que ni Rowena ni les autres n’avaient eu le moindre choix dans leur histoire non plus. Les cordes du destin taillant leur peau et leur âme pour les faire bouger comme des marionnettes, tandis qu’ils s’évertuaient à trouver un sens, une raison. A quoi bon ? Cette nuit-là, tout ce que Kirig pouvait voir, c’était toutes ces choses qu’il avait mérités jadis et qu’il n’avait pas eu. Tout ce qu’on lui avait arraché. Tous les actes commis qui l’avait éloigné un peu plus de cette vie, chuchotés par Vann, une excuse pour ne pas voir bête qu’il était réellement. Cette nuit-là, c’était comme ouvrir les yeux pour la première fois, voir le monde plus réel, comme s’il n’était plus un fantôme hantant le monde, mais une vraie personne entière et complète fait de sang et de chair, parfaitement mortelle. Voir tous ces visages disparus de ses mains, ces yeux ouverts sans vie, ces corps pâles, froids, rigides et empilés, jonchant sur le pont de son bateau, jetés à la mer, dévorés, oubliés. Il n’y avait pas de raison à tout cela, ni dans les cieux, ni sur terre. Ils étaient morts pour rien, Kirig avait tué pour rien, et il n’y avait aucune possibilité de stopper cette course. Comme un grain de sable porté par le vent, le drakyn continuerait encore et encore, à moins qu’il ne soit stoppé.
Ce moment de lucidité l’ancrait au sol, à tel point que Kirig n’aurait pas été capable de bouger même s’il l’avait voulu. Ses yeux fixant la lame, la bête demanda qu’on l’occis. Ce n’était pas aussi grandiose que de couler avec son bateau par le kraken, mais c’était tout ce dont le drakyn méritait. Une mort sans grandeur, juste un homme, par sa propre lame, l’outil qui avait asservit et détruit tant de vies. Oui, il décidait, c’est comme cela que je veux partir. Le soulagement et l’apaisement qu’il ressentit était si agréable, si doux. Cette histoire était parfaite, scellant un conte qui ne rentrerait dans aucun livre, qui s’oublierait comme les visages tués sur le bateau. Mais l’héroïne ne semblait pas voir la fable du même œil. Rowena approcha de Kirig, le saisissant par le col, à priori énervé par la réaction de la bête lucide. Elle avait laissé la prestance et ses mots mélodieux de côté, laissant tout le spectre de ses émotions parler pour elle, marionnette portée par les fils bénis par l’héroïsme et du désir d’espoir. La femme brillait de mille feux, et le drakyn ne pouvait qu’observer cette lumière, aveuglé, écoutant plus que sa respiration saccadée entre ses mots blessés. Ce n’était pas à propos de lui, c’était à propos d’elle, et pourtant, cela lui parlait aussi.
Ils étaient différents, opposés, incapables de se comprendre sur bien des choses, mais il y avait cette petite partie d’eux qui leur était commune. Ce fil au-dessus du gouffre les séparant, les manipulant tout deux. Des marionnettes qui s’étaient rencontrés, qui avaient dansé. Kirig la regardait autant qu’il put dans la nuit, observant ce pont, cette lumière qui, malgré lui, lui donnait envie de croire que ce n’était pas que ça, la vie. Qu’il n’était pas obligé d’être celui qu’il était. Le drakyn essaya de s’imaginer un instant quelle pouvait être sa vie si là, maintenant, il décidait de renoncer à sa vie de criminel. S’il se pardonnait, s’il oubliait, s’il décidait de marcher main dans la main avec Rowena pour mener une vie différente. Pour changer. La possibilité lui était si nouvelle qu’il lui fallu un peu de temps pour réellement la comprendre. Couper les fils de son corps de bois, choisir ceux qui lui permettraient de bouger dans le sens qu’il voudrait. Continuerait-il à bord d’un bateau ? Peut-être pas. Que serait-il sans sa piraterie exactement ? Kirig ne savait pas. « Je… » Commença-t-il, le doutant couvrant son mot. Le drakyn sentit sa gorge se serrer, sa mâchoire se bloquer, et il détourna le regard de la femme. « … Tu le penses vraiment ? »
Mais il n’arrivait pas à imaginer, il ne voyait rien et cela le décevait. Après un moment de court silence essayant d’imaginer sans succès, Kirig continua. « Je sais pas qui je suis sans ça… Je vois pas ce que je peux être d’autre. » Toute sa vie s’était construite sur ces bases, ces injustices. Alors comment imaginer la vie autrement ? Pour devenir quoi ? Comment pouvait-il changer s’il ne savait pas ce qu’il voulait être exactement ? Quelle pouvait être sa place dans ce monde si ce n’était pas celle d’un criminel ? Son regard se porta vers là où devait se trouver la malle, puis il reposa les yeux vers le visage craquelé. Kirig repensa à leur danse, à ce bal, à cette femme à l’esprit aussi aiguisé qu’une lame, si unique et si fascinante. Dans cette nouvelle vie qu’il osait espérer, le drakyn la voyait. « J’aimerai… » Chuchota-t-il, « J’aimerai être à tes côtés. » C’était sans doute sa seule certitude, et cela le rassura. Tant qu’il pouvait voir quelque chose, aussi infime que cela puisse être, peut-être pouvait-il être autre chose ? Le monde était toujours le même, mais cet espoir avait tout changé en lui, cela lui donnait le vertige. Par où commencer ? CENDRES
Au final, il était clair que ni Rowena ni les autres n’avaient eu le moindre choix dans leur histoire non plus. Les cordes du destin taillant leur peau et leur âme pour les faire bouger comme des marionnettes, tandis qu’ils s’évertuaient à trouver un sens, une raison. A quoi bon ? Cette nuit-là, tout ce que Kirig pouvait voir, c’était toutes ces choses qu’il avait mérités jadis et qu’il n’avait pas eu. Tout ce qu’on lui avait arraché. Tous les actes commis qui l’avait éloigné un peu plus de cette vie, chuchotés par Vann, une excuse pour ne pas voir bête qu’il était réellement. Cette nuit-là, c’était comme ouvrir les yeux pour la première fois, voir le monde plus réel, comme s’il n’était plus un fantôme hantant le monde, mais une vraie personne entière et complète fait de sang et de chair, parfaitement mortelle. Voir tous ces visages disparus de ses mains, ces yeux ouverts sans vie, ces corps pâles, froids, rigides et empilés, jonchant sur le pont de son bateau, jetés à la mer, dévorés, oubliés. Il n’y avait pas de raison à tout cela, ni dans les cieux, ni sur terre. Ils étaient morts pour rien, Kirig avait tué pour rien, et il n’y avait aucune possibilité de stopper cette course. Comme un grain de sable porté par le vent, le drakyn continuerait encore et encore, à moins qu’il ne soit stoppé.
Ce moment de lucidité l’ancrait au sol, à tel point que Kirig n’aurait pas été capable de bouger même s’il l’avait voulu. Ses yeux fixant la lame, la bête demanda qu’on l’occis. Ce n’était pas aussi grandiose que de couler avec son bateau par le kraken, mais c’était tout ce dont le drakyn méritait. Une mort sans grandeur, juste un homme, par sa propre lame, l’outil qui avait asservit et détruit tant de vies. Oui, il décidait, c’est comme cela que je veux partir. Le soulagement et l’apaisement qu’il ressentit était si agréable, si doux. Cette histoire était parfaite, scellant un conte qui ne rentrerait dans aucun livre, qui s’oublierait comme les visages tués sur le bateau. Mais l’héroïne ne semblait pas voir la fable du même œil. Rowena approcha de Kirig, le saisissant par le col, à priori énervé par la réaction de la bête lucide. Elle avait laissé la prestance et ses mots mélodieux de côté, laissant tout le spectre de ses émotions parler pour elle, marionnette portée par les fils bénis par l’héroïsme et du désir d’espoir. La femme brillait de mille feux, et le drakyn ne pouvait qu’observer cette lumière, aveuglé, écoutant plus que sa respiration saccadée entre ses mots blessés. Ce n’était pas à propos de lui, c’était à propos d’elle, et pourtant, cela lui parlait aussi.
Ils étaient différents, opposés, incapables de se comprendre sur bien des choses, mais il y avait cette petite partie d’eux qui leur était commune. Ce fil au-dessus du gouffre les séparant, les manipulant tout deux. Des marionnettes qui s’étaient rencontrés, qui avaient dansé. Kirig la regardait autant qu’il put dans la nuit, observant ce pont, cette lumière qui, malgré lui, lui donnait envie de croire que ce n’était pas que ça, la vie. Qu’il n’était pas obligé d’être celui qu’il était. Le drakyn essaya de s’imaginer un instant quelle pouvait être sa vie si là, maintenant, il décidait de renoncer à sa vie de criminel. S’il se pardonnait, s’il oubliait, s’il décidait de marcher main dans la main avec Rowena pour mener une vie différente. Pour changer. La possibilité lui était si nouvelle qu’il lui fallu un peu de temps pour réellement la comprendre. Couper les fils de son corps de bois, choisir ceux qui lui permettraient de bouger dans le sens qu’il voudrait. Continuerait-il à bord d’un bateau ? Peut-être pas. Que serait-il sans sa piraterie exactement ? Kirig ne savait pas. « Je… » Commença-t-il, le doutant couvrant son mot. Le drakyn sentit sa gorge se serrer, sa mâchoire se bloquer, et il détourna le regard de la femme. « … Tu le penses vraiment ? »
Mais il n’arrivait pas à imaginer, il ne voyait rien et cela le décevait. Après un moment de court silence essayant d’imaginer sans succès, Kirig continua. « Je sais pas qui je suis sans ça… Je vois pas ce que je peux être d’autre. » Toute sa vie s’était construite sur ces bases, ces injustices. Alors comment imaginer la vie autrement ? Pour devenir quoi ? Comment pouvait-il changer s’il ne savait pas ce qu’il voulait être exactement ? Quelle pouvait être sa place dans ce monde si ce n’était pas celle d’un criminel ? Son regard se porta vers là où devait se trouver la malle, puis il reposa les yeux vers le visage craquelé. Kirig repensa à leur danse, à ce bal, à cette femme à l’esprit aussi aiguisé qu’une lame, si unique et si fascinante. Dans cette nouvelle vie qu’il osait espérer, le drakyn la voyait. « J’aimerai… » Chuchota-t-il, « J’aimerai être à tes côtés. » C’était sans doute sa seule certitude, et cela le rassura. Tant qu’il pouvait voir quelque chose, aussi infime que cela puisse être, peut-être pouvait-il être autre chose ? Le monde était toujours le même, mais cet espoir avait tout changé en lui, cela lui donnait le vertige. Par où commencer ? CENDRES
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Comme si elle avait pu être en état de feindre quoi que ce soit dans son état actuel...
Pourtant la réaction du drakyn l'avait stoppée nette. Elle était toujours tout près de lui, toujours la main sur son col, ses phalanges collées à sa clavicule tant elle le tenait serré. Elle était essoufflée. Éreinté même. Elle avait parlé sans réfléchir, vidant d'un coup le trop plein comme on perse une outre. Il n'était pas sensé lui opposer autre chose que de la moquerie. De la colère. Il n'était pas sensé être autre chose que quelqu'un en tort, nom de nom ! Il n'était rien sensé être puisqu'elle avait surtout parlé pour elle... Mais ce qu'il lui renvoyait au visage sonnait tellement juste qu'elle en frémi elle-même. Elle s'attendait à un mur pour cogner. Elle se retrouvait contre... Une âme.
Ses yeux effilés s'étaient détournés mais elle était suffisamment proche pour voir chaque détail. La mâchoire qui se sert. Le tressaillement. La tension. Il était perdu. Elle avait frappé fort, sans se demander à qui elle avait affaire... En se basant sur une soirée. Une entrevue. Une simple danse. Face aux émotions qui s'agitaient en elle, la révolte profonde et douloureuse contre son destin funeste, elle ne pouvait rester de marbre. Avec ses nerf, une part de sa logique et de son devoir avaient craqués.
D'ici quelques mois elle serait seule. Elle serait... vide.
Les titans lui avaient tout pris. TOUT. Sauf sa rage de vivre. Et la rage, justement, elle l'avait éloignée bien trop longtemps. Elle le haïssait, cet homme si jeune, qui avait eu la chance de naître pour vivre une longue vie dont il pourrait profité jusqu'au bout. Elle le haïssait du plus profond de son être, lui qui pouvait encore se réinventé. Qui en avait la force et dont elle sentait poindre la volonté. Lui qui n'avait besoin que d'une main tendu.
Elle le haïssait... Parce que d'ici quelques mois, qu'elle l'aide ou non, il n'en aurait pas le moindre souvenir.
Elle le haïssait... Pour les quelques mots qu'il venait de prononcer et qu'elle ne voulait pas croire. Qu'elle aurait voulu entendre dans la bouche d'un autre. Qu'elle aurait voulu entendre en un autre temps. Ces mots qui n'avaient pas le moindre sens et parlaient pourtant directement à la cendre et aux éclats éparses qu'elle avait à la place du cœur.
Dans la tempête qu'elle traversait, elle se levait chaque jour pour aller de l'avant sans jamais rien lâcher. Sur le chemin, elle essayait même de rendre le monde un peu plus beau. Elzéar...
A cette instant précis les larmes lui montèrent aux yeux sans débordées. La culpabilité s'était ajouté au reste... Elle préférait encore qu'Elzéar ne soit pas là. Si elle avait vu leurs souvenirs s'effacer jour après jours... Elle avait l'impression de le trahir d'une façon atroce car son plus grand désir, au delà même de trouver un remède qui lui semblait soudain tellement lointain, n'était-ce pas d'avoir la certitude qu'une personne, même une seule, se souvienne d'elle lorsqu'elle ouvrirait les yeux le lendemain matin ? Bien sûr elle aurait tout donné pour que cette personne soit le Roitelet... Mais l'horrible vérité était que ce besoin d'être accompagné dépassait sa seul existence. Une personne qui la soutienne et la protège alors que son monde entier s'écroulait dans un abime bien pire que la mort.
Kirig ne pouvait pas être cette personne. Mais ce n'était pas une question d'origine ou de crime. C'était simplement parce que personne ne pouvait être cette personne.
Et ça... ça c'était inacceptable.
Bafouant toutes ses propres règles, elle tendit son esprit vers celui du drakyn anormalement secoué. Son espèce était connue pour sa résistance psychique, mais même si elle ne parvenait pas à passer, juste sentir les émotions qui le parcourait et la véracité de ses mots lui suffisait. Sa respiration frémi. D'une main - celle qui avait manié le sabre contre sa gorge, y laissant une fine égratignure bien nette - elle prit le menton du jeune homme pour s'assurer qu'il ne se détournerait pas à nouveau . Doucement. Prenant tout le temps dont il avait besoin pour réussir à la regarder en face.
La raison soufflait qu'il ne savait rien d'elle. Qu'elle n'était qu'un symbole, une simple association avec tout ce qu'il était en train de vivre. Pour ce qu'elle en avait à foutre, l'inverse était sans doute vrai également !
- Moi aussi... "
Un souffle à peine articuler. Elle aussi aimerait être à ses côtés... C'était absurde mais ô combien vrai.
Elle noua ses bras autour du cou du drakyn, se serrant contre lui comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Comme si cette simple étreinte pouvait effacer toutes ses peines à elle et donner à Kirig une nouvelle direction à suivre. Elle fermait les yeux à s'en fendre les paupières. Tout oublier. Tout transformer. Elle qui avait perdu la foi se prenait à espérer serrer contre son cœur un présent de la Lune. Quelque chose de si grand et si absurde qu'il ne pouvait qu'être dû au destin.
- Viens avec moi à Justice, je t'aiderai à trouver un travail stable... Ou suit moi. Je vais devoir voyager... Trouver un remède pour ce que j'ai ramené du Front. Viens avec moi. On trouvera ce que tu veux faire. Je te montrerai la beauté de cette vie. Je te ferai découvrir mon monde. " Le saule pleureur frissonna doucement. " Je t'en prie... Viens avec moi, Kirig "
Les bras du Drakyn se refermèrent sur elle et sa main écailleuse passa dans ses courts cheveux blancs, défaisant l'ordre qu'ils avaient encore à peu près au bout de cette soirée dansante. Il était fébrile, mais dans le vide et le chaos, il la serrait, elle. Son regard qui en avait déjà tant vue se posa sur les cheveux blancs, devinant les srties sur sa joue et autour de son oeil.
- ... Je te suivrai. " souffla-t-il encore hésitant. Elle releva la tête sans s'éloigner et pour un instant, ils échangèrent un sourire. Un véritable sourire. La lune était bien terne en comparaison de ce qui s'était allumé sur le visage du drakyn. Rowena passa une main sur sa joue, le coeur débordant d'un espoir qui n'avait absolu plus aucune logique. Un espoir fou.
Mais cela ne dura qu'un instant.
- Mademoiselle Ironsoul !!
Une voix lointaine. Quelqu'un la cherchait. Ils tressaillirent d'un même frisson et le jeune homme eu le réflexe de la garder jalousement contre lui. Mais il ne pouvait pas rester, pas sous ces traits. Pas au prix de sa liberté à elle et du futur qu'elle représentait.
- Retrouve moi demain soir à la porte sud de la ville.
- Kirig...
- Je viendrai. " Les yeux si particulier du drakyn prirent le temps de trouver ceux de la sirène au visage marqué. Il caressa les cicatrices noires et posa son front contre le sien. " C'est une promesse. " Peut-être la première qu'il contait tenir... La première d'une longue série.
Un battement de cil avant que la lumière d'une lanterne les illumine, il s'esquiva aussi silencieusement que la brise nocturne. Rowena remis le sac à ses hôtes mais ne put accuser le commanditaire. Pourtant, elle n'en avait plus rien à faire. Etrangement légère, elle rentra sans tarder et prépara son départ pour Justice dès le lendemain matin. Toute la journée durant, elle avait le coeur battant, dans un état second. Si le vin avait cessé de faire son effet, elle se cramponait à cet espoir, priant même dans le secret de son coeur alors qu'elle ne le faisait plus depuis Sancta.
Le soleil fini par descendre, comme chaque jour, et elle se posta avec sa monture sur une butte bien visible depuis la porte sud, du côté des fauxbourgs. Elle avait pris un livre pour attendre mais ne parvenait pas à avancer, relisant encore et toujours le même paragraphe.
Comme chaque jour, les derniers rayons enflamèrent les montagnes que l'on devinait dans le lointain. Et comme tous les jours, les portes de Courage se fermèrent pour la nuit. Rowena, elle, n'avait pas bougé. Son coeur, peu à peu, avait ralenti au point d'en être douloureux. Minuit sonna. Elle admirait seule la lune dans le ciel étoilé dans un sursaut de dévotion irraisonnée. La pierre de la muraille blanchit sous les premières lueurs du jours. Les bras autour de ses genoux, le front posé sur ses rotules, Rowena avait cessé de pleurer.
Un jour et une nuit. C'était tout ce qu'aurait duré le rêve d'une femme rendue crédule par le désespoir.
Peu importe ce qu'elle pourrait envisager, elle se trompait. La mort elle-même s'était penché sur son destin pour lui retirer tout espoir. Kirig l'avait oublié. Elle n'envisagea aucune autre raison. Il l'avait oublié comme l'oublierai chaque personne en ce monde.
Il n'avait été qu'un mirage lunaire. Un éclat dans la nuit. Un espoir qui ne lui était plus permis. Une dernière trahison de la Lune elle-même.
Lorsque le soleil atteint l'endroit où elle était assise, elle se leva, le corps raide. Frigorifiée. Ses muscles tendus tremblaient de fatigue et de froid. Prenant sa monture par la bride, elle pénétra à noouveau dans la ville. Une vive douleur la saisit au visage. Ses cicatrice s'étendaient de nouveau sur l'ensemble de celui-ci.
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