[Flash-rp] Une extraction tout en douceur

Je vois le mécanisme de la porte qui se met à fondre et cela me faire glousser. Je ne sais pas si cela était voulu, mais ce gars a de l'humour derrière son air pince-sans-rire. Les malandrins en face ne semblent pas de cet avis cependant et çà commence à s'agiter sévère derrière la porte.

Mais voila que mon client commence à faire son discours. Pour le coup j'apprend son nom Tagar Reys, et cela ne me dit strictement rien, tout comme son rôle de Contrôleur Impérial. La menace fuse et instinctivement je mets la main sur mon épée sous ma cape. Il me semble totalement impossible que l'on s'en sorte aussi facilement...

Le judas se referme brusquement et les secondes s'égrènent devenant minutes. Rien.

Mon regard charbonneux navigue entre la porte désespérément close et le dénomme Tagar qui reste toujours aussi stoïque. Finalement je retire ce que j'ai dit, il a l'air aussi aimable qu'une porte de prison. Heureusement que le comptable est là pour mettre un peu d'animation en claquant des dents.

Je soupire en me détendant, jetant un regard en biais à Tagar.

- J'ai l'impression que vous leur avez fait peur.

Je pars dans un grand rire avant de donner une tape amicale au petit gros.

- Voyez, vous n'aviez rien à craindre.

Puis je reporte mon attention vers l'homme aux cheveux blancs, évitant ce genre de familiarité. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas l'impression qu'il prendrait çà très bien.

- Bon vous voulez aller où maintenant ?

La mercenaire m’indique que je leur ai fait peur, alors que je pense pour ma part, qu’ils sont en train de faire le tour de leur repaire sécurisé pour se venger. À moins qu’ils pensent que tout ceci n’est qu’un piège pour les faire sortir de leur tanière. L’important, c’est que la jeune femme aux quatre cornes se détend et après avoir fait ami-ami avec le comptable, qui lui semble sur le point de défaillir, elle me pose une bonne question.

Je lui souris et je lui réponds, lui montrant une direction :

Nous allons au Palais pour se faire téléporter bien sûr.

Je prends la tête de notre petite troupe, content de pouvoir compter sur une garde du corps pour m’aider dans ma tâche. Sur le chemin, mon collègue est beaucoup plus détendu et il me demande :

Vous croyez que cela leur servira de leçon ?

Je le regarde et je lui dis :

Probablement pas, mais à chaque fois qu’ils s’en prendront à un de mes agents, j’engagerai cette dame pour la protéger.

Je me tourne ensuite vers la démone, je pense, et je lui demande :

Je vous remercie pour avoir tenu votre part du contrat. Quel est votre nom ?

Nous allons au Palais pour nous faire téléporter... Suis-je bête, c'est tellement évident !

Je lève les yeux au ciel en soupirant, mais pour le coup je suis encore engagé par le dénommé Tagar pour les escorter jusqu'au fameux Palais. Je leur emboîte donc le pas en m'assurant que personne ne nous suit, mais à priori mes anciens employeurs semblent avoir définitivement abandonné l'affaire.

Je tique lorsque l'homme aux cheveux blancs parle de m'engager régulièrement. A priori je n'avais pas envisagé cette possibilité qui, par certains aspects est plutôt séduisante. Pouvoir compter sur des missions régulières et bien rémunérées, cela ne se refuse pas. Mais je ne sais toujours pas si m'acoquiner avec cette homme est une si bonne idée...

Sa question me sort de mes pensées et je répond par simple reflexe.

- Thylie.

Pas de nom pompeux, de titre ou de poste prestigieux à faire valoir. Je suis juste Thylie.

J'allonge ma foulée pour me porter à leur hauteur, m'adressant à Tagar.

- Tous vos agents sont comme çà ?

Je glisse un regard en coin sur le petit homme replet.

- J'ai du mal à comprendre ce qu'on peut bien lui vouloir, il n'est pas... fort.

C'est le cas de le dire, un simple coup de poing et le pauvre tombe direct dans les pommes.

Thylie ? J’avoue ne jamais avoir entendu un nom comme le sien et j’ignore toujours son appartenance ou même sa race. Ses cornes sont jolies, mais pour mettre un pull cela doit être compliqué, quant à une casquette, c’est carrément mission impossible. Mais je ne veux pas fâcher avec la jeune femme en lui faisant part de mes réflexions et je lui indique donc, m’inclinant légèrement :

Enchanté de faire votre connaissance, dame Thylie.

Elle me demande ensuite si tous mes agents sont comme cela, et j’avoue ne pas comprendre la question, elle précise donc que le comptable n’est pas quelqu’un de fort et lui réponds en souriant :

Une partie oui, les Reikois sont tous des guerriers et nous savons nous battre. Le Shoumei avait un corps d’élite, les Chevaliers, et c’étaient les seuls à savoir utiliser une arme. Ce qui explique que les employés Shoumeiens sont ainsi.

Je vois bien que mon agent me regarde outrer et je continue mes explications :

Mais l’important ce n’est pas d’être fort uniquement. Votre nourriture, votre arme, vos vêtements, la route sur laquelle vous marcher, tout ceci doit être réalisé par des travailleurs. Ces travailleurs doivent être payés et c’est là que nous intervenons, prenant et distribuant l’argent selon les besoins. Il est coutume de dire qu’une armée marche sur son ventre et c’est vrai que si les soldats n’ont pas leurs rations quotidiennes, ils se livreront à des pillages.

Je conclus donc :

C’est pourquoi le rôle de mon collègue est aussi important.

Le petit homme me sourit, fier de lui et je pose à mon tour une question à la mercenaire :

Seriez-vous d’accord pour intégrer mon groupe de recherche contre les Titans ?

Je grimace lorsqu'il m'appelle dame Thylie. Je n'ai jamais rien eu d'une dame, en tout cas pas dans le sens où les Reikois l'entendent. Je suis juste Thylie, la dernière de mon clan est cela est bien suffisant.

Quand à l'explication sur le rôle de cet homme, elle me dépasse toujours autant. Dans ma culture tout le monde œuvrait pour le bien du clan, les rôles de chacun n'étaient pas définis et la notion de paiement pour une tâche n'existait tout simplement pas. Cela me manque vraiment depuis que j'ai été obligée de rejoindre la civilisation et ses règles si strictes que j'ai parfois l'impression d'être une étrangère à ce monde.

En tout cas le petit homme semble fier du rôle qui lui a été confié et mon employeur actuel satisfait de son travail. Alors si tout le monde est content...

- Vous devriez peut-être apprendre à vos soldats à chasser.

C'est ce que je fais lorsque j'ai besoin de me nourrir plutôt que de devoir compter sur les autres pour çà, ce qui montre une différence de point de vue très profonde.

Je stoppe net à la question suivante alors que ma mâchoire se crispe et mes poings de serrent instinctivement. Je hais le titan X'o et c'est pour cela que j'ai rejoint les armées du Reike pour lutter contre ses sbires, mettant ma vie en danger à de multiples reprises.

Mon regard charbonneux se pose sur lui, intense et brûlant du feu de la vengeance. Ma voix est basse et sinistre.

- Je veux tuer X'o, pour qu'il brûle dans les flammes éternelles du Royaume du Feu. Je ne veux pas juste le chercher.

C'est la deuxième fois qu'il évoque son groupe, mais concrètement je ne sais rien de son but ultime concernant les titans.

Il n’y a pas à dire, cette femme a un côté pratique tout à fait charmant. Je lui parle logistique, difficulté d’approvisionnement et la seule chose qu’elle me dit, c’est que les soldats devraient apprendre à chasser ! D’ailleurs, le comptable la regarde, stupéfait. Pour ma part, je lui réponds en souriant, ne voulant pas créer de polémique :

C’est une bonne idée, j’en parlerais à la Griffe, celui qui gère nos armées.

Ma question sur les Titans semble l’avoir énervé, car je la vois s’arrêter de marcher et elle me parle d’un ton indiquant clairement que rien ne se mettra sur sa route, qu’elle veut carrément tuer X’o ! Elle doit avoir une dent contre lui et je lui indique :

Avant de le tuer, il faut bien le trouver. Je suis en train de monter une expédition vers Sancta, c’est le dernier lieu où l’on a vu cette créature et peut-être que nous pourrons y trouver des indices. Pour nous, les Reikois, les Titans sont des abominations qui doivent disparaître de la surface du Sekai.

Je la regarde droit dans les yeux, soutenant son regard de feu, avec difficulté, je l’admets et je lui demande à nouveau :

Voulez-vous rejoindre notre groupe ?

Implacable logique. Je l'observe longuement, comme pour essayer de voir derrière la façade qu'il arbore mais il reste toujours aussi indéchiffrable. Je réponds sèchement.

- Je sais où il a disparu.

Après qu'il ait massacré mon clan et ravagé Sancta le titan s'est mystérieusement évanoui, laissant derrière lui une horde de morts-vivants hantant les rues de la cité autrefois sainte.

- J'ai rejoint vos armées en espérant qu'elles iraient jusque-là bas pour me permettre de me venger.

De l'amertume dans la voix.

- Mais vous avez décidé d'arrêter la guerre après vos exploits à Benedictus.

Je m'approche un peu plus de lui.

- Alors en quoi le groupe dont tu parles m'assurera d'obtenir une juste vengeance ? Et quand pensez-vous vous rendre à Sancta ?

Pour une révélation, c’est une révélation ! La personne que j’ai en face sait où se trouve le Titan que tout le monde cherche depuis le début de la guerre ! J’apprends également que le monstre est responsable de quelque chose d’assez grave pour qu’elle demande vengeance et que c’est pour cette raison qu’elle s’est engagée.
Elle me pose ensuite différentes questions et je lui dis :

Avant de parler de cela, accordez-moi juste une minute.

Je vois une patrouille de soldats au loin et je vais les voir. Je me présente et leur demande de prendre le comptable en charge, car il est attendu au Palais. Une fois cette affaire réglée, je retourne voir la jeune femme et je lui propose :

Si vous voulez bien me suivre, je connais une taverne non loin où nous pourrons être tranquilles pour discuter.

Ce n’est pas en effet un sujet dont on peut parler en pleine rue. Je lui précise cependant :

Je répondrai à toutes vos questions là-bas, je vous le promets.

J'attends patiemment alors que son homme est pris en charge par des soldats du Reike qui semblent reconnaître son autorité ce qui prouver qu'il n'a pas menti. Il n'est pas juste un simple pion dans la hiérarchie reikoise.

Il m'invite ensuite dans une taverne pour pouvoir discuter plus librement et tranquillement. Je n'hésite pas vraiment, répondant du tac au tac sur un ton bien plus familier maintenant que j'ai accompli la tâche qu'il m'a confié puisque le comptable est en sécurité.

- C'est toi qui paies les boissons.

Il s'engage dans une ruelle perpendiculaire, se rapprochant de la zone dite "reikoise" de Mael. Il faut dire que ceux qu'une partie de la population appelle les occupants ne sont pas les bienvenus partout. Personnellement cela me laisse de marbre, je n'ai rien contre le Reike, ni contre les anciens Shoumeïens. Je veux juste soulager ma conscience en me vengeant de X'o.

Il nous amène à une table légèrement à l'écart et je commande une pinte de cette bière naine et forte dont je raffole. Je me laisse aller dans ma chaise qui grince légèrement sous mon poids.

- Je t'écoute.

Quand la jeune femme, pour toute réponse me demande de payer, je lui indique en souriant :

Cela va de soi !

Après avoir rejoint l’auberge où je sais que je serais le bienvenu, je commande du thé très chaud, très sucré, très bon et comme Dame Thylie a déjà chois sa propre boisson, je peux commencer notre discussion :

Je suis d’accord avec toi, les soldats Reikois n’auraient jamais dû s’arrêter avant que le Shoumei ne soit entièrement libéré.

Je la tutoie, car elle a commencé à le faire et je continue :

C’est pourquoi un petit groupe, dont je fais partie, à décider de régler ce problème définitivement. Pour cela, nous avons besoin de la localisation des Titans, avec des preuves solides, pour convaincre le couple impérial de se joindre au combat.

Je déploie ensuite une carte de la contrée où nous sommes de ma besace et lui montre les différents lieux :

Nous partons de la capitale Ikuza dans un mois, en bateau, pour rejoindre la côte nord de Sancta afin de ne pas être repéré par les morts-vivants. Sur place, nous entrons dans la ville et examinerons la situation.

Voilà, le plan est un peu grossier, mais personne ne sait vraiment ce qu’il se passe là-bas. Je peux ainsi lui demander :

Alors, où se trouve X’o ?

J'observe l'homme qui me montre des endroits sur une carte du monde. Je n'en avais jamais vu de telle et il me faut un moment pour comprendre cette représentation de la terre que je foule du pied.

La serveuse nous amène nos boissons et je vide ma bière d'un trait, reposant la chope bruyamment en m'essuyant la bouche du revers de la main. Apparemment l'homme agit en marge des autorités reikoises.

Je pose un doigt au niveau de la côte au nord de Sancta.

- Nous allions dans des fjords protégés des éléments en hiver avec ma tribu. Bon pour les bateaux.

Mon doigt descend jusqu'à Sancta, traversant des étendues sauvages que j'ai parcouru pendant ma jeunesse.

- Je pourrais vous guider jusqu'à la ville.

Je relève la tête vers l'homme lorsqu'il me demande où est X'o, et je trace une croix grossière à l'endroit où se trouve la cité. Ma voix se fait de nouveau grinçante et emplie de colère.

- Il a tout détruit ici. Je suis sure qu'il est là, qu'il se terre protégé par ses hordes de morts-vivants.

Je serre le poing, ayant pris ma décision.

- Je serai à Ikaris dans un mois.

Comme je le suspectais, la délicatesse n’est pas vraiment la marque de mon interlocutrice, vu sa manière de boire. Pendant ce temps, je bois quelques gorgées de mon thé, faisant bien attention, à ne pas en renverser une goutte. Je l’écoute attentivement me raconter ses propres péripéties et m’indiquer en quoi elle pourrait être utile pour notre expédition.
Pourtant, je suis déçu, car elle n’a pas de preuve sur la présence de notre cible à Sancta, juste une intuition. De toute façon, je devais y aller, alors autant avoir une personne qui connait bien les lieux. Toutefois, je tiens à la prévenir :

Nous y allons uniquement pour faire du repérage et trouver des indices. Même si le Titan est là, interdiction de l’attaquer. Il a fallu toute l’armée du Reike avec un dragon et le couple Impérial, pour en vaincre un alors, alors ne pensez pas y arriver toute seule. Je vous promets que vous aurez votre chance, mais pas d’action suicide.

J’espère qu’elle m’a compris. Elle est en tout cas motivé et je la reprends d’une voix douce pour ne pas l’énerver :

C’est Ikuza. Vous n’aurez qu’à vous présenter au Palais et demander à me parler, je laisserai des consignes dans ce sens à la garde.

Je grimace lorsque l'homme conseille la prudence. Ce n'est clairement pas l'une de mes qualités premières et il est à peu près certain que si je vois X'o, alors rien n'y personne ne pourra m'empêcher de l'affronter pour le tuer. Même si cela relève du suicide.

Quant au nom de leur capitale, ils auraient pu faire un effort pour trouver quelque chose de plus prononçable.

- Ikaris, Ikuza, c'est presque pareil.

Je commande une autre bière avant de le regarder de nouveau légèrement nerveuse. Je n'ai jamais été douée pour mentir et il y a clairement quelque chose qui me tracasse.

- Je suis allée à Sancta.

Je détourne les yeux, comme pour lui cacher certaines choses.

- Il y a quelques semaines. Je voulais me venger, mais X'o n'y était pas.

Je marque une courte pause, avant de poser de nouveau mon regard charbonneux sur lui.

- Mais je suis certaine qu'il se terre sous la ville. J'ai vu les crevasses qui la traversent comme autant de cicatrices encore vives. Il faut juste pouvoir descendre.

La jeune femme essaye de m’expliquer, à moi, que les subtilités de la langue Reikoise sont inutiles et comme je ne veux pas de problème, je me contente de hocher la tête. Ce qui est le plus important, c’est que j’apprends quelque chose de nouveau et je lui indique :

C’est une nouvelle qui a toute son utilité, nous emporterons du matériel d’escalade pour aller les inspecter. Si vous avez d’autres informations, surtout n’hésitez pas.

J’écoute ses potentielles précisions, puis, comme je m’y étais engagé, je paye nos deux consommations avant de quitter l’endroit. J’ai encore beaucoup à faire au sein de la capitale et pour cela, je dois demander aux mages de Maël, une téléportation. Si ce n’est pas possible, je demanderai une monture volante, j’ai encore en tête mon trajet aux commandes d’un griffon et cela m’avait beaucoup plus.

En-tout-cas, j’ai réussi ce que je voulais entreprendre, ce qui est une bonne chose. Le comptable doit être en sécurité à l’heure qu’il est.

Je reste encore un moment seule dans la taverne. Cette rencontre a pris un tour fort imprévu et j'ai du mal à appréhender ce qu'il va en découler. Une partie de moi jubile cependant, alors que j'avais presque perdu tout espoir de pouvoir assouvir ma soif de vengeance, voilà que je tombe sur cet homme et son projet fou. Je me demande un instant d'où lui vient sa haine contre les titans.

Je me masse les tempes, prise d'une profonde lassitude. Les événements se bousculent trop rapidement pour moi ces dernières semaines. D'abord ma visite suicidaire à Sancta où j'ai rencontré la liche Morndrizel qui a réussi à me faire m'interroger sur ce que j'étais vraiment, sans que je parvienne à trouver des réponses pour l'instant. Et maintenant cet homme qui attise les braises encore tièdes de ma haine pour le titan X'o.

Deux quêtes apparemment incompatibles qui me plongent dans l'incertitude la plus totale.

Je soupire en me relevant. J'ai donné ma parole. Ikuza, dans un mois, pour me lancer dans une quête impossible avec un homme dont je ne sais presque rien.

En attendant, peut-être que j'aurai le temps de trouver des réponses...