Citoyen du Reike
Rachelle Virsce
Messages : 63
crédits : 3936
crédits : 3936
Info personnage
Race: Hybride - Souris
Vocation: Guerrier Assassin
Alignement: Loyal bon
Rang: C
Mille excuses II
Assise sur un simple banc de pierre, Rachelle laissait le calme environnant la bercer. Ces derniers jours n’avaient pas été des plus simples. Entre ses propres erreurs, la saute d’humeur de Marceline ou encore l’enfant sous son toit qui pouvait se montrer invivable lorsqu’elle le désirait, la souris se sentait dépassée par les évènements. Le monde changeait autour d’elle et elle se sentait entravée de sa condition handicapante. Elle se sentait impuissante et se rendait compte qu’il ne suffisait pas de grands discours éloquents ou d’un mental à toute épreuve pour parvenir à régler les soucis qui gravitaient autour d’elle. Peu à peu, la souris comprenait que les attaches étaient aussi source d’angoisse. Les choses étaient tout de même plus simples lorsqu’elle était encore une fraîche recrue arrivée au Reike. Se remémorant des temps passés, un sourire parcouru son museau. Elle se revoyait poser tout un tas de questions autour d’elle, s’entraînant sans relâche et crier à qui voulait l’entendre qu’un jour elle se tiendrait fièrement dans les hautes sphères du Reike. Et aujourd’hui ? Elle était assise en tentant de trouver un certain calme intérieur, devant l’un des enclos du refuge Ayshara Ryssen, une place de calme et de paix pour les animaux trop vieux ou trop mal en point pour continuer de servir le Reike. Elle se promit de ne pas faire la blague de mauvais goût de penser que sa place se trouvait, à elle aussi, derrière la barrière de l’enclos, maintenant qu’elle était dépourvue de ses yeux et incapable de servir sa nation.
Et pourtant, pas une seule fois la souris aurait échangé celle qu’elle était devenue aujourd’hui contre sa version plus jeune. Les temps étaient durs, mais quand bien même sa relation était une source d’inquiétude supplémentaire, elle lui apportait également un bonheur sans précédent ainsi qu’une certaine sensation de stabilité. Les inquiétudes qu’elle éprouvait vis-à-vis de sa compagne et du futur qui les concernaient, n’étaient rien en opposition à ses rêves portés sur ce même futur. En un sens, la présence de Marceline l’avait aussi fait grandir, lui permettant d’accepter un peu plus sa propre mortalité et son temps de vie effroyablement court. Elle savait également qu'ensemble, elles seraient capables de faire face aux tracas du quotidien. Car même si les problèmes de l’elfe au teint ébène se retrouvaient sur les épaules de la souris, l’hybride savait que le contraire était également vrai. Marceline l’aiderait à porter ses propres fardeaux. Elle avait ainsi plus de soucis, mais également plus de bras pour les porter.
C’était ainsi, que pour commencer à résoudre une bonne fois pour toutes certains démons de sa bien aimée, que la souris s’était arrangée pour convenir d’un rendez-vous dans ce lieu de paix. Un rendez vous réunissant Marceline Cornebouc et Tagar Reys, le Cœur du royaume et autrefois ministre des finances. Un homme qui avait agi en mentor vis-à-vis de la souris lors de sa toute première mission officielle de soldat quelques années auparavant. Evidemment, Rachelle avait un immense respect pour cet homme et les quelques fois où elle avait pu lui parler, il s’était toujours montré sage et juste.
Malheureusement, pour une raison particulière, Marceline semblait vouer une haine sans fin au noble. Selon elle, il était responsable de divers maux qui lui étaient tombés dessus lors du triste événement de la flèche. (Une tragédie ayant frappée le Reike il y a de cela quelques années, où la reine, Ayshara Ryssen, manqua de rejoindre les astres, transpercée par une flèche. Toute une enquête s’était montée et, de fil en aiguille, Marceline, qui à l’époque faisait dans la négociation d’informations, s’était retrouvée aux prises d’un interrogatoire par les forces d’espionnage reikoise. Ce dernier se rapprochant plus d’une torture que d’un simple questionnement car après tout, il s’agissait d’informations sensibles au niveau territorial et que l’impératrice se trouvait entre la vie et la mort alors que le coupable courait toujours dans les rues reikoises. Marceline pensait dur comme fer que la personne ayant envoyé, consciemment ou non, l’espion chez elle était Tagar Reys. Peut-être était-ce le cas. Peut-être pas. La souris qui avait pu écouter le témoignage de sa compagne et connaissait les ficelles de l’armée reikoise, savait que même si Tagar était responsable d’avoir laissé entendre à l’armée que Marceline était en possessions d’informations en lien avec l’enquête, ainsi que peut-être d’un lien avec le coupable, prévenir le service d’espionnage était la chose à faire. Trouver le criminel était une tâche primordiale. Le Reike ne pouvait se permettre de se montrer faible, surtout à l’époque alors que la nation était en proie à divers problèmes qui seraient trop longs à expliquer. Ainsi, elle n’éprouvait aucun grief contre Tagar Reys. Toutefois, elle avait pu comprendre qu’une odieuse femme, aujourd’hui ayant disparue du Reike comme par hasard peu après les événements de la flèche, s’était amusée à lancer de fausses accusations au sein des représentants de la loi et Marceline avait sauté à pieds joints dedans, réléguant ainsi de fausses informations, la mettant par la suite, encore plus dans la panade. Cette femme ayant disparue, et n’ayant aucun moyen de savoir qui était l’espion l’ayant torturé, il était naturel que tout son ressentiment se porte sur le seul potentiel coupable sur qui elle pouvait poser un nom et un visage. Un coupable qui était encore bien présent et non un spectre du passé ayant fui lâchement le Reike.)
Et c’est donc pour ça, que Rachelle s’efforçait de faire taire les démons qui hantaient Marceline. Bien qu’aveugle, elle ne pouvait lui offrir un support inconditionnel dans un chemin qu’elle pensait néfaste à long terme. Il était temps pour Marceline de laisser aller ses griefs et se concentrer sur le futur. Rachelle était bien placée pour savoir à quel point les chaînes des peurs et ressentis passés pouvaient se montrer entravantes. Forçant quiconque les portait à se retrouver dans un état léthargique, incapable d’avancer et de grandir. S’enfermant dans une boucle sans fin, trop terrifié pour agir, trop hargneux pour grandir. Et cette boucle, symbolisée par Tagar Reys aux yeux de Marceline, devait prendre fin aujourd’hui. Rachelle serait présente en tant que médiatrice et soutien psychologique pour l’elfe. Voulant tenter de l’aider à briser cette chaîne qui prenait bien trop de place. Malheureusement, alors que l’heure du rendez-vous approchait, la souris se sentait de plus en plus angoissée. Tout allait-il vraiment se dérouler comme elle le désirait ? Cette fois-ci, elle ne ferait pas l’erreur du festival. Ce serait à Marceline d’y aller à son rythme. De s’expliquer avec Tagar et, si les astres sont de bonne humeur, de finalement le pardonner.
Elle avait ainsi choisi ce lieu apaisant pour le rendez-vous et espérait qu’ils pourraient tous en rire d’ici quelques années. Bien qu’elle était à deux doigts de se ronger les griffes.
Une voix vint alors la sortir de sa torpeur. Une voix qui à première vue lui paraissait inconnue mais teintée tout de même d’une certaine familiarité. Une voix profonde et grave, masculine.
—Un lieu de paix. Où les animaux épuisés et blessés peuvent profiter des dernières années qu’il leur reste sans craindre le sang ou les horreurs du combat. Finalement, ces animaux ne sont pas bien loin de ta condition. Finalement, ta place est peut-être aussi dans ce refuge, petite souris.
Rachelle sursauta presque, se levant d’un bond, les sens en alerte. Bien qu’aveugle, elle n’était néanmoins pas dépourvue d’ouïe. De plus, sa condition d’hybride lui avait octroyé un certain odorat hors du commun. Elle avait au moins ça pour elle.
Quoi qu’il en fût, il était impossible qu’elle ne se rende pas compte de l’approche de quelqu’un à moins que ce dernier n'ait expressément pas cherché à cacher sa présence. D’autant plus que seul le vent pouvait se faire entendre. Le vent, et quelques animaux dans les enclos qui se prélassaient au soleil. Elle abaissa son chapeau avant de s’asseoir de nouveau. Les bras croisés. Cherchant à comprendre qui était son interlocuteur.
—C’est très drôle ça dites moi, siffla la souris entre ses dents. Votre quotidien est-il si morne au point de venir chercher querelle à une ancienne soldate ?
Un silence se fit entendre quelques secondes avant que la voix de l’inconnu ne se fasse entendre à nouveau.
—Peut-être bien. Est-ce la monotonie qui me conduit à venir te prendre de haut ? Ou est-ce peut-être par agacement ? Non, je pense qu’il s’agit surtout de déception.
—Eh bien je suis sincèrement désolée de ne pas vivre à la hauteur de vos attentes, qui que vous soyez. La voix de la souris peinait à cacher un certain agacement. Venez-en au fait. Je n’ai ni le temps, ni la lubie d’échanger des piques avec un inconnu.
La souris tentait de rester calme, mais tous ses sens restaient en alerte. Le fait qu’elle ne parvenait pas à localiser précisément la voix commençait à l’effrayer lentement. Ses jours sur le front avaient éveillé en l’hybride une certaine prédisposition à la prudence. Par réflexe, elle toucha le manche de sa lance, qu’elle transportait avec elle presque partout. Tel un trophée de sa gloire passée. Une gloire éphémère et bien courte.
—Tu n’auras pas besoin de ton arme. C’est même à se demander si tu en auras de nouveau l’utilité un jour. Tu n’es qu’une souris effrayée. Qui se complait grassement dans son état de handicap. Faible. Voilà le mot qui te définit. Faible et lâche. Si la guerrière qui était prête à donner sa vie pour le Reike te voyait aujourd’hui, elle aurait honte de toi.
Rachelle resta sans voix quelques instants. Cherchant une réplique sans la trouver. Ne tenant plus, elle serra finalement les poings.
—Je ne suis pas faible et encore moins lâche. J’ai simplement dû réorienter mes choix de vie suite à ma blessure. J’ai beaucoup à faire même si je ne prends plus les armes.
—Balivernes. Le ton était sec. Impassible et n’invitait à aucune réponse. Rachelle Virsce, soldate du Reike, n’aurait jamais abandonné ses rêves à cause d’une si petite blessure. Tu peux continuer de te mentir à toi même, te dire que tout ce que tu veux, c’est une petite vie paisible bien remplie, te voir t’éteindre dans un lit confortable après une vie de félicité. Mais nous savons tous deux que ce n’est pas ce que tu désire. Non, tu as besoin de ce sentiment d’accomplissement. Tu as goûté une fois à la ferveur du combat et tu n'en oublieras jamais le goût. Pour le restant des tes jours, tu ne pourras t’empêcher de te demander “Est-ce vraiment la vie que j’ai souhaité ?” Tu as simplement abandonné. Et lorsque tu rencontreras ta fin, ce qui arrivera prochainement avec ta pathétique espérance de vie, il sera trop tard pour faire marche arrière. Car au fond de toi, ce qui te terrifie le plus, ce n’est pas de mourir. C’est de ne pas avoir assez vécu. Aider les gens, te battre pour eux, ce n’est pas seulement par bonté d’âme. Tu te sens vivante lorsque tu agis ainsi, tu te sens importante lorsque tu te rends compte que c’est grâce à toi, l’hybride défavorisée, qu’ils sont sains et saufs. Lorsqu’ils te remercient, tu tente de rester humble, mais en réalité, tu raffoles de ces compliments.
—Assez, souffla la souris entre ses lèvres. Se sentant légèrement mal à l’aise. Ce n’est pas vrai. Et puis je n’ai plus le temps pour ça, je dois m’occuper de mes proches, ils ont besoin de moi.
—Encore des excuses. L’un n'empêche pas l’autre. Penses-tu que les héros du Reike n’ont aucune famille ? Non bien sûr. Au contraire, en protégeant la nation, ils protègent également leur famille. Dis moi, souris. Lorsque tu étais sur le front, au bord du précipice. Alors que la mort te tendait les bras. D'où as-tu tiré la force de te relever pour combattre jusqu’à ta fin supposée ?
Rachelle resta quelques instants interdite. Ne comprenant pas où son interlocuteur souhaitait en venir. Ce dernier l’enjoignit à répondre.
—Toutes mes pensées étaient tournées vers ma nation, les soldats de mon régiment et… vers celle que j’aime.
—Tu comprends donc ton hypocrisie. Tu as le pouvoir de les protéger. Peu m’importe que tu tires ta force et ta résolution de tes sentiments, de ton goût pour le combat ou même d’un sentiment d’infériorité. Ce qui me gêne, c’est de te voir ainsi. Léthargique, les bras baissés. Depuis combien de temps ne t’es tu pas entraînée ? Si demain un bandit attrapait ta compagne dans le but de lui trancher la gorge, serais-tu en mesure de l’en empêcher ? Toutes tes promesses ne valent rien si tu n’es pas capable de tenir celles que tu te fais à toi-même. Tu as juré de servir le Reike et d’en protéger les habitants. De donner ta vie pour eux. C’est la vie que tu souhaitais, la vie pour laquelle tu t’es battue. Et maintenant que tu as trouvé un semblant de tranquillité, tu as peur. Tu es terrifiée à l’idée d’échouer. De perdre le peu que tu as gagné. Pourtant ta soif insatiable d’héroïsme continue de te tirailler de l’intérieur. Et tu es incapable de l’étancher. Alors tu te complais avec ce que tu as mais la vérité, c’est que tu aimerais bien plus.
—Vous êtes qui au juste ? demanda Rachelle dont la gorge était devenue particulièrement sèche.
—Quelqu’un qui a accordé sa confiance envers une hybride. Mais vraisemblablement, je me suis trompé. Tu n’es rien de plus qu’une erreur de la nature. Une faible et pathétique forme de vie qui s’éteindra sous peu. Nous n’avons rien de plus à nous dire. Je ne faisais que te faire part de mon mécontentement. Continue de profiter des aides financières de la nation, continue de vivre cette vie monotone et insipide qui est la tienne. Lorsque tu disparaîtras, tu resteras oubliée de tous. Tu n’auras jamais marqué l’histoire et tu retourneras à la cendre telle l’inconnue que tu as toujours été. Tu es une honte pour le Reike.
C’étaient là les mots de trop. Rachelle empoigna sa lance avant de lancer un coup circulaire de la hampe autour d’elle.
—Assez ! Hurla-t-elle enfin alors que son poil se hérissait un peu. Tu ne sais rien de moi ! De ce que j’ai vécu ou de mes envies !
Elle ne sentit aucun contact avec son arme et la voix ne lui répondit plus. Pourtant, elle se sentait mal à l’aise. Terriblement mal à l’aise. Il y avait du vrai dans les paroles de l’inconnu. Qui était-il ? Pourquoi ne l’avait-elle pas entendu approcher ou partir ? Pourquoi ces reproches ? Que lui avait-elle fait ?
Elle n’eut pas le luxe d’y penser bien longtemps car bien vite, un “Coin” sonore se fit entendre non loin d’elle. Elle entendait les petites pattes d’un canard qui se dirigeait bien vite vers sa direction. Elle pu sentir ce dernier bondir dans les airs avant de lui asséner un violent coup de bec sur l’arrière de la tête. Rachelle, légèrement sonnée par l’impact, prit quelques secondes pour retrouver ses esprits. Elle entendit un pas lourd arriver en courant.
—Oh peuchère, se fit alors entendre une voix mi-amusée mi-inquiète. Appartenant au propriétaire des pas que Rachelle imaginait être l’un des gérants du refuge. Faut pas crier comme ça ma p’tite dame. Ça à le chic d’énerver le caneton. Je suis désolé pour le coup à la tête, mais si vous comptez troubler le calme des animaux ici, je vais vous demander de partir.
Rachelle se releva avec difficulté avant de se laisser tomber de nouveau sur le banc. Elle se massa doucement l’arrière de la tête.
—Je vous présente mes plus plates excuses messire, répondit la souris par bienséance bien que toutes ses pensées étaient tournées vers sa discussion de plutôt. Cela ne se reproduira plus, vous avez ma parole. (Vaut elle encore quelque chose ? pensa-t-elle en réprimant une grimace.)
Elle entendit l’employé lui faire une dernière remontrance alors que ce dernier s’en allait finalement en essayant de bercer le canard qui continuait de lancer des “Coin-coin” agressifs à l’attention de la souris.
Se sentant bien misérable, Rachelle commença à s’allonger sur le banc pour souffler un coup. Encore bouleversée émotionnellement. Elle n’eut pas le temps de profiter longtemps de ce répit car bien vite, elle entendit au loin le pas de Marceline. Au fil des années, elle avait réussi à le reconnaître entre mille. Sa démarche avait quelque chose de réconfortant pour la souris qui se releva et s’efforça de faire taire le moindre doute sur son visage. Lorsqu’elle entendit l’elfe suffisamment proche, elle l'accueillit avec un sourire.
—Marceline, je suis contente de t’entendre. Prend place, il ne manquera plus que Tagar.
Elle enlaça cette dernière.
—Tu es prête ? Je veux dire, à clôturer une bonne fois pour toute cette affaire ?
Un sourire sur le visage, Rachelle finit par enfouir cette rencontre étrange au plus profond d'elle-même. Pour l’heure, une autre affaire plus urgente allait accaparer son attention.
CENDRES
Invité
Invité
Mes doigts dansant sur ma vielle à roue je chantais à gorge déployée une chanson joyeuse et entraînante dans une taverne que j’avais eu l’habitude de fréquenter du temps où j’étais insouciante.
—Mes amis, avait crié le tenancier, j’aimerais vous présenter une amie qui revient de loin ! Une amie chère qui avait l’habitude de venir jouer dans mon établissement toutes les semaines ; je suis d’ailleurs ravi de voir que certains qui la connaissaient de cette époque sont toujours là ! Pour les autres je vous présente l’elfe cornue aux doigts magiques dont nous attendons le retour après plus de trois ans, Marceline !!
Et puis j’étais montée sur la scène rejoindre l’homme qui m’avait présenté et les autres musiciens. Celui-ci m’avait laissé tout l’espace personnel dont j’avais besoin tout en se montrant autant amical qu’à l’époque.
—Ravi de te revoir parmi nous Marceline, m’avait-il dit avant de s’écarter pour me laisser la place.
C’était un vieil ami que j’avais délaissé après mon interrogatoire, et que je revenais voir aujourd’hui comme pour prouver que j’étais guérie. Je ne l’étais pas, je ne le serais probablement jamais, mais en cet instant, après tant d’épreuves, j’étais aussi proche que je ne l’avais été depuis trois ans.
Il m’avait accueilli à bras ouverts et quand je l’eus poliment repoussé j’avais dû lui expliquer mon manque d’enthousiasme pour le contact physique. Il avait bien été me voir depuis tout ce temps, mais je l’avais alors repoussé poliment, et il avait bien vu que j’étais crispée, et n’avait pas insisté. Aujourd’hui, ça avait été différent. J’avais pu tout lui dire, au nom de notre vieille amitié, et après m’avoir écouté avec le sérieux qu’une telle situation demandait, il m’avait fait part de son affection inchangée envers moi et de la joie qu’il éprouvait à l’idée de me revoir régulièrement. Il m’avait ensuite présentée à la foule, puisque j’étais venue jouer et chanter.
Jouant désormais en rythme, je chantais une chanson qui parlait de vaincre ses démons la tête haute, une chanson qui collait tout à fait à la situation, puisque pas plus de deux heures plus tard, je serais en compagnie de Rachelle et de Tagar pour clore ce chapitre de ma vie. Ou peut-être ne le pourrais-je jamais. Cela dépendrait de moi, de Tagar, et de Rachelle. Mais j’étais confiante. Après avoir tant essayé de faire la paix avec mon passé, après avoir tant essayé de me reconstruire, il ne restait plus qu’une étape à franchir. Celle de pardonner à Tagar Reys.
Après avoir salué chaleureusement la foule et les gens que je connaissais, j’étais partie, l’estomac tout de même serré, vers le refuge Ayshara Ryssen où je retrouverais ma petite amie et l’homme qui représentait pour moi la source de mes plus grands maux. Mais tout allait bien se passer, car je ne reproduirais pas l’erreur du festival.
Je ne me faisais cependant pas d’illusions. Je resterais probablement froide avec lui pour toujours. J’aurais beau essayer de mon mieux de lui pardonner, une partie de moi continuerai à lui attribuer ma souffrance passée.
Je chassais ces mauvaises pensées en secouant la tête. Il faisait beau, j’étais en chemin pour aller voir ma petite amie et je venais de beaucoup m’amuser à la taverne. Ce jour là, tout irait bien.
Passant l’enclos d’un cheval dont une profonde cicatrice barrait le visage et l’épaule, je ne pus m’empêcher de m’arrêter, une profonde compassion s’imprimant sur le mien. À quel point étions-nous similaires ? Notre mode de vie, notre rôle dans la société, et même notre identité à jamais marqués par nos blessures ?
Il était temps que je rejoigne ma future compagne, aussi ne m’attardais-je pas.
J’arrivais enfin en vue de Rachelle qui se leva en m’entendant – elle était incroyable à pouvoir ainsi m’entendre et me reconnaître d’aussi loin – et m’enlaça quand j’arrivais à sa hauteur après m’avoir fait part de sa joie de me voir.
—Tu es prête ? Je veux dire, à clôturer une bonne fois pour toute cette affaire ?
Je pris une profonde inspiration.
—Je suis prête.
Je m’assis à côté d’elle.
—je pense avoir beaucoup guéri ces derniers temps. Je me sens beaucoup mieux, j’ai le contact plus facile. Je suis allée voir un vieil ami ce midi avant de venir, quelqu’un que j’avais pas vu depuis trois ans, et tout s’est très bien passé. Je pense que je suis prête à pardonner à Tagar… Et toi, es-tu prête à nous aider à faire la paix ?
Je lui souriais bien qu’elle ne puisse le voir, mais j’étais persuadée qu’elle pouvais entendre mon sourire dans ma manière de lui parler. J’avais hâte que Tagar ne vienne à cause du stress, et en même temps je voulais profiter que nous ne soyons que toutes les deux pour passer un moment heureux ensemble.
—Mes amis, avait crié le tenancier, j’aimerais vous présenter une amie qui revient de loin ! Une amie chère qui avait l’habitude de venir jouer dans mon établissement toutes les semaines ; je suis d’ailleurs ravi de voir que certains qui la connaissaient de cette époque sont toujours là ! Pour les autres je vous présente l’elfe cornue aux doigts magiques dont nous attendons le retour après plus de trois ans, Marceline !!
Et puis j’étais montée sur la scène rejoindre l’homme qui m’avait présenté et les autres musiciens. Celui-ci m’avait laissé tout l’espace personnel dont j’avais besoin tout en se montrant autant amical qu’à l’époque.
—Ravi de te revoir parmi nous Marceline, m’avait-il dit avant de s’écarter pour me laisser la place.
C’était un vieil ami que j’avais délaissé après mon interrogatoire, et que je revenais voir aujourd’hui comme pour prouver que j’étais guérie. Je ne l’étais pas, je ne le serais probablement jamais, mais en cet instant, après tant d’épreuves, j’étais aussi proche que je ne l’avais été depuis trois ans.
Il m’avait accueilli à bras ouverts et quand je l’eus poliment repoussé j’avais dû lui expliquer mon manque d’enthousiasme pour le contact physique. Il avait bien été me voir depuis tout ce temps, mais je l’avais alors repoussé poliment, et il avait bien vu que j’étais crispée, et n’avait pas insisté. Aujourd’hui, ça avait été différent. J’avais pu tout lui dire, au nom de notre vieille amitié, et après m’avoir écouté avec le sérieux qu’une telle situation demandait, il m’avait fait part de son affection inchangée envers moi et de la joie qu’il éprouvait à l’idée de me revoir régulièrement. Il m’avait ensuite présentée à la foule, puisque j’étais venue jouer et chanter.
Jouant désormais en rythme, je chantais une chanson qui parlait de vaincre ses démons la tête haute, une chanson qui collait tout à fait à la situation, puisque pas plus de deux heures plus tard, je serais en compagnie de Rachelle et de Tagar pour clore ce chapitre de ma vie. Ou peut-être ne le pourrais-je jamais. Cela dépendrait de moi, de Tagar, et de Rachelle. Mais j’étais confiante. Après avoir tant essayé de faire la paix avec mon passé, après avoir tant essayé de me reconstruire, il ne restait plus qu’une étape à franchir. Celle de pardonner à Tagar Reys.
Après avoir salué chaleureusement la foule et les gens que je connaissais, j’étais partie, l’estomac tout de même serré, vers le refuge Ayshara Ryssen où je retrouverais ma petite amie et l’homme qui représentait pour moi la source de mes plus grands maux. Mais tout allait bien se passer, car je ne reproduirais pas l’erreur du festival.
Je ne me faisais cependant pas d’illusions. Je resterais probablement froide avec lui pour toujours. J’aurais beau essayer de mon mieux de lui pardonner, une partie de moi continuerai à lui attribuer ma souffrance passée.
Je chassais ces mauvaises pensées en secouant la tête. Il faisait beau, j’étais en chemin pour aller voir ma petite amie et je venais de beaucoup m’amuser à la taverne. Ce jour là, tout irait bien.
Passant l’enclos d’un cheval dont une profonde cicatrice barrait le visage et l’épaule, je ne pus m’empêcher de m’arrêter, une profonde compassion s’imprimant sur le mien. À quel point étions-nous similaires ? Notre mode de vie, notre rôle dans la société, et même notre identité à jamais marqués par nos blessures ?
Il était temps que je rejoigne ma future compagne, aussi ne m’attardais-je pas.
J’arrivais enfin en vue de Rachelle qui se leva en m’entendant – elle était incroyable à pouvoir ainsi m’entendre et me reconnaître d’aussi loin – et m’enlaça quand j’arrivais à sa hauteur après m’avoir fait part de sa joie de me voir.
—Tu es prête ? Je veux dire, à clôturer une bonne fois pour toute cette affaire ?
Je pris une profonde inspiration.
—Je suis prête.
Je m’assis à côté d’elle.
—je pense avoir beaucoup guéri ces derniers temps. Je me sens beaucoup mieux, j’ai le contact plus facile. Je suis allée voir un vieil ami ce midi avant de venir, quelqu’un que j’avais pas vu depuis trois ans, et tout s’est très bien passé. Je pense que je suis prête à pardonner à Tagar… Et toi, es-tu prête à nous aider à faire la paix ?
Je lui souriais bien qu’elle ne puisse le voir, mais j’étais persuadée qu’elle pouvais entendre mon sourire dans ma manière de lui parler. J’avais hâte que Tagar ne vienne à cause du stress, et en même temps je voulais profiter que nous ne soyons que toutes les deux pour passer un moment heureux ensemble.
Citoyen du Reike
Rachelle Virsce
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crédits : 3936
Info personnage
Race: Hybride - Souris
Vocation: Guerrier Assassin
Alignement: Loyal bon
Rang: C
Mille excuses prt.2
La souris fût prise d’un immense soulagement. Entendre dire Marceline qu’elle était sur le chemin de la guérison, qu’elle recommençait à s’ouvrir comme autrefois et mieux, qu’elle était prête à enterrer la hache de guerre avec Tagar, ne pouvait que combler Rachelle. C’était un souci de moins qui la pèserait, elle n’aurait plus à s’inquiéter en tout temps de l’état de Marceline.
—Tant mieux, laissa-t-elle entendre dans un soupir de joie. Je suis heureuse de te savoir entourée d’amis qui seront également là pour te soutenir. J’étais angoissée à l’idée de cette journée, mais t’entendre si résolue a suffit à chasser mes doutes. Nous allons conclure ce chapitre de nos vies. Mais ça ne veut pas dire que c’est la fin, bien au contraire. Il nous reste encore beaucoup à vivre. D’ailleurs, j’ai besoin d’un renseignement. Ton amie de Melorn, la naine nommée Grisepierre. Pourrais-tu me renseigner son adresse ? J’aimerai lui écrire une lettre pour demander ses services. Un projet d’ordre personnel, rien de bien extravagant. Mais quitte à demander à quelqu’un, autant faire marcher le commerce d’une de tes amies.
Évidemment, c’était là un mensonge. Mais elle ne laisserait pas Marceline au courant des préparations de la souris concernant sa future demande officielle en mariage. Il lui fallait quelqu’un pour forger les alliances et Rachelle avait cru comprendre que la naine était loin d’être une débutante sur le sujet. Peut-être même qu’elle accepterait de marchander un prix.
Tout devait être parfait et suivre à la lettre les traditions reikoises. La souris n’imaginait pas son mariage autrement.
Laissant l’elfe lui répondre, Rachelle en profita pour laisser ses pensées se perdre sur sa discussion de plus tôt. Pouvait-elle vraiment lutter contre le destin de la sorte ? Sortir victorieuse alors que toutes les chances la donnaient perdante ? Elle n’était qu’une hybride dépourvue de vision. Faible et qui n’avait pas osé reprendre efficacement les armes après sa convalescence. Elle attrapa la main de Marceline par réflexe. La serrant avec force. Pouvait-elle vraiment être un soutien pour autrui si elle n’était pas capable de croire en elle-même ? Marceline faisait preuve d’une force morale certaine en confrontant Tagar. Plus que le confronter, elle était prête à lui pardonner. Et ça, pouvoir pardonner, peu de gens possédaient cette force en eux.
Finalement, à ce moment présent, Rachelle se sentit bien inapte en comparaison de sa bien aimée qui avait trouvé la force de faire taire ses peurs.
La souris relâcha finalement la pression sur la main de l’elfe d’ébène. Un sourire sur le coin des lèvres, elle comprenait que ses mots de jadis étaient loin d’être faux. Ensemble, elles étaient plus fortes. Chacune pouvant tirer l’autre à agir, sortant de la spirale de l’inaction. La souris comprenait, que ce besoin de force n’était plus simplement par intérêt personnel. Elle avait besoin de cette force pour protéger ce qui lui était cher. Le Reike évidemment, mais aussi tous ceux à qui elle avait promis protection. Marceline en faisait partie, tout comme la petite June. Comment pouvait-elle être en mesure d’assurer leur protection si elle n’était pas capable de se battre efficacement ? Qu’était-il advenu de la souris qui terminait chacun de ses entraînements à cracher ses poumons, le corps recouvert d'ecchymoses ?
—J’ai pris une décision, dit-elle alors. Je me suis laissé sombrer dans le déshonneur bien trop longtemps. J’ai tenté de me chercher des excuses, d’expliquer que j’étais face à un destin impassible et absolu. Ce n’est pas comme ça que je veux vivre. Pas comme une gentille petite handicapée qui profite de sa pension. Pas comme une souris indolente qui serait incapable de protéger ses convictions et son honneur. Et quand je parle de mon honneur, tu en fais partie. Je ne laisserai personne te faire du mal à nouveau.
Elle se retint d’ajouter que lors du futur mariage, elle serait de toute manière obligée de promettre protection à son épouse devant les astres. Il était donc hors de question de demander officiellement la main de Marceline tant qu’elle n’était pas redevenue la guerrière qu’elle était. Elle n’avait plus la vue ? La belle affaire. La souris se débrouillerait sans. La nature l’avait pourvu de sens aigus, elle se reposerait sur ses autres sens.
—C’est peut-être soudain. Mais je devais te mettre au courant. T’entendre si confiante a réveillé quelque chose en moi. Tu m’as, si tu m’accorde ce trait d’esprit, ouvert les yeux. Je ne peux pas te promettre quelque chose dont je suis incapable de t’offrir. Je t’ai promis protection, alors je n’ai qu’à faire en sorte d’être capable de te l’offrir. J’ai eu peur d’échouer. De me confronter à un défi impossible à cause de la perte de mes yeux. Et finalement, je me rends compte que mon absence de vue est bien triviale à côté de la force contenue derrière ma promesse. Alors je te le redis encore une fois. Merci Marceline. Merci d’être là. Et de me donner cette force qui me fait parfois défaut.
Elle se leva alors. Tendant l’oreille. Toujours aucune trace du Reys. Avait-il dû faire face à un contretemps ? Rachelle haussa doucement les épaules avec un sourire. Peu importait si Tagar était en retard. Elle pourrait se reposer un peu dans le cadre du refuge au milieu des animaux. Elle se demanda alors si le gardien accepterait qu’elles nourrissent le canard qui lui avait montré un peu plus tôt qui était le chef.
Elle tendit sa main à Marceline.
—Tagar est probablement en retard. Tu le connais, il est parfois un peu dissipé. Que dirais tu de nourrir les anima-
Sa voix fût coupée par une douleur sourde. Ses oreilles bourdonnaient et l’hybride tituba sur le côté. Comment n’avait-elle pas pu entendre le danger ? Une preuve de plus qu’elle s’était encore trop relâchée.
[...]
Un homme et une femme affublés tous deux d’un simple turban pourpre s’étaient approchés du couple en silence. Se faisant tout d’abord passer pour un simple couple venant admirer les animaux, l’homme avait fini par sortir un gourdin qu’il avait abattu avec fracas sur le crâne de l’hybride qui s’était retrouvée à genoux, déstabilisée.
—C’est bien elle ? demanda l’homme à la femme qui l’accompagnait tandis qu’il dégainait une dague qu’il pointa vers Marceline. Je te déconseille de crier ou de faire le moindre geste brusque, il pourrait t’arriver des bricoles.
La femme plaqua la souris au sol, lui forçant à manger un peu d’herbe.
—Pas de doute, c’est bien notre cible, répondit la femme qui remarqua que la souris tentait de lui attraper la jambe. Elle sortit un couteau qu’elle planta dans la main de l’hybride pour lui faire comprendre de ne pas bouger.
Je crois que t’as pas compris l’animal. Essaye de bouger encore une fois et c’est pas ta main que j’amocherai. Mieux encore, reste tranquille si tu ne veux pas que j’aille esquinter ta copine.
En entendant ces mots, la souris laissa échapper un grognement mais cessa de se débattre.
—Touchez à un seul de ses cheveux et je vous éventre comme les chiens que vous êtes.
—Tu n’es pas en mesure de demander quoi que ce soit,, répondit l’homme avant de lui asséner un coup de pied dans les côtes qui fit cracher à la souris un peu de sang aux pieds de sa bien aimée.
—Qu’est-ce que vous voulez au juste ? grogna Rachelle en réponse. Je n’ai pas souvenir avoir de contentieux avec quiconque. Si c’est de l’argent que vous voulez, vous tombez mal également. Je suis loin d’être une fortune du Reike.
—Nous avons mis du temps à te retrouver, petite souris. Oh, ne va pas t’imaginer des choses, ça n’a rien de personnel entre toi et nous. Nous avons simplement perçus un joli pactole pour te ramener devant quelqu’un qui à hâte de s’entretenir avec toi. Stromboli, ça te dit quelque chose petite voleuse ?
A ce nom, la souris perdit toutes ses couleurs. Même derrière son imposant pelage gris, son malaise était palpable. Voilà un nom qu’elle n’avait pas entendu depuis longtemps. Un nom qu’elle aurait préféré enterré au plus profond de sa mémoire. Ses peurs primaires lui remontèrent d’un coup. Elle tenta de se débattre, de supplier, mais rien n’y fait. La femme lui assena un nouveau coup derrière la tête pour la maîtriser.
—Couine tant que tu le désire. Tu n’as pas d'échappatoire. Qu’est ce qu’on fait de l’elfe ? On la réduit au silence ?
—Arrêtez ! cria presque la souris. C’est moi que votre employeur veut. Je peux vous suivre sagement ou causer un tantrum. Je suis sûre que vous n’avez pas envie de prendre le risque de faire face à la garde. Je n’ai qu’une unique condition. (La souris déglutit avec difficulté. Même dans cette situation extrême, ses pensées se tournaient vers sa promesse.) Laissez Marceline. Elle a suffisamment souffert comme ça. Laissez la partir sans heurt, et je vous suivrai sans faire de vague.
L’homme lança un regard furtif à l’elfe. La jaugeant un moment du regard. Puis il laissa échapper un petit rire.
—L’amour. C’est d’un ridicule. Très bien, souris. Je vais t’accorder ton vœu. Quant à toi, la Cornebouc, si jamais tu tente quoi que ce soit, ton très cher animal de compagnie à fourrure grise perdra bien plus que quelques gouttes de sang.
Il empoigna Rachelle par les cheveux, la relevant alors que son chapeau tomba au sol. Cette dernière toussa, crachant de nouveau un peu de sang. Elle tentait tant bien que mal de cacher l’expression de douleur et de peur qui se propageaient sur son visage, mais rien n’y faisait. Pour la première fois, Marceline put voir une véritable terreur sur le visage de la souris.
—Je crois, commença à tousser la souris. Que je ne vais pas pouvoir être présente pour t’aider avec Tagar. Tu ne m’en veux pas trop ? Je serais rentrée pour le dîner. J’espère. (Elle tenta un sourire, mais le cœur n’y était pas.) Promets moi de prendre soin de toi. Et ne fais rien d’inconsidéré, d’accord ?
—Allez. Ça suffit. En route.
L’homme plaque le bras de Rachelle contre le dos de cette dernière avant de commencer à reculer en silence. La femme gardait un œil sur Marceline, lui montrant une dague qu’elle plaquait contre la poitrine de la souris. Lui faisant comprendre que ses menaces pouvaient très bien se concrétiser.
Marceline se retrouva avec à ses pieds, la lance et le chapeau de la souris. Le silence refit rapidement surface. Le calme du refuge en devenait presque étouffant.
CENDRES
Invité
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Je sentis son soulagement à mes paroles et ses paroles à elle m’enchantèrent. Je lui donnais avec joie l’adresse de Gerda et en mon for intérieur j’espérais que c’était pour faire fabriquer les alliances de notre mariage. Cela signifierai que celui-ci approchait à grands pas et cette idée me donnait des crampes aux joues.
Je fus tentée de m’ouvrir à elle quand ma bien-aimée m’agrippa la main et la serra fort dans la sienne, et par réflexe je la serrait fort aussi, au cas où elle en avait besoin. Je m’étais posé pas mal de questions récemment, notamment celle de savoir si c’était bien ou pas de lire les pensées des gens que j’aimais sans leur consentement. Les inconnu·e·s, ça faisait partie du jeu. Mon métier l’exigeait en quelques sortes. Mais mes proches, alors que je n’avais pas besoin de le faire, ce n’était pas aussi simple. Si iels voulaient partager leurs pensées avec moi, iels le feraient non ?
Ma future épouse relâcha la pression sur ma main. Je n’avais pas su à quoi elle pensait, et je ne le saurai que si elle décidait de m’en parler. C’était ainsi, et pour une fois dans ma vie, j’étais prête à l’accepter. Mais elle souriait, ses pensées devaient donc être heureuses.
Rachelle reprit la parole, et me parla de la décision qu’elle avait prise. Je posais ma main libre sur son bras et m’approchais pour lui faire un bisou sur la joue. Elle enchaîna avant que je n’aie pu formuler ma réponse.
Elle voulait être forte, digne de ses promesses. Ce qui était autrefois de la fierté mal placée était aujourd’hui la noble cause de vouloir protéger les siens, et donc d’en être capable. Je l’avais vue fière, je l’avais vue honteuse, je l’avais vue amorphe, je l’avais vue lutter, et aujourd’hui je la voyais se relever. Peut-être mes paroles de jadis, quand je lui avait parlé de fierté mal placée, l’avaient influencée dans la mauvaise direction, mais ce jour là elle avait elle-même trouvé un bon chemin à parcourir. Elle disait que je l’avais inspirée et j’en étais fière, mais pas autant que je n’étais fière d’elle.
Elle se leva et me tendit la main pour me proposer d’aller–
Je ne l’avais pas vu venir. D’un bon je me levais et tentais d’invoquer immédiatement mes étoiles de métal. En vain. L’homme pointait une dague vers moi, et la femme s’était jetée vers Rachelle. J’étais en position de combat, mais j’étais tétanisée. La dernière fois qu’on s’en était pris à moi, j’avais à peine pu esquisser un geste de défense. Ce jour là on s’en prenait à mon soleil et j’en était paralysée.
J’aurais pu la sauver. J’aurais pu me battre et triompher contre ces deux monstres. Mais en cet instant j’en étais incapable. Des larmes roulaient sur mes joues tandis que la femme perçait la main de ma bien aimée avec un couteau.
La scène se déroulait sous mes yeux comme en accéléré. Le sang à mes pieds me fit trembler, les mots échangés glissaient sur moi sans jamais vraiment atteindre ma conscience, et pourtant plus les deux chiens parlaient, plus je tremblais.
Mais les mots de Rachelle me firent comme un coup de poing au ventre. Elle était en train de se sacrifier pour moi, et je ne faisais rien pour la protéger. Mais que faire ? Je n’avais pas encore bougé d’un cil et voilà qu’il l’empoignait par les cheveux pour la relever, un couteau sous la gorge. Je pus alors voir son visage terrifié.
Ses mots assaillirent mon esprit et je tombait à genoux, manquant de m’évanouir sous la tempête qui faisait rage dans ma tête. Je savais ce qu’ils allaient lui faire subir, je savais que je devais la sauver, mais en plus de mon état, si je tentais quoi que ce soit elle souffrirait encore plus, ou elle mourrait. Je dû donc les regarder partir sans pouvoir rien faire. Ce ne fut que quand je les perdis de vue que la pression dans mon coeur se relâcha en un torrent de larmes et de soubresauts.
Je ne pus me maîtriser de nouveau qu’une éternité plus tard, ramassant le chapeau et la lance de celle que j’aimais, mes épaules encore secouées de hoquets larmoyants et tremblants.
Je ne pouvais laisser faire ce que ce Stromboli voulait faire à ma future épouse. Je devais agir, et je savais comment.
—Bah alors, ma p’tite demoiselle, ‘faut pas pleurer comme ça.
Je lui passai devant à grandes enjambées.
—On va fermer ma’m’zelle ! ‘faut sortir !
Je fis le vide dans mon esprit tout en marchant d’un pas vif vers la sortie. Quand je fus suffisamment concentrée, j’envoyais à tous mes informateurs présents à Ikusa, et même à ceux de Taisen un message télépathique, un par un, pendant que je me dirigeais vers ma roulotte.
—C’est Marceline. Trois Pièces d’or par information importante concernant un certain Stromboli qui pourrait en vouloir à Rachelle, une hybride souris ancienne soldate ayant perdu la vue pendant la guerre. Je suis prête à monter jusqu’à 15 pièces d’or si tu me dis tout ce qu’il y a à savoir sur lui en premier. Fais vite, je dois mettre la main sur lui ce soir. Je serais dans ma roulotte, à la sortie Nord du refuge Ayshara Ryssen. Je paye les moyens de communications dont tu auras besoin.
Quand j’eus fini, j’étais dans ma roulotte à dégager de la place pour croiser les informations et noter en même temps ce que je devais à tout le monde. Je pris alors un court instant pour envoyer un dernier message destiné à celle qui comptait pour moi plus que tout au monde :
—Je serais là dans peu de temps, Rachelle, tiens bon.
Je fus tentée de m’ouvrir à elle quand ma bien-aimée m’agrippa la main et la serra fort dans la sienne, et par réflexe je la serrait fort aussi, au cas où elle en avait besoin. Je m’étais posé pas mal de questions récemment, notamment celle de savoir si c’était bien ou pas de lire les pensées des gens que j’aimais sans leur consentement. Les inconnu·e·s, ça faisait partie du jeu. Mon métier l’exigeait en quelques sortes. Mais mes proches, alors que je n’avais pas besoin de le faire, ce n’était pas aussi simple. Si iels voulaient partager leurs pensées avec moi, iels le feraient non ?
Ma future épouse relâcha la pression sur ma main. Je n’avais pas su à quoi elle pensait, et je ne le saurai que si elle décidait de m’en parler. C’était ainsi, et pour une fois dans ma vie, j’étais prête à l’accepter. Mais elle souriait, ses pensées devaient donc être heureuses.
Rachelle reprit la parole, et me parla de la décision qu’elle avait prise. Je posais ma main libre sur son bras et m’approchais pour lui faire un bisou sur la joue. Elle enchaîna avant que je n’aie pu formuler ma réponse.
Elle voulait être forte, digne de ses promesses. Ce qui était autrefois de la fierté mal placée était aujourd’hui la noble cause de vouloir protéger les siens, et donc d’en être capable. Je l’avais vue fière, je l’avais vue honteuse, je l’avais vue amorphe, je l’avais vue lutter, et aujourd’hui je la voyais se relever. Peut-être mes paroles de jadis, quand je lui avait parlé de fierté mal placée, l’avaient influencée dans la mauvaise direction, mais ce jour là elle avait elle-même trouvé un bon chemin à parcourir. Elle disait que je l’avais inspirée et j’en étais fière, mais pas autant que je n’étais fière d’elle.
Elle se leva et me tendit la main pour me proposer d’aller–
Je ne l’avais pas vu venir. D’un bon je me levais et tentais d’invoquer immédiatement mes étoiles de métal. En vain. L’homme pointait une dague vers moi, et la femme s’était jetée vers Rachelle. J’étais en position de combat, mais j’étais tétanisée. La dernière fois qu’on s’en était pris à moi, j’avais à peine pu esquisser un geste de défense. Ce jour là on s’en prenait à mon soleil et j’en était paralysée.
J’aurais pu la sauver. J’aurais pu me battre et triompher contre ces deux monstres. Mais en cet instant j’en étais incapable. Des larmes roulaient sur mes joues tandis que la femme perçait la main de ma bien aimée avec un couteau.
La scène se déroulait sous mes yeux comme en accéléré. Le sang à mes pieds me fit trembler, les mots échangés glissaient sur moi sans jamais vraiment atteindre ma conscience, et pourtant plus les deux chiens parlaient, plus je tremblais.
Mais les mots de Rachelle me firent comme un coup de poing au ventre. Elle était en train de se sacrifier pour moi, et je ne faisais rien pour la protéger. Mais que faire ? Je n’avais pas encore bougé d’un cil et voilà qu’il l’empoignait par les cheveux pour la relever, un couteau sous la gorge. Je pus alors voir son visage terrifié.
Ses mots assaillirent mon esprit et je tombait à genoux, manquant de m’évanouir sous la tempête qui faisait rage dans ma tête. Je savais ce qu’ils allaient lui faire subir, je savais que je devais la sauver, mais en plus de mon état, si je tentais quoi que ce soit elle souffrirait encore plus, ou elle mourrait. Je dû donc les regarder partir sans pouvoir rien faire. Ce ne fut que quand je les perdis de vue que la pression dans mon coeur se relâcha en un torrent de larmes et de soubresauts.
Je ne pus me maîtriser de nouveau qu’une éternité plus tard, ramassant le chapeau et la lance de celle que j’aimais, mes épaules encore secouées de hoquets larmoyants et tremblants.
Je ne pouvais laisser faire ce que ce Stromboli voulait faire à ma future épouse. Je devais agir, et je savais comment.
—Bah alors, ma p’tite demoiselle, ‘faut pas pleurer comme ça.
Je lui passai devant à grandes enjambées.
—On va fermer ma’m’zelle ! ‘faut sortir !
Je fis le vide dans mon esprit tout en marchant d’un pas vif vers la sortie. Quand je fus suffisamment concentrée, j’envoyais à tous mes informateurs présents à Ikusa, et même à ceux de Taisen un message télépathique, un par un, pendant que je me dirigeais vers ma roulotte.
—C’est Marceline. Trois Pièces d’or par information importante concernant un certain Stromboli qui pourrait en vouloir à Rachelle, une hybride souris ancienne soldate ayant perdu la vue pendant la guerre. Je suis prête à monter jusqu’à 15 pièces d’or si tu me dis tout ce qu’il y a à savoir sur lui en premier. Fais vite, je dois mettre la main sur lui ce soir. Je serais dans ma roulotte, à la sortie Nord du refuge Ayshara Ryssen. Je paye les moyens de communications dont tu auras besoin.
Quand j’eus fini, j’étais dans ma roulotte à dégager de la place pour croiser les informations et noter en même temps ce que je devais à tout le monde. Je pris alors un court instant pour envoyer un dernier message destiné à celle qui comptait pour moi plus que tout au monde :
—Je serais là dans peu de temps, Rachelle, tiens bon.
Citoyen du Reike
Rachelle Virsce
Messages : 63
crédits : 3936
crédits : 3936
Info personnage
Race: Hybride - Souris
Vocation: Guerrier Assassin
Alignement: Loyal bon
Rang: C
Mille excuses prt.2
Un pas après l’autre, la souris avançait avec difficulté. Ce n’était pas la douleur qui entravait ses déplacements, pourtant sa main sanguinolente était à deux doigts de lui créer une syncope. Non, si la souris avait le plus grand des maux à mettre une patte devant l’autre, c’était la peur lancinante qui lui traversait l’estomac. Elle se rendait compte que chaque pas la rapprochait inévitablement un peu plus de celui qui se ferait une joie de la ramener à l’état de monstre de foire. Stromboli, l’homme qui avait fondé sa fortune sur un cirque itinérant faisant fit des lois et de tout bon sens. Proche du marché noir et de la pègre, ses représentations clandestines auraient pu lui attirer bien des soucis avec les lois. républicaines comme reikoises. Mais les faits étaient là, comme tout bon républicain, Stromboli avait des contacts et une somme conséquente de fonds. Il n’avait qu’à graisser quelques pattes pour que la garde républicaine ne ferme les yeux sur ses agissements. C’était aussi une des raisons du dégoût constant qu’arborait la souris vis-à-vis de la nation bleue. Elle avait pu échapper à sa spectaculaire exécution par un coup de chance. Une prière envers les astres qui s’était réalisée.
La souris avait échappé à l’homme non sans lui prendre une possession par vengeance des tourments qu’elle avait subi. L’amulette reikoise qu’elle portait autour du cou en tout temps. Les années s’étaient finalement écoulées sans que le fameux maître de cirque ne vienne réclamer ses dus. Son esclave et son amulette. Rachelle avait pu mûrir s’affranchir en tant que citoyenne reikoise et de fil en aiguille, sa vie au sein du cirque Stromboli n’avait plus été qu’un simple mauvais rêve. La souris en était venue à penser que son bourreau était passé à autre chose. Mais c’était là bien mal connaître le client. Stromboli, aussi fourbe fut-il, était un homme avec une véritable mémoire d’éléphant quant aux personnes lui ayant causé du tort. Peu lui importait les années, ses ennemis finissaient par payer. Et l’addition était toujours salée.
Rachelle, si fière, si courageuse, était redevenue la petite souris misérable de cirque qui se battait pour sa vie. Ses jambes tremblaient un peu plus à chaque pas alors que les souvenirs des fois où elle avait dû échapper au lion refaisaient surface. Elle avait envie de disparaître. De s’enfuir très loin. Elle ne voulait pas y retourner. Elle était une reikoise, elle avait sa vie ici. Tout ce dont elle avait besoin. Elle ne pouvait pas retourner dans sa cage.
Elle commença à hyperventiler et sentit une pression douloureuse sur son flanc. L’homme qui marchait à ses côtés venait de la planter en surface de sa dague avec une grande discrétion.
—N’oublie pas notre marché, lui chuchota-t-il en lui intimant de presser le pas. Ta copine est en vie, mais on peut toujours retourner la voir si tu veux. Ma soeur ne sera pas aussi clémente cette fois-ci.
—Non c’est bon… laissa échapper la souris, au bord de l’effondrement. Je marche, je marche. (Elle se fit violence pour reprendre une marche qui attirait moins l’intention.) Stromboli vous paye bien au moins ? Pour retrouver une simple souris perdue au sein du Reike ?
—Ça va. C’est bien payé pour un travail facile. Encore une fois, rien de personnel hein. Ce n’est rien de moins que du business. Allez, grimpe là dedans.
Il la poussa dans ce qui semblait être une charette avant de monter avec elle. Rachelle entendit la femme prendre les rènes et quelques secondes plus tard, le véhicule se mit en marche. Quittant peu à peu le brouhaha des rues pour un environnement plus calme.
La souris se recroquevilla sur elle-même. Affublée par le désespoir. Elle se voyait déjà perdre la vie, à la merci du lion d’autrefois. C’était ainsi que se terminait l’histoire de Rachelle Virsce. Une hybride pathétique qui avait pu effleurer le bonheur et la gloire du bout des doigts pour finalement retrouver sa place d’animal. Elle allait mourir comme elle était née. Dans l’indifférence totale. Ses pensées étaient brouillées, elle n’arrivait plus à se raccrocher à ce qui faisait d’elle ce qu’elle était. Peu à peu, elle s’éteignait.
C’est alors qu’elle entendit la voix de Marceline au sein de son esprit. La souris releva tout d’abord la tête avec incompréhension avant de se souvenir des talents de cette dernière pour la discussion par la pensée. Bien sûr, Marceline ne pouvait pas se trouver ici, cette voix si chère à l’hybride souffla les nuages obscurs qui commençaient à obscurcir ses pensées. Marceline, venir ? Braver mille dangers et risquer sa propre vie ? La souris se sentit tout d’abord inquiète vis-à-vis de sa douce. Elle n’avait pas envie de voir cette dernière mettre sa vie en jeu de la sorte. Mais n’était-elle pas un peu hypocrite de penser ainsi ? Elle était la première à vouloir sacrifier sa vie pour les siens, pour le Reike. Comment pouvait-elle exiger à autrui qu’ils n’en fassent pas de même pour elle ?
Puis ce fût l’épiphanie. Elle n’était plus la pauvre petite souris sans ami, perdue au fond d’une cage bien trop grande pour elle. Elle était citoyenne reikoise. Et elle savait qu’elle avait désormais des gens qui étaient prêts à lui tendre la main si elle en avait besoin.
Marceline n’était pas simplement une pauvre demoiselle en détresse sur qui elle devait veiller. Non, elle était également reikoise et s’il y avait bien quelque chose à ne jamais faire à un reikois, c’était de s’en prendre à son honneur.
Un sourire narquois commença à naître sur les lèvres de Rachelle avant de finalement se changer en rire franc.
—Qu’est ce qui te fait rire ? la questionna l’homme d’un ton interrogateur. Le désespoir et l’acceptation de ton sort ont-ils eu raison de toi ?
—Oh bien au contraire, répondit la souris en affichant un sourire carnassier. Je crois que vous ne comprenez pas encore dans quelle panade vous venez de vous mettre. Vous avez réveillé un véritable dragon qui dormait jusqu’à présent. Et je n’ai pas peur de mettre ma vie entre ses griffes. Le courage peut vraiment jaillir où l’on si attend le moins. Je suis loin d’être la seule ennemie que s’est faite votre employeur aujourd’hui. Un républicain ne comprendra jamais que pour nous reikois, nous n’avons pas peur de nous dresser face aux titans eux même. Encore plus si la vie des nôtres est sur le fil du rasoir. S’en prendre à une reikoise était la dernière erreur de Stromboli. Je le jure devant l’astre solaire, je prendrais sa vie aujourd’hui.
—C’est bien d’avoir de l’espoir j’imagine… répondit l’homme d’un ton incertain.
—Si tu parles de ta copine ? ajouta la femme qui conduisait les chevaux. Je doute qu’elle fasse quoi que ce soit. Si tu avais vu sa tête, la pauvre était tétanisée. C’est juste une fille de riche qui s’est cru poussée des ailes en quittant le cocon familial. Mais ces gens là sont incapables de se dresser face à quiconque une fois la vue du sang établie. Elle a dû rentrer en pleurs chez ses parents ou aller se plaindre à la garde. Mais nous serons déjà loin. Je doute qu’elle ne vienne à ta rescousse fais-toi une idée.
—Nous verrons cela, lui rétorqua Rachelle avec une pointe de défi.
{...}
A la nuit tombée, un homme de bonne stature vint frapper à la roulotte de l’elfe d’ébène.
—Un bouillon de légumes, supplément coriandre. A emporter.
Sans attendre de réponse de la part de l'intéressée, il se posa au comptoir et balaya les lieux du regard. Comme il l’avait vérifié, personne ne l’avait suivi. Il alluma sa pipe, gardant le dos tourné à l’elfe et commença à parler à voix basse.
—C’est un gros poisson que vous chassez, le genre à avoir des amis un peu partout et la poche toujours pleine d’or. Mais j’imagine que si vous mettez un tel prix, c’est que vous savez ce que vous faites. (Il souffla une volute de fumée avant de continuer.) Il est arrivé au Reike il y a quelques mois et a commencé à acheter des infos ici et là en plus de commencer des représentation de cirque la nuit. Le genre qui attire les riches n’ayant pas eu leur dose de sang de l’arène ou avec des penchants louches.
Il s’étira un peu et en profita pour glisser de son coude un parchemin sur le comptoir. Profitant de la pénombre de la soirée.
—Il y a justement une représentation ce soir. Le billet d’entrée est assez cher, mais je vous en ai dégoté un au cas où. Vous trouverez l’adresse et le mot de passe pour entrer dessus. C’est quelque part dans le désert, vous trouverez bien où.
Il se leva finalement, récupérant son bol de soupe qui contenait son prix pour les informations.
—Toujours un plaisir de prendre un bon repas avant d’aller au lit. J’espère que j’aurai de nouveau la chance de goûter votre cuisine. (Il commença à s’éloigner avant de lâcher un “Bonne chance” entre ses lèvres.)
Et en quelques secondes, l’informateur n’était déjà plus là.
CENDRES