Quelque chose s'achève. Quelque chose commence.

- Tente de Caravage, Mouj'Avi -

Zaïn en avait déjà oublié l'espion, lui et ses petites ambitions sans grand intérêt. Il n'avait plus le temps de penser à l'individu en question, peut-être même ne recroiserai-t'il jamais e chemin de l'espion du Feu, et cela serait pour le mieux. En revanche, si ce dernier avait pensé que l'hybride venait pour tout autre chose et qu'il pourrait l'aider à capturer Caravage, Zaïn avait bien la ferme intention de régler son compte à l'esclavagiste et de retrouver sa sœur dans cet oasis vicié. Toutefois, jamais il n'aurait imaginé tomber sur ses deux objectifs à la fois, du moins il avait prié les étoiles pour que ce ne soit pas le cas.

Et pourtant, à l'instant où Violence le téléporta dans la tente richement décoré, ayant sans peine localisé la source de leur quêtes à travers le désert. La vison qu'il découvrit accru un peu plus la colère qui s'était éveillée en lui lors de sa première altercation, cette douleur lancinante près de son omoplate et la haine qu'il portait pour tout ceux qui peuplaient cet oasis ne fit que l'enrager au summum de son besoin de violence et de vengeance. Voir sa sœur ainsi dénaturée, malmenée et meurtrie était la pire chose qui pouvait se présenter à son regard. Ce dernier ne s'attarde toutefois que bien peu sur le corps maculé de blessures d'Arkady, pour mieux se poser, des flammes dans les yeux, sur l'elfe qui n'imaginait pas encore la boule de haine qu'il avait en face de lui.

Sans plus tarder, Zaïn entama les hostilités, comptant bien faire payer au centuple ce qu'il avait fait subir à a sœur jumelle. Il allait effacer l'existence de Caravage de la surface du Sekaï, il ne resterait plus rien de lui si ce n'était une flaque de sang et des miettes d'ossements. Et après seulement avoir réduit en bouillie le monstre qui avait tant manqué de respect à sa sœur, il se retournerai contre le reste du campement pour s'assurer que plus jamais de tels crimes soient commis. Justicier improvisé ? Peut-être pas, lorsque l'on constatait que c'était la haine et la vengeance les seules et uniques motivations de l'hybride.

Mais cette première étape ne se montra pas si facile qu'il ne l'eut imaginé. Si l'elfe semblait manifestement amorti par quelque drogues et n'avait pas un physique de guerrier, il était pas non plus très agile, mais avait une magie bien particulière sous le coude, prenant de surprise l'hybride qui regorgeait de confiance à outrance. Quelle ne fut pas la surprise de Zaïn lorsqu'il se pris le premier coup, incapable de toucher son adversaire. Comment pouvait-il venir à bout d'un ennemi qu'il ne pouvait atteindre ? Peu importe la puissance qu'il déploierai, il ne ferait que passer au travers de Caravage.

L'impossibilité d'atteindre sa cible ne fit qu'accroitre sa rage, grinçant des dents face aux provocation du truand. Une certaine frustration pouvait également être ressentie chez Violence, mais qui était facilement compensée par le régal que constituait la colère croissante de l'hybride. Et 'ils ne parvenaient pas à vaincre Caravage, cela permettrait à Violence d'asseoir un peu plus sa domination sur l'esprit de son porteur, profitant de cette vengeance inassouvie pour mieux le contrôler. Et alors, le démon pourrait rediriger toute cette haine vers les autres et ne manquerait pas de provoquer des carnages.

Zaïn ne pouvait laisser gagner Caravage, il ne pouvait pas non plus laisser Violence l'emporter sur son mental. Il avait deux ennemis, l'un intouchable, l'autre à son poing, dans l'impossibilité de se débarrasser de l'un comme de l'autre. Ses yeux, dans l'ombre de son capuchon, étaient injectés de sang sous l'effort et la colère. Il lui fallait vaincre. Il n'avait encore jamais perdu de combat, et cela n'arriverait pas aujourd'hui, car il se devait de vaincre.

Soudain, à la dernière provocation de Caravage, Zaïn exerça un bond en avant en atterrissant sur un pied, le sol se pliant sous l'impact, tandis qu'il envoya son autre pied droit dans le torse de l'elfe, comptant sur la vitesse du high kick pour ne pas laisser le temps à l'elfe de se rendre intangible. Mais son pied passa au travers du corps de l'esclavagiste, le déplacement d'air faisant claquer la toile de la tente derrière lui. Caravage esquissa alors un sourire en coin, un sourire narquois, mesquin.

Sans plus attendre, il riposta en portant un violent coup de coude dans la mâchoire de l'hybride, par chance il eut le temps de renforcer son épiderme pour éviter tout éclatement des lèvres ou des dents. Cependant, le coup le fit reculer d'un pas. L'elfe devait forcément posséder une certaine force pour parvenir à porter de tels coups, en plus de sa magie bien rôdée. Caravage devait maitriser quelques techniques de combats pour se débarrasser de ses adversaires, jouant de sa magie pour se défendre et de ses capacités offensive pour attaquer.

Toutefois, l'elfe recula après avoir porté son coup, demeurant intangible pour prévenir une riposte de l'hybride. Pourtant, Zaïn remarqua du coin de l'œil une petite table d'acajou dans laquelle buta l'elfe dans son mouvement de recul, faisant tomber une escarcelle remplit de pièces d'or au sol. Sur le coup, l'hybride ne se posa pas plus de question, mais Violence, plus sensible à la magie et à l'analyse de leur adversaire lui transmis l'information, comme quoi Caravage ne pouvait se rendre intangible en totalité.

On pouvait dire ce que l'on voulait de Violence, de se détestable parasite, son porteur avait quelques avantages offensifs en possession du démon. Notamment la capacité d'analyse du démon, mais également et surtout sa téléportation. Ce fut donc ce qu'ils employèrent. Le goliath se téléporta alors dans le dos de son adversaire et envoya immédiatement un poing fulgurant dans l'occiput de ce dernier. Mais l'elfe eu le temps de poser un regard un coin sur la menace venant de derrière et l'attaque passa au travers, encore une fois. Immédiatement après, Caravage cogna Zaïn dans le bas-ventre, sans qu'il n'ait le temps de se renforcer, n'ayant pas prévu de se prendre de coup en retour.

- Pas mal du tout. Mais tu restes trop lent, cloporte. Commenta-t'il tout en se positionnant dos à un énorme brasero éteint, empêchant l'hybride de se téléporter de nouveau dans son dos.

- Ta confiance finira par te tuer. Répliqua Zaïn entre deux respirations.

Il lui fallait se montrer plus malin que Caravage s'il voulait pouvoir le battre à ce petit jeu de dupe. Il ne pouvait être plus rapide que l'elfe, son pouvoir pouvant se déclencher instinctivement, mais par chance, Zaïn pouvait se montrer rusé, il n'était pas une hybride renard pour rien. Il réduisit alors la distance entre eux d'un pas agile et envoya de nouveau un direct du droit dans le visage de l'esclavagiste. Ce dernier poussa un soupir d'ennui, constatant encore une fois que l'hybride usait encore des mêmes attaques, incapable de s'adapter à lui. Caravage songeait visiblement à mettre fin à ce combat qui commençait à tourner en rond.

Encore une fois, le poing de Zaïn s'enfonça dans le visage de l'elfe jusqu'à ressortir de l'autre côté de son crâne, sans aucun dommages. Mais de l'autre côté de Caravage, son poing s'ouvrit, ses doigts se déployèrent pour aggriper le rebords du brasero juste derrière lui et le ramena à pleine vitesse dans le dos de l'elfe qui ne pu se rendre intangible des deux côtés à la fois. Le métal froid vint cogner violemment l'arrière du crâne et la nuque de Caravage qui laissa échapper un hoquet de surprise.

Zaïn extrayait alors sa main du corps toujours intangible pour lui et observa, un sourire en coin, l'elfe tomber en avant. Sans même attendre qu'il reprenne ses esprits ou qu'il use de nouveau d'un tour de passe-passe, Zaïn lui écrasa le crâne contre le sol dans un craquement macabre, éclatant sous le pression et maculant le sol d'un sang rouge foncé, empreint de toxines.

- Je ne laisserai plus personne me traiter de cloporte. Fit-il sombrement.

Sans plus tarder, il s'empressa de se rendre auprès de sa sœur, jetant genoux à terre, serrant contre lui le corps frêle d'Arkady, des larmes venant immédiatement dévaler ses joues. Il avait le soulagement de la retrouver qui entrait en conflit avec l'envie d'hurler de rage face à ce qu'il lui était arrivé. Zaïn ne serait plus jamais le même à partir de cet instant précis.

Nichée dans le creux de sa main, Violence observe Zaïn se précipiter sur le corps inerte de sa soeur. Lorsqu’il pose ses doigts et par conséquent son arme maudite contre la peau nue de l’hybride, le contact permet au Démon d’intervenir dans le corps de la jeune femme. Le vrai carnage n’est pas celui qui s’est déroulé dans la tente de Caravage, c’est celui qui prends place actuellement dans ses veines, un tourbillon de drogues différentes circule dans ses artères avec un grammage beaucoup trop important pour que son inconscience soit anodine.

”Elle est mourante, la drogue va l’abattre.”

Ce constat est prononcé comme une sentence de mort, pourtant ce n’est pas le cas. Même si Arkady est à l’article de la mort, elle n’en reste pas moin partiellement corrompue et le Démon peut encore interagir avec elle mais… pourquoi le ferait-elle? La puissance de combat que lui offre son porteur actuel est déjà excellente et vastement supérieure aux simples tours de passe passe de la télékinésiste, sachant qu’en plus il reste encore les autres criminels de l’oasis et que le chagrin de la perte de sa soeur promet un festin pour Violence, elle n’a aucune raison d’avouer qu’elle peut la sauver. Aucune… ou peut-être qu’elle peut tenter de magnifier encore plus cette violence promise, peut-être qu’elle peut explorer un autre goût, une autre facette de la cruauté qui ne soit pas directement physique mais pas moins redoutable, une cruauté émotionnelle… Une idée germe lentement dans l’esprit du Démon.

”Je peux filtrer son sang et la sauver.”

Et Violence s’exécute, elle retire ses tentacules corruptrices de la chair de Zaïn, rétractant son influence démoniaque sur son porteur et restituant douloureusement à sa main sa forme d’origine en désolidarisant sa chair de son métal. L’acier étrange du poing de combat se module à nouveau pour devenir une dague forgée, comme une version miniature de la Lame Famélique originelle peu encombrante. Alors qu’elle est déposée dans la main d’une hybride comateuse, Violence se réintroduit dans le corps de Kady, scrutant avec assiduité la contenance de son sang. Les toxines sont ravageuses mais surtout elles ne circulent pas correctement dans ses veines, elles attaquent ses organes et restent incrustées dans les points vitaux de façon tenace. Le Démon insidieux commence déjà par filtrer ce qu’elle peut depuis la main droite d’Arkady, évacuant un maximum de substances illicites depuis les pores de sa paume dans une sorte de sécrétion liquide laiteuse, par contre pour ce qui est du reste, elle sait qu’elle ne pourra pas le retirer, pas en l’état. Elle n’a pas encore accès au coeur pour en stabiliser le rythme ni aux organes de digestion et de purification pour les détoxifier, il lui faudrait plus d’assise sur le corps, et le fait que la porteuse est inconsciente ne va pas aider. Canalisant sa mana dans la chair d’Arkady, Violence envoit une vague de mana salvatrice traverser le corps de l’hybride. Insuffisant pour la tirer d’affaire, mais visiblement assez pour la faire revenir à elle même.

Ses paupières s’ouvrent pour révéler deux ambres sans éclat, un air de profonde tristesse et de désespoir est gravé dans le fond de ses yeux à l’instar de la marque honteuse gravée dans le flanc de son ventre. Au départ, elle ne perçoit que la silhouette d’un homme penché au dessus d’elle, son esprit affaibli pense à Caravage, mais ses yeux lui font croire à un cruel mensonge, elle croit voir son frère, pourtant il ne peut pas être là, c’est impossible, pas ici, pas à Mouj’Avi, au milieu de nul part, dans le désert. C'est son esprit rendu fou par la torture, le viol à répétition et le retour des chuchotements qui la berce dans une illusion préférable à la réalité. Elle sait ce qui va suivre, le supplice qui va recommencer, la dépravation de son intimité, une fois de plus, elle ne compte même plus. Ses yeux se referment et elle laisse échapper un murmure plaintif, à peine audible qui accompagne une larme s’effondrant au creux de ses joues:

”Zaïn…”

Pitié… sauve moi… je suis désolée.

Le Démon lit l’esprit malléable de son hôte, il comprends son état de faiblesse intense, ce n’est plus qu’une parodie de conscience à ce stade et elle se demande à quel point celle ci est suggestive. Entrant dans les pensées de Zaïn, elle l’informe:

Elle est extrêmement faible mais je n’ai pas encore assez de symbiose avec elle pour la soigner correctement, il me faut plus de souvenirs de violence, j’ai besoin de quelque chose de plus fort…

Puis dans la tête de sa soeur:

TUE CARAVAGE

Insufflant un nouveau souffle dans ce petit corps souillé, la main droite se referme toute seule autour du pommeau de la dague corruptrice, bientôt jointe par la gauche pour rassurer sa prise chancelante, lame pointée vers l’abdomen de Zaïn, et dans un ultime affront, elle s’adresse cette fois aux deux hybrides, dont elle espère que chacun interprètera différemment ses mots:

”Fait le.”

- Tente de Caravage, Mouj'Avi -

Un profond désespoir. Zaïn était en proie à une affliction sans pareille. Lui qui pourtant avait connu bien des écueils durant sa brève existence, n'avait jamais été tant empreint d'une telle désolation, d'un tourment si insupportable. La terre tournoyait rageusement autour de lui, son chagrin se mêlait à une vive douleur physique, une profonde terreur le pris alors que le démon coupait ses liens avec lui. Violence lui fit vivre un véritable calvaire pour mieux accéder au corps de sa sœur. Mais si c'était le prix à payer pour la revoir rayonnante et pleine de vie, il le paierai sans sans siller.

Il endura dons la douleur, se laissant aller aux larmes, supportant tant bien que mal la douloureuse séparation avec le démon passant d'un porteur à l'autre. Si Violence avait été la cause de tout ceci, la Lame Famélique avait au moins le mérite de réparer le mal qu'elle avait causée, et bien que Zaïn savait pertinemment que c'était pour mieux l'asservir, au moins il pourrait revoir sa sœur en laissant faire le démon. Mais il se fourvoyait. Si Violence se faisait appeler de la sorte, ce n'était pas pour rien. Elle ne se contenterai pas seulement d'asseoir son contrôle sur son hôte mais ne manquerai pas non plus de la torturer jusqu'au bout.

La terreur pris le coeur de l'hybride alors qu'il compris ce que manigançait Violence, mais il était trop tard. La démon avait déjà pris le contrôle de l'esprit affaibli d'Arkady et l'usait contre lui. Sous le coup de la surprise il lâcha sa soeur à l'instant même où la Lame Famélique se pointa dans sa direction.

- Violence ! Sale vermine... Son algarade se stoppa net.

La Lame Famélique traversa la poitrine de l'hybride, ressortant de l'autre côté.

Sous le coup de l'émotion, il n'eut pas le temps de parer le coup, surpris, pris au dépourvu. Du sang commençait à s'écouler de sa blessure, coulant sur la Lame, jusqu'aux mains d'Arkady à la face déformée par la souffrance et la peur. Zaïn abaissa son regard vers la zone qui le tiraillait d'une douleur lancinante. Dans son mouvement de recul, il avait quand même pris la dague dans la poitrine, mais pas en plein thorax. La lame était venue se loger juste sous son épaule, transperçant le pectoral pour ressortir à un centimètre sous l'omoplate. Quelques millimètres plus à gauche et son poumon aurait été percé.

Zaïn se releva prestement sous le coup de la douleur. Sa sœur fit de même, quoique bien moins prestement. Que pouvait-il faire ? Se laisser transpercer pour laisser une chance à Violence d'accumuler suffisamment de puissance pour continuer de filtrer le sang d'Arkady ? Impossible. Devait-il l'assommer et se débarrasser de Violence ? Envisageable. Mais cela signifierai de mettre la vie de sa sœur en péril. Mais il lui fallait prendre le risque.

- Je suis désolé. Fit-il sombrement.

Et lorsqu'Arkady attaqua de nouveau, Zaïn exerça un pas de côté et donna un coup maitrisé dans l'occiput de sa sœur qui tomba à la renverse, il la réceptionna pour lui éviter le choc avec le sol. Il n'avait pas eu le choix.

- Tu as dépassé le bornes. Lâcha-t-il à l'attention de Violence.

Ses blessures lui faisait souffrir le martyre, celle au dos s'étant remise à saigner, ses poings le faisait souffrir, là où Violence les avait attaqué, sans parler de cella sous son épaule qui le tiraillait. Il pouvait toujours renforcer ces parties pour limiter la douleur, mais cela n'en demeurait pas moins inquiétant. Il avait dû assommer sa sœur, ne pouvant la laisser subir d'avantage l'influence néfaste de Violence. Il ne pouvait tout simplement plus faire confiance au démon, c'était inenvisageable.

Il devait en finir avec la Lame Famélique. Il trouverait un mage qui se chargerai de soigner Arkady, peu importe où et qui, mais il ne pouvait laisser Violence plus longtemps au contact de sa sœur. Il ne pouvait laisser Violence perdurer tout court. Le visage déformé par la haine, il posa un regard glacial sur la la lame en question et leva un pied au dessus, s'apprêtant à l'abattre dans l'optique de la briser une bonne fois pour toute.

C'était sans savoir qu'il échouerai. Et qu'il échouerai une nouvelle fois dans le futur.

Ô il n’est de douleur plus vive que celle infligée par un être aimé.
De violence plus véhémente que celle de la trahison.
Un sentiment potent, une chute délicieuse.

Violence est repue l’espace d’une nuit, la cruauté qui habite les deux hybrides debouts dans la tente de Caravage, au milieu de nul part, est un miel raffiné qu’elle a le plaisir de déguster après l’avoir butiné elle-même dans les fleurs de leur fraternité. Maintenant la rose d’Arkady fane, les pétales de sa vie s’étiolent sans que nul ne puisse l’empêcher.
Un par un.

Un peu…

Le Démon se nourrit des fragments d’âmes fraichements crées, leur puissance est phénoménale, son influence insidieuse se propage rapidement dans le corps de la frêle petite créature mourante, Violence traverse ses veines dans une brûlure irradiante insupportable, ses artères se teintent de noir et deviennent visibles à travers sa peau, donnant à l’empoisennement une manifestation physique tangible. Ses tentacules s’infiltrent à travers sa chair et atteignent le coeur tachycarde, elles l’enlacent et assistent les muscles pour maintenir sa proie en vie un peu plus longtemps malgré les toxines qui la hantent.

Beaucoup…

Alors que la soeur de Zaïn sombre dans l’inconscience, l’Arme Famélique a maintenant son mot à dire, ce pouvoir qu’elle exerce sur sa soeur, c’est justement grâce à Zaïn qu’elle l’a obtenu, c’est sa haine qui la nourrit, c’est son impétuosité qui la renforce. Le corps inerte reprend un souffle de vie tandis que le Démon, à l’aide de sa mana et de sa corruption, réanime le cerveau engourdi par le choc et ravive les signaux nerveux. La silhouette fragile de l’hybride nue, sans défense, se soustrait au pieds de son frère. Alors qu’il cherche où son l’engeance a bien pu se téléporter cette fois, il entends un son à glacer le sang lui parvenir d’en dehors de la tente.

À la folie…

HAAA

Au dehors, Arkady est debout, sur le sable chaud de Mouj’Avi. Son corps parsemé des sillons noirs qui habitent ses veines, lorsqu’elle relève la tête pour regarder son frère, la larme cristalline qui coule le long de sa joue depuis son oeil ambré est une arme plus dangereuse encore que la Lame Maudite qui a transpercé l’épaule de Zaïn tantôt. Dans ce face à face fratricide qui n’aurait jamais dû être, cet instant perdu dans la trame du temps se grave dans leurs mémoires et jamais ne partira. Violence se délecte de la détresse omniprésente dans les coeurs, elle susurre dans l’esprit d’Arkady, remplaçant les chuchotements de Zeï par ceux plus redoutables, d’un esprit malveillant:

Des derniers mots?

Ce n’est pas une pitié qu’elle offre, c’est un piège létal qu’elle tend. Elle connaît Arkady sur le bout des doigts désormais, elle sait pertinemment ce que les prochains mots qui quitteront les lèvres de l’hybride vont être, elle s’en réjouis d’avance, l’anticipation du Démon est à son paroxysme dans l’attente de ce clou de spectacle. La soeur relève sa tête, le vent écarte les mèches qui couvrent son autre oeil, révélant l’absence de la perle ambrée qui a cédé sa place à une version miniature de la Sphère, un trou noir et béant, inexpressif, froid, cruel. Pourtant de l’autre côté de son visage le sanglot est réel et sincère, ses lèvres s’écartent, un coup de poignard part sans qu’elle n’ait besoin de bouger.

Passionnément.
”Je t’aime…”

Elle s’effondre au sol.

Le combat est finit avant même d’avoir commencé, mais ils l’ont tout les deux perdu. Nulle trace du Démon dans les parages, seul le cadavre inerte d’Arkady git sur le sol, dégradé, meurtri, sale. Cette image, cette image infâme, c’est la dernière que Zaïn aura à jamais de cet être chéri avec qui il a partagé tant de chose, une mère, une maison, une enfance, parfois un lit, parfois un bout de pain, une misère, et pourtant des moments de joie aussi, de pure candeur quand ils n’avaient rien mais qu’ils avaient tout ce dont ils avaient besoin, maintenant, il ne l’a plus elle. La dernière image qu’il aura jamais, c’est celle là.

Au loin dans les vagues des dunes, une épée blanche comme la lune est fichée dans le sable et contemple une oasis clandestine, dévorant avidement les souvenirs qui y sont créés. La Lame Famélique se repaît éternellement, et ce soir le buffet ne la déçoit pas. Difficile de faire plus fort que le plat de résistance qu’elle vient de se servir, mais elle sait que dans quelques moments, elle profitera du dessert quand les sous fifres de Caravage trouveront Zaïn et le corps de leur patron. Après ça, elle continuera de parcourir le Sekaï, il y a encore tant de Violence à cueillir.