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  • Mer 10 Mai - 19:02
    Au milieu de la nuit, à bord du Vanguard, des bruits réveillent Arkady. Ce ne sont pas les éclaboussures des cadavres de meubles qui tombent par dessus bord, ni les éclats de voix de la petite troupe de marins nocturnes qui viennent s’agglutiner, attirés par la présence de la maréchaussée et des potentielles histoires à raconter. Ce sont les chuchotements pénibles de Zeï qui reviennent la hanter, elle ne panique pas, elle est trop fatiguée pour ça, mais elle ouvre ses petites perles ambrées qui reflètent la lueur vacillantes des rares bougies encore allumées sur ses pupilles, imitant le feu intérieur qui bout en elle comme dans son frère. Elle regarde le plafond, fixement, écoutant les bruits inaudibles de murmures semblant venir de nul part, avant de se redresser sur le canapé du salon, faisant tomber le plaide qu’elle remarque alors. Ses doigts fatigués caressent le textile tendre, elle n’a pas dû dormir plus d’une demie-heure et son cerveau crie famine, mais le bruit la maintient éveillée, elle ne peut pas s’en empêcher dans ces moments là c’est comme si elle savait très bien qu’il lui était vain de s’allonger. Où était ce fichu démon? Elle écarquille les yeux, reprenant ses esprits encore brumeux de la sieste insuffisante. Merde, est-ce que Zaïn avait profité de sa narcolepsie soudaine pour lui soustraire l’arme? Elle se relève d’un coup, mais se rasseoit presque tout de suite, sa tête lui tourne et elle sent son sang descendre dans ses jambes, prise de soudains vertiges. Ah, où est-elle? Où? Où?!? Elle aperçoit l’éclat de la lance télékinétique allongée à côté de ses affaires rescapées proprement repliées sur la chaise, l’hybride tente de se lever mais ses jambes sont encore trop engourdies, elle chute à quatre pattes et rampe sur les genoux jusqu’à l’arme maudite pour la prendre en main, et immédiatement les chuchotements se taisent. Arkady ferme les yeux, le silence a un goût qu’elle n’aurait jamais cru autant savourer dans sa vie, c’est fou comment on pouvait prendre la bonne santé comme un acquis, physique comme mentale, un nez bouché nous fait apprécier tout les moments où on pouvait librement respirer, et là elle ressent le même effet avec quelque chose de bien plus fondamentale et nécessaire à une personne. La Paix.

    Refermant sa prise sur la lance comme pour se rassurer que cette sérénité n’est pas éphémère, mais bien réelle, le retour du calme lui donne enfin la force de se relever. Elle se traîne lentement au hublot le plus proche et jette un coup d’oeil à l’extérieur pour apercevoir les sources des bruits de fonds qui lui parviennent depuis l’intérieur. En arrivant à Mael elle avait trouvé un certain charme à la ville, de nuit la lumière des étoiles met en relief l’architecture diviniste de la cité et lui donne un aspect sacré quelque chose de solennel qui manque n’existe absolument pas au Reike même dans les temples Shierak. Pourtant maintenant qu’elle regarde les bâtiments et les toits baignés dans l’argent lunaire elle ne voit plus cette beauté, elle ne voit que de la pourriture grouillante qui se cache dans chaque recoin de cette ville de pourris. Comme toutes les autres villes. À côté elle perçoit la voix de son frère qui parle avec les autres personnes l’aidant à débarrasser le Vanguard des gravats. Son frère… Arkady baisse ses yeux et son regard se porte sur l’arme dans sa main, puis sur le plaide du canapé. L’appel du sommeil est fort, et elle n’y résiste pas, tout d’abord elle doit récupérer, ensuite seulement elle pourra réfléchir à la suite.

    ***

    Lorsque Violence achève de récupérer et reprend connaissance, elle reconnaît les lieux pour les avoirs vu dans les souvenirs d’Arkady, sa nouvelle hôte. Le Vanguard. Elle n’avait jamais été sur un bateau auparavant mais ça n’a pas l’air bien différent de la terre ferme, mis à part le bruit des vagues qui vient constamment bercer les habitants de l’embarcation. Il fait nuit noire dans le salon, les quelques bougies qui éclairaient encore la pièce se sont éteintes naturellement ou ont été séchées et outre le clapotis de l’eau contre la coque, le silence règne. Le Démon porte son attention sur le corps de l’hybride qui dort sur le canapé en l’enserrant contre elle, enroulée dans une couverture et se cramponnant à l’arme famélique dans son sommeil comme si sa vie en dépendait, passant même les jambes autour du manche de la lance.

    Fragile petite créature, tu es ta propre ennemie mais tu ne t’en rends pas compte, ces idées qui germent dans ta tête sont le poison qui coule dans tes veines. Ne crains rien, la violence est une délivrance et tu auras bientôt ta liberté comme tant d’autres avant toi, comme ceux dans les pas desquels tu marches.

    ***

    Le voyage de retour à Ikusa est amer. D’un côté l’expédition est techniquement un succès puisque les informations nécessaires aux préparatifs des travaux ont été récupérées, mais de l’autre… comment serait-il possible de crier victoire en posant le pieds à terre à Ikusa après tout ce qui s’est passé? Arkady a à peine adressé la parole à son frère depuis le retour au Vanguard, un silence génant et plein de non-dits s’est installé entre les deux êtres d’ordinaire si fusionnels mais aucun des deux ne se voile la face, la soeur se doute que son frère n’aime pas la présence de l’arme démoniaque à ses côtés surtout qu’elle ne la laisse jamais posée nul part, elle en emporte systématiquement un bout partout où elle va et le range généralement dans sa ceinture, contre sa peau afin de faire taire les chuchotements. C’est un peu étrange d’avoir en permanence ce morceau de métal contre elle ou à la main mais à choisir entre ça et les susurrements incessants de la titanide elle sait ce qu’elle préfère. Le regard pesant de reproche et de désapprobation de Zaïn par contre est un tantinet plus dur à porter, même si celui-ci s’efforce de le cacher elle le voit, ça le pèse aussi. Il a changé depuis leur départ de Mael, elle n’est pas plus dupe que lui, mais là encore elle n’ose pas lui en parler, elle a trop peur d’être en partie la raison pour laquelle son aura est devenue aussi… froide.

    L’hybride soupire, elle sort de la cabine aménagée en salon pour remonter sur le pont principal et accueille le vent marin comme un brin de fraîcheur, balayant ses cheveux rouges pour révéler son oeil droit qui se fait timide la plupart du temps. Au dessus de sa tête dépassant à peine de l’ouverture, elle entends des cris de mouettes. On ne doit plus être très loin de la côte reikoise. Effectivement, peu de temps après l’équipier à la vigie annonce la terre et ils accostent une petite heure après au port de la capitale impériale. Pendant que la vie suit son cours et que les membres de l’équipage réapprovisionnent le Vanguard, déchargent les quelques denrées qu’ils avaient embarqué et entament l’entretien du navire, Arkady descend sur le dock et parcours le bois de quelques pas, reprenant goût à la terre ferme. Elle ne savait pas si c’était les émotions de la semaine passée mais ça lui faisait du bien de retrouver littéralement un peu de stabilité.

    Il allait falloir rendre les comptes de leurs opérations de reconnaissance topologique et quant à elle, elle devrait s’arrêter au palais impérial pour donner un résumé au Coeur si jamais il était dans le coin, ou à sa secrétaire de leurs avancées. Cette affaire de canal avait été auditionnée par le couple impérial lui même alors il était important d'octroyer un suivi régulier de sa progression, elle savait aussi que le dirigeant du Reike pouvait être fort capricieux donc éviter de se retrouver sur un échafaud était toujours une préoccupation non-négligeable. L’hybride vaque donc à ses occupations pendant le restant de sa journée après avoir sommairement prévenu son frère qu’elle partait, prévoyant de rentrer seulement le soir au Vanguard puisque de toute façon, l’ambiance y était morose donc autant s’en éloigner un petit peu. Avant de partir, elle n’emporte qu’un seul des morceaux de sa lance télékinétique, même si une femme n’est déjà pas à l’abri des agressions, hybride de surcroit, elle ne s’attends pas à croiser des ennuis en tant que contrôleuse dans la cité impériale surtout en sachant qu’elle passera le plus clair de sa journée dans les environs du palais donc elle n’a pas vraiment à craindre là dessus. Elle roule soigneusement les trois autres pieux métalliques dans un tissus qu’elle replie sur lui-même et range le tout derrière un des meubles provisoires de sa chambre qu’ils ont récupéré d’une autre pièce afin de meubler la salle vandalisée.
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    Konrad Lightborn
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  • Jeu 11 Mai - 11:07




    - En mer -

    La nuit s'était montrée particulièrement désagréable pour tous, l'équipage était mal à l'aise, ne sachant s'ils allaient être renvoyés, torturés par une culpabilité les plongeant dans une incertitude inconfortable. Hegrar était exténué, Stefan préoccupé et Zaïn torturé. Après avoir dégagé toutes les fournitures irrécupérables du navire, ils avaient immédiatement mis les voiles vers Ikusa, rien que pour revenir à un territoire sécurisé et connu. Là-bas au moins les Tevon-Duncan ne risquaient rien, enfin, rien qui ressemble aux monstres véritables ou aux monstres humains auxquels ils ont dû faire face sur les terres de l'ancien Shoumei.

    Apparemment seuls les appartements des deux hybrides avaient été détruits de la sorte, les autres cabines et les calles avaient été certe visités mais point vandalisées de manière si violente. C'était clairement un crime de haine raciale, rien d'autre, et visiblement ceux qui l'avaient commis avaient été suffisamment renseignés pour savoir à qui ils s'attaquaient. Zaïn avait donc dormis avec ses matelots, empruntant un hamac inutilisé dans les calles, laissant le commandement à Stefan qui argua ne pas être fatigué. Ce dernier en profita pour rédiger la missive qu'il remettrait à Oro Banhort dès leur arrivée à la capitale.

    Lorsque Zaïn se leva, un peu avant les aurores, réveillé par un cauchemar, il grimpa sur le pont où Stefan lui présenta la lettre à envoyer au chasseur de prime.





    Année 4, le 28 février.
    Fait à bord du Vanguard.

    Messire Banhort,

    Je vous écris cette lettre afin de vous proposer une affaire qui ne manquera pas de manifester votre intérêt.

    Je travaille pour le compte de Maitre Zaïn Tevon-Duncan, ayant déjà fait appel à vos services par le passé. L'affaire vous demandera un déplacement à Mael afin d'enquêter auprès des classes populaires de la ville blanche au sujet d'un crime commis à l'encontre de la famille Tevon-Duncan, le vandalisme du navire "Le Vanguard" ayant demeuré au port de Mael la journée du 27 février. L'acte visait clairement les hybrides, portant un message discriminatoire.

    Votre mission, si vous l'acceptez, sera de vous mêler à la population locale afin de retrouver les coupables. Une fois cela fait, nul besoin d'en rendre compte, procédez à l'élimination immédiate des individus comme bon vous semble. Maitre Tevon-Duncan vous propose pour cela le tarif habituel de 10 pièces d'or et de 20 autres un fois le contrat accomplis.

    Passez me voir chez moi, à côté du Natura Rerum près la porte Est de la ville.

    Stefan Gerrazo Kennen.

    - C'est parfait. Merci de te charger de cette affaire pour moi. Avait remercié Zaïn avant de plonger son regard vers la poupe du navire.

    - Ikusa -

    Dès lors qu'ils accostèrent, Hegrar sauta sur le quai, ses parchemins sous le coude.

    - On doit aller rendre compte de nos relevés auprès des bureaux du Coeur, ne trainons pas. Dit Hegrar.

    - Vas-y seul, je te fais confiance. Répliqua Zaïn.

    - Mais c'est votre projet, votre présence est requise... Commença l'ingénieur.

    - Tu es le plus à même de délivrer un compte-rendu précis. De mon côté, j'ai d'autres chats à fouetter.

    - Ne vous laissez pas distraire par vos peurs. La peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine à la...

    - Epargnes-moi tes citations, veux tu. Trancha l'hybride.

    Ils partirent chacun de leur côté, Arkady tenant à un moment de solitude, Hegrar devant se rendre au palais, Stefan aillant une affaire à régler tout en devant retourner auprès de sa femme, et Zaïn ne demandant qu'à se changer les idées. Lorsqu'il était contrarié, il rendait visite à sa bien-aimée, à ceci près qu'elle devait être au palais, or, il n'avait aucune envie quelle le voie dans cet état de préoccupation. Il remettrait donc sa visite galante à ce soir. Il pouvait également se rendre à n'importe quelle taverne et descendre quelques choppes avec ses amis, mais aucun n'était en ville en ce moment, et ceux qui y étaient avaient des choses à faire. Il lui restait donc la troisième activité qui lui permettait de faire le vide dans son esprit : l'entrainement.

    L'hybride se rendit donc à son arène, la mine grave. Il se plaça au centre de l'arène déserte et commença à exercer des mouvements d'un art martial de Kaizoku, appelé le Tao. Au bout d'un instant, il sentit l'envie de frapper. Il ordonna qu'on lui apporte un pantin de bois. Il commença alors à exercer ses mouvements sur le pantin, ménageant sa force pour ne pas le briser, ne faisant que perfectionner ses techniques. Mais il finit par briser un bras du pantin, pas forcément par inadvertance. D'un mouvement du coude il brisa le second, puis ses mouvements se firent plus rapide, de plus en plus violent, jusqu'à ce que le dernier bras du pantin ne vole en éclat. Enfin, d'un mouvement large mais violent de la jambe droite, il pulvérisa le tronc du pantin, volant en morceaux...

    Son visage était toujours aussi sombre.









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  • Sam 13 Mai - 10:44
    Après s’être un peu éloignée de la marina et avoir emprunté une des grosses avenues commerçante d’Ikusa, Arkady bifurque dans une plus petite allée à l’entrée de laquelle un marchand a installé un étal d’épices. C’est là, au détour de ces senteurs exotiques, qu’elle s’assieds sur une des caisses de stockage d’un des marchands, suscitant par le même coup son regard vigilant. Il peut craindre un vol autant qu’il le veut, ou peut-être que ce sont ses oreilles de renarde qui attirent ainsi ses yeux plissés, mais lorsque l’hybride écarte très légèrement les pans de sa cape pour accueillir le froid hivernal contre sa peau, les quelques aperçus discrets de l’uniforme des contrôleurs royaux qui transparaissent au travers lui font rapidement remballer ses suspicions. Souriant de la gêne du marchand, Arkady en profite pour simplement apprécier l’instant. C’est la première fois depuis des mois et des mois qu’elle a été capable de dormir correctement, la sensation est grisante, naturellement elle se sent toujours fatiguée car son rythme reste extrêmement mauvais, mais elle peut tout de même sentir la différence flagrante rien qu’au niveau physique, même si son mental est toujours ostensiblement ralenti.

    La jeune femme ferme les yeux, inspire profondément et les rouvrent sur le ciel bleuet en soupirant longuement. Elle est partagée. D’un côté le fait d’avoir retrouvé un semblant d’autonomie, de pouvoir dormir, la réalisation de ses prouesses de combat qu’elle a réussi à faire malgré la fatigue à Shoumeï, tout ça lui laisse apercevoir un dessein, un plan qu’elle avait auparavant en tête mais qui n’était alors qu’une esquisse floue. De l’autre, le vandalisme qu’ils ont essuyé à Mael, ce n’était pas quelque chose d’anodin, elle se doutait que son frère allait ou alors avait même déjà pris action pour cet évènement, il n’est pas du genre à simplement se retirer quand on lui crache au visage. Et elle alors? Et elle, hein, qu’est-ce qu’elle allait faire? Arkady se relève et commence à s’étirer un peu, la cape protégeant ses courbes des potentiels regards avides qui trainent dans le marché matinal d’un quartier populaire. Tout en ce faisant, elle est pensive. Elle revoit les mots peints en lettres de sang sur les murs de sa chambre.
    Salope.
    Monstre.
    Partez.
    Rien qu’en revisualisant la scène elle peut ressentir ses joues pâles à cause du froid reprendre un peu de couleur. Ils ne s’en tireront pas comme ça. Non. Et elle, elle ne restera plus les bras croisés à attendre que le monde règle ses problèmes à sa place. Hors de question. Le marchand d’épices qui ose donner un rapide coup d’oeil vers la contrôleuse remarque une détermination distincte dans le regard de la belle, et celle ci se remet en route en direction du Palais. Tandis qu’elle s’éloigne de la rue commerciale pour déboucher sur un grand carrefour richement décoré à la gloire de l’Empire, elle entends une voix qui la fait tiquer.

    Que vas-tu faire?

    C’est si réel, mais si bref que l’impression qu’elle a que la voix était dans sa tête paraît d’un seul coup douteuse, est-ce qu’elle a rêvé? Non impossible, elle avait passé beaucoup trop de temps à entendre les chuchotements de Zeï pour non seulement les reconnaître mais aussi identifier cette sensation désagréablement familière de quelque chose qui parle dans vos pensées. Elle réponds du tac au tac:

    ”Qui êtes vous? Montrez-vous!” Elle semble parler toute seul et s’attire visiblement des regards de jugements de la part des passants tout autour d’elle. Oups.

    De quoi elle à l’air là? On va la prendre p-

    Toute cette colère en toi, tu m’avais dit avoir un rêve si grand, si ambitieux. Et pourtant tu as fuis Mael à la première occasion.

    Cette voix, c’est? Elle baisse la tête vers le bout de métal argenté à sa ceinture, là comme ça on dirait simplement une sorte de bâton décoratif, comme un objet culturel ou esthétique attaché à sa tenue au niveau de la taille et rentrant dans le vêtement. Elle approche un peu la main du manche de l’arme, tout doucement.

    Mmmh. M’aurais-tu trompé à ton sujet? Ou alors est-ce que c’est toi qui te trompe à propos de toi-même?

    C’est le Démon. Sa voix est dans sa tête, elle se mord la lèvre intérieurement, ça reste toujours plus supportable que les chuchotements, c’est le prix à payer pour être tranquille… Non, ce n’est pas ce qu’elle cherche la tranquillité, ce n’est pas du tout ce qu’elle voulait en mettant sa main sur le pommeau de l’épée maudite à Mael, et quelque part, le Démon a un point tout à fait valide…

    ”Je n’ai pas fui. Mon frère-”

    Ton frère a pris une décision et tu as été obligée de suivre. C’est peut-être sur lui que je devrai aller, il semble en avoir plus dans le ventre que toi quand il s’agit de mettre le pieds à l’étrier.

    ”Tais-toi!” Elle avait prononcé cette phrase de manière sèche, avec une certaine véhémence dans son ton et les quelques personnes qui marchaient devant elle se retournèrent pour la regarder avec une soudaine confusion et une crainte légère sur le visage.

    Tu as l’air un peu ridicule à parler toute seule. Pense tes réponses de manière claire et je les lirai.

    Tu ne sais rien de moi alors ne-

    Au contraire Arkady je sais tout de toi, de la couleur des yeux de votre mère à la haine qui sommeille depuis ta plus tendre enfance. J’ai toujours été à tes côtés, quand tu te faisais frappée le soir en sortant de l’école à République parce que les humains sont cruels j’étais là. Quand tu rendais coup sur coup dans les couloirs hors des regards des surveillants j’étais là. Quand ces types dans une taverne un soir ont tenté de te violer… J’étais là.

    Arkady se remet en route pour le centre des finances royales, comme si de rien n’était, son regard s’assombrit devant l’étendue des connaissances du Démon de sa personne.

    Et alors? Tu crois pouvoir toi aussi dicter mes pas tu te trompes lourdement, je ne suis pas un pantin.

    Au contraire Arkady, je vois cette envie explosive d’agir par toi-même, mais tes mains sont liées par les carcans de la société même que tu combats de l’intérieur. Pas de chance pour toi, les rouages de l’engrenage que tu affrontes sont grippés et ils ne bougeront pas.

    Est-ce que tu sais faire autre chose que me parasiter l’esprit Démon? Sinon tu vas finir dans une poubelle à un coin de rue ou au fond de la mer quand on remettra les voiles. Zaïn semble te craindre, moi pas.

    Arrivant enfin devant la porte du Centre, Arkady se laisse soumettre à une fouille au corps avant de rentrer à l’intérieur du bâtiment, concluant sa conversation mentale pendant que ses pas la mènent vers le bureau des archivistes. Elle a besoin de remettre ses rapports avant de continuer son travail.

    Patience, ma petite hybride, patience. La voix se tait pour de bon, Arkady ne peut l’expliquer mais elle sent sa présence se retirer de son esprit et elle se retrouve à nouveau seule avec ses pensées.

    Suite à cette discussion déconcertante, la contrôleuse poursuit son travail toute la journée, remettant ses rapports et répondant à quelques interrogations par rapport à leur validation, expliquant comment ils sont tombés sur le village, ont continué leur progression et se sont fait attaqués par des monstres, elle omet juste de mentionner l’altercation avec le Démon, fait également absent de ses rapports écrits. Elle participe ensuite à quelques décomptes de relevés pour des divisions proches d’Ikusa et consigne enfin les salaires à venir pour quelques corps de métiers, finissant sa journée en établissant les listes de contribuables à imposer pour la prochaine semaine. Regardant sa fiche satisfaite, elle ressort de la Grande Trésorerie à une heure où le soleil commence déjà à se coucher en cette saison froide.

    Il neige un peu. Les flocons tombent doucement sur la ville, chacun à leur propre rythme un peu différent des autres, elle y voit quelque part une métaphore à sa condition, elle aussi elle veut toucher le sol du bout des doigts, atteindre son but, comme ces flocons, mais elle le fera à son rythme. Selon ses termes. Elle sourit, puis son esprit se redirige vers le bâton à sa hanche que sa main effleure en marchant. La curiosité commence un peu à la gagner.

    Démon?

    Oui?

    Quel est ton but?

    Je n’en ai pas. Demandes tu au marteau quel est son rêve avant de l’abattre sur un clou? Pourtant, quelle que serait la réponse qu’il te donnerait, un outil ne fera jamais rien de plus qu’accomplir ce que la main qui le tient décide. C’est à toi de faire le choix.

    Huh. Un peu cryptique. En se rappellant de l’allure de l’abomination qu’ils ont croisé dans le village de pêcheur à Shoumeï elle a du mal à croire que cette entité puisse être aussi désintéressée.

    Avant de revenir au Vanguard, elle a quelque chose à faire. Enfin, pour être honnête elle pourrait très bien attendre demain pour s’en occuper mais comme l’ambiance à bord du bateau est qualifiable de mortifère ces temps ci elle saute sur le prétexte pour passer un peu plus de temps loin de l’humeur massacrante de son frère. Une missive à délivrer à un des centres de percepteurs dans la banlieue d’Ikusa, c’est dans un quartier un peu chaud de la ville et à vrai dire elle devrait sans doute éviter de s’y rendre de nuit mais ce soir elle préfère vraiment délayer son retour sur le navire. L’hybride passe ses fines mains à l’extérieur de sa tenue et ressert les pans de sa cape contre son corps pour dissimuler les ornements de contrôleur royal, ici dans les basses rues ces accoutrements lui feront plus office de cible à abattre que de passe-droit. Soudain, au détour d’un croisement dans les petites ruelles des cris étouffés et lointains lui parviennent à peine des tréfonds du quartier.

    ”NON! ARRÊTEZ! LÂCHEZ MOI!” Une voix féminine.

    Arkady s’arrête net. Ses oreilles de canidé à l’affût du moindre indice, oscillant dans toutes les directions à la recherche de l’origine de ces plaintes. Elle continue d’entendre de manière occasionnelle des bruits de lutte, ses pas la mènent instinctivement à s’écarter des allées principales pour enquêter. Il fait noir et elle parvient difficilement à voir quoi que ce soit dans la pénombre, elle progresse à tâton pour éviter de tomber et de révéler sa présence, avançant délicatement, une main contre le mur, l’autre posée sur le pieux à sa ceinture. Merde, c’est vrai qu’elle ne possédait qu’une partie de l’arme seulement, le reste était parqué dans sa chambre entre une cloison et un mur. Fait chier, maintenant qu’elle était là elle se rendait compte que c’était un peu imprudent de sa part.

    Depuis quand est-ce que ça t’arrête?

    Pas maintenant. Chut. Elle ordonne à la voix dans son esprit, mais elle c’est plus pour renforcer sa confiance en elle qu’autre chose, se rassurer qu’elle est en contrôle de ce qu’elle fait. Pendant un moment elle reste là, prostrée de manière rigide où elle se tient, elle sait qu’elle disait avoir envie de se défouler, mais pas là et pas comme ça. Et surtout pas pour ces merdeux d’huma-

    ”Laisse toi faire ça sera plus facile ma jolie.”

    ”NON! BAS LES PATTES!”

    ”Cocasse venant de quelqu’un qui a de vraies pattes sale pétasse hybridée! Fallait pas résister à la drogue!”

    SALOPE

    Le sang d’Arkady ne fait qu’un tour. D’un seul coup sa colère remonte, tout ce qu’elle a encaissé lui revient à l’esprit. Sa main dégaine l’arme à sa ceinture et elle reprends sa progression dans le noir, éclairée faiblement par un timide croissant de lune qui contraste avec sa propre assurance. Elle se tapit contre le coin d’un tournant en remarquant la lumière qui semble émaner du croisement, ils sont là tout près. Elle se risque un coup d’oeil pour observer la scène avant de bondir dans quelque chose sans réfléchir, elle aperçoit un groupe d’une dizaine de personnes, toutes lourdement habillées à l’exception de leur victime dont les vêtements gisent déchirés sur le sol. Au milieu d’eux, une femme-féline se débat en sanglotant pendant qu’un des agresseur se force en elle. Arkady n’en peut plus, ses doigts pâlissent en se resserrant sur le manche de lance jusqu’à ce que ça lui fasse mal. Bordel, c’est qui ces types? Ils sont disposés en groupe autour de leur pote le violeur, clamant des encouragement pour l’agresseur et des insultes à l’encontre de la victime, et c’est en les parcourant du regard qu’Arkady remarque un détail sordide, un détail qui provoque en elle une déferlante de fureur.

    Les corps.

    Une dizaine de sacs fermés, de taille humaine, sont disposés en rang contre un mur, une porte ouverte juste à côté et de l’autre, dans la rue contre la maison en question, elle devine le haillon de chargement d’une roulotte sur laquelle un autre sac ensanglanté est ouvert. Putain mais c’est qui ces types? Des trafiquants d’humains? Qu’est-ce qu’ils croient faire au juste?

    Et toi, qu’est-ce que tu crois faire?

    La phrase résonne dans sa tête. Elle ne devrait pas s’en mêler, mais après tout, pourquoi pas? Ce ne sont pas les monstres lugubres de Shoumeï, juste des merdes humaines qui se pensent supérieur alors ils se permettent les pires exactions. Le regard d’Arkady s’assombrit. Chaque gémissement plaintif et désespéré qui s’échappe de la félidée au sol est pareil à un coup de surin dans son coeur, des poignards rythmés par les coups de hanche du petit fils de pute qui se donne en spectacle sous ses yeux.

    C’est à toi de faire le choix.

    Elle choisit.

    Pas le temps pour les présentations, les menaces, l’intimidation, elle pose un pieds dans l’allée et immédiatement elle se rue sur le connard le plus proche, le pieux s’enfonce dans son dos entre ses omoplates et son hurlement de douleur sonne l’alarme. OUI! En  le retirant, un filet de sang gicle sur la cape de l’hybride, exprimant par le même coup une jubilation insoupçonnée de rendre justice. Les trois autres criminels qui étaient à côté se jettent sur elle, armes en mains, leurs capes cachent leur formes et il est difficile de percevoir leur corps sous les hardes, rendant l’affrontement en combat rapproché plutôt dangereux. Alors il n’y a pas plus d’hésitation pour Arkady, elle lance le pieux en direction de ses assaillants et maintient la paume de sa main tendue vers eux, articulant ses doigts pour insuffler la vie à l’objet mortel qui se met à léviter. Surpris, le premier des trois comparses écarquille les yeux alors que la pointe de Violence s’enfonce quelque part dans son torse et persévère dedans jusqu’à le traverser complètement. Les deux autres se reculent d’un coup, se concentrant sur la déviation de l’unique projectile que la contrôleuse manipule. Elle peut voir les autres brigands s’enfuir dans les ruelles, bien. Luttant dans une escrime télékinétique avec les deux connards restants qui ne gagnent pas en terrain sur elle. Ils savent se battre eux aussi mais leurs mouvements sont plus rudimentaires que les siens, des types endurcis des bas-fonds, la lie de l’humanité. Nan, ils sont tous comme ça. Certains ne le montrent juste pas. Rappelant son bras vers elle, le bout de lance décrit un arc de cercle pour contourner une lame et revenir vers Arkady avant que celle-ci ne brandisse sa paume vers sa cible, prenant le type par surprise et le touchant à la jambe, pas tout à fait létal mais elle a l’avantage. Soudain, un bruit attire son attention, elle a tout juste le temps de relever la tête pour comprendre son erreur.

    Elle avait été bête. Elle avait cru que les autres merdeux s’étaient enfuis à la vue de leur pote à terre et de ses pouvoirs de télékinésie. Elle avait cru que les deux autres qu’elle combattait perdaient du terrain en reculant mais c’était plutôt pour réduire l’efficacité de ses pouvoirs en creusant la distance. Elle avait cru pouvoir gagner.
    Les types avaient simplement prit le temps de se repositionner, et maintenant qu’ils étaient sur les toits et que l’un d’entre eux fendait sur Arkady avec une masse à la main, elle sent la peur la gagner une fraction de seconde avant que ce ne soit la douleur, puis le noir qui s’empare d’elle. Violence se téléporte à sa ceinture, déçue que le combat s’arrête déjà, mais quelque part dans ses pensées un nouveau plan se profile, quelque chose de plus alléchant encore que cette hôte télékinésiste. Elle a lu dans l’esprit de la soeur à quel point le frère pouvait être puissant, elle connaissait également le tempérament de Zaïn… Il y avait là une opportunité en or. Un or teinté de carmin. Pendant que les mécréants rajoutaient une nouvelle hybride et pas des moindres à leur traffic d’esclaves sexuels, le Démon observe attentivement la scène, utilisant sa senseur magique pour prélever la signature de mana de toutes les personnes présentes, récupérant le plus d’informations possible, leur discussion, la destination du cargo, les visages des individus. Elle profite qu’un des trafiquant la ramasse pour envahir son esprit et compléter ses observations, s’infiltrant en lui comme l’eau dans un moulin pour obtenir tout ce qu’elle veut, bientôt l’heure sera au sang versé, mais tout bon repas se cuisine longtemps. Une fois qu’elle en a terminé avec eux, et qu’eux en ont terminé avec leur chargement, Violence repart, se téléportant à nouveau à bord du Vanguard pour rejoindre le reste de son corps où elle récupère sa forme de Lame Famélique. Faisant pousser une chaîne de bras humains le long de son métal, l’arme rampe comme un insecte horrifique dans le bateau avant de rentrer dans la chambre de Zaïn et de se planter toute seule dans le plancher. Elle attendra son retour avec impatience.
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  • Lun 15 Mai - 12:48




    - Ikusa -

    Tel le soleil et la lune qui régissaient le monde, Arkady et Zaïn régissaient leur monde. Ils étaient complémentaires. C'était un fait avéré chez les jumeaux : il n'y avait pas de lien plus fort, les jumeaux ne pouvaient être séparés, fusionnels. Ils avaient tout vécus ensemble, les hauts comme les bas. Ils avaient fait face aux même péripéties, ne les surmontant que grâce à la force de ce lien, aucun des deux ne serait allé si loin sans la présence de l'autre. Lorsque des jumeaux venaient à être séparés, c'était comme si l'on perdait la moitié de soi-même.

    Zaïn avait toujours été conscient de cela, et ce d'autant plus depuis qu'Arkady s'était absentée en République plusieurs mois, son frère avait connu une profonde solitude, même lorsqu'il était entouré de personnes. Il lui manquait cette personne à qui il pouvait tout dire, avec qui il avait joué dans son enfance, avec qui il en avait bavé et saigné pour parvenir jusque là, c'était comme si tout perdait son sens. Il avait beau être entouré d'amis et de ses plus loyaux associés, il accorderait toujours un regard circulaire pour chercher sa sœur dans l'assemblée, en vain.

    Et lorsqu'il en était venu à rencontrer son âme sœur, il s'en était rendu compte plus que jamais. Il avait trouvé une substitution à cette relation fraternelle en s'immergeant pleinement dans cette conjugalité. Il s'en était voulu pendant un temps, ayant toujours vécu aux côtés de sa sœur pour finalement la remplacer par une autre femme, même si la relation était toute autre, la complicité avec sa sœur en avait pâtie. Surtout depuis qu'elle était atteinte de cette calamité de chuchotements de Zei, elle s'était isolée et était devenue agressive avec son frère. Elle lui avait cachée sa maladie, et lui, benêt qu'il était, l'avait pris pour un profond changement chez sa sœur qui ne voulait plus garder une relation si fusionnelle avec lui.

    Un mur s'était comme dressé entre les deux hybrides, et même si un puissant amour demeurait, vainquant toute frontière, ils n'avaient plus la même complicité. La souffrance dans laquelle s'était fondue Arkady, accentuée par une profonde fatigue constante, avait sérieusement atteint cette relation gémélaire.



    Après s'être défoulé à l'arène - ayant extériorisé sa colère par des mouvements martiaux et des entrainements contre des mannequins jusqu'à s'abimer les doigts jusqu'au sang - il avait l'esprit moins chargé, sachant ce qu'il lui restait à faire. Il entreprit donc la tâche la plus simple qui se présentait à lui : remeubler leurs deux cabines. Il se rendit donc chez un artisan menuisier afin de racheter étagères et sommiers, achetant également les matelas nécessaires dans une autre boutique. Au moins il y avait tout à portée et il avait l'argent nécessaire. Il en profita également pour prendre des peaux de peinture et de vernis afin d'effacer ces horribles messages des parois. Il plaça le tout dans une charrette qu'il loua à l'ébéniste et la tira lui-même. Des bœufs auraient eu plus de mal que lui à transporter ces quelques meubles, alors que lui avait de l'énergie à revendre pour ce genre de tâches.

    Lorsqu'il arriva sur les quais, il lâcha la carriole pour grimper sur le vanguard, congédiant les trois matelots restés à bord pour en assurer la sécurité. Il pris d'abord la peinture et le vernis et descendit dans la chambre de sa soeur, il poussa un soupir en constatant qu'elle n'était pas rentrée. Il entreprit donc de passer dans sa cabine. Là il lâcha les deux pots métallique qu'il tenait, consterné par ce qu'il vit. Qu'est-ce que le démon faisait planté là, au milieu de la pièce ?! Etait-ce une mauvaise blague ? Ou une mise en garde ?!

    - Qu'est-ce que cela signifie ?! Je n'ai pas la patience nécessaire pour discuter avec toi, démon ! Où est ma sœur ?! Vociféra-t-il.

    S'il le fallait, maintenant qu'ils étaient à Ikusa, il pouvait appeler des connaissances à lui et dans la minute des mages supérieurs se chargeraient de le débarrasser du démon.

    Zaïn Tevon-Duncan :






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  • Lun 15 Mai - 18:41

    L’attente n’est pas extrêmement longue, mais dans les quelques heures qui séparent ce moment où Violence se rappelle au reste de son corps et l’instant où le frère de son hôte ouvre la porte et fait tomber ses pots de peinture sur le sol, il a bien dû s’écouler deux ou trois heures. Le Démon se complait dans sa malignité, ces quelques heures sont cruciales vu que les trafiquants avaient l’air d’être prêts à partir, les Titans seuls savent où elle pourrait bien être désormais, dans une caravane à destination de la ville voisine, dans un bordel de la banlieue, dans la cave d’un noble véreux ou affichée comme un bout de viande dans le marché noir. Plus il y aurait de distance, d’intermédiaires entre l’hybride et sa soeur s’il venait à la retrouver, et plus les choses seraient intéressantes. Chaque secondes compte, chaque minute rapproche le Démon d’un délice inespéré, d’une déferlante de haine sans pareil. Lorsqu’enfin le capitaine du Vanguard pénètre dans la chambre encore souillée de sa soeur par le sang de renard, Zaïn observe l’arme blanche fixement, et dans l’absence de réponse immédiate, la tension monte. Quand l’épée prends la parole après avoir savouré le moment, le ton n’est pas celui que l’hybride espérait, mais plutôt une réponse détournée:

    ”L’Héritage. C’est un fardeau que les mortels portent en eux avec ou contre le gré. Il définit vos actions, il façonne vos pensées, il sculpte vos personnalités. Quel est la nature de votre Héritage Zaïn?” avant même que l’hybride en colère ne puisse répondre, Violence continue ”La Famille. Le poids le plus lourd de tous dans votre cas, et de vous deux je pense que c’est elle qui le porte le plus, pourtant c’est toi qui possède la plus grande force. Ta pauvre soeur Arkady…”

    La Lame Famélique peut voir la mâchoire de l’hybride se serrer si fort qu’à tout moment il pourrait briser ses propres dents sous l’effort, son poing semble prêt à percer un trou à travers même l’acier alien du Démon. Cette colère, elle la convoite, elle veut la laisser exploser.

    ”Ta très chère, fragile petite soeur… Kady… a porté un peu trop seule ce poids, et elle souffre maintenant les conséquences de ses choix. Elle s’est engagée dans un combat contre des hommes pour sauver une de ses semblables, mais elle n’a pas réussi à venir à bout des agresseurs, et maintenant ils l’ont prise elle aussi pour l’emmener.”

    Cette force colossale, qu’elle ressent bouillir au fond du pugiliste, elle veut la ressentir éclater. Elle veut qu’il sème derrière lui un sillage de sang et de douleur, qu’il répande la brutalité à travers ceux qui ont osé lui causé le moindre tort un jour, et tant pis si ça doit commencer par Violence elle-même, c’est également une forme légitime de véhémence. Par contre dans l’immédiat, ce qui régalait le plus le Démon de la Cruauté n’était pas l’idée du sort lugubre qu’encourait la misérable Arkady s’ils n’agissaient pas suffisamment vite, non. C’était la réalisation inéluctable que quoi que le puissant hybride fasse à partir de maintenant, il finirait par se rendre compte d’une chose: dans l’immensité d’Ikusa, la même entité qu’il détestait le plus au monde actuellement était la seule et unique créature à pouvoir lui permettre de retrouver les traces de sa soeur… avant qu’il ne soit trop tard.

    Et ça. Ça c’était de la Violence véritable.
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  • Mer 17 Mai - 13:55





    « Il existe bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons »

    - André Gide.
    - Ikusa -



    La haine mêlée à une profonde tristesse était en train de dévorer l'hybride. Jamais il n'avait été en proie à un tel désir de violence et de vengeance. Il abhorrait le démon, ne désirant que briser la lame en deux tel un vulgaire cure-dent, mais il voulait aussi retrouver sa sœur et réduire à néant les vermines qui on osés s'en prendre à elle. Il avait toujours été maitre de ses émotions, sachant les contrôler pour mieux faire place à la réflexion. Mais dans une telle situation, son impulsivité d'antan refit surface, le prenant aux tripes, serrant les poings, comme s'il s'apprêtait à détruire le monde lui-même. Ce que lui dit le démon se sa voix lugubre le tétanisait, il demeura planté sur le pas de la porte durant le monologue de Violence. Il pouvait très bien se détourner de la lame et partir à la recherche d'Arkady, il trouverait bien des gens prêts à la renseigner, il avait des moyens et de nombreux amis, mais combien de temps cela lui prendrait-il ? Il pourrait très bien retrouver sa sœur, mais dans quel état ? Non, il ne devait pas penser à cette éventualité.

    Lui qui pourtant avait nourri une animosité pour le démon, pour sa nature même, pour ce qu'il représentait et pour ce qu'il avait fait. Il ne pouvait lui faire confiance ni même s'allier à elle. Mais avait-il le choix ? Violence avait bien joué ce coup-ci, elle avait bloquée l'hybride contre un mur. Il ne pouvait que s'emparer de l'arme, c'était son seul moyen de revoir sa sœur au plus vite, peu importe ce que cela lui couterait. Il fit alors un pas vers l'épée famélique. Puis un second. Et un troisième.

    - C'est toi qui l'a menée à sa déchéance, tu tes nourris de ses ambitions pour mieux la piéger. Commença-t'il avec amertume. Tu essais de me faire croire que ce sont ces mécréants qui lui ont fait du mal, que c'est elle qui s'est attiré des ennuis. Mais tout ça ne serait pas arrivé sans toi, peu importe l'emprise que tu avais sur elle, tu es responsable de tout le malheur qui lui est arrivé, toi seul. Il n'avait pas hurlé. C'était inutile.

    Tout ce qu'il disait, il savait que le démon en était conscient, que c'était son dessein. Il ne faisait que cracher la haine qu'il avait pour le démon, sans pouvoir la mettre en pratique. Il ne pouvait briser la lame, même s'il ne désirait rien de plus en cette seconde. Une seconde durant laquelle il entrevit la possibilité de réduire en miette Violence. Mais la seconde qui suivit, il fit le dernier pas pour se planter devant la lame.

    En cet instant, nul n'aurait pu savoir ce qu'il se passa dans l'esprit de Zaïn Tevon-Duncan. Mais bien vite Violence le sut. Lorsque l'hybride posa la main sur son pommeau, l'enserrant avec la force d'un désir de vengeance sans bornes.









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  • Jeu 18 Mai - 23:25


    Lorsque la main se pose sur le manche de l’Épée Famélique, Violence goûte enfin à la puissance phénoménale qui émane de l’ancien gladiateur. Ce qui lui vient immédiatement c’est la haine, mais derrière elle des centaines de souvenirs de combats singuliers, d’affrontements de groupes, tout un épisode de vie dédiée à la confrontation mano à mano, à encaisser les coups sans broncher et à devoir se relever coûte que coûte. À cela s’ajoute les craintes envers les personnes qui lui sont cher et qui font irruption dans sa vie récemment. Toute cette colère qui l’habite maintenant, toute cette soif avide de vengeance, toute cette envie de détruire qu’il tente si péniblement de contenir, le Démon s’y accroche, instantanément il envahit l’esprit de Zaïn et le calme, il utilise sa magie, atténue sa haine, et elle la range précieusement dans le coin de sa tête.

    ”L’heure n’est pas venue de te laisser gagner par tes émotions Zaïn Tevon-Duncan, ou tu risques de perdre ce qui t’es le plus cher.”

    Ce n’était pas exactement vrai, maintenant qu’elle fouillait sans retenue à l’intérieur du crâne de son nouveau manieur, elle récupérait à droite à gauche les bribes d’informations nécessaires à son bon fonctionnement, et une des pensées profondément ancrées dans l’esprit du grand hybride était son attachement pour… la Petite Ombragon! Ironique. Qu’un tel parangon de combat comme lui s’éprenne d’une gamine inapte comme elle, c’est inattendu, Praelia se souvient de son excursion à l’intérieur de Kyouji, la petite hybride l’avait emporté avec elle et avait finit par s’enfuir tellement sa manifestation l’avait terrorisé, même en tempérament, elle se révélait bien différente de la montagne de muscle qui avait sa main sur l’épée. Et justement, à ce propos…

    Le métal se morphe, pour la seconde fois sous les yeux de Zaïn Violence adapte sa forme pour convenir à son utilisateur, et ce coup ci sa lame se rétracte petit à petit, venant épouser les doigts de l’hybride pour former une sorte de brassière de métal autour des phalanges, coulée en un seul morceau et dotée de bosselettes pour renforcer l’impact des poings contre la chair. Une griffe dépasse en dessous du poing pour donner un supplément d’allonge lors de crochets, donnant un aspect menaçant de prédateur animal à l’hybride qui en avait déjà à moitié l’apparence. Une fois le Démon paré et équipé, il mis Zaïn en garde:

    ”Les types qui l’ont enlevés semblaient tous armés et faire parti d’une bande criminelle organisée, attends toi à un peu de résistance… on y va.”

    Aussitôt dit, Violence qui concentrait sa mana en elle même et dans le corps de son nouveau héraut achève la canalisation de la téléportation et transporte le frère, là où la soeur est tombée, plus précisément le Démon les fait apparaître à l’endroit même d’où Kady épiait les exactions injustes qui l’avaient poussé à agir tantôt, à couvert. Quelques heures se sont bien écoulées depuis la capture d’Arkady et vu les activités qu’ils avaient interrompu lorsqu’ils sont tombés sur les malfrats, Violence était à peu près sure que la damoiselle en détresse ne serait pas sur place, par contre, vu que la porte d’une des maisons était ouvert il y avait fort à parier que cette baraque servait de repère pour certains d’entre eux.

    ”3 Rue des Cheminées. Celle avec la façade en brique et les fenêtre condamnées.”

    ***

    À l’intérieur de l’entrepôt désaffecté, Gaikob affûtait les deux épées qui avaient servies quelques heures plus tôt à les protéger de l’attaque d’une télékinésiste folle à lier. Le gobelin frottait le métal avec précaution contre la pierre d’eau tout en veillant à conserver le même angle, rythme et humidité sur l’épée, sinon ça ne servirait à rien de l’aiguiser il pourrait l’emmener lui même chez un forgeron! Il se trouvait dans la pièce à vivre principale, celle de l’entrée qui ne comprenait qu’une table, des racks d’armements et des mannequins avec les tuniques de cuirs et les quelques cottes de mailles dont ils disposaient. Alors qu’il finit tout juste d’aiguiser la première lame, il la déposa sur le côté pour s’emparer de la deuxième. Normalement il faudrait l’essuyer avec un chiffon pour éviter les poussières de métal sur le tranchant et à terme la rouille mais il voulait profiter que la pierre d’eau soit encore humide pour s’attaquer à l’autre. Il calibra l’angle, et la porte s’ouvrit. Pas la porte d’entrée non, celle là était de toute façon fermée par un lourd verrou de bois et ils ne la rouvriraient pas avant quelques jours. La porte à l’arrière de la pièce, celle qui menait aux différents couloirs et escaliers qui montaient à l’étage, amenaient aux dortoirs et  descendaient dans l’entrepôt. Un de ses collègues Oni fit justement son retour de ce dernier, un seau et un balais à la main, l’air fatigué.

    ”Ça y est?” fit Gaikob.

    ”Ouais.” Le grand Mirli déposa le seau en grognant pour s’affaler sur une chaise, saisissant la lame que Gaikob avait affuté pour en éprouver le tranchant râpeux avec son pouce. ”Le sol de l’entrepôt est presque propre mais y’a encore des odeurs là où elles se sont chiées dessus, qu’est-ce que ça pue ces saloperies.”

    ”C’est parce que c’est à moitié des bêtes, elles sentent la forêt un peu non?” Le gobelin joue sur son intonation et son pote rit à la blague.

    ”J’aurai plutôt dit les marais, mais ouais.”

    Le gobelin se remet à aiguiser sa dernière lame tandis que Mirli essuie la première, d’autres comparses les rejoignent peu à peu, achevant complètement d’avoir nettoyé les sous-sols dans lesquels ils avaient gardé les “marchandises” ils étaient tous exténués, il était important qu’il ne reste plus de trace de leur passage sinon ils risquaient gros en cas de descente surprise de la garnison. Ça arrivait rarement dans ce quartier mais ne sait-on jamais. Les voix leurs parviennent en pleine discussion vis-à-vis de l’intruse de tout à l’heure qu’ils ont finit par rajouter en catastrophe au chargement. Alors que tout le monde se tait par pur hasard et qu’un moment de blanc s’empare de l’ambiance, ils entendent:

    ”...-éjà baisé une télékinésiste une fois, ça ouvre des euh… comment je vais dire ça… des possibilités!

    Toute la salle éclate de rire à l’unisson.
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  • Dim 21 Mai - 18:24





    « Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas le devenir lui même »

    - Friedrich Nietzsche.

    - Ikusa -


    Il ressentit alors pour la première ce qu'avait subit sa sœur lorsqu'elle était entrée en contact avec l'arme démonique. C'était un choc psychologique, se ressentant partout dans la boite crânienne de la victime du démon, lorsque ce dernier fouillait l'esprit de son porteur, cela créait une sensation perceptible des plus désagréables. C'était comme si un parasite se faufilait dans ses souvenirs, dans ses émotions et au plus profond de son âme. Zaïn grinça des dents à l'instant même où ses doigts effleurèrent le pommeau, il serra alors l'arme entre ses doigts alors qu'elle permutait de forme, s'adaptant à l'hybride et à son style de combat. Cette sensation insupportable fut succédée par une seconde tout aussi atroce. La téléportation que Violence lui fit subir perturba tous les sens de Zaïn, il manqua alors de perdre l'équilibre une fois arrivé dans la rue, la téléportation était une magie bien plus brutale qu'il n'eut cru. Plus jamais il ne voudrait être téléporté, aussi pratique cela était, c'était bien trop déstabilisant et imprévisible pour lui. Violence aurait très bien pu le téléporter au dessus d'un lac de magma en fusion avant de l'abandonner de nouveau dans sa chute vers une mort certaine.

    Au moins, le désir de violence et de puissance du démon le poussa à tenir parole, l'amenant sur le lieu où il avait abandonné sa sœur à son triste sort. Ce que lui disait Violence détonnait particulièrement avec toutes les paroles que le démon avait pu lui adresser jusque là. Cette alliance de circonstance rendait Violence plus bavarde que d'habitude, faisant des phrases plus longues et plus précises. On retrouvait bien là une volonté définie, précise, qui la poussait à s'exprimer plus prosaïquement. Mais ils n'était qu'alliés de circonstance. Violence lui indiqua alors l'entrepôt où devait être retenue Arkady.

    - Si tu crois qu'on est alliés, tu as confondu le ciel avec les étoiles qui se reflètent la nuit à la surface de l'étang. Précisa froidement Zaïn avant de traverser la ruelle.

    Il avait les poings fermement resserrés sur Violence, ses avant-bras étaient contractés, ses épaules postés en avant et il marchait d'un pas ferme, comme si à chaque pas il conquérait un nouveau territoire. A cette heure, les rues étaient désertes, mais si qui que ce soit avait entraperçu l'hybride, il aurait cru à un titan venu pour réduire en poussières la ville entière. Le regard sombre de Zaïn était glaçant, la première personne sur qu'il de tels yeux se poseront auras intérêt à courir le plus vite et le plus loin possible. Bien que cela ne servirait à rien. Zaïn recelait d'une puissance physique presque dépourvue de bornes, depuis toujours il n'avait utilisé qu'une infime fraction de celle-ci. Il était grand temps de l'exploiter à sa pleine valeur et de déployer l'ampleur de ses techniques.

    Il se présenta devant la porte close et ne chercha même pas à s'avoir si celle-ci était verrouillée, d'un coup de pied il l'enfonça, le battant volant alors en miettes, réduit à l'état de vulgaires échardes éparses. Il enjamba alors ce qu'il restait de la porte. Cinq gars, un oni et un gobelin se tenaient dans le hall de l'entrepôt. Tous avaient écarquillés leurs yeux devant une telle entrée. Le bruit appela alors le reste de la bande. Une dizaine de gars en armes passèrent la porte à l'autre bout de la salle, s'éparpillant dans celle-ci. C'était le gobelin qui parla le premier. Il n'aurait pas dû, mais il ne le savait pas encore.

    - Oh mais voilà une autre vermine à ajouter à la cargaison ! Livraison à domicile les gars ! Ils ricanèrent tous.

    Sans crier gare, l'escogriffe le plus proche de l'hybride projeta son poing en direction du visage de Zaïn. Ce dernier leva une main et attrapa le poing dans sa paume, stoppant net son mouvement. Le gaillard n'eu pas le temps de s'étonner qu'il reçu un coup en pleine figure, dans un craquement macabre toute la salle compris que le crâne du trafiquant avait été réduit en miettes sous l'impact. Le corps inanimé de ce dernier alla s'écraser contre le mur. L'impact avait porté Violence en contact direct avec le crâne du trafiquant, la jubilation du démon fut immédiatement ressentie par Zaïn, mais il était bien trop habité par la haine pour partager une telle satisfaction.

    La surprise passé, un nain au crâne rasé s'élança avec une vélocité étonnante, prenant appuis sur une chaise, une hache finement aiguisée au dessus de la tête et l'abattit dans une cri de rage entre l'épaule et le cou de l'hybride. Mais le nain retomba mollement au sol, lâchant son arme. Lorsqu'il releva le regard, il vit sa hache chuter par terre, par la moindre goutte de sang l'ayant entachée. Il leva un peu plus ses yeux pour constaté avec stupéfaction que là où le coup aurait dû fendre l'hybride en deux, il n'y avait eu qu'une coupure dans ses vêtement, la peau étant intacte, dure comme de la roche. C'était comme si la hache du nain avait cognée sur de l'acier. Zaïn leva alors son pied et écrasa le nain sous sa botte comme s'il eu s'agit d'un vulgaire cafard. Le sang gicla alentours.

    Ceux qui ne furent pas découragés coururent en direction de Zaïn. Il n'avait même pas besoin de bouger, les trafiquants venaient à lui. L'un d'eux projeta le bout de son épée vers le goliath, mais ce dernier réagit à tant, et donnant un coup venant du bas sur les mains du bretteur, il envoya l'épée dans le plafond, se plantant bien droit dans la charpente. Un second assaillant sauta en même temps droit sur l'hybride, une dague à la main, mais il reçu un violent coup de poing dans le ventre, le projetant vers le plafond, il alla alors s'empaler sur le pommeau de l'épée. Le troisième gars hésita une seconde mais tenta finalement de cogner Zaïn au visage à l'aide d'une masse d'arme. Mais là aussi, l'hybride fut réactif et envoya le gaillard s'empaler à son tour sur l'épée plantée au plafond d'un uppercut bien placé. Le premier type qui avait été désarmé n'avait toujours pas bougé, ayant espéré que ses deux collègues auraient réussis à atteindre Zaïn. Il aurait mieux fait de courir. Le pugiliste l'attrapa alors par la tête et l'empala à son tour sur sa propre épée coincée au plafond.

    L'action avait durée moins de cinq secondes. Et pourtant Zaïn venait de faire une brochette de trois gaillards au plafond. Les trois corps suspendus à la même lame, transpercés respectivement au ventre, au sternum et au crâne, dégoulinait de sang, formant un lac écarlate sur les pavés devant l'hybride. La joie de Violence faisait presque vibrer les poings du Goliath. Les autres trafiquants avaient été quelque peu refroidis, même une attaque coordonnée à trois hommes armés avait été repoussée.

    C'était alors qu'un homme plus fin que les autres, mais bien plus grand, aussi haut que Zaïn, se détacha du reste du groupe et serra les poings, prenant une position de combat face au visiteur surprise. Une immense flaque de sang séparait les deux combattants. Zaïn vit au premier coup d'œil que l'homme - athlétique - savait se battre. Il n'en ferait qu'une bouchée quand même. Zaïn fit un pas en avant, marchand dans le sang. Son adversaire fit de même, sur la défensive.

    D'un coup, l'homme parcourra les trois mètres les séparant d'une série de bonds agiles et cogna violemment Zaïn de ses avant-bras qu'il croisa devant lui au dernier instant. Zaïn ne broncha pas, mais glissa sur le sol imprégné de sang, il passa alors à l'offensive en balayant l'air devant lui d'un crochet qui aurai pulvérisé son adversaire sur le coup. Mais le trafiquant esquiva par le bas et porta un coup de poing dans le bas-ventre de l'hybride. Cette fois-ci, il ne glissa même pas et abattit violemment ses deux poings sur le dos de l'homme dont la colonne vertébrale se désolidarisa pour tomber au sol, emportant avec elle ses organes réduits en bouillie informe. Il avait tout bonnement scindé le corps de l'homme en deux.

    Deux gaillards pourtant balaizes se regardèrent avant de contourner l'hybride en courant, espérant rejoindre la porte pour fuir le plus loin et le plus vite possible. C'était sans compter que Zaïn pivota pour les attraper par la nuque et les cogna si violemment entre eux que ses mains se joignirent, projetant les restes des deux escogriffes dans tous les sens, le recouvrant de la tête aux pieds de leurs restes. Il lâcha les deux corps décapités au sol et fit un nouveau pas en avant.

    Tous reculèrent, sauf un. Un Oni dépassant l'hybride d'une tête. Il n'avait pas bougé depuis le début, les bras croisés sur la poitrine, observant ses collègues se heurter au nouvel arrivant


    - J'ai beau avoir passé une bonne heure à récurer le sol, voilà que tu viens réduire mon travail à néant. Tu vas me le payer.

    - Tu parles trop. Viens. Répliqua froidement l'hybride.

    - Avec joie.

    Sur ses mots, l'Oni se jeta sur l'hybride, le renversant au sol. Il se mit sur lui et commença à lui asséner des coups de poings à répétition. Il le cogna une fois, deux fois, trois fois, quatre... Zaïn esquiva le quatrième coup en inclinant la tête sur le côté. Le poing de l'Oni alla s'écraser contre le sol, brisant le pavé et les carreaux adjacents. Zaïn lui attrapa alors la tête et le fit rouler sur le côté, il passa alors au dessus du cornu, inversant les positions. Il l'agrippa alors au cou et de son autre main enchaina les coups de poings dans la figure de l'Oni. Un de ses camarades tenta alors de lui venir en aide, mais il se prit un coup de coude dans la figure, sa mâchoire inférieure vola contre le plafond et retomba sur la tête de Gaikob qui se mit à crier.

    Mais si l'Oni était en incapacité d'éviter les coups comme Zaïn l'avait fait, vu qu'il le maintenait au sol par le cou, il donna une impulsion des jambes pour se dégager, faisant tomber Zaïn en avant. L'Oni se releva prestement, lui aussi recouvert de sang, et ceinturant Zaïn, il le fit passer par dessus lui pour tomber en arrière et envoyer le crâne de l'hybride au sol. Le carrelage vola en éclat. Mais là aussi, le Goliath s'était renforcé pour encaisser le choc. D'un mouvement fluide, il se remit sur ses pieds sans même utiliser ses mains et fit valser son pied dans le ventre de l'Oni encore au sol. Le cornu passa au travers du mur du fond, les pierres cédèrent sous l'impact et il fut projeté dans la pièce adjacente.

    Débarrassé de l'Oni, Zaïn en profita pour attraper le gobelin et le brisa en deux sur son genoux, tel une vulgaire baguette de bois. Il s'empara alors de la lame que Gaikob était en train d'aiguiser tantôt et la jeta tel un javelot pour transpercer de par en par un elfe qui chuta immédiatement au sol, venant ajouter son sang à la flaque tenant de plus en plus du lac. Les murs en était recouverts jusqu'au plafond et les pavés de pierre n'étaient plus distinguables nul part.

    Il se mit alors à courir en direction du dernier trafiquant encore debout, s'étant pissé dessus, incapable de fuir, tétanisé par la peur, et il le ceinturant, continuant de courir, le plaquant alors contre le mur. Cela suffit à réduire en bouillie le bonhomme, mais Zaïn continua sa course pour passer au travers de la paroi. Ce devait être un mur porteur car une partie du bâtiment s'effondra sur lui-même derrière eux, le hall s'écroulant dans un énorme bouquant. Il stoppa sa course, lâchant ce qu'il restait du gars qu'il avait enserré. Il leva alors les yeux pour constater qu'il était arrivé dans une salle bien plus vaste, ce qui devait être l'entrepôt. Des rangées de cages contenant toute sortes d'hybrides s'alignaient le long d'un mur. Mais il n'eut pas le temps de chercher sa sœur du regard.

    L'Oni n'avait pas succombé et était de retour à la charge. Armé d'une immense masse d'arme en acier, il porta un violent coup dans le dos de l'hybride, le projetant en avant, mais ne tomba pas. Ce coup-ci l'avait un peu secoué. Mais il pivota immédiatement pour faire face à l'Oni. Mais ce dernier était déjà sur lui et envoya un nouveau coup de sa masse d'acier dans les côtes du Goliath. Et si cette fois-là, il eu le temps de renforcer le zone d'impact, le coup le propulsa contre le mur, tombant à genoux. L'Oni s'avança d'un bond et lui servit un coup de genoux dans le figure, écrasant la tête de Zaïn contre le mur qui se fendit jusqu'au plafond, pourtant très haut au dessus de leurs têtes.

    l'Oni tenta alors de lui en asséner un second, mais Zaïn esquiva sur le côté et se releva prestement. Il attrapa alors son adversaire par l'arrière de la tête et broya cette dernière contre le mur qui se fendit un peu plus, il chopa alors l'une de ses cornes et le cogna de nouveau contre le mur, puis de nouveau. L'Oni releva sa masse d'arme et tenta de porter un coup à l'hybride, mais Zaïn attrapa le manche et donna un coup de pied dans le bas ventre de l'Oni qui lâcha alors prise, glissant en arrière. Zaïn souleva la masse et la jeta en pleine figure de son adversaire qui tomba en arrière.

    Il n'attendit pas qu'il se releva et lui empoigna le pied, il souleva l'Oni dans les airs avant de le précipiter de toutes ses forces au sol. L'impact fendit le sol sur une vingtaine de mètres, créant un cratère qui s'étendit jusqu'aux murs, ces derniers s'effondrant, la charpente se morcela et s'écroula sur eux. Zaïn écarta les poutres et les tuiles au dessus de lui, levant les yeux vers le ciel étoilé. L'onde de choc avait pulvérisé les murs adjacents et avait même atteint les bâtiments bordant l'entrepôt. Il tenait toujours l'Oni par le pied. Ses yeux s'abaissèrent vers son adversaire qui n'était plus de ce monde. Il avait le yeux injectés de sang, la mâchoire inférieure démise, les cornes brisées et ses membres étaient tordus dans des sens peu naturels. Il lui manquait même un bras.

    Zaïn avait eu sa vengeance.








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    Thème musical de Konrad
    Arme des Veilleurs
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  • Jeu 25 Mai - 12:11


    Un festin.

    Une Ode à la Violence.

    C’est un véritable régale que Zaïn propose au Démon, après être entré avec fracas dans la pièce principale de leur cache il profite de la foule qui s’amasse pour se livrer à un carnage sans précédent. Le parasite à son poing admire la force avec laquelle il pulvérise les corps coups après coups, il tue sans hésitation et envoie au tapis chaque nouvel arrivant qui déboule devant lui. Cette souffrance, cet effroi qu’il sème dans le coeur de ses victimes qui ne tardent pas à s’enfuir plutôt qu’essayer de combattre, ces sensations et ces souvenirs ont un goût magique pour la Sphère. La vision d’horreur que représente l’hybride exécuteur pour ses adversaires est gravée dans le marbre de leur mémoire, infusée à tout jamais dans le sang qui coule dans leurs veines, et l’intensité fougueuse avec laquelle la terreur s’empare d’eux fracture leurs âmes de manière imperceptible. Ces minuscules échardes d’âmes viennent agrémenter la collection de l’être malévolent qui les range précieusement dans sa mémoire comme un bibliothécaire consciencieux, jubilant du chaos ambiant. Lorsque le silence vient draper un peu plus les restes de gore éparpillés dans la salle et même jusqu’au plafond avec le lustre macabre, un Oni vient se planter devant l’hybride, rivalisant de musculature avec le propriétaire du Vanguard.

    Leur affrontement commence et Zaïn se retrouve en mauvaise posture, lorsque l’acier surnaturel de Violence entre en contact avec la tête du type, l’envoyant rouler en boule sur le côté pour libérer l’homme renard de son assaillant, l’Arme Famélique envahi l’esprit de son adversaire, le parasitant avec sa télépathie pour le déconcentrer et perturber ses pensées. Elle n’a pas le temps de prélever quoi que ce soit si ce n’est un nom: Mirli. Quelques coups échangés de plus, un gobelin cassé en deux plus tard et les voilà qui traversent un mur à la charge. Une telle puissance de destruction est une extasie pure et le Démon s’emballe, laissant son porteur se déchaîner avec elle, poussant sa colère à son paroxysme.

    LIBÈRE. DÉFERLE.
    TUE.



    Les coups vigoureux s’échangent, les frappes fendent les murs à défaut de briser les os, le bâtiment commence à encaisser des dégâts non-négligeables. Violence observe avec attention la structure hurler de douleur à la place des combattants de choc. Soudain, Zaïn saisit les pieds de l’Oni et l’envoya si fort contre le sol qu’il fractura celui ci, annihilant au passage une partie supplémentaire de l’entrepôt, du bâtiment d’à côté et du corps de son ennemi. Ce qu’il en restait n’allait plus être d’une quelconque utilité. Le Démon exulte de satisfaction devant la scène dépeinte présentement: les yeux injectés de rage de son porteur. les regards de terreur des quelques hybrides encore là qui croyaient il y a quelques secondes encore que la cavalerie arrivait mais qui avaient maintenant bien plus peur de leur “messie” que de leurs bourreaux précédents. Les restes décharnés de Mirli qui git presque mort sur le sol, en pur état de choc pendant qu’il se vide de son sang et que son corps même perds toute volonté de vivre. C’est excellent. Violence jette un rapide coup de senseur magique pour vérifier qu’Arkady n’est pas présente parmis les prisonniers, ou plutôt prisonnières vu la majorité écrasante de femmes, elle serait tentée de pousser son hôte à continuer le massacre en ne calmant pas sa rage à la fin du combat, mais ce serait mal avisé de sa part. Elle a bien mieux à faire d’un tel prodige de puissance destructrice. Immiscant sa mana dans le corps de l’hybride elle en profite donc pour faire deux choses, la première c’est de calmer celui ci en inhibant sa haine et la deuxième, c’est d’entamer la fusion. Le massacre auquel Zaïn vient tout juste de s’adonner a généré suffisamment d’éclats de brutalité pour que le Démon puisse s’en servir, elle rassemble les morceaux d’âmes éparpillés dans les ruines du bâtiment et très vite, de fines volutes d’ombres noirâtres viennent s’amalgamer autour du poing de combat. L’Arme Famélique les utilise pour renforcer son influence sur le corps de celui qui est à l’origine de ces fragments, elle étends son influence sur les cellules de la main, celles les plus proches de son corps originel et fait fondre la peau pour la fusionner avec le métal aliéné. Il ne lui est désormais plus possible de retirer le poing sans emporter sa peau avec, et ce sera bien plus douloureux que la brûlure qu’elle vient de lui provoquer, ne lui laissant pas le temps de s’énerver elle prends la “parole”:

    Ta soeur n’est pas ici. Trouve un survivant parmis ces vermines et je vais l’interroger. On pourra s’occuper de libérer les captives après ça.

    Ce ne sera certainement pas Mirli qui gît dans son propre rouge, mais Zaïn retourne vers la salle principale à la recherche d’un rescapé, le nombre faramineux de cadavre leur laisse peu d’espoir dans tout les cas et il devient rapidement apparent que l’assaillant de la pègre a trop bien fait son travail.

    J’ai vu un escalier qui descend tout à l’heure. voit où il mène manque-t’elle de rajouter, mais elle n’ajoute pas d’ordre supplémentaire, elle ne veut pas agacer outre-mesure son porteur. Il est important de le brosser dans le sens du poil.

    En descendant les marches qui mènent aux quartiers, ils atterrissent dans un réseau de couloir mals éclairés qui donnent sur des chambres plutôt rudimentaires, il apparaît que cet endroit devait autrefois être un espace de stockage réaménagé en quartiers de repos pour le gang qui a élu domicile ici. Dans les salles, il n’y a que des lits, quelques penderies basiques et des casiers en bois contenant des effets personnelles et de temps en temps, une table, des chaises, des bacs d’eau mais rien de p… un bureau. Dans la salle en bout de couloir en face de la cage d’escalier se tient un bureau avec une chaise molletonnée et plusieurs commodes aux tiroirs éventrés. Des hordes de paperasse dégueulent des rangements sur le sol, envahissant le sol comme si on les avait fouillé à la hâte, sur le bureau, une bougie encore allumée donnait la lumière à un encrier et une plume dont l’encre reluisante indiquait l’usage encore récent. Avançant vers la porte ouverte, Zaïn rentre avec précaution dans la pièce et son attention se dirige sur les documents étalés sur l’écritoire. Cependant, l’attention de Violence elle, est happée par autre chose. Le gobelin caché derrière la porte, entre le recoin sombre de celle ci avec le mur et un énième meuble à tiroir, dont les yeux écarquillés trahissent l’anxiété dévorante à laquelle il est proie. Le type est vraisemblablement au bord de l’arrêt cardiaque, et le Démon s’amuse de sa détresse si palpable qu’elle peut la sentir d’ici, cependant le fait que le gobelin tienne une petite arbalète à main dont le carreaux paraît imbibé l’amuse moins. Le temps que le couard se décide à appuyer sur la détente, Violence réagit, le projectile fuse. Tchoc. Il se fiche dans le mur de l’autre côté de l’office. Le corps de Zaïn s’est téléporté d’à peine un mètre sur la gauche, un papier encore en main, et celui ci réagit immédiatement à l’attaque.

    Doucement. Il est plus utile vivant… pour l’instant.

    Lorsque la main de l’hybride se plaque contre la gorge du gobelin et fait décoller ses pieds du sol, le gaillard gris-vert apprends à son grand désarroi qu’il s’agit du dernier de ses soucis dans l’instant. Sa faible volonté est un problème ô bien plus importants désormais. Violence envahi avec force sa fragile psychée, brutalisant ses pensées en les parasitant d’imagerie de guerre, de cruauté, de torture et de souffrance. La force de la haine des mortels sur plus de centaines de milliers d’années balaye ses maigres défenses mentales comme un tsunami contre une digue précaire. Le Démon fouille, et à l’inverse de pour ses hôtes elle ne se préoccupe pas des dégâts qu’elle fait sur son passage, remuant sans ménagement les souvenirs de sa proie, jusqu’à obtenir les informations qu’elle cherchait. Beglaïka. Mouj’avi. Caravage.

    Est-ce que tu aimes le sable Zaïn?

    ***


    Le chariot avançait lentement, mais c’était normal, au sol la terre se raréfiait tandis que le sable commençait doucement à prendre le dessus, marquant l’entrée du désert du Reike. Colmia donne un léger coup de cravache aux chevaux pour ne pas les laisser ralentir la cadence. Les roues de la carriole on beau être retravaillées pour les dunes, il reste que s’ils s’arrêtent ils vont s’enliser et alors là, avec la quantité de chargement qu’ils se trimballent bonjour pour repartir. L’elfe aux rennes du véhicule soupire en regardant l’immensité du sahel se dévoiler à lui lorsqu’il arrive enfin en haut de la dune. Heureusement que pour lui son travail s’arrête là, il a toujours été plutôt citadin mais le désert, ça ce n’était vraiment pas son choix de campagne, non. Une petite villa en bord de mer, quand il aura gagné assez d’argent avec le Syndic’, héhé, il en rêve rien que d’y penser, avec des dattiers, des palmiers et il aurait ses propres vers à soie pour tisser son papier toilette tellement il serait riche. Une ambition qui tranchait drastiquement avec sa réalité actuelle. Il est littéralement entrain de traîner un chariot de salopes pour les vendre comme esclaves à un type qui lui pour le coup est déjà passablement riche à Kyouji. Colmia se demande si le genre de gars avec autant d’argent possède des dattiers dans ses villas, c’est fort possible, non en fait c’est carrément sûr, s’il achète des femmes c’est qu’il a déjà des dattiers. Perdu dans ses rêvasseries, il ne remarque pas tout de suite la silhouette qui arrive vers lui à la faveur de la nuit, dansant comme une ombre sur les mers de sable gris. Il se ressaisit seulement en entendant le glissement du traîneau contre les grains et l’accueil de son contact.

    ”Ohé Colmia tu dors en conduisant non? Je te fais signe de la main et tu ne me réponds pas? C’est pas gentil ça l’ami.” Le passeur descend de son traîneau et vient à l’encontre du livreur qui peine un peu plus dû à la hauteur de son véhicule.

    ”M’sieur Beglaïka, un homme qui rêve pas c’est pas un homme.” Il accepte la main que lui tends le bédouin pour l’aider à descendre. ”Merci.”

    ”J’espère que cette fois votre marchandise sera meilleure encore que la dernière fois! J’avais déjà fait un profit de tout tonnerres et cette fois c’est pour vendre à une grosse pointure, hé j’ai déjà les doigts qui comptent les pièces quand je dors! Hahahaha!”

    Le rire du gros marchand suffit à mettre l’elfe de bonne humeur qui se laisse glousser aussi, il y a quelque chose de drôle dans la physionomie du gros Hulmar Beglaïka, que ce soit son ventre gras qui se ballote quand il marche et rigole, ou que ce soit sa moustache qui cache tellement sa bouche que ça lui donne un air comique quand il parle, il ne savait quoi, mais simplement le voir était déjà revigorant.

    ”Bon aller, montre moi un peu ce que tu m’amènes.”

    Ensemble ils démontent la garde à l’arrière de la carriole et descendent le chargement, abaissant les sacs de taille humaine les uns après les autres pour les déposer délicatement sur le sable froid. La marchandise était après tout fragile. Une fois que tout les corps étaient descendus, les deux compères ouvrent les ballots successivement, inspectant les articles minutieusement en vérifiant à chaque fois l’état des dents, des yeux, des seins et des parties génitales pour que le marchand puisse s’assurer de les revendre à bon chiffre, mais en arrivant au dernier exemplaire, celui-ci laisse un juron passer ses lèvres.

    ”Mais enfin, pourquoi elle est sapée comme une contra celle là? Et puis elle a du sang plein les cheveux en plus, vous l’avez abîmé!”

    ”J’pense que c’est parce qu’elle l’est, ou alors elle s’est déguisée.”

    ”Je t’en collerai des déguisements.” Le bédouin soulève un sourcil broussailleux de doute. ”T’en connais beaucoup des gens qui se déguisent en contra? Faut être délireux dans le bocal un peu.”

    ”En fait elle était pas prévue de base, mais elle nous a surpris quand on faisait le chargement et comme c’est une hybride aussi et qu’elle était pas vilaine, on l’a prise avec.”

    ”Et vous vous êtes pas dit que contrôleuse royale c’était un drapeau rouge? Vous me voyez trimballer ça dans le désert comme si de rien n’était? C’est un risque supplémentaire et je ne suis pas payé plus pour autant… que je sache…” Hulmar frottait son pouce et son index pour indiquer son attente financière, mais Colmia avait mieux que ça.

    ”T’as vu, on a attaché ses doigts et ses mains, c’est parce que c’est une mage, elle fait de la télékinésie. T’as pas besoin de toucher plus pour le risque, il se paiera tout seul là bas quand tu la vendra.”

    ”Aaaah, oui je vois héhéhé.” Beglaïka se frotte les mains avec envie. ”Aller j’achète. Tiens voilà déjà pour la dernière transaction, et maintenant aide moi à tout charger veux-tu.”

    Le gros marchand refile une bourse pleine au livreur puis l’elfe et l’humain s'attèlent à faire passer les hybrides inertes du sol au traîneau de chargement du bédouin. Une fois terminé, chacun fait demi-tour et l’homme du désert file en direction de l’Est, sa caravane l’y attends bien sagement. Ils auront deux jours de voyage pour atteindre l’Oasis de Mouj’Avi où ils procèderont à la vente aux enchères, et ce coup ci le seigneur Caravage sera présent parmis les invités. À cette pensée les poils de sa moustache frémissent, ce baron du crime de Kyouji lui inspire autant d’effroi qu’il n’attise sa cupidité, le type en lui-même a une réputation d’homme de parole, mais pour ses hommes de mains c’est une autre histoire, on ne se hisse pas dans les hautes sphères de la criminalité par hasard après tout.
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  • Ven 26 Mai - 10:30





    « Chacun a en lui son petit monstre à nourrir »

    - Madeleine Ferron.
    - Ikusa -


    - Je n'aime pas le sable, il est grossier, rugueux, irritant, et il s'insinue partout. Avait simplement répliqué Zaïn.

    Lorsque les gardes de la ville débarquèrent par centaine, envahissant le quartier entier, bousculant les passants et procédant à une cinquantaine d'arrestations, tandis que les officiers exploraient les gravats avec leurs hommes, accompagnés de mages de l'armée régulière, l'hybride à la cause de l'incident s'était déjà téléporté loin de là. Les soldats tombèrent sur des dizaines de cages ouvertes, ayant tantôt été occupées par des hybrides, mais ils furent d'autant plus horrifiés par la quantité de cadavres qu'ils retrouvèrent sous les décombres. Un massacre avait eu lieu ici, et d'une violence encore jamais vue depuis l'attentat de la grande arène.

    - Mais que s'est-il passé ici, par les étoiles ?! Lâcha le Dunark Wodrerrag.

    - Un règlement de compte. Assuma le Tovyr Krondomolt, faisant claquer sa cape au vent d'un mouvement brusque pour se pencher sur la dépouille de l'Oni.

    - La pègre ? Hasarda Wodrerrag.

    - Bien pis que cela, je le crains. Ce gang trafiquait des hybrides. Répliqua son supérieur.

    - Comment le savez-vous, sire ?

    - Nous le savons depuis longtemps. Rien n'échappe à l'Oreille. Il y a bien d'autres affaires comme celles-ci dans l'Empire, des trafics bien plus vastes que celui-ci. Fit sombrement l'officier.

    - Comment l'Empire peut-il laisser faire cela ? S'indigna Wodrerrag.

    - Lorsqu'il s'agit d'affaires, vous seriez surpris de constater combien les questions d'idéologie deviennent secondaires.


    - Nul part, entre Ikusa et Kyouji -


    Sa pauvre monture, pourtant un magnifique étalon noir pangaré, était à bout de souffle, fourbu, et ses naseaux soufflaient de la vapeur à force de galoper. Le destrier ne manquerait pas de chanceler si l'effort imposé par l'hybride qui le montait venait à persister plus longtemps. Le froid de la nuit agressait le cheval épuisé et giflait le visage de Zaïn, penché en avant sur sa selle. Mais il se devait de rattraper au plus vite le chargement d'esclaves en partance pour l'oasis désigné par le démon, quitte à tuer sa meilleure monture.

    Zaïn Tevon-Duncan :

    L'hybride avait à peine pris le temps de revêtir une cape sombre à capuchon, quelques pièces et avait sauté sur son destrier, passant les portes de la ville une dizaine de minutes seulement après son combat près des quais. La moindre seconde comptait dans cette course contre la montre, contre la mort elle-même. Soudain, le sombre étalon renâcla bruyamment et ses sabots glissèrent dans le sable, s'immobilisant pour stopper sa course, refusant de repartir malgré les coups d'éperon.

    Zaïn n'avait plus le choix. Il devait s'arrêter à un relais de la grand-route pour laisser le temps à son cheval de récupérer. La masse noire du cavalier sauta à bas de son cheval et marcha un moment en le tirant par l'encolure. Le voyageur drapé de noir arriva à une auberge éclairée d'un lampion sur son porche. Quelques chevaux occupaient déjà l'écurie de celle-ci, Zaïn laissa donc sa monture à un palefrenier qui le fusilla du regard face à l'état dans lequel il avait mis le magnifique étalon. Mais le valet ne dit rien, sachant que cela inclurait des risques pour son intégrité physique, se contentant de prendre la pièce qu'on lui donna et s'éloigna en pestant dans sa barbe, caressant le pauvre cheval exténué.

    L'ombre pénétra dans le relais, quelques têtes se tournèrent dans sa direction avant de s'en désintéresser aussitôt. Il alla s'installer à une table au fond de la salle commune, faisant signe à l'aubergiste de ramener sa tronche.

    - Apportez-moi quelque chose qui tiens au corps et un alcool qui réchauffe. Fit-il froidement.

    L'aubergiste perçu alors les oreilles de l'hybride malgré la capuche, il sembla hésiter, ne repartant pas.

    - J'ai de l'argent.

    - Ça peut aider. Mais les préjugés ont la vie dure.. sale hybride.

    - J'ai beaucoup d'argent.

    - Bon, je vais voir ce que je peux faire.

    L'aubergiste repartit.


    Quelque chose s'achève. Quelque chose commence. - Page 2 Tumblr_inline_p7hhdwUvtY1rnrk68_500


    Alors que Zaïn finissait sa choppe de vodka et qu'il allumait une longue pipe en silence, le capuchon assombrissant son visage tiré, il entendit le renâclement de plusieurs chevaux à l'extérieur et les son d'une cariole qui s'arrêtait. Il perçu également le tintement du métal, surement produit par des chaines. Un elfe pénétra alors dans le relais, une grosse bourse attaché à la ceinture, détail qui ne laissa pas de marbre l'hybride. Ses oreilles étant dissimulées sous son capuchon, fit signe au nouvel arrivant de se joindre à lui.

    - Merci bien mon brave, je craignait de ne point trouver de place assise dans ce relais, c'est bien aimable. Fit l'elfe.

    - La gratitude est louable et efficace quand elle ne se perd pas en phrases vides. Répliqua sombrement l'hybride.

    - oh excusez-moi si je me montre trop jovial. C'est que je viens de conclure une bonne affaire et la joie a tendance à me prendre plus que de raison. Enfin, permettez que je vous paie votre repas, mon cher. Je me prénomme Colmia, et vous êtes ? L'elfe ne se laissait pas démonter.

    - Je suis la Vengeance. Et je viens d'Ikusa.

    - Un bien drôle de surnom ma foi, tant qu'à Ikusa, j'y vais justement. Je rentre à la capitale après avoir fini mon affaire comme vous le voyez. Vive l'Empire comme on dit ! Ajouta-t-il, s'emportant en réjouissances.

    - On pourrait croire que l'Empire est éternel. Et pourtant, Monsieur le trafiquant, jusqu'au jour où la tempête le fend en deux, un tronc d'arbre pourri de l'intérieur vous semblera plus solide que jamais. Asséna l'hybride.

    - Et qu'est-ce qui vous dit que je suis trafiquant ? S'étonna Colmia.

    - Ta bourse remplie, ton chariot chargé de chaines... et ta sale gueule pleine de suffisance. Sur ces mots, il se leva et agrippa l'elfe par le col.

    Malgré les protestations, Zaïn traina l'elfe dehors, avant de passer la porte, il se tourna vers les convives et fit comprendre d'un regard qu'ils n'avaient pas intérêt à sortir dans les minutes qui venaient. Il jeta Colmia dans le sable de l'écurie et se positionna au dessus de lui, le regard imprégné d'une colère noire. Il leva alors son poings et dans un cri de terreur poussé par l'elfe, il l'abattit sur son visage. Mais Zaïn stoppa son coup juste avant de lui éclater le crâne, posant plutôt Violence en contact avec la tête du trafiquant. De la sorte, le démon allait connaitre en détail la route à prendre mais aussi si Arkady avait été dans ce chariot.

    Pour accomplir la vengeance qui le guidait.







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  • Sam 27 Mai - 12:36


    Au milieu du désert, le long de la grande route de commerce reliant Kyouji à Ikusa, dans un relai du fin fond de la mer de sable, à une table habituellement boudée par les clients, deux hommes discutent. Le ton est partagé entre les deux, un d’entre eux a la mine sombre et son visage voilé d’ombre fait écho à la lourdeur de ses paroles, l’autre est jovial pour deux et sa bonne humeur n’a d’égal que le poids de sa bourse bien remplie, déliée de sa ceinture et déposée sur la table.

    Lorsque Zaïn Tevon-Duncan traîne littéralement son interlocuteur dehors par la peau du coup, la colère qui l’habite est sienne et seulement sienne. Violence n’a même pas besoin d’exercer son influence sur son hôte ni même d’alimenter le feu de sa haine avec le tison de ses paroles. Il est une bougie qui se consume toute seule. Lorsqu’il parvient tout de même à se contrôler, ne serait-ce que par nécessité d’obtenir l’information de Colmia -c’était son nom-, le Démon ne peut qu’admirer une telle détermination et ce niveau de contrôle de soi. Ça lui ouvre l’appétit, ça lui donne envie d’aller plus loin, de voir jusqu’à quel montant de souffrance ce mortel pourra encaisser avant de craquer inéluctablement contre l’adversité imbattable de Sekaï. Elle sonde brièvement les pensées du trafiquant pour simplement confirmer ce qu’elle savait déjà, c’est à dire que la caravane se dirige vers l’Oasis de Mouj’avi et que les esclaves hybrides dont Arkady ont été revendus à un passeur de marchandises frauduleuse du nom de Beglaïka.

    Je connais la route. Juge et bourreau, Zaïn.

    ***

    Si Violence n’avait pas besoin de dormir, il n’en était ni de même pour son hôte ni pour la monture de celui ci. Ils avaient tout de même marqué deux heures d’arrêt supplémentaire à l’auberge pour permettre au destrier de récupérer, mais sans un instant de sommeil c’était une pause futile en comparaison de la distance qui leur restait encore à parcourir. En pleine nuit, la température acerbe du désert s’inverse drastiquement et c’est un froid mordant qui envahit les plaines de sable. Le vent est complètement mort et au moins, le sable restera au sol à défaut d’être dans les yeux et sur la peau du cavalier. Ils progressent depuis plusieurs heures dans les dunes grises, la voûte céleste dépourvue de nuages prends une teinte de noir uniforme qui rend pareillement au sable nocturne monochrome, ils avancent dans un paysage ésotérique, semblable à un mauvais rêve sans fin dont ils sont les prisonniers. Dans le calme pesant de l’immensité, Violence met en garde son porteur:

    Ton rythme cardiaque augmente Zaïn. Dormir sera bientôt une nécessité si tu souhaites être en état de combattre. Si tu arrives sur place je doute qu’ils te laisseront repartir avec ta chère soeur sans faire d’histoire, et si tu n’es pas en état de te battre à ce moment là, je ne te serai d’aucune utilité. Soit nous marquons une pause, soit… je peux compenser avec mes pouv-

    Elle marque un arrêt, la Sphère semble repérer un mouvement anormal, mais c’est difficile à évaluer à cause de son champ de vision réduit dû à la forme qu’elle adopte actuellement. Est-ce que c’était une illusion dûe à la pénombre ou est-ce que la dune là bas s’est vraiment affaissée à l’instant? Seule la lumière nocturne des étoiles les guide en cette nuit sans lune et les mouvements dans les ténèbres paraissent parfois n’être qu’une impression, cependant un deuxième mouvement suspect du sable un peu plus proche vient bientôt lui apporter sa réponse.


    Zaïn!

    Activant sa senseur magique, Violence récupère l’ensemble de son champ de perception mais seulement pour capter les mouvements de mana proches, elle regarde partout mais ne perçoit pas d’entité, pourtant lorsque le sable se met à trembler sous les sabots de leur coursier, il est clair que quelque chose approche, quelque chose… le Démon regarde en dessous d’eux, la masse gargantuesque de mana qui leur fonce dessus ne lui laisse que peu de temps pour réagir.

    Le sable bouge de manière presque similaire à un fluide, s’effondrant d’un seul coup comme si un puit de gravité avait fait une brusque apparition et rien ne peut échapper à une telle mouvance, pas même les débattements affolés du cheval qui se démène pour sa vie. Les sabots s’enfoncent dans les grains qui se dérobent sous son poids, la monture coule à travers le jaune grisonnant et bientôt la monture est totalement absorbée par la dune. À une petite dizaine de mètres de là, Zaïn roule en boule à toute vitesse, dévalant la pente les quatre fers en l’air. Si Violence a pu de justesse les téléporter ailleurs, le corps de son porteur requiert déjà une bonne concentration, il lui est impossible d’embarquer la monture avec eux, de plus sa magie ne modifie que la position de sa cible dans l’espace, pas son inertie. L’ex-pugiliste parvient tout de même à freiner leur chute jusqu’à venir à l’arrêt complet, puis se relève, maintenant complètement alerte. Il ne reste plus aucune trace de leur étalon, comme si le désert avait eu une subite faim et avait décidé de le manger. La senseur de l’arme de poing balaye le sol du regard, à la recherche du moindre signe de l’entité qu’elle a aperçu tout à l’heure. Quand les pieds de son hôte perdent prise et qu’il commence à couler à pic dans le sable, une nouvelle téléportation les resitue plus loin. Soudain, les effluves de mana se précisent à travers le silice et les formes d’un monstre de grande taille se dessinent.

    Ça arrive sur nous, prépare toi.

    Le sol s’effondre une nouvelle fois, comme si une bouche géante s’ouvre en contrebas et absorbe tout ce qui a le malheur de se trouver au dessus dans un gosier infernal, un grondement sourd emplit l’air. À sa réverbération il est évident qu’il appartient à une créature monumentale, et lorsqu’enfin celle ci montre le bout de sa tête, c’est une vision d’horreur qui s’offre à eux. La gueule d’un énorme Terrarus de plusieurs mètres de diamètres surgit du sol, telle une colonne d’enfer, le monstre du désert émerge en ligne droite vers les étoiles et domine la voûte céleste, décrivant un arc de cercle dans les airs pour enfin se mettre à retomber vers eux à toute vitesse. L’extrémité de ce ver géant n’est rien d’autre qu’une bouche béante, comme un fruit interdit découpé en quatre qui s’ouvre pour leur présenter ses rangées concentriques de dents interminables aussi dures que la roche et aussi acérées que des lames. D’ordinaire ces dentitions mortelles s’imbrique parfaitement les unes dans les autres pour former un fin filet qui filtre le sable à la recherche de cadavres et de voyageurs égarés, ou du moins suffisamment mal avisé pour passer dans leur fief. Ici, ce kaléidoscope létal se déploie dans toute sa splendeur en leur fonçant dessus pour espérer les déchiqueter vifs. Les dents claires ressortent tout juste du voile d’ombre nocturne comme des taches blanchâtres au milieu d’une masse d’encre, amplifiant la terreur qu’elles suscitent.

    Esquive. Elle n’utiliserait pas sa magie ce coup ci alors que l’adversaire est visible.

    Même si elle restait concentrée sur le combat en cours, Violence était pensive, elle pouvait voir un problème de taille se profiler à l’horizon pour son hôte, son hôte formidable avec lequel elle n’avait eu le temps que d’ouvrir son appétit, de gratter la surface. Il était encore trop tôt pour le laisser crever ou se séparer de lui et elle réfléchissait déjà à l’obstacle qui se dressait devant eux. Si tant est qu’ils parvenaient à se débarrasser du Terrarus, le Démon ne ressentait ni faim ni soif, mais il n’en était pas de même pour l’hybride et le ver géant ne s’était pas contenté de faire disparaître leur monture mais aussi leurs provisions.

    ***

    Étoile des Marchands. 47.563°, 12°SSEE. 03h21.
    Deuxième mesure, cette fois sur l’Étoile polaire. 21.198°, et… eeeeeeet… un petit coup de fouet sur les Aazho qui s’excitent pour les calmer un peu.

    ”Vous allez vous tenir tranquille oui?”

    Beglaïka reporte à nouveau le sextant stellaire à ses yeux et se remet à cadrer son azimut sur l’astre céleste. Son sextant magique lui permet d’amplifier suffisamment la lumière des étoiles pour pouvoir en prendre des mesures de position dans le ciel, il relève la lentille enchantée lorsqu’il en a fini avec la hauteur pour venir consigner sur un bout de son carnet l’heure et l’azimut relevé. Il parcours ensuite sur la première page de son livret la carte des astres et en déduit leur position actuelle. Sachant que sa caravane vient tout juste de quitter le Désert des Dunes pour rejoindre le Désert Plat, il avait saisi l’opportunité comme à chaque fois de sortir son outil pour profiter de la ligne d’horizon régulière qui se présentait désormais devant eux. Le sol vallonné s'aplatissait lentement pour recouvrir cette étendue mortellement tranquille et surtout dépourvue de vie. Si le marchand riche non seulement de ses biens mais aussi de son expérience savait naviguer le sahel pour esquiver les territoires de Terrarus, il savait également comment couper à travers les grandes routes pour se soustraire aux groupes de raideurs belliqueux. Une fois qu’il était sûr de leur position, il se retourna sur son traineau, gravit la bâche de sa carriole et sonna la cloche d’alarme de trois tintements espacés.

    Il regarde les membres de son petit clan s’organiser autour de leur montures. Les Vezkangs sont aménagés de couchettes juste en dessous de leurs ventres, et des mercenaires encore à moitié endormis ressortent des petits compartiments pour échanger leur place avec ceux fatigués qui pilotaient les reptiles toute la nuit. Il y avait un contentement non-négligeable pour le gros marchands à voir son petit monde fonctionner, cette troupe de baroudeurs expérimentés qui connaissaient la vie dure était une petite merveille pour lui. Ensemble, ils menaient à bon port les cargaisons les plus douteuses qui pouvaient possiblement transiter dans ce désert, et jamais ils ne se plaignaient, jamais ils n’échouaient et jamais ils ne laissaient l’un d’entre eux tomber. Beglaïka descendit de son perchoir et se réinstalla sur le siège du traineau. D’ici un jour et demi, ils arriveront à Mouj’avi et pour le moment, il pouvait se permettre de piquer un somme tandis que son partenaire de traineau se réveillait pour prendre le relais des rennes et garder le cap.
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    Konrad Lightborn
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  • Dim 28 Mai - 11:15
    Quelque chose s'achève. Quelque chose commence. - Page 2 Ad327e75b9dc1bf35896202112b94381




    « What do I sacrifice ?

    Calm. Kindness. Kinship. Love. I’ve given up all chance at inner peace. I’ve made my mind a sunless space. I share my dreams with ghosts. I wake up every day to an equation I wrote 15 years ago from which there’s only one conclusion, I’m damned for what I do. My anger, my ego, my unwillingness to yield, my eagerness to fight, they’ve set me on a path from which there is no escape. I yearned to be a savior against injustice without contemplating the cost and by the time I looked down there was no longer any ground beneath my feet.

    What is my sacrifice ?

    I’m condemned to use the tools of my enemy to defeat them. I burn my decency for someone else’s future. I burn my life to make a sunrise that I know I’ll never see. And the ego that started this fight will never have a mirror or an audience or the light of gratitude.

    So what do I sacrifice ?

    Everything ! »


    - Luthen Rael, Andor.

    - Nul part, entre Ikusa et Kyouji -



    Cela faisait plus de vingt heures que l'hybride n'avait pas fermé un œil, et encore la nuit de sommeil qu'il avait passé sur le Vanguard en revenant de Mael avait été brève, mais il avait connu bien pire. Dans son enfance, le froid, les rats, la douleur et la maladie l'avait empêché de dormir pendant des jours durant parfois, il était solide et avait connu pire, il ne redoutait pas la fatigue et le repas que lui avait servis l'aubergiste à contrecœur avait été peu ragoutant mais les pois cassés baignant dans cette eau mal filtrée avaient eu le mérite de bien tenir au corps. Zaïn s'était déjà perdu à deux reprises dans ce désert immense en s'éloignant de la grand route comme il le faisait en ce moment. La route passant par Taisen faisait faire un détour par le nord tandis que lorsqu'il fallait aller à Kyouji le plus rapidement possible, l'option de traverser la mer de dunes faisait gagner un à deux jours de voyage à cheval.

    Sauf que les autres fois où Zaïn avait emprunté ce chemin détourné, il s'était quelque peu égaré parce qu'il ne maitrisait pas encore la navigation astronomique. Depuis, il avait appris à se repérer par ciel dégagé grâce à la position des constellations, parvenant à déterminer la rose des vents uniquement en levant les yeux au ciel. De plus, il avait cette arme démoniaque au poings qui avait tiré de l'esprit de cet elfe la route précise qu'il avait emprunté. Zaïn ne pouvait tout bonnement pas se perdre dans la mer de dune. Mais tout ce qu'il recherchait c'était la vitesse, à ceci-près que son étalon refusait de repartir au gallot. Ils avançaient donc à un rythme plus lent mais de manière continue.

    Ce fut seulement lorsque Violence, dans un élan de prévoyance qui la rendait un brin humaine, l'invita à se reposer et ) se ressourcer qu'un nouvel assaut venant du sol le frappa. En l'espace de quarante-huit c'était la deuxième fois qu'un cheval se faisait dévorer par une créature dissimulée sous le sol, à croire que cette terre ne voulait plus accueillir le pas de l'hybride. Par chance la téléportation de Violence se montra des plus utile pour éviter un premier puis un second assaut du terrarus qui le pris en chasse. Si Zaïn n'était plus désorienté comme la première fois par la magie de téléportation que le démon lui faisait subir, ça n'en restait pas moins désagréable, quoique salvateur.

    L'hybride avait déjà affronté il y a trois ans une terrarus dans ce même désert, il l'avait vaincu en frappant le sol d'une force suffisante pour broyer le ver sous le sable. Cette créature était l'une des plus récalcitrante que l'hybride avait eu à combattre, par chance il n'était pas à son premier duel face à cette engeance. Il avait bien eu l'idée d'utiliser la même technique qui l'avait sauvé par le passé, mais c'était alors que le terrarus eue l'idée de plonger sur lui depuis les airs, un seconde s'écoula, laissant le temps à Violence de lui suggérer l'esquive.

    Zaïn fit un bond de côté, laissant le ver s'écraser la gueule là où il se tenait la seconde passée, il tenta alors de plonger dans le sable, mais l'hybride décocha un direct dans le corps de la créature qui fut sectionnée nette. Sauf que ce terrarus là, s'il n'était pas bien épais, était particulièrement long, son corps fut coupé en deux, mais tel un lézard, il continua de plonger sous le sable malgré cette perte considérable. Il était étonnant qu'une telle créature s'en prenne à lui de la sorte, n'étant pas un monstre chassant les voyageurs d'habitude. Mais surement tiraillé par la faim, le ver avait dû se dire que le cavalier isolé serait une proie facile. Il s'était trompé.

    Zaîn sentit que le ver exerça une demi-tour sous le sable afin de le prendre par le dessous. Cette fois-ci, pas de téléportation, pas d'esquive, c'était lui ou le terrarus. Au dernier instant, avant que ses pieds ne s'enfoncent dans le sable, Zaïn exerça un saut qui le porta plusieurs mètres au dessus du sol, à l'instant précis où la gueule béante de la créature immergeait du sol. Le ver referma sa mâchoire sur du vide, se rendant compte qu'il était de nouveau exposé. Le guerrier afficha un sourire en coin en retombant, le poing serré de Violence vers le bas, allant s'écraser violemment contre la face du terrarus qui n'eut pas le temps de se rendre compte que le combat était terminé.

    Zaïn retomba lourdement au sol alors que la tête réduite en bouillie du ver tombait mollement sur le côté, son corps s'immobilisant pour de bon. Dans l'affaire, si Violence s'était un peu plus délecté de intensité du duel, Zaïn avait perdu sa monture, ses vivres et un peu plus d'énergie et de mana. C'était un solide gaillard qui pourrait encore tenir un bon moment comme ça, mais qui avait encore pas mal de combats à livrer sur sa route, ce qui ne manquerai pas de l'épuiser au fur et à mesure, dévoré pas l'inquiétude et son désir de vengeance...

    Il repris alors la marche, ne pouvant se permettre de s'arrêter, sous peine d'être pris d'assaut par le froid. Jusqu'au moment où l'espoir rejaillit, selon sa croyance, il y a très longtemps, dans les temps anciens, les Hommes étaient vulnérables face aux dangers de la nuit, ils se réunissaient ainsi autour de feux de camps qui leur assuraient protection et réconfort dans cette existence difficile. Et lorsqu’ils observaient les paysages plongés dans les ombres, ils pouvaient y distinguer des points de lumière correspondant à d’autres feux de camps allumés par des Hommes. C’étaient ces lumières qui rappelaient aux premiers Hommes qu’ils n’étaient pas seuls, et lorsqu’ils levaient les yeux vers ce ciel nébuleux, ils pouvaient en voir une myriade d’autres. Et Zaïn venait d'apercevoir, en bas d'une dune un feu de camp.

    Il pressa le pas et arriva au niveau de la lueur. Devant les flammes était accroupis un homme aux cheveux blancs. Etrangement, il avait aperçu l'hybride depuis une petite minute déjà et ne s'était même pas levé, peu méfiant.

    - Une âme égarée, il ne manquait plus que ça. Commenta-t-il.

    Le voyageur :

    - Quelle direction ?

    - Taisen. Et toi mon gars ?

    - Pas Taisen. De l'eau ?

    - Oui, mais pas gratuite.

    - Tiens. Donne.

    - Une pièce de bronze. Bon aller, c'est bien parce que je suis presque arrivé. Tu tes fait attaquer par un terrarus ?

    - Comment tu sais ?

    - Je chasse les terrarus, pour leur carapace. Dis-moi où ta laissé la carcasse et je te file aussi de la bouffe.

    - Qu'est-ce qui te dis que je l'ai tué ?

    - T'empeste le mucus de terrarus, tu fera gaffe c'est toxique. Il est où ?

    - Trente minutes de marches dans cette direction.

    - T'a de la chance d'être tombé sur moi alors. Tu peux dormir si tu veux.

    - Impossible.

    - Je suis procureur itinérant. T'a rien à craindre de moi, sauf si tes hors-la-loi... Tu ne l'es pas n'est-ce pas ? Il fit claquer ses doigts, ce qui fit des étincelles.

    - Non. Pourquoi un procureur chasse le terrarus ?

    - Pour arrondir les fins de mois. Dors.

    Zaïn tomba littéralement de sommeil.

    Lorsqu'il se réveilla au matin, un tissus était tendu au dessus de lui, le protégeant du soleil et une courge remplie d'eau posée près d'une sacoche où il trouva du pain elfique.

    Mais pas la moindre trace du procureur-chasseur.

    Il se remit en route.








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  • Jeu 1 Juin - 15:07

    TW: VIOLENCE, TORTURE, VIOL





    L’arrivée à Mouj’avi se fait sans encombre mais avec un léger retard d’une journée supplémentaire, le vent brutal pendant ce qui était sensé être leur dernière journée de voyage a suffit à les ralentir tant et si bien qu’ils ont dû avancer mètre par mètre pour arriver jusque là. Beglaïka sonne les cloches du convoi une nouvelle fois pour inciter tout le monde à s’arrêter et mettre pieds à terre, et pendant que ses caravaniers déchargent les cargaisons, le gros marchands regarde l’Oasis clandestine. Une étendue de terre sableuse dans l’immensité désertique dont le terreau est ameubli par l’humidité de l’énorme bassin qui dort dans son creux. Quelques cannes à sucre poussent sur les bords du plan d’eau, baignées par le soleil de l’après-midi et accompagnés par une végétation plus que fournie, elle n’a pas toujours été là mais ce sont les voyageurs qui ont aménagé ce petit coin de paradis perdu dans l’enfer de la fournaise. Parfois ce sont aussi les cargaisons mal scellées des marchands qui sèment quelques graines parvenant à trouver un accueil favorable dans le climat plus doux de ce petit lac et qui, au fur et à mesure des passages, l’ont transformé en havre de repos. Aucune maison n’est bâtie dans la roche, la pierre est trop encombrante à acheminer jusqu’ici sachant qu’en plus l’existence même de cette oasis est un vilain secret des bédouins les plus chevronnés ou des personnes de peu de scrupules. Beglaïka et son clan font quant à eux parti des élus pouvant y accéder sans soucis, les marchands de profession et mercenaires finissent de déplacer tout leurs précieux bien. L’homme frappe dans ses mains pour attirer l’attention de sa troupe quelques instants, et quand ceux ci se rassemblent devant lui pour écouter ce qu’il a à leur dire, il les regarde avec fierté. Le Clan Beglaïka, un groupe non-familial de commerçants de marchandises illicites et un groupe héréditaire de mercenaires bien particuliers. S’il envoit immédiatement les premiers installer leurs étales de ventes dans le reste de l’Oasis, il coordonne le deuxième pour l’aider avec les tâches à faire et envoyer le reste se reposer. Les mercenaires du clan ont leur petite réputation dans le sous-monde criminel reikois, ils sont divisés en deux rôles distincts, il y a les Danseurs et les musiciens. Les Danseurs sont de redoutables adversaires pour bon nombre de combattants, même les plus chevronnés, leur style martial léger et svelte en font des cibles extrêmement difficiles à toucher et c’est souvent une question de vitesse et de précision, non de force qui détermine l’issue de leurs affrontements. Leurs lames sont aussi létales que leurs manieurs ne sont insaisissables, les Danseurs tiennent leur nom des témoins de leurs affrontements qui ont l’impression que tel du papier de soie, les voltigeurs belliqueux esquivent les coups en se contorsionnant pareils à des courants d’air. Les musiciens pour le coup, sont bien différents, c’est leur force qui les caractérise, et leur appellation trompeuse leur vient d’une tradition familiale qu’ils respectent dûment, lors d’une escarmouche, ce sont d’abord les Danseurs qui se battent en premier, et pendant ce temps les Musiciens jouent du tambour de guerre, sonnant le rythme des pas aériens de leurs confrères et consoeurs. Une unité tout aussi redoutable qu’unique, qui participe grandement au prestige du clan et à la légende personnelle de Beglaïka. Même si en ce qui le concernait, il ne savait pas se battre, du moins, pas de cette façon. Finissant de donner ses directives, le chef du clan supervise ensuite les rangements, et pour les quelques denrées vivantes qu’ils trimbalaient avec eux, il est grand temps de les réveiller.

    Le gros bonhomme se rapproche des sacs posés à l’arrière du convoi, à l’abri des regards indiscrets. Non pas que ce genre de trafic est illégal ici, mais c’était plutôt parce que le Seigneur Caravage devait déjà être là et qu’il était hors de question de lui gâcher la vente en lui dévoilant avant l’heure l’apparence des marchandises.

    ”Bon allez-y sortez les. Kirian et Yod'Trag venez me filer un coup de main.”

    Le premier est un des Musiciens, un homme costeau, bien bâti et qui ne craint pas le soleil, sa tignasse blanche clairsemée de tâches rousses lui donne un peu un aspect d'animal de la jungle, mais contrairement aux chimères hybridées qu'ils transportent elles ne sont pas dues à des accouplements contre-nature mais à des brûlures de son cuir chevelu quand il était gamin. Le collier de dents qu'il portait autour du cou était partiellement un souvenir qu'il avait récolté sur ceux qui lui avaient infligé ces cicatrices capillaires. L'autre, Yod'Trag, était un elfe ex-habitant de Melorn qui avait été forcé à l'exil pour une raison qu'il n'avait jamais révélé à qui que ce soit, même à Beglaïka, son agilité et sa vitesse en faisait un bon Danseur mais ça lui avait prit un temps fou d'enfin accepter l'aspect artistique d'un combat. En même temps il ne pouvait pas le blâmer, dans les régions reikoises la guerre était souvent considérée au mieux comme le nerf de la vie ou comme un sport, mais pas comme une discipline artistique. Les deux compères dégainent leurs couteaux et se servent des pointes pour déficeler les cordes solidement nouées qui ferment les sacs de transport.

    ”Les autres apportez les fers et montez la tente, allez me chercher de l’eau et allumez un feu.”

    ”On en fait quoi on les lave et on les sèche?” réponds Kirian, ses yeux bleus dévisageant son patron.

    ”Oui oui oui, et la contra faites moi plaisir, brûlez ses hardes, qu’on se fasse pas attraper avec ça. Gardez juste la broche là, on la revendra à Kyouji.”

    Une fois la dizaine de corps nus et inanimés sorti des sacs et allongés sur les toiles, ils inspectent leurs états pour vérifier qu’elles ne sont pas abîmées. Après autant de jours de voyage passés à être inertes et bousculées dans leurs sacs de tissus, certaines d’entre elles commençaient à avoir des rougeurs sur la peau aux endroits de frottement avec les jutes. C’est surtout la mage qui inquiète un peu Beglaïka, ses poings étaient liés et fermés pendant toute la durée du trajet et il y a fort à parier que ses doigts sont marqués, il soupèse également l’option de la réveiller en même temps que les autres… il va falloir être fin, la télékinésie est une magie puissante et difficile à contrer. Une fois que ses sous fifres ont fini d’aligner les baquets d’eau qu’il avait demandé, ils s’emparent ensemble de la première hybride allongée par terre et lui saisisse la nuque avant de plonger sa tête dans le seau. Bientôt son corps convulse et ils la laissent immédiatement ressortir le visage, toussant et crachant pour reprendre son souffle.


    ”Salut princesse, aller décrasse toi maintenant.” Il jette un morceau d’éponge propre dans le seau et ajoute quelques tiges de saponaire républicaine dans le liquide.

    L’esclave n’objecte pas, elle se plie à la tâche, sachant bien que toute résistance ne fera qu’aggraver son malheur et que seule une mort rapide l’attends si elle tente de s’enfuir, ou lente si justement elle y parvient. Les trois hommes la regarde faire, guettant le moindre geste brusque ou déplacé mais ne s’attendant pas à ce que cela arrive. Pendant ce temps le reste du clan n’est pas désoeuvré, ils montent leurs chapiteau et leurs étales pour pouvoir dormir à l’abri du sable cette nuit et y organiser la vente aux enchères le soir même. Un peu plus loin dans le rassemblement des différentes troupes qui séjournent actuellement à l’Oasis, de riches couvertures brodées indiquent la position des quartiers de Caravage, il sera temps, tôt ou tard, d’aller lui parler pour le prévenir de leur arrivée si un de ses séides ne l’a pas déjà fait. Reportant son attention sur la femme chienne qui a finit de se laver, Beglaïka demande qu’on lui passe les fers et une chaîne est conduite dans le guide des menottes.

    À la suivante.

    Ils parviennent ainsi à préparer deux de leurs captives mais lorsque vient la troisième, le réveil ne se passe pas aussi “convenablement” que les premières, ainsi lorsque cette connasse d’hybride rindo revient à elle, son premier réflexe est d’hurler à plein poumons sur ses ravisseurs.

    ”JE VAIS VOUS CR-”

    Une main fermement appliquée sur la gueule pleine de dents carrée de la rebelle et elle se fait réduire au silence, cependant ça ne suffit guère pour calmer son ardeur et Beglaïka secoue la tête de désapprobation tandis qu’elle se débat dans les bras solides de Kirian et Yod’Trag.

    ”T-t-t-t. Non non non. Ça ça ne va pas passer ma jolie, parce que tu vois on a plein de choses à faire.” Le gros marchand se dirige vers son Aazho et fouille dans un des sacs à la recherche d’un objet. ”Alors je préfèrerai que tu sois plus coopérative n’est-ce pas?” Il ressort deux objets métalliques, des manches au bout desquels l’un possède d’étranges symboles en Shierak-Qiya dessinés par des appendices de fer et l’autre dont la tête aplatie et cylindrique n’indique en rien son utilisation. ”Mais tu sais quoi je vais sauter sur l’occasion parce que, j’ai la sensation que même si je te le demande gentiment, tu ne te tiendras pas tranquille.” Les deux autres esclaves conscientes écarquillent les yeux et s’écartent autant que leurs permettent leurs chaîne de leur troisième consoeur. ”Donc je vais t’enseigner une petite leçon que tu ne vas pas oublier… et tu vas transmettre cette leçon aux autres. Réveillez les!”

    Tandis que les sept autres esclaves sont brutalement extirpées de leur coma. Beglaïka se retourne vers l’hybride, ses débattements se transforment en couinements de peur, la main plaquée sur sa bouche l’empêche de demander grâce et il ne lui reste que ses yeux pour exprimer toute la terreur qu’elle ressent en voyant le gros marchand revenir vers elle. Le chef du clan amène le fer de marquage entre ses yeux et les siens, et alors qu’il continue de parler, il insuffle sa propre magie de feu dans l’outil sous les regards horrifiés des autres marchandises.

    ”Voilà ce qui arrive aux asservis qui désobéissent.”

    Le fer calciné perds sa couleur noire tandis qu’une teinte rougeoie à l’intérieur, parcourant la tête de l’outil et illuminant progressivement les symboles jusqu’à devenir d’un jaune vif éclatant tirant sur le blanc. Les quelques croutes noires qui tâchent le fer se morcèlent et tombent à terre, et l’outil redoutable s’approche dangereusement de la peau de la femme en distordant l’air autour de lui. Celle ci fixe de ses yeux l’objet de sa crainte, gémissant plaintivement pour tenter d’acheter son salut ou de faire appel à la pitié de ses tortionnaires, ses jambes creusent frénétiquement le sol en essayant de s’écarter à tout prix de la chaleur menaçante qui caresse son flanc gauche. Kirian prépare un chiffon dans sa main libre et Beglaïka trempe l’autre fer dans le baquet d’eau de l’hybride.

    ”Merci de servir d’exemple.”

    D’un geste brusque, il enfonce l’outil incandescent dans l’abdomen de l’hybride et le fer s’écrase contre la peau dans un sifflement strident dégoûtant. La pauvre victime hurle à travers la main mais sa souffrance est étouffée avec le chiffon qui est enfourné dans sa bouche, son corps convulse, elle donne des coups de pieds dans les airs sans parvenir à repousser son bourreau à cause des deux autres hommes qui la tiennent fermement. Sa supplique interminable se joint bientôt par des larmes et ses cordes vocales tiraillées se brisent dans ce cri infâme. La douleur est insupportable, sa peau ne brûle pas à proprement parler, elle se liquéfie sous le fer et fait fondre les muscles en excitant les nerfs sous cette chaleur infernale, la brûlure irradie à l’intérieur de son flanc, pareille à milles aiguilles qui viendraient perforer sa chair et continueraient de s’y enfoncer. Lorsqu’après un instant qui paraît durer une éternité, Beglaïka écarte enfin le fer de sa peau, des filets répugnants de chair en fusion collent au métal et se détache les uns après les autres tandis qu’il écarte l’outil. Immédiatement, il échange le fer brûlant pour l’autre outil trempé dont l’eau a été congelée par son sort de glace, et la douleur ne s’arrête pas. Le gel sur la tête de l’outil refroidit rapidement la plaie en provoquant un choc thermique des tissus et une atrophie de la peau, comme le chef du clan maintient son sort continuellement, la glace ne fond pas en eau et à la place, cryogénise la blessure. L’hybride cesse de gesticuler, soit son coeur s’est arrêté sous la douleur, soit elle est tombée inconsciente, mais dans les deux cas la finalité immédiate est la même. Kirian et Yod’Trag la lâche par terre et le corps inerte s’affale au sol. Lorsque sa tête frappe la terre, une petite gerbe de sang commence à doucement perler à travers ses lèvres et à s’écouler le long de sa joue. Son bourreau place un pieds sur le bord du baquet d’eau à côté d’elle et le renverse pour asperger son visage, L’hybride se recroqueville sur elle-même en revenant à elle, instinctivement, elle porte une main à son ventre meurtri et de l’autre elle gratte le sol en essayant de se raccrocher à quelque chose, espérant désespérément que quelqu’un la tire de sa souffrance qu’est son existence. Elle ne peut pas ramper tant la faiblesse l’envahie, sa bave mêlant au carmin tombe au sol et fait une tache sombre dans la terre, compensant les sanglots qu’elle n’a pas la force de pousser.

    Beglaïka se retourne vers les autres esclaves, agitant le fer devant ses yeux comme un jouet. Sa mine grave contraste avec le reste de son langage corporel et il est clair qu’il n’a prit aucun plaisir à torturer l’hybride, pour lui, il vient simplement de réduire la valeur d’une de ses pièces en la marquant. Fait chier. Pourtant cette marque était nécessaire, pour signaler les esclaves retors.

    ”Lavez-vous.”

    Quant à la dernière, la contra, ses doigts liés ne lui permettaient même pas de saisir l’éponge dans son seau. Le chef du clan s’approche d’Arkady lentement, joignant les deux outils dans la même main pour attraper le menton de la femme renard, ses yeux sont défiants et contiennent un mélange intéressant de peur mais surtout de haine.

    ”Et toi, je ne te fais pas confiance pour être sage si on te retire tes liens n’est-ce pas? Mmmh? Mais tu as le choix.” chuchote Beglaïka à son oreille de canidé.

    Kirian passe la lame de son couteau entre les deux mains jointes de la contrôleuse royale et tranche les ficelles qui les retiennent fermées. En tombant, les cordes révèlent des marques rougeâtres sur sa peau blanche, imprimant le motif du tressage dans son derme qui reprend mollement sa forme lisse. Arkady se masse les mains sans quitter le chef du clan des yeux, ses deux ambres semblent renfermer l’ardeur d’un feu intérieur intarissable. Feu qui a raison d’elle. D’un geste brusque de la main, les deux dagues à lame crantées accrochées au dos de Yod’Trag s’envolent et le fer encore rouge dans la main de Beglaïka subit une brusque impulsion pour sauter en dehors de sa main. Le fer virevolte en arc de cercle et atterrit dans la figure du marchand qui tombe à la renverse. Elle se retourne alors pour faire face aux deux mercenaires mais un coup du plat de la main à la tempe l’accueille avec véhémence, c’est maintenant elle qui s’écroule au sol, immobilisée par Kirian pendant que Yod récupère ses armes tombées à terre. Le grand homme basané la plaque au sol et lui assène un coup léger à l’abdomen, mais suffisamment bien placé pour lui faire perdre son souffle, et alors qu’Arkady tente désespérément d’happer l’air, c’est l’odeur âcre du chiffon sale de Kirian qui remplit sa gorge à la place. Terrifiée, elle voit au dessus d’elle la silhouette dominante de Beglaïka se remettre debout au dessus d’elle.

    ”Mauvais choix. Très mauvais choix.”

    Le mage fait fondre la plaque de glace qu’il a fait poussé à même sa peau pour bloquer l’impact du fer, et alors qu’il reprends celui-ci dans sa main, Arkady écarquille les yeux en voyant le gris du métal virer au rouge tandis que les mains des trafiquants écartent ses vêtements…

    ***




    Dans un chapiteau plus imposant que les autres de l’Oasis de Mouj’Avi, une scène singulière prend place. L’espace centrale de l’habitacle a été dégagé pour accueillir une sorte d’estrade, des lustres légers à cloche pendent des poutres en bois qui servent d’armature et éclairent tout la mise en avant. Sur les côtés de ce promontoir, plusieurs petites alcôves sont aménagées en hémicycle dans lesquelles quelques rares fauteuils, des coussins luxueux, des tapis brodés sont disposés selon le confort des différentes personnes qui patientent en discutant. Ils attendent tous que le soleil se couche enfin pour pouvoir débuter la vente aux enchères, car tous sont venus exprès à l’Oasis clandestine afin d’acheter l’exportation d’esclaves hybrides du clan Beglaïka. Derrière eux, divers hommes et femmes peu habillés passent dans les ombres en portant des plateaux de fruits exotiques, de pâtisseries sèches et d’amphores de vin. L’odeur ennivrante des encens baignent l’intérieur du chapiteau dans des effluves parfumées et envoûtantes tandis que les derniers rayons de l’astre incandescent disparaissent peu à peu à travers le puit de lumière. Le tout est bercé par la mélopée des musiciens qui jouent langoureusement de leur instruments.

    Dans l’alcove centrale un homme en costume blanc et noir est posé dans un grand coussin de velour, il sombre presque dedans, un verre en crystal de liqueur pendu mollement à ses doigts, il le porte occasionnellement à sa bouche pour en boire quelques gorgées. Lorsqu’il rabaisse son bras, la lumière mourante éclaire des tatouages de serpents sur son poignet et son bras, et des lettres elfiques inscrites sur ses phalanges aux encres noires et ocre. Sa peau pâle s’assombrit avec la tombée de la nuit, l’obscurité soudaine attire son attention et l’homme relève la tête, dévoilant ses longues oreilles elfiques, percées de trois anneaux à la droite. Ses cheveux rouges encadrent des yeux sans pupilles dont l’iris jaunâtre perce ce qu’il fixe du regard, des pommettes fuyardes et escarpées soutiennent à peine des lunettes transparentes qui surplombent une bouche absente et une barbe drue. L’elfe est dans sa bulle hermétique, doucement bercé par les substances illicites qui parcourent ses veines actuellement, une autre gorgée de vin, une bouffée du cigare posé sur un cendrier, il gifle le cul de sa servante préférée de l’Oasis, mais il reste ennuyé. Las. Les rideaux derrière la scène s’écartent enfin et l’elfe aux cheveux de sang se redresse dans son coussin, curieux, espérant trouver une distraction, de quoi s’amuser un peu pour faire passer la monotonie de l’existence. On amène les unes à la suite des autres des hybrides nues aux compositions corporelles extravagantes, il les trouve toujours fascinantes, on ne savait jamais sur quoi on allait tomber, c’était une loterie pour savoir quelles parties seraient humaines et lesquelles seraient animales, et le côté répugnant de la zoophilie, lui ne trouvait pas ça plus dégénéré que le reste de ses activités criminelles. La vente se déroule sans grande excitation malheureusement, et l’homme aux tatouages sinueux replonge dans le monde de velour de son coussin, soupirant une échappée de fumée avec son cigare en bouche pendant que ses collègues de la pègre s’arrachent les articles à des prix exorbitants.

    ”Et maintenant messieurs, la pièce maîtresse de notre cargaison, une hybride femelle canidé, reikoise, contrôleuse royale et surtout messieurs! Mage télékinésiste! La mise à prix commence pour…”

    ”Mmh?”

    L’elfe relève subitement la tête, son oeil vague trouve le corps exquis en face de lui, décoré de quelques foulards en soie transparents qui laissent apprécier les courbes bien dessinées de la marchandise. Ce n’est pourtant pas son apparence plus qu’allurante qui attrape son attention, c’est son visage, celui ci est figé dans une expression si riche, si complexe qu’il lui est impossible de tout discerner d’un coup. Pêle-mêle il voit de la honte, de la colère, du désespoir, de la tristesse, c’est dans sa fine bouche pincée qui sursaute selon les spasmes de pleurs qu’elle tente de retenir, c’est dans ses yeux et ses sourcils froncés sans conviction, mais qui dardent un point imaginaire comme si elle avait une obstination fervente de réparer un quelconque regret. L’homme dans l’ombre de l’alcôve se plaît à s’imaginer son état mental, une ancienne contrôleuse royale hein? Ha! Tout ce qu’elle a dû perdre, toute la vie qu’elle avait durement construite, balayée en miettes comme si ça n’avait jamais existé, tout ce qu’elle avait un jour fait ou accompli n’était plus d’aucune importance maintenant, même son nom ne lui appartenait plus, s’il l’achetait il pourrait la rebaptiser à sa guise et elle ne pourrait rien y faire.
    Elle est l’incarnation même de l’Injustice.
    Il adore.
    Il lève une main en l’air sans même attendre de voir les enchères de ses concurrents, d’un seul coup, les murmures qui filaient entre ses collègues se taisent. Certains savent qu’il sera sans doute inutile de monter contre lui, mais l’acquisition de bien n’est pas le seul divertissement de cette vente, les enchères en font partie également.

    ”Quinze, quinze à droite! Vingt en face! J’ai vingt-cinq ici! Vint-cinq qui dit mieux? Dix? Trois fois dix trente j’ai trente à droite! Cinquante, cent, cent trente par là, qui me donne plus? Vous montez vite messieurs et vous avez bien raison! Deux cents! Elle en vaut la peine, deux cents jamais deux sans… trois cents! Trois cinquante immédiatement quatre cent, cinq cent CINQ CENT à gauche!”

    ”Mille.” La main de l’elfe redescend mollement sur le velour, pendouillant avec satisfaction.

    Un instant de silence remplit le chapiteau, tous semble se raviser, le commissaire clandestin concerte les visages cachés dans les ombres des alcôves à la recherche d’un surenchérisseur, mais personne n’ose passer par dessus.

    ”Euh. Ahem, adjugé pour mille pièces d’or.”

    Le sourire triomphant de l’elfe se pose sur son nouveau jouet, elle tremble de colère, les larmes coulent maintenant ostensiblement derrière ses mèches rousses, gouttant sur sa poitrine et glissant le long des seins jusque dans le creux de son sternum avant de mourir aux côtés d’une marque de fer bien récente. C’est une battante, il a hâte de faire mumuse avec elle.

    ”Mon trésorier vous paiera avant de partir.”

    ”Bien sûr Seigneur Caravage.”

    ***

    ...À plusieurs jours de marche

    Le combat contre le Terrarus laisse une grande impression sur le Démon, l’ex pugiliste vient de le terrasser comme s’il n’était qu’un vulgaire ver de terre au fond de son jardin et il retombe maintenant au sol, faisant s’envoler une gerbe de sable à l’atterrissage. Maintenant que l’affrontement est terminé, Violence veut récupérer son dû.

    TOUT A UN COÛT, ZAÏN

    Puisant dans l’esprit de son manieur pour y extirper les souvenirs de l’affrontement qui vient de prendre fin, l’Arme Famélique s’abreuve des fragments d’âmes de son porteur et utilise la signature de ceux ci pour s’approprier un peu plus les cellules de son corps. Là où la peau de ses doigts a fusionné avec l’arme, des ouvertures se creusent à l’intérieur de la chair et les tentacules insidieuses du Démon s’introduisent à l’intérieur des os, des veines et des nerfs de la paume de sa main, solidifiant son emprise sur sa proie formidable. Il peut sentir la sensation irradiante de la présence maléfique s’intensifier, une démangeaison douloureuse le prenant pendant la corruption progresse avant de s’arrêter aussi vite qu’elle est apparue. Une fois fait, Violence reporte son attention sur les problèmes plus immédiats auxquels ils font maintenant face:

    ”Je crois que tu as trouvé ta viande et ta boisson”

    Le cadavre du Terrarus gît immobile sur le sable, il serait aisé de pouvoir s’en servir pour reconstituer les ressources qu’ils viennent tout juste de perdre, après tout le poing armé possède un appendice acéré certainement capable de dépecer un peu l’intérieur de ce monstre. Après quelques secondes cependant, Violence se contredit et prévient son porteur:

    ”Correction, je ne pense pas que tu devrai manger cette bête.”

    Elle peut le ressentir, c’est discret pour le moment, mais perceptible maintenant qu’elle s’est accaparé la main de l’hybride combattant, quelque chose tente de pénétrer les défenses immunitaires de son hôte et ce n’est pas elle. Cessant de regarder l’extérieur, Violence inspecte le peu de corps auquel elle a accès pour tenter de repérer ce qui ne va pas, elle active également sa senseur magique, et finit par repérer les toxines qui s’infiltrent lentement par les pores de sa peau pour atteindre ses veines. Problème, solution. Utilisant sa magie, le Démon purge le sang de Zaïn au fur et à mesure que celui ci passe dans sa main droite, il ne ressentira sûrement même pas les effets de l’empoisonnement et ne sera peut-être même pas au courant qu’il a été infecté. L’hybride ne dit mot, il se contente simplement de reprendre la marche en suivant le cap donné par son compagnon parasitaire. Dans le calme et la plénitude du désert, Violence s’enterre dans son mutisme et sa transe de souvenirs, cessant toute perception.

    Lorsqu’elle en émerge, au petit matin, Zaïn a déjà reprit la marche sur le sable brûlant, le Démon fait attention à son sang afin de contrôler son état de santé, et elle est surprise de constater qu’il est en bien meilleure forme qu’hier. Il devait avoir trouvé de quoi boire et manger pendant son assoupissement, cependant la température du désert restait un danger constant et elle cherchait un moyen d’y remédier, tant qu’ils ne seraient pas en combat, elle en profiterait pour modifier très légèrement l’anatomie de la main de son hôte. Lentement, afin de ne provoquer aucune douleur ni sensation suspecte, elle écarte les vaisseaux sanguins de la main pour les faire passer sur les bords de la peau de l’hybride tout en augmentant la poussée des poils et en donnant à ces derniers une teinte argentée. Le sang ainsi plus proche de l’extérieur délivre sa chaleur à l’air libre, et comme les poils maintenant réfléchissant reflètent les rayonnement de la lumière, la couche d’air coincée entre les poils et le derme se rafraîchit pour transmettre la chaleur dehors. À l’échelle de la main, elle n’a que très peu d’impact, mais si elle peu réguler la température interne de son hôte ne serait-ce que de quelques dixièmes de degrés, c’est déjà ça de gagné. Leur périple continue pendant encore deux jours de plus, et les maigres et quelconque victuailles que Zaïn avait ingéré il y a deux jours commencent à n’être qu’un souvenir, un rêve fiévreux dans la fournaise aride et impitoyable du sahel. Violence canalise occasionnellement sa mana pour les téléporter au loin, seulement lorsqu’elle peut se permettre d’économiser en cas de combat, la situation prends peu à peu un aspect critique. Pourtant, un matin, à l’aube du troisième jour, ils gravissent une dune de plus pareilles à toutes celles qu’ils ont arpenté ces derniers jours, et en passant le col de la montagne de sable c’est une vision presque irréelle qui s’offre à eux. Une étendue argentée d’eau due au reflet du soleil, entourée d’arbres luxuriants, de plantes à la teinte chlorophylle pimpante et d’installations bédouines plus ou moins allurantes.
    Mouj’Avi. Le Coeur Noir du Sahel.
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    Konrad Lightborn
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  • Mer 14 Juin - 9:44
    Quelque chose s'achève. Quelque chose commence. - Page 2 Pace-wilder-sandsled4-copy




    Ce récit prend place dans les rocheuses, à l'ouest du Shoumei, voici les notes qui retracent les dernières péripéties du Vicomte de Sarme, ce sont ses dernières notes qu'il nous a laissées sur son lit de mort.
    Voici la rencontre du Vicomte avec l'Apôtre de la peur.

    « 11 février de l'An 3 - Un chevalier errant du nom de Marcos m'a conté une histoire fantastique lors de ma dernière sortie à la taverne, celle de l'Apôtre de la peur, comme quoi un monstre terrassait tout être vivant passant au travers du canyon de Heim. La créature mystique se nourrissait de la peur de ses proies, si nous pouvions les appeler ainsi car le monstre ne tuerait point pour se nourrir. Des dizaines de cadavres démembrés dévorés par les corbeaux ont été retrouvés aux aurores.
    Il me fallait à tout prix étudier une telle créature.

    13 février - Deux chevaux, un pour moi et un pour mon serviteur, quelques vivres et quelques pièces, et nous partîmes sur le champ en direction de la péninsule, longeant ainsi le fleuve Dam par la route de la baie. J'emporte aussi tous mes écrits sur les créatures uniques que j'avais récupérés dans ma bibliothèque.

    17 février - Nous avons fait halte à Heim, petit village de mineurs tout naturellement à l'abandon.

    19 février - Avant de pénétrer sur les terres crevassées du canyon, il me fallait trouver une escorte, aucun soldat de Mael ni aucun villageois des terres environnantes n'accepta de me conduire au canyon de nuit. Même en leurs proposant deux pièces d'or par jour, aucun paysan n'accepta de m'escorter, comme quoi l'Apôtre n’apparaîtrait que lorsque le soleil disparaissait à l'Ouest. Ils avaient tous peur, même Rembar, mon serviteur se pissait dessus à force d'entendre toutes ces histoires, mais lui n'avait pas le choix.

    20 février - Nous trouvâmes enfin trois mercenaires qui acceptèrent de nous conduire sur le delta cette nuit même, leur coût était onéreux, mais il me fallait des guides, alors après une journée de marche notre groupe installa un campement entre deux bras d'eau filant dans le canyon alors que le soleil disparaissait.
    Nuit du 21 février - Je me réveilla vers quatre heures du matin, je pris une lanterne et sortit de ma tente, les hommes qui m'accompagnaient, même celui qui était de garde près du feu maintenant éteint, dormaient. Je quitta le camp et partit à pied sur les terres stériles environnantes, après un long moment de marche dans cette vaste étendue dénuée de toute végétation j'aperçois la silhouette d'un arbre mort au loin, se dressant seul au milieu de cette profonde obscurité, un arbre mort aux formes incongrues, ces larges branches vacillantes au grès de la brise. Il faisait nuit noire, mais au fur et à mesure que je m'approchais de ce cadavre végétal, il ne me parut pas si immobile que cela, comme s'il avait encore des feuilles. Ou plutôt comme s'il glissait lentement sur le sol boueux.

    Mais lorsque je fus à une vingtaine de mètres, je vis se dresser à l'emplacement de ce que j'avais pris pour une arbre, une immense créature difforme courbée en avant, même penchée comme cela elle faisait bien cinq mètres de haut. Comment la décrire ? Elle avait de larges pattes de lézard, avec 5 doigts dont une griffe centrale longue de dix centimètres, tellement acérée qu'elle devait pouvoir trancher une homme d'un seul mouvement. Ces deux griffes semblaient gêner la créature pour se déplacer, elle avançait lentement, traînant ses longs bras dans la boue, ses deux membres étaient assez longs pour toucher le sol. Facilement quatre mètres de long, ses bras squelettiques étaient uniquement recouverts d'une fine couche de peau noire, de centaines de pustules recouverts de poils recouvraient ses avant bras. Sa posture était étonnante, courbée en avant, la créature avait un large buste, mais sous ses côtes, là où normalement devraient se trouver ses intestins, il n'y avait rien, la jonction entre son buste et ses jambes était uniquement faite par sa colonne vertébrale recouverte de la même chair noire que le reste de son corps. C'était comme une guêpe mais en bien plus surprenant, vu sa taille : comment un tel corps pouvait tenir debout malgré l'absence de ventre ? Sur le haut de son dos se dressaient quatre pointes d'environ cinq centimètres, surement des extensions de la partie haute de sa colonne. Enfin, sa tête était dénuée d'oreilles, et son visage.

    Elle ne m'avait pas vue, je me déplaçais donc vers l'avant pour pouvoir apercevoir ce mystérieux visage.
    Avec stupéfaction je me rends compte qu'elle n'avait aucun globe oculaire ! Deux sombres orifices se découpaient dans son crâne dénué de toute peau... Sa tête ressemblait à un crâne humain mais sans chair ni peau, l'os était à l'air libre, l'orifice pour le nez était absent et la mâchoire inférieure n'était pas là non plus. Juste la partie supérieure d'un crâne humain, un très gros crâne même, mais sans mâchoire, ni nez, ni yeux ! Un visage déroutant, supporté par son long cou recouvert d'un fin pelage crasseux.
    Sa tête pivota lentement vers moi, mais son regard invisible me passa au travers, comme s'il ne m'avait pas vu. Ce qui ne m'étonna pas, la créature détourna en silence le regard et continua sa marche mortuaire. Ce squelette ambulant avait tout pour terrifier n'importe quel  homme, et tous les atouts pour tuer n'importe quelle bête. S'il avait la faculté de voir comme nous, il lui aurait été impossible de me rater, avec mon pourpoint parme je ne pouvais me cacher de tout regard dans cette obscurité. J'en déduisit qu'elle ne m'avait pas détecté. Me revins à l'esprit la légende qui s'était créée autour de cette créature magique, comme quoi elle sentait la peur de ses proies, je n'avais nullement peur alors. J'étais plutôt fasciné et curieux, ce qui me rendait invisible auprès d'elle.

    Doucement, je posais la lanterne au sol. Il me fallait étudier la bête de plus près. Je la rattrapais, ce qui n'était pas compliqué vu sa lenteur. Me voilà à un mètre seulement de son immense patte terreuse, j'avançais encore pour arriver au niveau de son bras droit qui trempait dans la poussière, laissant un profond sillon dans le sol.

    Je retire mon gant de chasse pour toucher de la main droite le bras de l'Apôtre. Soudain, le bras squelettique s'actionna, et en un éclair, je fut violemment propulsé en arrière sur une dizaine de mètres. Une terrible douleur se fit ressentir dans mon épaule gauche, puis le choc se fit ressentir dans mon dos lorsque j'atterri sur le sol. Je parvins à ouvrir les yeux, et lorsque je vis que mon bras gauche était inerte, et anormalement éloigné de mon corps, à une dizaine de mètres dans les rochers, la terreur s'empara de moi. J'avais perdu un membre en une fraction de seconde, mais ma peur ne venait pas de là, la lenteur pénitente de la créature n'était plus, en un instant son visage dénué d'émotions se plaça au dessus de moi, à quelques centimètres de ma tête et me fixa de ses orifices oculaires.

    Je sentit une griffe acérée me passer sur le torse, déchirant mon veston pour descendre jusqu'à ma cuisse, j'étais paralysé par la peur. Et en un éclair ma jambe droite fut sectionnée, volant dans les airs dans une gerbe de sang, je ne pu m'empêcher d'hurler de douleur. J'allais être découpé lentement et me viderai de mon sang dans ce canyon nauséabond. Je ferma les yeux, acceptant la mort, c'est tout ce qu'il me restait : ma dignité.

    Mais c'était sans compter le rayon de soleil qui perça le brouillard qui s'était installé, la lumière vint se refléter sur les flaques de sang environnantes, et dans les premières lueurs du jour, le visage de l'Apôtre disparut de mon champ de vision et la créature se volatilisa immédiatement.

    21 février de l'An 3 - Malgré les bandages que m'ont appliqués mes compagnons qui m'avaient retrouvé à temps, je sens la vie me quitter. J'écris donc ces lignes pour raconter ma rencontre avec l'Apôtre de la peur, le Vicomte de Sarme vous laisse cet héritage, et je m'en vais me vanter au paradis d'avoir survécu à une telle rencontre du troisième type. »

    Voici donc les notes que le Vicomte de Sarme nous a laissé peu avant de succomber à ses blessures. Son ultime ouvrage sur l'Apôtre de la peur vint compléter les légendes des Rocheuses. Les locaux surnomment la bête l'Apôtre de X'o-rath, une créature magique tout du moins si ce n'est créé par les titans eux même. Mais personne ne l'a revue depuis... ou du moins personne n'a survécu pour pouvoir dire l'avoir vue.



    - Mouj'Avi -


    Zaïn avait souffert de l'extension du Démon au plus profond de son être, il en avait pâtît un temps, mais plus à présent. Lorsqu'il aperçu au loin leur destination, l'endroit où était retenu sa sœur, plus rien de comptait à ses yeux. Il n'avait cure du démon, il en avait eu besoin pour l'amener jusqu'à Mouj'Avi, mais dès lors qu'il n'aurait plus la moindre utilité de Violence, il se débarrasserait de lui, il ne savait pas encore comment, mais il n'hésiterai pas une seule seconde. Du moins il savait qu'il agirai de la sorte, qu'il se séparerai le plus vite possible de l'être pernicieux fixé à son poing, mais il n'y songeait jamais, de crainte que le démon ne puisse le lire dans ses pensées. L'hybride avait enfoui au plus profond de son esprit cette volonté viscérale de se débarrasser de Violence, l'arme famélique qui était la source de tout son malheur.

    Zaïn n'emprunta pas le chemin tracé par les chameaux dans le sable qui menait à l'oasis, à dessein. Il ne comptait pas se présenter par l'artère principal du repère de brigands, même avec sa capuche et sa cape, ses oreilles finiraient par être décelées et il ne savait pas s'il pourrait tomber sur des gaillards tout aussi forts que lui, bien que ce fusse peu probable. Il contourna donc un peu l'oasis peuplé par les dunes environnantes, se rapprochant à l'abris des regards.

    - Pssst, toi là. Viens ici. Lui intima une voix sur sa droite.

    Zaïn pivota brusquement, faisant bruisser sa cape, son regard se posa sur du vide, il n'y avait pas âme qui vive. Était-ce la dune, le désert lui-même, qui lui avait parlé ? Il s'était instinctivement placé en position offensive, craignant d'avoir été repéré par une sentinelle, mais il n'y avait personne dans la direction d'où étaient venues les paroles. Soudain, le sable se mis en mouvement, quelques mètres devant lui, et un homme s'extirpa de dessous une couverture recouverte de sable. Mais il ne se leva pas, il resta genoux à terre, faisant signe à l'hybride de s'approcher et de se baisser tout comme lui. Il avait les yeux d'un bleu azur surprenant et un tatouage étrange autour de l'œil gauche.

    Londlegim Yngrurts :

    - Qu'est-ce que tu fiche là, bougre d'andouille ? C'est pas un coin pour les hybrides. Fit remarquer l'inconnu.

    - Je te retourne la question, toi qui se cache sous le sable telle la vermine. Faisant référence aux serpents du désert.

    - Si tu penses pouvoir me blesser, détrompe-toi, les espions sont souvent qualifiés de vermine. Il esquissa un sourire glacial.

    - Tu es un bien piètre espion en te dévoilant de la sorte.

    - Appelle moi Londlegim. Et si je me présente en tant qu'espion, c'est parce que je pense que tu peux m'être utile. Tu tombes à pic, p'tit chat. Vois-tu, je travaille pour le Feu.

    - En quoi ça me concerne que tu sois sous les ordres de l'Oreille ? C'est en parti de la faute de l'incompétence de la Main que je me retrouve ici. Le Reike ne m'a pas aidé, je ne compte pas le faire en retour. Je m'en lave les mains, salut. Il se leva alors.

    - Baisse-toi, idiot ! Y'a des patrouilles régulières, tu vas te faire repérer tout de suite si tu quittes le couvert de la dune.

    - Qu'est-ce que t'en sais que je me préoccupe d'être repéré, espion ?

    - Caravage.

    À l'instant précis où Londlegim prononça ce nom, une vibration au poing de l'hybride lui indiqua que c'était digne d'intérêt. Il remit alors genoux à terre, écoutant ce qu'avait à dire l'espion impérial. Ce dernier sembla satisfait, esquissant de nouveau un sourire, mais fronçant les sourcils. Zaïn avait le don de faire des rencontres étranges mais salvatrices dans le désert.

    - Écoute, j'ai passé une semaine entière à surveiller celui qui se fait appeler Caravage, un baron de Mouj'Avi, or, je n'ai pas pu l'approcher, il est trop bien protégé. Mais en te voyant là, les poings serrés et armés, contournant le campement dans ta cape, je vois bien que tu n'es pas là pour une visite amicale. Ce que je te propose c'est de m'aider à arrêter ce Caravage, vivant, tout naturellement.

    - Qu'est-ce que j'y gagne ?

    - Je te fais entrer dans l'Oasis sans que tu te fasses repérer. Comme ça tu fais ce que tu as à faire et tu m'aides à mettre la main sur le bonhomme en échange. Pacisci ?

    C'était encore mieux qu'un deal, car si l'espion ne le savait pas encore, Zaïn venait précisément pour le Seigneur Caravage. Et il valait mieux qu'il ne le sache pas, car l'hybride ne comptait pas se contenter de simplement arrêter le mafieux, il ferait bien plus, quitte à ce qu'il ruine l'objectif de Londlegim. Mais ce dernier avait passé une semaine à arpenter les environs et à se faufiler dans le rassemblement de tentes, allez savoir comment, mais Zaïn s'en fichait, tant qu'il lui trouvait une entrée dans l'Oasis. Cela ne ressemblait guère au pugiliste de passer par de tels moyens détournés, mais pour une fois il reconnaissait que cela lui permettrait d'atteindre rapidement sa cible. Mais ils étaient quittes, car Zaïn ne savait pas non plus que l'espion comptait uniquement sur lui pour assommer le seigneur avant de mettre les voiles avec en abandonnant l'hybride qui porterai le chapeau et en paierai le prix fort à Mouj'Avi.

    Il serra alors la main qui lui était tendue. Au moins Zaïn avait l'avantage de prendre de court l'espion en comptant tuer leur cible, ayant pu déceler la manigance de Londlegim en lui serrant la main grâce à Violence.

    L'hybride emboita alors le pas à l'espion, il longea la dune, à l'abris des regards depuis l'Oasis. Ils descendirent alors une pente menant à un bosquet d'acacias et de thuya sauvage, une odeur de mimosa pris d'assaut les narines des deux alliés de circonstance. Profitant de la discrétion que leur apportait la végétation, ils longèrent un point d'eau trouble infesté de larves de moustiques, laissant deviner que les nuits à Mouj'Avi ne devaient pas être de tout plaisir pour ceux qui n'avaient pas de chalons pour protéger leur couche. Soudain, un lièvre isabellin caché sous un figuier pris la fuite à la vue des deux hommes qui s'approchaient, se carapatant dans la boue sèche avant de disparaitre dans un fourré de persicaire.

    Mais Londlegim et Zaïn étaient concentrés sur les tentes bordant le bosquet, l'espion posa un doigt sur sa bouche pour lui intimer le plus parfait silence avant de lui indiquer une grande tente, un peu plus loin, devant assurément être celle de Caravage au vu du nombre d'hommes qui patrouillaient autour. Cependant il fit signe à l'hybride de ne pas se diriger directement vers leur objectif, en effet, un espace peu boisé les séparait de la tente du seigneur elfe, où Zaïn se ferait facilement remarquer.

    Londlegim lui désigna la tente la plus proche, l'invitant plutôt à passer par ce couvert, quitte à assommer - ou tuer, selon la convenance de Violence - les gens qui l'occupaient pour la traverser, de la sorte il pourrai se rapprocher de la tente de Caravage sans être repéré par les gardes. Au signal de l'espion, Zaïn quitta l'abris des acacias, des thuyas et des figuiers pour se glisser sous la toile de la tente qui se révéla être celle de Beglaïka. A ceci-près que le marchand n'était pas présent, Zaïn constata immédiatement les cages qui s'y alignaient et devina immédiatement à qui appartenait cette tente. Une chance pour le marchand qu'il n'ai pas été présent car Zaïn aurait profité de l'instant de surprise pour lui régler son compte. Mais cela attendrait.

    Soudain, quelqu'un pénétra dans la tente, ou plus précisément deux hommes. Zaïn n'eut le pas temps de se cacher, et de toute façon il était mauvais en terme de discrétion. Il pivota pour se rendre compte que Londlegim ne l'avait pas suivit, le salaud ! Sans se faire prier, profitant d'une seconde de surprise, tant qu'il avait toujours sa capuche et que les deux hommes ne savaient pas qu'il était hybride, il se jeta sur le plus large des gaillards et le plaqua au sol avant de lui éclater le crâne contre le plancher, recouvrant le tapis de l'humeur carmin que Violence appréciait tant.

    Ceci-dit, lorsqu'il tendit la main pour aggriper le second, sa poigne se referma sur de l'air, il était clairement plus agile de l'hybride et avait fait un bond en arrière. Et tel un danseur, il rebondit sur le sol pour mieux asséner un coup de poing fulgurant à l'hybride. Ce dernier de silla pas et tenta de balayer l'acrobate d'une jambe, mais celui qui se faisait appeler Yod'Trag sembla voler au dessus du coup latéral pour mieux dégainer deux dagues acérées. Avec une rapidité déroutante, il projeta une lame droit vers le visage de Zaïn qui s'inclina pour esquiver le coup et tenter de ceinturer le Danseur. Si ce dernier s'était fait attraper, il aurait été immédiatement broyé et sectionné en deux, mais il fit un pas de côté et planta sa seconde dague dans le haut du dos de l'hybride qui n'avait pas eu le temps de renforcer son épiderme. L'esclavagiste retira prestement sa lame.

    Un râle silencieux échappa à Zaïn alors qui se redressait pour pivoter vers son adversaire. Un rapide examen de la blessure lui permis de se rendre compte qu'aucun organe ni artère n'avait été perforée, mais la blessure saignait abondamment. Il comptait sur Violence pour se charger de ce petit contre-temps. La vitesse de son adversaire ne pouvait pas être surpassée, cependant, il avait toujours une carte en main que le Danseur ignorait. Il feinta alors de se jeter de nouveau dans sa direction, poussant Yod'Trag à esquiver sur le côté, mais cette fois-ci, lorsqu'il abattit sa lame contre le coup de l'hybride, il renforça son corps et la dague se brisa contre l'épiderme dur comme de la pierre.

    L'esclavagiste fut visiblement troublé face à sa lame cassée en deux, une seconde qui permis à Zaïn de cogner le Danseur au visage qui alla s'écrouler au sol, dévisagé à vie, bien que cela ne fusse plus d'aucune importance : la vie le quittant sous l'impact.

    Il lui fallait encore traverser une partie du campement avant d'arriver à la tente de Caravage et il avait déjà subit une blessure. Mais au moins savait-il qu'il y avait ici des gaillards épais qu'il pouvait facilement éliminer mais qu'il y avait aussi des combattants plus agiles qu'il faudrait prendre de cour de la sorte.

    Il était inéluctable. Sa vengeance inévitable. Sa haine croissait.



    Quelque chose s'achève. Quelque chose commence. - Page 2 7ol0r1






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    Thème musical de Konrad
    Arme des Veilleurs
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    Info personnage
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    qui suis-je ?:
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  • Jeu 15 Juin - 15:05


    La tente de Caravage n’est pas la plus grande de l’oasis, mais c’est de loin la plus luxueuse. Ornée de broderies et tapissée de boiseries verdurées, le Seigneur du crime de Kyouji se prélasse à l’intérieur, gracié par la température confortable apportée par la carbonite qui trône dans des encensoirs pendus au plafond. La pénombre claire obscure de la pièce est due au soleil qui ne pointe sa lumière que via l’entrée, et c’est uniquement coupée par un châle rosé que les rayons parviennent à y pénétrer pour bercer la salle d’une ambiance intimiste. À l’intérieur, l’homme aux cheveux rouges est avachi sur des coussins moelleux, torse nu, vêtu seulement de son pantalon blanc froissé. Sa chemise est quelque part dans la pièce mais il ne saurait pas dire où, et ses sandales sont la seule chose à être proprement rangé, à l’entrée de la salle. Il se prélasse dans un état d’ennui extrême. Il se fait chier, il se fait terriblement chier. Caravage se redresse et contemple le bordel environnant, sur la table reposent un inhalateur vide et divers petits sachets dont il avait quasi entièrement consommé les contenus, mêlée aux résidus de drogues sur la table, une lettre ouverte qui lui annonçait l’arrivée d’un associé à Mouj’Avi, raison pour laquelle il avait fini par rester. Des bouteilles d’alcools plus ou moins forts sont éparpillés comme des cadavres un peu partout dans la pièce. Des restes de nourriture, des assiettes, des boîtes de biscuits gras son éventrées ça et là. Caravage relève sa tête pour perdre son regard dans les toiles brodées au dessus de lui, les teintes orangées et rose claires s’entremêlent devant ses yeux dans un ballet kaléidoscopique, mais son languissement est intarissable. Dans les formes ésotériques dessinées par les tissus, il commence à percevoir des figures familières, ses yeux sans pupilles s’écarquillent soudainement, commençant à reconnaître un visage, c’est le sien, c’est elle. Il fait cligner ses paupières, la désillusion s’évanouit comme un mirage et il ne regarde à nouveau plus que des ombres. Caravage ferme les yeux, caressant du bout de ses doigts les formes de son plexus solaire, remontant vers sa propre gorge, ça fait combien de temps qu’elle est morte maintenant? Dix ans? Douze? On est en l’An 4, ils s’étaient rencontré en l’An…

    Il rouvre les yeux, il est fatigué, il souhaite juste arrêter d’y penser, par n’importe quel moyen. Ça fait si longtemps et pourtant le trou dans sa poitrine lui fait toujours le même effet, la fadeur du monde est insupportable mais il est trop dénué de sensation pour vraiment en souffrir, ce cadenas qui pèse sur sa gorge chaque fois qu’il y pense, cette lourdeur… Il veut juste penser à autre chose.
    Qu’importe la drogue, sa main attrape un des sachets vide en espérant y trouver un reste.
    Qu’importe l’alcool, il inspecte quelques bouteilles en quête vaine d’un fond de liqueur.
    Qu’importe le moyen.
    Ses yeux se posent sur le corps inconscient à ses pieds.

    ”Réveille toi pétasse”

    Du bout des orteils il retourne le corps nu d’Arkady, les marques des sévices auxquels il s’est adonné sur elle ces trois derniers jours constellent sa peau de décorations rouges, violettes et blanches, des pellicules asséchées de fluides corporels ou des tâches tuméfiées. Malgré sa tentative de la réveiller, elle ne réagit pas.

    ”Hé.”

    Il donna un coup de pieds sur son cou, ne parvenant à en arracher qu’une toux réflexe, elle demeurait tout de même comateuse. Comme quoi les substances qu’il lui avait administré de force avaient peut-être un peu trop bien fait leurs travail.

    ”Hhhhh…”

    Elle respire toujours cela dit, il peut voir son ventre exposé se gonfler à un rythme faible, mais ostensible. Ses yeux parcourent les courbes de son nombril, descendent pour se perdre dans le creux de son pelvis, il tends une main vers le genou d’Arkady et écarte sa jambe pour révéler sa féminité une fois de plus. Tout s’enchaîne alors à une vitesse ahurissante.

    ***

    Pendant ce temps dans une des tentes de Mouj’Avi à une centaine de mètres de là, Violence observe avec délice les deux corps éclatés qui reposent en pièce par terre. Elle peut ressentir dans chaque fibre de son porteur sa rage et sa haine. La Corruption progresse toujours plus à l’intérieur de son hôte, récupérant désormais une grande partie de son côté droit et descendant même dans son dos et ses flancs. L’Arme Famélique est bien implantée dans l’hybride, et elle voit ses pensées s’envoler dans un tourbillon ravageur de fureur, une soif de réparation par la mort qu’il veut faire payer à tout ceux qui ont osé lever la main sur son sang. Profitant de son nouveau territoire sur le corps de l’hybride, le parasite manipule les vaisseaux sanguins principaux ouverts au niveau de la plaie dans le dos de son manieur pour stopper le saignement, c’est à peu près le mieux qu’elle puisse faire, elle est capable d’altérer le vivant, mais le reconstruire c’est pour le moment encore un poil au dessus de ses compétences.

    Prépare toi.

    Violence canalise sa magie dans le corps de son utilisateur et les envoie tout les deux discrètement se matérialiser à l’entrée de la tente de Caravage, pas de son, pas de lumière, pas d’effet magique. Juste leur apparition pure et simple devant le châle rose qui drape l’entrée. Ils pénètrent dans la pièce principale de la tente et aperçoivent le théâtre de luxure et de vice du baron de la pègre, mais Zaïn ne perds pas de temps à contempler l’étalage de richesse, ses yeux se fixent immédiatement sur Caravage et sa haine explose. Le type est assis sur un coussin, Arkady par terre à ses pieds, inconsciente, il a une main posée sur le genou de l’hybride. L’état de cette dernière paraît si faible qu’il est difficile de déterminer si elle est vivante, mourante ou déjà trépassée. Caravage tourne sa tête vers les nouveaux arrivants et les dévisage, sur sa tête, nulle surprise, nulle peur. Seul ses haussements de sourcils indiquent une quelconque expression de questionnement.

    ***


    ”Dégage de là toi.”

    Caravage se demande pour qui se type se prenait. Tant qu’il est en déplacement sa tente est pareil à sa chambre, personne hormis son intendant n’est autorisé à y entrer sans qu’il l’ait expressément demandé. Par contre le criminel comprends assez vite que l’invité n’est pas là pour discuter ou s’amuser, passé les quelques secondes d’incompréhension il remarque bien vite le langage corporel de celui qui se dresse maintenant devant lui et ses années d’évolution dans les bas-fonds de Kyouji lui ont donné toute l’éducation qu’il requiert pour saisir rapidement le but de son adversaire. Cependant lorsqu’il voit l’hybride s’avancer vers lui et amorcer un coup, l’elfe torse nu le laisse faire et ne bouge même pas.

    Si sa tente n’a pas de garde du corps, ce n’est pas parce que Mouj’Avi est normalement un endroit de paix, ce n’est pas non plus parce que Caravage se pense intouchable pour des raisons politiques ni parce qu’il accepterait la mort si celle ci venait en face de lui.
    Si Caravage ne fait pas garder sa tente, c’est pour deux raisons. De un la distraction d’un combat est ce qui lui permet encore de se changer les idées le plus efficacement possible, donc il préfère gérer les invités indésirables lui-même, et de deux c’est parce qu’à l’instar de celui qui l’attaque actuellement, lui non plus n’a jamais perdu un seul combat pour une excellente raison.

    Les yeux de Caravage observent le poing armé de Zaïn se décocher, ses iris jaunes notent la technique du geste avec admiration tandis que la main fuse vers son visage, celui là sait se battre. La vitesse est bonne, mais gérable, il a déjà affronté des gens bien plus agiles et rapides que ça, le dernier facteur qu’il lui reste à mesurer chez son adversaire est sa puissance, et alors que le coup n’est plus qu’à quelques centimètres de son nez, il sait qu’il aura très bientôt la réponse à cette question. Lorsque le métal de Violence crève la peau de l’elfe, l’absence de résistance est surprenant, l’Arme Famélique et la main de l’hybride s’enfoncent à l’intérieur du visage de Caravage sans rencontrer la moindre opposition. Comme si l’existence de l’elfe n’était qu’une illusion magique, la peau autour du point d’impact est simplement parcourue d’ondulations locales aux endroits où le bras de Zaïn rentre et ressort du crâne de Caravage. Violence ne ressent même pas de contact avec leur ennemi, elle ne parvient même pas à atteindre son esprit malgré la proximité. La mâchoire du baron semble soudainement s’animer à travers le membre du pugiliste:

    ”Pas mal.”

    Dans cette scène surréaliste où son visage n’est plus visible à cause du bras qui le traverse de part en part et ressort à l’arrière de sa tête, le corps de Caravage applaudit lentement sans conviction. Zaïn tente de rétracter son bras mais l’elfe l’attrape et l’empêche de faire, se penchant en fente vers l’avant pour ressortir sa tête à l’air libre et asséner un coup surprenamment puissant au bas ventre. Lui aussi il savait se battre.

    ”Vas-y montre moi un peu ce que tu sais faire.”

    Caravage se fichait de savoir pourquoi, ou comment le combattant était arrivé jusque là, mais tout ce qu’il savait, c’était qu’il venait de trouver un nouveau jouet qui l’occuperait un petit moment. Au sein de la pègre, avant qu’il ne monte en puissance et s’établisse comme un mastodonte des trafics de drogue et d’humains, il faisait des passes d’armes pour les comptes de ses employeurs, à ce moment là on ne l’appelait pas encore Caravage qui est une déformation de son vrai nom, on le désignait par “le Spectre Jaune”. Si aujourd’hui toutes les personnes pour qui cette appellation signifiait quelque chose étaient mortes mais pas forcément enterrées, Caravage n’en restait pas moins ce danger intangible qui tuait ses cibles à l’usure ou à la main grâce à sa magie héréditaire unique. Ayant crée un peu de distance avec sa contre-attaque sur Zaïn, Caravage se lève enfin de ses coussins, aplatissant les plis de son pantalon froissé pour paraître un tant soit peu présentable, il écarte ses bras en affichant pour la première fois un sourir sur ses lèvres. Alors qu’il prend la parole, les tatouages de serpents qui parcourent son torse et dépassent de sous sa ceinture se mettent à sinuer sur sa peau, rampant dans son dos, autour de ses bras, le long de son cou, de sa joue, passant à travers son oeil pour aller se perdre dans sa chevelure écarlate.

    ”Je te laisse l’honneur, chacun son tour.”

    Ses dents jaunes se dévoilent en un sourir amusé, il martèle son propre torse pour inviter son adversaire à l’imprudence, de toute façon, il a entièrement confiance en sa magie. En insufflant sa mana dans les parties de son corps, il est capable de le rendre éthéré dans une direction seulement, mais dans les combats physiques, une direction c’est tout ce dont il a besoin pour esquiver, frapper et parer.
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