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Année -30
Perséis se mouvait lentement entre les rayonnages de bois, chargés de fioles, de l'échoppe. Effets prétendus, couleur, viscosité, odeur, tarif, autant de facteurs qu'elle étudiait et analysait, subrepticement afin de ne pas dévoiler son jeu au commerçant, ou plutôt au concurrent, qui se tenait derrière le comptoir de l'établissement. Les quatre premiers révélaient souvent la plupart des ingrédients utilisés dans la préparation pour ses sens aguerris, le dernier était révélateur de son succès, et de l'approvisionnement de l'alchimiste.
La majorité ne présentait pas grand intérêt, mais parfois elle trouvait une concoction qui attirait son attention et qui méritait un examen plus approfondi. Elle l'achetait alors, telle une cliente ordinaire et profane, avant de se rendre dans son laboratoire et d'en extraire les secrets de fabrication. Le plus souvent, cela ne menait à rien qu'elle ne connaissait pas déjà, mais elle était d'une nature très consciencieuse, et en de très rares occasions, elle en tirait des savoirs qui venaient plus tard améliorer ses propres recettes, ou sa compréhension d'un ingrédient.
La boutique qu'elle explorait en ce jour ne semblait pas de celles qui satisfont sa curiosité ni sa soif de perfectionnement. Des potions toutes plus banales les unes que les autres s'enchainaient sur les étagères poussiéreuses, et leur qualité, passable pour la plupart, frisait parfois le ridicule. Prête à quitter ce simulacre d'établissement d'alchimie et à mettre un terme à cette pure perte de temps, la voix du commerçant, qu'elle ignorait jusque là, éveilla son intérêt.
- "Pardon ? Une potion de perte de mémoire, vous dites ? ... Ah, quatre ?" répéta-t'il, peinant visiblement à entendre son infortunée et bien malavisée cliente. "Un instant Madame, je vais vous chercher ça dans la réserve."
Une petite voix fluette, d'une extrême douceur fragile, presque trop timide pour s'adresser à un inconnu en public lui répondit, si bas que Perséis ne put discerner le moindre mot. Toutefois, elle avait cette prémonition étrange qu'elle ne lui était pas tout à fait inconnue...
Feignant de flâner à nouveau, Perséis se dirigea vers l'extrémité d'une allée, d'où elle pourrait jeter un regard à la mystérieuse cliente sans s'exposer à sa vue. De dos, la jolie silhouette fine, sublimée par une longue crinière blonde qui venait danser jusqu'au creux de ses reins, de ce qu'elle devinait être une très jeune femme se tenait face au comptoir alors que le vendeur s'en éloignait, vers l'arrière-boutique. Profitant des petits regards qu'elle jetait à gauche et à droite en attendant les articles les moins courants de sa commande, la sirène put avoir quelques brefs aperçus de ses traits.
Son splendide visage lui remémorait maintenant la raison pour laquelle cette voix lui était familière. L'apprentie alchimiste avait déjà vu cette jolie jeune femme, un mois auparavant, et une autre fois quelque mois plus tôt encore, dans l'échoppe où elle travaillait en tant qu'assistante, pour des emplettes tout ce qu'il y a de plus banales, à l'exception d'un détail : quatre potions de perte de mémoire.
Acheter autant de potion de ce type était intriguant. Le faire régulièrement était suspect. Le faire dans différentes boutiques était révélateur. Révélateur d'un secret que l'on souhaite dissimuler tant bien que mal.
Perséis quitta le commerce le plus naturellement du monde, comme une cliente déçue de n'avoir trouvé ce qu'elle était venue chercher. Elle attendit, quelque peu en retrait, que la jeune femme sorte à son tour, chargée de ses derniers achats. Une pièce à la main, elle questionna dans le sillage de cette douce créature les badauds qui semblaient plus alertes de leur environnement que le reste de la masse. Après quelques vaines tentatives, elle obtint la réponse qu'elle convoitait.
- "Ca ? C'est Dahlia, celle du vieil orphelinat du quartier d'à côté, les Jardins du Destin !"
Perséis était plus pauvre de quelques pièces, mais plus riche d'une information qui, elle n'en doutait pas, se révèlerait très prometteuse.
Deux mois plus tard
Affairée dans le laboratoire de l'arrière-boutique, Perséis broyait dans un mortier de pierre quelques herbes séchées jusqu'à obtenir une poudre très fine. Elle porta le récipient à ses narines, pour déceler l'odeur caractéristique que celle-ci dégageait quand elle était prête pour l'usage qu'elle s'apprêtait à en faire. Alors que, pas tout à fait satisfaite, elle reprenait son ouvrage, la porte de la boutique s'ouvrit. Elle posa le pilon sur le plan de travail, avant de se diriger vers le comptoir.
Alors qu'elle franchit l'embrasure de la porte, ce qu'elle vit lui plut énormément. Un régal pour les yeux, mais surtout pour ses ambitions.
Dahlia venait d'entrer dans son échoppe.
- "Bonjour Madame. Que puis-je faire pour vous ?"
Perséis se mouvait lentement entre les rayonnages de bois, chargés de fioles, de l'échoppe. Effets prétendus, couleur, viscosité, odeur, tarif, autant de facteurs qu'elle étudiait et analysait, subrepticement afin de ne pas dévoiler son jeu au commerçant, ou plutôt au concurrent, qui se tenait derrière le comptoir de l'établissement. Les quatre premiers révélaient souvent la plupart des ingrédients utilisés dans la préparation pour ses sens aguerris, le dernier était révélateur de son succès, et de l'approvisionnement de l'alchimiste.
La majorité ne présentait pas grand intérêt, mais parfois elle trouvait une concoction qui attirait son attention et qui méritait un examen plus approfondi. Elle l'achetait alors, telle une cliente ordinaire et profane, avant de se rendre dans son laboratoire et d'en extraire les secrets de fabrication. Le plus souvent, cela ne menait à rien qu'elle ne connaissait pas déjà, mais elle était d'une nature très consciencieuse, et en de très rares occasions, elle en tirait des savoirs qui venaient plus tard améliorer ses propres recettes, ou sa compréhension d'un ingrédient.
La boutique qu'elle explorait en ce jour ne semblait pas de celles qui satisfont sa curiosité ni sa soif de perfectionnement. Des potions toutes plus banales les unes que les autres s'enchainaient sur les étagères poussiéreuses, et leur qualité, passable pour la plupart, frisait parfois le ridicule. Prête à quitter ce simulacre d'établissement d'alchimie et à mettre un terme à cette pure perte de temps, la voix du commerçant, qu'elle ignorait jusque là, éveilla son intérêt.
- "Pardon ? Une potion de perte de mémoire, vous dites ? ... Ah, quatre ?" répéta-t'il, peinant visiblement à entendre son infortunée et bien malavisée cliente. "Un instant Madame, je vais vous chercher ça dans la réserve."
Une petite voix fluette, d'une extrême douceur fragile, presque trop timide pour s'adresser à un inconnu en public lui répondit, si bas que Perséis ne put discerner le moindre mot. Toutefois, elle avait cette prémonition étrange qu'elle ne lui était pas tout à fait inconnue...
Feignant de flâner à nouveau, Perséis se dirigea vers l'extrémité d'une allée, d'où elle pourrait jeter un regard à la mystérieuse cliente sans s'exposer à sa vue. De dos, la jolie silhouette fine, sublimée par une longue crinière blonde qui venait danser jusqu'au creux de ses reins, de ce qu'elle devinait être une très jeune femme se tenait face au comptoir alors que le vendeur s'en éloignait, vers l'arrière-boutique. Profitant des petits regards qu'elle jetait à gauche et à droite en attendant les articles les moins courants de sa commande, la sirène put avoir quelques brefs aperçus de ses traits.
Son splendide visage lui remémorait maintenant la raison pour laquelle cette voix lui était familière. L'apprentie alchimiste avait déjà vu cette jolie jeune femme, un mois auparavant, et une autre fois quelque mois plus tôt encore, dans l'échoppe où elle travaillait en tant qu'assistante, pour des emplettes tout ce qu'il y a de plus banales, à l'exception d'un détail : quatre potions de perte de mémoire.
Acheter autant de potion de ce type était intriguant. Le faire régulièrement était suspect. Le faire dans différentes boutiques était révélateur. Révélateur d'un secret que l'on souhaite dissimuler tant bien que mal.
Perséis quitta le commerce le plus naturellement du monde, comme une cliente déçue de n'avoir trouvé ce qu'elle était venue chercher. Elle attendit, quelque peu en retrait, que la jeune femme sorte à son tour, chargée de ses derniers achats. Une pièce à la main, elle questionna dans le sillage de cette douce créature les badauds qui semblaient plus alertes de leur environnement que le reste de la masse. Après quelques vaines tentatives, elle obtint la réponse qu'elle convoitait.
- "Ca ? C'est Dahlia, celle du vieil orphelinat du quartier d'à côté, les Jardins du Destin !"
Perséis était plus pauvre de quelques pièces, mais plus riche d'une information qui, elle n'en doutait pas, se révèlerait très prometteuse.
Deux mois plus tard
Affairée dans le laboratoire de l'arrière-boutique, Perséis broyait dans un mortier de pierre quelques herbes séchées jusqu'à obtenir une poudre très fine. Elle porta le récipient à ses narines, pour déceler l'odeur caractéristique que celle-ci dégageait quand elle était prête pour l'usage qu'elle s'apprêtait à en faire. Alors que, pas tout à fait satisfaite, elle reprenait son ouvrage, la porte de la boutique s'ouvrit. Elle posa le pilon sur le plan de travail, avant de se diriger vers le comptoir.
Alors qu'elle franchit l'embrasure de la porte, ce qu'elle vit lui plut énormément. Un régal pour les yeux, mais surtout pour ses ambitions.
Dahlia venait d'entrer dans son échoppe.
- "Bonjour Madame. Que puis-je faire pour vous ?"
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Les yeux rivés sur ses parchemins, Dahlia faisait la moue. Une de ses mains alla se balader dans sa chevelure dorée avant de méthodiquement frotter l’endroit qui la démangeait durant quelques secondes qui lui parurent des heures, comme si elle espérait que soulager ses maux physiques suffirait à effacer les pensées qui la tourmentaient. Tout partait d’un constat simple : ses provisions de potions de mémoire commençaient sérieusement à s’amoindrir. La directrice ne se souvenait point en avoir utilisé à outrance, mais force était de constater qu’elle n’avait pas été aussi pointilleuse qu’elle aurait dû l’être lors de sa dernière inspection.
Méfiante, la Fae ne confiait ses petits secrets à personne et même si son assistante passait le plus clair de son temps dans ses bureaux, elle n’avait nullement connaissance de l’emplacement de la clef de son armoire. De plus, la jeune femme avait opté pour des vitres teintées afin que son contenu soit impossible à distinguer. Quitte à attirer les soupçons, elle pouvait utiliser l’excuse la plus simple qu’il soit : les enfants s’émerveillent de peu, alors il vaut mieux ne pas leur donner l’envie de fourrer leur nez n’importe où en disposant des effets personnels à leur hauteur et dans leur champ de vision.
Elle trempa sa plume dans l’encre et hésita plusieurs secondes avant de commencer à lister rigoureusement toutes les échoppes de Liberty qui pouvaient l’intéresser. De grande renommée ou non, cela lui importait peu tant qu’ils prodiguaient leurs services à un prix raisonnable. Dahlia était directrice d’un orphelinat, à ce titre, elle ne possédait point les mêmes moyens qu’un noble, d’autant plus qu’elle passait difficilement inaperçue dans un rang social qui n’était pas le sien. Elle répertoria les noms, les prix, le nombre d’employés ainsi que la distance à laquelle se trouvait son établissement de chacune de ses boutiques, et une fois son catalogue terminé, elle se pencha sur la logique et l’organisation de ses visites. L’idéal serait d’avoir une fiche de route imprévisible, passer d’une échoppe à l’autre en suivant le même mode opératoire lui assurerait d’éveiller les suspicions, ce qu’elle désirait éviter à tout prix. Par acquit de conscience, elle prépara une excuse toute prête au fin fond de son esprit si quelqu’un venait à la questionner sur l’origine de ses achats. Une justification si brutale que nul n’oserait poser plus de questions que nécessaires, à moins d’être un authentique goujat.
Ainsi, durant de longs mois, Dahlia erra dans les rues de Liberty à la recherche de son dû : des potions de perte de mémoire à rajouter dans sa collection. Une fois qu’elle eut testé chaque décoction de chaque établissement, elle en raya plusieurs de son parchemin. Parfois le choix était arbitraire : la Fae n’aimait pas le regard que lui jetait l’alchimiste, la couleur de la devanture lui donnait la nausée, la vitrine changeait trop souvent… Mais le plus souvent, il s’agissait d’une question d’emplacement et surtout de qualité des breuvages fournis.
La Fae questionnait longuement ses enfants après ingestion pour vérifier qu’aucune bribe de souvenir ne pouvait leur revenir : elle ne pouvait risquer de voir leurs langues se délier sous le stress d’un possible interrogatoire. Certaines potions donnaient un résultat satisfaisant, d’autres n’avaient qu’un effet temporaire qui ne convenait absolument pas aux besoins de la directrice. Aussi, elle diminua progressivement la liste afin de n’en garder que cinq. Si elle gardait un bon rythme, elle pourrait maintenir ses stocks. Et si quelqu’un posait trop de questions… Disons qu’il aurait plutôt intérêt à garder ses antidotes sur sa table de nuit.
Ce matin-là, la directrice s’engouffra dans une ruelle de la capitale, tapotant son carnet entre ses doigts fins. L’échoppe qu’elle allait visiter aujourd’hui était à ses yeux une des plus fiables du quartier, dommage que ce fut une des plus chères. Poussant la porte avec une force risible, Dahlia s’immisça dans la boutique en prenant soin de ne bousculer aucune fiole sur les étagères. Elle comptait prendre sa commande et s’éclipser comme à son ordinaire. Après tout, personne ne s’arrêtait vraiment sur sa petite personne, si ce n’est pour son physique. Pourtant, une voix s’éleva depuis l’arrière-boutique, se rapprochant lentement de sa position. Elle leva un sourcil, s’arrêtant dans son mouvement. La jeune femme qui se tenait devant elle la fixait intensément, attendant une réponse à sa demande.
Très légèrement indisposée par ce qu’elle considérait comme une surprise, Dahlia déposa son bon de commande sur le comptoir et sa voix fluette vint briser le silence. « Bonjour. Quatre potions de perte de mémoire, je vous prie. Ainsi qu’une potion de vérité et un antidote. ». Ajouter des éléments communs à ses achats lui semblait être une couverture efficace, de plus on ne pouvait jamais manquer de décoctions de ce genre. La Fae se pencha un peu plus sur la demoiselle qui lui faisait face. Le visage sévère, les traits fins, une silhouette svelte… Quelque chose la dérangeait, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle orienta son regard vers les étagères remplies d’ingrédients en tout genre, décidant de mettre ses interrogations de côté pour le moment. Plus vite, elle s’en allait, moins elle se poserait de questions. Et Dahlia n’aimait pas l’incertitude.
Méfiante, la Fae ne confiait ses petits secrets à personne et même si son assistante passait le plus clair de son temps dans ses bureaux, elle n’avait nullement connaissance de l’emplacement de la clef de son armoire. De plus, la jeune femme avait opté pour des vitres teintées afin que son contenu soit impossible à distinguer. Quitte à attirer les soupçons, elle pouvait utiliser l’excuse la plus simple qu’il soit : les enfants s’émerveillent de peu, alors il vaut mieux ne pas leur donner l’envie de fourrer leur nez n’importe où en disposant des effets personnels à leur hauteur et dans leur champ de vision.
Elle trempa sa plume dans l’encre et hésita plusieurs secondes avant de commencer à lister rigoureusement toutes les échoppes de Liberty qui pouvaient l’intéresser. De grande renommée ou non, cela lui importait peu tant qu’ils prodiguaient leurs services à un prix raisonnable. Dahlia était directrice d’un orphelinat, à ce titre, elle ne possédait point les mêmes moyens qu’un noble, d’autant plus qu’elle passait difficilement inaperçue dans un rang social qui n’était pas le sien. Elle répertoria les noms, les prix, le nombre d’employés ainsi que la distance à laquelle se trouvait son établissement de chacune de ses boutiques, et une fois son catalogue terminé, elle se pencha sur la logique et l’organisation de ses visites. L’idéal serait d’avoir une fiche de route imprévisible, passer d’une échoppe à l’autre en suivant le même mode opératoire lui assurerait d’éveiller les suspicions, ce qu’elle désirait éviter à tout prix. Par acquit de conscience, elle prépara une excuse toute prête au fin fond de son esprit si quelqu’un venait à la questionner sur l’origine de ses achats. Une justification si brutale que nul n’oserait poser plus de questions que nécessaires, à moins d’être un authentique goujat.
Ainsi, durant de longs mois, Dahlia erra dans les rues de Liberty à la recherche de son dû : des potions de perte de mémoire à rajouter dans sa collection. Une fois qu’elle eut testé chaque décoction de chaque établissement, elle en raya plusieurs de son parchemin. Parfois le choix était arbitraire : la Fae n’aimait pas le regard que lui jetait l’alchimiste, la couleur de la devanture lui donnait la nausée, la vitrine changeait trop souvent… Mais le plus souvent, il s’agissait d’une question d’emplacement et surtout de qualité des breuvages fournis.
La Fae questionnait longuement ses enfants après ingestion pour vérifier qu’aucune bribe de souvenir ne pouvait leur revenir : elle ne pouvait risquer de voir leurs langues se délier sous le stress d’un possible interrogatoire. Certaines potions donnaient un résultat satisfaisant, d’autres n’avaient qu’un effet temporaire qui ne convenait absolument pas aux besoins de la directrice. Aussi, elle diminua progressivement la liste afin de n’en garder que cinq. Si elle gardait un bon rythme, elle pourrait maintenir ses stocks. Et si quelqu’un posait trop de questions… Disons qu’il aurait plutôt intérêt à garder ses antidotes sur sa table de nuit.
Ce matin-là, la directrice s’engouffra dans une ruelle de la capitale, tapotant son carnet entre ses doigts fins. L’échoppe qu’elle allait visiter aujourd’hui était à ses yeux une des plus fiables du quartier, dommage que ce fut une des plus chères. Poussant la porte avec une force risible, Dahlia s’immisça dans la boutique en prenant soin de ne bousculer aucune fiole sur les étagères. Elle comptait prendre sa commande et s’éclipser comme à son ordinaire. Après tout, personne ne s’arrêtait vraiment sur sa petite personne, si ce n’est pour son physique. Pourtant, une voix s’éleva depuis l’arrière-boutique, se rapprochant lentement de sa position. Elle leva un sourcil, s’arrêtant dans son mouvement. La jeune femme qui se tenait devant elle la fixait intensément, attendant une réponse à sa demande.
Très légèrement indisposée par ce qu’elle considérait comme une surprise, Dahlia déposa son bon de commande sur le comptoir et sa voix fluette vint briser le silence. « Bonjour. Quatre potions de perte de mémoire, je vous prie. Ainsi qu’une potion de vérité et un antidote. ». Ajouter des éléments communs à ses achats lui semblait être une couverture efficace, de plus on ne pouvait jamais manquer de décoctions de ce genre. La Fae se pencha un peu plus sur la demoiselle qui lui faisait face. Le visage sévère, les traits fins, une silhouette svelte… Quelque chose la dérangeait, mais elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Elle orienta son regard vers les étagères remplies d’ingrédients en tout genre, décidant de mettre ses interrogations de côté pour le moment. Plus vite, elle s’en allait, moins elle se poserait de questions. Et Dahlia n’aimait pas l’incertitude.
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La même voix ténue qu'entendue deux mois plus tôt dans cette pitoyable boutique, s'éleva dans la pièce, si tant est qu'on puisse le dire ainsi. Elle était comme le chant d'un très petit oiseau, doux, haut perché, à peine assez puissant pour qu'on le perçoive au pied de l'arbre dans lequel il est perché. Mais le chant de cet oiseau là semblait avoir tout perdu de la gaieté qu'on leur attribue souvent. Cette dualité, que Perséis n'avait pas saisie plus tôt, la perturba pendant un imperceptible instant. Ce serait mentir de dire qu'elle s'inquiétait pour la jolie créature sous ses yeux, mais l'analyse constante de tout ce qui l'entourait était une caractéristique fondamentale de sa personne. Mais l'heure n'était pas à ce questionnement.
L'opportunité qui se présentait aujourd'hui, elle l'attendait depuis suffisamment longtemps pour ne pas la laisser passer. Elle baissa les yeux sur la note qu'elle prit de ses doigts fins.
Un antidote, rien de surprenant.
Une potion de vérité, ça l'était déjà un peu plus pour un orphelinat, mais elle se dit qu'il devait parfois être essentiel d'apprendre les détails de la bévue qu'un enfant turbulent avait pu commettre, avant qu'il ne soit trop tard.
Quatre potions de perte de mémoire, là les choses devenaient intéressantes. Le point commun à toutes les commandes, dans tous les établissements. Et dans une quantité significative qui plus est. Encore une fois, le reste n'était qu'une couverture.
Malgré la courte seconde de trouble causée par ce qui lui paraissait maintenant presque comme une dissonance entre l'apparence et la voix de la jeune femme d'un côté, et cette ... froideur, de l'autre, Perséis garda un visage fermé, comme à son habitude. Il s'agissait de ne trahir aucune émotion. La cliente en face d'elle se voulait secrète, et la sirène avait des projets à son égard, alors elle se devait de paraître capable de garder son impassibilité. D'une voix neutre, mais pas désobligeante pour autant – aujourd'hui elle était, à son grand dam, avant tout une simple commerçante –, elle lui répondit, en relevant les yeux de la note et en les plongeant dans les siens :
- "Bien sûr. Laissez-moi juste un instant, je vais rassembler vos articles."
Elle s'éclipsa d'une démarche résolue dans l'arrière-boutique de l'établissement. Elle attrapa deux flacons sur les étagères remplies de fioles colorées d'une main experte, sans la moindre hésitation. Elle connaissait chaque recoin de cette boutique. Ce n'était pas la sienne, mais elle avait toujours eu une organisation très pointilleuse, et le vieux Tisserin, propriétaire d'un naturel désordonné, la laissait procéder comme elle l'entendait sur ce point.
Elle se dirigea vers le fond de l'arrière-boutique, ou en retrait du reste, attendaient quatre fioles, seules. Les quatre potions de perte de mémoire.
C'était une potion peu commune, et d'ordinaire, il n'y en avait rarement plus d'une ou deux préparées à l'avance. Mais il était hors de question de faire attendre cette cliente là, pas cette fois, et encore moins de la faire revenir le lendemain. Perséis les avait préparées spécifiquement pour Dahlia, et en y mettant le plus grand soin. Elle ne bâclait jamais aucune préparation, mais dans un commerce de ce genre, certains légers sacrifices, sur les ingrédients ou les étapes de concoction, étaient parfois faits au nom du profit. Pas sur celles-ci. Elles étaient parfaites.
Perséis plaça les six fioles sur un plateau à bords hauts, conçus spécialement pour transporter un petit nombre de potions sans risquer qu'elles ne s'entrechoquent ou n'en tombent. Avant de quitter la pièce, elle se pencha rapidement sur le bureau, et saisit un morceau de parchemin. Elle avait déjà réfléchi à de nombreuses reprises à ce moment, et chaque geste était prévu à l'avance, calculé avec minutie. Et chacun des mots qu'elle allait inscrire sur le parchemin l'était aussi. Elle aurait pu rédiger ce même message, à la virgule près, deux mois plus tôt quand elle avait élaboré son plan. Mais elle tenait à ce que l'encre encore fraîche révèle une spontanéité feinte. Dahlia était à n'en pas douter très prudente, et si quoi que ce soit laissait paraître que les intentions de Perséis découlaient de plusieurs mois de préparation, la dame des Jardins du Destin risquait de se sentir épiée, et par conséquent, en danger.
"Madame,
Vous semblez avoir un besoin auquel je peux apporter une solution commode et durable.
Je me tiendrai demain, seule, peu après la tombée de la nuit, à l'ombre du grand érable de la place éponyme."
Elle secoua légèrement le parchemin, pour que l'encre sèche un tant soit peu et éviter qu'elle ne s'épanche, avant de le plier soigneusement en deux.
Une missive courte, qui présentait ses intentions de manière concise. Un rendez-vous auquel la concernée était libre de se rendre ou non, seule ou accompagnée, à une heure où sa présence ne serait que très peu remarquée. Aucune trace d'une quelconque information personnelle que Perséis pourrait avoir, pour ne pas l'effrayer, pas même son nom. Un lieu judicieusement choisi, assez proche de l'orphelinat pour ne pas importuner la jeune femme, mais suffisamment loin pour ne pas révéler qu'elle connaissait son emplacement. En s'appuyant sur le peu qu'elle avait appris sur Dahlia, Perséis estimait que c'était la recette parfaite pour obtenir cette audience. La directrice de l'orphelinat serait méfiante, voire même réticente face à ce message, mais c'était l'option qui lui offrait le plus de chances de réussite.
Elle glissa le parchemin entre les quatre fioles de potion de perte de mémoire. Même le placement n'était pas laissé au hasard. D'une main sûre, elle s'empara du plateau et se dirigea vers le comptoir, pour délivrer à la cliente ses achats du jour. Surveillant subrepticement si le regard de la magnifique jeune femme semblait se poser sur l'élément le plus important du plateau, elle déposa délicatement ce dernier devant elle.
- "Voici pour vous, Madame. Vous pouvez emmener le plateau si vous le souhaitez. Si ce sera tout, cela fera vingt pièces d'argent."
L'opportunité qui se présentait aujourd'hui, elle l'attendait depuis suffisamment longtemps pour ne pas la laisser passer. Elle baissa les yeux sur la note qu'elle prit de ses doigts fins.
Un antidote, rien de surprenant.
Une potion de vérité, ça l'était déjà un peu plus pour un orphelinat, mais elle se dit qu'il devait parfois être essentiel d'apprendre les détails de la bévue qu'un enfant turbulent avait pu commettre, avant qu'il ne soit trop tard.
Quatre potions de perte de mémoire, là les choses devenaient intéressantes. Le point commun à toutes les commandes, dans tous les établissements. Et dans une quantité significative qui plus est. Encore une fois, le reste n'était qu'une couverture.
Malgré la courte seconde de trouble causée par ce qui lui paraissait maintenant presque comme une dissonance entre l'apparence et la voix de la jeune femme d'un côté, et cette ... froideur, de l'autre, Perséis garda un visage fermé, comme à son habitude. Il s'agissait de ne trahir aucune émotion. La cliente en face d'elle se voulait secrète, et la sirène avait des projets à son égard, alors elle se devait de paraître capable de garder son impassibilité. D'une voix neutre, mais pas désobligeante pour autant – aujourd'hui elle était, à son grand dam, avant tout une simple commerçante –, elle lui répondit, en relevant les yeux de la note et en les plongeant dans les siens :
- "Bien sûr. Laissez-moi juste un instant, je vais rassembler vos articles."
Elle s'éclipsa d'une démarche résolue dans l'arrière-boutique de l'établissement. Elle attrapa deux flacons sur les étagères remplies de fioles colorées d'une main experte, sans la moindre hésitation. Elle connaissait chaque recoin de cette boutique. Ce n'était pas la sienne, mais elle avait toujours eu une organisation très pointilleuse, et le vieux Tisserin, propriétaire d'un naturel désordonné, la laissait procéder comme elle l'entendait sur ce point.
Elle se dirigea vers le fond de l'arrière-boutique, ou en retrait du reste, attendaient quatre fioles, seules. Les quatre potions de perte de mémoire.
C'était une potion peu commune, et d'ordinaire, il n'y en avait rarement plus d'une ou deux préparées à l'avance. Mais il était hors de question de faire attendre cette cliente là, pas cette fois, et encore moins de la faire revenir le lendemain. Perséis les avait préparées spécifiquement pour Dahlia, et en y mettant le plus grand soin. Elle ne bâclait jamais aucune préparation, mais dans un commerce de ce genre, certains légers sacrifices, sur les ingrédients ou les étapes de concoction, étaient parfois faits au nom du profit. Pas sur celles-ci. Elles étaient parfaites.
Perséis plaça les six fioles sur un plateau à bords hauts, conçus spécialement pour transporter un petit nombre de potions sans risquer qu'elles ne s'entrechoquent ou n'en tombent. Avant de quitter la pièce, elle se pencha rapidement sur le bureau, et saisit un morceau de parchemin. Elle avait déjà réfléchi à de nombreuses reprises à ce moment, et chaque geste était prévu à l'avance, calculé avec minutie. Et chacun des mots qu'elle allait inscrire sur le parchemin l'était aussi. Elle aurait pu rédiger ce même message, à la virgule près, deux mois plus tôt quand elle avait élaboré son plan. Mais elle tenait à ce que l'encre encore fraîche révèle une spontanéité feinte. Dahlia était à n'en pas douter très prudente, et si quoi que ce soit laissait paraître que les intentions de Perséis découlaient de plusieurs mois de préparation, la dame des Jardins du Destin risquait de se sentir épiée, et par conséquent, en danger.
"Madame,
Vous semblez avoir un besoin auquel je peux apporter une solution commode et durable.
Je me tiendrai demain, seule, peu après la tombée de la nuit, à l'ombre du grand érable de la place éponyme."
Elle secoua légèrement le parchemin, pour que l'encre sèche un tant soit peu et éviter qu'elle ne s'épanche, avant de le plier soigneusement en deux.
Une missive courte, qui présentait ses intentions de manière concise. Un rendez-vous auquel la concernée était libre de se rendre ou non, seule ou accompagnée, à une heure où sa présence ne serait que très peu remarquée. Aucune trace d'une quelconque information personnelle que Perséis pourrait avoir, pour ne pas l'effrayer, pas même son nom. Un lieu judicieusement choisi, assez proche de l'orphelinat pour ne pas importuner la jeune femme, mais suffisamment loin pour ne pas révéler qu'elle connaissait son emplacement. En s'appuyant sur le peu qu'elle avait appris sur Dahlia, Perséis estimait que c'était la recette parfaite pour obtenir cette audience. La directrice de l'orphelinat serait méfiante, voire même réticente face à ce message, mais c'était l'option qui lui offrait le plus de chances de réussite.
Elle glissa le parchemin entre les quatre fioles de potion de perte de mémoire. Même le placement n'était pas laissé au hasard. D'une main sûre, elle s'empara du plateau et se dirigea vers le comptoir, pour délivrer à la cliente ses achats du jour. Surveillant subrepticement si le regard de la magnifique jeune femme semblait se poser sur l'élément le plus important du plateau, elle déposa délicatement ce dernier devant elle.
- "Voici pour vous, Madame. Vous pouvez emmener le plateau si vous le souhaitez. Si ce sera tout, cela fera vingt pièces d'argent."
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Durant l’absence de la commerçante, la Fae laissa son regard divaguer sur les nombreuses étagères en bois qui l’entouraient. Elle avait une impression de déjà vu qui la mettait mal à l’aise. Toutes les échoppes se ressemblaient, vendaient les mêmes produits, s’adressaient à elle de la même façon. Dans un sens, elle appréciait cette homogénéité qui lui permettait de passer relativement inaperçue, après tout les marchands voyaient un bon nombre de clients par jour, il leur aurait été difficile de se souvenir d’un visage en particulier. La directrice oubliait souvent ses particularités physiques, se disant qu’elle était aussi passe-partout que Madame tout le monde. La vérité était que personne n’oubliait son visage ou sa présence, à son plus grand dam. Elle tendit la main vers une des potions aux reflets multicolores qui attirait son attention. Saisissant l’étiquette délicatement, elle plissa les yeux pour lire l’inscription. « Philtre d’amour ». Un léger sourire vint orner ses traits fins. L’amour… Une notion que la jeune femme ne connaissait que trop peu. Pourtant, à l’évocation de ce mot, une seule personne lui venait en tête.
Le retour de la vendeuse fit sortir Dahlia de ses rêveries. Elle se retourna, reprenant son ton neutre et son visage fermé avant de se pencher sur le contenu du plateau. Elle y repéra le bout de parchemin mais décida de faire comme si de rien n’était, s’assurant tout d’abord que sa commande était complète. Une fois qu’elle fut assurée que rien n’avait été oublié, elle plongea sa main dans sa sacoche, en sortit sa bourse ainsi que les pièces d’argent pour régler de ce qu’elle devait. Durant cet échange, elle n’accorda aucune attention à la demoiselle qui lui faisait face, pas même un regard. Elle ne l’évitait point, néanmoins par mesure de précaution elle préférait s’éclipser rapidement sans faire de vagues. Un petit mot tel que celui-ci pouvait rapidement prendre des proportions énormes. La Fae prit le plateau entre ses mains, se mit à tanguer pendant quelques secondes le temps de trouver un équilibre correct puis tourna les talons pour quitter les lieux. « Merci. Bonne journée. ».
Dahlia trouva son chemin jusqu’à son orphelinat et s’empressa de déposer les potions dans sa réserve personnelle, en hauteur, qu’elle atteint en quelques battements d’ailes. Il était primordial que sa cachette soit parfaitement inaccessible autant pour les enfants que pour son personnel et sa nature de Fae lui permettait au moins ce privilège. Elle s’empara du plateau vide et alla le déposer sur son bureau. Pendant de longues secondes elle fixa le parchemin comme s’il allait se dévoiler à elle sans qu’elle ne prenne le temps de le lire. En réalité, la jeune femme hésitait. Cela ne ressemblait pas à un banal bon de livraison et la commerçante n’avait pas attiré son attention sur ce dernier, aussi il ne pouvait s’agir que d’une missive personnelle. Mais qu’est-ce qu’une alchimiste pouvait bien lui vouloir ? Ses mains s’approchèrent lentement du papier qu’elle saisit enfin pour en lire le contenu. A l’évocation d’un rendez-vous nocturne, elle fronça les sourcils. Ce genre d’entrevues ne lui plaisait pas réellement, et d’ordinaire elle aurait probablement jeté la missive à la poubelle sans y accorder plus d’attention. Néanmoins l’alchimiste avait réussi à titiller sa curiosité et Dahlia ne se connaissait que trop bien : cette histoire continuerait de la tracasser tant qu’elle n’en obtenait pas le fin mot.
Le soir venu, la directrice s’avança à pas de velours vers le lieu de rendez-vous, sous le grand érable qui bordait la place. L’endroit était d’un calme et d’un silence presque religieux. Posté non loin, un de ses orphelins en âge de se défendre attendait. Dahlia ne pouvait se permettre de demander à un de ses gardiens de l’accompagner, mais elle pouvait tout à fait faire monter la garde à un de ses enfants les plus âgés. La Fae replaça la dague qui ornait sa cuisse d’un mouvement de main gracile et discret avant de chercher du regard son interlocutrice. La demoiselle n’avait pas spécifié d’heures, aussi il était parfaitement possible qu’elle soit arrivée en avance où qu’elles se soient loupées de peu. Dahlia s’adossa contre l’érable et haussa la voix pour se faire remarquer dans le silence et dans la pénombre. « Je suis là, à présent. Qu’est-ce que vous voulez ? ». Son ton était sec, presque accusateur, contrastant complètement avec la voix qu'elle arborait en public. La Fae voyait ce rendez-vous comme une potentielle menace et à ce titre, elle prenait toutes les précautions nécessaires. Alchimiste ou pas alchimiste, l’inconnue aurait beau s’étouffer avec ses antidotes, si elle se comportait mal, elle ne verrait pas la lumière du jour.
Le retour de la vendeuse fit sortir Dahlia de ses rêveries. Elle se retourna, reprenant son ton neutre et son visage fermé avant de se pencher sur le contenu du plateau. Elle y repéra le bout de parchemin mais décida de faire comme si de rien n’était, s’assurant tout d’abord que sa commande était complète. Une fois qu’elle fut assurée que rien n’avait été oublié, elle plongea sa main dans sa sacoche, en sortit sa bourse ainsi que les pièces d’argent pour régler de ce qu’elle devait. Durant cet échange, elle n’accorda aucune attention à la demoiselle qui lui faisait face, pas même un regard. Elle ne l’évitait point, néanmoins par mesure de précaution elle préférait s’éclipser rapidement sans faire de vagues. Un petit mot tel que celui-ci pouvait rapidement prendre des proportions énormes. La Fae prit le plateau entre ses mains, se mit à tanguer pendant quelques secondes le temps de trouver un équilibre correct puis tourna les talons pour quitter les lieux. « Merci. Bonne journée. ».
Dahlia trouva son chemin jusqu’à son orphelinat et s’empressa de déposer les potions dans sa réserve personnelle, en hauteur, qu’elle atteint en quelques battements d’ailes. Il était primordial que sa cachette soit parfaitement inaccessible autant pour les enfants que pour son personnel et sa nature de Fae lui permettait au moins ce privilège. Elle s’empara du plateau vide et alla le déposer sur son bureau. Pendant de longues secondes elle fixa le parchemin comme s’il allait se dévoiler à elle sans qu’elle ne prenne le temps de le lire. En réalité, la jeune femme hésitait. Cela ne ressemblait pas à un banal bon de livraison et la commerçante n’avait pas attiré son attention sur ce dernier, aussi il ne pouvait s’agir que d’une missive personnelle. Mais qu’est-ce qu’une alchimiste pouvait bien lui vouloir ? Ses mains s’approchèrent lentement du papier qu’elle saisit enfin pour en lire le contenu. A l’évocation d’un rendez-vous nocturne, elle fronça les sourcils. Ce genre d’entrevues ne lui plaisait pas réellement, et d’ordinaire elle aurait probablement jeté la missive à la poubelle sans y accorder plus d’attention. Néanmoins l’alchimiste avait réussi à titiller sa curiosité et Dahlia ne se connaissait que trop bien : cette histoire continuerait de la tracasser tant qu’elle n’en obtenait pas le fin mot.
Le soir venu, la directrice s’avança à pas de velours vers le lieu de rendez-vous, sous le grand érable qui bordait la place. L’endroit était d’un calme et d’un silence presque religieux. Posté non loin, un de ses orphelins en âge de se défendre attendait. Dahlia ne pouvait se permettre de demander à un de ses gardiens de l’accompagner, mais elle pouvait tout à fait faire monter la garde à un de ses enfants les plus âgés. La Fae replaça la dague qui ornait sa cuisse d’un mouvement de main gracile et discret avant de chercher du regard son interlocutrice. La demoiselle n’avait pas spécifié d’heures, aussi il était parfaitement possible qu’elle soit arrivée en avance où qu’elles se soient loupées de peu. Dahlia s’adossa contre l’érable et haussa la voix pour se faire remarquer dans le silence et dans la pénombre. « Je suis là, à présent. Qu’est-ce que vous voulez ? ». Son ton était sec, presque accusateur, contrastant complètement avec la voix qu'elle arborait en public. La Fae voyait ce rendez-vous comme une potentielle menace et à ce titre, elle prenait toutes les précautions nécessaires. Alchimiste ou pas alchimiste, l’inconnue aurait beau s’étouffer avec ses antidotes, si elle se comportait mal, elle ne verrait pas la lumière du jour.
Invité
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Pour l'œil d'un observateur lambda, il aurait été difficile de déterminer si la timide cliente avait ou non remarqué la présence de la note. Elle n'avait laissé paraître aucune surprise, et son regard ne semblait pas particulièrement fuyant, mais considérait avec attention chaque flacon placé sur le plateau. Elle avait pris bien plus que le temps de s'assurer qu'aucun article ne manquait... Et quand son petit jeu fut fini, elle tourna les talons et s'éclipsa, avec une dernière politesse expéditive.
Mais Perséis n'était pas dupe. Une personne aussi méfiante que cette jeune femme n'aurait pas manqué le moindre détail, pas alors qu'elle avait minutieusement pris soin de vérifier le contenu du plateau. Son ignorance était feinte, rien de plus. La sirène aurait préféré revoir le petit sourire qu'elle avait esquissé, en son absence, en posant les yeux sur une des fioles près du comptoir, plutôt que ce départ précipité. Elle avait à peine pu le saisir, quel dommage. Ce sourire, d'ailleurs, devant un philtre d'amour, voilà qui n'était pas anodin... Mais c'était là une considération pour un autre moment.
Dahlia quitta l'échoppe, non sans chanceler un bref instant. Était-elle troublée par quelque chose ? Peut-être... Peut-être que la présence de cette missive à son égard l'avait plus ébranlée que ce à quoi Perséis s'attendait. Si son contenu était de nature romantique, elle se serait probablement délectée de ce trouble, mais dans sa situation, il ne s'agissait pas d'un signe encourageant. S'il y a bien une chose que la sirène ne comptait pas faire à cette jolie jeune femme, c'était l'effrayer.
Les derniers rayons du soleil finissaient de plonger sous l'horizon masqué par une enfilade de bâtiments. Le ciel se teintait de ce bleu foncé qui marquait la fin du crépuscule. L'heure approximative du rendez-vous approchait, mais Perséis attendait déjà bien en retrait de la place. Il n'était pas envisageable de faire souffrir un quelconque retard à celle qu'elle attendait ce soir, mais plus important encore, elle tenait à prendre place avant elle. La sirène ne disposait ni d'une quelconque arme, dont elle ne saurait que faire, ni d'une garde d'aucune sorte. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, et assurer sa sécurité quand ses activités coquetait avec l'illégalité passait avant tout par une vigilance constante, une planification méticuleuse, et une anticipation circonspecte.
Alors qu'elle vit, au détour d'une des rues qui donnaient sur la petite place, la silhouette gracieuse de Dahlia approcher, suivie de celle plus forte de ce qui devait sans doute représenter son escorte, Perséis se glissa dans l'ombre d'un bâtiment proche du grand arbre. Si les intentions de la jeune femme étaient hostiles, elle aurait emmené davantage d'hommes. A l'inverse, elle aurait été stupide de s'aventurer ici seule. Ces quartiers ne sont pas dangereux, mais un rendez-vous nocturne posé par une inconnue n'augure rien qui ne mérite pas au moins un brin de méfiance. Accepter une entrevue dont le lieu est fixé par une autre partie, c'est s'exposer au risque de se retrouver en position de faiblesse, en terrain conquis.
Alors qu'elle venait de s'adosser à l'arbre, à quelques mètres devant la sirène, la voix de Dahlia vint briser le silence de la nuit tombante. Elle n'était en rien similaire à ce que Perséis avait entendu de sa bouche jusque là. Froide, intransigeante, presque accusatrice. Ce ton là révélait une force de caractère que l'alchimiste n'avait jusqu'alors pu qu'imaginer, et cela la ravissait plus encore que le délicat sourire entraperçu plutôt. S'il y a bien une chose qu'elle aimait plus qu'une belle jeune femme, c'était une belle jeune femme forte.
Elle quitta les ombres de son pas habituel, calme, ferme et mesuré. Le bruit de ses talons ne manqua pas d'annoncer sa présence, avant qu'elle ne s'adresse à son interlocutrice.
- "Je vous suis reconnaissante d'avoir accepté cette entrevue. Je tiens également à vous présenter mes excuses pour la sobriété de mon invitation, je ne souhaitais pas m'épancher sur une missive dont j'ignorais la destinée. Et également pour ce cadre peu engageant. Je serais ravie de m'entretenir avec vous un autre jour dans des conditions plus ... attrayantes, mais j'ai jugé que la discrétion valait plus que le charme aujourd'hui."
La politesse était de rigueur compte tenu de la situation. Perséis, même si elle avait des raisons qu'elle estimait plus que valables, avait fait venir cette jolie demoiselle, après le coucher du soleil, à un rendez-vous mystérieux, dans l'ombre d'une place peu fréquentée.
Plantant son regard dans les yeux de Dahlia, dont la couleur, celle d'un feu vif qui semblait pourtant éteint en elle, contrastait délicieusement avec l'atmosphère nocturne sous la lueur bleuâtre des lanternes magiques de la place, Perséis laissa filer quelques courtes secondes avant de prendre une légère inspiration.
- "Laissez-moi me présenter, Perséis d'Oreithye. J'ai personnellement préparé ces dernières potions, dont la qualité saura, je n'en doute pas, vous contenter. Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous semblez avoir un besoin inhabituel d'un certain type de préparations, et je ne puis qu'imaginer que son approvisionnement constant doit vous coûter cher, que ce soit en argent, en temps, ou en... discrétion. Je serais claire avec vous. Vos secrets et vos intentions ne m'intéressent pas, et me concernent moins encore, ce qui, j'en suis sûre, vous sied parfaitement. En revanche, je suis en mesure de combler votre besoin, en préservant cette discrétion que je mentionnais précédemment. Toute commande restera entre vous et moi, et je ferai parvenir au lieu de votre convenance les produits demandés, de manière régulière si vous le souhaitez. Les frais seront, par ailleurs, bien inférieurs à ceux d'achats isolés à travers plusieurs boutiques dans toute la ville..."
Elle se fendit d'un léger sourire, et s'inclina légèrement dans sa direction, comme pour s'ouvrir davantage à elle.
- "Vous aurez l'occasion de constater par vous-même que les potions que je vous ai fournies hier surpassent largement celles que vous avez pu vous procurer jusqu'à aujourd'hui. Je suis sûre que ce ne serait que le début d'une collaboration durable et bénéficiable pour vos affaires comme pour les miennes. Prenez tout le temps que vous souhaitez avant de m'adresser votre réponse. Faites simplement en sorte que celle-ci me soit remise en mains propres. Nous avons tous les deux beaucoup à perdre si ces choses s'ébruitent, alors autant préserver ce secret avec la rigueur qui s'impose..."
Même si cette dernière phrase n'était là que pour signifier à Dahlia que chacune avait désormais un secret sur l'autre, comme une garantie à double tranchant qui exposait autant la sirène qu'elle-même, tout n'était pas que des paroles destinées à lui vendre les mérites de leur collaboration à venir. L'alchimiste tenait sincèrement à cet espoir de développer son activité dans une certaine proximité avec l'orphelinat. Pour ses desseins, il serait un atout essentiel, mais l'arrangement ne serait pas à sens unique, loin de là.
Mais Perséis n'était pas dupe. Une personne aussi méfiante que cette jeune femme n'aurait pas manqué le moindre détail, pas alors qu'elle avait minutieusement pris soin de vérifier le contenu du plateau. Son ignorance était feinte, rien de plus. La sirène aurait préféré revoir le petit sourire qu'elle avait esquissé, en son absence, en posant les yeux sur une des fioles près du comptoir, plutôt que ce départ précipité. Elle avait à peine pu le saisir, quel dommage. Ce sourire, d'ailleurs, devant un philtre d'amour, voilà qui n'était pas anodin... Mais c'était là une considération pour un autre moment.
Dahlia quitta l'échoppe, non sans chanceler un bref instant. Était-elle troublée par quelque chose ? Peut-être... Peut-être que la présence de cette missive à son égard l'avait plus ébranlée que ce à quoi Perséis s'attendait. Si son contenu était de nature romantique, elle se serait probablement délectée de ce trouble, mais dans sa situation, il ne s'agissait pas d'un signe encourageant. S'il y a bien une chose que la sirène ne comptait pas faire à cette jolie jeune femme, c'était l'effrayer.
Les derniers rayons du soleil finissaient de plonger sous l'horizon masqué par une enfilade de bâtiments. Le ciel se teintait de ce bleu foncé qui marquait la fin du crépuscule. L'heure approximative du rendez-vous approchait, mais Perséis attendait déjà bien en retrait de la place. Il n'était pas envisageable de faire souffrir un quelconque retard à celle qu'elle attendait ce soir, mais plus important encore, elle tenait à prendre place avant elle. La sirène ne disposait ni d'une quelconque arme, dont elle ne saurait que faire, ni d'une garde d'aucune sorte. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, et assurer sa sécurité quand ses activités coquetait avec l'illégalité passait avant tout par une vigilance constante, une planification méticuleuse, et une anticipation circonspecte.
Alors qu'elle vit, au détour d'une des rues qui donnaient sur la petite place, la silhouette gracieuse de Dahlia approcher, suivie de celle plus forte de ce qui devait sans doute représenter son escorte, Perséis se glissa dans l'ombre d'un bâtiment proche du grand arbre. Si les intentions de la jeune femme étaient hostiles, elle aurait emmené davantage d'hommes. A l'inverse, elle aurait été stupide de s'aventurer ici seule. Ces quartiers ne sont pas dangereux, mais un rendez-vous nocturne posé par une inconnue n'augure rien qui ne mérite pas au moins un brin de méfiance. Accepter une entrevue dont le lieu est fixé par une autre partie, c'est s'exposer au risque de se retrouver en position de faiblesse, en terrain conquis.
Alors qu'elle venait de s'adosser à l'arbre, à quelques mètres devant la sirène, la voix de Dahlia vint briser le silence de la nuit tombante. Elle n'était en rien similaire à ce que Perséis avait entendu de sa bouche jusque là. Froide, intransigeante, presque accusatrice. Ce ton là révélait une force de caractère que l'alchimiste n'avait jusqu'alors pu qu'imaginer, et cela la ravissait plus encore que le délicat sourire entraperçu plutôt. S'il y a bien une chose qu'elle aimait plus qu'une belle jeune femme, c'était une belle jeune femme forte.
Elle quitta les ombres de son pas habituel, calme, ferme et mesuré. Le bruit de ses talons ne manqua pas d'annoncer sa présence, avant qu'elle ne s'adresse à son interlocutrice.
- "Je vous suis reconnaissante d'avoir accepté cette entrevue. Je tiens également à vous présenter mes excuses pour la sobriété de mon invitation, je ne souhaitais pas m'épancher sur une missive dont j'ignorais la destinée. Et également pour ce cadre peu engageant. Je serais ravie de m'entretenir avec vous un autre jour dans des conditions plus ... attrayantes, mais j'ai jugé que la discrétion valait plus que le charme aujourd'hui."
La politesse était de rigueur compte tenu de la situation. Perséis, même si elle avait des raisons qu'elle estimait plus que valables, avait fait venir cette jolie demoiselle, après le coucher du soleil, à un rendez-vous mystérieux, dans l'ombre d'une place peu fréquentée.
Plantant son regard dans les yeux de Dahlia, dont la couleur, celle d'un feu vif qui semblait pourtant éteint en elle, contrastait délicieusement avec l'atmosphère nocturne sous la lueur bleuâtre des lanternes magiques de la place, Perséis laissa filer quelques courtes secondes avant de prendre une légère inspiration.
- "Laissez-moi me présenter, Perséis d'Oreithye. J'ai personnellement préparé ces dernières potions, dont la qualité saura, je n'en doute pas, vous contenter. Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vous semblez avoir un besoin inhabituel d'un certain type de préparations, et je ne puis qu'imaginer que son approvisionnement constant doit vous coûter cher, que ce soit en argent, en temps, ou en... discrétion. Je serais claire avec vous. Vos secrets et vos intentions ne m'intéressent pas, et me concernent moins encore, ce qui, j'en suis sûre, vous sied parfaitement. En revanche, je suis en mesure de combler votre besoin, en préservant cette discrétion que je mentionnais précédemment. Toute commande restera entre vous et moi, et je ferai parvenir au lieu de votre convenance les produits demandés, de manière régulière si vous le souhaitez. Les frais seront, par ailleurs, bien inférieurs à ceux d'achats isolés à travers plusieurs boutiques dans toute la ville..."
Elle se fendit d'un léger sourire, et s'inclina légèrement dans sa direction, comme pour s'ouvrir davantage à elle.
- "Vous aurez l'occasion de constater par vous-même que les potions que je vous ai fournies hier surpassent largement celles que vous avez pu vous procurer jusqu'à aujourd'hui. Je suis sûre que ce ne serait que le début d'une collaboration durable et bénéficiable pour vos affaires comme pour les miennes. Prenez tout le temps que vous souhaitez avant de m'adresser votre réponse. Faites simplement en sorte que celle-ci me soit remise en mains propres. Nous avons tous les deux beaucoup à perdre si ces choses s'ébruitent, alors autant préserver ce secret avec la rigueur qui s'impose..."
Même si cette dernière phrase n'était là que pour signifier à Dahlia que chacune avait désormais un secret sur l'autre, comme une garantie à double tranchant qui exposait autant la sirène qu'elle-même, tout n'était pas que des paroles destinées à lui vendre les mérites de leur collaboration à venir. L'alchimiste tenait sincèrement à cet espoir de développer son activité dans une certaine proximité avec l'orphelinat. Pour ses desseins, il serait un atout essentiel, mais l'arrangement ne serait pas à sens unique, loin de là.
Invité
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Dahlia n’eut guère le temps de souffler ou d’observer les alentours, son interlocutrice sortant lentement de l’ombre. Pour la première fois, la Fae s’arrêta quelques instants pour l’observer en détail. L’alchimiste était à peine plus grande qu’elle, la différence étant si légère que sa chevelure dorée aurait pu aisément la combler. En baissant les yeux elle constata la présence de fins talons qui redressaient sa stature svelte et mince, presque maigre. Les signes de l’âge peinaient à montrer le bout de leur nez, adoucissant plus l’air méfiant qu’arborait l’inconnue en sa présence. La directrice ne s’interrogea point plus longtemps sur l’âge potentiel de celle qui l’avait conviée, elle même dépassant les 300 ans ressemblait pourtant également encore à une jeune humaine d’une vingtaine d’années.
Cette jeunesse presque éternelle avait autant d’avantages que d’inconvénients mais était surtout impossible à deviner, alors perdre du temps à estimer la demoiselle à la chevelure noire ne l’intéressait point. D’un coup d’oeil rapide au dessus de son épaule, elle vérifia la présence de l’orphelin qui guettait au coin de la rue. Ce dernier ne faisait preuve d’aucune discrétion et pour cause, Dahlia voulait qu’il soit vu. Elle voulait que l’alchimiste se sente surveillée, que chacun de ses mouvements soit épié, scruté et analysé. Dans les faits, la directrice n’avait nullement besoin d’une escorte, elle savait se défendre sans problème, que ce soit avec la magie ou avec la dague qui ornait sa cuisse. Tout n’était qu’une question d’impression, de conditionnement dans lequel elle plaçait l’inconnue qui décida enfin d’ouvrir la bouche pour déclarer ses intentions.
La Fae l’écouta sans dire un mot, ne désirant point l’interrompre dans son bref monologue dont elle but chaque syllabe. Ses excuses, bien que non réclamées, furent accueillies par un léger sourire qui orna les traits fins de la directrice. Dahlia ne se considérait point comme une noble, mais son temps lui, était presque aussi précieux que ses enfants à ses yeux. Son sourire ne s’attarda point sur son visage, reprenant l’air mélancolique qu’il arborait d’ordinaire. Elle écouta attentivement la proposition de l’alchimiste, ne laissant aucune émotion trahir le torrent d’interrogations qui tourmentait son esprit.
Ainsi, elle n’avait pas été assez discrète. Quelqu’un avait fini par repérer son petit manège. D’abord sous l’emprise de la colère, la jeune femme prit une inspiration pour calmer ses nerfs, sous la forme d’un long soupir de contentement. Elle était partie du principe que la première personne qui venait à poser des questions se retrouverait cloué au lit, frappé par la peste obscure, le corps tordu de douleur. Pourtant la solution que proposait la dénommée Perséis avait le don de titiller sa curiosité. Ce n’était pas rien, et cela lui permettrait même sans doute de garder la vie sauve pour ce soir.
Pourtant, une question lui brûlait les lèvres. Une interrogation légitime et simple, néanmoins elle ne parvenait à mettre le doigt sur la résolution elle-même. Après un bref silence, la voix calme et posée de Dahlia s’éleva à nouveau. « C’est une belle proposition. ». Elle se tourna lentement vers l’horizon, détournant son regard de l’alchimiste à la chevelure d’ébène. « Je serais tentée d’accepter, il est vrai. Vos arguments sont alléchants, vos intentions par contre... ». Ses sourcils se froncèrent légèrement, de façon presque imperceptible. « J’ai bien saisi ce que vous pouvez apporter à mon établissement, ce que vous pouvez m’apporter. Il est clair également que vous pensez pouvoir combler un besoin tout en m’apportant la discrétion nécessaire. ». La directrice appréciait les belles paroles, cependant cela n’allait pas suffire à la convaincre de faire table rase et accorder sa confiance à la première venue. « Pourtant, il y a quelque chose dans votre discours qui me pose problème... ».
Elle se retourna vers Perséis et planta ses yeux orangés dans les siens, comme si elle tentait par ce simple regard de sonder les tréfonds de son âme. « Qu’est-ce que cela peut bien vous apporter ? Vous ne comptez pas me vendre les potions plus chères, bien au contraire, vous devrez faire preuve de vigilance et de furtivité, ce qui va vous coûter du temps ainsi qu’une énergie considérable. ». Elle fit une pause de quelques secondes, croisant ses bras en dessous de sa poitrine. « Ne le prenez pas mal, Perséis, mais j’ai du mal à saisir ce que cette collaboration pourrait vous apporter en tant que jeune alchimiste. Votre poste dans l’échoppe que j’ai visité ce matin me semble stable, il serait dangereux de le mettre en péril sans une bonne raison. ».
Son regard se durcit un peu plus. « Vous ne connaissez rien de moi, et cela ne semble pas non plus vous intéresser. J’apprécie votre discrétion, néanmoins cette dernière nous handicape actuellement. ». Elle se retourna et d’un signe de main, l’invita à la suivre. « Nous serons mieux dans mon bureau pour en discuter. Je n’aime pas vraiment l’idée que des oreilles baladeuses entendent notre conversation... ». Et d’un pas assuré, vérifiant que son orphelin et que l’alchimiste suivaient, elle se dirigea vers son établissement non loin. A cette heure, elle ne croiserait que quelques gardiens, qui ne lui poseraient aucune question. Elle était leur supérieure, et n’avait aucun compte à leur rendre. Une fois l’immense portail de l’orphelinat franchie, Dahlia s’avança vers son bureau et ouvrit la porte à Perséis pour qu’elle y entre en premier. « Promis, ce n’est pas piégé. ».
Cette jeunesse presque éternelle avait autant d’avantages que d’inconvénients mais était surtout impossible à deviner, alors perdre du temps à estimer la demoiselle à la chevelure noire ne l’intéressait point. D’un coup d’oeil rapide au dessus de son épaule, elle vérifia la présence de l’orphelin qui guettait au coin de la rue. Ce dernier ne faisait preuve d’aucune discrétion et pour cause, Dahlia voulait qu’il soit vu. Elle voulait que l’alchimiste se sente surveillée, que chacun de ses mouvements soit épié, scruté et analysé. Dans les faits, la directrice n’avait nullement besoin d’une escorte, elle savait se défendre sans problème, que ce soit avec la magie ou avec la dague qui ornait sa cuisse. Tout n’était qu’une question d’impression, de conditionnement dans lequel elle plaçait l’inconnue qui décida enfin d’ouvrir la bouche pour déclarer ses intentions.
La Fae l’écouta sans dire un mot, ne désirant point l’interrompre dans son bref monologue dont elle but chaque syllabe. Ses excuses, bien que non réclamées, furent accueillies par un léger sourire qui orna les traits fins de la directrice. Dahlia ne se considérait point comme une noble, mais son temps lui, était presque aussi précieux que ses enfants à ses yeux. Son sourire ne s’attarda point sur son visage, reprenant l’air mélancolique qu’il arborait d’ordinaire. Elle écouta attentivement la proposition de l’alchimiste, ne laissant aucune émotion trahir le torrent d’interrogations qui tourmentait son esprit.
Ainsi, elle n’avait pas été assez discrète. Quelqu’un avait fini par repérer son petit manège. D’abord sous l’emprise de la colère, la jeune femme prit une inspiration pour calmer ses nerfs, sous la forme d’un long soupir de contentement. Elle était partie du principe que la première personne qui venait à poser des questions se retrouverait cloué au lit, frappé par la peste obscure, le corps tordu de douleur. Pourtant la solution que proposait la dénommée Perséis avait le don de titiller sa curiosité. Ce n’était pas rien, et cela lui permettrait même sans doute de garder la vie sauve pour ce soir.
Pourtant, une question lui brûlait les lèvres. Une interrogation légitime et simple, néanmoins elle ne parvenait à mettre le doigt sur la résolution elle-même. Après un bref silence, la voix calme et posée de Dahlia s’éleva à nouveau. « C’est une belle proposition. ». Elle se tourna lentement vers l’horizon, détournant son regard de l’alchimiste à la chevelure d’ébène. « Je serais tentée d’accepter, il est vrai. Vos arguments sont alléchants, vos intentions par contre... ». Ses sourcils se froncèrent légèrement, de façon presque imperceptible. « J’ai bien saisi ce que vous pouvez apporter à mon établissement, ce que vous pouvez m’apporter. Il est clair également que vous pensez pouvoir combler un besoin tout en m’apportant la discrétion nécessaire. ». La directrice appréciait les belles paroles, cependant cela n’allait pas suffire à la convaincre de faire table rase et accorder sa confiance à la première venue. « Pourtant, il y a quelque chose dans votre discours qui me pose problème... ».
Elle se retourna vers Perséis et planta ses yeux orangés dans les siens, comme si elle tentait par ce simple regard de sonder les tréfonds de son âme. « Qu’est-ce que cela peut bien vous apporter ? Vous ne comptez pas me vendre les potions plus chères, bien au contraire, vous devrez faire preuve de vigilance et de furtivité, ce qui va vous coûter du temps ainsi qu’une énergie considérable. ». Elle fit une pause de quelques secondes, croisant ses bras en dessous de sa poitrine. « Ne le prenez pas mal, Perséis, mais j’ai du mal à saisir ce que cette collaboration pourrait vous apporter en tant que jeune alchimiste. Votre poste dans l’échoppe que j’ai visité ce matin me semble stable, il serait dangereux de le mettre en péril sans une bonne raison. ».
Son regard se durcit un peu plus. « Vous ne connaissez rien de moi, et cela ne semble pas non plus vous intéresser. J’apprécie votre discrétion, néanmoins cette dernière nous handicape actuellement. ». Elle se retourna et d’un signe de main, l’invita à la suivre. « Nous serons mieux dans mon bureau pour en discuter. Je n’aime pas vraiment l’idée que des oreilles baladeuses entendent notre conversation... ». Et d’un pas assuré, vérifiant que son orphelin et que l’alchimiste suivaient, elle se dirigea vers son établissement non loin. A cette heure, elle ne croiserait que quelques gardiens, qui ne lui poseraient aucune question. Elle était leur supérieure, et n’avait aucun compte à leur rendre. Une fois l’immense portail de l’orphelinat franchie, Dahlia s’avança vers son bureau et ouvrit la porte à Perséis pour qu’elle y entre en premier. « Promis, ce n’est pas piégé. ».
Invité
Invité
S'il y a bien une chose à laquelle Perséis ne s'attendait pas, c'était bien à arracher un sourire, si petit soit-il, à la jeune femme qui semblait, depuis son arrivée sur le point de rendez-vous, bien austère. C'était néanmoins une petite victoire qu'elle prenait volontiers; l'invitation sommaire, le lieu peu accueillant et l'heure tardive n'avait pas laissé de grief que des excuses sincères n'avait pu absoudre. Cependant, derrière ce joli mais bref sourire, toute trace de méfiance ne s'était pas envolée pour autant dans l'esprit de la belle Dahlia, et le regard de son jeune garde du corps, immobile en pleine lumière, pesait lourdement sur la nuque de la sirène.
Contre toute attente, Dahlia proposa de rendre les choses plus confortables – et plus privées – en continuant cette conversation dans son bureau de l'orphelinat. Perséis n'était pas en mesure de refuser cette proposition sans compromettre le futur de ses opérations avec la jeune femme, mais elle ne la ravissait pas pour autant. Certes, il était possible qu'elle ne souhaite rien d'autre que plus de tranquillité. Il était aussi envisageable qu'il s'agisse d'un piège. La sirène n'avait encore ni garde du corps, ni homme de main, et s'enfoncer à ce point en territoire inconnu était une prise de risque considérable pour qui n'avait que les illusions pour moyen de défense. Elle dissimula à la perfection son trouble et répondit d'une voix teintée à la fois de surprise et de satisfaction.
- "J'entends vos doutes, ils sont plus que raisonnables dans votre situation, mais votre bureau sera en effet un cadre plus privé pour les adresser."
Sur ces mots, l'alchimiste s'empressa de suivre les pas de Dahlia. Elle prit quelques secondes pour détailler la démarche de la jeune femme, aussi grâcieuse que ce que l'on pouvait attendre d'une telle créature. Encore une fois, son physique hors du commun tranchait nettement avec son caractère qui oscillait entre froid et distant, mais elle devait toutefois faire tourner bien des têtes, et son charme n'échappait pas à la sirène. Rien qui ne l'empêcherait de conserver son objectivité et de privilégier ses propres intérêts bien sûr, mais aimant les plaisirs variés de la vie, cette vision ne la laissait pas de marbre. Rien qui ne la ferait non plus oublier sa méfiance grandissante envers cette invitation aussi soudaine qu'inattendue. Profitant de la marche silencieuse, Perséis prit quelques instants pour se concentrer et établir quelques protections magiques autour de son esprit. Quand on ne sait pas à quoi s'attendre ni à qui exactement on a affaire, on n'est jamais trop prudent.
Quelques minutes plus tard, après avoir franchi quelques rues, un grand portail et un long couloir, Dahlia ouvrit la porte et invita d'un geste la sirène à entrer dans un bureau sommairement décoré. La petite boutade, si tant est que c'en était une, laissa échapper un petit rire à Perséis. Depuis qu'elles avaient quitté la place, tous ses sens étaient en alerte, à la recherche du moindre signe annonciateur d'un dessein funeste. Il n'y en eut aucun, à son grand soulagement, et un coup d'œil balayant subrepticement la scène ne lui révéla dans le bureau de la directrice rien de suspect. Ce n'était nullement une garantie de sécurité, mais pour l'heure, elle devrait s'en contenter.
Alors que la porte se fermait derrière elle, Perséis, se remémorant les mots de son interlocutrice, reprit la parole d'une voix assurée.
- "Maintenant que nous sommes à l'abri de toute indiscrétion, laissez moi répondre à vos craintes. Mes intérêts dans cette affaire sont multiples. Tout d'abord, même si les tarifs des potions de perte de mémoire seront effectivement inférieurs à ceux pratiqués en boutique, la régularité des commandes et la quantité souhaitée suffiront très largement à compenser la réduction de la marge sur chaque potion. Vous pourriez arguer que je m'avance quelque peu en considérant que je serais votre seule fournisseuse, mais cet arrangement vous serait bien moins utile sans cette exclusivité. Son plus grand attrait pour vous serait de ne plus jamais avoir à répéter une commande bien inhabituelle de la sorte à travers les échoppes d'alchimie de Liberty."
Elle ponctua cet argument d'un bref silence, pendant lequel elle croisa les bras et laissa son regard glisser vers le fond de la pièce, avant de reprendre d'une voix plus pensive.
- "Vous savez, je suis une femme d'ambition. Je n'ai pas vocation à rester une simple assistante dans la boutique d'un autre alchimiste. J'ai des projets plus vastes, que je ne me hasarderais pas à détailler ici car ils ne seraient pour vous que de simples spéculations. Néanmoins, ces projets nécessitent aujourd'hui la recherche d'un flux d'argent suffisant pour les financer, et cet accord y contribuerait. Effectivement, cela implique que je remette en jeu la stabilité de ma position dont vous parliez précédemment, mais c'est un sacrifice auquel je suis prête à consentir pour poursuivre mes buts. Cette stabilité vaut peu à mes yeux."
Perséis vint de nouveau chercher le regard de la jeune demoiselle, pour appuyer ce qu'elle s'apprêtait à dire. Tout le reste n'était qu'étapes intermédiaires et arguments futiles. Maintenant, elle avait enfin l'occasion d'aborder le sujet central.
- "A terme, mon organisation ne manquera pas de fonds, et aura besoin de main d'œuvre. A l'inverse, si je ne m'abuse, un orphelinat a grand besoin de financements, et dispose de nombreuses personnes aux qualités variées qui, sur le point de quitter l'âge de l'enfance, bénéficieraient considérablement d'un emploi stable, lucratif, et sûr. Nous reviendrons sur les détails une fois ce temps venu bien sûr. Ce n'est qu'une promesse à l'heure actuelle, adressée par une inconnue, et vous êtes entièrement libre de la juger aussi sévèrement qu'il vous plaira. Mais qu'elle vous ait convaincue ou non, vous n'avez rien à perdre aujourd'hui à la considérer. Si je ne m'avère pas à la hauteur de mes prétentions, je ne serais personne et vous aurez simplement profité d'une bonne opportunité, le temps qu'elle aura durée. Si au contraire, je parviens à mes fins, ce ne sera que le commencement d'une collaboration bien plus durable et fructueuse, pour votre orphelinat, comme pour moi."
S'il y avait une chose plus grande encore que la confiance que la sirène avait en elle-même en ce moment précis, c'était sa détermination. Elle ne considérait pas l'échec comme une éventualité. Peu importe le temps, les efforts et les sacrifices nécessaires, elle serait un jour un des plus grands noms de l'alchimie... Mais pas seulement.
Et ce soir, face à Dahlia, sa résolution était lisible dans chaque fibre de son être.
Contre toute attente, Dahlia proposa de rendre les choses plus confortables – et plus privées – en continuant cette conversation dans son bureau de l'orphelinat. Perséis n'était pas en mesure de refuser cette proposition sans compromettre le futur de ses opérations avec la jeune femme, mais elle ne la ravissait pas pour autant. Certes, il était possible qu'elle ne souhaite rien d'autre que plus de tranquillité. Il était aussi envisageable qu'il s'agisse d'un piège. La sirène n'avait encore ni garde du corps, ni homme de main, et s'enfoncer à ce point en territoire inconnu était une prise de risque considérable pour qui n'avait que les illusions pour moyen de défense. Elle dissimula à la perfection son trouble et répondit d'une voix teintée à la fois de surprise et de satisfaction.
- "J'entends vos doutes, ils sont plus que raisonnables dans votre situation, mais votre bureau sera en effet un cadre plus privé pour les adresser."
Sur ces mots, l'alchimiste s'empressa de suivre les pas de Dahlia. Elle prit quelques secondes pour détailler la démarche de la jeune femme, aussi grâcieuse que ce que l'on pouvait attendre d'une telle créature. Encore une fois, son physique hors du commun tranchait nettement avec son caractère qui oscillait entre froid et distant, mais elle devait toutefois faire tourner bien des têtes, et son charme n'échappait pas à la sirène. Rien qui ne l'empêcherait de conserver son objectivité et de privilégier ses propres intérêts bien sûr, mais aimant les plaisirs variés de la vie, cette vision ne la laissait pas de marbre. Rien qui ne la ferait non plus oublier sa méfiance grandissante envers cette invitation aussi soudaine qu'inattendue. Profitant de la marche silencieuse, Perséis prit quelques instants pour se concentrer et établir quelques protections magiques autour de son esprit. Quand on ne sait pas à quoi s'attendre ni à qui exactement on a affaire, on n'est jamais trop prudent.
Quelques minutes plus tard, après avoir franchi quelques rues, un grand portail et un long couloir, Dahlia ouvrit la porte et invita d'un geste la sirène à entrer dans un bureau sommairement décoré. La petite boutade, si tant est que c'en était une, laissa échapper un petit rire à Perséis. Depuis qu'elles avaient quitté la place, tous ses sens étaient en alerte, à la recherche du moindre signe annonciateur d'un dessein funeste. Il n'y en eut aucun, à son grand soulagement, et un coup d'œil balayant subrepticement la scène ne lui révéla dans le bureau de la directrice rien de suspect. Ce n'était nullement une garantie de sécurité, mais pour l'heure, elle devrait s'en contenter.
Alors que la porte se fermait derrière elle, Perséis, se remémorant les mots de son interlocutrice, reprit la parole d'une voix assurée.
- "Maintenant que nous sommes à l'abri de toute indiscrétion, laissez moi répondre à vos craintes. Mes intérêts dans cette affaire sont multiples. Tout d'abord, même si les tarifs des potions de perte de mémoire seront effectivement inférieurs à ceux pratiqués en boutique, la régularité des commandes et la quantité souhaitée suffiront très largement à compenser la réduction de la marge sur chaque potion. Vous pourriez arguer que je m'avance quelque peu en considérant que je serais votre seule fournisseuse, mais cet arrangement vous serait bien moins utile sans cette exclusivité. Son plus grand attrait pour vous serait de ne plus jamais avoir à répéter une commande bien inhabituelle de la sorte à travers les échoppes d'alchimie de Liberty."
Elle ponctua cet argument d'un bref silence, pendant lequel elle croisa les bras et laissa son regard glisser vers le fond de la pièce, avant de reprendre d'une voix plus pensive.
- "Vous savez, je suis une femme d'ambition. Je n'ai pas vocation à rester une simple assistante dans la boutique d'un autre alchimiste. J'ai des projets plus vastes, que je ne me hasarderais pas à détailler ici car ils ne seraient pour vous que de simples spéculations. Néanmoins, ces projets nécessitent aujourd'hui la recherche d'un flux d'argent suffisant pour les financer, et cet accord y contribuerait. Effectivement, cela implique que je remette en jeu la stabilité de ma position dont vous parliez précédemment, mais c'est un sacrifice auquel je suis prête à consentir pour poursuivre mes buts. Cette stabilité vaut peu à mes yeux."
Perséis vint de nouveau chercher le regard de la jeune demoiselle, pour appuyer ce qu'elle s'apprêtait à dire. Tout le reste n'était qu'étapes intermédiaires et arguments futiles. Maintenant, elle avait enfin l'occasion d'aborder le sujet central.
- "A terme, mon organisation ne manquera pas de fonds, et aura besoin de main d'œuvre. A l'inverse, si je ne m'abuse, un orphelinat a grand besoin de financements, et dispose de nombreuses personnes aux qualités variées qui, sur le point de quitter l'âge de l'enfance, bénéficieraient considérablement d'un emploi stable, lucratif, et sûr. Nous reviendrons sur les détails une fois ce temps venu bien sûr. Ce n'est qu'une promesse à l'heure actuelle, adressée par une inconnue, et vous êtes entièrement libre de la juger aussi sévèrement qu'il vous plaira. Mais qu'elle vous ait convaincue ou non, vous n'avez rien à perdre aujourd'hui à la considérer. Si je ne m'avère pas à la hauteur de mes prétentions, je ne serais personne et vous aurez simplement profité d'une bonne opportunité, le temps qu'elle aura durée. Si au contraire, je parviens à mes fins, ce ne sera que le commencement d'une collaboration bien plus durable et fructueuse, pour votre orphelinat, comme pour moi."
S'il y avait une chose plus grande encore que la confiance que la sirène avait en elle-même en ce moment précis, c'était sa détermination. Elle ne considérait pas l'échec comme une éventualité. Peu importe le temps, les efforts et les sacrifices nécessaires, elle serait un jour un des plus grands noms de l'alchimie... Mais pas seulement.
Et ce soir, face à Dahlia, sa résolution était lisible dans chaque fibre de son être.
- Utilisation de pouvoir:
- Bouclier psychique - palier 2
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Une fois entrée dans son bureau, la directrice s’avança vers un des grands fauteuils en cuir sur lequel on pouvait encore lire les initiales de l’ancienne dirigeante des lieux. Dahlia aurait pu le faire jeter, modifier, changer, tant d’altérations qui auraient aidé la plupart des gens à se défaire de l’image de l’ancienne propriétaire et pourtant elle n’en fit rien. Tout d’abord par soucis du détail : elle appréciait les meubles anciens et l’histoire qu’ils portaient. Ensuite, car la moindre modification lui coûterait de l’argent.
Il n’était un secret pour personne que la Fae tentait de faire des économies à tous les niveaux tant que cela n’affectait que son petit confort personnel. Elle dormait sur les lieux, se payait bien moins que sa prédécesseure et ne profitait que très peu de son statut et des avantages qu’il prodiguait. Dans les faits, la jeune femme croulait sous les inconvénients et compensait cette lourde peine par une seule chose : l’amour de ses enfants. Les besoins matériels n’avaient, à côté des regards emplis de bonheur et d’admiration de ses orphelins, aucune valeur.
Elle s’y installa confortablement et croisant les bras, s’attela à écouter les longues explications de l’alchimiste. La jeune semblait bien maîtriser les mots et sa proposition était alléchante, cependant les nombreuses zones d’ombre qui entouraient sa demande faisaient considérablement douter la Fae. Après tout, tout cela sortait de nulle part. Elle n’était qu’une cliente, et elle n’était qu’une vendeuse. Tout pouvait être poussé à évoluer, évidemment, néanmoins une évolution si rapide nécessitait une proximité qu’elle n’était pas tout à fait disposée à offrir à Perséis. Pas tout de suite en tout cas.
À l’évocation de la main d’œuvre que l’orphelinat pouvait lui procurer, elle plissa les yeux et fronça les sourcils. Une fine colère commença à parcourir son corps, faisant bouillir ses veines lentement, mais sûrement. Elle serra les poings et laissa échapper un soupir presque imperceptible afin de calmer ses ardeurs. « Vous avez de l’audace, Perséis, je dois l’admettre. ». Posant ses mains sur les accoudoirs pour s’y appuyer, elle poursuivit. « Beaucoup d’ambition, également. J’éprouve des réserves face à votre demande, une femme aussi intelligente que vous ne pouvez que me comprendre. ». Dahlia avait, après tout, bien plus à perdre qu’une jeune alchimiste travaillant dans une petite échoppe. Toute sa réputation bien établie pouvait en prendre un coup.
« J’accepte votre proposition concernant l’approvisionnement de mes potions de perte de mémoire. Je compte sur votre discrétion ainsi que votre rapidité. Je pars du principe qu’avec notre collaboration, je n’aurais nullement besoin de me procurer ces breuvages autrement et j’ai, comme vous l’avez si savamment remarqué, un besoin régulier. ». Il n’était pas dans les habitudes de la Fae d’être dans les affaires, mais elle aurait tout le temps de s’adoucir si ses relations avec l’alchimiste venaient à perdurer. « Concernant mes orphelins… Ils sont la prunelle de mes yeux. Je ne les confie pas à n’importe qui, encore moins pour les plonger dans des situations dangereuses. Si vous pouvez m’affirmer et me prouver que les… emplois… que vous leur prodiguerez seront dépourvues d’incidents pouvant mettre un terme à leurs vies ou les blesser significativement, alors nous aurons un accord. ».
Elle quitta son siège et vint tourner lentement autour de son interlocutrice, comme un prédateur autour de sa proie. Sa voix, plus tranchante, s’éleva ensuite pour suivre son mouvement circulaire, résonnant dans une oreille puis dans l’autre dans un léger écho dû au vide qui les entourait, le bureau étant peu pourvu. « J’apprécie votre honnêteté, aussi, je me permettrais également d’être franche à votre égard, Perséis. Je ne suis pas une grande criminelle, et pour vous, je ne suis sans doute qu’une directrice d’orphelinat de bas étage. ».
Elle s’arrêta et planta ses yeux orangés dans les siens. La Fae, d’ordinaire, n’apparaissait point comme menaçante, néanmoins le ton de sa voix dégageait une sévérité et une détermination si forte qu’il aurait été sot de ne pas la prendre au sérieux. « Vous ne désirez pas connaître la raison pour laquelle j’ai un si grand besoin de potions spécifiques. C’est une décision intelligente. Cependant, je dois vous informer... ». Son ton se fit plus dur, plus sec. « Que si, d’une manière ou d’une autre, vous vous retournez contre moi, si un de mes orphelins rencontre un problème que vous auriez pu éviter, si par malheur l’un d’entre eux perd la vie à cause de votre négligence, vous ne verriez pas le soleil se lever le lendemain. Vous maniez les potions avec grande finesse, mais elles ne vous seront d’aucune utilité contre moi. ». Elle rapprocha son visage du sien et la gratifia ensuite d’un doux sourire, similaire à celui d’une mère face à sa fille, empli de fierté et de tendresse, contrastant drastiquement avec la violence de ses propos. « Mais je n’ai pas à m’inquiéter, n’est-ce pas ? ».
Il n’était un secret pour personne que la Fae tentait de faire des économies à tous les niveaux tant que cela n’affectait que son petit confort personnel. Elle dormait sur les lieux, se payait bien moins que sa prédécesseure et ne profitait que très peu de son statut et des avantages qu’il prodiguait. Dans les faits, la jeune femme croulait sous les inconvénients et compensait cette lourde peine par une seule chose : l’amour de ses enfants. Les besoins matériels n’avaient, à côté des regards emplis de bonheur et d’admiration de ses orphelins, aucune valeur.
Elle s’y installa confortablement et croisant les bras, s’attela à écouter les longues explications de l’alchimiste. La jeune semblait bien maîtriser les mots et sa proposition était alléchante, cependant les nombreuses zones d’ombre qui entouraient sa demande faisaient considérablement douter la Fae. Après tout, tout cela sortait de nulle part. Elle n’était qu’une cliente, et elle n’était qu’une vendeuse. Tout pouvait être poussé à évoluer, évidemment, néanmoins une évolution si rapide nécessitait une proximité qu’elle n’était pas tout à fait disposée à offrir à Perséis. Pas tout de suite en tout cas.
À l’évocation de la main d’œuvre que l’orphelinat pouvait lui procurer, elle plissa les yeux et fronça les sourcils. Une fine colère commença à parcourir son corps, faisant bouillir ses veines lentement, mais sûrement. Elle serra les poings et laissa échapper un soupir presque imperceptible afin de calmer ses ardeurs. « Vous avez de l’audace, Perséis, je dois l’admettre. ». Posant ses mains sur les accoudoirs pour s’y appuyer, elle poursuivit. « Beaucoup d’ambition, également. J’éprouve des réserves face à votre demande, une femme aussi intelligente que vous ne pouvez que me comprendre. ». Dahlia avait, après tout, bien plus à perdre qu’une jeune alchimiste travaillant dans une petite échoppe. Toute sa réputation bien établie pouvait en prendre un coup.
« J’accepte votre proposition concernant l’approvisionnement de mes potions de perte de mémoire. Je compte sur votre discrétion ainsi que votre rapidité. Je pars du principe qu’avec notre collaboration, je n’aurais nullement besoin de me procurer ces breuvages autrement et j’ai, comme vous l’avez si savamment remarqué, un besoin régulier. ». Il n’était pas dans les habitudes de la Fae d’être dans les affaires, mais elle aurait tout le temps de s’adoucir si ses relations avec l’alchimiste venaient à perdurer. « Concernant mes orphelins… Ils sont la prunelle de mes yeux. Je ne les confie pas à n’importe qui, encore moins pour les plonger dans des situations dangereuses. Si vous pouvez m’affirmer et me prouver que les… emplois… que vous leur prodiguerez seront dépourvues d’incidents pouvant mettre un terme à leurs vies ou les blesser significativement, alors nous aurons un accord. ».
Elle quitta son siège et vint tourner lentement autour de son interlocutrice, comme un prédateur autour de sa proie. Sa voix, plus tranchante, s’éleva ensuite pour suivre son mouvement circulaire, résonnant dans une oreille puis dans l’autre dans un léger écho dû au vide qui les entourait, le bureau étant peu pourvu. « J’apprécie votre honnêteté, aussi, je me permettrais également d’être franche à votre égard, Perséis. Je ne suis pas une grande criminelle, et pour vous, je ne suis sans doute qu’une directrice d’orphelinat de bas étage. ».
Elle s’arrêta et planta ses yeux orangés dans les siens. La Fae, d’ordinaire, n’apparaissait point comme menaçante, néanmoins le ton de sa voix dégageait une sévérité et une détermination si forte qu’il aurait été sot de ne pas la prendre au sérieux. « Vous ne désirez pas connaître la raison pour laquelle j’ai un si grand besoin de potions spécifiques. C’est une décision intelligente. Cependant, je dois vous informer... ». Son ton se fit plus dur, plus sec. « Que si, d’une manière ou d’une autre, vous vous retournez contre moi, si un de mes orphelins rencontre un problème que vous auriez pu éviter, si par malheur l’un d’entre eux perd la vie à cause de votre négligence, vous ne verriez pas le soleil se lever le lendemain. Vous maniez les potions avec grande finesse, mais elles ne vous seront d’aucune utilité contre moi. ». Elle rapprocha son visage du sien et la gratifia ensuite d’un doux sourire, similaire à celui d’une mère face à sa fille, empli de fierté et de tendresse, contrastant drastiquement avec la violence de ses propos. « Mais je n’ai pas à m’inquiéter, n’est-ce pas ? ».
Invité
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Alors qu'elle prenait place sur le fauteuil gravé aux initiales d'une autre, en écoutant chaque mot de la sirène avec une grande attention, cette dernière remarqua que son interlocutrice se crispait davantage à l'évocation de certains aspects de ses plans à venir. Il était compréhensible qu'elle veuille protéger à tout jamais ces enfants qui lui sont si chers, mais pour chacun d'entre eux viendra le jour où ils devront quitter son aile et rejoindre le monde extérieur, avec sa réalité bien différente de celle de l'orphelinat. Une certaine part, conséquente, de la main d'œuvre dont Perséis faisait mention irait dans ses échoppes et ses laboratoires bien sûr, légaux ou non, mais le reste serait formé au combat et affecté à la protection des premiers. Mais il s'agissait là d'une perspective qu'il ne semblait pas bon de présenter à la directrice de l'orphelinat en ce jour, autant parce qu'elle ne concerne que des événements qui n'arriveraient pas avant de nombreux mois, voire des années, que parce que l'objectif de ce jour était bien moindre : lui faire accepter que Perséis soit la source principale, sinon la seule, des potions dont elle avait besoin, pour ses petites manigances privées comme pour son orphelinat tout entier.
Arborant un sourire qui se voulait rassurant, la sirène lui répondit d'une voix qui ne laissait paraître, comme à l'accoutumée, pas la moindre once de doute.
- "Naturellement, je comprends votre méfiance à mon égard, surtout quand il s'agit du destin de vos petits protégés. Il n'est nulle question de mettre en danger qui que ce soit, bien au contraire. Mes ... besoins impliqueraient même que je finance la formation, à Magic par exemple, des vos jeunes talents les plus prometteurs, s'ils souhaitent s'orienter sur la voie de l'alchimie et pousser son art aussi loin que je l'entends moi-même. Mais nul besoin de nous attarder aujourd'hui sur ces considérations, je ne faisais qu'évoquer une proposition que je viendrai vous faire un jour, par seule volonté de transparence. Ce jour-là, je vous présenterai tous les tenants et les aboutissants de cette coopération et vous serez libre de faire votre choix en ayant connaissance de tous les éléments. Aujourd'hui, je ne fais qu'énoncer mes motivations à fournir votre établissement, et, pour être tout à fait honnête, ouvrir la voie vers une potentielle coopération future en fait partie."
Toutefois, quand la jeune directrice se mit à arpenter la pièce autour de la sirène, cette dernière réprima un soupir. La méfiance était une chose, plus que compréhensible dans la situation présente. L'intimidation, en revanche... La manœuvre lui laissait un petit goût amer dans la bouche : elle était sous-estimée, et à ses yeux, cela frôlait le manque de respect. Son expression se referma instantanément, et elle reprit la mine austère qu'elle portait le plus souvent. Ses traits se durcirent quelque peu, et son regard se para de la froideur glaciale et perçante qui seyait tant à la couleur de ses yeux.
- "Voyons, Dame Dahlia. Si mes intentions étaient de nuire à votre personne, ou pire, à votre orphelinat, je n'aurais jamais eu la stupidité de me présenter à vous en personne." Elle croisa les bras et s'adossa plus fermement sur son siège. "Une femme seule, qui ne manie pas d'arme, n'arrive pas à une position telle que la vôtre sans quelques atouts dans sa manche. Vous n'êtes pas d'ascendance noble, sinon votre patronyme serait exposé tout autour de nous. Au lieu de cela, votre fauteuil arbore les initiales d'une autre. Ce n'est donc pas l'influence et le pouvoir du sang. Si je ne m'abuse, vous ne disposez pas non plus d'une armée personnelle, ni d'une fortune colossale. Vous dirigez seule cet établissement donc il ne s'agit pas non plus d'une alliance avec un mécène puissant. Non, votre statut ne vient que de vos capacités. J'ignore leur nature précise, mais si vous êtes à même de protéger votre statut de directrice et votre orphelinat, c'est bien qu'elles ne sont pas à négliger. Sachant ceci, je ne me tiendrais pas seule dans votre bureau si je désirais quoique ce soit d'autre qu'un accord mutuellement bénéficiable."
Perséis venait de s'adresser à la jeune femme par son nom pour la première fois depuis leur échange, et ce n'était pas un hasard. Il était hors de question qu'elle se laisse paraître en position de faiblesse. Si elle ne comptait pas abuser de l'orphelinat à son profit, elle ne tolérerait cependant pas de se faire menacer tel un vulgaire malandrin des bas-fonds.
- "Vous n'êtes pas la petite fleur fragile que vous semblez être. Et pour vous, je ne suis sans doute qu'une vendeuse de potions de bas étage." la paraphrasa-t-elle. "Les apparences sont parfois trompeuses, n'est-ce-pas ? Tâchons de ne pas nous astreindre à des premières impressions superficielles."
Sur ces mots, elle se releva et défroissa d'un geste sa robe noire. Après ce petit interlude glacial, il était temps de régler les dernières considérations pratiques.
- "Puisque c'est décidé, faites-moi parvenir à votre convenance le détail et la quantité des potions dont vous avez besoin. Je me chargerai de vous les faire acheminer en toute discrétion, dans des délais aussi brefs que possible."
Arborant un sourire qui se voulait rassurant, la sirène lui répondit d'une voix qui ne laissait paraître, comme à l'accoutumée, pas la moindre once de doute.
- "Naturellement, je comprends votre méfiance à mon égard, surtout quand il s'agit du destin de vos petits protégés. Il n'est nulle question de mettre en danger qui que ce soit, bien au contraire. Mes ... besoins impliqueraient même que je finance la formation, à Magic par exemple, des vos jeunes talents les plus prometteurs, s'ils souhaitent s'orienter sur la voie de l'alchimie et pousser son art aussi loin que je l'entends moi-même. Mais nul besoin de nous attarder aujourd'hui sur ces considérations, je ne faisais qu'évoquer une proposition que je viendrai vous faire un jour, par seule volonté de transparence. Ce jour-là, je vous présenterai tous les tenants et les aboutissants de cette coopération et vous serez libre de faire votre choix en ayant connaissance de tous les éléments. Aujourd'hui, je ne fais qu'énoncer mes motivations à fournir votre établissement, et, pour être tout à fait honnête, ouvrir la voie vers une potentielle coopération future en fait partie."
Toutefois, quand la jeune directrice se mit à arpenter la pièce autour de la sirène, cette dernière réprima un soupir. La méfiance était une chose, plus que compréhensible dans la situation présente. L'intimidation, en revanche... La manœuvre lui laissait un petit goût amer dans la bouche : elle était sous-estimée, et à ses yeux, cela frôlait le manque de respect. Son expression se referma instantanément, et elle reprit la mine austère qu'elle portait le plus souvent. Ses traits se durcirent quelque peu, et son regard se para de la froideur glaciale et perçante qui seyait tant à la couleur de ses yeux.
- "Voyons, Dame Dahlia. Si mes intentions étaient de nuire à votre personne, ou pire, à votre orphelinat, je n'aurais jamais eu la stupidité de me présenter à vous en personne." Elle croisa les bras et s'adossa plus fermement sur son siège. "Une femme seule, qui ne manie pas d'arme, n'arrive pas à une position telle que la vôtre sans quelques atouts dans sa manche. Vous n'êtes pas d'ascendance noble, sinon votre patronyme serait exposé tout autour de nous. Au lieu de cela, votre fauteuil arbore les initiales d'une autre. Ce n'est donc pas l'influence et le pouvoir du sang. Si je ne m'abuse, vous ne disposez pas non plus d'une armée personnelle, ni d'une fortune colossale. Vous dirigez seule cet établissement donc il ne s'agit pas non plus d'une alliance avec un mécène puissant. Non, votre statut ne vient que de vos capacités. J'ignore leur nature précise, mais si vous êtes à même de protéger votre statut de directrice et votre orphelinat, c'est bien qu'elles ne sont pas à négliger. Sachant ceci, je ne me tiendrais pas seule dans votre bureau si je désirais quoique ce soit d'autre qu'un accord mutuellement bénéficiable."
Perséis venait de s'adresser à la jeune femme par son nom pour la première fois depuis leur échange, et ce n'était pas un hasard. Il était hors de question qu'elle se laisse paraître en position de faiblesse. Si elle ne comptait pas abuser de l'orphelinat à son profit, elle ne tolérerait cependant pas de se faire menacer tel un vulgaire malandrin des bas-fonds.
- "Vous n'êtes pas la petite fleur fragile que vous semblez être. Et pour vous, je ne suis sans doute qu'une vendeuse de potions de bas étage." la paraphrasa-t-elle. "Les apparences sont parfois trompeuses, n'est-ce-pas ? Tâchons de ne pas nous astreindre à des premières impressions superficielles."
Sur ces mots, elle se releva et défroissa d'un geste sa robe noire. Après ce petit interlude glacial, il était temps de régler les dernières considérations pratiques.
- "Puisque c'est décidé, faites-moi parvenir à votre convenance le détail et la quantité des potions dont vous avez besoin. Je me chargerai de vous les faire acheminer en toute discrétion, dans des délais aussi brefs que possible."
Invité
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La directrice écoutait Perséis, tandis qu’un léger sourire venait orner ses lèvres, s’agrandissant doucement au fil de la discussion. L’alchimiste avait un franc-parler qui ne lui déplaisait guère. Certes, Dahlia ne la voyait effectivement que comme une vendeuse de bas étages venue jouer avec bien plus puissant qu’elle, mais au-delà de l’inconscience évidente dont elle faisait preuve, la Fae voyait autre chose.
Une audace, une ambition si forte qu’elle était prête à tout abandonner pour arriver à ses fins. Ainsi, elle observa presque avec un plaisir malsain la jeune femme prendre une posture défensive, son égo visiblement touché par les menaces qu’elle venait de proférer. Toutefois, bien que son insolence lui plût considérablement, la directrice se devait de garder la tête froide. Elle ne connaissait pas encore les tenants et les aboutissants des réelles motivations de la jeune femme qui lui faisait face.
Les traits durs de la jeune fille la ravissaient. La colère lui allait si bien. « Je ne me serais jamais permis d’insinuer que vous êtes stupide, Perséis. C’est justement, car les apparences sont trompeuses, que je me dois de me méfier. ». Elle se retourna, s’installant de nouveau sur son fauteuil, caressant les initiales de l’ancienne propriétaire, l’air distraite. « Vous blesser n’était pas mon intention. Cependant, là où vous avez de l’ambition, ce que je peux constater clairement, vous manquez encore de considération, d’empathie. Vous repenserez à mes paroles quand vous aurez réalisé ce que vous voulez créer, ce que, évidemment, je vous souhaite. ».
Ses doigts se baladèrent sur le cuir de son assise, tandis que son autre main attrapait un parchemin vierge soigneusement rangé dans un des tiroirs. « Je ne manquerais pas d’observer, à une distance raisonnable, le chemin que vous parcourez. Sachez qu’à ce titre, l’orphelinat vous sera ouvert. Que vous décidiez de prendre en charge les formations de certains de mes enfants ou non, considérez que vous êtes la bienvenue. ». Elle lui tendit ensuite le parchemin, attendant qu’elle le remplisse correctement de ses coordonnées.
À son tour, elle s’occupa de remplir les siennes sur un papier vacant, et en dessous de son nom, indiqua les commandes qu’elle passait d’ordinaire dans les différentes échoppes de Liberty. Une dizaine de potions de perte de mémoire par mois. Une commande légère, pour la simple et bonne raison que l’orphelinat ne manquait guère de moyens à cet instant précis. Ainsi, elle pouvait diminuer la quantité de vols organisés par ses orphelins dans les prochaines semaines, le temps également de constater l'efficacité des breuvages concoctés par la demoiselle à la chevelure d'ébène.
Elle guida ensuite sa nouvelle collaboratrice jusqu’au portail de l’orphelinat et la gratifia d’un dernier sourire. La signification de celui-ci ne tombait pas sous le sens. Était-ce de la fierté, la satisfaction d’avoir trouvé une source afin de se procurer ses potions, l’espoir de voir Perséis prospérer et devenir une figure importante de Liberty ? Sans doute était-ce un savant mélange de toutes ces pensées qui lui trottaient dans la tête. Les bras croisés, Dahlia contempla la silhouette de l’alchimiste se dissiper dans le brouillard nocturne de la capitale. Elles accompliraient de grandes choses ensemble, elle en était persuadée.
Une audace, une ambition si forte qu’elle était prête à tout abandonner pour arriver à ses fins. Ainsi, elle observa presque avec un plaisir malsain la jeune femme prendre une posture défensive, son égo visiblement touché par les menaces qu’elle venait de proférer. Toutefois, bien que son insolence lui plût considérablement, la directrice se devait de garder la tête froide. Elle ne connaissait pas encore les tenants et les aboutissants des réelles motivations de la jeune femme qui lui faisait face.
Les traits durs de la jeune fille la ravissaient. La colère lui allait si bien. « Je ne me serais jamais permis d’insinuer que vous êtes stupide, Perséis. C’est justement, car les apparences sont trompeuses, que je me dois de me méfier. ». Elle se retourna, s’installant de nouveau sur son fauteuil, caressant les initiales de l’ancienne propriétaire, l’air distraite. « Vous blesser n’était pas mon intention. Cependant, là où vous avez de l’ambition, ce que je peux constater clairement, vous manquez encore de considération, d’empathie. Vous repenserez à mes paroles quand vous aurez réalisé ce que vous voulez créer, ce que, évidemment, je vous souhaite. ».
Ses doigts se baladèrent sur le cuir de son assise, tandis que son autre main attrapait un parchemin vierge soigneusement rangé dans un des tiroirs. « Je ne manquerais pas d’observer, à une distance raisonnable, le chemin que vous parcourez. Sachez qu’à ce titre, l’orphelinat vous sera ouvert. Que vous décidiez de prendre en charge les formations de certains de mes enfants ou non, considérez que vous êtes la bienvenue. ». Elle lui tendit ensuite le parchemin, attendant qu’elle le remplisse correctement de ses coordonnées.
À son tour, elle s’occupa de remplir les siennes sur un papier vacant, et en dessous de son nom, indiqua les commandes qu’elle passait d’ordinaire dans les différentes échoppes de Liberty. Une dizaine de potions de perte de mémoire par mois. Une commande légère, pour la simple et bonne raison que l’orphelinat ne manquait guère de moyens à cet instant précis. Ainsi, elle pouvait diminuer la quantité de vols organisés par ses orphelins dans les prochaines semaines, le temps également de constater l'efficacité des breuvages concoctés par la demoiselle à la chevelure d'ébène.
Elle guida ensuite sa nouvelle collaboratrice jusqu’au portail de l’orphelinat et la gratifia d’un dernier sourire. La signification de celui-ci ne tombait pas sous le sens. Était-ce de la fierté, la satisfaction d’avoir trouvé une source afin de se procurer ses potions, l’espoir de voir Perséis prospérer et devenir une figure importante de Liberty ? Sans doute était-ce un savant mélange de toutes ces pensées qui lui trottaient dans la tête. Les bras croisés, Dahlia contempla la silhouette de l’alchimiste se dissiper dans le brouillard nocturne de la capitale. Elles accompliraient de grandes choses ensemble, elle en était persuadée.
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