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L'étrange créature s'agite au bout de sa chaîne, revendique et exige, ce qui lui vaudrait sans aucun doute d'être battu au sang par celui qui l'a capturé, pour lui rappeler qu'elle n'est qu'esclave, qu'elle n'a aucun droit, aucun mérite, si ce n'est celui d'appartenir et de servir docilement. La géante pourrait, d'un simple mouvement de poignet, faire valser la frêle 'elfe' comme un jouet agaçant, ou simplement, tirer la chaîne au sol jusqu'à l'y plaquer, l'y faire ramper. Et pourtant... Elle écoute sans s'offusquer, ses mires reptiliennes observant sans ciller la sans-écailles piailler comme une enfant, réclamant nourriture, liberté... Tout ce dont elle a été privé.
A la question, la saurienne eut une drôle de réponse. Tranquillement, elle saisit la chaîne entre ses deux griffes, et la tira vers le haut. Juste le nécessaire pour mettre l'esclave sur la pointe des pieds, avant de la faire tourner sur elle même, comme une marionnette dont on inspecterait les coutures... Avec l'aisance d'un enfant jouant avec une fourmi. La gueule gigantesque n'était pas si loin, mais demeura close. Bien sûr que l'hybride faisait fi de l'inconfort de la captive. Pourtant, alors qu'elle la maniait sans effort, c'est un silence songeur qu'elle laissa s'éterniser. Un dernier instant, elle la fit tourner encore...
"... Mes désirs, hmmm ?... siffla le reptile géant dans sa langue abjecte aux oreilles des profanes. ... Que le lézardeau apprenne... Et tu lui apprendras... Les lèvres ne pouvaient afficher aucun sourire, mais quelque chose dans son timbre rêche suggérait un sourire... Amusé ? Malsain ? ...Et un porc... Juteux."
C'eut pu être une simple annonce pour les esclaves s'en venant, pourtant à ces derniers mots, les mires froides croisèrent celles, roses et pâles de l'étrangère, et semblèrent y creuser, comme à la recherche de quelque chose, avec une intensité dérangeante, telle des griffes labourant une terre molle pour y trouver quelque piste menant à un terrier habité. Parlait-elle seulement d'un repas... ?
"Le repas est servi." annonça soudain le jeune lézard, avec une amabilité un peu forcée.
Découvrir la Patronne tenant l'esclave comme un gigot au bout d'une chaîne semblait le laisser perplexe quand au pied sur lequel il devait danser. Les esclaves, l'ayant suivi docilement, étaient rentrer sur la pointe des pieds, et attendant maintenant dans un silence tendu. Lentement, la saurienne se détourna de sa prise, lui permettant enfin de retrouver sereinement le plancher des vaches. Les chaînes cliquetèrent sur les mosaïques humides. Se remettant à son aise sur le promontoire lui servant de dossier, l'hybride alligator fit signe aux humains portant de lourds plats, tandis que le lézard bleuté s'approchait de l'esclave, pour lui présenter un grand plat - une grande assiette en réalité, mais n'en paraissant que plus grande dans les bras du petit hybride -. De la viande rouge et saignante y était présentée en morceaux élégamment découpés, avec quelques épices et herbes. Un repas aussi 'civilisé' qu'il était cru.
Un lourd bruit mou indiqua que la géante avait commencé à se sustenter, d'énormes morceaux de carcasses disparaissant en un instant dans sa gueule, entre de soudain claquements de mâchoires. Un premier duo d'esclave repartit bien vite, en portant un 'plat' vide où Lyu aurait pu s'allonger.
"Avec ça tu devrais te sentir mieux !" avança le lézard tout en offrant l'assiette à l'"elfe".
Son sourire de contentement était boursouflé là où les quenottes manquaient.
"... Ses chaînes blessent ton esclave... Lyu... Dit distraitement la lourde voix de la Patronne.
- Ah ! Oui, bien s-... Euh... ?"
L'assiette posée par terre, l'intéressé avait porté rapidement ses griffes aux clés données par l'esclavagiste... Avant d'ouvrir des yeux ronds. Un coup d'oeil à la géante, qui continuait de dévorer en semblant les ignorer. Pensif, il contempla l'esclave, tout en se tâtant la mâchoire d'un doigt. Hésitant, il porta une première clé à une première serrure. L'hybride alligator s'abreuvait du sang dans son plat. Un premier 'clac'... Suivi d'autres. Et la queue de l'esclave fut libérée. A chaque verrou déverrouillé, l'hybride lézard ressemblait de plus en plus à un enfant ouvrant des cadeaux. 'Clong', et la ceinture fut ouverte, laissant libre les ailes de la créature. Jusqu'où peut-elle voler ? Sa mimine griffue s'approcha du lourd collier de l'esclave...
"Non. Elle gardera ceci... Pour l'instant.
- BIen sûr. Patronne."
L'once de déception dans ses yeux disparut alors qu'il se reculait, pour mieux admirer sa trouvaille, libérer de nombreuses entraves. Il eut une brève grimace à la vue des plaies de frottements, avant de se concentrer sur le plus important :
"Mange ! Tu te sentiras mieux !"
A la question, la saurienne eut une drôle de réponse. Tranquillement, elle saisit la chaîne entre ses deux griffes, et la tira vers le haut. Juste le nécessaire pour mettre l'esclave sur la pointe des pieds, avant de la faire tourner sur elle même, comme une marionnette dont on inspecterait les coutures... Avec l'aisance d'un enfant jouant avec une fourmi. La gueule gigantesque n'était pas si loin, mais demeura close. Bien sûr que l'hybride faisait fi de l'inconfort de la captive. Pourtant, alors qu'elle la maniait sans effort, c'est un silence songeur qu'elle laissa s'éterniser. Un dernier instant, elle la fit tourner encore...
"... Mes désirs, hmmm ?... siffla le reptile géant dans sa langue abjecte aux oreilles des profanes. ... Que le lézardeau apprenne... Et tu lui apprendras... Les lèvres ne pouvaient afficher aucun sourire, mais quelque chose dans son timbre rêche suggérait un sourire... Amusé ? Malsain ? ...Et un porc... Juteux."
C'eut pu être une simple annonce pour les esclaves s'en venant, pourtant à ces derniers mots, les mires froides croisèrent celles, roses et pâles de l'étrangère, et semblèrent y creuser, comme à la recherche de quelque chose, avec une intensité dérangeante, telle des griffes labourant une terre molle pour y trouver quelque piste menant à un terrier habité. Parlait-elle seulement d'un repas... ?
"Le repas est servi." annonça soudain le jeune lézard, avec une amabilité un peu forcée.
Découvrir la Patronne tenant l'esclave comme un gigot au bout d'une chaîne semblait le laisser perplexe quand au pied sur lequel il devait danser. Les esclaves, l'ayant suivi docilement, étaient rentrer sur la pointe des pieds, et attendant maintenant dans un silence tendu. Lentement, la saurienne se détourna de sa prise, lui permettant enfin de retrouver sereinement le plancher des vaches. Les chaînes cliquetèrent sur les mosaïques humides. Se remettant à son aise sur le promontoire lui servant de dossier, l'hybride alligator fit signe aux humains portant de lourds plats, tandis que le lézard bleuté s'approchait de l'esclave, pour lui présenter un grand plat - une grande assiette en réalité, mais n'en paraissant que plus grande dans les bras du petit hybride -. De la viande rouge et saignante y était présentée en morceaux élégamment découpés, avec quelques épices et herbes. Un repas aussi 'civilisé' qu'il était cru.
Un lourd bruit mou indiqua que la géante avait commencé à se sustenter, d'énormes morceaux de carcasses disparaissant en un instant dans sa gueule, entre de soudain claquements de mâchoires. Un premier duo d'esclave repartit bien vite, en portant un 'plat' vide où Lyu aurait pu s'allonger.
"Avec ça tu devrais te sentir mieux !" avança le lézard tout en offrant l'assiette à l'"elfe".
Son sourire de contentement était boursouflé là où les quenottes manquaient.
"... Ses chaînes blessent ton esclave... Lyu... Dit distraitement la lourde voix de la Patronne.
- Ah ! Oui, bien s-... Euh... ?"
L'assiette posée par terre, l'intéressé avait porté rapidement ses griffes aux clés données par l'esclavagiste... Avant d'ouvrir des yeux ronds. Un coup d'oeil à la géante, qui continuait de dévorer en semblant les ignorer. Pensif, il contempla l'esclave, tout en se tâtant la mâchoire d'un doigt. Hésitant, il porta une première clé à une première serrure. L'hybride alligator s'abreuvait du sang dans son plat. Un premier 'clac'... Suivi d'autres. Et la queue de l'esclave fut libérée. A chaque verrou déverrouillé, l'hybride lézard ressemblait de plus en plus à un enfant ouvrant des cadeaux. 'Clong', et la ceinture fut ouverte, laissant libre les ailes de la créature. Jusqu'où peut-elle voler ? Sa mimine griffue s'approcha du lourd collier de l'esclave...
"Non. Elle gardera ceci... Pour l'instant.
- BIen sûr. Patronne."
L'once de déception dans ses yeux disparut alors qu'il se reculait, pour mieux admirer sa trouvaille, libérer de nombreuses entraves. Il eut une brève grimace à la vue des plaies de frottements, avant de se concentrer sur le plus important :
"Mange ! Tu te sentiras mieux !"
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Croque au deal
La masse de la Grande Crocodile me surplombe et m'étouffe. Mes pieds ne peuvent que frôler le sol du bout des orteils et pour ne pas glisser je dois faire de léger pas, entièrement étirée sans pouvoir changer, prise au piège sous cette forme ! Alors cette fois, l'agacement disparait et la peur revient.
Le collier m'empêche de respirer mais je ne suffoque pas, prouvant s'il en était encore besoin ma nature étrange. Dans un silence de mort, je ne peux pas baisser les yeux et lorsqu'elle me tourne et me retourne je croise sa gueule pleine de crocs quand je lui fait face.
C'est une humaine... Elle n'en a pas l'apparence, mais elle en a les envies cachées et l'âme scindée. Elle en a la ruse répugnante qui me veut du mal sans me laisser l'occasion de lui faire du bien. Du crocodile, je ne vois plus que l’appétit et je ne peux cacher les légers tremblements qui me prennent. Elle répond à ma question, mais je suis à sa merci la plus totale et elle est tout aussi imprévisible que les humains aux visages doux.
De la façon la plus curieuse qui soit, un long frisson d’excitation me court sur la peau malgré les tremblement lorsque j'entends sa réponse. Un bref instant, j'espère qu'elle va me dire ce qu'elle veut que je lui apprenne et quel porc elle veut, mais ça aussi, elle me l'enlève et me repose au sol, me laissant à genoux au milieu de ma frustration. Les oreilles plaquées en arrière, mi furieuse, mi craintive, le bout de ma queue trépignant comme celle d'un serpent à sonnette malgré la douleur que j'éprouve à chaque mouvement.
La peur la peur la peur. Tant de peur autour de moi et en moi. Je risque de me noyer dedans !
Lézard approche avec un plat et j'ai un mouvement de recul, me retrouvant assise face à lui, les mains sur les oreilles pour tamiser le bruit de fond qui n'est pas un bruit. Je ne sais vraiment plus si je préfère être ici pour avec la Mort. Je veux fuir partir très loin... mais il m'ordonne de manger et je regarde l'assiette sans avoir le temps de porter un morceau de viande à ma bouche lorsque la voix douce de la crocodile l'invite à m'ôter mes chaines.
Mon visage se tourne vivement vers la grande saurienne, les yeux grands ouverts de surprise.
Mais... Elle... Ils...
Vraiment ?
Je repose le regard sur le Lézard qui brandit les clefs et cille plusieurs fois dans l'incompréhension la plus totale. Il tourne autour de moi. Le cliquetis du métal danse... Et tombe sur la mosaïque. Je frémis lorsque l'air humide vient affectueusement caresser ma peau fendue, bleuie, blessée, et les plaques de réactions qui me brulaient et me grattaient sous le fer. Un petit sourire me vient. De plus en plus large. Les larmes débordent, mélange de soulagement, de sensations physiques puissantes et de la conscience soudaine que j’aurais préféré que mon Grand Duc soit celui qui m'ôte tout cela. Je ferme les yeux alors que je me dresse sur la pointe des pieds en dépliant douloureusement mes ailes ankylosées. Une large déchirure coupe l'une d'elle et l'autre est grêlée de trous. C'est vraiment douloureux, mais ça fait tellement de bien de les bouger après tout ce temps ! Elle me semblent incroyablement légères et fragiles.
Emportée par l’allégresse et l'impression de ne plus rien peser, fatiguée par la trop grande intensité de tout ce que je vis, je fais un pas sur le côté et tourne sur moi-même en un pas de danse souple. Je termine les bras au-dessus de la tête et les ailes voilant et dévoilant inconsciemment mon corps de façon particulièrement suggestive pour des humains. La chaine serpente autour de moi en un lourd boa de métal passant entre mes seins et sur ma hanche. Puis je referme les ailes, baisse les mains et un rire chaud m'échappe. Finalement ils étaient dangereux mais pas uniquement méchants. Je reviens à portée de Lézard, légère, pour le laisser finir.
Mais non. La Grande Crocodile ne me fait pas cet honneur. Ma légèreté et mon sourire retombent. Je me suis réjouis trop vite... Ma main se pose sur mon collier et l'empoigne. Lézard fit un pas en arrière, mais avant qu'il n'ait pu s'écarter davantage, je m’assois sur mes talons pour passer mes bras autour de lui et l'enlacer dans un cliquetis de la lourde chaine qui traine encore au sol.
- J'ai moins mal. " le remerciais-je à ma façon.
Je le serre contre mon cœur, fort... Et une impression familière me remonte dans les tripes. ça rassérène. Il est comme mon Grand Duc et la Pie Bavarde. Il est curieux. Il veut savoir... Et il a un peu faim aussi.
Sans plus penser une seconde à la crocodile, je m'éloigne aussi soudainement que je m'étais approché et ramasse l'assiette pour la lui tendre.
- Tu te sentiras mieux. " Un sourire et j'ajoute. " Donne moi tes questions en échange.
CENDRES
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De surprise, le lézard se raidit. Une brève inspiration, ses griffes serrèrent les clés d'une manière peu innocente, et... Et rien. Rien que le chatouillement des cheveux rosâtres sur son museau, et la tendresse molle d'une sans-écailles. Au même titre que le petit hybride s'était figé, l'alligator géant avait suspendu son geste d'engloutir un autre grand morceau, sa gueule dentue se tournant légèrement vers le duo. Mais, le petit hybride se détendit. Pas de griffes dans son dos, pas de lame dans son flanc, rien qu'une étreinte chaude, rappelant la caresse du Soleil en fin de matinée. Ni frais, ni brûlant, juste... Doux. Écailles contre peau, il lui sembla presque percevoir les battements de cœur de l'étrange femme, plus lents que les siens. Ne sachant trop où mettre ses bras, il posa du moins sa tête sur l'épaule de 'l'elfe', après un instant... Et tout aussi soudainement, elle le lâcha. Il en eut froid, aussi rapidement qu'il s'était senti réchauffé, et sembla surpris qu'elle lui propose l'assiette.
"Plus tard. grimaça-t-il, avant d'ajouter avec plus d'enthousiasme. Mange-plutôt !... Et je te nourrirai de questions aussi."
Qu'est-ce que ça veut dire se nourrir de la présence des gens ? Qui est A ? D'où viens-tu ? En quoi te changes-tu ? Que sais-tu faire d'autres ? Et si je les disais à voix haute ? Se mettant en tailleur à même le mosaïque fraîche, il... Se releva aussitôt quand l'on frappa à l'une des portes de la salle. Sur invitation de la Patronne, un elfe entra. Non sans un coup d'oeil surpris sur l'esclave, il annonça :
"Ashaï et ses hommes sont de retour. Doivent-ils patienter...?
- Non. Amène-les moi. La gueule larmoyante du sang de son repas, la géante délaissa les grands plats vides. Lyu, conduis ton esclave à la mage... Une fois que tu l'auras questionnée... A ton gré."
Mon esclave... Excité, le lézard l'était, mais déçu aussi. Une seconde il hésita, comme prêt à ajouter quelque chose...
"Tu me raconteras."
Il s'en fut sur un pas léger, l'esclave avec le plat à sa suite, le lourd battant de bois se refermant derrière eux sur la géante ensanglantée, siégeant dans ses bassins embrumés.
Après avoir tergiversé face à plusieurs intersections, et avoir esquivé plusieurs curieux, le jeune hybride se décida et, non sans quelques détours chaotiques dans ces sous-terrains mal-famés, il mena la jeune femme dans des... Bains. Une autre 'aberration' de ce monde caché qui appartenait aux hors-la-lois. Après des bassins géants, pourquoi pas ? Non sans avoir salué quelques personnes, puis encouragé d'autres à leur laisser une salle, le lézard invita la jeune femme à déposer l'assiette toujours garnie de viande, et à s'installer à son aise.
"Après une rude journée, j'adore me plonger là-dedans. On en oublierait qu'on est sous terre, non ?"
Déposant sur le côté sa tenue de cuir, le jeune lézard attendit que 'son esclave' se soit plongée la première dans le bassin. Sinon, il irait avant de l'y inviter. Et puis... Il piquerait une bonne tête. Sans plus de vêtement, ses écailles apparaissaient dans leur entièreté, pâles et bleutées, hachurées sur son dos, ses épaules et sa queue. De petits pics fins lui couraient le long de la colonne vertébrale, tandis que nul appareil génital n'apparaissait à son entrejambe, rien qu'un discret plis de peau ne révélant en rien ses secrets.
Loin de rivaliser avec les bassins accueillant l'hybride géante, celui-ci n'en permettait pas moins au petit hybride de s'immerger entièrement et d'y faire quelques brasses, s'étirant avec volupté dans l'eau tiède, illuminée par quelques pierres luminescente. Quand il sortit la tête de l'onde, des perles semblèrent luire sur ses écailles. Les mires rosées clignèrent, ses deux paupières se fermant vers le haut, avec curiosité vers la jeune femme.
"Tu m'as dis que tu n'as pas de nom... On ne t'en a jamais donnée ? Debout dans le bassin, l'eau lui arrivait jusqu'aux épaules. Et puis... D'où viens-tu ? Quel âge as-tu ? Quand tu disais que tu 'es'... Quel est ton premier souvenir ? C'est... Je ne connais personne qui 'est', juste. Il y a une mère, un père toujours dans l'histoire. Donc si ce n'est qui, qu'est-ce... Qui t'a fait naître ?"
Du moins essayait-il de se retenir un peu pour lui laisser le temps de répondre, tout en poussant l'assiette dans sa direction, l'encourageant d'un regard à se sustenter, faisant fi de toutes les conventions quant au comportement à tenir avec un esclave. 'Son esclave'. Où vais-je la loger ?! Il y avait des dortoirs pour certains esclaves, mais quelque chose lui disait qu'ils ne conviendraient pas à l'étrange créature. Heureusement, il avait sa petite idée. En temps voulu.
"Plus tard. grimaça-t-il, avant d'ajouter avec plus d'enthousiasme. Mange-plutôt !... Et je te nourrirai de questions aussi."
Qu'est-ce que ça veut dire se nourrir de la présence des gens ? Qui est A ? D'où viens-tu ? En quoi te changes-tu ? Que sais-tu faire d'autres ? Et si je les disais à voix haute ? Se mettant en tailleur à même le mosaïque fraîche, il... Se releva aussitôt quand l'on frappa à l'une des portes de la salle. Sur invitation de la Patronne, un elfe entra. Non sans un coup d'oeil surpris sur l'esclave, il annonça :
"Ashaï et ses hommes sont de retour. Doivent-ils patienter...?
- Non. Amène-les moi. La gueule larmoyante du sang de son repas, la géante délaissa les grands plats vides. Lyu, conduis ton esclave à la mage... Une fois que tu l'auras questionnée... A ton gré."
Mon esclave... Excité, le lézard l'était, mais déçu aussi. Une seconde il hésita, comme prêt à ajouter quelque chose...
"Tu me raconteras."
Il s'en fut sur un pas léger, l'esclave avec le plat à sa suite, le lourd battant de bois se refermant derrière eux sur la géante ensanglantée, siégeant dans ses bassins embrumés.
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Après avoir tergiversé face à plusieurs intersections, et avoir esquivé plusieurs curieux, le jeune hybride se décida et, non sans quelques détours chaotiques dans ces sous-terrains mal-famés, il mena la jeune femme dans des... Bains. Une autre 'aberration' de ce monde caché qui appartenait aux hors-la-lois. Après des bassins géants, pourquoi pas ? Non sans avoir salué quelques personnes, puis encouragé d'autres à leur laisser une salle, le lézard invita la jeune femme à déposer l'assiette toujours garnie de viande, et à s'installer à son aise.
"Après une rude journée, j'adore me plonger là-dedans. On en oublierait qu'on est sous terre, non ?"
Déposant sur le côté sa tenue de cuir, le jeune lézard attendit que 'son esclave' se soit plongée la première dans le bassin. Sinon, il irait avant de l'y inviter. Et puis... Il piquerait une bonne tête. Sans plus de vêtement, ses écailles apparaissaient dans leur entièreté, pâles et bleutées, hachurées sur son dos, ses épaules et sa queue. De petits pics fins lui couraient le long de la colonne vertébrale, tandis que nul appareil génital n'apparaissait à son entrejambe, rien qu'un discret plis de peau ne révélant en rien ses secrets.
Loin de rivaliser avec les bassins accueillant l'hybride géante, celui-ci n'en permettait pas moins au petit hybride de s'immerger entièrement et d'y faire quelques brasses, s'étirant avec volupté dans l'eau tiède, illuminée par quelques pierres luminescente. Quand il sortit la tête de l'onde, des perles semblèrent luire sur ses écailles. Les mires rosées clignèrent, ses deux paupières se fermant vers le haut, avec curiosité vers la jeune femme.
"Tu m'as dis que tu n'as pas de nom... On ne t'en a jamais donnée ? Debout dans le bassin, l'eau lui arrivait jusqu'aux épaules. Et puis... D'où viens-tu ? Quel âge as-tu ? Quand tu disais que tu 'es'... Quel est ton premier souvenir ? C'est... Je ne connais personne qui 'est', juste. Il y a une mère, un père toujours dans l'histoire. Donc si ce n'est qui, qu'est-ce... Qui t'a fait naître ?"
Du moins essayait-il de se retenir un peu pour lui laisser le temps de répondre, tout en poussant l'assiette dans sa direction, l'encourageant d'un regard à se sustenter, faisant fi de toutes les conventions quant au comportement à tenir avec un esclave. 'Son esclave'. Où vais-je la loger ?! Il y avait des dortoirs pour certains esclaves, mais quelque chose lui disait qu'ils ne conviendraient pas à l'étrange créature. Heureusement, il avait sa petite idée. En temps voulu.
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Croque au deal
Le plat était retourné au sol. Je n'ai pas faim de viande et en manger me ferai trop penser à tous ceux que j'aime et que je ne reverrai peut-être jamais. Je reste alors debout à regarder alentour. Pour l'instant, on me restreint et ça fait peur, mais personne ne me fait de mal. Je ne peux pas fuir alors je dois obéir. Oublier ce qu'Aryan m'a enseigner. C'est ça... M'oublier pour n'être que l'ombre, le reflet. Et peut-être me laissera-t-on une chance de sauver ma vie, même si je fini comme avant, avec le corps brisé et l'esprit en miette.
Un frisson de peur remonte le long de mon dos et cette fois je suis parfaitement consciente qu'il vient de moi. Il faut que je respire malgré ce collier à mon cou. Après la colère et la peur, la fatigue de nouveau. Oublie, Sans Nom. Oublie. Tu ne fais que passer. Avancer. Oublie, Sans Nom. Obéit et quand tu le pourras, retourne loin de tout ça, loin dans ta forêt.
Lézard se redresse d'un coup et je le suis, docile. Je noue rapidement la chaine qui pèse à mon collier pour m'en faire une ceinture, puis je ramasse le plat qui le tentait 'pour plus tard' et le suivait d'un pas souple et silencieux. Plus silencieux encore quand nous rencontrons plein de gens une nouvelle fois. Forts. Agressifs. Comme ceux qui m'ont prise. Je les déteste... non. Je dois simplement oublier, obéir, me sauver.
Je dépose le plat près du bassin dans la tiédeur tempéré de la salle qu'on vient de nous laisser. De l'eau... Vu le geste que me fait Lezard, je dois avoir le droit de m'y plonger... Mais pas celui de prendre la forme qu'il faut. Je tire fort sur mon collier, entamant un peu plus la peau de ma nuque et raclant au passage quelques cheveux. Rien.
- J'aime pas être sous la terre, j'ai le poids de la roche sur la tête et sur la poitrine. ça écrase.
Et sur ce, je glisse dans l'eau chaude jusqu'à disparaitre sous la surface, assise au fond de l'onde, clouée au sol par l'absence d'air dans mes poumons et le poids de mon entrave. Je reste là, un peu moins en proie à l'enfermement et à la cacophonie, pendant plusieurs longues minutes, sans bouger, sans émettre une bulle, les yeux ouverts, les bras autour des genoux et les ailes repliées autour de moi pour me créer un cocon troué et déchiré d'un vague rose terne.
Quand je me décide à remonter pour prendre une goulée d'air, au bout de bien quatre ou cinq minutes, je ne sort que les épaules et quelques brins de paille flottent autour de moi. L'eau brûle mes plaies et mes plaques, mais je me met à me frotter avec précaution pour décoller la crasse et le sang sécher. Les yeux de Lézard finissent par happer les miens et je souris un peu à leur curiosité familière.
Quand je me décide à remonter pour prendre une goulée d'air, au bout de bien quatre ou cinq minutes, je ne sort que les épaules et quelques brins de paille flottent autour de moi. L'eau brûle mes plaies et mes plaques, mais je me met à me frotter avec précaution pour décoller la crasse et le sang sécher. Les yeux de Lézard finissent par happer les miens et je souris un peu à leur curiosité familière sans que mes mains n'arrêtent de travailler par petits mouvements sur mon ventre, mon buste, ma queue et ma jambe.
- Tu m'as dis que tu n'as pas de nom... On ne t'en a jamais donnée ? commença Lyu.
- Si. Beaucoup. Lilith, Asmodée, Léviathan, Rose, Cornue, Tentatrice... " d'ordinaire, lorsque venait ce sujet, je sens en moi cette force qui me met les mots à la bouche, mais là, c'était tout à fait supportable. " Mais pas le miens. Personne n'a réussi. Tu peux toi aussi me nommer. Me donner un nom. Celui que tu as envie.
- Et puis... D'où viens-tu ? dit encore le lézard, lancé dans ses questions.
- De loin. J'ai traversé la mer.
- Quel âge as-tu ?
- Je ne compte plus les saisons depuis longtemps. Je me souviens des premières pierres et des premiers fidèles. " Mes mouvement s'arrêtent un instant, le regard un peu voilé, avant que je ne reprenne en regardant Lézard avec un sourire. " Il était le premier de son titre dans la première des Cathédrales. ça doit faire longtemps.
- Quand tu disais que tu 'es'... Quel est ton premier souvenir ?
- Premier... Je ne sais pas. Il y a beaucoup de souvenirs.
- C'est... Je ne connais personne qui 'est', juste. Il y a une mère, un père toujours dans l'histoire. Donc si ce n'est qui, qu'est-ce... Qui t'a fait naître ?
- Je ne suis pas née. " répétais-je obstinément en penchant la tête sur le côté. Il n'a vraiment pas compris ? Pourtant je le lui ai déjà dit je crois. " J'étais déjà même sans le savoir. Et je me souviens, un jour, j'ai réalisé que je suis."
La confusion gagna le jeune hybride.
-Non, ça c'est quand tu grandis. Commença-t-il en se juchant sur un rebord, ses griffes tapotant la mosaïque. Je ne me rappelle pas quand je suis sorti de Ma', par contre je me rappelle un peu quand Patronne m'a trouvé. J'étais pas encore tout grand, mais j'étais pas tout juste né, tu vois ? Et ce que j'étais petit ! Et la Patronne grande, oh la la ! Et-et je sais que si je suis né, c'est que Ma' s'est fait un lézard. Et Patronne est pas ma Ma', parce qu'elle comme moi, on peut pas faire de petit parce qu'on est des hybrides, et qu'on est né sans que les Titans nous aient bien fait. Mais on est quand même né d'un père et d'une mère. C'est comme ça que ça marche, non ? "Et pourtant, la sincérité de l'étrange cornue commençait à faire douter le lézard. Y a d'autres manières de faire des bébés ? Manquerait plus que le Soleil et la Lune fassent des zig zag dans le ciel.
D'un petit coup de pied il jette un peu d'eau en l'air. Mes réponses n'ont pas l'air de lui plaire et je me demande si je dois lui mentir... Mais il ne veux pas que je sois d'accord avec lui, il veut savoir. Il veut connaitre. Il veut comprendre.
"Ou c'est certains de tes 'premiers fidèles' qui t'ont fait ? Des fidèles de qui d'ailleurs ? C'est quoi une Carré Drâle ? Quatre dales ?"
- Une très très grande église. Un endroit où les mortels viennent implorer qu'on les aide à casser des petits bouts d'eux même pour être plus comme d'autres voudraient qu'ils soient.
Je soupire, l'air mécontente, comme à chaque fois que je m'en rappelle. Je ne comprends vraiment pas cette façon de faire... Et j'en éprouve toujours une certaine rancœur. Tout ce qu'ils veulent jeter, oublier, détruire... Tout ce que je suis... Et... J'ai vraiment faim en y repensant. Je dégluti, la bave aux lèvres, et m'essuie la bouche du revers de la main. Puis je fait disparaitre une dernière trace de boue et de sang sur mon flanc, laissant les blessures à vif et les plaques visibles sous l'eau.
Je me redresse un peu, en deux pas je suis de nouveau toute proche de Lézar et scrute son visage. Je n'en ai jamais vu comme lui. Si j'oublie le reste, peut-être que je pourrais au moins m'accorder un peu de savoir. J'aime ses yeux surtout. Roses et brillants. Doucement, je pose à nouveau la main sur lui, sur sa joue cette fois, étalant les perle d'eau du bout des doigts avec fascination. Pâle marbré de bleu... Une grande tristesse revient malgré mes efforts pour oublier. Il est trop doux et il pense trop à moi pour que j'y arrive...
- Tu me rappelles un peu Serpent. Lui aussi s'intéressait toujours à ce que je disais. Il était tout pâle irisé de violet et ses yeux étaient toujours doux... Tu veux bien rester avec moi ? "
Je m'efforce de sourire. Que disait-il déjà ? ... A oui... Je fronce soudain les sourcils et dégluti de nouveau, la gorge sèche.
- Ils étaient les fidèles des Titans... " Luviël m'en avait parlé mais je n'avais jamais réalisé... Je connaissais déjà ça... Ce dont elle avait parlé. Les titans, la religion. Oui... Pourquoi n'avais-je pas réalisé ? " Oui... Les croyants des divins... Ceux qui coupent le monde en deux... Le bien et le mal... Je revins de suite à Lézard et sourit un peu plus franchement, le cœur battant, incertaine de ce que cela pouvait signifier, mais heureuse malgré tout. " Ils ne voulaient pas de moi, encore et encore. J'étais leur prière et leur réponse... mais ils ne le voyaient pas. Pendant longtemps. Jusqu'à ce que ce soit trop dense, trop présent. Trop... là.
Je pose ma main libre entre mes seins. Comment le dire autrement ? Lui a grandi. Moi je suis. Naturellement ma main remonte sur le collier pour le tirer encore et des émotions plus négatives me transpercent.
- Tu peux l'enlever maintenant ?
Grande Crocodile avait dit "pour l'instant" alors peut-être que maintenant...
CENDRES
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Des réponses qui menaient à d'autres questions, c'était bien sa veine ! Telle une goutte de sang dans l'eau, se mélangeant, se dispersant, ce qu'était l' "elfe" devenait moins clair à chaque éclaircissement qu'elle lui donnait. Les mèches rosâtres se répandent en arabesques colorées, courbes vivantes se détachant des mosaïques immobiles. Songeur, alors que son 'esclave' l'observe de près, le lézard soupèse entre ses griffes les cheveux humides. Les peaux-nues n'ont pas ce genre de couleur, en général. Il cligne des yeux quand elle lui demande d'enlever le collier, et lâche sa chevelure.
"Je t'ai enlevé tous les autres, ce n'est pas assez ?" s'étonne-t-il.
La Patronne a dit qu'elle devait le garder. L'air embêté, il s'éloigne pour mieux se juger sur un rebord, l'eau dégoulinant sur ses écailles, sa tête au même niveau que celle de la fille, qui le surplombait avant.
"Et puis ce n'est pas clair ce que tu dis. A t'écouter on dirait que tu étais un esprit dans leur église, qu'ils t'invoquaient et te faisaient partir au gré de leurs prières, quelques choses comme ça. Ou un serviteur ? Un bouc-émissaire pour leur problème ? Une personne ou une ombre ? distraitement il se tritura une écaille du bras, avant de montrer du museau l'assiette toujours pleine. Tu n'as pas mangé. As-tu faim ou non ? Il s'agaçait. Ou c'est autre chose que tu manges ?"
La présence des gens... Il était présent, et elle revenait encore à son collier, qui contenait la magie. Métamorphe. Qu'est-ce que cela fait de pouvoir changer de peau, et d'être coincé dans une seule ? De contrarié, son expression se fit triste. Par contraste, hors de l'eau, il avait froid.
"Y a-t-il un nom que tu préfères ? Parmi ceux qui t'ont été donné ? Tu ne t'es jamais nommée toi-même ? dit-il sur un ton plus léger, comme pour se distraire. Ses pieds griffus agitaient l'onde, créant de nouveaux reflets lumineux et changeants, que l'hybride regardait en parlant. "Tu dis que personne n'as 'réussi'... A trouver ton nom ? C'est un jeu ? Ou tu l'as... Oublié ?"
Le va-et-vient s'arrêta et, un instant, Lyu ne dit plus rien. Hésitant.
"...Qu'est-ce qu'il se passera, si je te l'enlève ?
"Je t'ai enlevé tous les autres, ce n'est pas assez ?" s'étonne-t-il.
La Patronne a dit qu'elle devait le garder. L'air embêté, il s'éloigne pour mieux se juger sur un rebord, l'eau dégoulinant sur ses écailles, sa tête au même niveau que celle de la fille, qui le surplombait avant.
"Et puis ce n'est pas clair ce que tu dis. A t'écouter on dirait que tu étais un esprit dans leur église, qu'ils t'invoquaient et te faisaient partir au gré de leurs prières, quelques choses comme ça. Ou un serviteur ? Un bouc-émissaire pour leur problème ? Une personne ou une ombre ? distraitement il se tritura une écaille du bras, avant de montrer du museau l'assiette toujours pleine. Tu n'as pas mangé. As-tu faim ou non ? Il s'agaçait. Ou c'est autre chose que tu manges ?"
La présence des gens... Il était présent, et elle revenait encore à son collier, qui contenait la magie. Métamorphe. Qu'est-ce que cela fait de pouvoir changer de peau, et d'être coincé dans une seule ? De contrarié, son expression se fit triste. Par contraste, hors de l'eau, il avait froid.
"Y a-t-il un nom que tu préfères ? Parmi ceux qui t'ont été donné ? Tu ne t'es jamais nommée toi-même ? dit-il sur un ton plus léger, comme pour se distraire. Ses pieds griffus agitaient l'onde, créant de nouveaux reflets lumineux et changeants, que l'hybride regardait en parlant. "Tu dis que personne n'as 'réussi'... A trouver ton nom ? C'est un jeu ? Ou tu l'as... Oublié ?"
Le va-et-vient s'arrêta et, un instant, Lyu ne dit plus rien. Hésitant.
"...Qu'est-ce qu'il se passera, si je te l'enlève ?
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Croque au deal
- Les autres faisaient mal. Celui là il étouffe et il affame.
Je le suis jusqu'au rebord, les vaguelettes de l'eau caressant ma poitrine. Les perles translucides qui ruisselles sur son corps lui font comme autant de bijoux tout prêts à accrocher la lumière pour le faire briller de mille feux.
- J'étais là-bas et en eux à la fois. J'étais... " Je penche la tête sur le côté. Je secoue négativement la tête lorsqu'il pointe l’assiette. " C'est bon mais ça ne me nourrit pas... Et tu ne comprends pas...
Je m'éloigne, fait quelques pas. Je réfléchis. Comment lui faire comprendre ce que je suis alors que les mots me manquent. C'est frustrant ! C'est évident ! Sur le bout de ma langue et cela m'échappe.
- J'ai oublié ! " grondais-je, frustrée. Je me retourne d'un coup pour lui faire face, ouvrant grand les bras. Tout serait si simple nom de nom !
Puis je m'arrête. Ce qui se passerait sans le collier ? Je reviens tirer dessus et me rapproche à nouveau de Lézard en déglutissant, la frustration éclipsée par l'espoir.
- Tu me verrais, moi. Sans ce collier, j'entendrai à nouveau et je sentirais à nouveau. Je saurai bien mieux ce que tu veux, comment te faire plaisir. Je pourrais t'aider et faire ce qu'il faut.
La chaine toujours nouée autour de la taille comme une ceinture, je pose la main sur l'un de ses genoux pour l'écarter et me rapprocher du bord du bassin. Le métal cliquète contre la mosaïque alors que j'arrive contre lui, face à face. Il est à ma taille maintenant. Peut-être un peu plus grand. Mes doigts frôlaient sa cuisse et ma poitrine se rapprochait dangereusement de la sienne, entrant totalement dans son espace sans même le réaliser.
Un léger sourire aux lèvres, mes yeux brillent d'anticipation. M'enfuir ? A ce moment exacte je n'y pense plus. Il n'y a que cette possibilité d'enfin me retirer cette entrave atroce. Survivre. C'est ce que je me suis promis. Oublier tout ce que je veux, tout ce que je suis, si ça me permet de survivre. Retirer le collier n'est pas seulement ce que je veux, c'est ce dont j'ai besoin. La seule demande que j'ai le droit d'avoir pour moi-même.
Je lève mon poignet criblé de quelques pâles écailles et lui montre.
- J'ai vu que ça t'intéressait. Je pourrais être comme ça. ... ça me rappellerait Serpent, ce serait bien aussi.
Mon pouce suit la forme des quelques écailles avant de revenir à celui que j'ai pris en otage par ma présence. Ma main se pose sur son torse et je souris à nouveau, les yeux roses dans les yeux fuchsias.
- Je serai ce que tu veux que je sois. Et si tu es heureux, content de moi, alors j'aurais moins faim.
Je ne sais pas encore exactement ce qui me donne faim ou moins faim mais je sais que lorsque je suis près d'Aryan et qu'il est heureux que je sois là, alors j'ai moins faim. Et quand je fais quelque chose pour lui, j'ai aussi moins faim. Alors peut-être que ça marchera comme ça, ici aussi. Peut-être que le temps qu'Aryan arrive, j'aurais plus faim. Peut-être que j'aurai compris ce dont j'ai besoin et ce qui m'unit ainsi aux humains.
Doucement, je guide mes doigts le long de son pectoral, de son bras, jusqu'à les glisser entre les siens, rayonnant doucement d'un espoir fou et de tout l'attachement tendre qui en résultait. Celui d'une bête sauvage qui voit arriver la pitance.
- S'il te plait...
CENDRES
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Oppressante, par sa présence comme ses demandes, la créature perturbait grandement le jeune lézard, qui voyait là un mélange étrange entre les parades amoureuses des peaux nues et les demandes exagérément flatteuses d'un drogué prêt à tout pour obtenir sa prochaine dose. Pourquoi agissait-elle comme cela ? Elle veut être débarrassée du collier. Elle veut sa magie. Pourquoi ne pas l'enlever ? Les chasseurs ne savaient peut-être pas tout. La Patronne voulait qu'elle le garde, qu'est-ce que cela changeait de le lui laisser ?
Avec, elle est affamée... Ce n'est pas comme elle est, comme ça, que je voulais la présenter à la Patronne. Sans, elle peut être plus...
Sous les yeux affamés de l'étrange femme qui lui tenait même la main, un Lyu très mal à l'aise restait figé, prêt à détaler comme à la repousser brutalement à coup de jambes, son torse ondulant subtilement au rythme d'une respiration rapide et d'un petit cœur agité. Elle l'avait acculé, le tenait, l'étape logique d'après était qu'elle le mange. J'ai mauvais goût ! Je ne veux pas m'accoupler ! Je suis trop jeune pour être papa ! Je suis stérile ! Mange ma queue ! Non ne mange pas ma queue, elle ne repousse pas ! Je... ! Je...
Sous l'effet de cette prise de conscience confuse, l'hybride eut soudain un comportement étrange : ouvrant la gueule, fermant les yeux, il se laissa tomber en arrière, ses membres flasques comme des poids morts, s'étalant sur la mosaïque humide. Le regard dans le vague, ne réagissant plus au monde extérieur, il n'y avait que des signes subtiles de vie pour trahir qu'il était encore vivant. Vivant, mais aussi réactif qu'un morceau de barbaque qui, s'il venait à glisser dans le bassin, coulerait à pique.
Pour faire simple : il faisait le mort.
Cela prit quelques minutes, où l'hybride n'offrit aucune réaction au moindre contact comme à la moindre parole, avant qu'il ne cligne des paupières et bouge enfin, l'air ahuri. Sans un mot, il fit signe à l'esclave d'approcher, et lui détacha finalement le collier scellant ses pouvoirs et sa nuque. Fuyant, le lézard retourna dans l'eau, laissant collier et chaîne sur le rebord.
"J'ai froid..." souffla-t-il, avant de s'immerger.
Avec, elle est affamée... Ce n'est pas comme elle est, comme ça, que je voulais la présenter à la Patronne. Sans, elle peut être plus...
Sous les yeux affamés de l'étrange femme qui lui tenait même la main, un Lyu très mal à l'aise restait figé, prêt à détaler comme à la repousser brutalement à coup de jambes, son torse ondulant subtilement au rythme d'une respiration rapide et d'un petit cœur agité. Elle l'avait acculé, le tenait, l'étape logique d'après était qu'elle le mange. J'ai mauvais goût ! Je ne veux pas m'accoupler ! Je suis trop jeune pour être papa ! Je suis stérile ! Mange ma queue ! Non ne mange pas ma queue, elle ne repousse pas ! Je... ! Je...
Sous l'effet de cette prise de conscience confuse, l'hybride eut soudain un comportement étrange : ouvrant la gueule, fermant les yeux, il se laissa tomber en arrière, ses membres flasques comme des poids morts, s'étalant sur la mosaïque humide. Le regard dans le vague, ne réagissant plus au monde extérieur, il n'y avait que des signes subtiles de vie pour trahir qu'il était encore vivant. Vivant, mais aussi réactif qu'un morceau de barbaque qui, s'il venait à glisser dans le bassin, coulerait à pique.
Pour faire simple : il faisait le mort.
Cela prit quelques minutes, où l'hybride n'offrit aucune réaction au moindre contact comme à la moindre parole, avant qu'il ne cligne des paupières et bouge enfin, l'air ahuri. Sans un mot, il fit signe à l'esclave d'approcher, et lui détacha finalement le collier scellant ses pouvoirs et sa nuque. Fuyant, le lézard retourna dans l'eau, laissant collier et chaîne sur le rebord.
"J'ai froid..." souffla-t-il, avant de s'immerger.
Invité
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Croque au deal
Il tombe, tout mou... Et je ne comprends pas vraiment...
Je penche la tête sur le côté. C'est comme ça qu'il dit non ? ... Je ne savais pas que les moitié-humains pouvaient faire le mort comme des opossum. Je ne savais même pas que des lézards pouvaient faire le mort comme des opossum. Et pourtant la réalité est bien là, devant mes yeux... Je lâche sa main qui retombe sur lui dans un claquement aussi mou que le reste de son corps. Je soulève l'une de ses jambes en guettant son visage. Rien. Je la lâche. Rien mis à part une éclaboussure.
Derrière la porte, les bruits d'autres humains se font entendre. S'ils n'avaient pas été là, je serai partie... Mais là, malgré une longue hésitation à fixer le battant, je ne peux pas faire ça. C'est trop terrifiant de traverser toutes les galeries que j'ai vue seule, sans pouvoir, sans serpent, sans Aryan. Enfermée, la pierre me pesant sur la tête. Je déglutis et me retourne. Non. Impossible.
Alors je m'accroupis à côté du cadavre et le tapote. Il n'avait pas le droit de me laisser comme ça. Je m'étais résolue à n'être qu'à travers les yeux des autres pour survivre. Je m'étais résolu à ne rien demander d'autre que de pouvoir manger et durer encore un peu sous cette forme incarnée. Je m'étais promis de me détruire pour n'être que ce qu'il voulait que je sois s'ils le voulaient... Et voilà qu'il me laissait seule. Incapable de partir. Incapable d'obéir. Rien à regarder. Rien à contempler.
Rien d'autre que l'intérieur de moi...
D'un mouvement vicieux, je pose mon indexe entre deux cotes et appui de toute mes forces, provoquant une douleur aiguë. Je veux qu'il l'enlève. Je veux qu'il l'enlève. Je veux qu'il l'enlève. Je VEUX QU'IL L’ENLÈVE !!! Toujours aussi vicieuse, j'appuie mon doigt dans son nombril... Et il reprend une grand inspiration.
Je tombe en arrière, assise sur la pierre tiède, pendant qu'il se redresse. De son œil vitreux il m'observe... Et finalement, dans un frisson de métal, les dernières entraves tombent. Le coton craque. La brume s'évanouit. Au moment où il écarte le métal de mon cou tuméfié, une profonde inspiration traverse tout mon corps et un soulagement au delà des mot déferle, chargé d'une énergie refoulée depuis ma capture. Colère. Faim. Tristesse. Injustice. Terreur. Je porte machinalement la main à mon cou, sentant enfin le contact directe de ma peau blessée. Mes propres doigts me paraissent tellement rêche alors que je les sais doux comme une pèche.
Toujours assise je lève les yeux vers lui. Incrédule. Il ne me rend pas mon regard et plonge dans l'eau.
Froid...
Un frisson glacé me remonte dans le dos un instant avant qu'il ne le prononce... Au moment même où un trou béant s'ouvrait un moi. Un gouffre comme je n'en avait pas senti depuis une éternité. Mes pupilles s'étrécirent en deux fines lignes verticales. Mes iris s'illuminèrent d'une lueur dansante. Une flamme vaguement violacée. Cet abyme vertigineux, je tanguais sur son bord, inconsciente de ce qu'il était vraiment. Inconsciente de ce qui se trouvait au fond. Terrifiée à l'idée de sauter le pas. Les os brisés. Les ailes arrachées...
J'ai Faim.
Rattrapée par ce que je suis, il n'y a plus la moindre naïveté dans ma façon de bouger. Silencieusement, souple comme un serpent, je glisse dans l'eau du bassin. Sans que le changement ne soit vraiment clair ou délimité, je fais sa taille. Ma peau reste nue, dépourvue d'écaille, mais elle se strie de rayures irrégulière. Le corps uni n'est plus qu'un souvenir, celui que j'arbore est tout en dégradé et en nuance de blanc au rose intense. La pointe de mes cornes cristallines s'irise de lueurs fuchsia alors que dans mon dos, plus la moindre trace d'ailes.
Autour de nous, la température de l'eau monte légèrement, tout comme celle de mon corps. Pas assez pour bruler mais assez pour sembler fiévreux. De derrière lui, mes bras s'enroulent autour de lui, ceinturant son torse en passant sous ses bras. D'apparence, le mouvement semble tendre... D'apparence seulement. Je le tiens. Je le réchauffe à ma flamme.
- Tu n'auras plus froid. " Je susurre au creux de son oreille dans cette langue serpentine que je peux parler avec lui... Et qui fait échos à quelque chose de longtemps refoulé. Ma voix se fait curieusement intrigante, volant son attention, piquant ses sens. L'aura que je dégage à totalement changée. Ma diction, jusqu'à mon odeur semblent façonnés pour attirer son intérêt. Le Captiver.
- Dis-moi... Trouve-moi...
Ma langue glisse une fraction de seconde dans son cou, comme si je m'apprêtais à l'embrasser ou peut-être à le mordre. Mes bras l'étreignent toujours fortement en une parodie de tendresse qui n'est pas prête à se défaire.
Je suis l'ombre voilée, de peur de te haïr,
Le chemin embrumé qui mène à ton plaisir.
Je motive tes pas ou élève tes peurs.
Je suis le creux au ventre et la faim en ton cœur.
Libère-toi, je m'éteins.
Etreins-moi, je te mange.
Pulsions et émotions me font un lit étrange.
Bien heureux celui qui de moi se nourri
Bien fade devient la vie pour celui qui m'oublie.
Esclave de moi-même ou maître des émois,
Le premier pas est là...
Une respiration. Un silence. Et un souffle qui a tout du plus régalien des ordre.
- Nomme-moi.
CENDRES
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Métamorphe... ! L'hybride était petit, et ce n'est pas tous les jours que quelqu'un de sa taille l'approchait, autre qu'un enfant. Par derrière,ça par contre... ! Etait-ce son inconscience récente, était-ce l'étrangeté de l'esclave, qui fit qu'il ne se débattit pas, ni ne se contorsionna pour faire usage de ses griffes ? L'eau était chaude, le touché de la créature aussi, sa peau contre ses écailles, un contact rappelant de bien lointains souvenirs. De l'eau et une peau...
"Qu'est-ce que tu fa- BLEUAH !" tenta-t-il, manquant boire la tasse.
Une ennemie aurait pu l'étrangler, l'éventrer, le planter plusieurs fois. Les camarades, certains des bandits se laissant aller à quelques gamineries, le bousculaient à l'occasion. La Patronne... La Patronne c'était encore autre chose. Les étreintes... Non, ce n'était pas quelque chose de commun pour Lyu. Celles qui n'étaient pas des pièges, qui n'étaient pas des menaces. Quand bien même celle-la était étrange, n'était pas demandée, était forcée, peut-être un piège, si, en vérité ? Et pourtant il ne la refusait pas. Il s'en souvenait d'une autre, à telle point que la langue dans son cou le fit frémir seulement comme un moustique le ferait.
Il était dans un cocon de chaleur, il était entouré, par des bras, par l'eau, alors qu'il avait il y avait encore du froid, dans ses tripes, en son cœur. Presque sans y penser, le jeune hybride se mit en boule, accroché au bras qui le tenaient, sa queue l'entourant, et entourant même les épaules de l'esclave derrière-lui.
"Bien heureux celui qui de moi se nourrit...
Bien fade devient la vie pour celui qui m'oublie..." souffla-t-il, écho songeur de la poésie de l'étrangère aux bras striés.
A son ordre, il ne se plia pas. Pas tout de suite. Son esprit prit quelques détours, des détours lointains, à la lumière striée par des branches, aux odeurs de marécage et de mousse...
"Elle me tenait pas comme ça... Normal, j'étais bien plus petit... Ses bras étaient doux et forts, sa peau sentait comme des feuilles écrasées et des épices, mes griffes se prenaient tout le temps dans ses cheveux... racontait-il à voix basse, son regard perdu dans les reflets de l'onde. Je lui mordillais le menton quand elle ne me regardait pas... Je faisais attention quand je lui touchais les joues... Le petit lézard pleurait, sa voix sifflante se brouillait. Je crois que... Je me rappelle pas... Je me rappelle pas sa voix, ni son visage... Ça fait si longtemps que je ne l'ai pas vu..."
L'étrange créature ne comptait pas le lâcher... Mais à la pression des griffes sur les bras qui enserraient l'hybride, il fit sentir qu'il ne cherchait pas à ce qu'elle le fasse. Il s'y accrochait. Un léger mouvement, où le lézard revint un peu, reprit un peu conscience de la situation, sans s'en alarmer, non. Les écailles humides, de petits ruisseaux dégoulinant de part et d'autre de sa face animale. Lyu tourna la tête, un oeil rosé cherchant le visage de l'étrange femme.
"Dis, c'est ça qu'ils appelaient, tes croyants ? dit-il en reniflant, larmoyant, une boule dans le torse. Ce qu'ils espéraient de leurs dieux ? Ce qu'ils s'interdisaient à eux-même ? Il eut un petit rire faiblard et triste, pensant à celle qu'il avait perdu, à celle qu'il aurait tant voulu revoir. Amour, est-ce ton nom ?"
Ce n'était pas un nom... Mais elle n'était pas une personne. Pas que.
"Qu'est-ce que tu fa- BLEUAH !" tenta-t-il, manquant boire la tasse.
Une ennemie aurait pu l'étrangler, l'éventrer, le planter plusieurs fois. Les camarades, certains des bandits se laissant aller à quelques gamineries, le bousculaient à l'occasion. La Patronne... La Patronne c'était encore autre chose. Les étreintes... Non, ce n'était pas quelque chose de commun pour Lyu. Celles qui n'étaient pas des pièges, qui n'étaient pas des menaces. Quand bien même celle-la était étrange, n'était pas demandée, était forcée, peut-être un piège, si, en vérité ? Et pourtant il ne la refusait pas. Il s'en souvenait d'une autre, à telle point que la langue dans son cou le fit frémir seulement comme un moustique le ferait.
Il était dans un cocon de chaleur, il était entouré, par des bras, par l'eau, alors qu'il avait il y avait encore du froid, dans ses tripes, en son cœur. Presque sans y penser, le jeune hybride se mit en boule, accroché au bras qui le tenaient, sa queue l'entourant, et entourant même les épaules de l'esclave derrière-lui.
"Bien heureux celui qui de moi se nourrit...
Bien fade devient la vie pour celui qui m'oublie..." souffla-t-il, écho songeur de la poésie de l'étrangère aux bras striés.
A son ordre, il ne se plia pas. Pas tout de suite. Son esprit prit quelques détours, des détours lointains, à la lumière striée par des branches, aux odeurs de marécage et de mousse...
"Elle me tenait pas comme ça... Normal, j'étais bien plus petit... Ses bras étaient doux et forts, sa peau sentait comme des feuilles écrasées et des épices, mes griffes se prenaient tout le temps dans ses cheveux... racontait-il à voix basse, son regard perdu dans les reflets de l'onde. Je lui mordillais le menton quand elle ne me regardait pas... Je faisais attention quand je lui touchais les joues... Le petit lézard pleurait, sa voix sifflante se brouillait. Je crois que... Je me rappelle pas... Je me rappelle pas sa voix, ni son visage... Ça fait si longtemps que je ne l'ai pas vu..."
L'étrange créature ne comptait pas le lâcher... Mais à la pression des griffes sur les bras qui enserraient l'hybride, il fit sentir qu'il ne cherchait pas à ce qu'elle le fasse. Il s'y accrochait. Un léger mouvement, où le lézard revint un peu, reprit un peu conscience de la situation, sans s'en alarmer, non. Les écailles humides, de petits ruisseaux dégoulinant de part et d'autre de sa face animale. Lyu tourna la tête, un oeil rosé cherchant le visage de l'étrange femme.
"Dis, c'est ça qu'ils appelaient, tes croyants ? dit-il en reniflant, larmoyant, une boule dans le torse. Ce qu'ils espéraient de leurs dieux ? Ce qu'ils s'interdisaient à eux-même ? Il eut un petit rire faiblard et triste, pensant à celle qu'il avait perdu, à celle qu'il aurait tant voulu revoir. Amour, est-ce ton nom ?"
Ce n'était pas un nom... Mais elle n'était pas une personne. Pas que.
Invité
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Croque au deal
Oh ce doux flot de paroles fécondes aux souvenirs ruisselant d'un amour inconditionnel. Je respire profondément, le nez dans son cou, contre ses écailles. Je perçoit sa respiration à lui qui change, sa voix qui siffle. Offre moi tes larmes, jeune ange pleureur. Offre moi le parfum qui te revient au museau. Offre moi la douceur qui se dégageait d'elle...
Mon étreinte se fait plus tendre. Une senteur de sève, de feuille écraser et d'épice passe de ses narines aux miennes. De mes narines à ma peau. Et nous berce tous deux dans un cocon à la fragrance discrète, mais bien présente. Ce gouffre qu'il sent, creusé par les souvenirs, comblé par les larmes et les sens, je le lorgne, le goûte, le dévore. Frissonnante, chaque inspiration, chaque geste, chaque attention à son égare se faire plus maternelle, plus affectueuse. Mes bras se détendent dans le lâcher.
Et il dit...
Il dit...
Une vague, une lumière se propage du bout de ma queue au haut de mon crâne, ma respiration se stoppant nette alors que je ferme les yeux un bref instant. Un goût amer mais succulent. Mon cœur accélère et je soupire, frustrée et aiguillonner à la fois. Ma chevelure rose vif est parcourue d''une onde flamboyante qui l'agite avec douceur, comme plongée au fond de l'eau, rien qu'un moment avant qu'elle ne reprenne la lourdeur propre à laisser de petites griffes s'y emmêler.
- Si proche, si vrai pour toi... " je murmure en bas parlé, subjuguée.
Un nom familier. Un nom frère. Un nom qui résonne dans sa bouche et dans son être comme le plus doux des surnoms affectueux. Bien des voix se mêlent à la sienne, si fortes dans ma mémoire que j'ai l'impression de les entendre toutes en ce moment même en une cacophonie ordonnée. Le nom qu'on a hurlé en silence tant de fois qu'il aurait pu me définir sans doute. Un mot que peu osait, que beaucoup craignait. Un visage parmi une infinité. Mais un visage tout de même et je dois fermer les paupière un moment. Le monde vacille. J'ai chaud. Je me sens... habitée.
- Je l'ai été déjà... Je le serai encore... Je le suis dans le reflet de ton cœur. Je te remercie... Je suis là ... Encore... Dit le encore, mon tout petit.
Les mots qui coulent de mes lèvres me semble n'être qu'à moitié miens. A moitié ombre, à moitié éclats brisés. Et dans l'écho de ma voix, l'écho de celui qui aurait pu hanter la mémoire de Lézard s'il s'en était souvenu.
CENDRES
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L'étreinte de la créature qui change... Et le petit lézard qui se laisse aller à ses larmes, à ses souvenirs, alors qu'un peu déçu, il souffle :
"C'était... Pas ça... ? Pardon..." dit-il en renfonçant sa tête écailleuse dans ses épaules, comme s'il pouvait se faire tortue, et s'y cacher un peu.
Comme il est étrange pour qui vit entouré de violence et de méfiance, de se laisser à de simples larmes, dans des bras étrangers mais qui, il ne sait comment il le sait, sont bienveillants à son égard. Elle se nourrit de la présence des gens... De ce qu'ils ressentent ? Une réflexion bien trop logique, que ses émotions ballaient, alors qu'il hoquette de surprise en réalisant que les cheveux de la créature, aussi, ont changé. Ses griffes s'y perdent un instant... Et il rit. Il rit et il pleure.
Que dirait la Patronne si elle le voyait comme ça ?
Un temps il la laissa faire, la laissa essayer, acceptant sa présence et son étreinte étrange. Pourtant, finalement, il se résolut à délaisser son petit jeu et, secouant lentement la tête, il tapota gentiment l'un des bras qui le tenait si doucement. Un bras qui avait changer plusieurs fois en quelques instants, qui pouvaient être beaucoup de chose. Mais comment auraient-ils pu être comme ceux d'une disparue, si lui même qui les avait connus ne se rappelait plus vraiment comment ils étaient ?
"...Mi bewe... dit-il dans un souffle, l'air ailleurs. C'est comme ça... Qu'elle le disait je crois. Mais... Je ne me rappelle plus... De beaucoup de choses... Un reniflement d'enfant égaré, qui doit pourtant continuer d'avancer. C'est gentil... C'est gentil d'essayer."
Tranquillement, il se libéra de ses bras, comme l'on se défait d'une couverture chérie, que l'on ne veut pas froisser, dont on regrette déjà le contact chaud. Fatigué, il était, se sentant capable d'aller s'allonger et de dormir trois jours. Cela ne lui ressemblait pas. Las, en un sens, étrangement... Apaisé, il alla gober, sans grande conviction, un morceau de viande. Une chair bien trop lourde et riche après un tel flottement, mais il était important qu'il reprenne contenance. Idiot. réalisa-t-il alors que sa gueule boursouflée le tiraillait sous l'effort, lui rappelant ses plaies fraîches, qui n'apprécièrent guère le contact de la barbaque refroidie. Délaissant aussi sec le plat et les autres belles pièces, il jeta un oeil vers l'esclave, se demandant quelle apparence elle revêtirait après... 'ça'.
Comment considérer comme une possession quelqu'un qui vous a étreint avec la douceur d'une mère disparue ?
"...Comment te sens-tu... ?" dit-il, des échos de tristesse dans la voix, comme vieilli de plusieurs années.
"C'était... Pas ça... ? Pardon..." dit-il en renfonçant sa tête écailleuse dans ses épaules, comme s'il pouvait se faire tortue, et s'y cacher un peu.
Comme il est étrange pour qui vit entouré de violence et de méfiance, de se laisser à de simples larmes, dans des bras étrangers mais qui, il ne sait comment il le sait, sont bienveillants à son égard. Elle se nourrit de la présence des gens... De ce qu'ils ressentent ? Une réflexion bien trop logique, que ses émotions ballaient, alors qu'il hoquette de surprise en réalisant que les cheveux de la créature, aussi, ont changé. Ses griffes s'y perdent un instant... Et il rit. Il rit et il pleure.
Que dirait la Patronne si elle le voyait comme ça ?
Un temps il la laissa faire, la laissa essayer, acceptant sa présence et son étreinte étrange. Pourtant, finalement, il se résolut à délaisser son petit jeu et, secouant lentement la tête, il tapota gentiment l'un des bras qui le tenait si doucement. Un bras qui avait changer plusieurs fois en quelques instants, qui pouvaient être beaucoup de chose. Mais comment auraient-ils pu être comme ceux d'une disparue, si lui même qui les avait connus ne se rappelait plus vraiment comment ils étaient ?
"...Mi bewe... dit-il dans un souffle, l'air ailleurs. C'est comme ça... Qu'elle le disait je crois. Mais... Je ne me rappelle plus... De beaucoup de choses... Un reniflement d'enfant égaré, qui doit pourtant continuer d'avancer. C'est gentil... C'est gentil d'essayer."
Tranquillement, il se libéra de ses bras, comme l'on se défait d'une couverture chérie, que l'on ne veut pas froisser, dont on regrette déjà le contact chaud. Fatigué, il était, se sentant capable d'aller s'allonger et de dormir trois jours. Cela ne lui ressemblait pas. Las, en un sens, étrangement... Apaisé, il alla gober, sans grande conviction, un morceau de viande. Une chair bien trop lourde et riche après un tel flottement, mais il était important qu'il reprenne contenance. Idiot. réalisa-t-il alors que sa gueule boursouflée le tiraillait sous l'effort, lui rappelant ses plaies fraîches, qui n'apprécièrent guère le contact de la barbaque refroidie. Délaissant aussi sec le plat et les autres belles pièces, il jeta un oeil vers l'esclave, se demandant quelle apparence elle revêtirait après... 'ça'.
Comment considérer comme une possession quelqu'un qui vous a étreint avec la douceur d'une mère disparue ?
"...Comment te sens-tu... ?" dit-il, des échos de tristesse dans la voix, comme vieilli de plusieurs années.
Invité
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Croque au deal
- Mi bewe... " soufflais-je pour en retrouver les sonorités sur ma langue, inconsciemment modulée pour lui.
Je le libère sans mal et me laisse aller plus lourdement dans l'eau chaude, le corps détendu. Le gouffre de Faim s'est un peu refermé. Un peu s'est déjà beaucoup vu l'abysse qui menaçait de m’engloutir toute entière. J'inspire et expire comme si ça avait la moindre importance, l'esprit en proie à tant d'images et de ressentis.
- Amour... " répétais-je pour moi, ayant ce besoin compulsif de l'entendre et lui qui ne veut pas le répéter.
Une pierre se pose sur ma poitrine, mais je me sens plus légère. J'ai peur. J'ai besoin de temps pour comprendre. Pour assimiler. C'est intense. Trop intense. Alors que ce n'était pas ça. Je le sens... Mais c'était proche. Amour... Quelle drôle d'idée. Aryan m'avait expliqué quelques mois plus tôt ce que voulait dire le verbe aimer. Je ne savais comment le manier, comment le sentir, et voilà que ce mot revient, sorti du néant, raccrochant quelques fragments dont je m'étais défaite il y a si longtemps.
... Si douloureux...
... Si terrifiant...
... Si fort...
... Si bon...
Je passe ma langue sur mes lèvres. Mes pupilles dilatées se tournent vers Lézard et au fond de leur gouffre noir, quelque chose donne l'impression désagréable de bouger. De danser. D'attirer. Toujours de sa taille toujours de blanc et de rose striée, ma peau rappelant ses écailles, mes cheveux alourdis, mes cornes de diamant nimbées chacune d'une flamme rosée. Plus d'ailes et plus de plaies. Je suis de nouveau douce et lisse comme la plus plus savoureuse des pèches. Quelques plaques d'irritation dues au fer persistent, rouge sur mon derme pâle.
Je ne sais encore quoi en penser mais j'ai l'impression de sentir flamber une force à la fois nouvelle et ancienne en moi. J'ai l'impression de voir les choses d'un œil neuf, de les voir pour la première fois... Alors qu'elles sont les mêmes que quelques instants plus tôt.
Je me redresse et reprends appui sur mes jambes. Je m'approche à nouveau de lui et essuie l'une de mes... L'une de ses larmes du bout du pouce.
- Mieux.
Imperceptiblement, mes couleurs sont plus vives. Les flammes au niveau de mes cornes se calment peu à peu, ne laissant qu'une lumière fuchsia rayonner à leur pointe.
- Je serai Amour pour toi. " je souris tendrement. " Merci.
Je m'avance de nouveau vers le bord pour m'y asseoir, sortant souplement de l'eau.
- Dit-moi. Pourquoi vous voulez que je reste sous terre ? Pourquoi toi et Grande Crocodile vous me voulez moi ?
CENDRES
Invité
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Il eut voulu disparaître sous l'eau, se laisser couler jusqu'à l'oubli. Telle une blessure ré-ouverte, le souvenir effleuré le lancinait, autant qu'il demeurait incomplet. Si loin la jungle, si loin les bras doux...
La voûte au dessus d'eux, pourtant décorée de belles mosaïques, loin des pierres sales et ignorées des tunnels les plus abandonnés, lui parut pourtant soudainement horrible, par son poids au dessus de leur tête comme par la plus bête des vérités : elle leur cachait le Soleil, les Astres et la Lune, quels qu'ils soient à cette heure, loin là-haut. Point de chant d'oiseaux multicolores – aux œufs délicieux -, ni de clapotis de l'eau contre de vieilles racines – où faire s'enrouler les serpents géants -... Ni de zézaiements de moustiques dans les oreilles. Pah ! Et pourtant oui, pas tant pour ce qu'était la jungle elle-même, mais ce qu'il y avait vécu. Ce qui était mort là-bas.
A la déclaration de la créature, de son nom 'Amour', le triste lézard eut un rire maigre.
"N'soit pas bête. Que je t'appelle Amour, et les autres vont bien se marrer." marmonna-t-il.
Peut-être plus que l'évocation du sentiment merveilleux et cruel, ce fut qu'il eut répondu ainsi à la douce qui l'avait enlacé qui tira de ses écailles quelques reflets rosés, et de ses mires un regard de gêne. Pour une autre raison, il eut envie de s'enfoncer dans l'eau et de ne remonter que quand il en aurait envie. Mais ça ne marchait pas comme ça. Même s'il avait raison, ce n'était pas bien quand même.
"Rouma... dit-il après un instant, un peu pataud. Je t’appellerai comme ça. Ce que ça veut dire... Ce sera notre secret, d'accord ?"
S'approchant du bord à son tour, il en sortit tout bonnement, sans regarder l'esclave.
"Sous terre, c'est chez nous. Et je voulais t'offrir à la Patronne mais... Il se gratta une écaille, les trous encore boursouflés de sa grimace parlant d'eux-même. Ça ne s'est pas passé comme j'pensais. Hmmmm... Réfléchissant, il se mit à marcher lentement le long du bassin. Tu pourrais..."
Danser dans l'auberge, et les gars seraient verts, et ils se mettraient sur le nez, je paris que Ewul serait le premier à y laisser des dents, et Marcha tirerait son frère de là en tisant qu'il est trop jeune, et le vieux Rollo' chanterait, des chansons paillardes ou de bagarre je ne sais pas... Et je les regarderai en mangeant !
"Et aussi..."
T'infiltrer chez les GoldenHearth. En prenant l'apparence d'un de ses gardes, tu te faufiles jusqu'à la chambre à coucher. Là, tu l'accueilles après une longue journée de travail à compter ses pièces d'or en lui déclarant ta flamme, la perturbant tant qu'en deux pas chtack ! Un coup de couteau dans les côtes. Et un autre dans l'oeil. Et un dernier dans le pied. Et tu emportes sa langue pour faire bonne mesure, avant de la mettre dans le chaudron du cuisto' pour que ses gens apprécient à sa juste valeur le bijou de son claque-merdes en le mangeant !
"Mieux !..."
On t'envoie voir les grosses têtes du Syndicat en prenant l'apparence de l'un d'eux. Tu leur vantes les mérites de la Patronne, tant et si bien qu'ils l'invitent à siéger parmi eux, comme ça elle prend le pouvoir, en lâche sur les peaux-nues tous les forbans sur lesquels ils crachent, on leur pique leurs maisons, et on rirait bien pendant une grande fête en les mangeant !
C'est en regardant Rouma, que Lyu réalisa qu'aucune de ses brillantes idées n'avait franchi le pas de sa bouche, si ce n'est peut-être des marmonnements indistincts de vieux lézards. Il lâcha un soupir.
"J'vais y réfléchir. Sortons d'ici."
Une énième fois il l'avait guidée dans le dédale, en s'éloignant de l'activité brigandine, prenant des détours, se faufilant dans des passages étroits, tel un rongeur prêt à semer le moindre curieux en passant là où d'autres ne peuvent. Finalement, il avait déverrouillé une petite et lourde porte ne payant pas de mine... Et ne trahissant en rien le trésor qu'elle cachait derrière son épais battant.
Une caverne d'alibaba hétéroclite, le fruit de pillage... Comme de cadeaux, de toutes les strates de la civilisation républicaine. De livres poussiéreux à un pan de cuir tatoué, d'humble couteau travaillé à la main à de rutilante épais, de la beau d'une bête étrange et féline à des plumes colorées, en passant par des bibelots divers et variés, n'ayant de cohérent que leur étrangeté. Des rouleaux indistincts rangés dans les coins, un siège à bascule, un buste de drakyn - dont on avait gribouillé la figure au charbon pour lui faire une grimace, et le reste de l'albâtre n'avait pas été épargné -, des coffres débordants d'étrangeté... Et siégeant au milieu du bazar, un lit gigantesque à la belle couverture brodée... Et repoussée dans un coin. Le matelas de plumes avait été éventré, et creusé, comme pour y faire un nid.
"Ici tu seras tranquille." sourit Lyu à l'attention de Rouma, l’œil pétillant sitôt qu'ils étaient rentrés dans son antre.
La voûte au dessus d'eux, pourtant décorée de belles mosaïques, loin des pierres sales et ignorées des tunnels les plus abandonnés, lui parut pourtant soudainement horrible, par son poids au dessus de leur tête comme par la plus bête des vérités : elle leur cachait le Soleil, les Astres et la Lune, quels qu'ils soient à cette heure, loin là-haut. Point de chant d'oiseaux multicolores – aux œufs délicieux -, ni de clapotis de l'eau contre de vieilles racines – où faire s'enrouler les serpents géants -... Ni de zézaiements de moustiques dans les oreilles. Pah ! Et pourtant oui, pas tant pour ce qu'était la jungle elle-même, mais ce qu'il y avait vécu. Ce qui était mort là-bas.
A la déclaration de la créature, de son nom 'Amour', le triste lézard eut un rire maigre.
"N'soit pas bête. Que je t'appelle Amour, et les autres vont bien se marrer." marmonna-t-il.
Peut-être plus que l'évocation du sentiment merveilleux et cruel, ce fut qu'il eut répondu ainsi à la douce qui l'avait enlacé qui tira de ses écailles quelques reflets rosés, et de ses mires un regard de gêne. Pour une autre raison, il eut envie de s'enfoncer dans l'eau et de ne remonter que quand il en aurait envie. Mais ça ne marchait pas comme ça. Même s'il avait raison, ce n'était pas bien quand même.
"Rouma... dit-il après un instant, un peu pataud. Je t’appellerai comme ça. Ce que ça veut dire... Ce sera notre secret, d'accord ?"
S'approchant du bord à son tour, il en sortit tout bonnement, sans regarder l'esclave.
"Sous terre, c'est chez nous. Et je voulais t'offrir à la Patronne mais... Il se gratta une écaille, les trous encore boursouflés de sa grimace parlant d'eux-même. Ça ne s'est pas passé comme j'pensais. Hmmmm... Réfléchissant, il se mit à marcher lentement le long du bassin. Tu pourrais..."
Danser dans l'auberge, et les gars seraient verts, et ils se mettraient sur le nez, je paris que Ewul serait le premier à y laisser des dents, et Marcha tirerait son frère de là en tisant qu'il est trop jeune, et le vieux Rollo' chanterait, des chansons paillardes ou de bagarre je ne sais pas... Et je les regarderai en mangeant !
"Et aussi..."
T'infiltrer chez les GoldenHearth. En prenant l'apparence d'un de ses gardes, tu te faufiles jusqu'à la chambre à coucher. Là, tu l'accueilles après une longue journée de travail à compter ses pièces d'or en lui déclarant ta flamme, la perturbant tant qu'en deux pas chtack ! Un coup de couteau dans les côtes. Et un autre dans l'oeil. Et un dernier dans le pied. Et tu emportes sa langue pour faire bonne mesure, avant de la mettre dans le chaudron du cuisto' pour que ses gens apprécient à sa juste valeur le bijou de son claque-merdes en le mangeant !
"Mieux !..."
On t'envoie voir les grosses têtes du Syndicat en prenant l'apparence de l'un d'eux. Tu leur vantes les mérites de la Patronne, tant et si bien qu'ils l'invitent à siéger parmi eux, comme ça elle prend le pouvoir, en lâche sur les peaux-nues tous les forbans sur lesquels ils crachent, on leur pique leurs maisons, et on rirait bien pendant une grande fête en les mangeant !
C'est en regardant Rouma, que Lyu réalisa qu'aucune de ses brillantes idées n'avait franchi le pas de sa bouche, si ce n'est peut-être des marmonnements indistincts de vieux lézards. Il lâcha un soupir.
"J'vais y réfléchir. Sortons d'ici."
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Une énième fois il l'avait guidée dans le dédale, en s'éloignant de l'activité brigandine, prenant des détours, se faufilant dans des passages étroits, tel un rongeur prêt à semer le moindre curieux en passant là où d'autres ne peuvent. Finalement, il avait déverrouillé une petite et lourde porte ne payant pas de mine... Et ne trahissant en rien le trésor qu'elle cachait derrière son épais battant.
Une caverne d'alibaba hétéroclite, le fruit de pillage... Comme de cadeaux, de toutes les strates de la civilisation républicaine. De livres poussiéreux à un pan de cuir tatoué, d'humble couteau travaillé à la main à de rutilante épais, de la beau d'une bête étrange et féline à des plumes colorées, en passant par des bibelots divers et variés, n'ayant de cohérent que leur étrangeté. Des rouleaux indistincts rangés dans les coins, un siège à bascule, un buste de drakyn - dont on avait gribouillé la figure au charbon pour lui faire une grimace, et le reste de l'albâtre n'avait pas été épargné -, des coffres débordants d'étrangeté... Et siégeant au milieu du bazar, un lit gigantesque à la belle couverture brodée... Et repoussée dans un coin. Le matelas de plumes avait été éventré, et creusé, comme pour y faire un nid.
"Ici tu seras tranquille." sourit Lyu à l'attention de Rouma, l’œil pétillant sitôt qu'ils étaient rentrés dans son antre.
Invité
Invité
Croque au deal
Rouma... Rouma...
Je souris. Le nom me plait. Le ton sec de Lézard ne me touche pas, ni ses mots acerbes. Je ne m'en aperçoit même pas vraiment. S'il le dit c'est que ça doit être vrai, il connait mieux les autres humains que je ne les connais. Je note même mentalement que l'Amour était un sujet de rire pour eux. Voilà quelque chose d'encore bien étrange étant donner la force avec laquelle ils s'y accrochaient. La violence qui leur tordait les tripes, allant jusqu'à les rendre fou, les tuer, les mettre au supplice et leur faire toucher du doigt, en de rares et glorieux cas, une extase illuminant leur vie d'un éclat si fort qu'ils en oubliaient l'ombre dans laquelle ils baignaient. Cette même ombre qu'ils refusaient de voir mais qui les rongeait de l'intérieur et dont le gouffre, ignoré, ne se faisait que plus grand, attendant de les happer.
Je pose donc un doigt sur mes lèvres en souriant, lui certifiant d'un geste que je garderai ce secret et tous les autres qu'il voudrait bien me confier... J'aimerai bien qu'il m'en confie d'autre. La perspective m'intrigue et me semble plus agréable.
Il réfléchi, il bouge, il ordonne, il conduit.
Je suis et j'obéis.
Dans son antre de plume et de bizarreries, je regarde partout sans rien toucher. Sans m'éloigner de la trace de ses pas. Étrangement, il me semble comprendre un peu mieux ce qui se joue ici, comme si un voile léger s'était levé de devant mes yeux. Je voyais les mêmes choses et pourtant tout était différent. L'éclat dans les yeux de Lézard me fait plaisir. Il me veut à ses côtés. Il est fier d'être ici et de me le montrer. Heureux que je sois en sécurité. Mon attention pleine et entière se pose sur lui lorsqu'il me présente ce qui serait sans doute mon lit à partir de maintenant.
Un jour, je reverrai le ciel, mais en attendant, je ferait ce qu'il faut pour qu'ils n'aient aucune raison de me faire du mal ou de me passer à nouveau les fers. Jusque là, je serai Rouma et seulement Rouma. La beauté de ce que j'ai vécu au côté de mon Grand Duc, la douceur de la lune sur ma peau, de ses lèvres sur les miennes et de son savoir dans mon oreille, tout cela n'était plus. Pour l'instant, je peux encore les garder au cœur et espérer qu'il me rejoindrait, comme il l'avait promis... Mais si grande Crocodile me l'arrachait comme les crocs de Lézard, je survivrai.
Je survis toujours.
Je survivrais encore mieux avec Lézard.
Ma queue ondulant en de larges mouvements paisibles, je m'approchait de lui en souriant.
- Merci ! J'aime être tranquille.
CENDRES
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