Après une très bonne négociation, apportant des arguments techniques pour faire baisser le prix, tout en proposant de les aider dans leur commerce, elle réussit à me donner ce dont j'avais besoin. Bref, elle est parfaite et si j’étais impressionné par les femmes sachant marchander, je serais immédiatement amoureux. Mais ce n’est pas le cas, je ne me souviens plus la dernière fois que j’ai éprouvé ce sentiment, mais c’était, il y a fort longtemps. Elle me propose ensuite, cerise sur le cageot de les réduire en poudre et je lui dis avec un grand sourire :

Voilà une très bonne idée, je dispose d’un logement à proximité, c’est assez petit et sous les toits, mais c’est propre et il y a une table.

Bien sûr, je dispose de plusieurs logements, un dans chaque ville, sous une fausse identité, acquis au cours des siècles et je n’allais pas mettre ma précieuse marchandise trop loin de mon pied-à-terre. Je la conduis donc à travers quelques grandes rues jusqu’à un bâtiment de six étages, lui demandant :

C’est au dernier étage, j’espère qu’utiliser votre magie ne vous a pas trop fatigué. Si c’est le cas, je peux vous porter.

Je suis plutôt musclé, et même si la demoiselle est grande, elle est élancée et je devrais y arriver. J’attends donc sa réponse avant de commencer mon ascension. L’escalier en bois craque un peu, mais ce n’est rien d’inquiétant et nous arrivons enfin devant ma porte. Sortant un jeu de clés d’une petite cachette situé sur le palier, j’ouvre la porte, laissant passer mon invité et ne refermant pas l’ouvrant à clé pour qu’elle ne se sente pas prisonnière.

L’intérieur est assez spartiate et on sent clairement qu’il ne s’agit pas d’un logement où une personne vit à l’année. Les murs sont blancs, sans décoration, le sol est propre et dans un coin il y a un lit d’une place. Au milieu, trône une table avec une chaise et quelques livres. Je me dépêche de mettre ces derniers sur le lit et je propose à la jolie rousse, lui désignant la chaise pour qu’elle puisse s’asseoir :

Xera, voulez-vous boire quelque chose ? J’ai de l’eau ou de l’alcool de pêche.

Julius semble satisfait, la proposition de Xera semble le ravir, et propose de s’installer dans un logement qu’il dispose à proximité. D’après lui c’est petit mais propre et il y a une table. Une table c’est juste ce dont elle à besoin pour poser son matériel afin de réduire les champignons en poudre.

-il y a une table et c’est propre, c’est tout ce dont j’ai besoin.

Après avoir traversé de grandes artères, ils arrivent au pied d’un bâtiment de plusieurs étages, son hôte lui précise que son logement se situe au sixième et dernier étage. Ce dernier lui demande si son utilisation de sa magie de l’eau pour sécher complètement les champignons ne l’a pas trop fatigué, et lui propose de la porter si c’est le cas.

-Merci de votre sollicitude Julius, mais il en faut plus pour me vider complètement de ma mana.

Xera n’avait pas monté autant de marches d’escaliers de sa vie jusqu’ici, elle ne l’avouera pas mais les deux derniers étages à gravir fut une épreuve et elle fut fort aise d’arriver à bon port. Julius après avoir récupéré les clefs ouvre la porte et la laisse entrer sans refermer complètement la porte. A l’intérieur il y a juste le strict minimum, aucune décoration, mais effectivement c’est propre. Julius débarrasse les livres qui encombraient la table puis invite la demi-Fae d’un geste de la main à s’installer. La rousse avant de s'asseoir fouille dans son sac et en sort son matériel. Elle dispose le mortier et le pilon sur la table, retire sa cape et la place sur la chaise.

-De l’eau oui, ce serait parfait, si vous avez moyen de la faire chauffer j’ai des feuilles de thé avec moi.

La jeune femme ne tarde pas a se mettre à la tache et commence a réduire les précieux champignons en poudre. Elle est méticuleuse, son geste est assuré et sur la force de l’habitude. elle a tellement répété ce geste auparavant que cela lui vient naturellement de fredonner comme si elle était dans sa boutique.

Je laisse la jeune femme s’installer et je m’occupe d’un petit réchaud que j’allume grâce au briquet à amadou qui me sert à allumer ma pipe. Je n’ai plus qu’à mettre de l’eau dans une bouilloire et au bout de quelques minutes l’eau est assez bouillante pour que puisse présenter le contenant à mon invité. Je l’observe travailler et je souris quand elle se met à chanter. Comme il s’agit d’un air assez populaire, je le fredonne également, puis une fois qu’elle a terminé, je mets deux tasses sur la table, pour qu’elle puisse y verser la boisson. Je sors ensuite un petit tabouret et je m’y assois. Je suis bien là, cela fait bien longtemps que je n’avais pas eu d’invité, et si je suis habitué à la solitude, j’apprécie la présence d’une autre personne. Ne voulant pas passer pour un goujat, je lui demande :

Voulez-vous manger quelque chose pour accompagner le thé ? J'ai une connaissance qui a absolument voulu m’offrir du gâteau au chocolat.

Je parle de Tagar bien sûr et ses étranges lubies, j’en ai remarqué quelques-unes, la première est de toujours m’inviter au restaurant quand je lui fais mes rapports et la seconde cette étrange addiction au chocolat, qu’il veut faire partager. J’écoute donc sa réponse, sortant la pâtisserie si sa réponse est positive, puis je continu notre conversation :

J’ai bien compris que votre père était gravement malade, mais qui s’occupe de lui pendant que vous êtes en ville ?

Je suppose que c’est sa mère, les personnes mariées se soutenant toujours en cas de coup dur. Comme je suis lancé, je me permets de lui poser une dernière question :

Vous ressemblez beaucoup à une humaine, mais vous m’avez indiqué que vous avez vécu bien plus que la norme chez cette espèce, c’est très étrange. Auriez-vous du sang elfe ?

Son hôte allume un réchaud pour y placer une bouilloire afin de faire bouillir de l’eau, quand ce dernier pose la bouilloire fumante sur le coin de la table ou elle travaille, Xera fait une pause. Elle abandonne mortier, pilon le temps pour elle d’aller fouiller dans son sac et d’en sortir quelques feuilles de thé. La Demi-Fae soulève le couvercle de la bouilloire pour y déposer les feuilles, et le repose.

- voilà plus qu’a laisser infuser quelques minutes, le temps pour vous de nous couper une tranche de ce gâteau au chocolat.

Xera reprend son travail, ses gestes précis et réguliers marquent un raté quand Fabius lui parle de son père, mais sans se retourner elle lui répond d’un ton détaché.

- c’est ma nièce, la fille de la plus jeune sœur de ma mère qui s’en occupe durant mon absence, mais je ne vais pas pouvoir rester trop longtemps éloigné. Je compte retourner à Nareim à la fin de la semaine.

L’odeur de gâteau au chocolat vient chatouiller les narines de la jeune femme, le thé doit avoir suffisamment infusé maintenant, moment idéal pour effectuer une pause. La rousse vide le contenu du mortier dans un sachet en papier mis à disposition par le fumeur de poudre de champignons. La question concernant son sang elfe à le mérite de lui arracher un franc sourire.

- non pas de sang elfe, je ne vivrais que 5 ou 6 cents ans, ce qui est déjà pas mal comparé à ma famille humaine. Mon père est un Fae et ma mère humaine. Et vous-même j’ai cru comprendre que vous vous faites plus que vous semblez, si vous étiez qu’humain ?


Xera se charge de servir le thé en attendant la réponse de Fabius, leur discussion ordinaire lui était agréable, plus qu’elle ne s'y attendait en réalité. Sa tasse de thé en main, elle la porte à ses lèvres et souffle dessus. L’estimant encore un peu trop chaud, elle la reposa en gardant ses deux mains dessus afin que sa chaleur se diffuse dans ses mains.

- si vous avez besoin de plantes ou d'autres champignons et que la campagne reculé ne vous fait pas peur, passer à Nareim. Mon humble échoppe d’herboriste s’y trouve, elle n’est pas rutilante comme les boutiques de Liberty, mais même si nous faisons pousser les plantes les plus utiles, aux besoins locaux, le reste je le collecte moi-même dans la forêt et les champs alentours.

Suite à l’accord de mon invité, je coupe deux belles parts de gâteaux au chocolat, en déposant une devant la jeune femme et je l’écoute me parler de sa famille, dont l’une de ses représentantes s’occupe de son père pendant son absence. C’est bien d’avoir des gens sur qui on peut compter sans rien leur devoir en retour. En tant que démon je n’ai pas jamais eu de famille et j’avoue que parfois, j’aurais bien aimé, d’ailleurs, je lui dis, d’un ton convaincu :

La famille, c’est important, vous avez des enfants ?

J’apprends également que c’est une métisse, et quand elle me demande si je suis humain, je lui réponds :

Vous avez raison, je ne suis pas humain, mais ma race a mauvaise réputation et je n’aime guère en parler. Toutefois, comme vous avez honnête avec moi, je vais l’être également, je suis un démon.

J’espère qu’elle ne va pas mal le prendre. On parle souvent de nous en terme peu flatteur et il est vrai que pour certains membres, c’est justifier. Quand on s’ennuie depuis des milliers d’années, on peut être prêt à tout pour un simple frisson, quitte à faire du mal aux gens. Je prends ensuite la tasse du thé qu’elle a préparé, il bien chaud comme j’aime. J’en bois une petite gorgée, qui me fait sourire, car il est très bon, je la complimente même :

Votre préparation est excellente.

Elle me propose ensuite de passer à Nareim et je lui dis :

C’est une bonne idée, ce village a du bien changer depuis ma dernière venue. Même si j’ai toujours vécu en ville, j’apprécie également le calme de la campagne.

Un espion, à la campagne n’est pas vraiment utile. Je décide de lui poser à mon tour une question :

Lorsque vous aurez trouvé le traitement de votre père, vous resterez dans votre échoppe ? Ce serait dommage, vu vos talents de négociatrice, je vous bien à la tête d’un empire marchands !

Je plaisante bien sûr, quoique les talents de commerçante de mon interlocutrice sont indéniables. Je prends ensuite un morceau de gateau et il est toujours aussi bon, à la fois épicé et fondant, les cuisiniers des restaurants de luxe du Reike, sont vraiments les meilleurs du monde.

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Xera s'était attendu à de nombreuses questions, mais celle concernant sa possible descendance n’en faisait pas partie. Elle sentit le feu lui monter aux joues, ce n’est pas qu’elle n’était pas attiré par la chose, mais pour l’heure elle préférait se contenter elle-même. Et d’après ce qu’elle avait appris avec ses patientes qui venaient la voir pour leur grossesse, les pères de leurs enfants ne savaient que se contenter eux même, sans grande considération pour le plaisir de leurs partenaires. Le jeune et beau berger qui lui avait ravi sa fleur n’était donc point un cas isolé.

- non, je n’ai pas d’enfant, et j’ai le temps pour cela, j’aide les autres femmes du village à donner la vie, donc dans un sens, je suis déjà la tata de tous les enfants de Nareim depuis au moins 2,3 générations humaine.

La tentation de la belle part de gâteaux posés devant elle est plus forte que son envie de tremper ses lèvres dans son thé, aussi se décide-t-elle à poser sa tasse sur la table et à prendre une bouchée du gâteau. L’explosion de saveur sur sa langue est divine, elle n’avait jamais goûté de sa vie un gâteau d’un tel raffinement. Non, elle n’aurait jamais pensé qu’un simple gâteau au chocolat pouvait provoquer une émotion culinaire aussi intense. Fabius lui révèle qu’il fait partie de la race omise des démons, elle l’aurait appris sans le connaître, elle se serait montrée méfiante. Mais elle préférait juger les individus sur leurs actions, il l'avait aidé, elle l’avait aidé en retour. Pour elle, son hôte était loyal dans ses échanges avec autrui et cela lui était bien suffisant.

- et bien, je peux dire que vous êtes le premier démon, à ma connaissance, que je rencontre. Même si je l’avoue, je l’aurais su dès le début de notre rencontre, je me serais montré méfiante, j’essaye de ne pas juger un individu par rapport à son peuple. Ce sont nos actions qui nous définissent le plus, et personnellement je ne m’offusque pas qu’un scorpion pique ou qu’un loup chasse.

Elle ne sait pas si sa réponse est très claire pour Fabius, mais elle est pour elle, qu’un démon joue des tours aux mortelles cela était dans l’ordre des choses, mais chaque individu était maître de sa morale. Alors si un démon préférait aider ou du moins ne pas tourmenter les autres, cela ne regardait que lui. Il la félicita pour son thé, là elle avait juste croisé la route d’une caravane marchande et c’était laisser guider par son expertise.

- oh merci, mais le mérite revient aux feuilles de thé, et là, je dois l’avouer, je l’ai acheté à une caravane marchande.

Et bien son interlocuteur connaissait il donc tous les recoins de la République, être immortelle devait aider, pour le calme de la campagne Xera hocha positivement de la tête.

- oui la campagne ça vous gagne, mais je dois avouer que même si une telle concentration de population au même endroit me déconcerte, je suis heureuse d’élargir mon horizon. La cité offre une telle variété de choses.

Xera prend une bonne gorgée de son thé tout en écoutant la dernière question de son guide impromptu de la journée. Oui, que fera t'elle une foi qu’elle aura trouvé le moyen de guérir son père. Pour être honnête avec elle-même, elle ne s'était pas posé la question.

- Et bien, je n’en sais rien, je n’y ai pas réfléchi, sans cet accident, je pensais continuer ma vie tranquillement à Nareim et dans sa forêt. Moi à la tête d’un empire marchand ? Hum oui, j’imagine que cela pourrait être possible, mais je n’y vois pas pour l'heure de réels intérêts. Non, j’aimerais approfondir mes compétences magiques, au moins dans le domaine des remèdes et potions. Et continuer à renforcer mon lien avec les éléments de la terre et de l’eau, enfin ce n’est pas vraiment ça, j’ai l’impression qu’il y a autre chose, au-delà, mais je n’ai pas encore la maturité magique suffisante, je pense.

Je vois bien que ma question sur les enfants a rendu mal à l’aise la jeune femme, alors quand elle me répond qu’aider les autres à donner la vie lui suffit, je n’insiste pas. Après tout, à chacun ses choix, mais si je n’avais pas été un démon, je serais, sans aucun doute, devenu père, histoire d’expérimenté la chose. Je pense en effet, qu’avoir un bébé est un grand remède contre l’ennui.

Concernant ma révélation d’être un démon, cela ne semble lui faire ni chaud, ni froid, enregistrant cette information comme si je lui avais annoncé que j’étais un humain ou un elfe, ce qui est assez inhabituel. Les préjugés envers les membres de ma race ont la peau dure et je lui en suis reconnaissante de ne pas en vouloir aux autres démons pour aimer le chaos.
J’écoute ensuite ses autres réponses, notamment celles sur son avenir et ses projets. Elle parle ensuite de magie et je lui annonce :

Je connais une personne qui se dit versée dans le « Noble art », comme il l’appelle avec pas mal de suffisance. Il a un jour passé une journée à m’expliquer lors d’un voyage les différents pouvoirs possibles et si je me souviens bien, vous devriez pouvoir développer la magie de la Nature en travaillant assidûment la Terre et l’Eau.

Une fois ma partie de savoir exposer, je lui demande :

Alors, comment trouvez-vous le gâteau chocolat ?

Puis une fois sa réponse entendue, j’enchaîne par une autre question :

Je crains de voir retenu trop longtemps et vu l’heure tardive, je pense que l’auberge que je vous ai recommandé, celle du Cheval Argenté ne prenne plus de nouveau client. Pour m’excuser de vous avoir monopolisé, je vous propose de dormir ici cette nuit. Je ne vais pas tarder à partir au travail et je ne reviendrai qu’au petit matin, vous pourrez donc profitez de l’appartement. Je frapperai pour que vous m’ouvriez demain, qu’en pensez-vous ?

Je suis honnête dans ma proposition, je dois en effet faire du repérage pour un éventuel cambriolage et cela va prendre pas mal de temps d’identifier chaque sentinelle.

Fabius lui explique que d’après ce que lui a expliqué une de ses connaissances, il existerait une magie de la nature et que cette dernière serait liée à celle de l’eau et de la terre. Xera possédait déjà ces deux magies, mais maintenant, elle savait que cette étrange et subtile sensation fugace qu’elle ressentait parfois au plus profond de son être en manipulant ses deux éléments au cœur de la forêt, n’était pas donc le seul fruit de son imagination.

- oh, merci, jusqu’ici, je pensais que cela n’était que le fruit de mon imagination.

La question sur le gâteau ramena la jeune femme sur un sujet bien plus trivial et gourmant.

- Ce gâteau est délicieux, meilleur que tous ceux que j’ai pu manger jusqu’ici, personne dans mon village n’est capable d’une telle prouesse.

Son hôte lui fait part de son inquiétude par rapport à l'auberge qu’il lui avait conseillé et l’horaire tardif. Xera constate à ce moment qu'effectivement la lumière à l’extérieur a perdu en intensité. Ce dernier s’excuse même et lui propose une solution pour cette première nuit à Liberty.

- C’est très aimable de votre part, et cela me permettra d’aller de bon heure demain matin me prendre une chambre au Cheval Argenté, j’accepte votre proposition.

La rousse termine sa tasse de thé et engloutit le reste de sa part de gâteau, avant de se remettre au travail.

Je suis content d’avoir pu aider mon invitée et ravi que le gâteau lui plaise. Je lui indique même :

Je vais demander que l’on m’en livre un autre alors.

Je suis sûr que Tagar pourra arranger ce genre de chose. Il doit bien y avoir quelques petits avantages, à travailler pour le ministre des Finances du Reike. Je dois juste penser à lui envoyer un pigeon voyageur demain avec ma requête et mon rapport hebdomadaire.

La jolie rousse accepte ma proposition d’hébergement et recommence à travailler. Je prends donc l’assiette et son verre et je fais la vaisselle, puis je prépare son lit, avec des draps frais, avant de préparer ma couche sur le sol, avec une couverture sur et sous moi. Heureusement, je ne suis pas douillet, c’est l’avantage d’avoir vécu des milliers d’années, on se contente de peu, comme dormir sur le plancher.

Une fois les préparatifs terminés, je passe par la salle d’eau, afin de faire une rapide toilette, puis je prépare ce qu’il faut avec des nouvelles serviettes et du savon. Je n’ai plus qu’à lui indiquer :

Xera, je vous laisse la salle d’eau, j’ai également laissé une de mes grandes chemises propres si vous le souhaitez. Vous n’aurez qu’à prendre avec vous le bougeoir en sortant.

J’attends sa réponse, puis je prends un livre, que m’a conseillé Tagar. C’est un grand lecteur et il dispose d’une bibliothèque assez prodigieuse. Il m’a confié un jour, qu’à chacun de ses déplacements, il ramène un ouvrage, la plupart d’aventure. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et je dois avouer qu’il est passionnant. Ce jeune auteur réussit à dépeindre parfaitement la relation de domination entre un homme beau, riche et cultivé et une jeune femme qui vient de travailler dans son entreprise et qui est encore toute timide. Parfois, on se demande même qui est le dominant, tellement la jeune femme prend petit à petit le lead sur leur couple atypique. Bref, un très bon ouvrage qui s’appelle cinquante nuances de métal.

Xera est presque sûr d’une chose maintenant, c’est que son bienfaiteur du jour n’est pas un simple artisan comme sa mise le lui avait fait croire lors de leur rencontre. Mais elle n’allait pas chercher à en savoir plus, cela ne la regardait pas, elle n’avait personnellement rien à lui reprocher. Et puis c’était un démon alors il avait eu le temps de faire fortune et d’acquérir de nombreux appartements ou cela lui chantait. Il lui fit part de son intention de se faire livrer un autre gâteau, la flamme de la gourmandise illumina le regard de la jeune Demi-Fae. Elle n’était pourtant pas frivole, mais il fallait avoir goûté ce gâteau pour comprendre sa réaction.

- une excellente idée.

Pendant qu’elle termine de broyer les derniers champignons, son hôte s'occupe à lui préparer le lit et une couche pour lui sur le sol. Il disparaît un moment dans une pièce et en ressort en sentant le savon, cela rappela à la jeune femme qu’elle devait s’en acheter le lendemain, bien qu’elle savait comment en fabriquer, elle comptait bien profiter d'être à la capitale pour s’acheter du savon de qualité.

- Merci, c’est fort aimable, c’est vrai que je ne dis pas non à un brin de toilette avant d’aller me coucher. Mais je compte bien prendre un bain en bonne et due forme demain à l’auberge.

Ayant enfin terminé de réduire en poudre les champignons, Xera range soigneusement tout son matériel dans son sac.

- Voilà, je vous laisse sur la table la poudre, comme ça, vous pourrez la ranger à votre guise pendant que je suis dans la salle d’eau.

La rousse s’éclipse enfin et s’affaire à se débarrasser de ses différentes épaisseurs de vêtement à l'abri des regards dans la petite pièce servant de salle d’eau. Cette dernière est spartiate, mais cela ne la dérange pas le moins du monde. Un broc d’eau, une bassine incrustée en hauteur, du savon et des serviettes propres cela lui suffit amplement. Quand elle revient à la chambre, elle porte la chemise que lui prête Fabius, sa natte est défaite libérant ainsi son imposante chevelure qui lui descend jusqu’à la cheville.

Elle découvre le démon plongé dans un livre et n’ose pas le déranger, aussi ne dit-elle rien et s'engouffre dans le lit. La sensation de fraîcheur des draps propres est un véritable bonheur.

La jeune femme accepte mes différentes recommandations et pendant qu’elle entre dans la salle d’eau, je récolte avec précaution la poudre pour la mettre dans différents petits sachets. Je vais en avoir pour un certain temps, et même ravitailler certaines de mes caches dans cette ville. Je suis ensuite sorti de ma lecture par la jeune femme qui se couche et peux voir son imposante chevelure, qui est très belle et je lui en fais compliment :

Je n’aurais pas pensé que vos cheveux étaient si longs, cela vous va vraiment bien.

Si nous étions plus intimes, j’aurais ajouté que cela ajoute à son charme et qu'elle est vraiment très désirable, mais il s’agit de mon invité et je ne veux pas la mettre mal à l’aise. À la place, je préfère lui demander, au sujet de son lit :

Êtes-vous à l’aise ?

J’attends sa réponse que j’espère positive, puis je reprends :

Avez-vous l’habitude de lire avant de vous coucher ? J’ai d’excellents ouvrages de récit d’aventures, ou d'autres plus scolaire si vous le désirez. Je dois même en avoir un ou deux sur l’histoire de la République si ce sujet vous intéresse.

Encore une fois, j’attends sa réponse, avant de lui en apporter un si elle en émet le souhait. Une fois, ceci fait, je prends une autre bougie que j’allume, car il fait maintenant très sombre dans mon appartement, et je me couche tout habillé dans mon lit improvisé sur le sol. J’enlève ensuite mes vêtements que je pose prêt de moi, ne gardant que mon caleçon. Je ne peux m’empêcher de sourire à une histoire que m’avait raconté Tagar, où il avait pris l’habitude de dormir nu et une fois, dans un hôtel, quelqu’un avait frappé à la porte. Il avait alors ouvert en portant simplement un peignoir et il avait fini allongé sur le sol, des menottes aux poignets ! Cela ne risque pas de m’arriver et je pose simplement une dernière question à la jolie rousse :

Voulez-vous que j’éteigne ?

Si elle préfère discuter, je serai présent, dans le cas contraire, j’éteindrais et je m’endormirais.

Fabius la complimente sur ses cheveux, il faut dire qu’elle en prend soin, atteindre une telle longueur de cheveux sans avoir les pointes complètement abîmées n’est pas une mince affaire. Un sourire timide fait son apparition sur le visage de jeune femme. Elle ne rate pas non plus la petite flamme dans le regard de son hôte, cela est plaisant, dans d’autres circonstances peut-être que… Mais la demi-fae ne pouvait et ne voulait se permettre de s’éparpiller dans des ébats éphémères. Sans qu’elle ne s’en rende compte, la magie qui circule en elle cherche à éteindre la moindre étincelle de désir chez Fabius.

- Merci, je dois bien l’avouer, il s’agit d’une fierté personnelle.

Une fois installé dans le lit, l’espion lui demande si elle est à l’aise. Le lit ne payait pas de mine, mais le sommier et le matelas sont très confortable ;

- oui, tellement que j’ai un peu honte de vous voir dormir par terre, mais maintenant que j’y suis, je compte bien rester dans le lit. Non, je n’ai pas l'habitude de lire avant de dormir, mais les journées sont suffisamment longues pour que je m’endorme rapidement. Mais ne vous gênez pas pour moi, votre lumière ne me dérange pas. Demain, je chercherai le nom de cette plante, dont nous a parlé votre connaissance naine aujourd’hui.

Dehors, les bruits de la ville sont presque imperceptibles, mais bien là, c’est bien différent de ceux des nuits de Nareim, aucune discussion longue distance entre chiens de fermier et ceux du village. Un hululement se fait entendre et Xera étouffe un rire en l’entendant.

- pardon, désolé, je n’avais pas encore entendu de chouette se plaindre du sans-gêne des chats qui se promène sur leur toit.

Ayant pour ainsi dire toujours compris les animaux, la rousse oublie parfois que ce n'est pas forcément le cas de tout le monde.

La jeune femme me confirme qu’elle prend bien soin de ses cheveux, ce qui ne m’étonne pas, vu qu'ils sont très beaux. Elle me répond ensuite sur le ton de l’humour qu’elle est bien dans mon lit, il est vrai qu’il est très confortable. Elle ne lit pas le soir et je lui indique en souriant :

Je vais éteindre alors, la journée a été longue pour moi également.

Je souffle sur la flamme de ma bougie et je l’entends rire sur une discussion entre volatile et félin. Je ne peux m’empêcher de lui demander :

Vous comprenez les animaux alors ?

Il s’agit d’une magie peu utilisée. Pour ma part, il m’a fallu des siècles pour apprendre à maîtriser mon corps et encore de manière très imparfaite comparée à des guerriers que j’ai croisés récemment. Une fois qu’elle m’a répondu, je lui dis simplement :

J’aurais bien aimé avoir ce genre de pouvoir.

Pour un espion, cela aurait été très utile.

Je vous souhaite une bonne nuit et je vous dis à demain. Si vous ne me voyez pas à votre réveil, ne vous inquiétez pas, c’est que je serai parti chercher le petit-déjeuner.

Je l’écoute si elle veut ajouter quelque chose et je m’endors rapidement après. Afin de réaliser ma mission, je me réveille quelques heures plus tard et je sors rapidement de sous les couvertures, pour m’habiller dans l’obscurité et sans faire de bruit. Toujours silencieusement, je quitte l’appartement et après avoir fait mon repérage une bonne partit de la nuit, je prends le chemin d’une bonne boulangerie, l’argent n’étant pas un problème, vu ma profession et dépensant assez peu, je peux me permettre de soigner mon invité. Je prends donc deux croissants bien chaud et une bouteille de lait. Je n’ai plus qu’à faire le chemin inverse et je rentre à nouveau dans l’appartement, posant mes précieuses victuailles sur la table, je lui indique avec un grand sourire :

Le petit-déjeuner est servi !

La journée de Fabius a été longue aussi, aussi une foi Xera calée dans le lit, il ne continue pas sa lecture et annonce qu’il va éteindre la bougie. Quand la rousse ne peut s'empêcher de rire suite à la dispute entre une chouette et un chat de gouttière, son hôte semble surpris et curieux.

- Oui depuis toute petite, si bien que pour moi, cela est bizarre que cela ne soit pas le cas des autres.

Il lui confie qu'il aimerait avoir cette capacité, si elle savait comment cela fonctionne, elle lui proposerait bien de lui apprendre, mais voilà pour elle cela lui vient naturellement et elle ne saurait pas l’expliquer à autrui.

- je prends ça comme un défi, je suis plutôt matinal. Bonne nuit Fabius.

Xera s’endort rapidement et n’entend pas l’espion quitter l’appartement en pleine nuit. Quand elle se réveille, son lit, improvisé au sol, est vide. La demi-fae ne se pose pas trop de question, il est chez lui et elle est son invité. Elle en profite pour retirer les draps du lit et ranger la chambre puis elle s’attaque à la vaisselle avant de faire un brin de toilette. Quand Fabius rentre avec ses croissants et sa bouteille de lait, Xera l’attend avec une tasse de thé à la main et l’appartement rangé. Sa cape et son sac sont posés sur la chaise en face du bureau, visiblement elle est prête depuis un moment et patiente avec sa boisson chaude.

- effectivement, il reste assez d’eau chaude pour un autre thé. Ce sac en papier sent affreusement bon.

Elle laisse Fabius se poser pendant qu’elle s’occupe de lui préparer un thé, s'il lui en fait la demande. Une fois tous deux à table, il est temps pour eux de déguster leurs croissants frais et encore croustillants.

- Fabius, je vous remercie du fond du cœur, je vais débarrasser votre plancher dès que j'aurais fini mon thé. Je me demandais comment faire pour votre rendre visite lors de mon prochain passage à la capitale ?

Lorsque je reviens dans mon appartement, je peux voir que le lit a été vidé, la vaisselle nettoyée et c’est assez bizarre comme impression. Au cours des millénaires, j’ai déjà été marié, fiancé, vivant même parfois en colocation, et je sens à nouveau cette sensation d’un véritable foyer. La plupart du temps, je considère ce lieu de vie, comme un simple endroit où dormir entre deux missions. Là, d’un simple coup de nettoyage, je le trouve d’un coup beaucoup plus accueillant.


D’ailleurs, la jeune femme est assise à m’attendre et j’aime bien cette sensation de compter à nouveau pour quelqu’un. Cela fait peut-être trop longtemps que je suis resté seul, le travail d’espion ne permet pas vraiment de s’attacher. Je lui demande donc :


Cela me fait plaisir de voir que vous prenez autant soin de moi et de mon appartement. Je veux bien du thé, si cela ne vous dérange pas.


Je m’assieds donc sur la seconde chaise de l’appartement et une fois confortablement installé, je mange avec grand plaisir un croissant, tout en buvant ma tasse. Je ne peux m’empêcher de sourire d’un air béat, et même après qu’elle m’a annoncé qu’elle devait partir, je reste de très bonne humeur et je lui indique :

Ce n’est rien, vous m’avez apporté beaucoup plus que vous ne l’imaginiez. Cela faisait des décennies que je n’avais pas partagé un moment aussi agréable. Le fait que vous soyez aussi gentille, cela me fait beaucoup de bien.

Elle me demande ensuite comment me recontacter et je lui réponds :

Sur la place de la Mairie, il y a une librairie nommée « La Républicaine », le propriétaire est une très bonne connaissance et il me fera parvenir votre courrier où que je sois.

En vérité, c’est un espion du Reike, tout comme moi. Une fois que la jeune femme est prête, je lui dis :

Je vais vous raccompagner jusqu’en bas, c’est le moins que je peux faire pour vous. Ce sera avec grand plaisir que je vous reverrai.

Je suis sincère dans mes propos, malgré le court temps que nous avons passé ensemble, je pense que nous pourrons devenir amis, voir même plus.