Perdue dans d'étranges méandres, Zorya se sent flotter dans une obscurité opaque. Froid. Elle a froid. Elle ouvre la bouche pour parler, mais est incapable de le faire ; elle est prisonnière de son propre corps. Mais visiblement plus pour longtemps. Elle se sent partir ; comme si sa vie était aspirée d'elle depuis son ventre.

Physiquement, c'est plutôt le cas ; elle a un trou duquel son sang pulse à chaque battement de son cœur. Sans l'intervention de Tagar, elle serait probablement morte. Elle passe d'un froid glacial à une douce chaleur quand la magie de soin de l'homme aux cheveux blancs vient la repêcher de cet abime, et elle ouvre les yeux une prenant une grande aspiration.

Elle est toujours dans le noir, mais cette fois si, ses yeux s'habituent à l'obscurité et elle peut y voir quelque chose. Ses sens reviennent, et elle entend les cris et les pleurs autour d'elle. Instinctivement, elle récupère son épée tombée non loin d'elle et croise le regard du magicien. Elle lui demande faiblement, complètement épuisée :

« La chose. Où ? »

Mais quand elle suit la réponse de l'autre, elle se relève brusquement. Il pointe un endroit où il n'y a plus rien, si ce n'est des traces de sang noir. Elle se relève, mais est prise de vertige une fois debout ; et annonce à l'autre :

« Trop ouvert ici. Si elle nous chasse, c'est trop ouvert. Il nous faut, goulet d'étranglement »

Son souffle est court, son palpitant en panique, ses poumons en feu ; alors qu'elle est vidée de son énergie à cause de sa perte de sang. Elle n'est plus en état d'affronter une quelconque créature seule ; mais, avec du travail d'équipe, ils pourront probablement terminer ce qu'ils viennent de commencer. Mais il leur faut une situation favorable ; tendre un piège à la créature qui reprend probablement ses forces pour les chasser à nouveau.

Ma jeune patiente à la peau bleue semble aller mieux, puisque son premier geste, quand elle revient à la conscience, est de récupérer son arme. Elle me demande ensuite où se trouve la chose, et comme je ne peux pas lui expliquer qu’il s’agit d’une véritable créature nécrotique, je lui indique simplement :

Ne vous en faites pas, le monstre a été vaincu.

Pas par moi, mais parfois, il faut taire certains détails inutiles qui risque de brouiller l’idée principale, je suis un véritable héros ! Mais lorsque je lui indique l’endroit, mon sang se glace d’un coup, la goule n’est plus là ! Je croyais notre ennemi vaincu et j’ai omis de l’achever, ce qui, je le vois maintenant, était une grave erreur.
Je vois mon acolyte se lever, mais elle titube un peu et je la soutiens. Elle veut déjà combattre à nouveau et j’essaye de la raisonner :

Soyez prudent, tous les autres gardes sont morts. Je vais aller chercher votre seconde épée, elle doit être en haut, si je ne me trompe pas. Nous avons besoin tous les deux de repos, actuellement, je ne vous servirais plus à rien.

Il est vrai que je n’ai plus une goutte de pouvoir dans tout le corps et j’indique aux personnes présentes :

Je suis Tagar Reys et je prends la direction des opérations !

Je vois les gens arrêter de courir et ils me regardent. Heureusement que je suis habitué à commander à des serviteurs depuis mon plus jeune âge, car cela me sert beaucoup :

Les femmes vous allez nous faire à manger, tandis que les hommes vont faire une barricade pour ralentir la créature.

Je les vois comme rassurer qu’une personne sache quoi faire, même si c'est affreusement sexiste et je pars rapidement récupérer l’épée, fermant la porte de la pièce avec le trou béant au plancher. Je tends ensuite l’arme à la jeune femme, espérant que pour une fois, elle va se montrer raisonnable.

Le monstre. Vaincu ? Réellement ? Où est le corps, dans ce cas ? Elle s'interroge sans le verbaliser cependant, alors qu'elle est vraiment exténuée par tous ces efforts et cette terrible nuit d'aventure. Mais quelle aventure ! Et quelle fantastique paie ! Plusieurs de ces précieuses pièces d'or. Elle ne tardera pas à les dépenser de façon indécente dans tous les cas, mais pour l'heure elle se satisfait d'en être l'heureuse propriétaire.

Elle observe l'humain s'agiter, lui conseiller d'être prudente avant de partir en trombe pour chercher son autre épée. Elle se gratte alors la tête, perplexe, ayant du mal à se souvenir des évènements qui l'ont mené où elle est actuellement. Les souvenirs ne tardent pas à revenir ; les pertes de mémoire étant très limitées dans le temps. Elle se remet le combat intense qu'elle a vécu contre l'affreux monstre, puis le choc qu'a été d'être pourfendue par ce dernier. De sa main libre, elle va caresser son ventre supposé être ouvert, et constate l'absence de blessure. Elle se frotte les yeux, s'assène une petite gifle pour s'assurer d'être bien réveillée et vivante. Clap ! La douleur l'aiguille et lui laisse penser que c'est bel et bien le cas.

Quand son compagnon d'infortune revient, il commence à prendre l'ascendant sur le petit groupe en panique, et donne ses directives qui font hausser les sourcils de la pauvre élémentaire. Elle récupère donc simplement son épée, et au milieu de cette cohue, se pose en tailleur, les lames dégainées et posées sur ses cuisses au cas où si elle devait à nouveau intervenir.

Elle ne va pas partir activement chasser cette créature quand elle est si mal au point. Elle lève les yeux vers le magicien, et lui annonce simplement :

" Merci bien, Tagar Reys. Je vais tâcher de veiller et de vous protéger au mieux de cette créature si elle revient "

La nuit passe pendant ce temps, et, l'aube se rapproche de plus en plus ; probablement au même titre qu'une patrouille de soldats du Reike qui devrait les sortir de ce quasi-cauchemar pour certains, aventure pour d'autres.

La jeune femme essaye de ma rassurer et je lui dis en souriant :

Je ne doute pas de vos capacités, vous êtes une formidable guerrière.

Je suis sincère dans mes propos, après tout, elle a survécu et réussis à blesser un monstre qui a tué de nombreux gardes comme si c’était des lapins de trois semaines et je dois ma survie à un véritable miracle.
La nuit se passe bien, et même si personne n’arrive à fermer l’œil, au moins nous ne sommes pas attaqués. L’aube arrive, sans que je n’aie pas récupéré un peu de magie, ce qui fait que je ne suis guère utile et que je ne pourrais pas soigner.
Heureusement, à l’aube, j’entends des bruits à l’extérieur et je peux voir de nombreux soldats à chevaux par une fente sur une des fenêtres barricadées. J’indique à toute la cantonade :
Nous sommes sauvés, la cavalerie est arrivée.
Étrangement, les morts-vivants se sont comme volatilisé, comme rappelé par leur monstrueux maître, à moins que le maléfice qui les à fait s’éveiller se soit épuisé, car je vois de nombreux cadavres un peu partout, étalés par terre. C’est à ce moment-là que je me rends compte que j’en sais très peu sur la nécromancie et qu’il va falloir que je mette à jour mes connaissances à un moment ou à un autre.
Avec l’aide des autres survivants, nous enlevons la barricade que nous avons installé et nous sortons, bien content de quitter cette demeure qui a faillis devenir notre tombeau. Je me présente au chef de cette unité et je lui explique la situation. Une fois cette formalité terminée, je me tourne vers la jeune femme à la peau bleue et je la remercie :

J’ai une dette envers vous, sans votre aide, j’aurais péri au moins dix fois. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à vous rendre au Palais d’Ikuza et demandé le contrôleur Royal, Tagar Reys.

Je n'ai plus qu'à quitter les lieux, bien content de vivre un jour de plus.