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La ville sainte
5 Août an 3 Anciennement
Nous nous lançons dans une course pour se diriger vers Célestia à une vitesse hallucinante. La tempête fait rage, l’élémentaire utilise très certainement son pouvoir pour nous éviter de prendre toute la bourrasque. Mon visage se décompose, je ne suis pas en totale confiance dans ce tumulte. Je ne distingue rien devant moi et tient fermement le pot contenant la Nordique ainsi que la besace d’Erzett. Mes ailes et mes aiguillettes sont penchées en arrière, je n’arrive pas à bouger le moindre muscle tellement je suis crispée. Le trajet me parait interminable mais nous voilà arrivés aux immenses portes de la ville Sainte. L’homme me dépose contre un arbre et rit à gorge déployée tandis que je reprends petit à petit le contrôle de mes muscles, tellement je me suis sentie pétrifiée de peur.
Les immenses statues représentant les déités semblent nous regarder d’un œil avisé, comme si elles savaient que nous ne tardions pas à arriver. Quelque part, je me sens rassurée d’être de retour à la maison. Je me relève, passe une main dans mes cheveux pour les replacer convenablement, tout en profitant de dégager la neige qui s’est engouffrée dans les plumes de mes ailes. Les déités nous écoutent et nous observent chaque instant, et je suis certaine qu’Erzett comprendra pourquoi je me dévoue autant à cette cause.
— Vaut mieux ne pas rester dehors, le temps ne va pas s’arranger. Suivez-moi.
Je prends les devants et nous passons alors les portes faites d’or et d’argent du mont Célestia. Les temples qui nous font face sont immenses et disposent chacun d’une statue d’un divin à leur entrée. D’immenses tours d’ivoires s’élèvent vers les cieux. Deux gardes s’approchent et me reconnaissent, ils me laissent passer . En ce qui concerne l’élémentaire, ils ont quelques questions à lui poser.
— Ne vous en faites pas, il est avec moi ! Déclarais-je avec bienveillance.
— Certes, néanmoins cela reste notre travail, sauf votre respect Dame Luvïel. C’est une simple formalité. Déclinez votre identité ! Questionne l’un deux. Vêtue d’une armure lourde, seule une cape de couleur rouge et d’or orne le pourtour de l’armure. Ils possèdent une épée à leur ceinturon en guise de dissuasion et un casque qui protège l’arrière du crâne. Pliez-vous aux règles de Célestia et tout ira bien.
— Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Je me porte garante.
Tous deux acquiescent une fois l’identité d’Erzett déclinée et nous laissent avancer. S’il est avec moi, il ne craint rien, en théorie. Je l’invite à m’accompagner jusqu’au temple où je réside et prie chaque jour : Le temple d’Aurya. Nous déambulons dans l’allée principale couverte de neige, peu de civils osent s’aventurer à l’extérieur au vu de l’intempérie. Une fois arrivés au temple, j’époussette mes vêtements et regarde l’élémentaire. L’intérieur du temple est immense, bien que la luminosité laisse à désirer à cause du temps. Des lanternes sont entreposées sur chaque piliers, quelques croyants discutent au fond de la salle et à ma surprise, Elsa et Anna s’approchent en posant leur main sur leur coeur.
— Bon retour Dame Luvïel, déclarent-elles en même temps.
— Qui vous accompagne ?, questionne Anna.
— Va-t-il faire partie des nôtres ? Demande Elsa.
- Anna et Elsa:
Les deux demoiselles sont jeunes, vêtues d’une robe et d’une guimpe blanche ornée d’une croix. Je les salue en retour et laisse Erzett se présenter. L'écho de nos voix résonnent au sein de la bâtisse, ce lieu sacré est d'une telle beauté. L'architecture qui la compose est complexe avec ses décorations et ces sculptures dans la roche. Les deux jeunes filles commencent à débiter un flot de questions envers l'élémentaire afin de connaître son état, ce qui est admirable et d'une infini gentillesse.
— Souhaitez-vous que l'on vous apporte de la nourriture ?
— Avez-vous froid ?
— Vous souhaitez vous reposez ?
— Nous disposons de banc un peu plus loin dans la salle.
— Et si nous prions ensemble ?
— Oh oui, c'est une bonne idée !
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« Ah… Ah… »
C’était plus rude que prévu. J’ai l’impression que mes jambes sont plongées en plein dans un brasier. Je fais signe de deux doigts à l’Ange pour lui demander quelques secondes. Je me concentre sur mon souffle, ma respiration. J’étire chacun de mes muscles, un à un, dans une suite de mouvements gracieux et légers. Par un dernier geste, je relève ma tête et réalise à quel point cette cité est colossale. Combien d’hommes et de temps a-t-il fallu pour ériger pareil bastion ? Même s’il ne me traverserait jamais l’esprit de vivre dans un tel endroit, je dois reconnaître que c’est impressionnant. Après quelques secondes à contempler les remparts extérieurs de Célestia, Luvïel me somme de la suivre.
Elle commence à franchir la grande porte menant à l’intérieur de la ville, mais les deux gardes postés à l’entrée me barrent la route et me demande de décliner mon identité. Je lance un bref regard vers l’Ange, et leur récite mon texte tout préparé.
« Bonjour messieurs, je me nomme Erzett. Je suis un shouméien perdu qui cherche à retrouver le droit chemin et, tadam, me voici ! » récitais-je d’un air confiant.
D’abord dubitatif, les deux soldats en armure me font lentement signe d’avancer. Heureusement que Luvïel est là, je pense que si ça n’avait pas été le cas, j’aurai été accueilli différemment. Enfin, si elle n’était pas là, je ne le serais pas non plus donc je n’aurai pas eu de problèmes. Bref.
Nous marchons quelques minutes dans l’immense allée centrale, repoussant des monceaux de neige à chacun de nos pas. La tempête est un peu plus calme ici, mais elle reste toujours difficilement vivable. Peu de personnes osent braver les intempéries à l’extérieur. Nous arrivons devant une immense bâtisse, devant laquelle trône une énorme statue. Je me dis qu’elle doit représenter une de leurs divinités, j’ai cru en apercevoir quelques autres en chemin. L’Ange me fait signe d’entrer, et suivant ses manières, arrange un peu mes vêtements couverts de neige et de gel. Une immense salle, plus grande que toutes celles dans lesquelles j’ai pu rentrer. L’ambiance y est cérémonieuse, bien que je doive plisser les yeux pour y voir clair.
Deux jeunes femmes s’approchent de mon hôte, la saluant poliment. Elles semblent être toutes trois très proches. Leur attention se tourne rapidement vers moi, demandant à leur tour de me présenter.
« Bonjour mesdemoiselles, je me nomme Erzett. Je suis un shouméien perdu qui… » leur répondais-je avant de m’arrêter subitement. Je vois le regard assassin que l’Ange me lance, bien qu’elle soit toute sourire.
« … qui était égaré dans ces bois. Par chance, j’ai pu rencontrer Dame Luvïel et elle m’a offert de me guider vers Célestia. Je souhaite vous remercier à nouveau. » finissais-je en inclinant ma tête en direction de la Dame en question. J’entrouvre quand même légèrement un œil pour vérifier si ma prestation l’a satisfaite, ce qui a l’air très plus ou moins le cas. Fiou.
Les deux petites m’assaillent de questions en tout genre, puis décident unilatéralement de m’emmener avec elles. Elles saisissent chacune un de mes poignets et me guident vers une sorte d’autel. Elle prennent place près de ce dernier et joignent leurs mains vers leur poitrine. Je les imite pour ne pas éveiller de soupçons, bien que ma prestation soit catastrophique.
« Dans quoi tu t’es encore fourré, Erzett … » me lamentais-je intérieurement.
C’était plus rude que prévu. J’ai l’impression que mes jambes sont plongées en plein dans un brasier. Je fais signe de deux doigts à l’Ange pour lui demander quelques secondes. Je me concentre sur mon souffle, ma respiration. J’étire chacun de mes muscles, un à un, dans une suite de mouvements gracieux et légers. Par un dernier geste, je relève ma tête et réalise à quel point cette cité est colossale. Combien d’hommes et de temps a-t-il fallu pour ériger pareil bastion ? Même s’il ne me traverserait jamais l’esprit de vivre dans un tel endroit, je dois reconnaître que c’est impressionnant. Après quelques secondes à contempler les remparts extérieurs de Célestia, Luvïel me somme de la suivre.
Elle commence à franchir la grande porte menant à l’intérieur de la ville, mais les deux gardes postés à l’entrée me barrent la route et me demande de décliner mon identité. Je lance un bref regard vers l’Ange, et leur récite mon texte tout préparé.
« Bonjour messieurs, je me nomme Erzett. Je suis un shouméien perdu qui cherche à retrouver le droit chemin et, tadam, me voici ! » récitais-je d’un air confiant.
D’abord dubitatif, les deux soldats en armure me font lentement signe d’avancer. Heureusement que Luvïel est là, je pense que si ça n’avait pas été le cas, j’aurai été accueilli différemment. Enfin, si elle n’était pas là, je ne le serais pas non plus donc je n’aurai pas eu de problèmes. Bref.
Nous marchons quelques minutes dans l’immense allée centrale, repoussant des monceaux de neige à chacun de nos pas. La tempête est un peu plus calme ici, mais elle reste toujours difficilement vivable. Peu de personnes osent braver les intempéries à l’extérieur. Nous arrivons devant une immense bâtisse, devant laquelle trône une énorme statue. Je me dis qu’elle doit représenter une de leurs divinités, j’ai cru en apercevoir quelques autres en chemin. L’Ange me fait signe d’entrer, et suivant ses manières, arrange un peu mes vêtements couverts de neige et de gel. Une immense salle, plus grande que toutes celles dans lesquelles j’ai pu rentrer. L’ambiance y est cérémonieuse, bien que je doive plisser les yeux pour y voir clair.
Deux jeunes femmes s’approchent de mon hôte, la saluant poliment. Elles semblent être toutes trois très proches. Leur attention se tourne rapidement vers moi, demandant à leur tour de me présenter.
« Bonjour mesdemoiselles, je me nomme Erzett. Je suis un shouméien perdu qui… » leur répondais-je avant de m’arrêter subitement. Je vois le regard assassin que l’Ange me lance, bien qu’elle soit toute sourire.
« … qui était égaré dans ces bois. Par chance, j’ai pu rencontrer Dame Luvïel et elle m’a offert de me guider vers Célestia. Je souhaite vous remercier à nouveau. » finissais-je en inclinant ma tête en direction de la Dame en question. J’entrouvre quand même légèrement un œil pour vérifier si ma prestation l’a satisfaite, ce qui a l’air très plus ou moins le cas. Fiou.
Les deux petites m’assaillent de questions en tout genre, puis décident unilatéralement de m’emmener avec elles. Elles saisissent chacune un de mes poignets et me guident vers une sorte d’autel. Elle prennent place près de ce dernier et joignent leurs mains vers leur poitrine. Je les imite pour ne pas éveiller de soupçons, bien que ma prestation soit catastrophique.
« Dans quoi tu t’es encore fourré, Erzett … » me lamentais-je intérieurement.
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La situation est hilarante mais ayant connaissance des lacunes d’Erzett dans ce domaine, tout en étant accaparé par les deux jeunes bonnes sœurs, il est de mon honneur de lui porter secours. Je lui pose une main sur son épaule et lui demande de se relever. Tandis que Anna et Elsa me dévisagent avec incompréhension avant de me demander pourquoi vouloir interrompre sa prière. Je baisse mon visage vers les deux jeunes femmes, les mains sur le coeur avant de leur intimer d’une voix douce :
— Votre amabilité et votre dévotion sont admirables. Néanmoins, Erzett a très certainement envie de se reposer après s’être perdu dans ces bois. Ne connaissant pas les lieux, je lui fais un rapide tour du temple et nous reviendrons vers vous. Pour l’heure, nous continuons notre promenade. Rassurez-vous, vous n’avez rien fait de mal. Continuez votre prière mesdames.
Anna et Elsa acquiescent et plongent dans une accalmie divine, les yeux clos et les mains jointes. Face à elle, la statue d’Aurya est illuminée par les lanternes et les bougies disposées de part et d’autres de l’autel. Je constate que mes deux ailes blanches contrastent avec la pénombre de la pièce. Je me concentre et décide de produire le même type de magie, comme lorsque nous étions dans l’abri de fortune du vagabond. Une dizaine de petites boules lumineuses blanches illuminent le grand hall, assombri par la tempête extérieure. La lueur fluctue comme au rythme d’une musique, virevoltant avec calme entre les fidèles. Anna et Elsa se tournent vers nous en faisant un signe de la main. Je leur retourne et invite Erzett à me suivre. Mon regard est pétillant de malice, je me rends compte qu’ici, la voix des croyants s’élèvent et psalmodient avec cœur, résonnant au sein de cette bâtisse. Il n’y a pas de ressemblance avec le royaume divin mais, il y a ce petit quelque chose qui vous met en paix. Ce lieu et ces gens vous invitent à entrer, vous donnent sans demander à recevoir en retour, apportent la bienveillance et l’amour.
Du loin de ma forêt, je dois avouer qu’il est plus agréable de se retrouver dans un tel endroit. Je me demande si Erzett se sent à l’aise seulement, lorsque je plonge mon regard dans le sien en détournant la tête des boules lumineuses, j’observe un homme démuni. Le pauvre n’a très certainement pas l’habitude de voir autant de monde en si peu de temps, ce que je peux comprendre. Avec un large sourire, j’essaie de le rassurer au maximum et me doute qu’il vaut mieux bouger. Nous empruntons une porte en bois, placée au fond du hall, qui nous amène dans une arrière cours. La neige tombe drue et s’amoncelle sur les bancs placés par endroit. On ressent moins la tempête car le lieu est protégé par un pan de la montagne, ce qui nous permet de mieux respirer et admirer les statues de pierre érigées ça et là de la cour. Ne ressentant pas le froid sur ma peau de porcelaine, je tends les bras vers le ciel et commence à danser dans la neige en tournoyant deux ou trois fois. Je prends une grande inspiration et déclare à Erzett avec passion :
— Tu vois ces gens ? Leur dévotion, leur amour, c’est ce dont tout Homme a besoin. Ce dont, moi, j’ai besoin. Voir un monde en paix. Je m’y sens tellement bien. Ce n’est pas mon royaume divin. Ce ne le sera très certainement jamais et pourtant, les déités en sont témoins, je me sens vivante et plus que jamais prête à retourner voir le monde des mortels. Je ne suis plus la Luvïel d’il y a 5000 ans. Je veux devenir une personne nouvelle, en raccord avec son temps. Et surtout, je veux pouvoir apporter du Bien en ce monde.
Et d’un coup, je me mets à rire aux éclats. Un rire si cristallin, si vrai. Depuis combien de temps cela ne m’était-il pas arrivé ? Depuis combien de temps avais-je oublié de me sentir moi, de me sentir réelle, de vivre pour quelque chose ? J’ai trouvé un but à ma vie. Un objectif. Et je vais tout faire pour rendre mes pères fiers de moi, fiers de mon dévouement en cette sainte cause. Plus jamais, je ne faillirai. Plus jamais, je n’abandonnerai. Et c’est en dansant au milieu de la neige que je comprends enfin pourquoi je me retrouve ici, à Célestia. Je remercie les divins de m’avoir mené dans cette clairière. Car c’est à cet instant précis, que ma vie a pris un nouveau tournant.
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- Thème:
« À l’aide. » suppliais-je silencieusement en croisant le regard de l’Ange.
Les mains comme ça ? Non, plus proches du buste. Les doigts repliés sur le haut de la main. Une légère inclinaison de la tête, le menton proche du creux de mes clavicules. Le dos légèrement voûté, comme si l’on se renfermait sur soi-même. Une forme de cocon, appelant à la renaissance. On se recroqueville, tel un enfant vulnérable, attendant la chaleur d’un parent. Un de leurs dieux en l’occurrence. C’est en tout cas l’interprétation que j’en fais.
Je me sens cependant terriblement mal à l’aise de prendre part à ce rituel que je ne connais et reconnais pas. Ce ne sont pas mes croyances, et j’ai la sensation de les bafouer par mes gestes hasardeux. Je pense cependant que je laisse transparaître ma bonne volonté et ma sincérité.
Soudainement, une main se pose sur mon épaule et je tourne lentement ma tête pour orienter mon regard vers l’Ange souriant. Après de brèves excuses auprès de ses deux amies, elle m’invite à aller découvrir d’autres endroits de la cité.
Lançant à nouveau son sort permettant de créer par magie quelques orbes s’apparentant à des feux follets, Luvïel éclaire peu à peu quelques recoins de l’immense salle de prière. Je découvre nombre de croyants, récitant en chœur des chants que je ne connais pas, dans une concentration extrême et fédératrice. L’écho de leurs voix conjointes résonnent dans ce grand hall, apportant une ambiance cérémonieuse et chaleureuse en ces terres gelées. Cela me rappelle à bien plus petite échelle, nos remerciements adressés à Mère Nature, avec mon géniteur. Quelques brefs instants hors du temps, à louer son nom pour ses bienfaits et ses splendides trésors. Ce culte ésotérique semble leur apporter une paix intérieure imperturbable, et une stabilité de l’esprit pouvant probablement provoquer l’envie de nombres de soldats ou de simples habitants de ce monde. Mais est-ce que cette foi envers des être supérieurs est bien celle qui mènera à la paix en ce monde ? Même s’ils remportaient finalement cette guerre et s’érigeaient en maîtres incontestés de ces terres, la volonté des Hommes accepterait-elle de n’être que des serviteurs ? J’en doute fortement. Je pense que l’Histoire sera amenée à se reproduire, un jour ou l’autre. Il doit y avoir d’autres solutions.
Toujours est-il que je n’ai pas l’habitude d’être aussi entouré. J’ai encore tendance à fuir les attroupements, ou alors m’éclipser au plus vite. L’Ange le remarque, et m’invite à la suivre, tout en se voulant le plus apaisante possible. Je la remercie d’un signe de tête et la suit prestement. Nous quittons le hall et nous retrouvons à l’extérieur. Par réflexe, je crée un nouveau hiatus afin de nous préserver du froid, même si je commence à me douter qu’elle ne le ressent que peu, à la vue de son teint qui ne rougit pas, ou simplement de son langage corporel.
Nous sommes seuls. Seul le vent frotte mes joues, le froid étant amoindri par ma magie. Qu’il est bon de se retrouver dehors. Je n’ai passé que quelques minutes dans ces murs mais les caresses de Mère Nature me manquaient déjà. Ce léger souffle, éveillant vos sens un par un. Cette fine brise, qui vous fait sentir exister. Cette sensation d’être bel et un bien un être physique, d’exister sur ces terres, de faire partie d’un tout. Un mélange d’une complexité et d’une profondeur infinie. C’est sous sa lumière, diurne ou nocturne, dans ses soupirs, que je me sens exister. Cette croyance, cette réalité, est la mienne.
Mais il existe également une chaleur bien humaine. Procurée par les êtres peuplant ce monde.
Je surprends Luvïel à virevolter et à danser. Elle me fait part de ses convictions, de ses nouvelles résolutions. Comme si elle venait enfin de se réveiller d’un long rêve sombre et solitaire. Pour la première fois depuis notre rencontre, je la vois envahie de joie et de lumière, subtilement entremêlées par ses rires d’une sincérité débordante. Je l’admire, véritable créature surnaturelle dansant au rythme des flocons tombant du ciel blanc et du sifflement du vent.
Bien qu'étant utilisé comme un art martial, le Zéphyr reste avant tout une communion entre soi et la Nature, sous la forme d’une danse. Je décide de l’accompagner, à quelques mètres d’elle, pour ne pas envahir son espace. La neige avoisinante s’écarte naturellement autour de mes pas, créant une rosace artificielle au fur et à mesure de mes enchaînements. Je ferme mes yeux, et ressens chaque flocon, chaque caresse du vent, chaque dalle sous mes pieds. Je bouge ainsi, quelques minutes, dans la grâce et la fluidité du Zéphyr. Quelle agréable sensation, de ne faire qu’un avec Elle.
Je reprends mes esprits peu à peu, comme si je sortais d’une trance, et souris à l’Ange.
« Je vois à votre… Ton ? Vous me permettez ? » toussais-je soudainement.
« Tu sembles être une personne différente ici. Tu es sûre d’être la même que dans ces bois il y a quelques heures ? » lui lançais-je en riant de bon cœur.
« Tu n’avais pas tort. Cet endroit semble réellement transcender le malheur qui règne en ce monde. Je n’ai pas vu un seul visage tordu par la douleur physique, la tristesse, ou le désespoir. Ce n’est pas le cas de tous les autres endroits que j’ai pu visiter. D’un côté, je n’ai fait qu’aider des personnes dans le besoin. Seraient-elles heureuses si elles ne l’étaient pas ? »
Je prends place, dos contre le mur du temple, pour me protéger de la tempête qui reste assez violente, bien que cela s’amenuise. Je nettoie quelque peu mes vêtements de la neige et la glace accumulées, et m’assois à l’abri du vent.
« Je ne doute pas que tu parviendras à combler le cœur de toutes ces personnes. Ta simple présence semble leur apporter une paix et une grande joie intérieure. Ta détermination transpire par tous les pores de ta peau, et ta lumière les guidera. Une même volonté nous anime, même si la forme de la mienne diffère. » lui confiais-je en la regardant droit dans ses yeux ambrés.
« Je comprends ce que tu leur apportes, je comprends aussi ce que votre croyance vous apporte. Mais je n’ai pas baigné dans cela, et je ne pense pas pouvoir le comprendre après cinq cents ans sur ces terres. Depuis ma naissance, tout n’est que nature et voyage. Et depuis deux ans, tout n’est que solitude. Je ne m’en plains pas. Mais nous, êtres mortels et éphémères, nous contentons de ce qui nous procure de la joie à l'instant présent. Des terres, des biens, notre descendance… Je me voue corps et âme à protéger ces trésors, quels qu’en soient les détenteurs. »
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L’élémentaire paraît sous le charme du temple et de ses fidèles, bien qu’il ne sache aucunement les coutumes liées à la prière et aux chants. Ses mots me touchent au plus profond de moi-même, croire en moi et en ma bienveillance me réconforte. J’ai souvent peur de ne pas réussir à atteindre mes objectifs, doutant de mes propres capacités alors qu’il est certain que j’en suis capable. Je m’arrête au milieu de ma danse et détourne mon regard vers le ciel gris, la neige tombant dru et le vent qui balaie cheveux et vêtements. La porte derrière Erzett s’ouvre en grand et le minois des deux jeunes filles surgit, l’une des deux nous demande de rentrer car il ne fait pas bon de rester sous la tempête. Ces demoiselles sont très protectrices et leur avenir me semble prometteur. J’aime croire qu’elles prendront soin de chaque membre de l’Église. Chacune se place de part et d'autre de l’ouverture, je prends la main d’Erzett et le ramène à l’intérieur du bâtiment.
Je me fais la réflexion que chaque être mortel est réellement différent, avec son vécu et sa propre histoire. Ils émettent chacun une aura qui leur est propre, elle se ressent mais je n’ai pas encore la capacité de pouvoir les détecter convenablement. Un jour, je me focaliserai sur ce sentiment et pourquoi pas, développer un peu plus ma perception de l’âme d’autrui. Elsa et Anna referment la porte et se promènent derrière nous, droites et marchant au même rythme. On dirait deux petites poupées si douces et si fragiles, mieux vaut ne pas les sous-estimer. Soudain, Anna nous emboîte le pas et nous invite à nous diriger dans une autre pièce. L’heure du repas ne tarderai pas, en attendant que la tempête se calme, nous partons en direction de la salle à manger.
- Spoiler:
La pièce est illuminée par les chandeliers et les bougies déposées sur la table, le tout surmonté d’une nappe blanche impeccable. Les grandes vitres nous permettent de voir l’extérieur, bien que l’atmosphère soit assombrie. Au centre de la salle, les couverts sont installés sur les quelques tables et quelques fidèles ont déjà pris place. Il n’y a pas vraiment de sièges attitrés, chacun va où il le désire. La politesse et la courtoisie sont de mise, saluant ceux qui s'assoient et attendent de pouvoir prier tous ensemble avant de souper. Ces moments sont intéressants, les interactions sociales avec les êtres vivants me fascinent et bien que je n’ai pas besoin de me nourrir, je trouve quatre sièges où nous pouvons y poser nos fesses. Les plats sont préparés par des cuisiniers, aujourd’hui il s’agissait de viande de KotKot mélangés à une purée de lichens, le tout baignés dans une espèce de sauce à l’odeur alléchante.
— Je trouve ça étrange que les êtres vivants aient besoin de se nourrir. Je veux dire, je pense qu’un ange et un humanoïde ne sont pas si différents esthétiquement parlant. J’ai toutefois cette curiosité de vouloir goûter à ce qu’il se fait. J’aime sentir ces mets qui sortent des fourneaux ! Mangez Erzett, reprenez des forces. Je pense sincèrement que vous vous sentirez à l’aise. Vous savez au moins vous servir d’un couteau et d’une fourchette, rassurez-moi ?
Anna et Elsa, en entendant cette question, se mirent à regarder intensément l’homme aux cheveux blanc. Seraient-elles suspicieuses vis-à-vis d’Erzett ? En tout cas, quelques fidèles analysent l’élémentaire fraîchement arrivé au sein de Célestia. J’entends des voix basses et quelques murmures ici et là mais, tout semble correct. Il est normal d’être un peu suspicieux. Même moi, lorsque j’étais arrivée, on m’a longtemps regardé avant d’oser venir me parler. Et puis, les liens se sont créés naturellement avec autrui. Tout le monde est enfin servi et voilà qu’un prêtre se place au milieu des tables, sur une petite estrade et commence à s'éclaircir la voix :
— Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, joignez-vous à la prière. Bénissez-nous, Divins, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé, et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas ! Ainsi soit-il ! Bénissez, Divins, la table si bien parée, emplissez aussi nos âmes si affamées, et donnez à tous nos frères de quoi manger. Bon appétit.
Nous communions en même temps, en cœur au beau milieu de ce temple dans les plus hautes montagnes de Shoumeï. Mon cœur est rempli de joie et chacun reprend le fil de sa discussion, les voix s’élèvent et même quelques rires s’entendent. Chaleureux. Bienveillant. Voilà comment le monde devrait être, voilà comment les mortels doivent se soutenir.
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Ces quelques instants d’évasion m’ont fait le plus grand bien. Bien que toutes ces bâtisses semblent robustes et isolées des aléas du climat local, c’est bel et bien à l’extérieur que je me sens le mieux. Quel spectacle peut prétendre être plus beau qu’un lever de soleil ? Que des milliers de flocons virevoltants au gré du vent ? Que la douce chaleur caressant votre peau un soir d’été ? A peine ai-je eu le temps de m’égarer dans mes pensées que l’Ange saisit ma main et m’entraîne avec elle dans le temple, accompagnée par ses deux acolytes que je n’avais même pas remarqués.
Nous marchons quelques secondes dans la salle que j’ai visitée plus tôt, avant que les deux jeunes femmes ne nous invitent à les suivre dans une pièce adjacente. Ces dernières poussent une grande porte en bois et nous dévoilent une nouvelle pièce. Mais quelle taille fait ce bâtiment ?
Je me retrouve, en parti impressionné, dans une immense salle dans laquelle se trouve nombre de tables et de sièges. Quelques acolytes que je reconnais se trouvent déjà assis tout autour, attendant je ne sais quoi. Des mets sont éparpillés sur chaque coin de tablée, dégageant des légers fumets dans toute la pièce. Je reconnais de la viande de KotKot, et de liquen. Cependant, d’autres saveurs me sont inconnues. Etant habitué à manger seulement des plats directement extraits de la nature, la science de la cuisine m’est inconnu. Je me surprends à entendre mon estomac grogner, et à légèrement saliver.
Luvïel me fait signe de la suivre, et de prendre place à ses côtés. Je me retrouve par chance en bout de tablée, sans personne pour m’observer à ma gauche. Quelques servants nous déposent des assiettes et quelques bols, tous remplis abondamment de différents plats et mets encore chauds. Sur le côté se trouve un grand vitrail offrant une magnifique vue sur les montagnes alentours, et je prends quelques temps pour les contempler. Il est rare d’avoir accès à un panorama pareil.
« … Erzett, reprenez des forces. Je pense sincèrement que vous vous sentirez à l’aise. Vous savez au moins vous servir d’un couteau et d’une fourchette rassurez-moi ? » me demandait l’Ange, m’extirpant de mes pensées.
« Un couteau et une fourchette … ? » paniquais-je intérieurement.
Je connais ces ustensiles mais je n’en ai jamais eu l’utilité. Mes doigts et mes dents me suffisent en général à décortiquer n’importe quelle nourriture. Pourquoi s’encombrer de couverts alors que notre corps nous donne tout ce dont nous avons besoin pour manger ? La question semble avoir éveillé les soupçons de ses deux amies et je sens également le regard de nombreux fidèles pesant sur moi. Tous là prêts à me juger, à guetter le moindre faux pas. La valeur d’un homme est-elle déterminée par sa capacité à correctement utiliser les arts de la table ici ?
Je saisis le manche de la fourchette et du couteau avec mes poings. De légères gouttes de sueurs commencent à poindre sur mes tempes. Je guette le regard de l’Ange du coin de l’œil et voit un début de consternation apparaître sur son visage. D’un regard vif, j’observe la façon de tenir ses couverts de sa voisine, et fait rapidement virevolter les deux couverts dans mes mains. Je tiens à présent la fourchette comme un crayon et le couteau est maintenu sur toute sa longueur à l’aide de mon index gauche. Quelques adeptes plissent leurs yeux pleins de jugement avant de détourner leur regard vers un homme se tenant au centre de la pièce.
Il s’agit d’un prêtre, qui se mit à reciter une prière des plus étranges. Bénir un repas ? Donner à manger à tous nos frères ? Je suis personnellement fils unique, mais peut être que cette assemblée est constituée de gens de la même famille. Le repas est là, prêt à être dégusté. Mangez.
Je n’attends d’ailleurs pas plus longtemps avant de m’attaquer à mon assiette. J’oublie l’endroit et déchiquète les morceaux de viande à même la fourchette, oubliant l’existence du couteau.Je mâche joyeusement, la bouche grande ouverte. Je sens quelque chose tirer légèrement sur une des lanières de mes vêtements, et y découvre la main de Luvïel. En relevant la tête, je constate le regard outré des fidèles.
« Euh… Pardonnez-moi, je suis affamé. Je n’ai pas vraiment pu profiter d’un repas depuis quelques jours, et j’en ai oublié mes manières. » leur disais-je en m’inclinant légèrement, maintenant debout.
Je me rassois en vitesse, et cette fois, découpe méticuleusement des formes cubiques dans la viande, puis en les trempant dans le jus. Je mâche délicatement et silencieusement les différents mets, et parvient à me faire quelque peu oublier. Je suis dépité. Pourquoi tant de manières pour un besoin si primaire ?
Le repas se poursuit sans encombre, et quelques adeptes s’affèrent à débarrasser les tables. Après quelques minutes au milieu des bruits de couverts et d’assiettes s’entrechoquant, l’Ange se lève et m’invite à la suivre. J’essuie rapidement ma bouche et lui emboîte le pas.
Nous marchons quelques secondes dans la salle que j’ai visitée plus tôt, avant que les deux jeunes femmes ne nous invitent à les suivre dans une pièce adjacente. Ces dernières poussent une grande porte en bois et nous dévoilent une nouvelle pièce. Mais quelle taille fait ce bâtiment ?
Je me retrouve, en parti impressionné, dans une immense salle dans laquelle se trouve nombre de tables et de sièges. Quelques acolytes que je reconnais se trouvent déjà assis tout autour, attendant je ne sais quoi. Des mets sont éparpillés sur chaque coin de tablée, dégageant des légers fumets dans toute la pièce. Je reconnais de la viande de KotKot, et de liquen. Cependant, d’autres saveurs me sont inconnues. Etant habitué à manger seulement des plats directement extraits de la nature, la science de la cuisine m’est inconnu. Je me surprends à entendre mon estomac grogner, et à légèrement saliver.
Luvïel me fait signe de la suivre, et de prendre place à ses côtés. Je me retrouve par chance en bout de tablée, sans personne pour m’observer à ma gauche. Quelques servants nous déposent des assiettes et quelques bols, tous remplis abondamment de différents plats et mets encore chauds. Sur le côté se trouve un grand vitrail offrant une magnifique vue sur les montagnes alentours, et je prends quelques temps pour les contempler. Il est rare d’avoir accès à un panorama pareil.
« … Erzett, reprenez des forces. Je pense sincèrement que vous vous sentirez à l’aise. Vous savez au moins vous servir d’un couteau et d’une fourchette rassurez-moi ? » me demandait l’Ange, m’extirpant de mes pensées.
« Un couteau et une fourchette … ? » paniquais-je intérieurement.
Je connais ces ustensiles mais je n’en ai jamais eu l’utilité. Mes doigts et mes dents me suffisent en général à décortiquer n’importe quelle nourriture. Pourquoi s’encombrer de couverts alors que notre corps nous donne tout ce dont nous avons besoin pour manger ? La question semble avoir éveillé les soupçons de ses deux amies et je sens également le regard de nombreux fidèles pesant sur moi. Tous là prêts à me juger, à guetter le moindre faux pas. La valeur d’un homme est-elle déterminée par sa capacité à correctement utiliser les arts de la table ici ?
Je saisis le manche de la fourchette et du couteau avec mes poings. De légères gouttes de sueurs commencent à poindre sur mes tempes. Je guette le regard de l’Ange du coin de l’œil et voit un début de consternation apparaître sur son visage. D’un regard vif, j’observe la façon de tenir ses couverts de sa voisine, et fait rapidement virevolter les deux couverts dans mes mains. Je tiens à présent la fourchette comme un crayon et le couteau est maintenu sur toute sa longueur à l’aide de mon index gauche. Quelques adeptes plissent leurs yeux pleins de jugement avant de détourner leur regard vers un homme se tenant au centre de la pièce.
Il s’agit d’un prêtre, qui se mit à reciter une prière des plus étranges. Bénir un repas ? Donner à manger à tous nos frères ? Je suis personnellement fils unique, mais peut être que cette assemblée est constituée de gens de la même famille. Le repas est là, prêt à être dégusté. Mangez.
Je n’attends d’ailleurs pas plus longtemps avant de m’attaquer à mon assiette. J’oublie l’endroit et déchiquète les morceaux de viande à même la fourchette, oubliant l’existence du couteau.Je mâche joyeusement, la bouche grande ouverte. Je sens quelque chose tirer légèrement sur une des lanières de mes vêtements, et y découvre la main de Luvïel. En relevant la tête, je constate le regard outré des fidèles.
« Euh… Pardonnez-moi, je suis affamé. Je n’ai pas vraiment pu profiter d’un repas depuis quelques jours, et j’en ai oublié mes manières. » leur disais-je en m’inclinant légèrement, maintenant debout.
Je me rassois en vitesse, et cette fois, découpe méticuleusement des formes cubiques dans la viande, puis en les trempant dans le jus. Je mâche délicatement et silencieusement les différents mets, et parvient à me faire quelque peu oublier. Je suis dépité. Pourquoi tant de manières pour un besoin si primaire ?
Le repas se poursuit sans encombre, et quelques adeptes s’affèrent à débarrasser les tables. Après quelques minutes au milieu des bruits de couverts et d’assiettes s’entrechoquant, l’Ange se lève et m’invite à la suivre. J’essuie rapidement ma bouche et lui emboîte le pas.
Invité
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Le repas entre religieux est sacré, la prière avant le souper est importante avant de l’entamer, joignant nos paroles en chœur et profitant d’un moment où nous sommes ensemble. Voir ainsi tous ces croyants rire, savourer et s’amuser est un moment familial qui me console. Anna et Elsa terminent leur repas en silence et nous laissent nous éclipser. La salle à manger fait place au cœur de l’immense temple, moins éclairé et plus spacieux. Ce sont ces instants si précieux qui font que je me sens aussi bien qu’au Royaume Divin, sans forcément avoir toute ma force d’antan ni même le même cadre. Je ressens un vrai plaisir à être entourée par les mortels, eux qui ont une durée de vie si courte comparée à la mienne, eux pour qui ces années furent compliquées par la suite d’évènements ayant changé leur sillage. Pour moi, tout ce que je vis restera ancré, peut-être oublierai-je quelques noms ou quelques visages et c’est pour cela que j’ai demandé à Morndrizel de m’offrir un carnet. Ainsi, je peux y inscrire mes pensées, les journées qui m’auront le plus impactées et surtout, pour ne rien oublier. L’oubli est pour moi comme un traumatisme, elle représente une de mes craintes les plus mortelles.
Postée devant la porte des dortoirs, mon regard se porte vers Erzett en relevant légèrement la tête, afin d’imprimer son faciès dans mon esprit. Je fais partie d’une race où, d’ordinaire, les anges sont censés représenter la grandeur et la connaissance, là où à l’inverse je suis chétive et inconsciente. Je manque cruellement de méfiance et je dois faire preuve de plus de doutes vis-à-vis des étrangers. Comme on me l’a souvent répété, il ne faut jamais se fier à la couverture d’un livre. Pourtant, Erzett a réellement bon fond et il aurait très certainement pu me faire du mal à maintes reprises. L’avoir emmené au sein de Célestia aurait très bien pu mal tourner et je suis déjà certaine que quelques fidèles ont des soupçons sur sa venue. Erzett m’a bien dit qu’il n’en à que faire des problèmes liés aux croyances et envers les titans. J’ose espérer qu’il ne se laissera pas affecter par l’argent en échange d’informations, si un jour, il venait à lui arriver malheur.
— Erzett, regrettez-vous d’être venu jusqu’ici ? Je vois bien que depuis votre arrivée, vous êtes complètement déboussolé par les évènements. Les gens y sont accueillants et pourtant, j’ai l’impression que vous n’y êtes pas heureux.
Mes aiguillettes et mes ailes s'affaissent en signe de tristesse, comme si par ma faute, il ne se sentait pas à l’aise parmi les phénixiens. Peut-être bien que tous les Hommes ne peuvent apprécier ce côté famille si présent. Après tout, nous finissons par tous nous connaître, créant une atmosphère chaleureuse et parfois trop étouffante. Même moi, il m’arrive de vouloir retrouver ma solitude et c’est pour cela que je m’en vais dans les Rocheuses ou dans la forêt des pins argentés.
— Souhaitez-vous au moins rester dormir pour la nuit ? Je peux vous laisser ma chambre. Nous les anges, n’avons pas forcément besoin de nous reposer.
Postée devant la porte des dortoirs, mon regard se porte vers Erzett en relevant légèrement la tête, afin d’imprimer son faciès dans mon esprit. Je fais partie d’une race où, d’ordinaire, les anges sont censés représenter la grandeur et la connaissance, là où à l’inverse je suis chétive et inconsciente. Je manque cruellement de méfiance et je dois faire preuve de plus de doutes vis-à-vis des étrangers. Comme on me l’a souvent répété, il ne faut jamais se fier à la couverture d’un livre. Pourtant, Erzett a réellement bon fond et il aurait très certainement pu me faire du mal à maintes reprises. L’avoir emmené au sein de Célestia aurait très bien pu mal tourner et je suis déjà certaine que quelques fidèles ont des soupçons sur sa venue. Erzett m’a bien dit qu’il n’en à que faire des problèmes liés aux croyances et envers les titans. J’ose espérer qu’il ne se laissera pas affecter par l’argent en échange d’informations, si un jour, il venait à lui arriver malheur.
— Erzett, regrettez-vous d’être venu jusqu’ici ? Je vois bien que depuis votre arrivée, vous êtes complètement déboussolé par les évènements. Les gens y sont accueillants et pourtant, j’ai l’impression que vous n’y êtes pas heureux.
Mes aiguillettes et mes ailes s'affaissent en signe de tristesse, comme si par ma faute, il ne se sentait pas à l’aise parmi les phénixiens. Peut-être bien que tous les Hommes ne peuvent apprécier ce côté famille si présent. Après tout, nous finissons par tous nous connaître, créant une atmosphère chaleureuse et parfois trop étouffante. Même moi, il m’arrive de vouloir retrouver ma solitude et c’est pour cela que je m’en vais dans les Rocheuses ou dans la forêt des pins argentés.
— Souhaitez-vous au moins rester dormir pour la nuit ? Je peux vous laisser ma chambre. Nous les anges, n’avons pas forcément besoin de nous reposer.
Invité
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Je n’ai pas fait bonne impression. Pendant que nous nous éclipsions de la salle à manger, je sentais tous ces regards silencieux, lourds et plein de suspicion. Mon accoutrement, mes manières, l’essence même de mon être, ne sont pas des choses avec lesquelles ils sont familiers. Quel que soit l’endroit, quel que soit l’ouverture d’esprit prôné par un peuple, les différences amèneront toujours la méfiance. Et je crains bien que si je m’attarde trop longtemps ici, ils comprendront que je ne suis pas l’un des leurs, et je ne sais pas ce qu’il pourrait m’arriver.
Nous marchons quelques minutes vers un nouveau bâtiment, toujours accompagnés par de légères chutes de neige. Celle-ci se fait de plus en plus discrète, annonçant la fin du blizzard. Quelques visages commencent à poindre par les encolures de porte, me dévisageant à nouveau. Je presse le pas et suit l’Ange, qui me mène vers leur dortoir. Je découvre un air triste lorsqu’elle fait de nouveau face à moi, et ses mots m’interpellent.
« Ce n’est pas que je regrette. Au contraire, découvrir vos us et coutumes me plait beaucoup. Mais ce serait vous mentir de vous dire que je me sens à l’aise. Comme vous le savez, ma découverte du monde est aussi récente que la vôtre. J’ai vécu seul, durant des siècles. J’ai perdu ma famille, à deux reprises. Je ne suis pas prêt à faire parti d’une communauté, quelle qu’elle soit. »
Je tourne mon regard vers le ciel, où quelques tâches orangées commencent à percer l’épaisse couche nuageuse. Est-ce le destin que j’ai choisi ? Ma promesse envers Senna et mes apprentis ? Je ne peux pas rejoindre un camp. Je ne peux pas participer à cette guerre. Ces dirigeants, ces idéaux. Ces êtres à la puissance démesurée. Que suis-je face à eux ? Je dois trouver un moyen de devenir plus fort. Je dois tout faire pour préserver la vie en ce monde.
« J’ai fait une promesse. Celle de protéger la vie. Celle de défendre ceux qui ne peuvent le faire par eux-mêmes. Et pour cela, je dois faire abstraction de tous les courants d’idées et de convictions qui guident les factions de ce monde. Ce n’est qu’en étant neutre, que je trouverai la force d’aider n’importe qui. »
Je désigne les différents habitants de la ville qui commencent à sortir de chez eux par un léger mouvement de tête. Tous commencent à s’affairer à leurs occupations. Certains nettoient la neige sur le pas des portes des temples, d’autres contemplent les multiples statues des Divinités.
« Si je m’attache à votre peuple, que devrais-je faire si je découvre un enfant Reikois menacé ? Que devrais-je faire si un couple de personnes âgées rejettent vos croyances ? Si j’accorde plus d’importances à certaines vies, je me détournerai de ma voie. A l’opposé, que se passera-t-il si je crie au milieu de cette place que je ne reconnais pas votre Ordre ? Les habitants de Celestia l’accepteraient-ils ? »
Malgré un copieux, et je dois l’avouer, délicieux repas, je commence à ressentir le contrecoup de ma course à travers les montagnes. Son invitation à prendre un peu de repos tombe à pic. Demain est un autre jour, et nous verrons bien où cela nous mènera.
« Je vous suis. »
Nous marchons quelques minutes vers un nouveau bâtiment, toujours accompagnés par de légères chutes de neige. Celle-ci se fait de plus en plus discrète, annonçant la fin du blizzard. Quelques visages commencent à poindre par les encolures de porte, me dévisageant à nouveau. Je presse le pas et suit l’Ange, qui me mène vers leur dortoir. Je découvre un air triste lorsqu’elle fait de nouveau face à moi, et ses mots m’interpellent.
« Ce n’est pas que je regrette. Au contraire, découvrir vos us et coutumes me plait beaucoup. Mais ce serait vous mentir de vous dire que je me sens à l’aise. Comme vous le savez, ma découverte du monde est aussi récente que la vôtre. J’ai vécu seul, durant des siècles. J’ai perdu ma famille, à deux reprises. Je ne suis pas prêt à faire parti d’une communauté, quelle qu’elle soit. »
Je tourne mon regard vers le ciel, où quelques tâches orangées commencent à percer l’épaisse couche nuageuse. Est-ce le destin que j’ai choisi ? Ma promesse envers Senna et mes apprentis ? Je ne peux pas rejoindre un camp. Je ne peux pas participer à cette guerre. Ces dirigeants, ces idéaux. Ces êtres à la puissance démesurée. Que suis-je face à eux ? Je dois trouver un moyen de devenir plus fort. Je dois tout faire pour préserver la vie en ce monde.
« J’ai fait une promesse. Celle de protéger la vie. Celle de défendre ceux qui ne peuvent le faire par eux-mêmes. Et pour cela, je dois faire abstraction de tous les courants d’idées et de convictions qui guident les factions de ce monde. Ce n’est qu’en étant neutre, que je trouverai la force d’aider n’importe qui. »
Je désigne les différents habitants de la ville qui commencent à sortir de chez eux par un léger mouvement de tête. Tous commencent à s’affairer à leurs occupations. Certains nettoient la neige sur le pas des portes des temples, d’autres contemplent les multiples statues des Divinités.
« Si je m’attache à votre peuple, que devrais-je faire si je découvre un enfant Reikois menacé ? Que devrais-je faire si un couple de personnes âgées rejettent vos croyances ? Si j’accorde plus d’importances à certaines vies, je me détournerai de ma voie. A l’opposé, que se passera-t-il si je crie au milieu de cette place que je ne reconnais pas votre Ordre ? Les habitants de Celestia l’accepteraient-ils ? »
Malgré un copieux, et je dois l’avouer, délicieux repas, je commence à ressentir le contrecoup de ma course à travers les montagnes. Son invitation à prendre un peu de repos tombe à pic. Demain est un autre jour, et nous verrons bien où cela nous mènera.
« Je vous suis. »
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