Son éminence Ezéchiel de Gotha, dit l'Embrun (car il est tout ce qu'il reste de l'océan qu'était le Shoumei), peut-être comparé au personnage historique de Conrad IV d'Oleśnica dans La Trilogie Hussite d'Andrzej Sapkowski. Cet Evêque là a beau être l'antagoniste majeur de l'œuvre de Sapkowski, il demeure au second plan, tirant les ficèles depuis sa cathédrale. Ce qui fait toute la force de ces personnages est tout simple : Un antagoniste mystérieux, inatteignable et influent - bien que jamais croisé par le protagoniste - est d'autant plus menaçant qu'un adversaire omniprésent, tant le mystère le ceint d'une aura malveillante et intouchable. J'en tire une grande inspiration, à l'instar du personnage dont je tire l'avatar, le Grand Inquisiteur Vitalis Benevent de A Plague Tale, dirigé par ses propres aspirations et sa soif de pouvoir, il se croit chargé d'une mission divine et mène des actions méphitiques au nom d'une foi fourvoyée.

Mais pour entrer dans les détails d'Ezéchiel de Gotha, son prénom a été choisi pour mettre l'accent sur l'aspect divin du personnage, quant à son nom de famille, pour rappeler ses origines nobles.

Nous avons donc dit que l'Evêque fait preuve d'une grande bassesse, derrière ses airs de leader autoproclamé et sa rhétorique infaillible, il n'est qu'un humain faillible, fatigué par l'âge et baignant dans le pêché. Comme suscité, il est avide de pouvoir, cherchant toujours à renforcer son influence et à manipuler tous ceux qui l'entoure. Or, il fait preuve d'une grande lâcheté, fuyant face au danger et préférant envoyer en première ligne ses plus proches fidèles, peut-être est-il tout simplement attaché à la vie ? Ou plutôt, méprise-t-il la vie d'autrui ?

De facto, Ezéchiel fait montre d'une grande ruse, ayant toujours un esprit affuté malgré son âge, il sait comment user de son aura divine pour orienter le monde vers le chaos et la déchéance voulue par l'entité sombre. Bien qu'il ne l'ai encore jamais vu et ne tienne aucun ordre direct des Titans, sa ruse couplée à sa perniciosité lui permet de mettre en application ce qu'il pense être leur volonté. De surcroit, c'est un véritable fanatique, ne pouvant voir autre chose que des signes divins dans tout ce qu'il advient du Sekaï. Il incarne le diviniste par excellence.

Pour continuer sur ses écueils, Ezéchiel est particulièrement pingre, faisant preuve d'une avarice digne des aristocrates républicains, s'étant implanté dans une Nation dirigée par l'or et l'argent. La première chose qu'il fit en accédant à la cathédrale de Mael fut de vider ses coffres pour mettre l'or shoumeïen en lieu sûr, preuve de sa cupidité latente. De plus, il utilise à bon escient l'or du diocèse pour rebâtir la foi diviniste à Justice, faisant confiance en la banque des chaines.

Tout ceci constitue un personnage pour le moins détestable mais d'une médiocrité sans pareille. Mais nous avons déjà assez vu ces antagonistes puissants, charismatiques, inspirants, à tel point qu'ils deviennent les personnages préférés de nos films/séries/romans/jeux-vidéos. Je ne cherche pas cela, au contraire, Ezéchiel de Gotha est tout bonnement écœurant. Un antagoniste qui torture pour le plaisir est certe dégoutant, mais pour une bonne raison. En revanche, en catalysant tout ce que nous ne voulons pas voir en nous même dans ce nouveau personnage, c'est à dire la couardise, l'égoïsme, la radinerie, le fourvoiement, la bassesse et le déshonneur, il en devient simplement repoussant.

Je vais être franc d'emblée : Je ne peux pas piffrer cet Ezéchiel. Pourquoi ? Parce que c'est un bâtard qui s'est arrogé mon nom, voilà pourquoi. Mon grand-père est allé compter fleurette à une lavandière de nos terres, le rejeton qui en est le produit aurait dû périr par la main des Titans, au lieu de quoi il se fait éhontément appeler Ezéchiel de Gotha. Par mon créant, moi, Hidiz de Gotha, saurait réparer cette injustice ! Attendez un peu que je vous narre le chemin parcouru par ce parasite.

Lors de sa naissance en -66, Ezéchiel Olesnicki n'était pas encore Ezéchiel de Gotha... Bâtard du baron Stefan de Gotha, mon grand-père, il a été principalement élevé par sa mère, Phenilde Olesnicki, une roturière... bien que son père subvienne à leur besoins. De nature discrète et taciturne, le jeune Ezéchiel ne chercha jamais à profiter du sang noble qui coulait dans ses veines, il resta à sa place, restant au sein de la lavandière de sa mère toute son enfance, dans la région de Sancta où les de Gotha, ma famille, étaient alors très influents.

Mais lorsqu'il atteint l'adolescence, son existence fut révélée à la famille de Gotha. Était-ce le produit d'un maître chanteur ou d'un écueil de son père vieillissant ? Nul ne pourrait, encore aujourd'hui, en attester avec certitude. Je n'étais pas encore né à cette époque. Enfin, son intégration au sein de la lignée des Gotha ne pouvait plus être ignoré. Il fut décidé, pour écarter cet adultérin de la succession de la baronnie, de l'envoyer à Benedictus, au service d'un chevalier dont le nom fut perdu dans l'incendie qui brûla les annales de l'ordre de la Main, en l'an 0. Il demeura écuyer pendant un temps, apprenant les rudiments du combat et de la chevalerie, des valeurs qu'il a à présent copieusement enterré, croyez-moi.

Une fois passé à l'âge adulte, vers -48 pour ce que ça peut me foutre, Ezéchiel devint chevalier de l'ordre de la Main, demeurant toutefois dans la région de la capitale shoumeïenne, loin de nous. C'est là qu'il cotoya, sur les dernières années de son service, un certain Lodvik, un fanatique toujours en activité, alors qu'il n'était que chevalier de l'Ordre. Ezéchiel développa à cette époque quelque lien magique avec le métal, décidant de cultiver sa maîtrise de l'élément, il devint un mage-chevalier assez redoutable à ce qu'il parait, probablement médiocre en réalité. Mais en temps de paix, les seules prérogatives des hommes d'armes tels que lui ne tenaient qu'à maintenir l'ordre sur le territoire, rudoyer les soûlards, chasser les hérétiques et éliminer les brigands. Ce qu'il fallait à cet autour, ce n'était qu'un coup d'éclat, un évènement qui lui permettrait de se faire remarquer.

« Alors que les soldats reikois ne se battent que pour atteindre la gloire et les républicains pour gagner de l'or, les soldats shoumeïens luttent pour leur honneur. Ce qui fait d'eux la plus puissante de ces trois armées : ils ne se battent pas pour obtenir quelque chose mais pour défendre quelque chose qu'ils ont déjà. » - Ezéchiel de Gotha, an -31.

Par chance, comme en -12 rien n'était encore survenu et qu'Ezéchiel avait dépassé la cinquantaine d'années, il décida de quitter l'ordre de la Main pour intégrer le clergé, passant de chevalier à prêtre. Au moins de la sorte, il ne pourrait jamais prétendre à la baronnie, on en était débarrassé pour de bon. Mais ces nombreuses années de services au sein de l'armée lui permit d'accéder à la tête d'une église de province, entre Mael et Benedictus, sur les terres des de Boktor. Outre cela, il avait tiré de cette expérience une profonde dévotion pour le divinisme, une croyance si forte qu'il frôlait le fanatisme. Ce chien cagneux devait bien se raccrocher à quelque chose j'imagine. Une chance que cet homme n'ai pas connu de conflit d'envergure de sa vie, sans quoi il aurait fait de nombreuses victimes au nom de la foi.

Ce fut en l'an -13 qu'il fut atteint par la variole, et si au départ beaucoup eurent espéré que ce fut le don de Puantrus et qu'il en creva, les remèdes classiques et une magie rudimentaire suffirent à rétablir le prêtre, bien qu'il en garda quelques séquelles, notamment de vilaines cicatrices là où la peau avait été atteinte, dont son front et son cou qu'il couvre depuis. À croire que les Titans ne voulaient pas prendre sa vie, surement dégoutés par une telle engeance.

Personne ne me croit quand je raconte ça, mais je le tiens pourtant de sources sûres, attendez un peu. C'est à l'époque où il était prêtre qu'Ezéchiel fut appelé à officier au mariage liant Léonora de Keyseberg, maintenant installée à Liberty, au Baron Lorenzo de Hengebach. Quelques temps plus tard, le vieil aristocrate vint se confesser auprès du prêtre et lui avoua être impuissant au lit, ayant incité sa femme à prendre un amant. Or, dans notre milieu, c'est ce qu'on appelle un mariage blanc, de plus lorsque le Baron n'avait même pas d'héritier. Pourtant tenu par le secret de la confession, Ezéchiel usa de cette information à son avantage, faisant chanter la jeune mariée afin qu'elle lui rapporte informations et avantages pécuniers en échange de son silence.

Puis vint l'an 0, lorsque la régente ordonna la purge nobiliaire... Pourtant âgé de soixante-six ans, le prêtre Ezéchiel se montra particulièrement virulent dans l'application des ordres apostoliques. Il accompagna immédiatement les chevaliers de la province en maudissant les traîtres à la Nation et en dispensant moult sermons. À plusieurs reprises, les chevaliers virent le prêtre démonter de cheval, fendre la foule et fracasser lui-même le crâne de fuyards. Il usait à volonté de sa magie élémentaire pour dispenser la volonté divine lors de la purge. Autant dire qu'Ezéchiel figurait alors dans les plus féaux défenseurs de la régente, maudite bacchante. Il exécutait les ordres cardinalices avec fermeté et dévotion. C'est ce qui le désigna comme candidat idéal pour reprendre le diocèse de Maël après le décès de son évêque.

La famille de Gotha ayant été exécutée lors de la purge, il était le dernier de Gotha du Shoumeï... Enfin, je suis le dernier de Gotha ! Une chance que j'étais en déplacement à Courage lors de la purge. Bref, Ezéchiel accéda donc à la tête de la cathédrale de Maël, devenant l'un des prélats divinistes les plus influents, après les cardinaux. Pendant la seule année de son épiscopat au sein de Maël, il fit transférer une partie de l'or du diocèse dans la forteresse côtière d'Haguesart, dans les environs de la ville, ne voulant pas concentrer la totalité de la fortune épiscopale dans l'enceinte des murs de Maël. Ce fut cette initiative qui lui permit, lors de la prise de la cité par le Reike, de s'en tirer à plutôt bon compte, l'assaut fulgurant n'aurait pas permis de vider les coffres de la ville.

En effet, en l'an 1, la flotte reikoise envahit la ville blanche en réponse à la chute de la régence à Benedictus. L'Evêque de Gotha, bien qu'en temps que dignitaire aurait été protégé, préféra quitter la cité avec sa suite, ne faisant naturellement pas confiance au Reike, ce vieux renard était rusé. Alors que Maël tombait aux mains de l'Empire, Ezéchiel et ses fidèles transféraient l'or du diocèse des caves d'Haguesart aux cales de navires apprêtés dans l'urgence. Pour cette opération, il était accompagné de son bras droit, un paladin nommé Viktor Volkhard, une brute épaisse sans le moindre honneur... Ils se sont bien trouvés tous les deux.

Or, la manœuvre ne passa pas inaperçu et les troupes reikoises ne tardèrent pas à assiéger la forteresse côtière, coupant la ligne de transport de l'or. Et si ce dernier avait été en quasi-totalité envoyé aux navires, l'Evêque et ses chevaliers étaient toujours au sein du bastion. Sous les coups de semonces magiques des assiégeants, Ezéchiel dut prendre une décision précipitée, ne voulant pas se rendre à l'envahisseur, il dispensa alors un grand discours fanatique à ses troupes dans la cour même d'Haguesart, avant d'organiser une sortie en force du château. Mais alors que sa maigre cavalerie se heurtait à la Horde reikoise, sans le moindre espoir de victoire, par simple dévotion diviniste, l'Evêque et sa cour épiscopale empruntèrent une contrevallation pour fuir le combat, profitant du désordre. Qu'une bande de couards, moi je dit !

On dit que ce jour là, le dignitaire ecclésiastique était déguisé en simple chevalier, montant un cheval sans pennon ni armoiries, accompagné d'une poignée d'hommes, quelques prêtres, son paladin et des chevaliers féaux. Il rallia la côte et grimpa dans un vaisseau qui attendait et appareilla aussitôt pour la République, dernier échappatoire viable.

Les vaisseaux de l'Evêque essuyèrent une tempête les forçant à accoster sur la côte sud du continent, en République. Et si cet impedimenta les força à rallier Liberty au lieu de Courage, il leur évita au moins de croiser la route de pirates, ils étaient vraiment vernis d'en réchapper. Et si après avoir atteint Liberty pour placer l'or du diocèse à la banque des chaines, accueilli à bras ouverts par la présidence, l'Evêque et sa suite prirent la route de Justice. A peine arrivé, Ezéchiel déploya ses talents de fédérateur pour attirer à lui la diaspora shoumeïenne, se plaçant comme figure prépondérante du clergé diviniste en République. En parallèle, il fit lancer l'édification d'une cathédrale au sein même de la cité, profitant de l'ouverture de la République et de l'afflux de réfugiés pour rassembler les fidèles rescapés.

Il ne put que se féliciter de ne pas s'être installé à Liberty lorsqu'en début d'année la capitale fut ciblée par le divin Kaiyo qui ravagea la ville. Un premier coup porté à la République, prouvant pour de bon à Ezéchiel que les Titans avaient à présent des vues sur la Nation bleue. Il faut croire qu'il ferait tout pour leur préparer le terrain, saper socialement et politiquement son pays d'accueil. Si beaucoup n'y voient que du feu, j'ai bien compris les stratagèmes de cette vipère. Ezéchiel interpréta donc ce cataclysme comme une volonté divine qui lui était destinée. Sa mission était claire : Intégrer la République pour mieux la purger. L'entité sombre ne tardera pas à venir à lui pour lui dicter quoi faire, s'il continue sur cette voie...

Toutefois, un contre-coup survint peu après l'apparition du divin Kaiyo, avec l'élection de Falconi, la politique d'accueil changea du tout au tout. Un décret présidentiel stoppa net les travaux de sa maudite cathédrale. De surcroit, ses fidèles commencèrent à être surveillés par différents appareils d'Etat. L'Evêque doit au plus vite contrepasser ces restrictions, circonvenir les autorités et jouer le jeu politique républicain pour reprendre la main. Mais pour ce que j'en sais, il est dans une mauvaise passe, et c'est tant mieux pour sa gueule !

- Divinisme
En temps qu'Evêque et maintenant dernier prélat ecclésiastique connu du Sekaï, après la chute du Nouvel Ordre, il représente le dernier point d'appuis tangible du divinisme.

- La volonté des Titans
Grand fanatique, s'il affiche néanmoins patte blanche devant les autorités républicaines, Ezéchiel appartient à cette mouvance pensant que la destruction est nécessaire par les Titans pour reforger ce monde corrompu à la moelle. Il est surtout persuadé qu'en les soutenant, les Titans l'épargneront et le compteront dans leurs fidèles.

- Corruption de l'Arbre-Monde
Et alors qu'il se présente comme un réfugié cherchant à rassembler sa diaspora, Ezéchiel nourrit la corruption de l'Arbre-Monde par moult sacrifices clandestins et par divers actions visant à répandre le chaos nécessaire au pouvoir des Titans, tout cela dans l'ombre.

- Banque des Chaînes
Stockant la vaste majorité de l'or épiscopal au sein de la Banque des Chaines, soit l'équivalent de quarante-mille pièces d'or, il représente un client non négligeable, ayant investit cette fortune volée pour la faire fructifier en République. Un apport qui lui accorde les faveurs de la Banque.